La Pierre Philosophale

Chapitre 8 : Chapitre 6

7575 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/12/2016 21:37

???


Nataniel se rhabilla. Il regarda la femme qui se tenait sur son lit. Elle était magnifique. Il avait eu la chance de la rencontrer peu après l'incident. L'incident, ou plutôt la fin de l'ancien monde… Cela avait été un tournant dans sa vie. Depuis qu'il avait touché la pierre, les choses s'étaient améliorées pour lui, en quelque sorte.


Non, il n'était pas mort. La chute avait été douloureuse, et il avait cru que la mort l'emportait, mais le temps passait, et la douleur ne s'en allait pas. Les morts ne souffrent pas. Puisant des ressources inespérées vu son état, il réussit à se sortir des décombres et à émerger… Avec la pierre. Grâce à elle, la douleur avait rapidement disparu. Puis, sans attendre, il avait quitté les lieux où ne régnaient plus que mort et désolation, avant que des curieux ne viennent fourrer leur nez.


Nataniel avait ensuite tenté de refaire sa vie, incognito. Il avait marché des jours dans le désert durant avant de trouver un village qui avait échappé à la catastrophe. La soif le tiraillait, mais la pierre le maintenait en vie. Il ne pouvait plus mourir désormais, mais ressentait tout de même de la souffrance due à l'aridité du milieu dans lequel il se trouvait. Cependant, il ne craignait plus rien. Le jeune homme s'était donc installé là, trouvant un travail honnête, et soulagé d'être libéré du joug de ses anciens maîtres.


Il avait raconté son histoire aux gens d'ici, lesquels lui avaient gentiment accordé l’hospitalité. Ils étaient conscients que tout ennemi des Précurseurs était en quelque sorte leur ami. Parmi ceux-là, il avait repéré une sublime créature, et il avait immédiatement su qu'il voudrait passer le restant de ses jours avec elle. Et aujourd'hui, un an plus tard, elle se tenait là, sur le lit conjugal, à attendre qu'il la rejoigne et lui fasse une nouvelle fois l'amour.


Malheureusement, le destin en avait décidé autrement. Quelqu'un toqua à la porte, et Nataniel alla ouvrir. Une femme se tenait dans l’entrebâillement de la porte, et sa mine ne laissait rien augurer de bon.


« Que se passe-t-il ? Se risqua-t-il à demander.

-Des mauvaises nouvelles. Des rumeurs disent qu'ils ont retrouvé ta trace. Tes geôliers. Junon a été aperçue aujourd'hui, à 50 km d'ici. Elle sera là dans un jour, deux maximum. »


Nataniel pensa aussitôt à la Pierre. Si Junon le pistait, ça ne pouvait être que pour ça. Et il s'était engagé à ne jamais la laisser tomber entre de mauvaises mains. Ces mains-là étaient tout ce qu'il y a de plus mauvais. Le lendemain matin, il devrait s'en aller car savait qu'entre ses mains, la pierre ne serait pas réellement en sécurité. Elle lui accorderait l'invincibilité pour un temps, mais il suffisait qu'il baisse sa vigilance un instant, si quelqu'un lui volait la Pierre, il était assuré de mourir l'instant d'après. Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était de cacher ce foutu artefact une bonne fois pour toute. Regardant la femme qui se trouvait sur le lit, il lui adressa tristement :


« Il semble que je vais devoir partir demain…

-Tu fais ce qui est nécessaire, manifestement.

-Mais comme je ne pars que demain, cela nous laisse encore tout une nuit, n'est-ce pas ? »


Sur ces mots, il rejoignit sa femme pour une dernière nuit d'adieu.




L'ETUDIANTE ET LE PROFESSEUR


Jett se prit le visage entre les mains. Pour son premier vol, il fallait évidemment qu'il y ait des perturbations. Ce n'était plus vraiment le moment de lire, malgré l'intérêt qu'elle portait aux travaux de Jayden… En regardant à travers le hublot, elle remarqua le problème auquel faisait allusion le Professeur : un amas de nuages noirs était visible à l'horizon, et cette véritable tempête n'augurait rien de bon.


https://www.youtube.com/watch?v=eBdBdLvrNUY


Mais ça ne l'étonnait guère, sa vie avait toujours été perturbée. Pourtant, elle avait bien commencé… Jusqu'à l'âge de ses cinq ans, Jett vécut avec ses parents, avant que ces derniers ne succombent suite à un incendie. Elle n'avait aucun souvenir d'eux, à part des images de sa mère qui lui revenaient quelques fois, mais cela faisait bien trop longtemps. Ensuite, l'étudiante avait été confiée à une tante maternelle, qui ne fut jamais capable de lui transmettre une quelconque affection, et ainsi, elle avait dû se débrouiller toute seule dès son plus jeune âge. Toutefois, Jett reconnaissait que cela avait pu forger une certaine autonomie et indépendance chez elle, ce qui n'est pas forcément négatif.


L'indépendance contre une enfance envolée ? Cela restait cher payé. Sa tante ne lui parlait que très peu, et lorsque c'était le cas, elle parlait très rarement de ses parents. Malgré les efforts de Jett, cette dernière lui restait insensible. Des années durant, l'étudiante avait tracé sa route, sans l'aide de personne, s'en sortant toujours grâce à son esprit vif et son intelligence supérieure à la moyenne. Dès qu'elle en eut légalement le droit, sa tante l'expulsa du domicile familial, lui assurant seulement une petite aide financière pour payer un loyer.


