La Pierre Philosophale

Chapitre 7 : Chapitre 5

9255 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/07/2016 06:38

CHAPITRE 5

 

Le Justicier et la Voleuse

 

« Je ne peux rien te promettre ».

Ces mots résonnaient dans la tête de la Voleuse. Déçue de sa discussion avec son frère, elle s'était éloignée de lui pour réfléchir. Supa était toute retournée de cet échange. L'Assassin avait joué franc jeu, et lui avait même avoué que malgré son amour pour elle, il avait développé une sorte de jalousie depuis quelques années. Ayant toujours vécu dans son ombre, leur père ne l'avait jamais réellement considéré à sa juste valeur. La jeune femme avait en effet quelques doutes sur la position de son frère, mais n'aurait jamais imaginé qu'il ruminait un tel ressentiment.

 

Toutefois, elle osait espérer qu'elle pourrait tout de même compter sur lui dans les moments capitaux. Au moins, il avait eu le cran de lui en parler et ne lui avait pas fait de promesse en l'air, c'était déjà ça de gagné...

 

« On part en vacances ? Lui adressa une voix d'homme derrière elle.

 

Et cette voix… Supa l'avait reconnue immédiatement, malgré le temps qui s'était écoulé depuis la dernière fois qu'elle l'avait entendue.

 

-Sun ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

-C'est incorrect de répondre à une question par une autre question..

-Tu m'as manqué, tu sais.

 

https://www.youtube.com/watch?v=F9hagVL-__c

 

Le justicier pensa à leur première rencontre. C'était il y a des années de cela. Sa croisade contre le crime n'avait commencé que depuis quelques mois seulement et les choses ne semblaient pas évoluer, lorsqu'il reçut un mystérieux message. Ce dernier le convoqua à un rendez-vous nocturne sur les quais, auquel il se rendit avec curiosité. Il y rencontra une jeune femme, qui lui annonça représenter une organisation importante, qui combattait pour défendre les mêmes idéaux que lui. Ils avaient repéré Sun pour ses aptitudes prometteuses et ses activités nocturnes qui sortaient du lot. Ainsi, la jeune femme lui exposa la raison de cette entrevue.

 

Cette dernière lui fit une proposition : s'il était intéressé, il pourrait unir ses forces avec celles de son organisation pour continuer sa croisade, et réellement changer les choses. D'un air menaçant, elle lui avait également suggéré de ne parler de cette rencontre à personne, et ce, qu'il accepte ou non son offre.

 

Après avoir longuement réfléchi, et pesé le pour et le contre, il avait contacté de nouveau la jeune femme pour rencontrer son organisation. Si son engagement était sans faille, il pourrait intégrer cet Ordre et combattre plus librement le crime. Son initiation avait pu commencer et il devint très rapidement ami avec la jeune femme. Il apprit de nombreuses choses sur le monde et les Assassins, et notamment que, en plus de défendre des idéaux de liberté, ces derniers avaient un adversaire millénaire : les Templiers, qui tentaient d'asservir le peuple. Mais, n'étant encore qu'un novice, Sun ne put en découvrir beaucoup plus. Alors que son entraînement portait ses fruits au-delà de toute espérance, il fréquenta de plus en plus souvent Supa.

 

Rapidement, l'amitié se transforma en tendresse, puis la tendresse en amour. Sun ne pouvait rêver mieux : il était tout disposé à combattre le crime et semblait vivre une idylle parfaite avec la jeune femme. La situation dura quelques mois, jusqu'à ce que vienne le moment où Sun allait intégrer officiellement l'Ordre des Assassins. Mais avant, il allait devoir prouver son engagement à travers une épreuve. Lorsque le moment tant attendu arriva, il apprit que l'épreuve en question n'était pas anodine : il allait devoir tuer un criminel afin de montrer que sa détermination était sans faille. C'est là que tout commença à dérailler. Ne pouvant se résoudre à assassiner l'homme qui se trouvait devant lui, Sun dut se résoudre à quitter aussi soudainement les Assassins qu'il les avait rejoints. Bien qu'il ne les avait pas officiellement rejoints, en réalité…

 

Quoiqu'il en soit, il savait bien que les Assassins se seraient résolus à le tuer, vu l'importance des informations qu'il avait apprises. Le justicier se doutait évidemment que Supa y était pour quelque chose s'ils n'en avaient rien fait. Cependant, du jour au lendemain, la Voleuse avait décidé de couper les ponts. Leur relation ne pouvait pas continuer de toute façon, étant donné ses obligations envers les Assassins. Depuis, Sun n'avait jamais eu l'occasion de croiser son chemin de nouveau.

 

 

-Comment ça, je t'ai manqué ? Ce n'est pas moi qui ai décidé d'arrêter, à ce que je sache.-Tu sais que je n'avais pas le choix, ne joue pas à ça.

-T'as raison, je ne suis pas là pour jouer… Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda de nouveau le Justicier.

-Une mission, dont je ne peux naturellement pas te parler, tu l'imagines bien.. Mais je pourrais te poser la même question. Qu'est-ce que tu fais ici, Sun ?

-A vrai dire, pour à peu près la même raison que toi, on pourrait appeler ça une mission,j'imagine. Je poursuis un criminel en fuite.

-Et où ce criminel fuit-il ?

