American Horror Story Forest

Chapitre 1 : Épisode 01 : Un manoir perdue au milieu des bois

5687 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 11:52

1948, Oregon, États-Unis.

         La pluie tombait avec fracas sur le pare-brise de la voiture. La route était sombre. Il n'y avait aucun bruit, si ce n’est celui de la pluie. On ne voyait presque pas la route, seuls les phares de la voiture offraient un peu de lumière à ce monde si obscur. On pouvait entendre le vent souffler dans les arbres alentour. Des arbres… il n'y avait que ça. Une épaisse forêt entourait le petit véhicule rouge et blanc.

         À l'arrière, la petite fille s'était endormie. Sa mère la regardait tendrement depuis le siège passager. Elle replaça une mèche de cheveux de la petite avant de se remettre à fixer la route devant elle, enfin, ce qu'elle en voyait. La mère avait l'air plus qu'inquiète. Elle entremêlait ses doigts, frottait ses mains, ou se recoiffait avec la brosse qu'il y avait dans son sac à main beige. Soudain, elle sentit une main, chaude et rassurante, se poser sur sa cuisse. Elle tourna la tête vers sa gauche. L'homme lui lança un petit regard complice avant de retourner son visage vers la route.

 « Ne t'en fais pas chérie, tout se passera bien, lui lança-t-il de sa voix chaude.

         Elle posa sa main parfaitement manucurée sur la sienne.

 -Qui sait… Je suis inquiète pour elle.

         Le visage de l'homme devint plus dur. Il fronça les sourcils.

 -Notre fille... voit des choses. C'est un fait. Vivre éloigner du reste du monde ne peut être que bénéfique pour elle.

 -Et si ça ne l'était pas, et si c'était pire ? Demanda-t-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.

 -Rien ne peut être pire maintenant.

 -J'ai peur Victor. »

         Il repositionna sa main sur le volant. Jetant un coup d'œil aux bois qui l'entouraient. Au loin, à une dizaine de mètres, il aperçut quelque chose. Quelque chose de terrifiant. Deux yeux le fixaient. Deux yeux jaunes.

 « Victor ? Appela la femme.

         Il sursauta puis reprit ses esprits.

 -Excuse-moi... Je divaguais.

 -Papa à vue quelque chose, interrompit une petite voix.

         Surprise, la mère tourna son visage vers sa fille. Elle fixait les bois.

 -Mon cœur, tu devrais dormir, répondit gentiment sa mère en s'apercevant qu'elle était maintenant éveillée.

         La petite fille haussa les épaules.

 -Nous ne sommes pas en sécurité ici. Je ne peux pas dormir.

         Le visage de sa mère se crispa.

 -Qu'est-ce que tu veux dire Mary ? Comment ça nous ne sommes pas en sécurité ? » Demanda sa mère.

         La petite fille se tourna vers sa mère. Elle leva un bras et pointa quelque chose se trouvant dos à sa génitrice. Lorsque la femme se retourna, elle vit se dessinait au loin un manoir, trônant au milieu de la forêt.

« Il y a  des choses dans les bois. »

 

2015, New-York, États-Unis.

         Se fixant dans le miroir, elle passa un coup de brosse dans ses cheveux blonds. Ils étaient coriaces. Elle aurait dû les lisser, mais elle n'en avait pas envie ce matin. Elle ouvrit le robinet qui laissa couler de l'eau gelée. Elle passa ses mains dessous avant de se baisser pour mouiller son visage. Elle jeta de l'eau sur sa figure, ferma les yeux, releva la tête, les rouvrit. Derrière elle un homme. Vieux. Il n'était pas de cette époque. Elle passa sa main sur le miroir.

 « Vous trouvez toujours le bon moment pour vous montrer Monsieur Brokehill, lança-t-elle à la personne derrière.

         Il haussa les épaules.

 -Faites le muet, ironisa-t-elle.

         On frappa trois coups à la porte. Surprise, la jeune fille se retourna. L'homme avait disparu.

 -Gwen ! Sors de là ! » Cria la personne derrière.

         Elle soupira. Elle ouvrit avec nonchalance la porte de la salle de bains pour se retrouver nez à nez avec un garçon de son âge.

 « Sérieux Ethan, je peux jamais être tranquille !?

 -Être tranquille pour parler avec tes amis imaginaires ? Si j'étais pas ton frère, je te prendrais pour une tarée.

         Il la poussa et ferma la porte de la salle de bains avec fracas.

