AIW : Au Pays des Cauchemars

Chapitre 2 : Chapitre 2 : Vision

4359 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/11/2019 18:09


Je pense finalement m’installer sur du suspens/drame/angoisse. Donc ne vous attendez pas à quelque chose de joyeux avec Pennywise, n’est-ce pas ? Même si le Chapelier est là pour rattraper le coup, pour l’instant.

C’est une histoire centré autour de Timothy car il est l’une des cibles du clown. Mais avec un jumelage fort AlicexTarrant.

Chapitre 2 : Vision

Les rires loufoques résonnaient autour de la célèbre table à thé du lièvre de Mars. Ils fêtaient le retour du soleil après plusieurs jours de mystérieuses pluies et d’orages violents.

La Reine Blanche avait ordonnée au peuple entier de festoyer en ce jour heureux qui portera dorénavant le nom de Qyburn, le jour où le soleil revint après des séries de malheurs inexpliquées en travers le pays. D’étranges disparitions jusqu’à maintenant irrésolus. Des patrouilles de recherches envoyées du Sud au Snud et d’Est en Quest pour résoudre ce curieux mystère, les habitants d’Underland pouvaient dormir en paix à présent.

Ce jour-ci avait d’ores et déjà sa place dans l’Oracculum en possession du grand sage Absolem. Cependant, le papillon bleu savait quelque chose que personne d’autre ici ne connaissait. Il allait devoir prévenir la Reine sur le champ avant qu’il ne soit trop tard.

Les rayons du soleil avaient enfin séchés les larmes du ciel pour permettre aux petites créatures insectes de retourner à leurs pirouettes artistiques dans les airs sans craindre de se mouiller les ailes. Certains d’entre eux, plus particulièrement les cheveux à bascule, s’égaraient jusqu’à la longue et inégale table à thé du grand trio de fous des Pays des Merveilles qui riaient aux éclats autour d’énigmes sans fins et de blagues idiotes.

Une partie de thé pas comme les autres avec un trio qui n’en était plus un depuis bien longtemps maintenant.

Avec le temps et la prospérité, d’autres habitants avaient pris place autour des délicieux scones recouverts d’une délicate crème fouettée ainsi que d’une généreuse fraise. Ou myrtilles, suivant les préférences. Plusieurs théières fleuries pour la plupart ébrécher parsemaient les nappes dépareillées. A l’intérieur de ces dernières, un thé exceptionnel aux saveurs changeantes attendant patiemment d’être déguster par les invités.

Un joli bouquet de fleurs jaunes et blanches se trouvait au centre des tables ovales et rectangulaires qui formait cette longue allée excentrique. Des tâches étaient imprégnées dans les différents tissus des nappes à motifs. Notamment des tâches de thé mais aussi du sucre fondu, de la crème, des traces de pattes, du lait et du cracha … Quand Thackery explosait des fous rires avec Mallyumkin.

Le seul qui ne riait pas aujourd’hui à l’heure du thé était Timothy Hightopp. Le petit enfant du haut de ses sept ans regardait longuement la tasse rempli de breuvage assise en face de lui sur une soucoupe de porcelaine blanche à fleurs bleues. Ses pensées étaient loin, très loin de l’esprit joyeux qui rayonnait autour de lui.

Il finit par lever ses yeux bruns vers sa maman assise en face de lui et à droite du Chapelier en tête de table dans son grand fauteuil usé fétiche couleur bordeaux. Elle était plongée dans l’histoire que racontait son père fou, un large sourire aux lèvres tandis qu’il comptait l’une de ses aventures extraordinaires. Le Chapelier avait toujours été le centre de l’attention, aimant monopoliser la conversation autour de ses récits fabuleux et par moment insensés.

Mais après tout, ils étaient tous fous ici.

Même Alice la grande Championne montrait des signes de folies au fur et à mesure des années. La femme aux cheveux blonds bouclés commentait de temps à autre les explications bancales du Chapelier, en ajoutant une part de ses propres aventures dans le monde d’en haut. A ces moments-là, Tarrant enroulait toujours une main bandée autour de celle de sa mère pendant qu’ils déviaient sur des histoires les concernant tous les deux. Des anecdotes, des souvenirs joyeux et dans de plus rares occasions ceux moins joyeux.

