Rien comme prévu
Chapitre 1 : Rien comme prévu - Chapitre 1
3395 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 10/11/2018 16:18
L'heure de cours venait de se finir. Enfin.
Cette heure avait peut-être était la plus longue de ma vie. Pourtant, aussi bizarre que ça puisse paraître, je n'étais généralement pas le premier à sortir de la salle. Non pas que j'aime cet endroit ou que je veuille faire le lèche-botte auprès des profs. Loin de là. Seulement, il fallait que je me réveille. Et puis, quand c'était la pause, je roulais mes cigarettes avant de sortir. Comme ça, j'avais plus qu'à la fumer d'autant plus que les pauses étaient plutôt courtes. Ça énervait parfois les profs de me voir faire, mais je crois qu'ils ont fini par laisser tomber. Trop chiant, trop compliqué. Je parle de moi bien sûr.
Je lançais donc mon sac par dessus mon épaule et me dirigeais vers la porte, sans même un regard ou un mot pour le prof.
Dans le couloir, le dos collé aux casiers, j'observais les gens. C'était tous les mêmes. Ennuyants. Il y avait évidemment Ambre et ses caniches en plein milieu, qui se donnaient en spectacle, draguaient les gars du lycée, et emmerdaient c'pauvre gars aux lunettes et gros pull vert pour se sentir puissantes. Pathétique.
Je l'avais aidé une fois cui-là. J'avais clashé la blondasse et pris la défense du nain. Alors oui, quelque part c'était une bonne chose parce qu'Ambre s'était sentie conne et les autres avaient aussi arrêté de l'emmerder pendant un temps. Sauf que voilà : persuadé que j'étais devenu son meilleur ami, cet abruti n'a pas arrêté de me suivre PARTOUT ! L'horreur ! Enfin bon j'ai fini par l'engueuler et il s'est enfin décidé à me lâcher.
Et finalement, les emmerdes ont repris pour lui. Ça craint et je suis sûrement un putain d'égoïste mais c'est comme ça. J'ai fait mon choix.
Après quelques minutes à attendre, je vis enfin les cheveux argentés de Lysandre dépasser de la foule. Arrivé à ma hauteur, il me salua et on partit tous deux en direction de la cour.
Assis sur notre banc habituel, on discuta de notre prochaine chanson. Il me proposa les textes qu'il avait écrit puis j'essayais de trouver quel rythme s'accorderait le mieux avec. Je «sublimais ses chansons» disait-il. Tu parles. Sur scène un mec qui joue de la guitare c'est classe, j'avoue et je le vois bien. Mais une fois que le chanteur est là, c'est bon, t'es foutu. Et t'as juste intérêt à pas te louper pour ne pas gâcher la suuuublime voix de ce dernier...
Bref, j'étais quand même bien content qu'il me trouve aussi utile et c'était de toutes façons toujours un plaisir de jouer avec lui. Et puis, qui n'aime pas passer du temps avec son meilleur ami ?
- Tu gères, vieux.
- Haha merci. Mais arrêtes de m'appeler «vieux». Sale roux, avait-il ajouter avec ironie.
- OK, du con.
- Hé !
- Tu préfères quoi ? Gros ?
- Tss, tu as vraiment une imagination de merde. Heureusement que c'est moi qui écrit les textes !
- Et toi, tu t'éloignes de ton langage habituel, monsieur le modeste.
- Pas faux.
La deuxième sonnerie retentit.
- Tu viens ? Nous allons être en retard en cours.
- Vas-y toi. J'en ai marre, j'rentre chez moi. On se voit après ?
Lysandre avait l'air contrarié.
- Je ne suis vraiment pas sûr que ce soit une bonne idée... Les profs te surveillent de près, je te rappelle. Ce n'est pas parce que tu t'es tenu à carreaux ces derniers temps que...
- Justement ! Je peux bien faire une pause, non ? J'emmerde personne et puis de toutes façons, en cours, je dors, alors je vois pas l'intérêt...
Il resta silencieux un moment, me regardant dans les yeux sans vraiment me voir.
