Avatar, le Maître du feu

Chapitre 2 : L'ascension

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:53

Tout d'abord, toutes mes excuses, je ne sais absolument PAS écrire des passages d'escalade. J'espère que vous aimerez quand même. Bonne lecture !

 

Livre 1 : L’air

Chapitre 1 : L’ascension

 

Zuko, le souffle court, s’accrocha à une prise, les mains tremblantes. Sous ses yeux, le vide, où seuls quelques rochers férocement pointus daignaient se dévoiler à lui, trop éloigné pour distinguer clairement ce qui le précédait. Au-dessus, des nuages, de la poussière, la falaise…et rien d’autre. Pas même un bref aperçu de sommet, vue qui lui aurait offert un semblant de force en plus. Voilà une heure qu’il escaladait cette paroi, veillant à garder un rythme lent aussi bien pour éviter une prise trop friable que pour surveiller son oncle. Celui-ci ne semblait pas avoir trop de difficultés, à son grand étonnement. Malgré son âge, Iroh avait conservé une forme que le jeune homme ne pouvait qu’admirer. Il évoluait avec une souplesse que Zuko n’aurait jamais été en mesure de lui imaginer, lui lançant de temps à autres un sourire qui se voulait rassurant. Cependant, et il avait fallu à l’Avatar une certaine concentration pour s’en apercevoir, les mains de son oncle tremblaient. Lui aussi s’épuisait.
Zuko reprit son ascension, priant pour qu’ils finissent par tomber sur une excavation formée dans la roche, afin de récupérer force et courage. Il savait qu’il ne renoncerait jamais, mais il était également conscient que son corps n’avait pas la capacité de suivre son mental. Tout Avatar qu’il était, il n’en était pas moins humain, et, n’ayant pas encore appris à voler, il valait mieux éviter une quelconque imprudence.
Le cœur de Zuko s’arrêta un bref instant alors que ses doigts agrippaient une pierre qui ne manqua pas de se détacher de la roche. De justesse, il parvint à se rattraper et à ne pas perdre l’équilibre. La voix de son oncle lui parvint :

« Zuko, tout va bien ? Fixe ton esprit sur ton objectif !

-C’est ce que je me tue à faire, mon oncle ! Hurla Zuko à son tour. »

Le jeune homme aurait presque pu l’entendre soupirer. Un sourire s’étira un court moment sur ses lèvres, avant de disparaître, noyé dans la douleur dans laquelle l’Avatar s’était trouvé plongé malgré lui. Ses jambes tétanisaient. Zuko prit une grande inspiration, essayant de ne pas céder à la panique. Quoi qu’il puisse arriver, il ne lâcherait pas. Il ne pouvait pas. Pas alors qu’il commençait à peine à trouver sa voie, pas alors que tant de gens comptaient sur lui…Il ne pouvait pas se le permettre. La décision de disposer de sa vie ne lui appartenait pas. Il devait tenir. Pour le monde. Pour sa famille. Pour sa mère…

Maman…

Il n’avait pu la revoir qu’un bref instant, cette fois encore. Mais ses mots restaient gravés dans sa mémoire : ne te laisse pas abattre. Je t’attendrais.
Plus que le poids de ses responsabilités, ce fut le tendre souvenir de sa mère qui donna à Zuko la force de continuer sa pénible montée.
Grimper…ne pas céder…
Zuko, de toute sa vie, n’avait jamais été aussi concentré qu’à cet instant précis. Un seul instant, une seule petite minute d’inattention…et sa vie s’achèverait, aussi pitoyablement qu’elle s’était déroulée.
Le jeune homme déglutit tandis que, malgré lui, l’image de son corps broyé s’imposait à son esprit. Il secoua la tête et continua son escalade, préférant se focaliser sur les roches sur lesquelles ses pieds et ses mains devaient s’appuyer et s’accrocher.
Le vent qui soufflait jusqu’ici s’intensifia, soulevant un nuage de poussière qui aveugla le prince déchu. Celui-ci toussota, raffermissant sa prise autant que possible. Voilà qui n’allait pas faciliter leur progression…
Un bruit atroce parvint alors aux oreilles du jeune homme, un bruit qui glaça son propre sang dans ses veines. L’âme emplie d’angoisse, il hurla d’une voix terrifiée :

