Assassin's Creed : La Prix de la Foi

Chapitre 2 : Versailles

2226 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/12/2017 13:49

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Versailles, 1754


C’était une nuit d’été. Le château était en pleine effervescence, il grouillait de serviteurs chargés de plats raffinés et d’une armée d’invités munis de leurs coupes de champagne. Il y avait des rires, de la musique, de l’alcool et les plus hautes têtes du royaume de France.

- Santé, monsieur, fit le marquis en levant son verre. Longue vie à l’héritier de monsieur le Dauphin. Longue vie à Louis !

- Tant que les Capets seront sur le trône, le Royaume continuera à sombrer dans la débauche et la ruine, maugréa son compagnon.

- Vous êtes d’un sérieux, se moqua le marquis. Valet ! Enfin, c’est qu’il est sourd, ma parole ! Le marquis s’avança et attrapa de ses doigts boudinés l’épaule d’un garçon d’une douzaine d’années, vêtu d’un simple, mais élégant manteau bleu et argent. Jeune homme, vient donc remplir la coupe de monsieur, il n’a pas compris que l’heure était à la fête !

- Je ne suis pas un valet. J’obéis à peu d’ordres, et certainement pas aux vôtres. Monsieur, si vous permettez.

Le garçon, d’un geste vigoureux, se dégagea de l’étreinte du marquis. Ce dernier, dont le teint avait viré à l’écarlate, se rua sur le jeune homme en faisant trembler ses bajoues.

- Petit outrecuidant, tonna-t-il. Je m’en vais te faire ravaler tes paroles. Quel âge as-tu ?

- Treize ans en novembre, monsieur, répondit-il calmement.

- Parfait, alors tu sauras tenir une épée ! Beugla le marquis.

Il sortit son gant pour le jeter au visage du garçon, mais celui-ci fut plus rapide. Il saisit le poignet de l’homme, le fit craquer et s’empara du gant. Le marquis poussa un petit couinement pathétique en regardant le garçon avec un air terrifié.

- Ne faites rien que vous pourriez regretter, monsieur, dit le garçon de la même voix calme et impassible. Votre poignet n’a rien, vous ne sentirez plus rien après quelques verres de champagne. Passez une agréable soirée, acheva-t-il en jetant le gant dans le bassin de Neptune. « Cocky bastard », marmonna le garçon en s’éloignant.

À cet instant, des feux d’artifice furent tirés depuis les toits du palais, faisant jaillir l’or et l’azur dans des traînées étincelantes. D’immenses colonnes de feu et de paillettes multicolores flamboyèrent sous la voûte étoilée dans d’assourdissants crépitements. Une pluie d’argent retomba ensuite mollement sur les jardins, illuminant les perles de rosée des bosquets et miroitant à la surface des bassins, sous le tonnerre d’applaudissements de la foule.

- C’est beau n’est-ce pas ?

Le garçon se retourna. Un homme caché sous un masque de faucon s’approcha de lui, habillé d’un manteau vert et or, l’allure fière, le pas assuré.

- Je vois, Sean, qu’à peine arrivé, tu te fais déjà de nouveaux amis, fit l’homme au masque en riant.

- C’est vous maître Dorian ?

- C’est bien moi.

Charles Dorian se pencha vers le garçon. Même avec le masque, il avait les traits tirés, la mine triste.

- Ne te laisse pas distraire, Sean. Ta mission passe avant tout.

- Oui, monsieur Dorian.

- Bien. Alors rappelle moi ce qui arrivera dans une dizaine de minutes.

- Je… commença le garçon en hésitant. Il croisa le regard sévère de Dorian et se mit à réciter presque automatiquement : une vente aux enchères est organisée dans un salon du premier étage. Je vais dérober l’un des objets, un vieux journal. Vous êtes supposé me donner des instructions sur la procédure à suivre.

- Excellent. Ta fenêtre d’opportunité sera lorsque l’acheteur quittera le salon. Il se joindra à la fête, tu n’auras plus alors qu’à lui dérober le livre dans la foule.

- Bien monsieur. Mais, comment le reconnaîtrais-je ?

- Tu devras trouver un moyen. Surtout, tâches de ne pas de faire prendre.

- Oui monsieur.

- Sean ?

