Amour sucré

C'est en larmes que je suis rentrée chez moi. Heureusement, mes parents ne m'ont pas vue passer dans cet état, je me suis précipitée immédiatement dans ma chambre.

Tout se bousculait dans ma tête mais il fallait absolument que je me ressaisisse. Que pouvais-je y faire ? Rien...

Lorsque ma mère finit par rentrer dans ma chambre, elle s'assoit aux pieds de mon lit pour savoir ce qui n'allait pas.

- J'ai l'impression que rien ne va plus depuis un certains temps, déclarai-je sans en dire plus.

- C'est à cause de la mort de Mélodie ?

- Entre-autre...

- C'est-à-dire ?

- Je n'ai pas trop envie d'en parler pour le moment.

- C'est à cause d'un garçon, c'est ça ?

- Pourquoi penses-tu toujours que je me sens mal à cause d'un garçon ?

- J'ai été une adolescente avant toi, tu l'oublies, ma chérie.

Je soupire. Elle s'approche de moi pour me caresser la tête. Alors, je lui avoue à demi-mot :

- C'est juste que... Il y a un garçon dans ma classe que j'aime bien mais il ne s'intéresse pas du tout à moi et ça ne changera jamais.

- Pourquoi penses-tu cela?

- Parce qu'il est déjà avec quelqu'un d'autre...

- Tu sais quand j'ai connu ton père, on était à l'université...

- Je connais l'histoire !

- Ce que tu ne sais pas, c'est que c'était le plus beau garçon que je n'avais jamais vu et j'étais très loin d'être la seule à le penser. Toutes les filles lui courraient après

- C'est vrai ?

- Oui et j'étais persuadée de n'avoir aucune chance avec ce beau garçon et pourtant, un beau soir...

- Il est venu te parler dans un bar réputé pour les jeunes étudiants..

- Exactement ! J'ai joué la fille à la fois accessible et inaccessible et je suis arrivée à faire en sorte qu'il n'ait d'yeux que pour moi...

- Où veux-tu en venir maman ?

- Le jour où tu rencontreras le bon garçon, tu sauras que c'est le bon et il laissera tomber toutes ses conquêtes pour toi. Si ce n'est pas celui-là, ce sera un autre.

- Tu crois ?

- Ton père en est la preuve, ma chérie. Et un jour, ce sera ton tour de faire tourner la tête de quelqu'un.

Je souris à ces mots. J'imagine mal mon père ayant été en Don juan mais bon, après tout.

- Merci, maman.

Elle pose un baiser sur mon front. Je mange un peu avant d'aller me coucher. En tout cas, je vais mieux que tout à l'heure.

Le lendemain, je croise Nathanaël à Sweet Amoris qui se précipite vers moi, me prend par le bras pour m'emmener dans un coin afin qu'on puisse discuter

- Je suis vraiment désolé pour hier ! Commence-t-il. Je t'assures qu'il ne s'est rien passer entre nous

- Tu sais, tu n'es pas obligé de te justifier... C'est votre vie. Je n'ai pas à m'en mêler

- Je sais mais vu la réaction que tu as eu...

- Oh, c'était parce que j'étais très mal à l'aise enfin ! J'étais tomber sur... Enfin, peut importe ce que c'était mais tu sais bien que je suis du genre timide et ce n'était, genre, pas du tout le moment de passer, quoi.. Bredouillai-je en rougissant. Je tremblais de l'intérieur

Nathanaël semblait déçu

- Je croyais que... Dit-il

- Tu croyais que quoi ? M'étonnai-je

- Non, rien, laisse tomber !

Il s'en va l'air contrarié.

Décidément, je suis vraiment nul avec les garçons, je ne sais jamais le bon comportement à avoir.

La journée se déroule péniblement. J'ai un poids sur l'estomac.

Lorsque je sors de l'école, je tombe sur la mère de Mélodie l'air affolée. Elle se jette sur moi et me lance :

- Elle ne s'est pas suicidée ! Mélodie ne s'est pas suicidée !

- Quoi ? Comment ça ?

