Si shakespeare m'était conté..

Chapitre 2

4724 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2015 15:51

- ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.

J’arrêtais de déclamer mon texte puis posais les bras sur la balustrade, déprimée. Comment j’étais sensé réussir à le faire sans mon partenaire ? Castiel avait encore une fois trouvé quelque chose de plus intéressant à faire et je l’enviais de pouvoir être aussi désinvolte. Pourtant, les autres répétitions s’étaient plutôt bien passées.

-Bah alors Lou ! Mets-y un peu du tient !

Me hurla Peggy depuis le siège où elle était confortablement installée.

-C’est facile pour toi de dire ça ! C’est pas toi qui doit t’adresser à du vide ! J’ai l’air de quoi moi !

-Elle a raison Peggy, il nous faut quelqu’un pour l’aider à répéter puisque Castiel n’est pas là.

Je souriais à Nathaniel, toujours aussi prévenant. Lui au moins semblait comprendre mon désarrois. Un instant, je me demandais si c’était lui dont parlait Rosalya lors de la dernière séance d’essayage. Je me giflais mentalement en me secouant la tête. Ce n’était pas important.

-Je peux vous aider, je connais les dialogues si vous voulez…

Lysandre venait de descendre les marches entre les sièges et s’était posté entre cette première rangée et la scène.

-Merci Lysandre, on compte sur toi.

Le remercia Peggy alors que celui-ci se hissait d’un mouvement souple sur la scène. Le pauvre était beaucoup mis à contribution depuis le début de l’organisation du spectacle. Comme il n’avait pas de rôle attribué, il aidait à la fois aux costumes, aux décors, et aux répétitions. A force d’aider les autres à répéter leurs textes, il connaissait par cœur l’intégralité de la pièce. Son expérience de chanteur avait dût bien l’aider pour qu’il apprenne aussi vite. J’aurais aimé pouvoir être pareil. Moi j’avais encore besoin de jeter un œil au script…Perchée en haut de ma tour, je regardais Lysandre qui prenait place là où Romeo était sensé se tenir.

JULIETTE. - ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.

ROMÉO, à part. - Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ?

JULIETTE. - Ton nom seul est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh ! Sois quelque autre nom ! Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.

ROMÉO. - Je te prends au mot ! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême : désormais je ne suis plus Roméo.

La voie de Lysandre portait loin et était très agréable. Il plongeait son regard dans le mien et un instant, mon cœur manqua un battement. Je me reprenais bien vite.

JULIETTE. - Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ?

ROMÉO. - Je ne sais par quel nom t'indiquer qui je suis. Mon nom, sainte chérie, m'est odieux à moi-même, parce qu'il est pour toi un ennemi : si je l'avais écrit là, j'en déchirerais les lettres….

La répétition poursuivie son cours de façon normale. Lorsqu’enfin Peggy jugea que je sortais mon texte de façon convaincante, elle me libéra et je retrouvais ma place favorite sur le bord de scène. Lysandre tomba la veste et s’installa à côté de moi, juste en chemise, la veste posée près de lui. Assis, les bras légèrement tendus en arrière, il laissa échapper un soupir avant de tourner son visage vers moi.

-Dur journée hein ?

-Oui, je ne pensais pas qu’une pièce de théâtre pouvait nous donner autant de travail… Si seulement Castiel pouvait être un peu plus consciencieux !

-Ce n’est pas son fort…

Je tournais mon visage vers lui et lui souriait.

-Je sais. J’espère juste qu’il ne nous fera pas faux bon au dernier moment.

-FIN DES REPETITIONS !!!! ON REMBALLE !

Je sursautais alors que Peggy secouait les puces de tout le monde pour qu’on débarrasse la scène. Demain, ce serait à la chorale de répéter, il ne fallait pas gêner leur travail.Lysandre poussa un soupir, passa sa main dans ses cheveux pour dégager son visage, il se leva ensuite et me tendit la main comme la dernière fois. Je lui souriais en la prenant pour qu’il m’aide à me lever. Un instant, j’eu l’impression qu’il la gardait dans la sienne plus longtemps que nécessaire mais il dirigea ensuite ses pas vers les autres pour les aider à ranger et je le suivais en oubliant cette sensation.