- Bon. Je leur dirai que tu ne te sentais pas bien et que tu ne pouvais pas rester.
- Ou je peux assumer le fait que je sèche, tu sais.
- Il ne vaut mieux pas.
- À tout à l'heure ?
- Désolé, j'aide mon frère à sa boutique ce soir, je ne pourrai pas. Mais, je ferai le chemin avec toi demain si tu le veux bien.
- Ça me va.
Puis, il fit volte face et passa la porte du hall.
Je me retrouvais seul, dans la cours, sans savoir trop quoi faire. Je me rendis compte que je n'avais toujours pas fumé la cigarette que j'avais préparé le cours d'avant. C'était sûrement la présence de Lysandre qui m'en avait empêché. Je faisais en sorte de ne pas fumer devant lui car je savais qu'il n'appréciait pas du tout. On avait un certain respect mutuel, l'un l'autre.
Je m'adossais donc au mur à côté du portail et allumais ma clope.
J'observais un groupe de filles quelques mètres plus loin. Elles me regardaient et rigolaient. Ce n'était pas de la moquerie. Vous savez, c'était ce rire à la con que les filles font quand elles trouvent un mec mignon. La plupart d'entre elles me fixaient jusqu'à ce que je croise leur regard, puis se retournaient brusquement en se recoiffant.
Fatigué par le spectacle, je ne fumais ma clope qu'à moitié puis l'écrasais avec ma nonchalance habituelle, ce qui créa une nouvelle euphorie bizarre dans le groupe à l'opposé de moi.
Je crois que je ne comprendrais jamais ces choses-là.
Arrivé devant la porte de chez moi, j'enfonçais les clefs dans la serrure et me préparais à recevoir l’accueil de mon beauceron, Démon. Comme prévu, il était juste derrière et semblait m'avoir attendu avec impatience. Pour exprimer sa joie, il me bondit dessus jusqu'à ce que je lui dise de se calmer et que je le couvre de caresses. Puis, je posais les clefs sur la table et me laissais tomber sur le canapé, pendant que Démon venait s'allonger sur le sol, à mes cotés.
- Tu m'aimes toi mon grand, hein ?
Pour réponse, il leva la tête vers moi et vint la placer sous ma main pour recevoir une nouvelle caresse.
«T'es bien le seul..., pensais-je». Enfin non. Je ne pouvais pas dire ça. Il y avait Lysandre bien sûr. Mais ce n'était pas pareil, lui. C'est mon meilleur ami, il est comme un frère pour moi. C'est vraiment la seule personne que je connaisse qui me prenne pour ce que je suis et qui ait fait l'effort d'apprendre à me connaître et à devenir mon ami. Certains s'approchent de moi pour mon côté rebelle, croyant qu'ils vont faire des trucs de ouf et se créer une popularité. D'autres viennent me voir juste pour que les filles du lycée les prennent pour mes amis et soient donc plus attirés par eux. Pitoyable. Pour mes profs, je suis un cas désespéré et sans avenir qui ne vaut pas la peine qu'on lui accorde une seule seconde d'attention (sauf pour ce qui est de la directrice, elle, on dirait qu'elle adore me voir dans son bureau...). Bon, il y a tout de même certains élèves qui semblent faire de vrais efforts pour me parler. Mais ils ne sont pas nombreux. Globalement, il y a Rosalya, la meilleure amie de Lysandre qui se trouve être aussi la petite amie de son frère; Iris, mon amie d'enfance, et Kim, avec qui je m'entends plutôt bien pendant les cours. C'est quand même pas la grande joie..!
À se demander si c'est chez moi que ça cloche. Mais bon, très franchement, si c'est ne pas être normal que de ne pas aimer les faux sourires, l'hypocrisie, la mythomanie et la méchanceté des gens, alors j'aime vraiment mieux ne pas l'être. Je ne veux pas avoir à m'inventer une vie et un style pour que les gens m'aiment ou me remarquent. Autant rester seul. Même si ce n'est pas toujours facile.
