Si shakespeare m'était conté..
-Un peu de silence s’il vous plait !
Le professeur, debout derrière son bureau, essayait tant bien que mal d’attirer l’attention de ses élèves. C’était le premier cours après le retour des vacances de noël et on avait tous un tas de trucs à se raconter les uns aux autres… Le cours d’anglais était bien loin de faire partit de nos priorités pour le moment… Sauf peut-être pour Nathaniel qui levait les yeux au ciel en poussant un soupir las. Il faut dire qu’il voulait faire une fac de langues appliquées, ce qui nous faisait bien rire, puisque le double sens caché semblait échapper au beau blond plus accaparé par ses études que par la gente féminine.
Je donnais un coup de coude à Iris en pointant du menton Armin qui semblait délaisser un instant ses jeux vidéo pour discuter avec sa voisine de derrière, la douce Violette. Celle-ci buvait les paroles du beau brun, rouge de la tête aux pieds, lançant de temps en temps vers nous un regard gêné…
-Tu crois qu’il y a quelque chose entre eux ?
Demandais-je à ma voisine qui était en plein espionnage de l’élu de son cœur, le beau Castiel…. L’élu de son cœur mais aussi celui de la majorité féminine de la classe et des autres classes, il faut bien l’avouer. En même temps, son physique de rêve et son look Bad boy en faisait une idole vivante pour adolescentes en chaleur.
-Je pense que oui, mais...
-SHUT UP AND SIT DOWN !!!!
Ok, le prof vient de péter son câble. Je me retenais de rire pour ne pas me prendre une heure de colle tout en évitant de regarder Iris. Si nos yeux se croisaient, on serait bonne pour un fou-rire contagieux.Les élèves se calmèrent un peu et se tenaient assis sur leur chaise sans faire d’histoire… Enfin, vautré serait un terme plus approprié pour certains….
-Enfin un peu de silence. Je sais que vous avez beaucoup de choses à vous racontez au retour des vacances, mais vous pourriez au moins le faire en anglais lorsque vous vous retrouvez dans mon cours. Comme vous le savez, la fête de fin d’année va arriver plus vite que ce que l’on pense et comme chaque année, les animations choisies sont tirés au hasard pour les classes.
« La classe hantée ! La classe hantée ! » Pensais-je bien fort en serrant les doigts. L’année dernière, on avait du se charger du stand de boisson. Trop pourri comme activité !
-Et donc, comme je suis votre professeur principal, c’est moi qui aurais en charge votre classe dans la préparation de celle-ci. Cette année, nous avons eu la chance de tomber sur la pièce de théâtre !
Les exclamations fusaient de toutes parts.
-Le théâtre ! Trop nul !
-Roh non ! C’est ce qui demande le plus de travail !
-Hors de question que je porte un collant et que je me trémousse sur scène !
Pour ma part, je croisais les bras et posais la tête sur mon bureau.
-C’est trop nul ! Moi je voulais faire la classe hantée…
Dis-je à l’intention d’Iris…
-Et moi, je voulais la chorale !
Je grimaçais en imaginant mes maigres qualités de chanteuse sur scène révélées au grand jour en me disant que finalement, le théâtre, ce n’était peut-être pas si mal….
-Et on va jouer quoi ?
Demanda Rosalya en criant plus fort que les autres ce qui eu pour effet de ramener un semblant de calme dans la classe.
-Puisque je suis aussi votre professeur d’anglais et que ça nous permettra de travailler un texte sous sa version original, nous jouerons « Romeo et Juliette » de Shakespeare.
Le brouhaha reprit de plus belle et une explosion de rire se déclencha dans la salle lorsqu’Ambre dit :
-Je veux bien jouer Juliette si Castiel joue Romeo !
La plupart des filles s’imaginèrent alors dans ce rôle, Iris comprit. Pour ma part, je l’imaginais en collant, veste bouffante et chapeau à plume et je retenais à grand peine le fou-rire qui secouait mes épaules.
-UN PEU DE SILENCE S’IL VOUS PLAIT !!! Pour la distribution des rôles, nous le ferons par tirage au sort. Je vais écrire le nom de chacune des filles et tirer au sort les rôles féminins, ensuite, je ferais de même pour les noms masculins. Tout d’abord, voici le texte original.
