Elle s'apellera Lily

Chapitre 4 : Installation

2734 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:51

Je me réveille le lendemain la tête dans le cul… Je baille à m’en décrocher la mâchoire puis jette un regard ahurie et stupide autour de moi. Castiel n’est plus là et je ne l’ai même pas entendue se lever. Faut dire que quand je dors, l’apocalypse ne me ferait même pas me retourner dans le lit…

Je me lève, pique un sweat qui traine et l’enfile pour avoir un peu plus chaud. Je regarde le radioréveil, il est midi. Ça c’est de la grasse matinée !

Je suis en train d’enfiler mon pantalon quand Castiel entre dans la chambre. Il détourne vite fait les yeux et pose en rougissant une tasse de café sur le bureau.

-Je pense que ma mère se doute de quelque chose… Elle m’a tendu la tasse de café en me disant que je n’aurais qu’à la boire dans ma chambre…

Me dit-il en lançant un coup de tête vers la tasse de liquide brulant dont l'arôme envivrant titille mes narines tout en ôtant les vestiges de brûme de ma cervelle ramollie.

-Pas grave, mes parents partent bientôt ?

Sur le moment, la réponse m'importe presque moins que le fait de sentir couler le liquide noir au fond de ma gorge.

-D’ici 2 heures à peu près… Ils veulent partir tôt en début d’après midi. On a déchargé le camion, tes affaires sont dans le garage en attendant…

Je m'assoie à son bureau comme la veille pour siroter tranquillement mon café, lui s'installe de tout son long sur son lit, les bras croisés derrière la tête et les yeux fixés au plafond.

-T’a une idée d’où je vais dormir ? Tu pense que tes parents me laisseront votre chambre d’ami ?

Lui demandais-je avant d'aspirer une autre gorgée brulante.

-Je sais pas trop… Je pense que ma mère va t’aménager le grenier. Je comprends mieux pourquoi elle m’a forcée à faire le tri dedans y’a un mois….

A la grimace qui tiraille son visage, il semblerait que le tri en question tenait plus de la torture que du rangement.

-Je pourrais mettre tous mes instruments en bas avec les tiens ?

-Pourquoi, t’en a tant que ça ?

-Bah y’a ma gratte sèche, ma basse avec l’enceinte, mon violoncelle, mon saxo et mon micro. Et je pense me mettre à la batterie dès que j’aurais économisée assez…

Il tourne vers moi un visage moqueur que je ne lui avais encore jamais vu, il a gagné en assurance ces dernières années, c'est certain.

-T’inquiètes, ça tiendras sans soucis. Moi qui croyais que ta mère ne voulait pas que tu joue…

-Qu’est-ce que tu crois ? Je me suis payée tout ça à coup de babysitting et de cours d’anglais à des mioches… ça n’a pas été simple. J’ai eu du bol qu’un de nos voisin soit musicien et qu’il me donne des cours gratos parce qu’il me trouvait douée !

Comme toujours, l'évocation de ma mère et de notre relation quelque peu tourmentée me chauffait le sang. Rien que de la savoir en bas satisfaite au possible me tordait les boyaux de rage.

-C’est bon, t’énerve pas, je disais ça comme ça…

Il reprends sa fixation du plafond comme si une tache particulièrement interressante s'y trouvait. Je lève les yeux pour essayer de la distinguer et la pression retombe comme un soufflé. Il m'a toujors donné une sensation de calme et savait toujours comment m'apaiser.

-Désolée, je suis sur les nerfs avec cette histoire. Tu peux pas savoir comme ça m’embête de changer de vie d’un seul coup… c'est tellement brusque, j'ai encore du mal à y croire...

-Bien sur que je sais ce que c'est, c’est moi qui ai déménagé y’a 5 ans, tu t’en souviens non…

-Moui, c’est vrai…

Je repose la tasse désormais vide sur le bureau puis le pousse un peu tandis qu'il ronchonne pour me mettre dans la même position que lui. Les souvenirs de son départ en pleins milieu d'année scolaire. La sensation de vide que j'avais quand mes yeux se posaient sur la chaise déserte à côté de moi en classe. C'était comme si une partie de moi-même avait disparue pendant son absence. Allongée là, près de lui, je retrouvais une sorte de sérénnité. J'étais de nouveau entière en quelque sorte. Mais la perspective de perdre Olympe comme je l'avais en quelque sorte perdue lui me vrillait le ventre... Ou alors j'avais juste très faim.