Elle avait les larmes aux yeux, elle semblait complètement perdue.

- Que se passe-t-il, madame ?

Elle tenait fermement un petit bouquin rose dans les mains

- J'ai essayé d'en parler à la police, de le dire à mon mari mais personne ne veut m'écouter !

- Vous croyez que... attendez... Vous pensez qu'on l'a assassinée ?

- Oui, j'en suis sûre ! Me crie-t-elle. Elle avait les yeux rouges d'avoir pleurer et semblait ...folle... Pauvre dame, que pouvais-je lui dire pour la consoler ?

- Qu'est-ce qui vous fait penser que c'est un meurtre ?

- Son journal intime ! Je l'ai relu au moins 100 fois et même si elle semblait aller mal, ce n'est pas au point d'aller se jeter du haut d'un toit ! Je connais ma fille, je sais qu'elle n'aurait pas fait ça, surtout sans nous écrire une lettre, sans nous prévenir ! Ajoute-elle en pleurant.

Je réfléchis au caractère de Mélodie, c'est vrai que ça semble curieux dans le fond qu'elle n'ait même pas écrit de lettre d'adieu. Surtout à ses parents, elle les adore... Mais bon, ça aurait pu être possible malgré tout si elle se sentait si mal... Je repensais tout à coup à ce que m'avait dit Kentin la veille, justement

- Je peux vous demander quelque chose d'assez délicat ?

- Oui, allez-y !

- Puis-je avoir son journal pendant quelques temps, juste pour le parcourir et voir ce qu'il en est. Je sais que vous devez y tenir énormément mais...

- Non, je comprends tout à fait. En réalité, je ne sais plus du tout vers qui me tourner. Je sais qu'elle vous aimait beaucoup, elle parlait énormément de vous avant de... Enfin, c'est pour ça que j'ai pensé à vous en parler. Désolée de vous embarquer là dedans mais je suis désespérée...

- Non, je comprends tout à fait, madame

- Tenez, prenez-le et dites-moi au plus vite ce que vous en pensez. Je vais vous donner mon numéro de Gsm

- Oui, faites, il n'y a pas de souci.

On s'échange nos numéros et elle s'en va sans me dire au revoir. Pauvre dame... Je sais qu'il y a moyen d'y avoir des doutes sur cette histoire mais si jamais il s'avère que c'est effectivement un suicide malgré nos recherches, que vais-je bien pouvoir lui dire ?

Enfin, je prends le bus pour rentrer chez moi et je parcours ce fameux journal.

Il est évident qu'elle semblait dépressive. Elle parle de moi. C'est étrange, elle est persuadée que Nathanaël est amoureux de moi. Enfin soit, évidemment, elle parle de lui et à quel point elle peut en être amoureuse. Cela me fait de la peine dans le fond. A la fin, elle parle de quelque chose qui la préoccupe et surtout... « de changer de vie... ». Tiens, c'est bizarre. J'ai noté en lisant son journal qu'elle y écrivait comme si elle discutait avec quelqu'un. Cela peut probablement arriver mais ce qui est le plus étrange, c'est qu'elle a écrit « Je t'en dirai plus la fois prochaine ». C'est daté la veille de sa mort... La mère de Mélodie avait raison. Cela n'a pas de sens. Si elle avait prévu de se suicider pourquoi alors, a-t-elle écrit dans son journal qu'elle allait détailler son changement de vie ? Elle ne l'a de toute évidence pas fait ou on ne lui a pas laisser le temps de le faire...

Il est possible que ce n'était pas prévu et qu'elle ait eu tout à coup une envie soudaine de mourir. Mais je dois avouer que ça devient douteux.

En refermant le journal, je songe à téléphoner à Kentin.

- Hey salut ! Désolée de te déranger mais j'ai quelque chose d'urgent à te demander

- Oui, vas-y !

- Pourquoi m'as-tu demandé si j'étais sûre que Mélodie s'était suicidée ?

- Oh, ça ce n'était rien, juste un pressentiment, pourquoi ?

- Parce qu'il est possible que ce ne soit effectivement pas le cas...