Le professeur distribuait à chacun un polycopié dans lequel figurait la pièce en question…. En anglais… C’était bien ma veine, je captais que dalle à cette langue.
-Vous devrez gérer décors, costumes et répétitions, il vous reste à peu près 6 mois pour gérer tout ça. Bon comme il y a peu de rôles féminins dans ce texte, les rôles masculins moins importants seront joués par des filles pour respecter la parité. Tout d’abord, qui prends en charge costumes et décors ? Ceux là seront dispensés de jouer.
Violette et Dajan se portèrent volontaires pour les décors, Rosalya et Alexy pour les costumes. Peggy insista pour être metteur en scène et Nathaniel se désigna pour le rôle de scénariste. Mélody, elle, serait chargée de l’organisation et des plannings des répétitions. Armin se proposa pour le son et lumières, il ne restait plus qu’à distribuer les rôles. Les autres serviraient de bouche-trous pour aider là où il y en aurait le plus besoin. Je priais pour tomber dans cette catégorie comme probablement la moitié des personnes restantes. A part Ambre peut-être qui devait à l’instant même prier sa bonne étoile pour être Juliette.
-Bien, maintenant les rôles ! Voyons voir…
Le professeur notait sur des bouts de papiers les noms des dernières filles présentes puis mis ceux-ci dans la casquette de Dajan. Il nota ensuite les noms des personnages joués par des filles sur le tableau et effectua le tirage au sort.
-Mercutio : Charlotte
Celle-ci resta impassible, à se demander même si elle avait entendue…
-Benvolio : Iris.
Iris à côté de moi poussa une sorte de râle d’agonie. Je gloussais à côté d’elle en me moquant gentiment.
-Lady Capulet : Constance.
Je ne m’entendais pas trop avec elle, trop sérieuse pour moi. Elle se contenta d’ailleurs de froncer les sourcils et d’accepter sa destinée.
-Lady Montaigu : Li.
-Ahahahah ! Li en vieille mégère ! C’est trop ça !
Dis-je à ma voisine de table qui acquiesçait en riant avec moi en voyant la tête de six pieds de longs de la concernée.
-La nourrice : Kim.
-Quoi ! Pas question que je me tape un rôle aussi naze !
Je pouffais de rire aussi silencieusement que possible.
-Il fallait y penser avant et proposer votre aide pour les décors ou autres choses… Tybalt : Ambre.
-Non ! Je dois jouer Juliette ! Je suis faite pour ce rôle !
-Inutile Ambre, le destin en a décidé ainsi…
Et imperturbable devant la moue renfrognée de son élève, le professeur continua son tirage.
-Et enfin Juliette…
Il fit durer le suspens alors que les dernières filles dont je faisais partie serraient les doigts soit pour le rôle, soit comme moi pour aucun rôle.
-Lou.
Lou ? Quoi Lou ?
- Merde alors, je ne voudrais pas être à ta place ! Imagine ! Tu tombe sur Ken en Roméo…
Me dit Iris en me montrant du doigt le pot de colle qui me suis depuis le collège…
-Mais je ne veux pas jouer Juliette moi ! Ni rien du tout d’ailleurs !
Je m’écroulais sur la table, le menton appuyé sur celle-ci en prenant un air miséreux au possible dont le prof n’avait visiblement que faire puisqu’il commença la distribution des rôles masculins… Les noms défilaient, je me rongeais les ongles. « Escalus/ louis, Capulet/Ethan, Montaigu/Allan… » à croire que ce sadique de prof faisait exprès de repousser le Romeo… « Frère Laurent/ Alexandre, Paris/Ken »… Ouf, au moins je ne devrais pas trop jouer avec lui…. Heureusement d’ailleurs puisqu’il était imbuvable depuis son retour de l’école militaire. Même si il était plus sexy qu’avant…
-Enfin Roméo… Castiel !