-Au Yémen. »

 

Ce ne pouvait être une coïncidence. Ainsi, le Justicier se rendait au même endroit qu'elle, par la force des choses ? Malheureusement, elle ne comptait pas réellement sur l'aide de Sun, en regard de ses considérations pour les Assassin. Mais cela l'intriguait tout de même, qui était l'individu que Sun recherchait ? Elle s'apprêtait à lui poser la question lorsque, tout à coup, un coup de feu, étouffé mais bien audible, retentit dans l'aéroport.

 

« Un rapport avec ta mission ?

-Non. Je ne l'espère pas en tout cas. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Médecin, l'Ingénieur, le Maître d'Armes et le Détective.

 

« Oh oh oh, tu m'avais manqué, cher… David, c'est bien ça ? Je n'oublie pas facilement le nom de mes interlocuteurs.

-Interlocuteur mon cul oui ! Tu m'as torturé, espèce d'enfoiré, alors ferme ta gueule maintenant ! Tu serais déjà mort si je l'avais voulu.

-Alors qu'est-ce que tu attends ? Fais-le. Mais laisse-moi te dire une chose avant. Tu sais, depuis notre échange, j'ai un peu réfléchi, et si les Assassins ont mal pris ta petite digression, tu serais le bienvenu chez les Templiers. Tes compétences scientifiques semblent incontestables, et tu aurais bien plus de matériel pour travailler chez Abstergo, où tu pourrais rencontrer d'autres éminents scientifiques. Je suis sûr qu'après une discussion avec notre Grand Maître, ce dernier pourrait t'accepter en dépit de ton passé professionnel. Et puis, ce ne sera pas pareil chez les Assassins désormais, après ta faute d'hier soir, même si tu n'étais plus toi-même, on est d'accord. En bref, tu n'as pas à continuer cette discussion avec moi. Mais maintenant, je suis sûr que tu vas lâcher ton arme, et ce très doucement…

-Ferme-la j'ai dit ! »

 

David était à bout de nerfs. Il avait le pouvoir de mettre fin à la vie de ce Templier en un instant. En temps normal, le scientifique n'aurait pas douté une seule seconde. Il pouvait en finir, alors pourquoi hésitait-il ? Une proposition pour rejoindre les Templiers, sérieusement ? A vrai dire, les idéaux des Assassins l'avait toujours dépassé, et ce n'était pas réellement pour eux qu'il s'était engagé sur cette mission mais il savait malgré tout que rejoindre les Templiers était la pire des options : hormis les avantages que cela lui conférerait, David gardait son sens moral. Même s'il devait avouer que cette proposition était diablement tentante et avait eu le mérite de le troubler, le déconcentrer un instant… L'Ingénieur resserra l'étreinte de sa main dextre sur son arme.

 

« Alors, qu'est-ce que tu en dis ? » lâcha le Templier d'un air détaché.

 

C'était la phrase de trop. David reprit ses esprits, et appuya sur la gâchette, ce qui eut pour effet de déclencher un cliquetis léger. Merde, il n'avait pas rechargé l'arme ! D'un geste aussi vif qu'il le put, il fit ce qu'il avait à faire et ni une, ni deux, enclencha la culasse du pistolet dans un mouvement de va-et-vient. Mais Sora n'attendit pas aussi longtemps pour réagir. Dès qu'il entendit le son du tir raté, il se retourna aussi vite que possible et tenta de désarmer l'Ingénieur. Malheureusement, ce dernier avait tout juste eu le temps de recharger et, bien que son bras fut dévié par le Docteur, il tira en direction de Sora.

 

https://www.youtube.com/watch?v=2k4os5vzyag

 

La détonation émit un bruit assourdissant dans les toilettes vides. Sora fut projeté en arrière et perdit l'équilibre. C'était la première fois qu'il se faisait toucher par une arme à feu, et bien que le projectile l'avait atteint sur le flanc, la douleur immédiate fut vive. Le Templier se releva peu après, la main au côté. 

« Mais qu'est-ce qui t'a pris, putain ? Et c'est moi qu'on traite de cinglé ? On est dans un aéroport, je te fais une proposition honnête et tout ce que tu trouves à faire, c'est me tirer dessus ? »

 

 

En effet, David n'avait pas réfléchi aux conséquences… Bordel, héla-t-il avant de lâcher son arme. La déflagration n'avait pas du passer inaperçu dans l'aéroport bondé de monde. Il ne pouvait pas rester là, il allait se faire attraper d'un instant à l'autre. L'homme de science sortit des toilettes, feignant un comportement habituel, mais sa nervosité devait se voir et il ressentait l'oeil lointain des gardes se tourner vers lui.

 

Le chef de la sécurité de l'aéroport fut de fait immédiatement aux aguets. Après avoir fait vérifier toutes les vidéos de surveillance, il avait déterminé l'identité de l'homme qui avait tiré. Il ne serait peut-être pas facile à retrouver parmi la foule mais l'endroit était bouclé de toute façon.

 

David se mit donc à courir vers la sortie, et, du mieux qu'il put, tenta de passer loin des gardes. Mais désormais, ces derniers l'avaient repérés, et, se dirigèrent à plusieurs vers lui.

Tentant de fuir à travers la foule, David fut rapidement débordé et quatre hommes l'entouraient bientôt.

 

Il n'aurait servi à rien de lutter, autant prendre son pistolet et se tirer une balle dans la tête. L'Assassin ne pouvait que se rendre, il allait payer les conséquences de son acte, voilà tout.