 -Connard » murmura la jeune fille.

         Elle se dirigea vers le séjour où devait déjà se trouvait sa mère. Le couloir était grand, et blanc. Tout était blanc ici. Cela en devenait oppressant. Le couloir faisait presque penser à celui d'un hôpital, à l'exception près qu'il était plus sombre. Lorsqu'elle marchait, elle entendait des pas derrière elle. Elle avait beau observer discrètement, elle ne voyait rien d'autre que des ombres sur les murs.

 « Salut les filles... »dit-elle tout bas.

         Quand elle arriva dans le séjour, elle trouva sur la table un petit déjeuner déjà tout prêt. Elle s'assit tranquillement, se servant un verre de jus d'orange. Une femme entra dans la pièce, son portable collé à l'oreille. Elle était vêtue d'un tailleur gris et d'une chemise blanche. Elle embrassa rapidement sa fille sur le front et s'assit en face d'elle.

 « …Non, non. J'ai dit que je les voulais pour cet après-midi. On n'a pas le temps pour attendre une semaine en plus, s'exclama-t-elle au téléphone.

         Après une conversation musclée, elle raccrocha enfin, posant son portable violemment sur la table. Elle soupira.

 -Gwendolyn, il faut que je te parle...

         La dénommée Gwendolyn leva la tête, posant son verre de jus d'orange.

 -C'est grave ? Demanda la jeune fille, inquiète.

 -Quoi ? Comment ça c'est grave ?

 -Tu fais la tête que tu fais toujours quand tu dois me dire quelque chose de grave. 

         Effectivement, sa mère fronçait les sourcils et avait un air sévère.

 -Écoute... Avec ton père, on a décidé de t'envoyer en Oregon. Chez tes grands-parents. »

         Gwendolyn ouvrit la bouche, prête à dire quelque chose, mais la seule chose qui en sortit, ce fut un grognement témoignant de l'agacement de la jeune fille.

 « Tu m'envoies seule dans le manoir des horreurs ?! T'y a déjà passé une nuit toute seule dans cet endroit ? Cria Gwen.

         Sa mère ne sut que dire.

 -On pense que ça te fera du bien. Le dernier trimestre a été difficile, nous ne voulons pas que les incidents qui se sont produits à l'école dernièrement recommencent, expliqua sa mère. Partir là-bas, entouré seulement d'une forêt sans rien à moins de dix kilomètres permettra de te ressourcer.

 -Ou de me faire tuer...

         La femme tapa du poing sur la table.

 -Ça suffit Gwen. Je t'ai exposé nos raisons, à toi de les accepter. Et puis, ça fait longtemps que tu n'as pas vu papi et mamie et que tu n'es pas partie en vacances.

 -Eh bien je m'en passerais bien. »

         L'adolescente se leva avec nonchalance. Elle s'assit lourdement sur le canapé, attrapant la télécommande pour allumer la télé.

« Gwen, on sait toutes les deux que ça calmera tes... pulsions, dit gentiment sa mère en se levant de sa chaise.

 -Je vous ai déjà dit que ce n'était pas moi. Ce n'est pas moi qui ai jeté cette fille du premier, c'était eux.

 -Arrête ! Ces gens ne sont que dans ta tête. À cause de toi, ton père et moi avons dû payer les frais d'hospitalisation de cette gamine. La pauvre elle n'est toujours pas revenue en cours...

 -Eh ben elle l’a bien cherché. Tu croyais qu'ils allaient la laisser tranquille quand elle m'a jeté ce produit chimique à la gueule ?

 -Arrête de parler de ces gens comme s'ils étaient là ! Ils sont dans ta tête. »

         Sa mère s'approcha et s'assit au bord du canapé. Elle dégagea une mèche de cheveux du visage de sa fille. Celle-ci retira violemment la main de sa mère du revers de la main. Gwendolyn soupira. Soudain, le téléphone se mit à sonner. Sa mère attrapa ce dernier.

 « Wilma Spicer a l'appareil »

         Elle disparut du séjour pour rejoindre la cuisine et continuer sa conversation. Le frère de Gwen ne tarda pas à se montrer, coiffé et habillé. Il s'installa à la table pour prendre son petit-déjeuner. La mère des deux enfants revint, elle embrassa son fils sur le front.

 « Ethan, j'ai quelque chose à te dire. »

         Gwendolyn tourna immédiatement la tête, espérant que son frère se fasse engueuler une nouvelle fois pour une chose qu'il n'avait pas faite.