La salle de classe se déchaina une fois de plus alors que Castiel beugla un « QUOI ! » tonitruant. Ambre disait qu’il ne pouvait pas jouer Romeo puisqu’elle-même ne jouait pas Juliette. Nathaniel le piqua au vif en lui disant que s’il ne voulait pas jouer, c’est qu’il avait peur d’être ridicule sur scène ce qui accentua la colère de celui-ci qui réfuta en disant qu’il allait montrer à tout le monde qu’il n’avait peur de rien….Dans le bruit assourdissant qui continuait, je réfugiais ma tête entre mes bras alors qu’Iris à côté de moi passa sa main dans mon dos.
-Tu en as de la chance… J’aimerais bien être à ta place.
-Tu parles… Je vais avoir des tonnes de textes à apprendre par cœur comme c’est le rôle principal.
-ça ne devrait pas te poser de problèmes, tu apprends vite.
-Oui, mais le jouer sur scène et devant des gens, ce n’est pas pareil…
-N’empêche, tu embrasseras Castiel, je donnerais n’importe quoi pour être à ta place !
Le rouge me monta aux joues, déjà abattue par la quantité de travail supplémentaire qui m’était tombée sur le dos, voilà qu’en plus je devrais embrasser quelqu’un…
-Et moi je donnerais n’importe quoi pour mourir à l’instant… Je ne l’aime pas Iris, je n’ai pas la moindre envie de l’embrasser…
-Tu n’es pas normale ! Il y a un autre garçon qui te plait et tu ne veux pas me le dire, avoue !
-Mais pas du tout ! C’est pas parce que je ne suis pas encore tombée amoureuse de quelqu’un que je suis anormale ? Si ?
-Bah si figure-toi ! On a les mecs les plus canon dans notre classe et toi, y’en a pas un seul qui t’a tapé dans l’œil…
-J’admets qu’ils sont mignons, c’est pas pour autant que je vais tomber dans leurs bras…
-Tu devrais arrêter les contes de fées et cesser d’attendre le prince charmant ma belle, il ne va pas te tomber dessus par hasard au coin d’une rue tu sais…
-Si seulement ! En tout cas, j’ai plus qu’à me procurer un exemplaire en français, pas moyen que j’apprenne le texte en anglais !
La sonnerie de fin de cours mis un terme momentanée à notre discussion, le temps pour Iris et moi de ranger nos affaires et de nous diriger vers la sortie pour rejoindre la salle suivante. Nous marchions toute les deux côte à côte dans le couloir.
-Tu devrais attendre un peu, Nath doit faire un nouveau scénario et le faire valider par le prof non ?
-Oui, mais ça nous permettra de moins galérer sur les textes à traduire du prof, et comme ça, je saurais à quoi m’attendre plus ou moins….
-Tu sais que t’es loin d’être bête Lou !
Je remettais mes cheveux en place mode « perfect Ambre ».
-Je sais ! Que veux-tu, tout le monde ne peux pas être aussi parfait que moi !
Nous éclations de rire toutes les deux avant de rentrer dans la salle du cours de bio… La journée finie, je rentrais chez moi, faisait mes devoirs puis me couchait tard, le nez dans un bouquin. Je retrouvais les filles le lendemain, sur le banc qu'on s'était approprié dans la cours.
-Hey ! Tu connais pas la nouvelle ?
Je venais tout juste d’arriver au lycée, j’étais à peine assise et la première chose qu’Iris trouvait à me dire n’était pas « bonjour », la rumeur devait être particulièrement croustillante. Je lui faisais néanmoins la bise avant de m’assoir à ses côtés.
-Non, mais je suis sure que je ne vais pas tarder à le savoir !
Il faut dire que moi aussi, je suis une sacrée commère, je n’y peux rien et c’est surement mon plus gros défaut mais j’adore les ragots et les potins, je n’y peux rien.
-Armin sort avec Violette !
-C’est pas vrai ! Ça y est ? Comment tu l’as appris ?
-C’est elle qui m’a envoyée un sms pour me le dire hier. Tu ne trouve pas ça génial ? Ils vont bien ensemble !
Il faut avouer qu’ils formeraient un beau couple tout les deux.
-Oh non !
Je suivais le regard de mon amie qui venait de lever les yeux. Nathaniel, une pile de photocopies dans les mains s’approcha de nous suivi de près par Mélody qui avait une autre pile de photocopies dans les mains.