« MON ONCLE ! »

Pas de réponse. La gorge nouée par la peur, il réitéra son cri. Quelques minutes d’attente, des minutes qui furent pour Zuko aussi longues que des heures. Puis une vague de soulagement le submergea lorsque la voix d’Iroh lui parvint :

« Je vais bien ! Mais…ce n’est pas le cas de tout le monde… »

Zuko ferma les yeux, murmurant une brève prière, avant de les rouvrir, empli de tristesse et de remords. Le soldat qui les accompagnait n’avait pas tenu. Cela n’avait rien d’étonnant. Avec une pareille bourrasque et la fatigue de surcroît, il avait dû se laisser surprendre et lâcher…Zuko n’aurait jamais dû lui demander de les accompagner. C’était son fardeau. C’était à lui, et à lui seul, de le porter.
Un nouveau nuage de poussière se souleva, mais, cette fois-ci, le jeune homme ne se laissa pas avoir. Ses paupières lui offrirent une protection suffisante pour que sa vue ne soit nullement troublée. Alors, le cœur serré par la honte et le regret, Zuko continua son inexorable périple, l’espoir disparaissant peu à peu de sa personne.
Un rocher se détacha juste au-dessus de son crâne et le prince n’eut que le temps de s’écarter vivement pour éviter cette fatale confrontation. Toutefois, il ne parvint pas à en sortir indemne. Un hurlement de douleur lui échappa lorsque le rocher en question lui écrasa les doigts de sa main droite. La souffrance terrible qui s’étendit dans ses phalanges lui indiqua d’une manière peu agréable que ses os étaient sans aucun doute brisés. Il lâcha sa prise et ne put que difficilement se maintenir à l’aide de son autre main. La panique s’empara de lui alors que, sous ses doigts, la roche s’effritait, sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Et ce qui devait arriver arriva. Ladite roche céda et Zuko chuta, à toute vitesse. Le vent sifflait avec force dans ses oreilles et il ne put qu’entendre vaguement son oncle crier son nom avant de rencontrer le sol. Une douleur affreuse, inhumaine de par son intensité, s’empara de son âme tandis que son corps se disloquait, dans un véritable bain de sang. La dernière chose que le garçon vit fut l’étrange spectacle de sa propre jambe, passant au-dessus de son corps avant d’échouer dans la mer.

*

Zuko s’éveilla, un cri se mourant dans sa gorge, le front trempé de sueur. Un cauchemar…Ce n’était qu’un cauchemar…
Un frisson le traversa alors que cette ignoble sensation s’imposait de nouveau à lui. Mourir…Cette simple idée suffisait à l’emplir d’une terreur démente.

« Ta nuit fut agitée, Zuko. »

Ce dernier lança un regard à son oncle, qui avait proféré cette phrase. D’un bond, le prince déchu se leva, observant d’un œil fiévreux son environnement. Une grotte que les intempéries et le temps avaient grossièrement taillé dans la falaise. Une grotte dans laquelle ils avaient trouvé refuge. Non sans difficulté, Zuko s’efforça de dissocier ses rêves de la réalité. Sa main droite n’était pas douloureuse. Cette pierre ne s’était donc détachée que dans ses propres cauchemars. Et après ? Le reste ? Le…Le soldat…
Comme s’il devinait ses pensées, Iroh, d’un air inhabituellement grave, déclara :

« Trahen repose maintenant dans ces eaux agitées. Paix à son âme.

-Il est…Il est vraiment mort ?

-Zuko, il y a suffisamment de vies existantes dans ce monde pour que tu n’aies pas, en plus, à te préoccuper de celles qui ne sont plus. 