« Tu vas accompagner ta sœur chez vos grands-parents pendant les vacances.

 -Pardon ? » S'exclama son frère.

 

1948, Oregon, États-Unis.

         Se précipitant vers la maison, la femme de Victor attrapa sa petite-fille et un sac. C'était une grande bâtisse en bois gris et noire. Les fenêtres étaient rouges tout comme l'encadrement de la porte. De l'extérieur, le manoir semblait plutôt grand, voir très grand. La femme allait saisir la poignée de la porte quand cette dernière s'ouvrit. Un homme,  plutôt jeune et vêtu d'un costume noir se trouvait là. Se tenant droit, les bras derrière le dos et sans aucune expression sur le visage, il déclara :

 « Mme Spicer, je vous souhaite la bienvenue dans votre manoir. »

         Surprise, elle posa la petite fille sur le sol.

 « Heu, je peux savoir qui vous êtes ?

 -Thomas Frewell. Je suis arrivé un peu plus tôt pour préparer la maison.

 -Pourquoi exactement ?

 -Pour votre arrivée.

 -Oh, bonjour Monsieur Frewell, s'exclama Victor alors qu'il portait à bout de bras plusieurs valises.

         Les deux hommes se serrèrent virilement la main.

 -Je vous présente ma femme, Ellen Spicer, continua-t-il.

 -Nous venons tout juste de nous rencontrer » lança Thomas avec un léger sourire en coin à la femme.

         Ellen attrapa son mari pour que l'homme n'écoute pas leur conversation. Surpris par l'action de sa femme, Victor fit tomber toutes les valises sur le sol.

 « Qu'est-ce qui te prend Ellen ?!

 -Il y a quelque chose bizarre. Il n'était pas censé être ici. À la base il n'y avait que toi, moi et Mary. C'est qui cet homme ?

 -Un domestique figure-toi. Tu croyais qu'un manoir comme celui-ci était vendu seul ?

 -Oui. Nous n'avons pas besoin d'un domestique. Je peux très bien me débrouiller toute seule.

 -Tiens regarde... »dit Victor en pointant quelque chose derrière sa femme.

         Elle se retourna, agacée. Le dénommé Thomas était agenouillé devant la petite fille. Il lui chuchota quelque chose avant que la petite n'acquiesce et rejoigne l'intérieur du manoir. Il se mit à fixer Ellen, un léger sourire au coin des lèvres. La chose la plus étonnante était qu’aucunes valises ne se trouvaient sur le porche. Le domestique se releva.

 « Tout va bien madame Spicer ? Lui demanda l'homme. Vous semblez perturbée par quelque chose.

         Elle pointa le sol.

 -Il... Je... Enfin... Où sont les valises ?

 -Je me suis permis de les monter.

 -Les monter ?

         Un rire nerveux s'échappa de la femme.

 -En dix secondes vous les avez montées ? »

         Il haussa les épaules. Ellen se retourna vers son mari qui avait l'air intrigué par son attitude. Effectivement, la femme était en train de rire comme une folle. Lorsqu'elle s'en aperçut, elle se stoppa.

 « Monsieur Frewell, je crois que ma femme a besoin d'un thé ou d'une boisson chaude. La route a dû la fatiguer.

 -Victor... souffla-t-elle.

 -Suivez-moi madame Spicer. »

         Le domestique attrapa lentement les épaules d'Ellen pour la conduire à l'intérieur du manoir. Victor se retrouvait maintenant seul sur le porche du manoir. Il soupira, retirant son chapeau avant de s'essuyer le front avec son mouchoir de poche. Soudain, un bruit. Il se retourna. La pluie s'était arrêtée, mais le vent continuait de souffler. Le bruit retentit de nouveau, il venait d'un buisson. Le docteur descendit les escaliers du porche pour s'approcher. Il se stoppa dans sa course.

 « C'est le vent Victor » se dit-il à lui-même.

         Il repartit vers la porte d'entrée tandis qu'au loin, dans les buissons, une ombre se déplaça à toute vitesse.

 

2015, New-York, États-Unis.

         Dans le bus, les deux adolescents ne s'adressaient pas un seul mot. Gwendolyn avait les yeux fermés et la tête plaquée contre son siège. Elle essayait de se reposer mais dès qu'elle fermait les yeux, elle pouvait voir quelque chose. Elle n'arrivait pas à distinguer ce que c'était, mais ça lui donnait la plupart du temps la chair de poule. Elle ouvrit rapidement les yeux, se redressant.