-Bonjour Lou, Iris. Tenez, voici les dialogues pour la pièce, si vous trouvez quelque chose qui cloche, dites le moi, je verrais si je peux modifier.
Nous dit Nathaniel en nous donnant le feuillet.
-T’es obliger de nous pourrir notre pause matinale avec ça ? Tu ne pouvais pas attendre qu’on soit en cours ?
Lui demandais-je en peu déçue de voir que finalement je n’avais pas rêvée. Mon nom apparaissait en première page à côté de Juliette.
-Désolée Lou, la directrice ne voulait pas qu’on perturbe les cours avec des activités extrascolaires…
-Mais c’est elle qui nous l’a imposée celle-là !
J’étais vraiment sans pitié pour ces joues qui s’ornaient de rouge, comme si je l’avais pris en faute. Il pouvait être mignon quand il rougissait comme ça.
- Enfin bon, ce n’est pas ta faute…
Dis-je quand même pour pas trop paraitre mégère, je ne voulais pas faire de concurrence à sa sœur… Je tendais la main pour prendre ensuite la feuille de mélodie.
-Qu’est-ce que c’est ?
S’enquit ma voisine à la crinière de feu.
-Le planning des répétitions, on doit se partager l’amphithéâtre avec les secondes D qui font une chorale. J’y ai aussi ajouté le planning de création des costumes et celui des décors.
Pour que ceux qui souhaitent donner un coup de main supplémentaire puissent le faire.Répondis Mélody, comme si il était évident pour elle que tout le monde se donnerais à fond… Je poussais un soupir déjà lasse de devoir me lancer là dedans, puis je fourrais le tout dans mon sac pour l’oublier au plus vite, le temps au moins de finir la pause tranquille.C’était sans compter sur Ambre qui arrivait à toute allure vers nous.
-Tu as osé les faire s’embrasser !
Hurlait-elle sur son frère en me pointant du doigt avec une grimace ignoble comme si j’étais une chose abjecte.
-Ambre…. Arrête un peu tes crises d’hystérie, nous allons jouer Romeo et Juliette, je ne pouvais pas passer à côté de ça. Et puis ce n’est que du théâtre…
-Et tu me fais tuer par lui en plus !
Elle ne l’avait visiblement pas écoutée…
-Ambre, tu es ridicule, tu nous fais honte ! Cesse tes gamineries tout de suite !
Voir Nathaniel traiter Ambre comme une enfant pourrie gâtée méritait le coup d’œil. Je regrettais presque de ne pas avoir de pop corn sous la main pour les observer tout les deux. Elle fit la moue puis reporta son regard haineux sur moi. Je déglutissais difficilement.
-Et arrête de te marrer toi ! Ça ne se passera pas comme ça ! Je refuse que tu l’embrasse ! Et devant tout le monde en plus ! Castiel est à moi !
-Dis donc Barbie, tu pourrais me demander mon avis avant de sortir des trucs comme ça !
Je me penchais sur le côté pour voir Castiel et Lysandre apparaitre dans le dos d’Ambre et Mélody, Ils les dépassèrent puis Castiel se dressa juste en face de moi en ignorant royalement le reste de l’univers.
-Alors comme ça, Ambre refuse que je t’embrasse…
-Je…
Il prit appuis sur le dossier du banc en posant ses bras de part et d’autre de ma tête. Je restais pétrifiée sous son regard. Pour la deuxième fois en moins de dix minutes, j’avais du mal à déglutir. Journée de merde.Il approcha son visage du mien plus près….Plus près encore et alors que je sentais son souffle effleurer mes lèvres, mon corps agit inconsciemment et je le giflais. Je restais bouche-bée devant ma propre réaction et je n’étais pas la seule. Le temps s’était arrêté autour de notre groupe. Chacun, et moi la première, restaient dans l’attente de la réaction de Castiel.Il tourna de nouveau la tête vers moi, souriant à faire peur alors qu’il se trouvait encore tout proche de mon visage.
-Tu es la première à me gifler comme ça.
Il se releva ensuite d’une poussée de ses bras puis rejoignit Lysandre qui l’attendait.
-De toute façon, tu seras bien forcée de le faire à un moment ou à un autre… Viens Lys, on s’en va…
Me dit-il avant de tourner les talons. Iris fut la première à reprendre ses esprits, elle m’attrapa par le col de ma veste et me secoua comme un prunier.