-Mais c’est de ma faute ! Si je ne lui avais pas demandé de nous suivre…

-Il l’aurait fait tout de même. Trahen croyait en toi, il croyait en ce que tu représentais. Il pensait que tu serais à même de donner à ce monde un meilleur visage que celui qu’il présente maintenant. C’était son choix. Il aurait très bien pu ne pas se plier à tes ordres, tu ne l’obligeais en rien. Ce n’était pas un ordre, mais une simple requête. »

Zuko soupira, s’adossant contre la paroi humide de la grotte. Il prêta une oreille distraite à la pluie diluvienne qui les attendait à l’extérieur. Il sut aussitôt qu’ils n’étaient pas prêts de reprendre leur route et qu’il ne pouvait pas espérer remettre cette conversation à plus tard, comme il l’escomptait.

« Il m’avait dit qu’il avait toujours rêvé de pénétrer dans un temple de l’air. Il avait l’air tellement heureux quand je le lui ai proposé…

-Ne te tourmente plus, mon garçon. T’accuser inutilement ne fera que te conduire au désespoir et cela ne le ramènera aucunement. Viens plutôt te réchauffer. »

Grâce à sa grande maîtrise du feu, Iroh était parvenu à générer entre ses mains une flamme impressionnante. Zuko accepta de le rejoindre, conscient que l’humidité ambiante pourrait aisément l’affaiblir. Dans pareille situation, qu’il vienne à tomber malade n’était nullement souhaitable. Iroh lui adressa un grand sourire tandis que le jeune homme s’asseyait à ses côtés, une expression songeuse gravée sur son visage. Conscient des sombres pensées qui torturaient présentement son neveu, il décida de changer de sujet :

« Tout de même, n’est-ce pas une excitante perspective ? Nous voilà en route pour apprendre les secrets d’une des plus mystérieuses maîtrises de notre monde. On dit que seules des années de méditation et d’entraînement peuvent faire d’un être doué de ce don sur l’air un véritable Maître !

-Des années ? Je n’ai pas le temps pour cela !

-Zuko…Tu es l’Avatar. Je connais suffisamment tes capacités pour savoir que tu deviendras très rapidement apte à maîtriser l’air. Il ne t’a fallu que quelques mois pour devenir un grand Maître du feu, mon neveu !

-Cela n’a rien d’étonnant, c’est mon élément de naissance. C’est quelque chose de naturel pour moi. Il n’en sera pas de même pour tout ce qu’il va me falloir apprendre. En si peu de temps… »

Zuko soupira :

« Mon père est sur le point d’asservir toutes les nations de ce globe. Si je ne suis pas en mesure de l’arrêter… 

-Tu le seras. Si tu ne cesses de songer à une issue fatale à notre périple, au point de te laisser noyer par l’angoisse, tu ne seras plus en mesure d’espérer. Et c’est bien dans l’espoir que toutes les victoires se tapissent.

-L’espoir… »

Zuko aurait tellement voulu avoir l’assurance tranquille de son oncle. Mais il n’était pas Iroh. Et son être tout entier se laissait peu à peu envahir par le désarroi le plus profond.

« Mon neveu, dans le plus noir des gouffres, il restera toujours une lumière. Et si personne ne daigne te l’offrir… »

Iroh déposa sa flamme dans le creux des paumes de Zuko. Le feu gagna en intensité, sans même que l’Avatar ne se concentre pour le faire.

« Génère la tienne. L’humanité a cela de fascinant qu’elle est toujours à même de se créer des passages et des portes pour franchir les obstacles qui parsèment son existence, y compris en étant plongée dans le plus insupportable des désespoirs. »

Pensivement, Zuko contempla la flammèche qui reposait à présent dans ses propres mains. Sa propre lumière…
Une nouvelle fois, le jeune homme approcha le feu de sa poitrine. Cette fois-ci, il eut la nette impression qu’elle était parvenue à faire fondre l’étau de glace qui, jusqu’ici, comprimait son cœur et son être. Sur ses lèvres s’étira alors un sourire songeur, presque perplexe, face à cette chaleur dont il avait perdu l’habitude. Cette chaleur qu’on nommait espérance...