 « Qu'est-ce qu'il y a ? T'as encore vu tes amis imaginaires ? Se plaina son frère.

         Elle soupira.

 -Tu te rends compte de ce que tu me fais vivre Gwen ?

         Elle haussa les épaules.

 -Juste parce que t'es bizarre, je vais devoir passer deux semaines dans le palais de l'horreur au milieu de la forêt la plus flippante d'Oregon. Tu crois que c'est les vacances dont j'aurais rêvé ? »

         Écoutant à peine ce que disait son frère, elle haussa de nouveau les épaules pour lui répondre. Ça ne l'enchantait pas non plus, mais elle ne pouvait rien y faire. C'était la décision de ses parents et pas la sienne. Le bus se stoppa enfin pour permettre aux deux adolescents de sortir. Son frère la poussa pour pouvoir sortir en premier du bus. Elle baissa la tête et saisit son sac, se dirigeant vers la sortie du bus et vers son plus grand cauchemar : Le lycée.

 

         Elle était assise dans cet établissement de l'enfer, écoutant à peine le monologue un peu trop long du professeur, attendant fermement la sonnerie pour pouvoir sortir de cet endroit. Encore une fois, elle avait fini plus tard que tout le monde, le jour des vacances en plus de ça. Elle ne savait pas ce qui était le pire, être en vacances pour aller chez ses grands-parents ou ne pas l'être pour rester ici. Au moins dans le lycée, il n'y avait personne qui venait de l'autre monde. Le bâtiment était moderne alors aucun risque. Elle fixait avec intérêt la sonnerie. "Tic, tac, tic, tac.". Ça ne s'arrêtait jamais, ce bruit incessant qui tambourinait dans sa tête. Tout à coup... "Driiing." Elle était libérée. Elle rangea lentement ses affaires, laissant tous les élèves de sa classe sortir. Gwendolyn sortit la dernière. Les couloirs étaient vides à cette heure-là, mais ça ne la dérangeait pas plus que ça. Elle aurait voulu qu'il soit toujours vide et qu'elle soit la seule dans cette école.

         Elle traversa le dernier couloir qui la menait à la sortie, d’un pas lent, attentive aux moindres bruits. Il y avait quelque chose derrière elle. D'un coup elle sentit une force la plaquée contre les casiers. Face à elle, un garçon. Il s'approcha dangereusement de ses lèvres avant de l'embrasser fougueusement. Peut-être qu'elle aurait voulu qu'ils soient deux dans cette école.

 « Je t'ai pas vue de la journée, souffla-t-il au creux de son oreille.

 -Moi non plus. Je pensais que tu n’étais pas là. Ou que t'avais décidé de me quitter. »

         Ils se mirent à sourire avant qu'il ne repose ses lèvres sur les siennes. Il commença à faire glisser ses mains sous le tee-shirt de la jeune fille lorsqu'elle le stoppa net.

 « Faut que je te dise un truc.

 -Vas-y je t'écoute, dit-il en lui déposant des baisers dans le cou.

 -Je ne pourrais pas venir avec toi pendant les vacances...

         Il recula d'un coup.

 -Quoi ? Pourquoi ?

 -Ma mère et mon père veulent que j'aille voir mes grands-parents et tu vois... ça fait longtemps que je ne les ai pas vus. Du coup je me vois pas de leur faire le coup du "Je fais ma crise d'ado et j'y vais pas".

 -Je comprends, répondit le jeune homme en jouant avec les cheveux de Gwendolyn.

 -Sérieux ? Tu ne m’en veux pas ?

 -Pourquoi je t'en voudrais pour un truc comme ça ? Gwen, la famille c'est important. »

         Elle se mit à sourire avant qu'il la plaque de nouveau contre le casier et qu'il l'embrasse de plus belle. Il passa doucement ses mains dans son dos.

« Pas ici ! » Hurla un homme au loin.

         Le garçon se stoppa, rigolant au creux du cou de Gwendolyn.

         Ils sortirent main dans la main du lycée.

« Eh j'y pense... Et si, je venais avec toi ?

         La blonde tourna sa tête vers le garçon.

 -Venir avec moi ?

 -Chez tes grands-parents. Au moins, on pourrait être ensemble.

 -Pas sûr que mes parents acceptent...

 -Ils n'ont pas besoin de le savoir.