La belle Mirana lui avait une fois expliqué, une fois en âge de comprendre ces choses-là, que ses parents étaient des âmes-sœurs. Qu’ils se complétaient mutuellement, ce comprenaient depuis leur toute première rencontre vingt-sept ans en arrière à cette même table à thé. Ils étaient éperdument amoureux l’un de l’autre. Et même si leur histoire avait eu du mal à débuter à cause du destin, aujourd’hui ils étaient liés plus que jamais.

«Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?»

Timothy esquissa un faible sourire avant de replonger son regard dans sa tasse, n’écoutant qu’à moitié ce que racontaient les autres autour de lui. Ne devrait-il pas lui-aussi être heureux ? Un jeune enfant de son âge qui aimait rire ? Comme ses parents et sa petite sœur Mia ?

A cette pensée, le garçon aux cheveux roux bouclés regarda la petite fille de quatre ans et demi assise sur les genoux du Chapelier qui faisaient actuellement de grands gestes mélodramatiques pour imager son histoire autour de son Alice. Elle était une enfant silencieuse et angélique avec sa longue chevelure rousse bouclée ainsi que ses yeux verts saisissant, ses petites mains autour de la trop grande tasse qui était d’ores et déjà vide. Mais peu-importait, tant qu’elle pouvait boire l’air à l’intérieur !

Le chat de Cheshire apparut sur le tabouret à l’autre bout de la table dans un nuage de fumée. Il tournoyait pensivement une griffe dans la tasse qui venait de lui être servi par le lièvre de Mars en personne après qu’il ait grimpé sur la nappe en sautillant avec une théière bouillante entre ses pattes. Du thé s’égara en chemin mais heureusement, il en restait suffisamment pour en remplir une dernière tasse.

«Chapelier, nous avons déjà entendu cette histoire au moins mille fois. N’avez-vous rien d’autre dans votre répertoire infini ?» Soupira le chat doté du pouvoir d’invisibilité. Il posa sa joue poilue contre son autre patte tandis que de l’autre, il créait des formes imaginaires avec la fumée du thé chaud.

«Mhm, si mes récits t’ennuies à ce point mon cher, alors tu peux retourner à ta sieste paresseuse et nous laisser prendre le thé ! Gros chat bouffi.» Rétorqua sèchement le Chapelier d’un haussement de ses sourcils touffus, les yeux verts émeraudes plissés à celui qui le taquinait.

Timothy aurait ri à ce commentaire comme Alice ou encore Mia, cependant il ne fit rien. Ses yeux ternes fixaient toujours cette tasse qui n’avait pas été touchée depuis le début de l’heure du thé. Ses mains étaient posées à plat de chaque côté de cette dernière. Tout à coup, il sentit un frisson lui parcourir l’échine puis lorsqu’il leva les yeux, il vit que Cheshire avait enroulé sa queue autour de son cou avant de disparaître dans un nuage bleuté.

«Va-t’en le chat.» Grommela-t-il, le menton posé contre sa poitrine alors que le souvenir de sa terrible rencontre en ce jour de tempête refit surface dans sa mémoire.

Flashback

«Au secours !» Hurla Timothy, les larmes salées se mélangeant à l’eau de la pluie sur ses joues.

Il était complétement déboussolé. A un moment il était sur ses pieds en train de courir en direction de la voix et l’instant d’après, il se retrouva étalé de tout son long sur le sol blanc. Quelque chose de griffu lui avait saisi la cheville, violemment.

«Timmy !» Répondit la voix féminine, horrifiée.

L’enfant gémissant de douleur avait réussi à se retirer de la poigne de fer lorsqu’il vit au travers de ses larmes des formes se rapprocher à toutes vitesses. Il n’arrivait plus à bouger un seul de ses muscles, littéralement pétrifié par la peur. Il osa jeter un petit coup d’œil par-dessus son épaule pour voir deux yeux jaunes lumineux le fixés avec ardeur dans la cavité profonde avant qu’ils ne disparaissent dans le néant.