*

Il fallut attendre l’aube pour que le temps daigne à se calmer et que Zuko et Iroh ne reprennent leur route. Ils durent redoubler de vigilance, la pluie ayant rendu la roche affreusement glissante. Zuko trébucha quelques fois, réussissant fort heureusement à se rattraper à chaque erreur de parcours. Iroh n’était vraiment pas plus à son aise, confronté à ce nouvel obstacle. Mais, malgré l’extrême tension, il gardait ce visage serein qui était le plus souvent le sien. L’accident funeste de la veille les poussa à rester assez proches l’un de l’autre, afin de pouvoir se rattraper si la situation le nécessitait. Zuko, tout comme Iroh le faisait peut-être, implorait d’obscures forces afin que cette situation-là ne vienne pas à se présenter. La progression, aussi laborieuse se révélait-elle être aussi bien pour l’oncle que pour le neveu, ne s’en accomplissait pas moins. Bien que la montée était beaucoup plus éprouvante physiquement qu’elle ne l’était la veille, Zuko était beaucoup plus confiant quant à ses capacités et leurs chances d’atteindre un jour le sommet. L’apaisement temporaire auquel son être tout entier avait droit n’était pas étranger à ce sentiment. Les paroles de son oncle, bien qu’elles demeurassent un brin abscons pour l’allergique à la philosophie qu’était le prince, avaient au moins eu le mérite de lui rappeler qu’il n’était pas seul. Et que, quoi qu’il puisse arriver, il ne le serait jamais. Une perspective lumineuse dans l’avenir trop sombre qui se profilait devant lui…
Zuko, tout à son ascension, ne perçut pas le battement d’ailes qui s’approchait peu à peu de lui. Ce fut donc dans la stupéfaction la plus totale qu’il vit son visage se couvrir d’une espèce de voile blanc, agréablement douce au toucher. Si Iroh n’avait pas été à ses côtés, Zuko se serait sans doute empressé de lâcher prise pour aussitôt retirer cet étrange masque qui lui était tombé dessus.
Un masque qui produisait d’étranges sons. Encore ahuri face à cette rencontre à laquelle il n’avait aucun moyen de s’attendre, le jeune homme ne put que regarder, intrigué, cette bestiole insolite qu’Iroh avait chassée d’un rapide revers de main, avant de se raccrocher à la paroi. De longues oreilles pointues, un pelage blanc et noir plus soyeux que la soie elle-même, de grands yeux sombres remplis d’étonnement et d’incompréhension et une paire d’ailes au bout desquelles des petites pattes se laissaient deviner…Zuko n’avait jamais croisé une telle chose.

« Mon oncle, de quoi s’agit-il ? »

Avec un petit rire, Iroh répondit à son neveu déboussolé :

« Il s’agit d’un lémurien volant. C’est une espèce qui n’est pas rare dans les temples des nomades de l’air. Cette vision me remplit de bonheur.

-Aimez-vous tant que ça les animaux, mon oncle ? Je pensais que rien ne pouvait surpasser votre passion pour le thé.

-En vérité, le fait que ce petit animal ait décidé de nous rendre visite signifie que nous approchons de notre but. Garde courage, mon garçon, c’est tout ce dont tu as besoin pour achever cette épreuve. »

Sur ces sages paroles, le vieil homme reprit son entreprise, suivi de près par un Zuko quelque peu distrait par cette vision qui était pour lui particulièrement singulière. Une distraction que ne manqua pas de surprendre Iroh ni de commenter :

« Ce ne sont pas les lémuriens qui manquent au sommet de cette falaise, mon neveu. Cependant, si tu espères en revoir un, je ne peux que te conseiller de consacrer toute ton attention à ta tâche. A proximité de notre but, il serait dommage d’échouer. »

Zuko soupira, adressant un regard vexé à son oncle :

« Comme si je pouvais me laisser déconcentrer par une chose aussi futile… »

Nimbé dans sa fierté, Zuko ne jeta plus un seul coup d’œil à l’étrange créature et préféra continuer sa route, sur les traces d’un Iroh que la situation égayait grandement.
De toute évidence, l’ancien général ne s’était pas fourvoyé. Zuko put aisément le constater lorsque le sommet des falaises se fit voir, dévoilant une architecture si grandiose qu’elle coupa littéralement le souffle du jeune homme.