Je l’aidais à déplacer un tapis, à bouger des chaises et à rouler différents câbles. Quand la scène fut enfin débarrassée, je me tournais vers Lysandre, toujours impeccable dans sa chemise, son nœud de soie vert autour du cou même pas froissé.

-Je t’envie tu sais.

-Pourquoi donc ?

-Tu reste toujours impeccable, quelque soit la situation. En plus, tu a vite appris le script, en entier quasiment, alors que moi-même je peine avec mes seules répliques. J’ai peur de ne pas être à la hauteur le jour de la représentation…

J’avais peur de me ridiculiser devant toute la salle pleine de spectateurs en fait… Quand je voyais les autres s’amuser autant en incarnant leurs personnages, je me disais parfois que je me mettais trop la pression.Nous dirigions nos pas vers la sortie en suivant la cohorte des autres élèves. Je frissonnais lorsque le vent frais du mois de mars s’inséra dans la veste légère que je portais. La différence de température entre l’extérieur et l’amphi était énorme.

-Je trouve que tu t’en sors très bien Lou, mais si tu veux, je peux t’aider à travailler un peu plus ton texte. Il faudrait aussi que tu améliore tes pas de danse…

-J’ai du mal à apprendre alors que les autres autour se moquent de ma maladresse.

-Tu sais, la plupart ne savait pas danser. Mais tu n’es peut-être pas très à l’aise avec moi, tu préfèrerais peut-être apprendre avec Castiel ? Je peux le convaincre de le faire pour toi si tu veux.

J’éclatais de rire alors qu’on approchait de la grille de sortie, alors que Lysandre me regardait toujours d’un air sérieux. Je me calmais puis m’arrêtais en cours de chemin.

-Attends ? Tu es sérieux là Lysandre ? Castiel sait vraiment danser ça ?

-Oui, je lui ai appris les pas, il refuse de l’admettre mais il a le rythme dans la peau, c’est un excellent danseur.

-Mouis, enfin il peut être bon danseur, ça n’enlève rien à son caractère exécrable…

Nous venions de franchir les grilles du lycée. Il posa la main sur mon bras.

-Tu ne m’a pas répondue Lou. Veux-tu que je continue de t’apprendre les pas ou préfère tu que je demande à Castiel.

-Je préfère apprendre avec toi Lysandre. Mais il me faudrait un endroit plus tranquille. Je suis anxieuse quand je sens le regard des autres et pour le coup, je n’arrête pas de te piétiner les pieds.

-Ce n’est pas grave. Si tu veux, demain je te remontre les pas chez moi. On répète dans la cave avec Castiel, c’est suffisamment vaste pour ça. A moins que ça ne te dérange bien sur.

-Non pas dut tout. On se retrouve ici à la fin des cours alors ?

-Oui, si tu veux.

Je me penchais vers lui et déposais un baiser sur sa joue.

-Merci Lysandre, tu es un amour, à demain !

Avant de m’élancer vers Iris qui m’attendais un peu plus loin en me faisant de grands signes.

 

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Moi qui adorais l’histoire, je n’arrivais pas à me concentrer, depuis qu’Iris avait mis le mot « rencard » sur ma rencontre avec Lysandre ce soir, je me sentais stressée. Je faisais tourner mon stylo autour de mon pouce en un geste saccadé, rituel apaisant qui était en général signe de contrariété chez moi.

-Lou ! Pouvez vous me dire quelle date pour le « Reform Act » s’il vous plait !

Je sursautais en entendant mon prénom et faisais tomber mon crayon sur le sol.

-1832.