«Timothy ! Que s’est-il passé ! Je t’avais dit de ne pas sortir sous cette pluie !» S’écria désespérément la personne qui venait de récupérer l’enfant pleurant dans ses bras.

Au mouvement de son corps endolori, il laissa sortir un cri d’agonie car sa cheville était plutôt mal en point. Et d’après le soupir horrifié d’Alice, ce n’était absolument pas beau à voir. Toutefois la curiosité lui faisant défaut, Timothy sortit sa tête des cheveux humides blonds puis baissa ses yeux embués de larmes sur sa jambe pour constater qu’il avait perdu sa bottine et que de grandes quantités de sang se mélangeait à l’eau de la tempête.

Alice réagit au quart de tour. Elle arracha hâtivement un morceau de sa robe bleue trempée pour enrouler le tissu autour de la plaie qui ressemblait à des crocs ou alors à des griffes acérées. La créature qui lui avait fait ça à son enfant devait être extrêmement agressive. Les quatre Chevaliers blancs qui avaient accompagnés la jeune femme dans ses recherches affolées se mirent immédiatement en mouvement pour repérer l’intrus du château.

Armés de lances et d’épées, les pions d’échiquier établirent un périmètre de sécurité autour de la victime de cette attaque jusqu’à ce que les nombreux cris de l’enfant attirèrent l’attention du personnel du château. Puis la Reine Blanche en personne suivit par son Chapelier Royal. Tous deux stupéfiés de constater les dégâts, ils se précipitèrent autour d’Alice et de Timothy qui refusait catégoriquement de sortir de l’étreinte chaleureuse de sa mère.

Malgré les hurlements de colère de son père qui avait perdu la tête et les plaidoiries de la Reine, jamais il ne trouva la force de raconter ce qu’il avait vécu.

Ni sa rencontre avec ce clown effrayant.

Fin du Flashback

Quatre jours depuis ce tragique évènement.

Timothy pinça les lèvres lorsqu’il sentit la piqure familière des larmes derrière ses yeux. Il croisa les bras sur sa poitrine vêtu d’un manteau brun puis jeta un œil à sa jambe pansée qui fort heureusement, ne lui faisait plus de mal. Le chat de Cheshire était celui qui avait purifié la plaie d’un coup de langue.

A cette pensée, il releva la tête vers le chat en question qui curieusement n’avait pas quitté la table après la menace du Chapelier. Au contraire, il interagissait avec les autres invités comme si de rien était, son célèbre sourire démesuré bien en place.

De nombreuses questions avaient été posées suivant cet incident étrange mais Timothy n’avait jamais trouvé le courage ni même les mots pour s’exprimer. Ce n’était qu’un jeune enfant, après tout. Et maintenant il avait perdu le sourire. Ses parents étaient toujours très inquiets pour sa santé, lui jetant régulièrement des coups d’œil et s’assurant que sa blessure ne lui fasse pas mal ni ne s’infecte. Ils prenaient tous soin de lui en veillant à son bonheur ainsi qu’à sa guérison.

Toutefois il n’arrivait guère à oublier sa rencontre avec cette créature maléfique. C’était comme un cauchemar éveillé, qui recommençait sans cesse. La nuit il se réveillait en hurlant et en pleurant jusqu’à ce que sa mère ne le rassure que les mauvais rêves ne pouvaient pas lui faire de mal ni l’atteindre. Les rêves d’accord, mais la mémoire ?

Sa gorge se serra atrocement, les poils sur ses bras se dressèrent quand il crut entendre un craquement provenant de la forêt derrière le chat de Cheshire. Tout doucement, Timothy leva ses yeux vitreux vers la table pour constater que personne d’autre à part lui n’avait entendu ce bruit sinistre. Ou alors ils pensaient tous que c’était sans l’ombre d’un doute l’une des créatures inoffensives d’Underland, un cochon ou un brorogrove, rien de bien grave.

Cependant, quelque chose lui disait que ce n’était pas le cas.