C'est à peu de choses près à ce moment que Jett est entrée à l'université. Depuis ce jour, sa soif de connaissance n'avait pas diminué. Elle se rappela du premier cours du Professeur auquel elle avait assisté comme si c'était hier. Dès la fin du cours, elle sut que Jayden était un grand homme. Quelque chose dans sa manière d'exposer les faits, de mener son enseignement lui valait d'être admiré par l'étudiante.


Mais tout cela était bien loin maintenant… aussi bien d'un point de vue temporel que spatial d'ailleurs. De toute façon, Jett avait bien confiance en les capacités du professeur pour les sortir de là, et ne lui mettrait pas de bâtons dans les roues. L'Etudiante vit la porte de la cabine s'ouvrir, et un Jayden soucieux en sortir.


« J'ai bien peur qu'on ne puisse pas traverser ça. Enfin, on pourrait, mais je n'ai pas les capacités, pour garantir qu'on en ressorte en vie. Et je préfère jouer la sécurité sur ce coup, on ne voudrait pas qu'un malheureux accident nous tombe dessus, n'est-ce pas ? souria-t-il. Non, pas d'inquiétude, j'ai recalculé des coordonnées de vol afin de contourner cette tempête. Malheureusement, ça devrait nous retarder de quelques heures. Trois, plus précisément, d'après mes estimations. On devrait donc arriver vers la tombée de la nuit, 21h30, heure locale, dans cinq heures au total. Ca risque d'être compliqué de trouver un logement à notre arrivée, mais on avisera. »


Sans attendre un mot de Jett, le Professeur retourna dans le cockpit. Encore 5h ? La barbe, pensa l'étudiante. Encore, si elle avait pu discuter avec Jayden, cela aurait passé beaucoup plus vite, mais elle ne voulait pas risquer, en aucun cas, de le déconcentrer de sa principale tâche : les faire atterrir en un seul morceau près des côtes yéménites. Sentant l'avion changer de direction, et un peu rassurée, l'étudiante attrapa un autre ouvrage et entama la lecture.


Le Prof, quant à lui, songeait surtout aux questions techniques concernant leur aventure qui ne faisait que commencer. En effet, il savait que la compréhension de la langue locale ne devrait pas poser de soucis, et qu'au pire l'anglais pourrait le sauver, mais il ne savait pas réellement par où commencer. La priorité, à leur arrivée, était tout de même de trouver un logement et un moyen de rejoindre la capitale yéménite. Contrairement aux apparences, le Yémen abritait un grand patrimoine archéologique, et en particulier la capitale, fondée sur une vieille ville datant d'au moins dix siècles pour les premières habitations. Les deux compères pourraient commencer leurs recherches ici, et trouveraient peut-être quelque chose avec un peu de chance.

Gardant son attention sur le ciel, il avait engagé leur nouvelle trajectoire pour contourner la tempête. Comme pour se rassurer lui-même, le Professeur chuchota « Tout va bien se passer ».

Il avait encore 5h à passer avec lui-même dans ce fichu cockpit.


Jayden se mit alors à songer à tout le chemin qu'il avait parcouru. Il était loin le professeur timide qui osait à peine élever la voix dans le grand amphithéâtre il y a une douzaine d'années. Enfin, malgré le fait que tout en Jett lui rappelait cette lointaine époque de sa vie, bien sûr. La soif de connaissance de cette enfant l'enchantait et l'enthousiasmait, c'était rare chez une personne de son âge. Aussi rare qu'une qualité digne d'impressionner Jayden.

Au fil des années, le Professeur avait fait de nombreuses découvertes, et avait effectué de nombreux voyages. Mais de ces aventures, il avait rapporté autant de questions que de réponses. Il n'avait jamais pu percer les plus grands mystères de l'histoire, ce qui lui avait apporté beaucoup de frustration. Maintenant, il espérait faire une des plus grandes découvertes du millénaire, et bien… Si cela venait à arriver, il pourrait enfin obtenir la reconnaissance qu'il attendait tant, et qu'il méritait légitimement. Cependant, le fait était qu'il ne savait pas du tout quoi chercher, et que ce ne serait pas de tout repos. Peut-être bien même que ces cinq heures seraient ses dernières heures de tranquillité avant la fin de tout cela. Jett ne lui parlait pas. Sans doute ne voulait-elle pas l'ennuyer, même si un peu de compagnie ne lui aurait pas fait de mal. Après avoir manœuvré pour garder l'avion droit sur ses ailes, il s'enfonça dans son siège.


Quelques heures plus tard, le soleil s'était presque couché lorsque Jett se réveilla. On pouvait toujours apercevoir la moitié de l'astre se coucher sur l'horizon. Jett avait encore fait un rêve étrange comme d'une autre vie, mais n'ennuierait pas le Professeur avec ça. Si le soleil se couchait, c'est qu'ils devaient bientôt avoir atteint leur destination.


En guise de confirmation, elle put apercevoir les côtes yéménites en observant à travers le hublot. L'avion amorça sa descente puis, quelques minutes plus tard, l'avion amerrit à une cinquantaine de mètres de la côte. Jett se dirigea vers le cockpit et rejoignit le Professeur.


« Bien, comment allons-nous atteindre la côte ? »


Le Professeur lui lança un regard, et ce regard voulait dire « Tu vas devoir te mouiller, ma vieille ». Jett soupira, mais elle était déterminée. Le Professeur commença à empaqueter ses affaires dans son sac, et se mit en T-shirt afin de faciliter sa nage.