Dis-je en me penchant pour récupérer mon bien alors que la prof, satisfaite de ma réponse, reprenait son cours. Heureusement que je m’y connais plutôt pas mal en histoire, j’avais pas écouté un poil de ce que la prof pouvait raconter. Je cherchais des yeux mon crayon, qui forcément roulait jusqu’au pied de Lysandre. Celui-ci se pencha, l’attrapa et me le tendit.Je le remerciais, rougissante comme une tomate alors que ses doigts effleuraient les miens. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ! Je posais mon Bic sur la table puis tirait la langue à Iris qui se marrait toute seule à côté de moi.

Elle gribouilla sur le coin de son cahier un message puis tendit celui-ci vers moi.

« Je ne sais pas si c’est de Lysandre dont parlait Rosa mais il te fait de l’effet ! »

Je récupérais son cahier pour écrire en dessous :

« C’est ta faute ! Tu n’avais qu’à pas parler de rencard ! »

« Ça ne te ferais rien s’il ne te faisait pas de l’effet, ça aurait été Kentin, tu m’aurais juste envoyé bouler ! »

Je restais scotchée un moment à réfléchir. Elle avait raison… Je devais bien admettre que ce garçon me faisait battre le cœur un peu plus fort… Lorsque la sonnerie annonça la pause de midi, j’accompagnais Iris jusqu’au self. Rosa et Alexy nous rejoignirent peu de temps après.

-Vous savez quoi ? Lou craque pour Lysandre !

Je m’étouffais avec mon repas alors que ma meilleure amie venait de balancer ça comme ça. Je lui frappais ensuite l’épaule pour lui faire comprendre que ça ne se faisait pas.

-Ouf !

-Pourquoi « ouf » ?

Demandais-je à Alexy qui venait de se poser à côté de moi en passant un bras par-dessus mon épaule.

-Parce que je croyais que tu avais le cœur aussi desséché que ces livres d’histoire que tu affectionne tant ma belle ! On se demandait si un jour tu allais enfin agir comme une adolescente normal !

Je faisais la moue alors que mes amies hochaient la tête pour bien me faire comprendre à quel point mon cas leur semblait désespéré.

-Je ne comprends pas, on est dans la même classe depuis deux ans…. Pourquoi je m’intéresse à lui comme ça d’un coup ?

Inutile de nier, de toute façon, avec ces trois là, impossible de cacher quoique ce soit.

-Les hormones ma chère, les hormones !

Rosalya agitait sous mon nez une feuille de salade piquée au bout de sa fourchette.

-Tu es en pleine croissance, à retardement il faut l’avouer…

-Hey !

M’exclamais-je un peu offusquée… Il faut dire que comparée à elle, j’avais un train de retard, mais quand même !

-Tout le monde est en retard à côté de toi Rosalya ! Au collège tu courrais déjà après les garçons. Si le frère de Lysandre ne t’avais pas mis le grappin dessus, tu aurais fais une véritable hécatombe parmi la gente masculine de la classe.

C’était à mon tour d’hocher la tête en compagnie d’Alexy. Rosa posa une main sur son cœur et pris une moue navrée puis éclata de rire.

-Oui ! Tu as raison Iris !

-Alors ! C’est quoi le plan ?

S’enquit Alexy en repoussant son plateau.

-Quel plan ?

Demandais-je en m’essuyant les mains après avoir fini le mien.

-Le plan qu’on met en place pour que tu concrétise avec le beau Lysandre quelle question !

-Pas besoin de plan… Je ne suis même pas sure d’être amoureuse… Laissez- moi un peu tranquille avec ça ! En plus, rien ne dit que je plaise à Lysandre…

J’étais écarlate et mal à l’aise… Je n’étais pas sure moi-même de mes sentiments, inutile de monter en pression comme ça !

-C’est vrai que mystérieux comme il peut l’être, on ne sait jamais ce qu’il pense celui-là… Avec Castiel, ça aurait été plus simple, il t’aurait suffit de le laisser t’embrasser.Iris lança un regard venimeux à Alexy qui avait émit cette idée.