Ramenant ses mains à plat aux côtés de sa tasse de thé dorénavant froide, il continua de regarder du coin de l’œil la forêt sombre et bleuté derrière Cheshire occupé à jouer avec la fumée de son propre thé. Il avait l’impression que quelque chose le regardait, le fixait intensément depuis les arbres. Forêt anormalement calme, remarqua-t-il.

L’enfant stressé sursauta sur sa pile de livres qui lui servait de siège lorsqu’il reçut un morceau de sucre sur le bout du nez. Surpris, il cligna plusieurs fois des yeux puis baissa le regard sur le Loir blanc en robe rose vaillamment perché sur le plat de scones presque vide. Le petit rongeur frétilla ses moustaches tandis qu’elle examinait avec attention l’enfant étrangement silencieux et pensif. Les pattes à ses hanches, elle plissa ses yeux noirs.

«Tu n’as même pas touché à ton thé, Tim !» Gronda-t-elle en claquant une patte sur le métal doré.

Son éclat de voix attira toute l’attention de la table sur lui et uniquement lui. Bon sang, il n’aimait pas recevoir toute l’attention aussi soudainement et encore moins quand il n’avait pas envie de discuter ! Timothy déglutit sous le regard soucieux d’Alice face à lui. La femme en robe multicolores lui esquissa un sourire triste tandis que sa petite sœur, Mia, était dorénavant sur ses genoux en train de jouer avec une cuillère en argent.

«C-cucu-cuillère !» Bégaya le lièvre de Mars qui tenait une cuillère devant ses yeux globuleux aux pupilles dilatées.

«Je n’ai pas soif.» Se contenta de répondre l’enfant roux d’une mine renfrognée en détournant aussitôt les yeux de toute la table.

Il entendit vaguement des chuchotements mais n’y prêta pas une grande attention. Les vieux tapis étaient plus intéressants à regarder. Toutefois il comprit que ses parents tourmentés débâtaient sur son comportement douteux à voix basse, lui jetant des regards discrets de temps à autre alors qu’ils communiquaient doucement pour ne pas l’alerter.

Timothy poussa un soupir. La culpabilité commençait à prendre place dans son cœur surtout lorsque son père se pencha vers lui avec des yeux d’un vert terme, signe qu’il était bouleversé. Se tordant nerveusement les doigts calleux pendant qu’il réfléchissait à une approche, il finit par lui offrir l’un de ses sourires éclatants qui dévoilait le petit espace entre ses dents de devant, ses yeux à nouveau dans ce vert vibrant qui plaisait tant à sa mère.

«Je m’interroge sur les mots commençant par la lettre M. Maligne, Mariage, Maboul, Magie, Miracle … Morue !» S’exclama le Chapelier dans une vaine tentative de faire rire son fils avec ce dernier mot.

Cependant aucun rire ne s’échappa des lèvres du garçon éternellement immobile et calme sur son siège de fortune. Ses mains étant toujours à plat sur la nappe plus très blanche, la tristesse se fraya un chemin sur son doux visage porcelaine alors qu’il accepta de jouer le jeu avec son père extravagant. Un jeu qu’habituellement, il chérissait.

«Mal, Monstre, Mélancolie, Meurtre … Mort.» Chuchota-t-il à la fin de sa phrase qu’il laissa en suspens, ses sourcils se fronçant, le regard vague perdu à la lisière de la forêt.

«Oh, Timmy.» Alice déglutit difficilement, aux bords des larmes face à la détresse de son enfant.

Le sourire contagieux du Chapelier s’estompa pour être remplacé par un profond froncement de sourcil semblable à celui de son jeune fils. Son excentricité disparaissant avec l’humeur massacrante de Timothy, Tarrant se laissa retomber dans son fauteuil tout en couvrant ses yeux pâles à l’aide de son chapeau adoré.

Mally sauta sur la table pour rejoindre le Chapelier désormais silencieux pour tenter de lui remonter le moral tandis que le chat de Cheshire s’évapora dans les airs après avoir lui-aussi perdu le sourire. Il venait de plomber l’ambiance, littéralement. Ce sentiment de culpabilité devenait encore plus féroce et présent dans son estomac contorsionné de toute part par le malaise et l’insécurité. Il se sentait encore plus petit qu’il ne l’était déjà.