La jeune fille fit de même et, lorsque Jayden ouvrit la porte de l'appareil, sentit une bouffée de chaleur entrer à l'intérieur. Le climat n'était pas le même ici au Yémen, et les températures restaient douces le soir, avant de refroidir drastiquement la nuit. Au loin, on pouvait voir un village sur la côte. Jayden prit son sac à dos et sauta à l'eau.

(coupez la musique)


L'étudiante s'apprêtait à le suivre lorsque son téléphone sonna. Quoi ? « Les Templiers ne sont plus sur vos traces. Je m'en suis assuré ». Les Templiers ? C'était un message de l'homme de l'hôpital.

Ne prenant pas le temps d'y réfléchir, Jett mit ses affaires à l'abri et descendit de l'avion. La température de l'eau était supportable, et elle commença à nager la faible distance qui les séparait de la plage.

Une fois arrivée là, Jett se demandait ce que le Professeur avait prévu pour la suite. Le village était calme et il n'y avait personne à l'extérieur des maisons, mais l'intérieur de certaines habitations commençait à s'illuminer. Jayden se dirigea vers une maison, où quelqu'un vint lui ouvrir. Il parla alors dans une langue étrangère à l'étudiante, montra l'avion du doigt puis serra la main de l'homme.


« Il a accepté de surveiller l'avion le temps qu'on parte.

-Qu'on parte… Où ça déjà ?

- Sanaa, la capitale, il faut bien commencer quelque part. D'après le vieil homme, c'est à 150 km d'ici. Malheureusement, je n'ai pas vraiment pensé à comment m'y rendre, et ce village a plutôt l'air isolé… Qu'en penses-tu ? »


En discutant, le Professeur et son élève marchaient tranquillement dans le village. Cette dernière observa les alentours et remarqua pas mal de véhicules qui pourraient faire l'objet d'un « emprunt », mais elle n'était pas sûre que soumettre cette idée au Professeur était la meilleure chose à faire… Quoi d'autre ? Il n'avaient pas réellement de monnaie locale et n'auraient pu marchander avec un autochtone pour lui acheter un moyen de locomotion… Plus loin, elle vit un arrêt de bus. Avec un peu de chance, le chauffeur acceptait les devises des touristes, mais le temps d'attendre le bus, ils auraient encore perdu du temps.


« Alors ? »







LE DETECTIVE, LE MEDECIN ET LE MAITRE D'ARMES


https://www.youtube.com/watch?v=hg9XPcPKYAQ&list=PL4AC2245EFEE1FABB&index=50


Le Maître d'Armes s'avança dans le hall du bâtiment d'Abstergo. 2 gardes seulement ? C'était presque trop facile. Francis s'approcha du premier en marchant tranquillement. Il se saisit de sa canne, qui se révéla être un fourreau pour une fine lame, et planta cette dernière dans le coeur de son premier adversaire. Il eut le temps de profiter de la face estomaquée du second avant de lui lancer avec précision un couteau entre les deux yeux.


Peu après, une alarme se déclencha et une dizaine d'assaillants envahirent le hall. L'épéiste ne leur laissa pas la moindre occasion d'attaquer et lança une bombe fumigène, plongeant toute la salle dans l'opacité la plus complète. Durant la minute qui suivit, tout ce que l'on put entendre furent les cris étouffés des Templiers, massacrés les uns après les autres par le Maître d'Armes. Ce dernier traversa sans attendre le couloir pour se diriger vers l'ascenseur. Il n'avait qu'un objectif : le dernier étage.


L'ascenseur se mit en route et grimpa les étages avant de s'arrêter subitement. Ce n'était pas ça qui allait l'arrêter. Francis s'empressa de forcer l'ouverture de la porte de l'élévateur et commença l'ascension à mains nues. En effet, parmi ses nombreuses compétences se trouvait l'escalade en milieu urbain, et grimper en haut de l'immeuble ne lui prendrait pas plus de quelques minutes.


Très vite, et après des efforts qui lui semblaient dérisoire, le Maître d'Armes avait atteint le dernier étage. Mais alors qu'il avait ouvert la porte, lui permettant de rejoindre un énième couloir, un Templier lui battait la route. Ce dernier le maintenait en joue avec un pistolet et, sans prévenir, tira une balle dans son coeur. Francis recula d'un pas puis, comme s'il n'avait rien senti, sourit et dégaina une arme à son tour.


«A moi de sortir mon jouet maintenant. »


Sans perdre un instant, il visa la main de son adversaire qui tenait le pistolet, et son tir fit mouche, ce qui eut pour effet d'arracher un cri de douleur à l'assaillant. Francis aurait pu en finir vite, mais plutôt que d'achever son adversaire d'un seul tir, il courut dans sa direction et entama un combat au corps à corps. Le pauvre Templier n'eut pas le temps de réagir qu'il se trouvait déjà à terre, maîtrisé rapidement par son adversaire. Ce dernier lui brisa violemment le tibia d'un coup de pied brutal. A court d'idées, le Templier rampa sur le sol pour s'éloigner de l'attaquant en gémissant de douleur. Mais ce dernier se rapprocha de lui en marchant nonchalamment, avant de poser le pied sur sa mâchoire.


« La prochaine fois que tu veux me tuer, pense à viser la tête. N'importe qui peut porter un gilet pare-balles. »


Sur ces mots, le Maître d'Armes s'appuya de tout son poids sur le pied qui maintenait son adversaire au sol, jusqu'à entendre un craquement. La mâchoire du Templier se brisa, et alors qu'il tenta de crier de douleur, il ne put sortir qu'un gémissement étouffé. Il voulut observer le visage de son adversaire, mais ne vit qu'un masque inexpressif. Estimant qu'il avait assez joué, Francis reprit sa route vers le bureau du Grand Maître des Templiers.