Je me levais, enfilais ma veste puis déposait mon plateau vide avant de quitter le self pour aller dans la cours, suivie des autres, trop heureux d’avoir un nouveau sujet de conversation pour le lâcher aussi facilement…J’attendais la fin des cours avec une impatience mêlée d’angoisse, mais c’est avec déception que je constatais que Castiel accompagnait Lysandre à la sortie du lycée.

-ça ne te dérange pas si Castiel nous accompagne ? Je pense qu’il pourra nous aider, et ce serait bien que vous révisiez vos rôles ensemble…

-Bien sur que non Lysandre, ça ne me dérange pas.

Bien sur que ça me dérange idiot ! Il est du genre à se moquer tout le temps des autres. Je me tournais d’ailleurs vers l’intéressé.

-Il parait que tu danse bien ?

-Il parait que toi non.

Me répondait-il avec sur les lèvres un sourire sadique qui ne me disait rien qui vaille…

-Nous y allons ?

Demanda Lysandre afin de mettre fin à un échange qui s’annonçait déjà contre productif au possible. J’acquiesçais puis lui emboitait le pas, curieuse de voir à quoi ça pouvait ressembler chez lui.

 

***********************************************

-Encore une fois Castiel.

Castiel appuya sur le bouton « play » et la mélodie s’éleva encore une fois dans la pièce. Vautré sur le canapé, il nous observait alors que Lysandre essayait vainement de m’apprendre les pas.

-Pose ta main sur mon épaule, ici. L’autre au creux de la mienne. Ne regardes pas tes pieds, regarde-moi Lou.

L’ennuie, c’est que j’avais le plus grand mal à garder les yeux plongés dans les siens alors que sa deuxième main se posait sur ma taille. Je tentais tant bien que mal de suivre le rythme, bougeais les pieds en essayant de faire de mon mieux puis m’éloignait soudainement alors que je venais d’écraser encore une fois le pied du pauvre Lysandre. Et dans ma tête, j’écrasais avec lui petit à petit les chances pour qu’il m’apprécie même un tout petit peu…

Castiel coupa la musique. Je poussais un soupir soulagé et m’éloignait de Lysandre en tachant de faire reprendre à mon cœur un rythme de battement normal. Je regardais Castiel alors qu’il fouinait dans ses poches pour en sortir une clé usb qu’il brancha sur la chaine. De la musique bien plus actuelle s’éleva alors dans la cave. Il poussa un peu plus le son et posa ses yeux sur moi.

-Tu te mets pied nu et tu danse. Oublie le théâtre et son bal.

-Quoi ?

-Oui, Castiel a raison, tu es trop tendue… Et comme ça, on pourra voir si finalement, tu a le rythme dans la peau ou pas.

Abonda Lysandre à la suggestion de Castiel. Je restais sur place, figée.

-Mais vous me prenez pour une gogo danseuse ou quoi ? Je vais pas me trémousser devant vous pour le plaisir de vos beaux yeux.

Dis-je en croisant les bras, catégorique.

-Commence déjà par enlever tes chaussures que tu sois à l’aise, ça sera pas mal.

Je m’asseyais sur le canapé à côté de Castiel et enlevais chaussures et chaussettes.

-Satisfait ?

-Assez.

Dit-il en cherchant dans sa clé une musique avant de la lancer. Il se leva, m’attrapa par le poignet et m’entraina à sa suite là ou je dansais précédemment avec Lysandre.

-Qu’est-ce que tu fais !

M’exclamais-je surprise.

-Je danse avec toi puisque tu ne veux pas qu’on te regarde ! Imagine –toi en boite, ferme les yeux s’il le faut.

Je restais un moment immobile, puis je fermais les yeux en laissant la musique un peu forte m’imprégner. J’imaginais nos danses folles avec Iris, Rosa et Alexy, dans nos pyjamas party ou lors des dernières fêtes de la musique. Je commençais par bouger mon bassin en rythme, laissant peu à peu la musique gagner mon cœur pour laisser le reste de mon corps s’emballer sous l’influence du son.