-Mais t’es malade d’avoir fait ça !!! Rahhhh !!!
Les autres prenaient le chemin de l’entrée
-Je… J’ai réagie instinctivement !
-Pétard ! Tu ne peux pas savoir comme j’aurais voulue être à ta place ! Tu peux être sure que je l’aurais pas baffée moi le Castiel !
-Il m’a prise par surprise !
-Oh ! Tu t’attendais vraiment à ce qu’il te sorte un « Puis-je vous embrasser Mademoiselle ? » avant de prendre tes lèvres en douceur ?
-Je... Non… mais…
Iris posa ses mains sur mes épaules en baissant la tête affligées.
-Allez, laisse tomber Lou... Viens, ça a sonné.
Vraiment ? Ça a sonné sans que je m’en rendre compte. Je me levais comme un zombi puis la suivais jusqu’à notre salle de classe. Encore sous le choc d’avoir giflé le mec le plus rebelle du lycée, et peut-être encore plus d’avoir failli être embrassée….
ROMÉO, prenant la main de Juliette. - Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.
JULIETTE. - Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n'a fait preuve en ceci que d'une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; et cette étreinte est un pieux baiser
ROMÉO. - Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?
JULIETTE. - Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière.
ROMÉO. - Oh ! Alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.
JULIETTE. - Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.
ROMÉO. - Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière. (Il l'embrasse sur la bouche.)
Je me reculais précipitamment alors que Castiel tendait son visage vers le mien.
-C’est une répétition Castiel, tu n’es pas obligé de faire tout ce qui est marqué, on apprend juste le texte pour le moment je te signale !
-Tu n’es pas marrante Lou, pourquoi je devrais me coltiner toutes ces mièvreries sans récompenses à la clé ?
-C’est pas moi qui ai choisi ! Mais si tu veux, je vais voir Ambre et je lui demande d’échanger les rôles ? Elle sera ravie de t’embrasser elle !
-Roh ! C’est bon, je me casse ! De toute façon, ça me gave cette pièce ! J’ai pas besoin d’être avec toi de toute façon, je peux apprendre mes répliques seul.
Et le voilà qui quitte encore une fois l’amphithéâtre pour me laisser seule avec mon script.
-Et merde !
Jurais-je avec conviction avant de m’assoir sur le bord de la scène, script en main en tachant d’apprendre pour le mieux mes répliques en l’absence de mon partenaire. Ça va faire déjà deux mois qu’on a le script, les répétitions se poursuivent de façon intensive et il me laisse encore une fois tomber sous prétexte que je refuse de l’embrasser. Mais quel idiot !Je rongeais mon frein en jetant un œil aux autres, ils avaient l’air de bien s’amuser eux…. Iris, qui venait de terminer l’essayage de sa tenue, faisais des mouvements avec son arme en bois en se prenant pour un mousquetaire ou je ne sais quoi. Violette peignait la tour de bois qui dissimulait l’escabeau menant à mon « balcon » pour la scène du jardin. Certains étaient en train de jouer leur scène, d’autre fabriquaient des arbustes ou cousaient du tissu….
Ambre me dévisageait avec un air narquois, probablement persuadée que ses pauvres prouesses en intimidation avaient suffisamment fonctionnées pour me faire esquiver ainsi Castiel.Ce n’était pas juste ! Je m’allongeais sur le sol, les jambes pendantes, en laissant les spots m’aveugler… Avec un peu de chance, mon cerveau serait grillé et j’aurais une bonne excuse pour sécher l’activité théâtre…
Une ombre se profila dans mon champ de vision, occultant la lumière hypnotique qui me laissait un instant des taches lumineuses dans mon champ de vision.
-On peut travailler ensemble si tu veux. Nous avons du texte en commun, après tout, je joue ton prétendant.
Je poussais un soupir… Il ne manquait plus que lui. Mais bon, de toute façon, allons-y, il fallait bien que je révise mon texte avec au moins un des deux boulets que je me trainais dans mon existence…
-Ok Kentin ou Paris… Allons-y !