Ce dernier l'attendait dans son bureau. Il était assis dans son siège, sondant Francis d'un regard perçant.


« Vous êtes là pour me tuer ? Lança-t-il en laissant transparaître une pointe d'appréhension ?

-Pour vous tuer ? Oh, bien sûr que non. Bien au contraire, nous allons devenir de grands partenaires à l'avenir. Considérez cette petite démonstration de mes talents comme un entretien d'embauche.

-Pourquoi ? Pourquoi venir vers les Templiers et faire tout ça ?

-Pourquoi ? J'ai une revanche à prendre. Les Assassins… Si vous acceptez mon offre, je les éliminerai tous jusqu'au dernier ».


(coupez la musique)


A l'avant du jet, le Maître d'Armes soupira bruyamment en balayant l'horizon du regard. Sa première rencontre avec le Maître des Templiers semblait bien loin maintenant. Le vol ne serait pas tranquille, pour sûr : rien que leur départ du Royaume Uni s'était avéré plus compliqué que prévu malgré toutes les précautions prises par Francis. Encore une fois, c'était un de ses deux collègues qui avaient fait capoter leur départ qui s'annonçait pour le moins tranquille. D'ailleurs, quel que fut l'individu qui avait infligé sa blessure au Médecin, il s'assurerait de l'éliminer s'il venait à se dresser sur sa route, de même que tous les Assassins qui oseraient en faire de même. Car c'était bien un Assassin qui avait tiré sur Sora, celui-là même qui avait été interrogé au siège d'Abstergo très récemment. Et si un Assassin se trouvait à l'aéroport en même temps qu'eux, il n'était sans aucun doute pas seul et poursuivait certainement le même objectif que les Templiers.


La suite pourrait s'avérer intéressante, et tout pourrait tourner à son avantage finalement, s'il manoeuvrait intelligemment. Il n'avait ni le temps, ni l'envie de perdre le contrôle de toute façon. Il n'avait pas peur des menaces qui se profilaient à l'horizon, peut-être à tort, mais cela lui valait de garder son calme en toutes circonstances. Il fut tiré de ses songes par un énième cri de douleur en provenance de l'arrière de l'aéronef, suivi d'un rire dissonant.


https://youtu.be/J_x_R6TDGFo?t=103


« J'espère que tu déconnes. J'suis pas un putain de saucisson... ».


Le Détective n'aimait pas ça, mais il allait attacher le Médecin avec des sangles. Il ne pouvait courir le risque de voir le blessé se débattre et l'empêcher de le soigner correctement. Si tant est qu'il y arrivait… Il avait très peu d'expérience dans ce domaine, et avait dû tuer plus de gens qu'il n'en avait soignés dans sa vie. Mais ce n'était pas un choix, la santé de Sora dépendait vraiment de lui pour le coup. Maz attacha donc le médecin grâce à des sangles qui traînaient dans un coin, et qui servaient sûrement à maintenir du matériel en place dans l'appareil en situation plus normale. Du sang continuait de couler, mais en y regardant de plus près, la blessure semblait moins grave qu'à première vue.


Francis, de sa main senestre, se saisit du remède qui se trouvait dans sa poche. Ce dernier avait plus les attributs d'un dopant miracle, soit dit en passant, mais restait un atout trop important pour être utilisé si tôt. Et puis, il était prêt à aider ses camarades sur cette mission, mais de là à leur sauver la mise à son propre péril… Car c'était bien pour lui qu'il avait commandé ce remède, et non pour un Templier opportuniste qui prenait des risques inconsidérés.


Elevant la voix dans le microphone, il indiqua au Détective la localisation du matériel de soin. Maz s'en empara et souffla un grand coup afin de se calmer, malgré la panique qui commençait un peu à l'envahir. Des bandages, des compresses, du désinfectant, du nécessaire de suture et un couteau.


« Tu peux y arriver, Maz, s'encouragea-t-il à voix haute.

-Oh non non non non non, tu vas y arriver, moi je te le dis, lui répondit le Médecin sans être invité à le faire. Bon, écoute bien ce que je te dis. Aaaargh. Putain… Tout d'abord, y a-t-il un trou ou deux ?

-Comment ça ?

-Est-ce que cette balle est toujours en moi, ou non ?


Le détective jeta un coup d'oeil rapide à la blessure. L'hémoglobine ne coulait que par un seul orifice.


-Un trou.

-Oh, tu vas t'amuser alors. Tu vas devoir déloger la balle de son emplacement. Tu vas utiliser le couteau, ok ? Mais la balle bloque en partie l'effusion de sang, donc il se pourrait qu'une fois que tu aies fait ça, le sang coule plus à flot, donc tu devras appuyer sur la blessure, avec n'importe quoi, même si je te hurle dessus.


Maz s'exécuta, et dût s'y reprendre à deux fois avant que la balle ne soit extraite, ce qui comme prévu, arracha un cri de douleur à Sora qui le traita de tout les noms et tenta de se libérer de ses attaches, sans succès bien heureusement. A ce moment, il aurait été capable d'arracher les yeux de Maz à mains nues. Celui-ci prit une compresse et appuya sur la blessure.


-Bien, bien, espèce d'enfoiré. Nettoie et désinfecte maintenant.