- Oui monsieur ?

- Avant que tu ne partes, j’aimerais te parler.

Charles Dorian se pencha vers l’enfant le prit par les épaules, l’air grave.

- Voilà bientôt cinq ans que tu es sous ma tutelle, à Paris. La situation ici devient tendue avec le temps, les complots sont partout. Les Autrichiens, les Anglais… les Templiers, ils sont tous prêts à s’entre-tuer pour contrôler la court. Versailles va devenir plus dangereux qu’un champ de bataille. Je veux que tu sois bien formé, que tu deviennes un Assassin sans égal, ou du moins, meilleur que moi. C’est pourquoi après ce soir, je veux que tu ailles rejoindre le Havre, un bateau t’y attendra, l’« Aquila ». Le capitaine est un ami. Quand tu arriveras sur le Nouveau Continent, va au domaine Davenport, au Nord, et remet cette lettre à un dénommé Achilles, il comprendra. Les Assassins ont besoin d’assurer la relève aux Amériques. Je suis désolé, j’aurais préféré faire mes adieux en d’autre circonstances, mais la situation est critique.

Le garçon resta silencieux, les yeux perdus dans le vague.

- Sean ? Dis-moi que tu vas te souvenir de tout ce que je t’ai dit. Je t’en prie.

- Oui, monsieur Dorian, répondit Sean en prenant un air sérieux et dur qui frappa le gentilhomme. Je vais m’en souvenir.

- Alors c’est bien. Tout ira bien. Articula Charles, comme pour se rassurer.

- Monsieur Dorian ?

- Oui ?

- Pourquoi dois-je dérober le journal ?

- Ha… Vois-tu, je ne sais pas moi même. Apparemment, il contiendrait d’importantes informations sur les Amériques, des informations de grande valeur que nos adversaires sont prêts à défendre de leur vie. Mais ce ne sont que des soupçons. Le véritable objectif est de contrecarrer les plans de nos ennemis. Alors garde ce journal. Ne le laisse pas tomber entre de mauvaises mains. Coûte que coûte.

Charles tira une montre-gousset en or de sa poche, regarda le mouvement frénétique des aiguilles et la rangea précipitamment.

- Il est temps, Sean.

- Monsieur Dorian ?

- Oui ?

- C’est la dernière fois que nous nous voyons ? Demanda Sean.

- Je… je crois bien que oui. Mais qui sait ? Et puis, on pourra toujours s’écrire. Si un jour tu repasses à Paris, tu auras toujours quelqu’un sur qui compter.

Le garçon l’enlaça à la taille.

- Merci pour tout, monsieur. Tout ce que vous avez fait pour moi.

- Merci à toi Sean, ces dernières années ont été les plus joyeuses de ma vie. Va maintenant.

Sean s’éloigna vers le château d’un pas assuré. Il se retourna une dernière fois.

- Au revoir, Charles Dorian.

- Au revoir, Sean Woods, répondit le gentilhomme. Bonne chance.

Le garçon passa à travers les bosquets taillés à la perfection où quelques couples s’étaient donnés rendez-vous, passa à côté du bassin de Cérès, déboucha dans l’allée royale, monta les marches du bassin de Latone et arriva sur l’esplanade au pied du château. Sean se faufila à travers les convives masqués et s’avança dans un obscur recoin, derrière la statue d’Apollon. Il jeta un regard derrière lui, puis se lança dans l’escalade des murs. Les étages étant hauts, les prises venaient souvent à manquer. Alors qu’il passait devant une des grandes fenêtres, une lueur se profila dans le couloir, projetant l’ombre d’un homme dans le couloir. Sean se détourna de la fenêtre et se plaqua contre la corniche étroite. Il retint sa respiration pendant que le garde scrutait les jardins en brandissant haut sa chandelle. Puis le garde s’éloigna, et le garçon reprit son ascension.

Arrivé au sommet, il se redressa au bord du vide et se concentra, comme lui avait appris Charles. Il entendait chaque conversation, mais tout semblait confus, entremêlé, trouble. Sean se concentra sur le premier étage et entendit des voix d’hommes depuis l’aile Nord. Une des voix était plus fortes que les autres.

