L'enfant de la Terre

Chapitre 2 : La proposition

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 22/01/2012 06:27

 

Le soleil se couchait lorsque Lya se réveilla quelques heures plus tard. Tony et ses amis étaient partis, sans doute lassés d’attendre que la jeune fille reparaisse. Avec un grognement, Lya se leva et s’épousseta pour enlever les feuilles collées à son pull. Discrète comme une ombre, elle sortit du buisson et se dirigea vers les bâtiments de l’orphelinat. Elle n'arriverait jamais à s'habituer au contraste saisissant et, selon elle, plutôt affreux, qu'offrait le minuscule parc où elle aimait se réfugier pour échapper à ses tortionnaires et la ville toute en hauteur et en métal qu'était devenue Atlanta. Ce petit lieu de verdure était l'un des derniers des environs, même à des kilomètres à la ronde. C'était ainsi en 2154. Presque plus de verdure et de nature. La vie grignotée par le métal et l'acier mortel des hommes. Et la puanteur métallique qui allait avec. Cet air pollué que tous respiraient depuis leur naissance et qu'ils respireraient jusqu'à leur mort... 

  Lorsque la jeune fille franchit les grilles de l’entrée, le surveillant la gratifia d’un coup d’œil dédaigneux et les pensionnaires détournèrent les yeux ou chuchotèrent des commentaires à l’oreille de leur voisin qui leur arrachèrent des ricanements. Lya fit attention où elle posait les pieds, car les petits malins n’avaient rien de mieux à faire que de lui faire des croche-pieds, tout comme elle devait surveiller son assiette lors des repas, histoire qu’on ne lui rajoute un surplus de sucre sur les plats salés ou de sel sur les plats sucrés, ou encore que l’on crache dans son verre.

 Lya se précipita vers sa chambre, sentant monter une de ses crises de larmes inexplicables qui accompagnait ses problèmes respiratoires. Elle se jeta sur son lit en pleurant, la respiration sifflante. Les larmes laissaient un goût salé sur ses lèvres et l'air qui passait dans sa gorge la brulait. "Asthme", avait lâché le médecin d'un ton brusque lorsqu'il l'avait ausculpté la première fois. Mais malgré la Ventoline, les crises restaient toujours aussi violentes...

  Au bout d’un moment, elle finit par se calmer. Elle prit un mouchoir et s’essuya les yeux avant de se moucher. Elle pensait avoir découvert la raison de ses crises : Elle était si désespérée de trouver un endroit où elle serait appréciée que son désespoir débordait parfois, d’où les pleurs. Et les manques d'airs

  La porte de sa chambre s’ouvrit et le battant alla percuter le mur. D’un bond, Lya se redressa. Tony Pittman se tenait dans l’embrasure, un sourire mauvais plaqué sur le visage.

  • Tu dois aller dans le bureau de la Pie !! , ricana-t-il.

Le cœur de la jeune fille rata un battement.  Les rares fois où elle s’était rendue chez la directrice, surnommée la Pie, ça avait été pour recevoir de solides corrections. Si il y avait bien quelqu’un à détester, c’était elle, pas Lya.

  • Pourquoi ? , demanda-t-elle, méfiante.

Tony haussa les épaules.

  • Ché pas… Elle avait pas l’air de bonne humeur.

  Lya le fixa pendant quelques secondes, puis se leva et sortit après lui. Pendant le trajet jusqu’au bureau fatidique, la jeune fille passa en revue toutes les choses qui auraient été susceptibles de lui valoir LA convocation chez la Pie. Mais elle ne trouva rien. Alors pourquoi devait-elle y aller ?

  Le bureau se trouvait en haut d’un splendide escalier qui, selon Lya, ne collait pas du tout avec son occupante. La pièce en elle-même aurait été agréable si la peur ne vous prenait pas au ventre lorsque vous en franchissiez les portes.

  Il y avait deux autres personnes avec la Pie. Cette dernière était vêtue de son habituelle robe noire au col montant, soigneusement boutonnée et impeccable, ainsi que sa coiffure stricte qu’était le chignon. Son visage semblait allongé, sentiment renforcé par un nez long et crochu, des lèvres fines et de petits yeux délavés qui jetaient un regard toujours chargé d’un profond mépris. Surtout envers Lya.   

  Avec elle, deux hommes, habillés en noir et le dos bien droit. On aurait dit des militaires.

  • Williams, siffla la Pie, voici des représentants du gouvernement qui aimeraient discuter avec vous de…certaines affaires.

Elle se tourna vers Tony.

  • Sortez, Pittman. Cette affaire ne vous concerne malheureusement pas.

Tony lança un regard noir à Lya et sortit en fermant la porte derrière lui.

  • Bien, continua la directrice, messieurs, je vous présente Lya Williams, la personne que vous souhaitiez voir.

  Lya garda les yeux baissés en sentant me regard des deux hommes peser sur elle. Elle ressentait presque leur mépris à son égard irradier. Elle soupira intérieurement. Cela ne changerait pas aujourd’hui encore.

  L’un des deux hommes prit la parole.

  • Nous sommes venus vous proposer quelque chose : Une mission.

  Lya releva la tête, surprise.

  • Une mission ?, se méfia-t-elle.
  • Oui. Avez-vous entendu parler de la planète Pandora ?

   Lya sursauta. Pandora ? La planète Pandora ?

  Depuis leur enfance, les esprits des habitants de la Terre ont été bercés par les histoires de la lointaine planète Pandora, où des colonies minières étaient établies pour extraire le précieux minerai nécessaire à la survie de la Terre, trop exploitée. Les exploitations de ce minerai étaient gênées par les attaques incessantes des Na’vis, le peuple indigène vivant sur la zone. Lya avait aussi rêvé d’aller un jour sur cette planète à l’atmosphère irrespirable et d’y découvrir ses merveilles. Elle avait lu le livre de Grace Augustine, cette scientifique brillante qui travaillait actuellement là bas.

  • Oui, comme tout le monde. Pourquoi ?
  • Il semblerait que, selon votre rapport médical, la malformation de vos poumons vous permettrais de respirer dans l’atmosphère de Pandora…sans masque.
  • S…Sans masque ? Vous plaisantez ? 
  • Pas le moins du monde, jeune fille, répliqua sèchement l’homme.
  • Ce serait pour ça que je fais des crises d’asthme ?
  • Nous ignorions complètement que vous faisiez des crises, mais…c’est sans doute une des raisons.
  •  Lya fronça les sourcils. Ils avaient eu accès à son rapport médical... Comment ? Et pourquoi ?
  • Et donc, vous me proposez de partir sur Pandora…

  • Oui, acquiescèrent-ils, même si la mission sera particulièrement dangereuse et il y a un bon salaire à la clé…
  • Je persiste à dire que ce…cette…gamine ne le mérite même pas ! , siffla le Pie, Pittman serait l’homme de la situation !
  •  Mais mr. Pittman n’a pas les poumons adéquats. Nous en restons donc là. Alors ? Votre décision ?

        Lya repensa à sa vie ratée dans l’orphelinat, aux railleries, aux mauvais coups, aux regards méprisants ou dégoûtés qu’on lui jetait. On lui offrait une chance d’y échapper. La saisirait-elle ?

  • J’accepte.

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