Le détective essuya la blessure de sa main dextre tout en prenant soin de maintenir sa deuxième main bien appuyée sur l'orifice d'entrée. Il n'y avait presque plus de sang autour de la blessure lorsque Maz fit couler quelques gouttes de désinfectant, ce qui lui valut une énième insulte de la part du médecin. Pour finir, Maz s'appliqua à bander la blessure en enroulant les bandages autour du ventre du blessé. Ce dernier poussa un soupir de soulagement.


« Tu peux me libérer maintenant ?

-Ah oui, bien sûr » répondit le détective qui s'empressa de desserrer les attaches qui entravaient le Médecin.


(coupez la musique)


Sora entreprit alors de frapper Maz au visage, celui-ci ne vit pas le coup venir et son nez craqua, puis se mit à saigner.


« Qu'est-ce qu'il te prend, t'es malade ?

-La prochaine fois, tu sauras que pour désinfecter, on verse pas le produit directement sur la plaie : on l'applique grâce à des compresses comme celles que tu avais justement en ta possession par exemple… Merci quand même au fait. Tu penses qu'on est bientôt arrivés ?

-C'est Francis qui s'occupe de ça, mais j'ose arguer que non. On est même pas partis depuis 2h. Repose toi, tu as besoin de reprendre des forces. »


Pour une fois, Sora était on ne peut plus d'accord. Perdre un demi-litre de sang l'avait fatigué en effet. La douleur grandement atténuée, il tenta de trouver le sommeil en restant allongé sur son lit de fortune.


Maz, quant à lui, était presque aussi soulagé que Sora. Il avait réussi, il l'avait soigné sans encombre.  Le Médecin lui en devait bien une, sur ce coup là… Il était encore sous le choc de tous les événements qui venaient de se dérouler. Lorsqu'il s'était levé le matin-même, qui aurait cru qu'il aurait sauvé le Médecin qu'il n'avait jamais apprécié d'une quelconque blessure ? Et bien que cela ne l'avait pas rapproché de son frère Templier, Maz avait pu voir que le Médecin était un être humain comme les autres, qui pouvait souffrir lui aussi, au lieu d'infliger la souffrance. Ces Assassins… Il fallait leur faire payer cela. Il toqua à la porte du cockpit, que Francis ouvrit quelques instants plus tard.


« Sora va mieux, on… j'ai réussi à le stabiliser.

-Bien joué. Tiens-toi prêt… La guerre est déclarée à partir de maintenant. »


Car c'était bien de cela dont il s'agissait. Une guerre . Même s'il n'y avait pas eu techniquement de trêve, un nouveau combat s'engageait. Si les conjectures de Francis s'avéraient fondées, les Templiers seraient de nouveau en compétition avec les Assassins pour trouver le fragment d'Eden. Les enjeux étaient on ne peut plus importants, les trois Templiers en étaient bien conscients. Et cela ne pourrait se finir que dans un bain de sang au Yémen, quand viendra l'heure de la confrontation.


Durant les six heures que durèrent le trajet, les trois hommes tentèrent tant bien que mal de se reposer, Francis s'attelant au pilotage et Maz surveillant l'état de santé de Sora, qui semblait s'être bien remis. Ainsi, bientôt les Templiers étaient sur le point d'arriver à destination. Francis s'adressa à la tour de contrôle en anglais, l'homme lui répondant que l'aéroport avait été averti de leur arrivée et qu'une piste avait été spécialement libérée. Alors que tout semblait revenir à l'avantage des Templiers, Francis fit des manœuvres et réussit à poser parfaitement l'aéronef qui émit un bruit assourdissant lorsqu'intervint le freinage final de l'atterrissage.





La Voleuse et le Justicier


« Rami, cher ami, comment vas-tu depuis le temps ? Lança Sun avec une pointe d'ironie.


L'Artificier regarda à sa droite : le pseudo-justicier qui avait rejoint les Assassins quelques mois durant le regardait.

-Tu permets ? Je t'emprunte ta sœur quelques minutes. »


https://www.youtube.com/watch?v=9FAsbUm0hIQ


Sans perdre de temps, Sun attrapa Supa par le bras en lui insufflant de le suivre. Supa n'en avait pas réellement envie, elle aurait préféré parler du plan à adopter avec Rami et David, mais comme ce n'était que l'affaire de quelques minutes, elle se laissa emporter par son ancien amant. Le Justicier retourna à sa place et invita la Voleuse à s'installer à une place vide à sa droite. S'il avait décidé de parler avec seul à seul, c'est que les Assassins auraient très bien pu être les auteurs de ce vol d'entrepôt. Durant la discussion, s'il venait à apprendre de Supa que son frère était derrière tout ça, il préférait assurer ses arrières. Même s'il pense que son logiciel de reconnaissance faciale aurait pu reconnaître Rami, tout s'était passé très vite.


« Je ne me ferai jamais à ces avions de seconde classe, les sièges ne sont pas très confortables.

-Moi, je ne me ferai jamais à la manière dont tu m'as quittée, lui répondit froidement Supa.

-Et bien, je ne m'attendais pas vraiment à un tel accueil de ta part. Comment ça s'est passé à l'aéroport ?

-On s'en est sortis, comme tu peux voir. Qu'est-ce que tu veux, Sun ?

-Pour tout te dire, j'ai besoin de ton aide. Ecoute-moi au moins, au nom du bon vieux temps. Je n'ai pas eu le temps de te le dire, mais le criminel que je recherche, il est lié à Abstergo. Et je n'ai pas besoin de t'expliquer ce que signifie un criminel en relation avec eux… J'ai la conviction que ça pourrait être un templier.


