Mes mémoires

Chapitre 42 : Secrets

1238 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/07/2025 17:24

J’étais dans ma chambre, devant le journal que Vi m’avait rendu. À cette fameuse page teintée de sang qui ne me donnait plus envie de retenter cette expérience, mais, à côté de celle-ci se trouvait Lizzy, son ombre. J’avais brisé bien des mines et des fusains dans ce carnet depuis que je la connaissais. Et jours après jours cela s’amplifiait. J’eus un léger cri guttural, assez étouffé pour ne pas qu’il s’entende hors de ma chambre et balançait sans aucune forme de délicatesse mon cahier derrière moi. Augmentant le volume de ma musique, ma jambe droite battait le rythme contre le sol tel un métronome alors que ma tête était affalée contre le bureau. Jouant à faire tourner un stylo entre mes doigts je baillais. Vi n’était pas encore rentrée. Que faisait-elle? Vander restaient à la maison le temps de mon rétablissement donc Vi ne devrait pas rentrer chez “elle”. Et pour le bar, il était exceptionnellement fermé. Seule ma mère continuait de travailler car elle n’avait pas un emploi du temps aussi souple. Après tout, Vander était son propre patron.  


M’endormant presque je sursautai d’un coup, faisant un bon sur ma chaise et me relevai. Vi venait d’entrer en trombe dans ma chambre. J’avais les yeux ronds, pourquoi débarquait-elle comme ça dans ma chambre? Elle me serra alors dans ses bras en faisant toujours attention à mes plaies. Me caressant le dos, elle s’excusa.


«Pardon… Tu viens de faire une tentative de suicide et moi je te repousse quand tu veux me soutenir.»


Je répondis à son étreinte par la mienne. 


«Tu n’as pas à t’excuser, je.. Je vais bien. Promis.»


Mensonge… Ce simple «Lâche-moi.», m’avait brisé le cœur. Il avait été dit tellement sèchement que j’avais l’impression de n’être rien à ses yeux, mais, je ne devais pas lui faire peur. Ça l’angoisserait bien plus que ça. Mentir pour ne pas faire de mal était acceptable après tout? Non? Je ne savais pas réellement, quoi que cela commençait à devenir plus limpide dans ma tête à force de le faire: oui, c’était une bonne chose.


Après quelques minutes à nous serrer dans nos bras, nous nous laissâmes tomber sur le lit, regardant toutes les deux le plafond.


«J’aurais préféré que tu n’en soit pas une.» Avoua Vi.


Je tournais ma tête vers ma sœur. Je savais de quoi elle parlait. Oui, c’était obligé qu’elle parle de ça.


« Vi, je ne pourrai jamais être maltraitée, ma race hybride ne se voit pas. Regarde… Il a fallu que je…» J’avalais difficilement et continuais. « Il a fallu une coupure trop profonde pour qu’on connaisse ma réelle nature.»


Vi pouffa amèrement.


«Une? Tes avant bras étaient en charpie quand je t’ai trouvée…  Jinx… À quelques minutes près on t’aurait perdu…»


Je sifflais légèrement.


«J’en ai conscience. Mais, c’est comme si j’étais un automate. J’ai pas réfléchi, je m’en suis rendue compte trop tard.»


«Et tout ça à cause d’une humaine..»


«Li… Zzy?»


« Oui et ne me mens pas, je suis certaine que c’était à cause d’elle.»


«Alors… Je ne vais pas te mentir.» Répondis-je.


«Je la tuerai à sa sortie. Je tuerai tous les humains qui voudront nous écraser.» Assura ma sœur, se mordant ensuite le poing.


«Vi… Ne les mets pas tous dans le même sac.. Tu oublies ceux qui ne nous ont pas tourné le dos et qui sont toujours là pour nous.»


Vi fronça les sourcils, cherchant un instant.


«  J’en vois pas…» Rétorqua ma grande sœur.


«Allé, fais pas l’aveugle! Trois exemples: Ekko, maman, Cait.»


«En particulier Caitlyn.»


«Comment ça?»


«C’est pas avec Ekko ou Maman que j’ai envie de faire ma vie… Cait est la seule et. Je t’avoue qu’avec sa déclaration de la dernière fois… J’aimerais réellement porter son nom. Même si il est dur à porter.»


«Tu l’aimes vraiment à ce point?»


«Oui.»


«Pourquoi dur à porter?»


«Jinx… Le nom Kiramman est connu dans tout Iruta, même dans les rues mal famées, les rues où règne la pauvreté. J’suis pas pauvre, papa a un bon boulot mais je suis pas dans un quartier réputé. Cait, oui, de plus elle est dans l’institut scolaire le plus réputé de la ville et ses parents sont hauts placés… Je suis un peu une chienne à côté d’elle. Et même si ses parents m’apprécient… Je ne suis qu'une hybride délinquante et elle une humaine presque parfaite…»


«Tu es digne de porter ce nom grande sœur. Tu veilles sur Caitlyn comme personne ne pourrait le faire.»


«Jinx… Elle a failli être violée à cause de moi…»


«Tu ne pouvais pas savoir qu’un détraqué allait essayer de faire ça.»


Vi souffla bruyamment.


«J’m’en veux.»


«Tu ne devrais pas, tu es arrivée à temps, c’est tout ce qui importe et à présent ce connard est mort.»


«Ouais.. T’as raison. Merci ptite sœur.»


«C’est normal, je serai toujours là pour te rappeler que tu en vaux la peine!»


Elle ricana à ma phrase mais n’ajouta rien d’autre. La conversation était donc close. Seulement je sentis soudain un gros poids sur ma cage thoracique. Une crise d’angoisse? Probablement. Et merde!


«J’ai peur grande soeur…»


«Hm? Pourquoi? Par rapport à quoi?» Son ton était vraiment surpris d’autant qu’il était vrai que j’avais sorti ça de nul part.


«Ekko… Et si… S’il me repoussait? Parce que je suis une hybride?»


Vi passa sa main le long de son visage.


«T’es sérieuse? Ekko est le premier à protéger les hybrides! J’ai jamais vu un humain aussi persévérant pour cette cause. Et puis… Tu penses vraiment qu’il serait capable de te quitter alors qu’il t’aime par-dessus tout? Hé! Je suis pas aveugle ni conne. Son regard pue l’amour… Enfin tu m’comprends quand je dis ça, non?»


Je ricanais un peu à l’expression de Vi, mais aussi nerveusement. Elle avait beau me rassurer, j’avais toujours peur.


«Oui, je comprends, mais…»


«Mais quoi? M’invente pas d’excuse! Tu lui as dit au moins pour tes mutilations? Jinx… Ce truc est important pour votre couple, comme moi avec Caitlyn, maintenant j’lui dis quand je me bats. Je sais que ça l’inquiète, qu’elle n’aime pas, mais ça nous rapproche d’être aussi sincère l’une envers l’autre. Alors, s’il te plaît. Dis moi que tu as était vraie avec lui… Il vaut pas qu’on lui mente.»


Je me mordis la lèvre inférieure. Lui avoir dit? Oui, mais le fait de repenser à notre conversation me tordait l’estomac. Comme… Lorsque nous en avions parlé, ça faisait tellement mal d’y repenser.


«Je lui ai dit, je l’ai… Déçu, mais comme je vous ai tous déçu. Tout ceux qui savent en plus des parents maint’nant.»


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