Mais père lui disait toujours que la petite taille faisait la grandeur de l’esprit.

Reniflant timidement, Timothy se sentit un peu mieux quand sa mère réussi à attirer l’attention de son père avec de douces paroles et un sourire, afin qu’il ne soit plus déprimé. A cause de lui … Tout était de sa faute. Mais que lui arrivait-il ? Il avait l’impression que quelque chose avait changée en lui, la question était la suivante maintenant. Quoi exactement ?

Son regard fût déporté de ses parents lorsqu’un ballon rouge flotta dans les airs au-dessus des nombreuses tables à thé. Sa bouche s’ouvrit mais aucun son n’en sorti. Personne ne remarquait la présence de ce ballon, pas même Mally ou encore Thackery ! Il flottait tranquillement au vent derrière les sièges, sa couleur rouge translucide donnant un sentiment de désarroi alors que la ficelle blanche traînait entre les couverts et les théières.

Je pourrais lui offrir un ballon ! 

«Bonjour Timmy.»

La couleur se draina subitement du visage de Timothy tandis que ses doigts se creusèrent dans les plis de la nappe. Les yeux légèrement écarquillés de terreur, il tourna la tête en direction de la voix railleuse qui s’était exprimée sur sa droite. Son souffle se prit brusquement dans sa gorge quand son regard se posa sur le fameux clown horrifique de ses sombres cauchemars.

Il était là, à quelques mètres à peine de la première chaise où avait été quelques instants auparavant, le chat de Cheshire. Maintenant il le voyait dans son intégralité. Le clown portait un costume gris à froufrou, des bottes rouges et noires avec un pompon sur le bout pointu. Une espèce de tutu gris s’accrochait à ses hanches accompagnée d’une ceinture rouge et grise à sa taille ainsi qu’une autre série de pompons rouges sur son torse.

Mais le pire restait son visage. Des yeux jaunes vicieux enfoncés dans un crâne épais muni d’un large front craquelé par la peinture blanchâtre qui l’en recouvrait. Comme si qu’elle était vieillotte, fatiguée par le temps. Des cheveux roux coiffés avec fantasme dans le but de faire rire, mais cela ne marchait évidemment pas. Des traces rouges coulaient de ses sourcils invisibles en passant sur ses yeux cerclés de noir et finissant leur course aux commissures de ses lèvres rubis tirées dans un large sourire édenté.

Deux dents jaunes de lapin scintillaient au peu de lumière que procurait la forêt.

«Tu veux t’amuser Tim ? Vient avec le clown. On flotte tous en bas. Avec les animaux du cirque qui parlent et toues les créatures magiques que tu préfères.» Pennywise émit un ricanement grossier alors que de la bave coulait sur son menton.

Mais l’enfant interpelé fût dans l’incapacité d’émettre un seul son, la terreur à son apogée. Les couleurs de la nature environnante et de l’atmosphère générale étaient devenus ternes et mourantes. Même la table à thé où les invités continuaient de rire en sourdine comme s’ils ignoraient la présence même du clown inébranlable.

«Elle sera bientôt là … Elle n’aime pas que je touche à ses univers.» Dit mystérieusement la créature machiavélique d’un autre de ses petits sourires malicieux sans jamais détourner le regard de l’enfant apetissant. Des yeux qui partaient dans un fort strabisme.

Timothy était pétrifié par la peur viscéral, son souffle prenant une vitesse excessive jusqu’à ce qu’il ne voit des petites étoiles devant ses yeux larmoyants. Le rythme effréné de son cœur tambourinant dans ses oreilles, il eut soudainement envie de vomir et de pleurer mais il avait la nette impression que sa détresse n’était visible par personne d’autre que le clown lui-même.

Tous occupés à leurs babillages enfantins.

«Mwhahaha ! Tu flotteras aussi ! Tu flotteras aussi ! Ce n’est qu’une question …. De temps.» Ricana Pennywise avec véhémence en levant son bras droit pour dévoiler une montre à gousset pendante entre ses doigts gantés.

Un rire vraiment sordide.