Un templier ? Cela changeait carrément la donne du point de vue de Supa. Ce qui était sûr désormais, c'est que ce n'était pas un hasard que David ait rencontré un templier à l'aéroport. Eux aussi se rendaient au Yémen. Le message n'était donc pas un piège tendu par eux.. Ils avaient obtenu la même information. Cette indication imposait une nouvelle question, ou même deux. Qui pouvait bien tirer les ficelles dans toutes cette histoire, qui avait envoyé ce message aux Assassins ?


Sun pensa à la perspective d'une association avec son ancienne amante. A l'époque, il faisait plutôt une bonne équipe. Le Justicier repensa à toutes les missions qu'il avait effectuées pour les Assassins, durant sa courte période d'initiation chez eux. Ces missions n'étaient pas de la plus grande importance, pour la plupart, mais il les avait toutes effectuées avec dévouement et application. D'ailleurs, il n'avait que très rarement connu l'échec. Et ironiquement, c'était lors de sa mission de plus grande envergure qu'il avait en partie contribué à l'échec de sa mission. Mais il ne préférait pas repenser à cette mission, les pertes ayant été considérables. Non, en dehors de cela, s'associer avec Supa ne serait pas une si mauvaise idée, si cette dernière daignait accepter son offre.


-Tu es sûr de ça ? A quoi ressemble-t-il ?

-Si seulement je le savais. Tout ce que je sais, c'est qu'il porte un masque. C'est un individu dangereux, et je pense pouvoir affirmer sans me tromper que ce devrait être une priorité pour les Assassins d'arrêter ce type d'individus.

-Tu ne comprends pas, ma mission est bien plus importante. Mais si je suis amenée à le croiser pendant cette mission, crois que je ferais ce qui est en mon pouvoir pour le mettre hors d'état de nuire.


La Voleuse ne voulait pas partager plus de détails à propos de la mission. Pas à Sun. Ces informations étaient sensibles, et elle ne pouvait lui demander de l'aide, où cela impliquerait de lui révéler l'existence des fragments d'Eden, une des seules informations à laquelle il n'avait pas eu accès durant son séjour chez les Assassins. Et puis, elle sentait qu'il n'était toujours pas prêt à faire ce qui était nécessaire : en clair, pour elle, il ne pouvait participer à cette mission.


-Bien, je vois. Mais tu sais, si tu es amenée à le croiser de nouveau, on sera amenés à se croiser de nouveau également… Autre chose. Il y a peu, j'ai eu à faire face à un vol dans un entrepôt, que je n'ai pas pu empêcher. Tu es au courant de quelque chose ?

-Qu'est-ce qui a été volé ? Demanda Supa.

-Un émetteur high-tech. Un appareil qui permet de diffuser un message en boucle, où on veut dans un rayon de 100 km. Ca ne te rappelle rien, tu es sûre ?


Un émetteur. Bien sûr que ça lui rappelait quelque chose, mais ce n'était pas les Assassins qui l'avaient volé, loin de là. Non, l'auteur du vol et l'auteur du message étaient sans aucun doute une seule et même personne. Quelles étaient donc ses intentions ?


-Non, nous ne l'avons pas volé, désolé de te décevoir. »


(coupez la musique)


Sur ces mots, la Voleuse se dirigea vers les toilettes, un geste qui était plus pour échapper à la discussion qu'un réel besoin. La froideur dont elle avait fait preuve durant la discussion n'était qu'un tissu de mensonge. Dire que son coeur ne battait plus pour Sun ne serait qu'une tentative vaine de se voiler la face. Ses sentiments la rattrapaient, comme elle l'avait craint plus tôt dans la journée. Cette époque avait été la plus belle de sa vie, après tout. Mais le fait était là : la dernière fois qu'elle avait privilégié son amour pour Sun à la réussite d'une mission, cette dernière avait foiré de A à Z.


Sun, quant à lui, songeait à la suite. Qu'allait-il faire maintenant que les Assassins avaient refusé de l'aider ? Continuer à poursuivre l'homme au masque, de toute évidence. Il était curieux de savoir ce qu'il manigançait, et impatient de contrecarrer ses plans. Sauf que la Voleuse avait évoqué qu'elle serait peut-être amenée à rencontrer ce Templier durant sa mission… Les Assassins et les Templiers poursuivaient donc le même objectif. Quelque chose à faire au Yémen… Sans doute un objet à trouver. En ce sens, on pouvait désormais arguer que la course était déclarée entre les deux camps. Une mission de la plus haute importance ? Sun devait en découvrir plus. Et ce n'était ni auprès de Supa, ni auprès de Rami qu'il obtiendrait des réponses…


La jeune femme, dans les toilettes, était toujours perturbée de cette rencontre. Elle s'était toujours demandée ce qu'elle ferait si elle avait de nouveau à faire au Justicier. Et cette discussion lui avait semblé terne et ne lui avait rien appris de bien important en somme. Elle soupira et prit son visage entre ses deux mains. L'endroit clos dans lequel elle se trouvait l'isolait du monde extérieur. Une petite boîte, à l'intérieur d'une plus grande boîte, une boîte volante. Elle tenta d'oublier la pression qui reposait sur ses épaules, en vain. La Voleuse savait bien que la réussite de la mission était capitale, et qu'elle n'avait que deux options qui se présentaient à elle : réussir ou mourir. De plus, maintenant, la guerre était officiellement ouverte avec les Templiers, c'était à qui attraperait le fragment d'Eden en premier. Si elle revenait chez elle en ayant laissé impunément ses adversaires s'en emparer… Les Assassins ne lui pardonneraient pas, son père le premier. Supa avait beau être sa préférée, cela signifiait aussi que c'était sur elle et non sur Rami que reposait la responsabilité de la mission.