Pourtant la solitude, ça me connaît. Je suis émancipé depuis un peu plus d'un an maintenant.
Mais les marques de mon passé sont toujours très présentes... Et bien enfouies.
Je me levais et regardais dans le frigo ce que je pourrais prendre mais après réflexion, je n'avais pas vraiment ni faim, ni soif. Je finis par me rasseoir sur le canapé et ouvris mon sac pour sortir mon agenda. Contrairement à ce que tout le monde semblait croire, je faisais mes devoirs. Enfin, la plupart du temps. Mais j'avais pris le réflexe de répondre par le négatif lorsque les profs me posaient la question. Je ne sais pas vraiment pourquoi, si c'est de la flemme ou de la honte. Mais bon, ce n'est pas pour rien que je m'en sors pas trop mal en cours. Qu'est-ce qu'ils croient les gens ? Si je me débrouille, c'est que je bosse un minimum.
En tous cas, si l'autre connard de délégué me voyait faire, je crois bien qu'il ferait une crise cardiaque. Tiens... bonne idée.
Quelques temps après, mon chien me fit signe qu'il voulait sortir pour pisser. J'en profitais pour le promener.
Mes écouteurs dans les oreilles, je marchais sans rien entendre de ce qui m'entourait. C'était très agréable comme sensation, la musique qui s'infiltre dans ton sang, les battements de ton cœur qui suivent en rythme. Le seul élément qui vint perturber mon osmose fut Démon. Je regardais après quoi il en avait et aperçu un chat à quelques mètres seulement, près d'un cul-de-sac. J'ôtais mes écouteurs et entendis d'autres miaulements. Je traversais donc la route pour emprunter l'autre trottoir afin d'éloigner mon beauceron pour qu'il arrête sa fixette. De ma place tranquille, je cherchais tout de même à savoir d'où provenaient tous ces chats. Quelques mètres plus loin, dans le cul-de-sac en question, je vis presque une dizaine de ces bêtes-là près d'un gars, de dos, qui les câlinaient et les nourrissaient. Je m'arrêtais donc pour l'observer un peu tout en tenant fermement Démon, qui voulait leur sauter dessus.
Finalement, le gars finit par se lever et fit demi-tour pour rejoindre la route. Une fois sorti de l'ombre, je reconnu ses cheveux blonds. Nathaniel. Ce bouffon. Alors comme ça, monsieur était fan de chats ? C'est bon à savoir, ça peut toujours servir pour lui sortir une blague à la con.
Il sembla m'apercevoir mais ne fit aucun geste. Il se contentait de me fixer d'un air bizarre avant de repartir en direction de chez lui.
«Il a un sérieux problème, ce mec...», pensais-je.
Quand j'y pense, quelle merde. Habiter dans le même quartier que la personne que je peux le moins encadrer au monde. En plus, vu sa fonction de délégué fouineur et mes absences à répétitions, c'était pas la meilleure chose qui pouvait m'arriver.
Qu'est-ce que je disais... Quel enfoiré. M'attendre devant chez moi, c'est vraiment un psychopathe ce gars-là.
- On peut savoir ce qui t'arrive le coincé du cul ? lançais-je.
- Je venais voir comment tu te portais, monsieur le malade, répondit-il sans prêter attention à ma remarque.
- Ça allait, jusqu'à ce que tu sois dans mon champ de vision.
- Je me doutais que c'était juste pour te couvrir... Je me demande vraiment pourquoi il s'évertue à le faire.
- Tu parles de qui, là ?
- De Lysandre. Un jour, il faudra qu'il m'explique.
- T'approches pas de lui.
- Pourquoi ?
- J'ai pas à me justifier. T'es un crétin, tu le ridiculiserais à rester avec lui.
Il me fixa un instant sans répondre.
- Tu as peur qu'on devienne ami, c'est ça ? Oooh... Pauvre Castiel ! Il n'aurait plus son copain à lui tout seul ! Son seul copain !!..
Sa phrase à peine terminée, je venais de le plaquer contre le mur.