« Les moines ont toujours eu un sens artistique sûr. Et en communion avec la nature, de surcroît. Continuons. »

Ils franchirent péniblement les derniers mètres et s’effondrèrent sur cette terre qu’ils avaient enfin retrouvée. Pour un peu, Zuko en aurait pleuré de joie. Ils n’eurent cependant pas le temps de s’étendre sur ce sujet. Une bourrasque qui n’avait rien de naturel les balaya et, sans les réflexes d’Iroh qui avait agrippé la main d’un Zuko prêt à chuter et s’était lui-même accroché à la première prise venue, tous deux auraient été précipités au bas de la falaise.
Immédiatement, ils reprirent une position plus avantageuse, prêts à parer toute sorte d’attaque.
Une véritable tornade de poussière les entoura, les isolant complètement de l’extérieur. Manquant de s’étouffer de par ce geste, Zuko s’écria :

« Montrez-vous, lâches ! »

L’insulte semblait avoir fait effet puisque la tempête se dissipa et qu’Iroh et Zuko purent faire face à leur mystérieux ennemi. Un adolescent, un peu plus jeune que l’Avatar, à la peau mate et aux yeux noirs, qui arborait une chevelure brune, qui tombait en cascade sur ses épaules nues. Torse nu, vêtu d’un simple pantalon de toile gris, il tenait dans ses mains expertes un long bâton, qu’il pointait vers eux d’un air menaçant.

« Nous avions conclu un accord. Vous l’avez rompu.

-De quoi parlez-vous ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés…S’opposa Zuko en adoptant une position de défense stable.

-Vous, les gars de la Nation du Feu…Du pareil au même ! Les vôtres avaient promis de nous laisser en paix si nous ne quittions pas l’enceinte de nos temples et vous avez parjuré ce serment ! Je ne vous laisserai pas détruire ce lieu et ces gens, comme vous l’avez fait pour tant d’autres ! »

Le jeune garçon s’apprêtait à attaquer à nouveau mais Iroh se précipita sur lui, si rapidement que l’inconnu n’eut pas le temps de réagir. L’habile vieil homme tordit ses deux bras d’une main, le fit tomber à terre et l’y maintint de l’autre, sous les yeux ébahis de son neveu qui comprit qu’il lui faudrait encore un certain temps avant d’espérer atteindre le niveau de son aîné.

« Ce n’est pas une façon très agréable de commencer une rencontre, petit. Une discussion calme autour d’une bonne tasse de thé, cela ne te paraît pas plus approprié ? »

Le jeune garçon se débattit, en vain, avant de finalement cracher d’une voix rageuse :

« Plutôt mourir que de partager quoi que ce soit avec vous, foutus pyromanes de m…

-De telles grossièretés dans la bouche d’un enfant si jeune, cela n’est pas très correct. »

Iroh adressa un regard à son neveu, qui semblait clairement lui dire « ne l’imite pas ». Zuko ne put s’empêcher de se sentir piqué par ce regard paternel et autoritaire. Voilà que son oncle le traitait comme un simple gamin ! Lui, prince de la nation du feu et Avatar ! Il valait bien mieux que ça !