Alors qu'elle s'apprêtait à regagner sa place, le pilote prit la parole.


« Suite à un petit aléa météorologique, il se pourrait que le vol connaisse de petites perturbations. Rien de grave néanmoins, soyez rassurés. Nous vous prions de bien vouloir garder votre calme, nos appareils sont parés pour ce genre de situation. »


La Voleuse, depuis le couloir, regarda à travers le hublot. En effet, une tempête s'annonçait et une grosse, vu l'épaisseur des nuages qui se profilaient à l'horizon. Déjà qu'elle n'aimait pas beaucoup voler. L'important était de garder son calme…


« On va tous crever ! Ils disent ça pour nous rassurer, mais l'avion va se crasher ! Je suis trop jeune et beau pour mourir. Je veux pas... » se mit à hurler un passager avant que les hôtesses ne fondent sur lui pour le calmer. Parfait, il ne restait plus que les petites secousses, et Supa serait définitivement paniquée.


Alors qu'elle se dirigeait vers sa place, la Voleuse adressa un dernier regard de sympathie au Justicier, puis vit un homme se lever et quitter sa propre place. Son visage ne lui disait rien, mais sa mine insufflait qu'il était satisfait de la discussion qu'il venait sans doute d'avoir avec Rami. Calmement, la voleuse rejoignit sa place, et décida d'attendre, n'ayant envie de parler avec personne pour le moment.


Le Justicier, après avoir rendu son regard à la Voleuse, vit un homme la croiser. Ce visage… Il lui rappelait quelque chose, mais il n'était pas sûr de lui-même sur ce coup-là. Il se contenta donc de s'enfoncer dans son siège et tenta de trouver le repos.






























L'AGENT SECRET, L'ARTIFICIER ET L'INGENIEUR


Piko devait en apprendre plus sur les Assassins. Il aurait pu les espionner, c'était son métier après tout, et tenter d'écouter leurs conversations discrètement, mais ces gens là étaient sans doute suspicieux. S'il se faisait prendre en train de les épier, il aurait pu dire adieu à sa couverture et il n'y tenait pas vraiment. Il décida donc tout simplement d'aller les aborder et leur parler en se présentant comme un touriste, peut-être qu'il finirait par apprendre quelque chose. Par chance, il avait troqué sa tenue habituelle contre une tenue décontractée juste avant l'embarquement , soit un short blanc et un t-shirt. Alors qu'il attendait le bon moment, il vit la jumelle quitter sa place en compagnie d'un homme qui la tenait par le bras.


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C'était le moment. Le jumeau ressemblait plus à une brute épaisse et se méfierait sans doute moins que sa sœur, qui semblait plus calme et réfléchie.


Rami était plongé dans ses pensées, et peu enclin à discuter avec l'Ingénieur, lorsqu'un touriste, vu son accoutrement, vint s'asseoir à côté de lui, là où sa sœur se tenait quelques instants auparavant.

« Je peux m'asseoir là ? J'ai hérité d'une place à côté d'un vieux ronchon, et je préférerai mourir que rester tout le vol à côté de lui. On en a pour un moment après tout.. commença Piko.

-Cette place est occupée.

-Et bien maintenant oui, par moi. J'en oublie mes manières, pardonnez moi. Je me présente, je suis Piko Briard, lui répondit l'Agent secret en lui tendant la main. Comment dois-je vous-appeler ?

-Rami, grogna l'intéressé, conscient qu'il ne pourrait pas échapper à cette conversation.

-Et bien, ravi de vous rencontrer Rami. Vous aussi, vous partez en vacances au Yémen ?


L'Artificier ne voulait pas répondre à cette question. Il ne voulait pas parler à cet homme de toute façon, mais en particulier si il commençait à le questionner.


-Oh, je vous en prie, vous n'allez pas rester silencieux pendant tout le vol, si ? Je suis venu ici pour échapper à cela… se lamenta Piko en jouant parfaitement la comédie.

-Bonjour, enchanté, monsieur Briard, lui dit le troisième Assassin. Vous pouvez m'appeler David. Mon cousin ici présent, sa sœur jumelle qui devrait revenir d'un instant à l'autre et dont vous occupez la place, et moi-même partons en effet pour un voyage touristique. Les gens l'ignorent souvent, mais le Yémen regorge de sites à visiter. De plus, pour nous le Yémen ne sera qu'un début, on compte bien visiter le Moyen-Orient tout entier, n'est-ce pas cousin ?

-Hmmm, oui voilà exactement, lui répondit Rami, surpris par la prise de parole de son camarade.

-Et bien, je dois vous dire que moi aussi je pars en vacances. Vous savez, le Yémen est un des pays les moins chers pour faire du tourisme, et j'ai toujours rêvé de faire une promenade dans le désert, et de découvrir d'anciennes ruines, donc je pense avoir choisi la bonne destination. L'Egypte aussi aurait convenu, mais il se trouve que j'ai justement des connaissances au Yémen. Oh, je crois que votre sœur revient. Il est temps pour moi d'y aller. »


Sur ces mots, l'Agent Secret se leva et quitta sa place avec un grand sourire. A priori, cette conversation ne lui avait pas apporté grand-chose, mais il avait déjà lancé une recherche sur un David qui aurait un lien avec les Assassins, et son appareil venait d'émettre un son caractéristique, lui annonçant qu'il avait trouvé une correspondance. Le pilote émit une annonce, le vol allait connaître quelques perturbations. Après avoir regagné sa place, Piko consulta l'écran de son appareil. C'était son homme. Scientifique émérite, 42 ans, qui avait perdu sa femme et sa fille dans un accident, d'après les renseignements de l'Agence. Depuis l'accident, ses activités étaient devenues floues, et Piko en concluait que c'était à cette époque qu'il avait rejoint les Assassins.