 

Le grabuge n'avait pas échappé au Détective, qui était alerte depuis qu'il avait entendu ce coup de feu. Il avait repéré au son émis par l'arme d'où le coup avait été tire, et avait vu l'Assassin qu'il avait kidnappé la veille sortir des toilettes l'air nerveux. Que s'était-il passé, était-il possible que Sora l'avait rencontré ? Ou le maître d'Armes ? Quoiqu'il en soit, l'Assassin s'était rapidement fait rattraper par les autorités de l'aéroport.

 

Ne perdant pas de temps, Ted se dirigea vers les toilettes. Il ouvrit la porte rapidement et trouva un Médecin bien mal en point. Ce dernier, assis à terre contre le mur, se tenait le flanc gauche de la main dextre et perdait du sang. Non pas abondamment, mais en quantité tout de même. Merde !

 

« Qu'est-ce qu'il s'est passé bon sang ?

-Oh j'ai eu de la chance. Si cet Assassin n'avait pas été stupide, j'aurais pu avoir une balle dans la tête, rigola-t-il avant d'émettre un gémissement de douleur. Je rigolerais peut-être un peu moins dans ce cas…

-Bon dieu Sora, tu as besoin de soin… Viens, je vais t'aider. »

 

Le détective n'aimait pas particulièrement cet homme mais il savait faire la part des choses. Le blessé qui se tenait devant lui était un camarade de mission, et un collègue de surcroît, il l'aiderait donc autant que faire se peut. Il prit le Médecin par l'épaule et l'aida à se relever. Ce dernier eut un peu de mal mais réussit finalement à tenir debout, et les deux Templiers commencèrent à avancer lentement.

 

« Ne dis rien, lui lança Sora. Allons juste trouver Francis et décampons d'ici. »

 

Le Maître d'Armes avait lui aussi été attiré par le bruit et, paré à toute éventualité, avait fait affréter son avion plus tôt que prévu. Francis s'était ensuite dirigé vers le lieu d'où était provenu le bruit où il avait aperçu ses deux collègues. Ces derniers avaient hésité quelques instants en le voyant arriver, puis l'avaient reconnu malgré son changement de visage. Calme malgré la situation, Francis avait décidé d'aider Ted pour épauler le Médecin.

 

Alors que de plus en plus de regards se dirigeaient vers eux, le Maître Templier les dirigea tous deux vers la zone d'embarquement. Au portique où des hommes auraient dû habituellement les fouiller, les trois Templiers tombèrent sur le regard dubitatif des gardes, auquel Francis se contenta de faire un signe de main additionné d'un ordre autoritaire : « Laissez-nous passer » . D'abord suspicieux, les cerbères les laissèrent passer comme si de rien n'était lorsque leur chef approuva d'un signe de tête.

 

La zone d'embarquement était presque vide, étant donné l'horaire et la panique passagère qu'avait pu provoquer un coup de feu ici, à Heatrow. Quoiqu'il en soit, les trois hommes traversèrent la grande salle d'un pas rapide pour se diriger vers les pistes. A le sortie les attendait une voiture, dans laquelle ils s'engouffrèrent tous trois, prenant soin de ne pas embarrasser encore plus Sora. Le chauffeur démarra en trombe puis roula en direction du jet, leur ticket de sortie pour s'échapper de cet enfer.

 

Francis ne prononça pas un mot, se contentant de réfléchir. Avaient-ils des ennemis partout ? C'était sans doute un Assassin, vu le timing de cette attaque. Alors eux aussi étaient sur le départ. Etait-ce possible que c'était pour la même raison qu'eux ? La probabilité était faible mais présente tout de même. Le Templier expert jeta un coup d'oeil à sa droite, et eut le temps d'apercevoir Ted qui tentait de ralentir la perte de sang. La blessure était superficielle et ne tuerait sans doute pas Sora, mais avec quelles séquelles s'en sortirait-il ? Francis tâta la boîte cubique qui était dans sa poche.

 

Elle contenait une fiole de remède, qui aurait très bien pu suffire à soigner le Médecin, mais d'autre part, l'homme masqué ne voulait pas user d'un tel atout aussi tôt, cela aurait pu lui être utile bien plus tard dans cette chasse au Fragment d’Éden. Malgré tout, le Templier restait confiant : à bord de son avion, il y avait le nécessaire pour soigner ce type de blessure et même plus encore, dans des mains habiles. Malgré tout, Francis n'aimait pas ce départ précipité. Il détestait en général être pris de court, et devoir prendre des décisions au dépourvu, malgré sa capacité légendaire à gérer les situations de crise.

 

Quelques minutes plus tard, les Templiers avaient atteint leur objectif : l'avion du Maître d'Armes se tenait fièrement au départ de la piste. Le jet noir était bien assez grand pour eux trois, et, Francis possédant un brevet de pilote, il pourrait s'acquitter de conduire pendant le voyage, préférant n'emmener personne d'autre sur une telle mission y compris son propre personnel. Ce n'était pas l'avion le plus rapide, mais il était assez résistant même en cas d'intempérie, et pouvait effectuer de longues distances. Un choix tout indiqué. Sora émit un nouveau gémissement de douleur et Francis remarqua que son teint était devenu livide : sa blessure l'avait malgré tout bien affaibli.

 

Sans un mot, les collègues du Médecin le dirigèrent à l'intérieur de l'avion, et leur synchronicité eut pour effet de surprendre Sora, qui ne s'attendait pas à un tel travail d'équipe de ses coéquipiers. Ces derniers le déposèrent sur une couche disposée dans l'avion, sans doute en cas de long trajet. Le docteur profita d'un court moment de soulagement en s'allongeant, avant que la douleur de la blessure ne l'assaille de nouveau.