 -Et tes parents à toi.

 -Je t'ai déjà dit qu'ils s'en foutaient de moi. Et puis, avec mon boulot à mi-temps, j'ai assez pour me payer le billet de train. Je n'aurais qu'à me faufiler dans la nuit chez tes grands-parents et rentrer dans ta chambre.

         Elle haussa les épaules.

 -Pourquoi pas. »

 

1948, Oregon, États-Unis.

         Ellen ouvrit le grand placard en bois gris se trouvant devant elle. Elle attrapa des vêtements provenant de sa valise et les déposa dans l'armoire. Elle soupira. Elle s'approcha de la fenêtre, regarda l'extérieur avec une mine attristée. Son mari était là, regardant les arbres.

         Il s'approcha tout doucement des buissons qu'il avait vu bouger un peu plus tôt. Il tendit sa main vers ce dernier, s'approchant lentement à pas de loup. Il s'attendait à ce que n'importe quoi sorte de ce buisson.

 « Vous cherchez quelque chose docteur Spicer ? Demanda quelqu'un juste derrière lui.

         Il sursauta et se retourna pour se retrouver face à Thomas.

 -Thomas... Vous m'avez fait peur, dit-il en s'essuyant le front avec son mouchoir de poche.

 -Excusez-moi monsieur, ce n'était pas mon but » répondit le domestique avec un léger sourire.

         Soudain, le docteur entendit quelque chose bouger dans les feuillages. Il leva la tête, détaillant chaque arbre.

 « Il y a de nombreux animaux ici ? Demanda le docteur toujours en détaillant les arbres.

         Le domestique haussa les épaules.

 -Des sangliers. De nombreux oiseaux. Rien de bien intéressant, excepté si vous chassez.

 -Justement... J'aimerais m'y mettre. Vous pourriez m'accompagner Thomas. En tant qu'homme de la maison nous devrions nous serrer les coudes.

 -Monsieur, je ne suis là que pour m'assurer de votre bien-être dans le manoir. Je ne sais pas si...

 -Je suis ravie que vous acceptiez Thomas, conclue le docteur en serrant vigoureusement la main du domestique. Nous devrions bien nous entendre. »

         Le docteur commença à se diriger vers le manoir quand le domestique l'attrapa par l'épaule. Il pressa cette dernière jusqu'à ce que Victor fasse un geste brusque pour retirer la main de son épaule. Il le regarda étrangement.

 « Thomas ? Tout va bien ? Demanda le docteur.

         Le domestique avait l'air perturbé. Il fixa étrangement le docteur.

 -Je vous conseille de rester dans votre manoir et de ne jamais en sortir monsieur Spicer. Cette forêt n'est pas très sûre, surtout la nuit.

 -Qu'est-ce que vous voulez dire ?

 -Rien... Rentrez monsieur, le dîner sera bientôt prêt. »

         Le docteur envoya un regard circonspect à son interlocuteur avant de rejoindre le manoir. Thomas se tenait face à la forêt, les sourcils froncés.

 « J'espère que tu te tiendras tranquille cette fois-ci. Ce pauvre homme n'a rien demandé » chuchota le domestique en direction des arbres.

         Il observa la maison et aperçut Ellen, regardant à travers une fenêtre. Elle le fixait.

         Lorsqu'elle quitta la fenêtre, elle reprit son rangement.

 « Je vous étonne ? » Demanda une voix derrière elle.

         Elle se retourna directement, apeurée. Il n'y avait personne. Mais la porte de sa chambre, qui était auparavant fermée, était maintenant ouverte, laissant une brise se faufiler à l'intérieur de la chambre et faisant frissonner Ellen.

 

2015, Oregon, États-Unis.

         Ethan et Gwendolyn venaient de descendre du bus qui les conduisait chez leurs grands-parents. Le car quitta l'endroit immédiatement, les laissant seuls devant l'immense bâtisse. Gwendolyn observa les lieux. Elle aperçut quelque chose derrière la fenêtre du grenier. C'était une silhouette. Elle ne fit même pas attention et suivit son frère. Il sonna. Au bout d'une bonne minute, la porte s'ouvrit enfin sur un homme, assez jeune.

 « Je peux vous aider ? Demanda-t-il.

 -Oui, nous sommes les petits-enfants d'Abigail et Henry Spicer, répondit le garçon.

 -Gwendolyn et Ethan ? S'exclama le domestique avec un grand sourire.