- Cette sublime chevalière ayant appartenu à Rodrigo Borgia est donc adjugée à ce gentilhomme pour 350 Louis d’or. Adjugé une fois, deux fois… trois fois ! Toutes mes félicitations, monsieur. Maintenant, nous allons mettre en vente un objet qui pourrait sembler insignifiant : ce vieux livre. Un journal mystérieux tenu par un trappeur dans le Nord des Amériques. Nous démarrons la vente à 10 Louis d’or. 20 pour madame Marquise. 50 pour monsieur le Baron. Et… 600 pour monsieur de la Serre ! Personne au-dessus de 600 ? Une fois, deux fois, trois fois ! Bravo, monsieur De la Serre !

Une nouvelle voix s’ajouta à la première.

- Messieurs, Mesdames, j’ai ce que je suis venu chercher, je me vois donc au regret de quitter votre compagnie. Puis-je empocher mon acquisition sans autre délai ?

- Pour vous monsieur, nous ferons exception à la règle. Répondit le juge d’une voix mielleuse. Voici le livre, avec encore toutes mes sincères félicitations.

- Merci. Gentes dames, messieurs, je vous souhaite la plus agréable des soirées.

Sean entendit les portes de la salle se refermer, et des bottes claquer dans les couloirs. Elles dévalèrent un escalier et sortirent du côté des jardins. Sean quitta son perchoir et se suspendit à la corniche. Il ferma les yeux et sentit le vide en dessous de lui, les voix s’estomper, sa respiration se synchroniser avec celle de De la Serre. Sean se balança et se laissa tomber sur le petit rebord du premier étage. Il sauta de cette corniche et atterrit au sol en roulant. Il se releva instantanément et se mêla à la foule, ne quittant pas sa cible des yeux. Le garçon se fraya un passage jusqu’à De la Serre qui fêtait sa victoire, muni d’une coupe de champagne. Sean le bouscula et la coupe pleine de De la Serre éclaboussa la robe d’une damoiselle.

- Monsieur, enfin ! s’indigna-t-elle.

- Regarde où tu vas, jeune gueux ! dit De la Serre en fusillant le garçon du regard.

- Pardonnez-moi, messire, répondit Sean en courbant l’échine.

Il s’écarta tout en rangeant délicatement le journal fraîchement dérobé dans une poche intérieure de son manteau. Il revint sur ses pas, arriva au-dessus du bassin de Latone et entendit derrière lui des pas précipités. Il fit volte-face et vit De la Serre, furibond, courir vers lui. Sean sauta la rambarde, arriva dans le bassin, continua sa course dans l’eau, bondit par-dessus le rebord du bassin et se rua dans l’allée royale. Malgré l’avance qu’il venait de prendre, De la Serre était en train de le rattraper. Sean bifurqua alors et emprunta le bosquet de la Girandole, il passa à côté du bassin de Saturne et fonça vers le bassin d’Apollon. Charles Dorian l’attendait, assis sur le rebord, la main posée sur la paume de sa rapière.

- Une gondole t’attend sur le Grand Canal. Va, je vais le retenir. Tiens, prends ce couteau, que tu puisse te défendre si on t’attrape.

Sean acquiesça, à bout de souffle. De la Serre déboula d’une des allées, l’épée au poing.

- Dorian ! s’exclama-t-il. Je me disais aussi que tu devais être derrière tout ça.

- Comme toujours, mon vieil ami. En garde.

Il tira sa lame hors de son fourreau dans un geste théâtral. Ils se firent face, comme deux coq, prêts à se jeter l’un sur l’autre toutes serres dehors. Ce fut De la Serre qui attaqua en premier, il portait des coups puissants et rapides, tantôt vers le buste, tantôt vers les pieds. Charles reculait en parant les attaques effrénées de son adversaire. De la Serre porta un coup d’estoc, mais Charles se dégagea à temps et frappa la jambe de son adversaire du plat de son épée, projetant l’attaquant à terre. Furieux, De la Serre se releva et reprit ses attaques avec encore plus d’ardeur.

Pendant ce temps, Sean en avait profité pour monter dans la gondole. Il hésita un instant en voyant Charles reculer devant les attaques de De la Serre. Puis il commença à ramer, l’air résolu, le bruit des lames s’évanouissant dans le lointain.


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