Mes mémoires
Je venais de reprendre les cours après ma tentative de suicide. Par précaution, mes parents avaient restreint les visites et ni Ekko, ni Jacob ou encore Stefany à venir me rendre visite. J’avais simplement reçu les devoirs à faire directement de la part des profs et par l’intermédiaire de ma mère. Mais aujourd’hui ma mère m’avait réservé une très bonne surprise. À la sortie des cours, une fois que Stef et moi s’étions dit au revoir, je vis la voiture de ma mère alors qu’elle m’attendait adossée contre la voiture avec… Ekko. Bien que j’avais peur de le revoir, une joie immense enveloppait mon cœur et je courrais en sa direction pour le serrer dans mes bras, ce qui sembla lui faire du bien étant donné qu’il me serra un peu plus fort dans ses bras. Son étreinte musclée me rappelait à quel point je l’aimais, bien que depuis la conversation avec Vi ma peur n’était pas partie. Il faudrait que je lui dise, oui, mais pas de suite. Pour l'instant, je voulais juste profiter de lui. Cependant, je me posais une question :
« Comment ça se fait que t’es avec ma mère, mon amour ? »
Il m’offrit un merveilleux sourire.
« Elle m’a proposé de t’inviter chez moi, comme tu n’as pas cours demain et que nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps… »
J’écarquillais les yeux et me défaisais de son étreinte pour en faire une à ma mère en pleurant.
« Merci maman ! »
Elle me caressa les cheveux et prit la parole.
« Je vous accompagne chez lui maintenant, allez, en voiture !»
Sans attendre, nous pénétrions dans la voiture et ma mère nous accompagna chez Ekko. Une fois arrivée, je pris le sac que ma mère m’avait fait et nous montions tous les trois dans l’immeuble. Ouvrant la porte de chez lui, les parents d’Ekko nous attendaient. J’allais leur faire la bise et les remerciais de m’accueillir chez eux, comme à chaque fois. Jérôme, le père d'Ekko invita ma mère à boire un café avec eux, mais celle-ci refusa.
« Non merci, je dois prendre mon service dans peu de temps. » Elle sourit et nous dit au revoir à tous, demandant à son «beau-fils» de me raccompagner demain avant dix-neuf heures. Ce qui fut évidemment accepté. Elle repartit tout de suite après.
La belle-mère d’Ekko nous invita à nous asseoir pendant qu’elle allait préparer à boire. Quant à son père, il me regarda et se décida à parler.
« Tu as l’air d’aller un peu mieux Jinx. Installez-vous.»
Je souris. Non, mais jouons le jeu.
« Oui, c'est toujours dur, mais je fais avec. »
Il hocha la tête alors qu'Ekko et moi nous asseyions à côté l’un de l’autre, lui me tenant la main.
« J'espère que tu es en safe place avec ton psy?» interrogea Jérôme avec délicatesse.
« Papa!»
Sofia qui avait entendu la conversation que son mari essayait d’amorcer se rangea du côté de son beau-fils.
« Mon amour, tu n’es pas au boulot. Laisse la respirer après ce qu’il s’est passé. »
Elle posa les boissons sur la table basse.
« Je pose cette question, car je connais bien monsieur Donovan. Il peut être très impressionnant avec son allure, mais c’est un bon psy, à l’écoute de ses patients. »
Je hochais la tête.
« J’ai du mal à parler…» Avouai-je.
Ekko me regarda un peu choqué, ne pensant pas que j’allais répondre. Cependant, j’étais un peu plus à l’aise avec le père de mon petit ami qu’avec mon propre psychiatre. Il me regarda avec compassion.
« C'est souvent dur de se confier sur des traumas, mais tu sais, ce n’est pas un problème de ne pas toujours savoir que dire. Une thérapie prend du temps. »
J’opinai de la tête.
« Je te crois mais sinon pour en revenir à ta première question… Oui je me sens en sécurité.»
J’eus un large sourire, à la fois factice et à la fois sincère. Je n’arrivais pas à me décider. La discussion fut close à la fin de ma phrase et d’autres conversations, plus légères, furent mises sur le tapis. La joie et la bonne humeur régnaient alors que nous étions passés à table. Il était à présent temps pour Ekko et moi d’aller dans sa chambre, afin de passer un peu de temps tous les deux. Nous avions du temps à rattraper et, bien que je lui mentais sur mon état, mon amour n’avait pas changé et j’aimais toujours le sentir près de moi. Seulement, mes mensonges commençaient à peser sur ma cage thoracique de plus en plus. Ce qu’il se passait dans ma tête et se répercutait sur mon corps me faisait suffoquer un peu plus. Je ne le méritais pas, pourtant… Une fois appuyé sur la rambarde de la fenêtre, en train de fumer tous les deux.
« J’ai envie de passer ma vie avec toi. » Déclarai-je, le regard dans le vague. « Seulement… »
Je posa ma tête sur son épaule, aspirant sur ma clope.
«Seulement quoi?»
« Je sais que je ne suis pas digne de toi. Tu fais tout pour moi, tu supportes même mon autodestruction… Et moi… Je ne t’apporte rien…»
Je l’entendis soupirer et aperçu qu’il avait posé sa clope sur le cendrier.
« Attends-moi là. Je pense que c’est le bon moment…»
Le bon moment ? Je haussai un sourcil et me retournai pour le voir aller vers sa table de nuit et sortir quelque chose du tiroir. Il le mit derrière son dos et s’avança vers moi. S’avança vers moi, je pouvais voir qu’il était nerveux et cela était même contagieux. Lorsqu’il fut face à moi, il me mit dans la main quelque chose, carré, doux. Lorsque je le mis devant mes yeux, je vis que ce n’était rien d’autre qu’un écrin.
« Ouvre-le... S’il te plaît. »
Je m'exécutai et l’ouvris, découvrant une bague, toute simple, mais magnifique, je rougis.
« C'est…»
« Pas une bague de fiançailles. On est trop jeune. C’est une bague de promesse. Pour te signifier que je t’appartiens et que quoi qu’il arrive… Je ne t'abandonnerai jamais. Quelles que soient les épreuves… On les affrontera ensemble. Je serai toujours là pour toi. Je te promets de tout faire pour que tu sois heureuse. Je t’aime, mon ange. Par-dessus tout et… Moi aussi, je veux passer ma vie avec toi. Tu es la femme de mes rêves et de ma vie. Je ne veux que toi et je veux que tu le saches. Alors, quand tu douteras, regarde cette bague et repense à ce soir.. D’accord?»
J’avais les larmes aux yeux alors qu’il me passait la bague au doigt. Pleurant de joie, me disant qu’il fallait que je lui dise tout ce que je n’arrivais pas à lui dire. Mes hallucinations visuelles et auditives qui pourraient, entre autres, pour qu’il m’aide à être diagnostiquée, mais aussi et surtout : le fait que j’étais une hybride. Je me sentais coupable, mais ça ne voulait pas, ça restait bloqué, je n’y arrivais pas. Peu de temps après, nous allions nous mettre en pyjama et allions au lit. Nous cajolant durant un long moment avant de nous endormir dans les bras l’un de l’autre.