 

« Qu'est-ce qu'on peut faire ? demanda Ted d'un ton paniqué.

-D'abord essaie de te calmer, il va avoir besoin de toi sur ce coup. Tu sais traiter des blessures comme celle-là? Tu t'en sens capable ? Lui répondit Francis d'un air on ne peut plus détendu.

-Avec du matériel et un peu de temps, je pourrais sans doute me débrouiller, oui.

-Sora ? T'es toujours avec nous ? Interrogea le Maître d'Armes.

-Toujours. Pas. Mort, répondit-il en souriant, malgré la douleur de plus en plus vive.

-Très bien, tu vas guider Ted, tandis qu'il essaiera de soigner ta blessure. Et surtout, ne cède pas à la douleur, reste avec nous. »

 

Sora eut un éclat de rire dissonant. Quelle ironie. C'était un spécialiste pour faire souffrir les gens, mais il n'avait enduré la souffrance lui-même que très rarement. S'il s'en sortait, ce serait une bonne leçon pour lui. Et d'autre part, cela confirmait ses soupçons : une arme à feu était un très mauvais choix pour la torture, la douleur étant trop vive et concentrée pour garder l'esprit de l'individu en question fixé sur quelque chose. Il n'avait que très rarement tort sur ces choses là, pensa-t-il tendit que Ted tentait de bloquer l'hémorragie avec des bouts de tissu trouvé ça et là , avec lesquels il appuya fort sur la blessure, ce qui eut pour effet de décocher un énième cri de douleur au Médecin. Mais ce n'était pas une si mauvaise idée d'essayer de bloquer l'effusion de sang, il le savait lui-même, le Détective pourrait gagner du temps pour le soigner.

 

Francis se mit alors au poste de commande. Il appuya sur quelques boutons du tableau de bord, qui fut illuminé ensuite par de nombreuses lumières. Après avoir tiré quelques manettes et actionné d'autres engrenages, les moteurs vrombirent : l'avion était démarré. Il s'empara du micro du capitaine de bord et avertit les deux Templiers. « Nous sommes sur le point de décoller, donc, attachez vos ceintures… Ou bien en tout cas, attachez-vous à ce que vous pouvez, ça va secouer. »

 

L'avion se mit en marche et commença à rouler. Doucement d'abord, puis l'accélération fut de plus en plus rapide. Quelques secondes et quelques centaines de mètres parcourus plus tard, le jet privé quitta la surface du sol : le décollage était réussi. Il ne restait plus qu'au Maître d'Armes de s'efforcer d'effectuer un voyage sans encombre.

 

A l'arrière, Ted restait tout de même paniqué. Sora était de plus en plus intenable et gigotait dans tous les sens. Le détective allait avoir besoin d'aide pour soigner l'homme en souffrance…

 

 

 

 

L'Artificier, La Voleuse et l'Ingénieur

 

https://www.youtube.com/watch?v=-JBKyLZd6GA&list=PL54DB870D10722767

 

Qu'est-ce qui avait bien pu passer par l'esprit de David ? L'Artificier savait que l'emmener avec eux était une mauvaise idée, et celui-ci lui donnait une preuve supplémentaire. Rami se baladait tranquillement, mais toujours à l'affût lorsque le coup de feu avait retenti. Tout s'était passé très vite, mais peu de temps après, il avait pu voir l'Ingénieur se faire attraper au milieu de la foule et tout le monde avait repris son calme, aussi rapidement que la panique était venue.

 

Malheureusement, l'Ingénieur allait sûrement être incarcéré maintenant, ou au moins retenu sur le territoire du Royaume-Uni, ce qui ne l'arrangeait pas pour leur mission. Et si c'était ça la solution ? Si David était retenu ici, il ne pourrait pas les accompagner, et le souhait initial de l'Artificier serait réalisé. Malheureusement, sa sœur ne l'entendrait sans aucun doute pas de cette oreille, et ils allaient encore devoir se débrouiller pour faire libérer le scientifique.

 

Cherchant Supa du regard, cette dernière vint rapidement à sa rencontre. Elle avait l'air paniqué.

 

« Ils l'ont eu. Ils ont eu David. Tu as vu ce qu'il s'est passé ?

-Non, je n'ai rien vu, à part son arrestation. Qu'est-ce qu'il lui a pris ?

-Je ne sais pas, c'était vraiment mal vu de sa part...constata la Voleuse. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

-Quoi, tu n'as pas déjà pensé à un plan pour le libérer ? Je ne sais pas, si la situation le nécessite vraiment, on pourrait juste...je ne sais pas, partir sans lui peut-être. Tu ne crois pas ?

-C'est hors de question. Et puis il doit encore se justifier devant nous. »

 

L'Ingénieur se réveilla dans une pièce sombre. Il était dans la pénombre, attachée à une chaise. Il avait un sac sur la tête et les mains attachées derrière le dos. Il ne voyait rien, mais sentait la respiration d'une autre personne dans la pièce. Soudain, le sac lui fut arraché de la tête et une vive lumière s'alluma bruyamment, agressant du même fait le fond de ses rétines oculaires, ce qui lui arracha un grognement de douleur. Par réflexe, il ferma les yeux.

 

Qui l'avait amené ici ? David se rappelait que les gardes de l'aéroport l'encerclait, puis il avait été violemment assommé avant de perdre conscience. Une voix s'éleva, venant de derrière lui.