Je me levais avec une mauvaise volonté évidente, reprenais mon script en cherchant la page appropriée puis commençait à répéter avec Kentin.Entendons nous bien, depuis le début des répétitions, je m’étais lié d’amitié avec Castiel, avait appris à mieux connaitre les autres membres de ma classe, m’était éclatée avec Iris en jouant des rôles farfelues et en squattant des accessoire et j’en étais même venue à apprécier un minimum Kentin… Mais faire du théâtre me saoulait. Ce n’était tout simplement pas pour moi, je n’arrivais pas à me mettre dans le personnage.
Après avoir répété 3 fois la même scène, je levais le drapeau blanc puis retournais m’assoir sur le bord de la scène comme j’avais pris l’habitude de le faire. Kentin était parti aider les autres à soulever un morceau de décor. J’en profitais pour souffler un peu.
-Tu sais danser ?
-Hein ?
Oui, je sais, ce n’est pas très élégant comme réponse. Je levais les yeux vers Peggy.
-Je te demande si tu sais danser…
-Bah j’en sais rien, quel genre de danse ?
-Genre danse de salon, je te rappelle que Juliette et Romeo se rencontrent pour la première fois dans un bal masqué.
Je penchais la tête jusqu’à ce que celle-ci se trouve entre mes genoux, laissant mes bras balloter dans le vide à côté de mes jambes.
-Vous allez me tuer !
Grommelais-je, avant de me redresser.
-Et si je te dis que je ne sais pas danser ? On annule la scène de bal ?
Demandais-je en mettant dans mon regard toute la mignonne-attitude que je pouvais avoir et en lui faisant mon plus beau sourire…
-Rêve pas Lou. LYSANDRE !
Elle m’abandonna à mon triste sort, seule sur mon bout de scène. Quelques minutes plus tard, le bruit des talons des bottes de Lysandre résonnèrent alors qu’il se rapprochait de moi.
-Tu as soif ?
Me demandait-il en me tendant une bouteille d’eau. Je lui en aurais baisé les pieds de reconnaissance. J’étais assoiffée et j’avais la flemme d’aller me chercher à boire.
-Merci.
Dis-je en prenant la bouteille d’eau tout en relevant une mèche de cheveux légèrement humide de sueur de mon front. La lumière des projecteurs, en plus d’être éblouissante, nous faisaient crever de chaud. J’imaginais ce que ça donnerais en plein été et en costume…. Je le savais, ils voulaient nous tuer, c’était une conspiration pour tuer les élèves…Je levais les yeux vers Lysandre, toujours debout bien droit à côté de moi dans son éternel chemise à jabot et sa veste pseudo militaire d’inspiration Victorienne.
-Raaahh ! Tu me donne chaud rien qu’à te regarder Lysandre ! Comment tu fais pour rester habillé comme ça alors qu’il fait aussi chaud !
Je jetais un coup d’œil à mon propre t-shirt en me disant qu’il était de trop lui aussi…
-Simple question d’habitude je suppose.
Il me tendait la main et je le regardais avec un air perplexe.
-Pour t’aider à te relever. Peggy veut que je t’enseigne les pas de danse.
La mâchoire me serait tombée si Lysandre ne l’avait retenue de la main.
-Bailler aux corneilles n’est pas très élégant pour une demoiselle, Juliette… Si vous voulez bien m’accorder cette danse ?
Il me fit une petite courbette puis me tendit de nouveau la main. Je l’acceptais cette fois en souriant en laissant de côté mon script sur le sol.
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Ça gloussait fort dans l’arrière boutique chez Leight. Rosalya, Iris, Alexy et moi nous étions retrouvés ce samedi matin pour faire les tests pour mes costumes. Après tout, Rosalya avait vue les choses en grand et j’avais trois tenues à préparer. La première pour le bal masqué, la seconde pour le mariage et la dernière pour le reste des scènes. C’est sur celle-ci qu’on travaillait aujourd’hui. Enfin que les autres travaillaient puisque moi j’étais debout sur une table alors qu’Alexy et Rosalya piquaient des aiguilles sur un patron et qu’Iris comparait des échantillons de tissus avec ma peau pour que la couleur m’aille bien.
-Dis Rosa, tu en pense quoi du rose pale, ça lui irais bien non ?