-Tu pense que je vais me plaire ici Cast, je veux dire dans cette ville, ce lycée… J’aimais bien mon ancien lycée moi…

Il passe son bras sous ma tête pour me serrer plus étroitement contre lui.

-Evidement Thém, puisque je suis là.

Je basculais la tête pour la poser sur son épaule.

-Merci Cast…

Un coup léger à la porte nous fait sursauter.

-Castiel ? Je peux entrer mon grand ?

Il se relève en speed avant de lui ouvrir la porte. Elle passe la tête par l'entrebaillement puis me fait un sourire chleureux suivi d'un clin d’œil auquel je réponds toutes dents dehors. Elle entre dans la chambre.

-Je me doutais bien que tu ne devais pas être loin Thémis… Tu es sure que tu ne veux pas dire au revoir à tes parents ? Je sais que la situation est un peu compliquée…

Et mon sourire s'éfface comme par magie tandis que je croise les bras en prenant une pose boudeuse, je sais que ça fait gamine mais je ne peux pas m'en empêcher.

-Non vraiment Elisa, je ne tiens pas à les voir.

Elle hausse les épaules, fataliste. Elle me connait presque mieux que ma propre mère et sait que je ne lacherais pas le morceau.

-Comme tu veux… Est-ce que tu veux que je te monte à manger ? Tu dois être affamée.

Un grognement sonore en provenance direct de mon estomac se charge de répondre à ma place.

-Je veux bien, merci Elisa.

Elle referme la porte doucement derrière elle, je soupire.

-Ta mère est toujours aussi cool Cast.

Il sourit.

-C’est parce que tu ne l’a jamais vue se mettre en colère, je t’assure que t’a pas envie d’être dans les parages dans ces moments là.

Un quart d’heure plus tard, j’étais attablée devant un Tupperware rempli de gratin dauphinois brulant, une part de gâteau au chocolat et un grand verre de jus de fruit. La mère de Castiel était redescendue en bas pour ne pas éveiller les soupçons.

-Tu m’avais dit dans tes lettres que tu faisais partit d’un groupe. Ils sont du lycée tes potes ?

-Seulement Lysandre, on est dans la même classe. C’est notre compositeur interprète. Dimitri à la batterie et Yoann à la basse sont d’un lycée voisin quand à Alexandre, le claviériste, Il n’est plus étudiant et bosse en intérim.

J'engloutissais mon repas en deux temps trois mouvement puis rejoignait Cast sur le lit.

-J’ai hâte de les rencontrer et de voir ce que ça donne quand vous jouez.

Un sourire étire ses lèvres et ses yeux se perdent dans le vague. Des images plutôt cools doivent lui traverser le cerveau.

-On commence à être connus dans la région. On joue assez souvent dans des bars ou sur des scènes les week-ends. Je t’emmènerais avec moi à la prochaine répétition si tu veux.

-Cool ! Je pourrais peut-être jouer un peu avec vous non?

-On verra ce qu’en pensent les autres. Tiens ? On dirait que tes parents s’en vont.

Effectivement, un bruit de moteur se faisait entendre. Je jetais un œil par la fenêtre, le camion venait juste de tourner au coin de la rue. Malgré tout, j’eu un pincement au cœur en me disant que ce serait la dernière fois que je verrais mes parents avant au moins deux ans…

-Thémis ! Castiel ! Vous pouvez descendre !

Je jetais un regard de chien battu à Castiel.

-Allez, viens ! Ils vont pas te manger…

Je le suivais en trainant les pieds. Ses parents nous attendaient assis dans le canapé. Marc secoua la tête en nous voyant descendre, il avait un air boudeur que je connaissais bien, Castiel faisait la même moue.

-Vous auriez pût me le dire quand même, je me suis fait un sang d’encre moi !

-Désolée Marc, je ne voulais pas vous causez de soucis.

Il secoue la tête avec un sourire pour lui-même

-Ce n’est pas grave Arthémis, j'aurais dût m'en douter...