L'Ingénieur se caressa la barbe de sa main senestre. Quitte à passer le temps durant ce vol, il engagea la conversation avec Rami.

« Charmant cet homme, tu ne trouves pas ?

-Pas particulièrement. Je trouve surtout que c'est un gros menteur, tout comme toi, pas étonnant que vous vous entendiez si bien.

-De quoi tu parles ?

-Jette un coup d’œil discrètement à l'arrière de l'appareil. »


Ecoutant le conseil de son collègue, l'homme de science s'exécuta. Tournant la tête le plus furtivement qu'il le put, il ne comprit pas immédiatement. Mais après quelques secondes il aperçut le tourista assis près du fond, plongé dans son téléphone. Puis il vit ce à quoi faisait allusion l'Artificier : l'Agent secret n'était pas du tout assis à côté d'un vieil homme mais plutôt d'une superbe créature et discutait en souriant avec elle. Mais dans ce cas-là, pourquoi leur avait-il menti pour les rejoindre… ? L'Ingénieur trouvait que l'Artificier était trop souvent parano, mais c'était à raison pour le coup.


L'intéressé éleva la voix.


« Bon maintenant que ce petit incident est passé, peut-être serait-il temps de parler de notre plan en arrivant, tu ne crois pas soeurette ?

-Figure-toi que j'ai de nouvelles informations. D'après les Assassins locaux, Sanaa est une ville très ancienne, avec des bâtiments qui remontent jusqu'au Ve siècle avant Jésus Christ, dans la vieille ville. Et justement, ils ont trouvé un temple qui semble plus vieux que tout le reste.

-On devait pas se rendre dans le désert, d'après le message ? remarqua l'Ingénieur.

-Si, David, mais ça semble un meilleur endroit pour commencer les recherches qu'un désert tout entier, rétorqua Rami. Donc si je résume bien, ton plan c'est juste d'improviser sur place ? On est bien partis…

-Et que veux-tu que je te dise d'autre Rami hein.. ? Je n'ai pas plus d'informations que toi, et tu sais aussi bien que moi à quel point elles sont maigres. J'aimerais bien te dire que je sais où aller, que je sais quoi faire mais pour une fois ce n'est pas le cas. Alors je t'en prie, évite de passer ta frustration sur moi, tu veux bien ? » lui demanda la Voleuse.


(coupez la musique)


Et là, au moment où la Voleuse s'y attendait le moins, l'Artificier lui demanda pardon. Cela n'était pas très commun chez lui, et la Voleuse accepta évidemment ses excuses, aussi rares fussent-elles. Les trois Assassins avaient donc un plan pour savoir quoi faire à leur arrivée, aussi maigre soit-il, ils n'étaient pas totalement sans but. Ils en restèrent donc là pour le moment, l'Artificier ne voulant pas forcément ennuyer sa sœur en lui parlant de la discussion qu'ils avaient eu avec un touriste embobineur.


Rami avait bien conscience qu'effectuer une mission avec lui n'était pas des plus agréables, mais il essayait de compenser son caractère parfois désagréables par son efficacité sur le terrain, et jusqu'à présent cela avait plutôt bien marché. Et le fait qu'il soit souvent envoyé en mission avec sa sœur aidait beaucoup, elle le connaissait depuis bien plus longtemps que quiconque, hormis leur père, et était de ce fait beaucoup moins sévère avec lui que ne l'aurait été n'importe qui d'autre. Depuis toujours, il avait effectué ses missions avec dévouement et y avait été vivement poussé par sa sœur. Mais cela ne changeait rien au fait qu'il n'était pas encore prêt à faire des efforts auprès de l'Ingénieur et qu'il lui restait beaucoup à faire pour faire ses preuves et obtenir les faveurs de l'Artificier.


Le reste du vol fut plutôt tranquille pour tous les voyageurs, y compris les Assassins, le Justicier et l'Agent Secret. L'appareil subit quelques vibrations lorsqu'il traversa la tempête, mais cela était normal et le pilote avait réussi à gérer cette portion du vol parfaitement. Le Justicier, pour occuper le reste du trajet, regarda plusieurs films dans l'avion au calme, tandis que l'Agent Secret décida de se renseigner le plus possible sur le Yémen en fouinant sur Internet, sans trouver pour autant d'informations des plus intéressantes. Il aurait également aimé trouver un endroit où dormir à son arrivée, mais il se logerait en fonction de là où les Assassins trouveraient refuge pour la nuit, pour ne pas perdre leur trace.


Quelques heures plus tard, l'avion arrivait en vue de leur destination. La nuit commençait à tomber sur la capitale yéménite. Le ciel était dégagé et on pouvait voir les premières lueurs des habitations depuis le ciel. Quelques minutes plus tard, l'avion atterrit en douceur, et les passagers purent descendre. Après avoir réglé les détails administratifs, notamment pour récupérer certains bagages et pour changer leur monnaie, chacun des protagonistes était prêt à sortir de l'aéroport et découvrir le Yémen. Chacun était conscient que l'aventure ne commençait réellement qu'à partir de maintenant.

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