 

« Alors qui es-tu exactement ? Un terroriste, c'est ça ? Tu voulais buter une ou deux personnes et faire la une du journal ?

-Evidemment, espèce de génie, et c'est pour ça que j'ai lâché mon arme avant de m'enfuir en courant.

 

L'homme lui décocha un crochet du droit en plein visage.

 

-Je m'en fous de la raison du pourquoi, au fond. Ce que je veux, c'est que tu me balances tes complices. T'étais pas tout seul n'est-ce pas ?

-Tu vas être déçu, je ne ferais pas ça une fois de plus. Alors qu'est-ce que tu vas faire ? Continuer de me frapper ? Sois honnête avec toi même, tu vois bien que je ne suis pas dangereux.

 

Un coup supplémentaire plus tard, le vigile demanda :

-Pour qui tu travailles, espèce de salopard ? Tout ce que je vois, c'est que tu as essayé de buter quelqu'un il y a quelques minutes.

-Je travaille pour assurer la liberté de tous, en quelque sorte.

-Espèce de taré. »

 

Supa et Rami se tenait au milieu de l'aéroport. Ils avaient longuement discuté, et avait élaboré un plan plus que bancal. Ils retrouveraient où était retenu David et l'en ferait sortir, usant de la force s'il le faut, mais tout en restant incognito. Ensuite, ce dernier retournerait chez les Assassins pour faire son rapport, un fugitif ne pouvant pas passer les frontières aériennes en Angleterre. Pour la mission, ils seraient obligés de se débrouiller sans lui. Un soulagement pour Rami, mais au contraire un gâchis sans nom pour Supa.

 

Toujours sur leurs gardes, les deux jumeaux firent une reconnaissance rapide des lieux.« D'après moi, il doit être retenu dans la loge de la sécurité ici. C'est la plus près de l'endroit où il a été attrapé. Pour éviter la panique, les autorités auront décidé de le cacher le plus rapidement possible, analysa à juste titre la Voleuse.

-Je suis d'accord. Ca nous avance à quoi ? On va pas voler la clé à un garde quand même ? C'est nous qui risquons la prison pour le coup.

-Rami, tu me déçois… On est des Assassins, voyons, c'est pas une porte qui va nous arrêter… Couvre mes arrières. S'ils sont occupés avec lui, il y a une chance qu'ils ne regardent pas les vidéos de surveillance. »

 

Rapidement, la Voleuse tenta de crocheter la porte d'une main experte. Cette dernière ne lui résista pas bien longtemps et céda bientôt. La pièce dans laquelle elle débouchait était vide, mais de nombreux écrans de surveillance occupaient le mur en face d'eux. A leur droite, une nouvelle porte, fermée mais pas verrouillée, laissait passer de fins rayons de lumière. D'un coup de pied brutal, l'Artificier défonça la porte.

 

A leur entrée dans la pièce suivante, ils virent l'ingénieur assis sur une chaise en train de se débattre, tandis qu'un homme levait les mains en l'air.

 

« Oh, oh, du calme, s'exclama-t-il. Je viens d'avoir des ordres contraires, on m'a dit de le relâcher et de vous laisser tranquilles alors soit, mais décampez vite fait. Je ne réponds plus de vous. »

 

Malgré une certaine sorte de soulagement, Rami et Supa avaient du mal à comprendre. De quoi parlait cet homme ? Quel ordre ? Quelqu'un était de leur côté ? Entre ça et leurs téléphones mis sur écoute, les Assassins avaient la très désagréable impression d'être épiés, surveillés en permanence. La question était de savoir si la personne qui les surveillait leur voulait du bien ou du mal. Quoi que ce quelqu'un leur veuille, il allait devoir en répondre dès qu'ils l'auraient trouvé.

 

Rami desserra les liens de son frère d'armes et l'emmena à l'extérieur, rapidement suivie de sa sœur.

 

« Tu veux bien nous expliquer ? Grogna l'Artificier. Tu peux pas juste arrêter avec tes idées à la con et aller te faire foutre ?

-Hmmm, dans quel ordre ? Je n'ai pas vraiment envie de rire. Il était là devant moi… L'homme qui m'a fait ça, ce tortionnaire, était à l'aéroport. Et je l'ai raté… Enfin, je crois l'avoir touché, mais il n'était pas mort quand je suis parti… J'aurais pu en finir… lâcha David dans un râle désespéré. Pardonnez-moi, si vous le voulez bien. Je n'ai oeuvré que pour le bien de notre mission, les Templiers, en toute circonstance, restent une menace.

Tu aurais dû mesurer tes actes, ajouta la Voleuse. Tu as de la chance, tu as un ange gardien aujourd'hui. Je me demande à quoi est due ta libération. Cet homme t'a frappé ? Demanda-t-elle en constatant les légers bleus sur le visage de l'Ingénieur.

-Emmené dans une petite pièce et torturé… L'histoire se répète, on dirait. Tu as dit quoi que ce soit ? Renchérit Rami.

-Pas cette fois, pas d'inquiétude. »

 

Les trois Assassins se dirigèrent sans plus attendre vers la zone d'embarquement. Leur avion partait maintenant dans une demie heure, ayant été légèrement avancé. Ils discutèrent de choses et d'autres, les jumeaux décidant de parler de leurs soupçons à David. La tâche qui attendait les Assassins n'allait pas être simple si d'autres factions en plus des Templiers s'intéressaient à eux. Comme prévu, et aussi inexplicable que cela puisse paraître, les trois Assassins passèrent à travers le portique de contrôle sans encombre, les gardes ne prêtant même pas attention à eux.