« Cet homme a raison, Tarik. Cesse de te débattre et écoutons plutôt ce qu’ils ont à nous dire. »

Celui qui avait prononcé cette phrase était un ancien, des plus vénérables. S’appuyant fébrilement sur son bâton, le dos courbé, le visage constellé de rides et de tâches de vieillesse, cette personne, vêtu de l’habit traditionnel des nomades de l’air, son crâne chauve orné d’une flèche bleue, n’en débordait pas moins d’une grande autorité, qui poussa immédiatement Zuko à rapprocher ce moine d’Iroh. Tous deux se ressemblaient, cela ne faisait aucun doute.
Sitôt l’ordre donné, le dénommé Tarik avait abandonné la lutte et l’ancien général avait donc pu le relâcher, gardant toutefois une certaine vigilance face à ce jeunot un peu trop impulsif à son goût.
Le vieux moine fut le premier à troubler le silence :

« Que venez-vous faire ici ? Voilà des mois que nous n’avons pas eu le droit à la moindre visite et des années que pas un représentant du feu ne s’est montré. Car, rien ne sert de le nier, vous en êtes, n’est-ce pas ? L’air autour de vous est saturé de soufre et de cendres… »

Iroh et Zuko se concertèrent du regard. Cette fois-ci, le premier décida de laisser la parole au second qui, après avoir réfléchi quelques instants, lança :

« Nous venons effectivement de la Nation du feu. Mais nous ne sommes pas ceux que vous croyez.

-Ah ouais ? Et vous êtes quoi ? Des marchands de choux ?

-Tarik. »

Le jeune garçon grinça des dents mais ne répliqua pas. D’un mouvement de tête dédaigneux, il invita Zuko à poursuivre sa diatribe. Celui-ci, ravalant difficilement sa colère, se décida à continuer :

« Je me nomme Zuko. Fils du Seigneur du feu Ozai et Avatar. Et voici mon oncle, Iroh. Rajouta-t-il en désignant ce dernier qui affichait une expression gaillarde et sympathique.

-L’Avatar ? Rien que ça ? »

Le moine fit taire l’impertinent garçon d’un seul geste. Puis il s’approcha des visiteurs, avec un air qui semblait clairement indéchiffrable aux yeux de Zuko. Il s’inclina alors, du moins plus que son dos courbé ne l’obligeait déjà à le faire :

« Je me doutais que ce jour arriverait. Je suis honoré de vous rencontrer. Je n’étais pas certain de vivre assez longtemps pour cela.

-Mais enfin ! Vous n’allez pas les croire sur parole ! Ils mentent, c’est évident !

-Tarik. Tu laisses tes émotions troubler ta vision des choses. Ce n’est pas digne d’un nomade de l’air. »

Le jeune maître baissa la tête, honteux. Zuko aurait juré l’avoir entendu marmonner « J’suis pas un nomade de l’air, de toute façon » mais il n’était sûr de rien.

« Je suis celui que l’on nomme le moine séculaire, le vénérable, l’ancien, le sage, le… »

Le vieillard poussa un long soupir puis secoua la tête :

« Oh, assez ! Je sais que nous serons de bons amis, la maîtrise nous rapprochera, alors contentez-vous de m’appeler par mon prénom : Aang. »

Zuko sut alors ce que signifiait l’étrange scintillement qu’il avait perçu dans le regard de cet homme. Cette lueur…C’était celle de la jeunesse, de l’enfance. Il grimaça quand il comprit enfin que celui qui serait son Maître de l’air n’était autre qu’un…fieffé gamin. Le voir chatouiller Tarik ne fit que renforcer cette impression. Zuko leva les yeux au ciel, complètement blasé.

Eh bien, cela promet…Songea-t-il en observant d’un air las le vieillard s’essayer à des cabrioles avant de se plaindre de ses rhumatismes.

Zuko ne fut que plus lassé lorsqu’il vit son oncle se réjouir et commencer à discuter avec le moine de l’influence de l’altitude sur le goût du thé et sur son temps d’infusion.

Pitié…Faites que cela finisse vite !

En croisant le regard de Tarik, empli en parts égales par la haine et l’ennui, Zuko comprit que le garçon pensait la même chose que lui. Et qu’il serait sans doute prêt à tout faire pour que leur visite s’écourte le plus possible.

L’Avatar déglutit. Son apprentissage s’annonçait des plus…inattendus ?

 

 

 

 

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