J’ouvrais bientôt les yeux, Lysandre avait raison, Castiel avait le rythme dans la peau, et pas seulement pour la danse de salon. Lysandre se joignit bientôt à nous et c’est trois fous furieux qui s’agitaient dans sa cave pendant ce qui me semblait être des heures…J’abdiquais au bout d’un moment en me vautrant sur le canapé tout en exhalant un soupir de fatigue et de satisfaction.

-Je vais nous chercher à boire.

Dit Lysandre vers lequel je tendais un bras au bout duquel un pouce tendu vers le haut lui prouvait que j’étais d’accord avec son programme. Castiel se vautra à côté de moi en passant son bras par-dessus mon épaule.

-Bah c’est pas le sens du rythme qui te fait défaut, c’est sur !

-Merci !

Quand Castiel vous fait un compliment, on ne rechigne pas dessus.

-Allez ! Fini la pause !

-Quoi ? Déjà ! Mais Lysandre n’est pas encore revenu…

-Pas grave, il ne faut pas que tu perdes le rythme….

Il chercha la musique du bal masqué puis se tenant droit, tendit la main que je prenais enfin après m’être levée.

- Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

Je haussais un sourcil, surprise qu’il connaisse si bien son texte, connaissant mes répliques pour les avoir travaillées avec Lysandre, je répondais.

 - Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n'a fait preuve en ceci que d'une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; et cette étreinte est un pieux baiser.

J’entamais les pas de danse, plongeant mon regard dans celui de Castiel en me remémorant mon texte.

 - Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?

Poursuivit-il, déclamant sa réplique comme on l’aurait fait sur scène.

- Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière.

 

- Oh ! Alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.

 - Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.

Nous continuions de danser tout les deux, j’avais l’impression d’être hypnotisée alors qu’il menait la danse. Lorsqu’il s’arrêta de danser, je m’immobilisais à ses côtés.

 - Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière.

Il se penche vers moi, je me raidis mais me fait une raison, tôt ou tard, pour le théâtre, je devrais l’embrasser. Ses lèvres effleurent les miennes très rapidement, juste le temps de se toucher à peine.

-Vos lèvres ont effacé le péché des miennes.

 - Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu'elles ont pris des vôtres.

Finalement, ce n’était pas si terrible, moi qui en faisait toute une histoire…

- Vous avez pris le péché de mes lèvres ? ô reproche charmant ! Alors rendez-moi mon péché.

Castiel m’embrassa de nouveau, sans insister encore une fois, délicat à ma plus grande surprise.

 - Vous avez l'art des baisers.

Je n’avais plus aucun mal à déclamer mon texte maintenant, il me venait presque naturellement.

 - Madame, votre mère voudrait vous dire un mot.

Je sursaute alors que Lysandre se trouve dans l’encadrement de la porte. Il vient de dire la réplique de la nourrice qui sépare Roméo de Juliette lors de la scène du bal. Confuse et un peu gênée, je m’éloigne de Castiel dont l’apparence de marbre me laisse perplexe.

-On dirait que vous êtes prêts pour cette scène au moins, Peggy sera contente de le savoir.

Dit-il en posant près du canapé une bouteille de coca et une bouteille d’eau. Il me tend un verre que je prends, légèrement tremblante. La situation me semble irréaliste et j’ai l’impression pendant un instant d’être spectatrice de ma propre vie. Impression vite dissipée alors que j’avale mon premier verre d’eau, étanchant une soif apparemment forte puisque je retendais mon verre pour un deuxième service.Je sortais mon téléphone de ma poche, regardais l’heure puis poussait un juron avant de me dépêcher d’enfiler mes chaussures.

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

S’enquit Lysandre en me voyant si pressée.

-Il est super tard ! Mes parents vont me tuer, je ne pensais pas rentrer si tard !

-Je vais te raccompagner, on ira plus vite, de toute façon je dois rentrer moi aussi si je ne veux pas que mon chien dégueulasse tout.

Dit Castiel en séchant son verre avant de se diriger vers la sortie.

-A demain Lysandre.

J’emboitais le pas à Castiel après avoir embrassé Lysandre sur la joue.

-A demain et merci Lysandre !

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