Semblant ne pas être vraiment impressionné, il acheva un «alors c'est ça...» avec un léger sourire provocateur, avant de se dégager de mon emprise et de commencer à s'éloigner.
- Et n'oublies pas de faire un mot d'absence ! dit-il sans même se retourner.
- Connard...
J'avais longuement hésité à le faire, et avais finalement décidé de trouver quelque chose à marquer dans le motif qui pourrait faire chier ce putain de délégué. Mais j'avais beau réfléchir, je ne trouvais pas LA phrase qui allait bien l'emmerder. J'avais fini par trouver un truc marrant à écrire et étais parti me coucher, assez fier.
Et ben devinez quoi ? Quand ct'espèce d'enfoiré a vu mon mot, vous savez ce qu'il m'a dit ?
- Ravi de voir que tu as fini par céder et accepté d'obéir à ce que je te demandais.
Là, j'ai vraiment cru que j'allais l'étriper.
- Bordel, mais quel connard ! ne pus-je m'empêcher de lâcher quand je sortis de cette putain de salle des délégués.
- Que t'arrive-t-il, me demanda Lysandre en arrivant sur ma droite.
- Rien, j'ai failli l’emplâtrer, c'est tout.
- Mmh... La routine, quoi. Décidément, je crois que je ne vous comprendrais jamais. Je suis certain que vous pourriez redevenir de très bons amis tous les deux.
- Plutôt mourir.
- Castiel... Cette histoire avec Debrah a été résolue il y a pas mal de temps maintenant, nous avons découvert toute la vérité, et surtout la méprise qu'il y a eu. Il ne devrait plus y avoir autant de rancœur entre vous.
- Il n'y avait pas que ça. C'est un tout. On était destiné à ne pas être amis. Point.
- Tant que vous y trouvez votre équilibre... Ce ne sont pas mes affaires, après tout.
Puis, nous rentrâmes dans la salle, prendre place pour un cours d'histoire avec M. Faraize.
Je n'avais pas été concentré une seule seconde. Non pas que je discutais, mais je n'arrêtais pas de penser à autre chose. Je crois d'ailleurs bien que je ne m'en remettrais jamais. Non mais sérieusement ?! Moi, céder ? Et il ose ajouter que je lui ai obéi ?!! Non mais pour qui il se prend ce connard ?! Jamais je ne m'abaisserai devant ce mec ! Qu'il crève !
- Te sens-tu bien, me demanda mon ami.
- Mmh...
Sentant par son instinct naturel que ce son en disait long, il posa une main sur mon épaule et me fixa avec insistance, comme pour mieux deviner mes pensées.
Pour seule réponse, je me levai et quittai la salle.
Quelqu'un frappa à ma porte.
Une fois celle-ci ouverte, je découvrais Lysandre sur le pallier, une main appuyée contre un mur.
Je lui fis signe d'entrer et il se posta à côté du canapé, debout.
- Tu es parti d'un coup, tout à l'heure... Pourquoi ?
Bien que je n'avais pas envie de répondre à cette question, j'appréciais le fait qu'il aille toujours droit au but.
Je me dirigeai vers le frigo et sortis deux bières, dont une sans alcool pour lui. Une fois assis, nous nous regardâmes dans les yeux sans bruit.
C'était son grand truc ça : le silence. Pendant que lui, analysait la situation, les autres, en ayant marre, finissaient par céder et tout dire.
- Est-ce par rapport à votre «entrevu», avec Nathaniel ?
- Non.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ?
Décidément, personne ne pouvait lui mentir...
- Rien de spécial.
- J'ai du mal à te croire vu l'état dans lequel tu te trouves actuellement.
- Non mais c'est quoi son problème à ct'enfoiré ?!
J'avais fini par lâcher le morceau. Lysandre m'écoutait avec attention.
- Tu sais Castiel, je me doute que tous ces souvenirs sont douloureux pour toi, mais maintenant, ton père n'est plus là et tu n'es plus sous son emprise.
- Je ne suis sous l'emprise de personne !!!