 

Supa détestait avancer à découvert, la discrétion ayant toujours plus été de son acabit. Dans la zone d'embarquement, elle croisa de loin le regard du Justicier auquel toute l'agitation n'avait pas échappé. Sun regarda Supa, dépité de voir que c'étaient bien les Assassins la cause de la panique passagère dans l'aéroport. Il ne préféra pas aller lui reparler, le frère de la Voleuse ne l'ayant jamais apprécié de toute façon. Et c'était réciproque , alors il n'allait pas le blâmer pour ça.

 

La Voleuse regrettait cette époque lointaine. Sun avait tout pour lui plaire. Mais malheureusement, il n'était pas encore prêt à comprendre la nécessité de certains sacrifices. Peut-être un jour il le serait. Elle pouvait attendre. Mais ce qu'elle regrettait par dessus-tout, c'était la manière dont toute cette histoire s'était finie. Elle jeta un coup d'oeil à son frère qui avait l'air encore plus préoccupé qu'elle.

 

En réalité, Rami était sur ses gardes. Il guettait dans la zone d'embarquement le moindre mouvement suspect, le moindre comportement ou individu qui aurait pu sortir de l'ordinaire. D'ailleurs, il crut reconnaître au loin ce prétentieux dont sa sœur s'était amouraché il y avait quelques années de cela. Mais hormis cela, il ne remarqua rien ni personne qui ne lui sembla suspect.

 

L'Artificier repensa à la discussion qu'il avait eu avec sa sœur : il était franc avec lui-même, s'il venait à abandonner sa sœur à un moment, ce serait vraiment à cause d'un événement précis, un déchirement qui aurait lieu. Un coup de colère qui le pousserait à faire l'irréparable ? Il préférait ne pas y songer. Mais il avait peur de ce moment, ce moment où il pourrait abandonner sa sœur pour ses propres ambitions. Il ressentait une grande affection pour elle, malgré leurs différends… Pourrait-il vraiment déborder à un moment et faire des choses qu'il regretterait plus tard ?

 

L'attente fut moins longue que prévue, les 3 Assassins étant préoccupés avec chacun leurs propres problèmes. Vint enfin le moment d'embarquer, tous les passagers étant emmenés à l'avion par une navette. Rami, Supa et David durent attendre quelques minutes puis montèrent dans l'avion, suivis de près par le Justicier. Leur avion était constitué de trois rangées de places, une de chaque côté de l'avion et une au milieu. Les Assassins se placèrent dans celle du milieu, à mi-longueur de l'avion quand le Justicier se plaça, quant à lui, au fond à droite, près du hublot. Il pouvait apercevoir l'aile de l'avion et repensa à ce départ pour le moins précipité…

 

Les hôtesses de l'air commencèrent alors leur speech :

 

« Mesdames et Messieurs, bienvenue sur ce vol, vous voyagez en compagnie de Air Turkish. Nous allons dès à présent vous indiquer les consignes de sécurité. Tout d'abord, les issues de secours signalées par un panneau Exit sont situées à l'avant, au centre et à l'arrière de l'appareil. Les ceintures s'attachent et se détachent de cette façon. En cas de dépressurisation de la cabine, des masques à oxygène tomberont automatiquement devant vous. Tirez sur un masque pour libérer l'oxygène, placez-le sur votre visage et respirez normalement. En cas de nécessité, prenez le gilet de sauvetage situé sous votre siège, et gonflez le en tirant sur les poignées rouges. Veuillez consulter les consignes de sécurité citées dans le manuel situé devant vous. En vue du décollage, nous vous prions de bien vouloir redresser votre siège et replier votre tablette, merci de votre attention. Ladies and Gentlemen... »

 

Sun sourit à cette pensée. Rien de grave n'allait arriver durant ce vol, n'est-ce pas.. ? Peu après, les moteurs se mirent à vrombir et l'avion put enfin décoller, ce qui eut pour effet de coller les passagers à leurs sièges. Tous étaient donc partis vers le Yémen désormais…

 

 

 

L'Agent secret

 

https://www.youtube.com/watch?v=SEw0PPcNdHY&index=40&list=PL54DB870D10722767

 

Piko avait repéré les trois Assassins discutant, de loin. Puis ces trois-là s'étaient séparés, et alors il n'avait plus fait attention à eux. Mais ça, c'était avant le coup de feu. Tout avait commencé par un coup de feu. Puis la panique. Comme il l'avait craint, tout ceci était du fait des Assassins, et plus particulièrement du troisième, celui qui accompagnait les jumeaux. Devait-il les appréhender ? Les gardes s'en étaient chargés, pour le tireur en tout cas.

 

Seulement, les choses avaient changé. Désormais, Piko ne suivait plus les Assassins pour les appréhender à la moindre infraction, ça non. En effet, il avait découvert que ces derniers recherchaient une arme, une arme dangereuse qui pourrait être utilisé à mauvais escient entre de mauvaises mains. Et maintenant qu'il savait ça, c'était presque sa nouvelle mission de mettre la main dessus, pour échapper à la catastrophe. Il devait aider le scientifique à s'échapper. Les gardes l'avaient enfermé dans le poste de surveillance d'où il n'était pas ressorti.