Les yeux du petit garçon immobile sur son siège se posèrent ensuite sur l’autre chose qu’il tenait dans sa main gauche et à ce moment-là, il pensait vraiment que son souffle allait se briser définitivement. Hallucinations … Ou folie ? Le clown détenait un cœur, battant la chamade, dans cette autre main qu’il venait de mettre au même niveau que celle qui tenait la montre. Un cœur violet assez petit pour tenir dans sa paume.

Une larme silencieuse roula sur la joue de Timothy. Une âme comme la sienne aussi innocente venait d’être détruite sans aucun scrupule par cette chose malveillante. Injustement en proie à un cauchemar éveillé aussi terrifiant, l’enfant ouvrit la bouche quand la montre à gousset s’ouvrit rapidement et qu’un nom et prénom se présentèrent à lui dans de belles courbes élégantes. Suite à cela, des rires d’enfants s’élevèrent dans la brise qui souffla.

Etrangement, à cette distance, il put lire ce qu’il y avait de graver dans le métal.

Timothy Hightopp

«Timothy Hightopp !»

Une main se posa sur son épaule, lui arrachant un soupir d’effroi. L’enfant en question détourna brusquement les yeux du clown un bref instant pour se retrouver face à un visage inquiet appartenant à une Alice, visiblement troublée par son état et sa pâleur maladive. Tous les regards étaient posés sur lui, notamment Tarrant qui se tenait dorénavant à genoux de l’autre côté de son siège sans son chapeau sur ses cheveux flamboyants. Chapeau qui était à côté du grand fauteuil renversé sur le sol.

Le Chapelier était tombé à la renverse ? Avait-il crié ? En tout cas ses yeux étaient jaunes d’inquiétude et sa bouche dans une ligne mince.

«On dirait que tu as vu un Jabberwocky, mon fils !» Plaisanta-t-il à la légère mais d’après son regard, il était loin d’être amusé.

Au lieu de répondre aux nombreuses questions qui pleuvaient, Timothy continua de respirer d’une rapidité à en donner le tournis. Il tenta de balbutier quelque chose mais s’en retrouva incapable. Sa vision était trouble à cause des larmes qui coulaient le long de ses joues jusque sur son pantalon toutefois il put voir que le clown n’était plus là.

Ni le ballon rouge.

Perplexe par ce constat, il sentit une main douce retirer les grosses larmes sur ses joues mais avant même qu’un de ses parents ne prenne à nouveau la parole, il bondit de son siège et courut dans le moulin à vent délabrer du lièvre de Mars.

Derrière lui il entendit les cris du Chapelier et d’Alice ainsi que sa petite sœur également en larmes car elle ne comprenait pas la gravité de la situation. Thackery tira sur ses longues oreilles lorsque les deux adultes se levèrent et se précipitèrent à sa poursuite. Il tremblait de tout son petit corps poilus, les yeux sortant de ses orbites alors qu’il soufflait des choses incompréhensibles dû à son indignation.

«Vous êtes en retard pour le thé !» Beugla-t-il soudainement en empoignant deux tasses aux hasards et en les jetant en direction d’Alice et Tarrant qui esquivèrent aisément les projectiles.

«Oh non …» Chuchota Mallyumkin avec horreur, ses deux petites pattes avant plaquer contre sa bouche.

Alors qu’elle courait sur la table en appelant désespérément le Chapelier, elle sentit de l’humidité sous ses pieds. Intriguée, elle baissa ses yeux noirs sur la nappe pour s’apercevoir qu’il y avait deux empreintes de mains des deux côtés de la tasse ébréché où était assis Timothy quelques secondes auparavant. Des traces de transpiration, très distincts.

«Pauvre, pauvre petite chose …» Murmura-t-elle misérablement d’une patte sur le rebord de la tasse rempli de thé froid pour le soutien. Elle s’approcha ensuite de Mia qui avait été prise en charge par Cheshire en attendant le retour de leurs amis.

Puis, un hurlement de colère appartenant au Chapelier résonna contre les murs du moulin à vent.

A suivre …

N’hésitez pas à me partager vos avis J N’oubliez pas, c’est vraiment pour le délire.

VP

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