Dis Iris en mettant près de mon visage un carré de tissus.
-Bof, c’est pas terrible ça et trop mièvre en plus.
Répliqua Alexy en me faisant un sourire avant de se plaindre parce qu’il venait de se piquer le doigt.
-Essaye plutôt des couleurs sombres, vert bouteille ou bleu nuit… Avec des broderies, trouve quelque chose de noble.
Iris tournait les pages d’un classeur ou était agrafé les échantillons de tissus.
-Je suis la seule à trouver ça chiant de bosser un samedi matin la dessus ?
Demandais je en constatant que les autres étaient à fond alors que moi je retenais difficilement mes bâillements…
-T’inquiètes pas Lou, on ira faire les boutiques après pour se détendre !
-Tu devrais te concentrer sur ce que tu fais Alex, ou tu vas encore te faire mal….
Je baissais le nez pour voir ce qu’il faisait.
-Garde la tête droite !
Me réprimanda aussitôt Rosalya.
-Alors tu trouve ?
A l’attention d’Iris qui ramena deux autres échantillons et les plaça derechef à côté de mon visage.
-ça a l’air pas mal ! On voit que tu bosse avec Leight depuis un moment Rosa !
-Oh, la suggestion ne venait pas de moi…
Elle s’écarta de l’ourlet où elle venait de poser la dernière aiguille puis recula un peu pour voir le résultat d’ensemble, échantillons à l’appui. Alexy la rejoignis juste après et tout les deux me dévisageait, regardant de haut en bas pour voir si le patron correspondait bien. L’ébauche en tissus grossier me piquait la peau mais je m’étais suffisamment fait taper sur les doigts pour arrêter de me tortiller. Je souffrais en silence sous le regard de mes bourreaux.
-Dis-moi Rosa... Si ce n’est ni toi, ni moi qui a suggéré ces couleurs, alors qui est-ce ?
Dis Alexy en regardant Rosa comme si elle avait quelque chose à cacher…
-Un garçon qui en pince pour notre belle Lou ! Mais je n’en dirais pas plus, j’ai promis de me taire…
Iris posa les échantillons à mes pieds, me jeta un regard en souriant alors que je rosissais comme une tomate, puis elle se tourna vers Rosa et dit :
-Tu en as trop dit ou pas assez Rosa…
Rosalya s’approcha de moi et commença à enlever les aiguilles nécessaires pour me libérer du carcan de toile de jute.
-Je ne donne pas mes scoops comme ça… Je peux juste vous dire que c’est un garçon de la classe.
-A tous les coups c’est Kentin…
Dis-je complètement désabusée, je l’aimais bien avant qu’il ne parte faire l’école militaire. C’était un bon ami à moi, mais depuis son retour, je le trouvais vraiment exécrable…
-Si c’était Kentin, ce ne serait pas un scoop darling ! Et depuis quand aurait-il autant de goût ?
Pour le coup, je rosissais de plus belle, le visage des garçons de la classe défilait devant mes yeux, mais je n’arrivais pas à voir lequel d’entre eux pourrait être amoureux de moi. Il y avait bien Castiel qui cherchait à tout prix à me soutirer un baiser depuis la distribution des scripts, mais je le soupçonnais de faire ça uniquement par jeux et puis je le voyais mal papoter mode et tissus avec Rosa…
Je poussais un soupir de soulagement quand enfin la robe glissa à mes pieds. Je frottais mes bras et mes jambes nues pour chasser la désagréable sensation de picotements puis enfilais avec plaisir mon jean, mon t-shirt manches longue et mes converses.
-Tu ne vois vraiment pas qui ça pourrait être Lou ?
Me demanda Rosa alors que je lassais mes chaussures.
-Non, pas vraiment…
-Le pauvre, il va vraiment devoir faire des efforts alors….
-Et si on oubliait mes déboires sentimentaux pour s’occuper de la session shopping ?
Demandais-je pour couper court à cette conversation qui me mettait mal à l’aise.
-Lou a raison ! Rien de tel que le shopping pour se changer les idées !
Abonda tout de suite Alexy en gigotant comme une puce alors que Rosalya et Iris se lancèrent un regard désespéré devant les deux cas sociaux qu’elles avaient en face d’elles.