         Ils acquiescèrent.

 -Bienvenue, dit-il en les lançant pénétrés dans le manoir. Vos grands-parents m'ont beaucoup parlé de vous.

 -Vraiment ? Lança ironiquement Ethan.

 -Il faut croire. Je vais vous montrer vos chambres. »

         Gwendolyn se stoppa alors que les trois personnages se trouvaient dans les grands escaliers de l'entrée qui menait à l'étage supérieur. Le domestique se retourna.

 « Excusez-moi, mais... où sont-ils ?

         Il sourit.

 -Votre grand-mère est partie rendre visite à une amie et votre grand-père est partie avec ses amis à la chasse. Ils ne seront de retour que demain.

 -Demain ? Renchérit Ethan. Et vous êtes qui, vous ?

 -Oh je me présente. Thomas Frewell. Je suis domestique ici. Si vous avez un souci vous n'avez qu'à me demander. »

 

***

 

         Gwendolyn regardait avec insistance la forêt qui s'étendait devant elle. La fenêtre de sa chambre donnait directement sur celle-ci. Elle entendit son portable vibrer. Elle s'empressa de regarder le message qu'elle venait de recevoir.

22h56,Ryan : Trouver ta chambre. Tu m'ouvres ?

         Elle sourit et ouvrit sa fenêtre. Elle aperçut le garçon courir depuis la forêt et commencer à grimper sur les murs du manoir, son sac sur le dos. Il réussit à rentrer à l'intérieur, trempé par la pluie. Il ferma la fenêtre, jeta son sac et embrassa Gwen directement.

 « Quel temps... Rester trois heures sous la pluie, c'était horrible, se plaina-t-il.

 -Tu devrais aller prendre une douche, conseilla la jeune fille.

- Tu ne veux pas venir avec moi ? » Lança Ryan avec un sourire moqueur.

         Elle le frappa discrètement en riant. Ce dernier rejoignit la salle de bains qui se trouvait dans la chambre de Gwendolyn. Cette dernière continua d'observer l'extérieur. Elle aperçut une femme sortir des buissons en contrebas. Elle se colla à la vitre pour mieux observer. La femme était blonde, portant une longue robe blanche, une robe de mariée. Elle tenait dans sa main une rose blanche. Elle leva la tête vers Gwendolyn, secouant la tête.

 « Qu'est-ce que... »souffla la jeune fille avant d'être interrompu par son petit ami qui ouvrit violemment la porte de la salle de bains.

         Elle sursauta.

 « Dis-moi, tu pourrais pas aller me chercher une serviette ? Il n'y a que la tienne.

         Elle soupira, lançant un dernier regard par la fenêtre. La femme était toujours là, l'observant.

 -Je vais te chercher ça tout de suite » répondit Gwendolyn.

 

***

 

         La pièce était complètement noire, seuls les rayons de la lune éclairaient la chambre. Ryan se réveilla en sursaut et en sueur aux côtés de Gwendolyn. Elle dormait toujours. Il inspira et expira longuement avant d'essayer de se rendormir, en vain. Il posa un pied sur le sol, faisant craquer le parquet. Il passa une main dans ses cheveux, se leva et commença à faire les cent pas dans la chambre. Il s'arrêta devant la fenêtre et il fut surpris par ce qu'il vit. Un homme tenant une lanterne venait de pénétrer dans la forêt. Intrigué, il attrapa un tee-shirt, enfila ses converses rouges et sortit discrètement de la chambre. Le long couloir qui menait aux escaliers du hall était long et sombre. Il se hâta pour pouvoir sortir le plus vite possible. Les escaliers grinçaient sous ses pas. Il ouvrit la porte d'entrée du manoir, la referma derrière lui et courut vers cet étrange homme qu'il avait vu plus tôt.

         Il posa un pied dans la forêt, jetant un coup d'œil derrière lui pour être sûr que personne ne l'avait suivi. Il pouvait voir au loin la lanterne de l'homme. Il commença à accélérer le pas lorsque celle-ci s'éteignit. Il fit quelques pas, se cachant derrière un arbre.

 « Merde » souffla-t-il.

         Il continua son avancé. Soudain, il sentit quelque chose de métallique lui fracasser le crâne. Il perdit immédiatement conscience.

 

Note de l'auteur :

Merci beaucoup d'avoir lu ce premier chapitre ^^ (maintenant corrigé)

Merci énormément à Blue James Black pour la correction :D

Bisous :*

 

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