Si shakespeare m'était conté..

Chapitre 3

4055 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:46

La moto s’arrêta devant chez moi, Castiel avait suivi mes indications sans rouler trop vite, c’est qu’il faut s’habituer à voir les rues défiler à toute vitesse ! J’enlevais le casque en secouant la tête pour remettre mes cheveux en place puis tendait son casque à Castiel pour qu’il le mette. Je n’aimais pas trop l’idée d’en avoir un et lui pas mais il ne m’avait pas laissée le choix.Au lieu d’attraper le casque que je lui tendais, il attrapa mon poignet pour m’attirer à lui. J’esquivais de justesse le baiser, ses lèvres touchant ma joue au lieu de mes lèvres et je me libérais de son emprise en profitant de sa surprise.

-Mais qu’est-ce que tu fais ?!

M’emportais-je en posant le casque qu’il n’avait pas récupéré sur le sol.

-Je tente ma chance, comme tu t’étais laissé faire en dansant…

-C’était juste pour le spectacle ! Te fais pas d’idées !

-T’es vraiment bizarre comme fille… Toutes les autres m’adorent.

Il avait dit ça d’une voie trainante, nonchalamment assis sur sa moto, il croisa les bras en me jaugeant comme une friandise inconnue et particulièrement louche.

-Bah vas pas croire que sous prétexte que t’es sexy ça te donne tout les droits ! Je ne suis pas une de tes groupies ok ! Je leur laisse tes baisers, c’est déjà bien assez que je doive te supporter pour la pièce de théâtre alors pas la peine d’essayer encore compris !

-Je pensais que je te plaisais pourtant…

-Pas du tout ! Je t’aime bien mais c’est tout, je ne vois pas ce qui t’a fait penser ça…

Ma colère retombait doucement, je ne voulais pas qu’il se fasse des idées à mon sujet. Il était drôle et taquin, et sous ses dehors sauvages, il restait un gentil garçon. Mais ma meilleure amie l’aimait et jamais je ne la trahirais.

-En classe, tu regardes toujours vers moi… Et comme ce soir tu m’as laissé faire je me suis dit que c’était ce que tu voulais...

Je rougissais fortement, Lysandre était toujours assis à côté de lui. Je ne m’étais pas rendue compte que je ne faisais que le regarder… Il va falloir que je fasse un peu plus attention à mes faits et gestes moi…

-Je suis désolée Castiel.

-Pas grave, je ne vais pas en faire une maladie, mais tu ne sais pas ce que tu rate… Approche.

-Pas de truc louche hein ?

Il fit un signe de croix sur son cœur.

-Croix de bois, croix de fer…

Je me rapprochais de lui, il m’embrassa sur la joue comme une amie.

-On se voit demain au lycée ok ?

-D’accord.

Je me penchais pour ramasser son casque et je lui tendais avant de faire demi-tour pour rentrer chez moi.

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-Deux semaines ! Elle y va fort ta mère là !

- à qui le dis-tu….

Je venais de raconter à Iris comment ma mère m’avait punie pour être rentrée aussi tard, en compagnie d’un garçon en plus et que j’avais eu le culot d’embrasser sous son nez selon ses dires ce qui était tout à fait faux. Mais bon, essayez de faire comprendre à vos parents qu’ils ont mal vus un truc. C’est mission impossible !

-Donc, si je résume bien ce que tu nous dis, Castiel t’a embrassé en pensant qu’il te plait, tu l’as envoyé sur les roses et Lysandre dont tu es amoureuse a assisté à ton premier baiser et est resté stoïque.

-Merci Alexy de résumer si bien mes soucis existentiels…

Iris passa un bras réconfortant autour de mes épaules, déposant un baiser sur ma joue et laissant sa tête appuyée sur mon épaule.Rosa se pencha sur le côté pour voir quelque chose.

-Tiens, quand on parle du loup…

Je tournais la tête, forçant ainsi Iris à se relever, pour voir Castiel et Lysandre franchir la grille du lycée. Ils avaient l’air d’être en grande discussion, peut-être même se disputaient-ils, ce qui est plutôt surprenant. Ils s’entendaient si bien d’habitude… Lysandre planta Castiel au milieu de la cours, traversant celle-ci pour rentrer dans l’établissement alors que son ami repartait dans l’autre sens pour fumer sa cigarette.

-Qu’est-ce qu’il leur arrive ?