- C'est exactement ce que je te dis, confirma-t-il calmement. Tu es totalement libre, tu es quelqu'un de responsable et d'indépendant. Et tu t'es forgé tout cela grâce à ton caractère déterminé et combatif. Tu es un exemple à suivre, Castiel. Et ça, personne ne peux le nier.
Il savait toujours trouver les mots pour me réconforter et me donner du courage. Seulement, je n'étais même pas sûr qu'il pense la moitié de ce qu'il a dit. Je connaissais déjà son opinion sur certains points et elle était légèrement différente ce qu'il venait de me dire. Mais c'est ce qui me prouvait qu'il tenait à moi. Car je savais pertinemment qu'il détestait mentir. Pourtant pour moi, il acceptait de déformer la vérité. Il me faisait donc me sentir faible et fort à la fois. Ce qu'il me disait me rendait fier, mais cela me montrait aussi que j'avais cruellement besoin de lui.
Je me posais sur un banc. Cela faisait bientôt presque une heure que j'étais sorti me balader. J'avais besoin de prendre l'air et de me changer les idées. Je regardais des gamins, dans le parc, en train de jouer entre eux. Un gosse attira plus particulièrement mon attention. On aurait dit moi au même âge. Un p'tit gars brun, l'air un peu casse-cou, emmerdeur avec les mecs, timide avec les filles, mais surtout très joyeux. J'entendais son rire résonner dans ma tête comme une chanson.
Puis tout s'arrêta net. C'était fini tout ça. Et ça n'existerait plus jamais.
Je soupirai. Le soleil se couchait et je n'avais même pas remarqué que tout le monde avait déserté les lieux depuis quelques temps maintenant.
Je sentis quelqu'un s'asseoir à mes côtés. Je tournais légèrement la tête et aperçu Nathaniel. Qu'est-ce qu'il faisait là à une heure pareil ? Et surtout pourquoi s'était-il installé ici ? Je restais immobile, attendant un nouveau sermon, dû à mon absence, je suppose.
- Tu sais, commença-t-il.
- Qu'est-ce que tu veux, le coupais-je aussitôt.
- Ça me fait mal de le dire, mais je suis désolé.
Je le fixai, incrédule.
- Ce n'est pas les mots que j'aurais dû utiliser.
- Hein ? Mais de quoi tu parles ?
Il resta silencieux un instant, songeur. On aura dit qu'il ignorait presque totalement ma présence.
- Céder, obéir... Je n'aime pas ces mots. Je ne les utilise jamais habituellement et je ne souhaitais pas le faire maintenant. Même avec toi.
- Quelqu'un t'a demandé de venir me dire ça ?
- Non. Je me suis juste dit que si nos rôles avaient été inversé, j'aurais apprécié que tu fasses de même. Même si ça aurait été très peu probable.
- J'te remercie, dis-je ironiquement.
- Peut-être que c'est moi qui fait une fixette sur ce genre de vocabulaire, et si tel est le cas tant pis, alors je viens juste vider mon sac pour me sentir mieux. Parce que d'un certain côté, j'ai un peu honte de ce que j'ai dit. Ce ne sont pas des choses correctes, ni particulièrement agréables à entendre. Non pas que ma rancœur envers toi ait disparu mais je tenais juste à te dire que j'ai conscience d'avoir été provocateur et je m'en excuse.
- On ne s'excuse pas soi-même. C'est un verbe intransitif. C'est le gars de «La guerre des boutons» qui l'a dit.
Il se mit à rire. Un vrai rire. Franc, sincère, spontané. Cela faisait un paquet de temps que je ne l'avais pas entendu rire de la sorte. Il ne dura pas longtemps mais il me réchauffa le cœur pour je ne sais quelle raison.
- Tu vois, jamais je n'aurai cru me remettre à rire devant toi. Enfin surtout, avec toi.
Je ne répondis pas.
- Ces choses-là me manquent, parfois.
Et il partit.
Je restais là, perplexe. Je mis un moment à comprendre ce qu'il venait de se passer.
Je finis par rentrer chez moi, après plusieurs minutes de réflexion.