 

Et cette fois, pas question de compter sur l'influence de son organisation. Il ne s'agissait pas d'éviter une fouille cette fois, mais de faire libérer un potentiel terroriste. Son plan était simple cependant. Il toisa toute la salle jusqu'à trouver la personne qu'il cherchait : le chef des gardes, qu'il reconnut grâce à son accoutrement différent des autres vigiles, et sa propension à donner des ordres et dominer les autres. L'Agent Secret se dirigea vers lui, feignant un air affolé.

 

« Venez voir, vite j'ai besoin d'aide. Je viens de passer par les toilettes, et je crois qu'il y a un colis abandonné. Ce pourrait être une bombe.

-Quoi ? De quoi parlez vous ? Hey Davis, va voir un peu. »

 

Merde. Ca ne marcherait pas aussi facilement que prévu. Un garde roux et frêle se dirigea vers lui et le suivit vers les toilettes.

 

Davis ne pouvait imaginer une pire journée: une alerte à la bombe, et c'est lui qui devait aller vérifier ? La prochaine fois, il irait envoyer le chef se faire voir. A mesure qu'ils approchaient des toilettes, l'homme qu'il suivait augmenta son allure de marche et était à bonne distance de lui lorsqu'il le vit pénétrer dans les sanitaires. La porte se referma derrière l'homme. Davis prit une grande inspiration, et y entra, baissant sa garde pour un instant. L'instant de trop.

Le chef des gardes reçut un appel. C'était Davis. « Chef venez voir, je crois qu'on a un problème », lui dit-il avant de couper la transmission. Que se passait-il ? C'était vraiment une bombe ? Son subordonné ne l'aurait sûrement pas appelé pour rien, sans doute pas. Le haut gradé ouvrit la porte des toilettes sur ses gardes, avant de comprendre. A sa droite, l'homme qui avait soi disant vu une bombe lui plantait un pistolet sur la tempe. Davis, lui était sonné à terre.

 

« Votre arme. A terre, lui ordonna Piko.

 

Il s'exécuta.

 

-Qu'est-ce que vous me voulez ?

-Maintenant vous allez faire exactement ce que je vous dis. Qui est au poste de surveillance actuellement ? Demanda l'Agent Secret.

-Aucune idée… Luis peut-être ?

-Appelle le, rajouta Piko. Dis-lui de libérer son prisonnier. Une fois que tu auras fait ceci, tu appelleras également les autres gardes, et tu leur diras que s'ils aperçoivent un trio, dont l'homme qui a été appréhendé, et deux jumeaux, un frère et une sœur, qu'ils les laissent tous trois tranquilles. Trouve une excuse, ce sont des agents en mission infiltrés par exemple. N'essaie même pas de me faire faux bond, je le saurais. Si tu fais tout ce que je te dis, tu peux être assuré que personne ne sera blessé et que ton cerveau ne repeindra pas ces murs avant la fin de l'après-midi  » finit Piko en visant la tête du chef. 

 

Il se surprit lui-même à être aussi cruel dans ses propos, mais le fait est que ce dernier s'exécuta. Après leur avoir rappelé une dernière fois la menace qui pesait sur eux, Piko laissa le haut gradé et son subordonné dans les toilettes. En sortant, il vit les trois Assassins passer le poste de garde sans encombre, et, sans attendre, il les suivit bientôt. Sans se faire fouiller, il put traverser le poste sans encombre.

 

Bientôt vint l'embarquement, puis le décollage. Le trajet durerait environ 4h. De quoi se retrouver seul avec soi-même. Il aurait largement de quoi s'occuper, en théorie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Professeur et l'Etudiante.

 

Décidément, le Professeur était plein de ressources. Jett n'avait jamais pris l'avion, et elle ferait donc son baptême de l'air aujourd'hui. Pour l'instant, le Professeur se contentait de donner des instructions au capitaine du bateau. Bien évidemment, ils n'auraient pas pu décoller en plein milieu du port, ils n'auraient eu aucune chance de partir sans s'écraser contre un bateau, ce qui aurait été assez handicapant, dans ces circonstances.

 

Le Prof avait donc acceptée d'emmener Jett et de la protéger. C'était un honneur, et même une fierté pour l'Etudiante, elle l'avait toujours voulu après tout. Elle avait du mal à éclater de joie, mais c'est sans doute ce qui se serait passé si Jayden lui avait proposé une telle chose une semaine plus tôt. Il fallait qu'elle gère simplement le stress et se montrer sous son meilleur jour, pour conforter le Professeur dans sa décision de l'avoir emmenée avec lui. Elle savait qu'elle pourrait se rendre utile le moment venu par des interventions pertinentes, découlant de sa réflexion rapide. Pour sûr. C'est pour cela que Jett demanda un briefing complet à l'homme qui se tenait devant elle, afin de partager les mêmes informations que lui.

 

« Je vais te faire un rapide topo, nous avons le temps maintenant, je ne pense pas qu'ils nous suivront jusqu'ici. Pour commencer, je suis actuellement en train d'écrire un nouveau livre. Qui traite d'ethnologie, si on peut résumer ça comme ça. Tu t'es déjà intéressée à l'étude des différentes civilisations jusqu'à nos jours, je présume ?

-Oui, évidemment, notamment grâce à mon cursus. Je dois avoir des connaissances plus élevées que la moyenne sur le sujet.-Bien. Alors figure-toi que j'ai fait de nombreuses recherches sur le sujet, et que de nombreux mystères anciens restent en suspens. Notamment un qui m'a plutôt intrigué. D'après ce que j'ai trouvé, tout porte à croire qu'une civilisation perdue aurait connu un essor considérable il y a bien longtemps, à une époque où on pensait qu'il n'y avait que des tribus d'hommes primitifs. Ca peut paraître difficile à croire. Mais je n'avance pas cela sans aucun argument, tu peux me faire confiance. Tu me suis ?