La sonnerie du début des cours empêcha mes amis de répondre à ma question. Je leur emboitais le pas en quittant notre banc favori, pénétrait dans l’établissement puis dans la salle de classe et m’asseyait à côté d’Iris. Au fond de la salle de classe, Lysandre était seul et il affichait une mine renfrognée. Visiblement, Castiel avait préféré sécher les cours.Je me tournais vers Iris et lui murmurais pour ne pas me faire griller par le prof :

-Qu’est-ce qui leur arrive ? Ils ne se disputent jamais d’habitude ?

-Qu’est-ce que j’en sais ? Peut-être qu’ils se sont chamaillés pour toi ! Petite veinarde, aurais-tu volé le cœur de nos deux idoles ?

Iris m’avait répondue avec un sarcasme cinglant, si je ne la connaissais pas aussi bien, j’aurais dit qu’elle m’en voulait… Le doute me saisit un instant alors que je me rendais compte que ce n’était pas tout à fait de l’humour. Mon amie dissimulait souvent ses peines sous des dehors humoristiques, mais là, le ton était trop acéré pour être juste de l’humour.

-Tu sais que je n’ai rien fait pour ça Iris. Castiel est juste un ami, je sais que tu l’aimes, jamais je n’aurais voulu me mettre entre toi et lui, à aucun prix.

Iris poussa un soupir en laissant ses épaules contractées s’affaisser.

-Oui, je le sais bien… C’est juste que ça fait tellement longtemps que je lui cours après sans qu’il daigne même me regarder… Et toi, un simple tirage au sort fait qu’il veut à tout prix t’arracher un baiser. Ce n’est pas juste Lou.

-Je suis désolée Iris…

-Je le sais bien. En tout cas, si Cast décide de vraiment t’avoir pour lui, tu es mal, surtout si ta cible est son meilleur ami. Mais tu devrais plutôt te réjouir. Si ils se sont disputés à cause de toi, ça veut dire que Lysandre éprouve quelque chose pour toi, c’est plutôt bon signe tu ne crois pas ?

-Oui, mais on n’est pas sure qu’ils se soient vraiment disputés, et il n’y a aucun moyen de le savoir.

-Il y en a un.

Iris tourna le visage vers Rosalya et Alexy assis un peu plus loin.  J’avais complètement oublié que Rosa sortait avec le frère de Lysandre ! Après tout, si ça se trouve, c’était de Lysandre dont elle parlait lors de la séance d’essayage… Qui d’autre se serait confié à elle ? Ils étaient plutôt proches tout les deux, et les occasions ne leur manquaient pas de se voir et de parler lorsqu’elle rendait visite à Leight…. Il fallait que j’ai une discussion avec elle, et vite.Bon, j’aurais aussi pût demander à Castiel ou a Lysandre directement mais je ne me voyais pas me pointer face à l’un ou l’autre en leur demandant si j’étais l’objet de leur querelle, ça aurait été bien trop arrogant comme façon de faire…

Je devais attendre la pause du midi pour finalement réussir à rejoindre Rosalaya, les profs s’étant ligués pour être tous étonnamment ponctuels aujourd’hui. Je la harcelais de question depuis le début du repas, mais elle tournait autour du pot en éludant les réponses comme dans un jeu pervers et machiavélique où elle connaissait les réponses mais se refusait à me les donner.

-Allez Rosa ! Tu peux bien me le dire à moi ! C’est Lysandre le garçon dont tu parlais la dernière fois ?

-J’ai promis de n’en parler à personne Lou, et surtout pas à toi, il va falloir que tu te débrouille toute seule.

-Je te déteste !

Dis-je en marmonnant dans ma barbe. Elle éclata d’un rire franc et particulièrement sonore.

-Bien sur que non !

Et elle avait raison, je ne pouvais pas la détester pour si peu. En vérité, personne ne pouvait résister à Rosalya… N’empêche que si elle ne m’apportait pas les réponses à mes questions, je ne voyais pas trop quoi faire….

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Visiblement, je m’étais trop posée de question pour rien. Lysandre et Castiel semble être de nouveau aussi amis qu’avant et dès  le lendemain même de cette prise de bec supposée. Si ça se trouve, on s’était fait des films pour rien avec Iris, ça nous arrive tout le temps de toute façon. Je jetais un œil désespéré à l’horloge accrochée au dessus de la tête du prof de Physique/chimie. Les aiguilles fonctionnaient au ralenti ou quoi ! En plus cette matière me tape sur le système… Comme de toute façon j’envisage de faire une fac d’histoire, elle ne me sert à rien.

Mes quinze jours de punition étant levés ce soir, je vais pouvoir sortir un peu avec les copains, il était temps ! J’ai eu l’impression de tourner en rond dans ma chambre comme un hamster dans sa roue. Ces pauvres bêtes doivent toutes être dépressives. Alexy, qui est le seul disponible puisque ces traitresse d’Iris et de Rosalya ont déjà des trucs de prévus, et moi allons faire les boutiques ce soir, comme on a pas répète puisque la chorale réquisitionne l’amphi, on finit plus tôt.