On ne m’appelle pas souvent par mon prénom en entier, vous avez dû le remarquer...

-Nous comprenons que ce soit compliqué pour toi, surtout que c’est un peu précipité. Nous avions essayés Elisa et moi de convaincre tes parents que ce serait mieux pour toi s’ils te prévenaient plus tôt, mais tu peux comprendre qu’on ne pouvait pas interférer avec leur décision.

-Je comprends.

La mère de Castiel nous regardait d’un air complice tandis que son époux reprenait la parôle.

-Comme tu vas vivre ici, nous avons commencé à faire quelques changements dans la maison pour que tu te sentes chez toi. Malheureusement, un moi et demi ce n’était pas suffisant pour que je finisse d’aménager le grenier. Je dois encore faire installer un escalier à la place de l’échelle, l’isolation et les murs ne sont pas finis, sans parler de l’électricité.

La mère de Castiel prit le relais avec un air un peu trop enthousiaste pour moi.

-Tu viendras à mon travail dans la semaine pour qu’on choisisse ensemble le style que tu veux donner à ta chambre pour le sol, les murs et les meubles que tu aimerais avoir. En attendant, on peut t’installer un matelas dans la chambre de Castiel si vous voulez profiter de vos retrouvailles ou bien tu peux dormir dans la chambre d’ami. D’ici un mois à peu près, tu auras ta propre chambre.

Je jetais un œil à Castiel, l’interrogeant du regard pour savoir si ça le dérangeait que j’investisse sa chambre. J’ai toujours détestée dormir seule…

-On peut mettre un matelas dans ma chambre, ça me gène pas si c’est que pour un mois.

Youpi !

-Tu devras te plier aux règles de la maison, ne t’inquiètes pas, il n’y en a pas des masses. Essayez de ne pas faire trop de bruit après 22h, ou alors, descendez au sous sol qui est insonorisé. Tu partageras les corvées avec nous. Un planning est affiché dans la cuisine. Je te laisse jusqu’à la fin du mois pour que tu te sentes à l’aise dans la maison et que tu sache où tout se trouve puis tu seras marqué sur le planning des corvées. Je n’ai rien contre le fait que tu ramène des amis ou petits amis à la maison, mais je veux être prévenue à l’avance si possible.

-Il faut également que tu sache que jusqu’à l’année prochaine, c’est à dire ta majorité, tes parents nous ont fait tes tuteurs légaux. Ce qui veut dire que nous sommes responsables de toi et de tout ce qui te concerne, que ce soit tes résultats scolaires ou autre chose. Mais nous sommes surs qu’il n’y aura pas de problèmes. On sait que tout se passera bien. Est-ce que tu as des questions Thémis ?

Bizarement, leur confiance me faisait presque plus peur qu'autre chose, c'est bien la première fois que je n'ai pas envie de décevoir des adultes.

-Non, pas pour le moment.

-Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésites pas à demander. Je pense que tu vas chercher tes affaires dans le garage maintenant, Castiel, tu l’aideras à tout transporter.

Le conerné hoche la tête, vautré dans son fauteuil comme une baleine échouée sur une plage...

-D’ac Pa !

-Je sais que ce n’est pas ce que tu aurais voulu, mais nous voulons quand même te souhaiter bienvenue chez nous. Nous sommes heureux de te revoir.

-Merci beaucoup, moi aussi je suis heureuse de vous revoir, vous m’aviez beaucoup manqués tout les trois. Je pense que je serais heureuse ici.

Je les embrassais tout les deux, profitant de l'accolade bourrue de Marc, puis me dirigeait vers le garage Castiel sur les talons. Je fouillais puis commençais par sortir mes instruments et mes partitions. Trouvais tant bien que mal des affaires de toilette et du maquillage ainsi que quelques vêtements de rechanges. Je peinais à retrouver mon sac et mes affaires de cours dans tout le tas de vêtements et de chaussures plus que fournis que ma mère s'obstinait à agrandir.

Je passais la fin du week-end en étant un peu anxieuse. La perspective de mon entré dans un nouveau lycée ne m’enthousiasmais pas des masses. Heureusement que je pouvais jouer de la musique avec Castiel. Rien de tel pour oublier tout ses problèmes....

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