-Continuez, répondit Jet sans perdre un instant.

-Si je te raconte tout ça, c'est que ce n'est pas sans rapport avec notre voyage du jour. Ce que l'homme mystérieux m'a apporté hier semble être un message de cette civilisation. Je ne suis pas sûr à 100 % de ce que j'avance, bien entendu, mais toujours est-il que le message était écrit dans une des plus anciennes langues du monde. Et puis il utilisait un système de repérage moderne, ce qui a le don de piquer ma curiosité. Je vais te faire part de mes impressions : au mieux, nous sommes sur le point de faire une découverte majeure, qui pourrait changer notre perception de l'histoire à tout jamais ; au pire, nous sommes sur la piste d'un vieux trésor, ce qui peut toujours s'avérer intéressant » lui lança-t-il avec un clin d'oeil.

 

L'humeur étonnamment joviale du Professeur lui remonta le moral. Et puis, elle avait noté le « nous » que Jayden venait d'utiliser… Considérait-il qu'ils formaient tous deux une équipe ? Jett ne pouvait rêver mieux. Il ne fallait pas qu'elle le déçoive. Pas question, donc, de lui parler d'individu étrange dans des limousines ou de rêves bizarres. Non, pour le moment, il fallait rester concentré sur le problème en cours. Rester professionnelle. Au pire, elle pourrait lui en parler plus tard, mais ce n'était pas du tout une priorité.

 

https://www.youtube.com/watch?v=--gMYXgixR4

 

Ils s'étaient un peu éloignés de la côte lorsque le Professeur indiqua au capitaine de stopper le navire. Ils étaient assez loin maintenant. Guidant Jett vers le hangar , le Professeur semblait un peu fébrile.

 

« Il se passe quelque chose ?

-Rien de grave, lui répondit-il. C'est juste que ça fait longtemps que je n'ai pas conduit ce diable d'engin, et il est capricieux parfois.

-Génial pour mon baptême de l'air… C'est la première fois que je monterai dans les airs.

-Est-ce de la peur que je sens dans ta voix ? La railla-t-il gentiment.

-Pas du tout. »

 

Une fois de plus, Jett et Jayden pénétrèrent dans la grande pièce. Le Professeur indiqua à l'étudiante de se placer à côté d'une sangle qui tenait l'avion en équilibre et de commencer à la desserrer. Il fit de même à l'opposé, ainsi que le capitaine. Le Professeur éleva la voix « A 3, lâchez tout… 1,2...3 ». Simultanément, l'Etudiante, le Professeur et le troisième homme lâchèrent leur sangle, et l'avion chuta doucement dans l'eau, éclaboussant Jett du même fait. De l'eau froide, rien de tel pour vous réveiller.

 

Grâce à une passerelle visiblement improvisée et précaire, les deux compères se retrouvèrent à l'intérieur de l'avion, où le Professeur rejoignit le cockpit. Contrairement à différents appareils de ce type, celui-ci comportait une cabine et même les passagers étaient isolés de l'extérieur. Tant mieux, elle ne risquerait pas de tomber. Plus tôt qu'elle ne l'aurait imaginé, les moteurs se mirent à vrombir et l'avion se mit doucement à se mouvoir.

 

« Prête ?

-Plus que jamais » répondit-elle pleine d'assurance.

 

L'appareil accéléra au fur et à mesure, puis quand la vitesse fut assez grande, il décolla. Le Professeur avait l'air de faire preuve d'une maîtrise impressionnante, malgré ses avertissements

précédents. L'avion fit quelques tours dans les airs afin d'atteindre une altitude suffisante puis entama une trajectoire rectiligne. Jett se risqua à entrer dans le cockpit, où elle vit Jayden déjà à l'ouvrage, vérifiant des instruments de navigation, pour ne pas se tromper de route. Le voyage allait visiblement être assez long…

 

« Oh, tu es là ? Tu devrais retourner aux places des passagers, tu pourras avoir une meilleure vue. Et puis, si tu veux, il doit y avoir quelques uns de mes ouvrages à l'arrière, pour passer le temps. »

 

Mais bien sûr ! Elle en avait presque oublié ce détail, mais elle n'avait jamais vu la Terre depuis le ciel. Presque en courant, elle se dirigea vers l'arrière du véhicule et observa à travers un hublot. La vue était magnifique. D'où elle était, elle pouvait voir parfaitement la frontière entre la Terre et la mer, ainsi que les falaises qui entouraient le port de part et d'autre. Ce serait un souvenir inoubliable. Après s'être extasié une dizaine de minutes supplémentaires sur ce spectacle, et lorsque seule la mer fut encore visible, Jett décolla la tête du hublot. Elle s'amusa de voir que même dans l'avion, le Professeur avait disposé une mini-bibliothèque. L'Etudiante saisit un livre au hasard, puis entreprit sa lecture.

 

Quelques heures plus tard, leur trajet était déjà bien engagé, quand la porte de la cabine s'ouvrit.

 

« Nous avons un problème, Jett, mais rien de grave. Il pourrait y avoir quelques perturbations. »

 

Sur ces mots, Jayden retourna à l'intérieur du cockpit. Droit devant, il pouvait voir des nuages noirs parsemés ça et là d'orages. Une tempête faisait rage, et elle risquait d'être violente.

 

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