Il n’arrête pas de se plaindre en ce moment que son frangin passe plus de temps avec Violette qu’avec lui. Moi ça m’arrange bien, puisque grâce à ça, j’ai quelqu’un avec qui me défouler après ces deux semaines d’intense frustration sans sorties, sans télé et sans PC !

Et comme c’est le week-end, j’ai le droit de sortir jusqu’à 1h du mat ! Au programme : shopping, glaces italiennes, shopping, mac do, préparation et bar branché ! Bon, j’avoue, 1h du mat, c’est short pour avoir le temps de s’amuser, mais j’étais bien décidée à en profiter à fond et Alexy aussi. Et tant pis pour Iris et Rosalya qui avaient des trucs à faire avec leur famille ou petit copains !

Le vendredi, on finissait à 15 heures. Je jetais un œil à Alexy qui avait déjà rangé ses affaires. Je glissais mes crayons dans ma trousse, la balançais au fond de mon sac à dos, vite rejoins par mon bouquin et mon bloc note.5…..4….3….2……1…. la sonnerie retentie !

Je me lève, me précipite vers le couloir, ouvre mon casier et balance dedans tout ce qui est inutile, je le claque un grand coup balance mon sac à dos sur mon épaule puis cherche Alexy des yeux et croise son regard juste avant qu’il ne me saute dessus.

-Lou ! On y va !

J’éclate de rire alors qu’il m’entraine vers la sortie du lycée en me tirant par la main. Je fais un signe d’adieu au passage à Rosa et Iris qui nous regardent avec un air désespérée comme deux mères devant les espiègleries de leurs enfants. Je laisse Alexy me guider, il connait les meilleurs recoins de la ville en matière de boutiques farfelues. Et même si j’ai un style vestimentaire un peu trop classique à son goût, j’aime le suivre dans ses délires et essayer tout un tas de fringues étranges. Parfois, ça rends super bien, mais d’autres fois, c’est un échec total qui nous arrache des fous-rires difficiles à calmer.

Je regardais la dernière tenue qu’il m’avait dégottée dans le miroir. Le borsalino noir avec ruban vert m’avait forcé à ramener mes longs cheveux brun en arrière ce qui mettais en valeur mes yeux vert foncés. Le bustier noir rehaussé de broderies vertes mettais en valeur mon décolleté plus que naissant ainsi que la pâleur de ma peau. Le pantalon de tailleur noir allongeait mes jambes et me faisait paraitre encore plus grande que je ne l’étais réellement.

J’avais enfilé des chaussures vernies à talon pour accompagner le tout et le résultat était bluffant. Je me voyais bien avec une cape et une canne déguisée comme ça à halloween mais me promener dans la rue ainsi…. J’aurais du mal. Pourtant, c’était une des tenues farfelues choisie par Alexy qui m’allait comme un gant. Celui-ci me tournait autour comme un requin autour de sa proie.

-Pas chiche de mettre ça pour sortir ce soir !

Me dit-il les yeux brillants.

-Chiche !

Lui répondis-je du tac au tac. J’adore les défis, quand ils ne sont pas trop farfelus. On me regarderait bizarrement, mais ça ne me faisait pas peur. Et puis Alexy s’habillait toujours de façon farfelue quand on sortait, au moins, il ne sera pas le seul à paraitre étrange. En plus, j’avais décidé de m’amuser à fond aujourd’hui ! Je réglais mes achats en ayant un pincement au cœur en voyant la note, j’aurais intérêt de les remettrais ces fringues si je voulais les rentabiliser un peu, vue le prix qu’elles m’ont coutés !

-On va chez toi ou chez moi pour se préparer ?

Lui demandais-je en récupérant mon menu à emporter.

-Chez moi, je n’ai pas encore décidé quelles fringues je mettrais pour sortir ce soir.

-D’ac ! En plus, c’est plus proche du centre-ville !

Nous marchions côte à côte dans la rue, les mains chargés des sacs de nos achats récents.

-Et si on demandait à ma mère de te faire un alibi pour ce soir ? Si tu dois partir à 1h du mat, on aura le temps de rien faire… Il suffirait de lui demander d’appeler ta mère en prétextant une pyjama partie ! Je suis sure qu’elle serait d’accord ! Ma mère est trop cool pour ça !

-Vrai ?! Ça serait génial ! Comme ça on pourrait s’éclater jusqu’au bout de la nuit et dormir comme des loirs demain ? Faire nos loques devant « Autant en emporte le vent » avant que je ne rentre chez moi ?

-Carrément ! Ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu ce film !

On se tapait dans la main pour marquer le coup de ce programme grandiose. Alexy et Armin habitaient tout les deux chez leurs parents dans un loft gigantesque du centre ville. Nous y étions en 10 minutes à peine. Alexy expliquant à sa mère son plan pendant que j’enfournais mon big mac, sa mère piochant dans mes potatoes.Elle sourit en ébouriffant les cheveux bleus de son fils avant de saisir le téléphone pour appeler ma mère. On croisait les doigts tout les deux pendant que la sienne discutait au téléphone. Elle raccrocha, se tourna vers nous en levant un pouce vers le haut.

-Elle est d’accord !

-GENIAL !!!!

S’exclamions-nous tout les deux en sautant sur place ! Comme ma tenue pour la soirée était déjà choisie, on allait directement dans la chambre d’Alexy pour fouiner dans son dressing digne des plus grandes stars d’Hollywood alors que la musique s’élevait dans sa chambre. Il balançait sur son lit des pantalons, t-shirts, chemises à ne plus savoir qu’en faire. Me jetais un regard interrogateur alors que je secouais la tête lui indiquant tel pantalon ou telle chemise. Comme d’habitude, mon avis compta pour du beurre et il choisi lui-même sa tenue après plusieurs essayages plus ou moins heureux. Etonnamment, il arrêta son choix sur une tenue on ne peut plus classique en comparaison de la mienne.

-Je vais étonner par ma simplicité à côté de toi !

Me balançait-il alors qu’il enfilait sa chemise bleu nuit et son jean noir. Alexy était beau comme un dieu, avait un humour désopilant et était un garçon adorable en plus d’un ami fidèle. Incroyable le nombre de jeunes femmes qui se sont déjà pris des râteaux en tentant de le séduire, ce serait encore le cas ce soir probablement.

-Je vais me sentir vraiment bizarre habillée comme ça alors que toi, tu seras juste beau comme un dieu.

-Ce qui est bizarre ma douce, c’est que tu n’arrive pas à admettre que tu es aussi belle que je peux être beau. Nous allons faire flancher les cœurs ce soir ! Tu reste là, je vais emprunter du maquillage à ma mère, tu ne peux pas sortir sans au moins un peu de khol sous les yeux, ça gâcherait tout l’effet de ta tenue.

Je le regardais quitter sa chambre à toute allure pour rejoindre sa mère puis me levais pour aller faire face au miroir de son dressing. Je laissais mes yeux me détailler de haut en bas, trouvant ma taille trop étroite, mes jambes trop longues et ma peau trop claire. Impossible d’être subjectif lorsqu’on fait face à son propre reflet. Seul mon visage trouvait grâce à mes yeux, un ovale parfait et aucun problème de peau. A mon âge, les filles tueraient pour esquiver les boutons d’acnés et je n’en avais plus depuis au moins 1 an. Petite veinarde !

Mes yeux aussi étaient singulier, en amande et d’un vert profond, frangés de cil noir épais. Des yeux de biches dirait ma mère. Pour le reste, mes longs cheveux noirs étaient désespérément lisses. Rosalya avait bien essayée une fois de les boucler avec un fer à friser mais c’était peine perdue. Ils retombaient dans mon dos en un voile ténébreux.Alexy revint assez vite avec une trousse de maquillage sous le bras, il me laissa tracer une ligne noir sous mes yeux, m’incita à tartiner mes paupières de fard d’un brun chocolat très joli et me força à mettre du rouge à lèvre alors que je déteste ça. Il faut tout le temps faire gaffe quand on en met de ne pas s’en mettre sur les dents, de ne pas baver sur les bords avec le stick et lorsqu’on veut boire ou manger, ça laisse des traces. Mais comme je sais par avance qu’il est inutile de discuter avec lui, je m’exécute sans faire d’histoire.

-Lou !

Le déclic discret suivi du flash aveuglant me surprend alors qu’Alex regarde sur son Iphone le résultat de sa photo.

-Je vais l’envoyer aux filles qu’elles voient ce qu’elles vont rater !

-Alex, t’exagère, tu pourrais me demander mon avis quand même !

-Je sais que tu ne peux rien me refuser !

Répliquait-il en tapant sur l’écran son message avant de l’envoyer. Il se leva ensuite, glissant son porte feuille, ses clefs et son téléphone dans ses poches alors que je faisais de même.

-Parée moussaillon ?

-Parée !

Lui répondis-je avant de lui emboiter le pas pour quitter l’appartement et rejoindre le centre-ville. 

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