L'enfant de la Terre

Chapitre 3 : Un nouveau monde

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 23/01/2012 12:15

 

Lya était soufflée. Devant elle, une énorme navette était prête pour le décollage. Ses futurs compagnons de route s’y engouffraient déjà via un tunnel blanc accroché à son flanc. En déglutissant, la jeune fille remonta son sac sur son épaule et s’avança. Sur son passage, les hommes et les femmes se retournaient, intrigués de voir qu’une gamine allait faire partie du voyage.

  Une femme blonde l’accosta.

  • Williams ? , demanda-t-elle, suivez moi.

  Elle attrapa Lya par le poignet sans lui laisser le temps de répondre et l’entraîna vers un point de contrôle.

  • Vous devez porter badge, pass, carte et plan sur vous quoi qu’il arrive. Le voyage sera très long, expliqua-t-elle.
  • Long comment ? , demanda timidement Lya.

La femme la regarda comme si elle venait d’une autre planète.

  • Montez à bord, finit-elle par dire.

  Vexée, Lya fit demi-tour et s’engouffra dans le tunnel.  

  Finalement, elle déboucha dans une sorte de cabine gigantesque. Des infirmiers aidaient les nouvelles recrues à s’installer à bord de couchettes dont les flancs étaient garnis de tubes et de boutons clignotants. Ils installaient leurs affaires dans des casiers avant de se changer et de s’allonger. Avant que Lya n’ait pu faire un geste, l’un des aides l’attrapa par le bras, lui fourra une tenue dans les mains et l’aida à se changer. Puis il attrapa ses affaires et les enfourna dans un casier où le nom de « Williams » était affiché. Lya se retrouva allongée presque de force et reliée à des capteurs divers et variés.

  • Fermez les yeux et détendez vous. La cryogénisation ne va pas tarder à s’activer…
  • La quoi ?

Mais il l’enferma dans son tube et celui-ci retourna à l’intérieur de la paroi. Sentant monter une crise de claustrophobie, la jeune fille s’obligea à se détendre, fermant les yeux, son esprit s’échappant de la coque de métal pour retourner vers des rivages d’océan ou des champs de campagne…Peu à peu, elle perdit conscience de ce qui l’entourait…

 

    Il lui sembla qu’un court instant s’était écoulé lorsqu’elle rouvrit les yeux. Des gouttes d’eau flottaient devant son nez, indiquant que la gravitation n’avait plus lieu. Elle-même ne touchait plus le sol. Lya avait un goût étrange dans la bouche néanmoins, comme si elle n’avait pas bu ou mangé depuis longtemps.

   Il y eut un « bip » sonore et la couchette glissa vers l’extérieur avant de s’ouvrir. La lumière était faible, pour ne pas aveugler les dormeurs. Tous se détachèrent et se levèrent en flottant, encore groggys, aidés par les aides.

  • Ecoutez moi tous, vous avez dormi pendant 5 ans et demi…

        Lya se crispa. 5 ans et demi ?!

  • Vous allez avoir froid, faim et envie de vous soulager. Si vous sentez des nausées, utilisez les sacs prévus à cet effet dans vos affaires personnelles !

         A travers un hublot, Lya put voir un ciel noir piqueté d’étoiles. Elle ne reconnaissait aucune constellation, mais d’autres planètes, complètement différentes que celles qu’elle avait étudié, les entouraient.

         Et scintillant au loin, tel un joyau de verdure et de vie…

          Pandora.

          Elle ressemblait à la Terre, à ceci près qu’elle n’avait pas de satellite car elle-même était une lune. Celle d’une grosse planète gazeuse d’un bleu électrique qui imposait sa masse sur la petite et frêle Pandora.

          Lya suivit le mouvement dans la navette qui était prête à partir et s’installa sur un siège en frémissant d’impatience. Quoi qu’il lui arrive là bas, ce n’était pas pire que sur Terre…

          Bientôt, la navette se détacha du vaisseau mère, emportant les hommes vers de nouvelles conquêtes. Serrant les mains sur son pantalon, Lya regarda les autres d’un œil discret. Certains discutaient, d’autres restaient silencieux. Mais tous étaient tendus à l’idée de débarquer dans un autre monde.

     Un autre monde. Cette pensée fit frissonner Lya. Elle avait toujours rêvé de s’enfuir loin de l’atmosphère irrespirable de la Terre. Là où la nature avait presque disparu (presque chaque bâtiment avait un tout petit espace pour les arbres et les plantes, mais c’était tout), Lya ne se sentait pas à sa place. La jeune fille s’était toujours sentie très proche de la terre. Parfois, elle avait l’impression de ressentir leur flot d’énergie à l’agonie circulant dans le sol meurtri. Et elle se sentait apaisée ainsi.  

  • Information, déclara une voix, Nous pénétrons dans l’atmosphère de Pandora. Veuillez préparer vos masques.

         En voyant les autres sortir des masques noirs de leurs paquetages, Lya voulut faire de même et s’aperçut qu’elle n’en avait pas. Evidemment, ils n’allaient pas s’embêter à lui en donner un alors qu’elle n’en avait pas besoin ! Mais s’ils s’étaient trompés ? Si elle ne pouvait pas respirer l’atmosphère de la planète ?

         Son voisin, un homme d'environ 25 ans en fauteuil roulant, sembla remarquer son désarroi.

  • Eh chef ! , lança-t-il, Il manque quelque chose ici !

         Le contremaître se retourna et adressa un regard méprisant à Lya qui se recroquevilla sur son siège. Sans lui adresser un mot, il lui envoya un masque qu’elle attrapa du bout des doigts avant de remercier l’infirme du regard.

        La navette finit par atterrir et le contremaître donna l’ordre de se lever. Installée au fond, Lya ne pouvait pas voir ce qui se passait, mais vit les soldats se mettre en mouvement et sortir. Elle put enfin avancer et ce qu’elle vit la sidéra.

      Le monde de Pandora était d'une luxuriance incroyable, dans des teintes vertes et bleues. On voyait au loin des arbres immenses qui surplombait la forêt plus basse. L'énorme planète gazeuse qu'elle avait vu dans l'espace était encore visible, comme une énorme lune sur le point d'écraser le paysage de sa masse imposante. Il y avait plus de verdure que la jeune fille n'en avait jamais vu de sa vie et Lya en eut les lamres aux yeux.

  Mais là où ils avaient atteri n'avait rien de naturel ! Partout des hélicoptères, des machines et des soldats circulaient, patrouillant patiemment autour d’immenses bâtiments en métal. Des carrières insondables par leur taille et leur profondeur avaient été creusées pour en extraire le précieux Unobtanium. Les homme avaient une fois de plus déposé leur marque destructrice.

  Les soldats s’étaient mis à courir vers l’entrée devant des majors.

  • Ils sont frais, mes perdreaux ! , ricana l’un d’entre eux.
  • Par ici, les filles ! , ajouta un autre.
  • …Eh ! Regardez ce qui s’amène…Une petite oiselle et un perdreau à roulettes !

        L’un des majors fronça les sourcils.

  • Oh merde ! Qu’est ce qu’ils nous envoient ?

        Lorsque Lya passa près d’eux, ils se mirent à ricaner sur elle.

  • Eh, gamine ! L’école maternelle, c’est pas ici ! Retourne sur terre !
  • T u t’es perdue, poulette ?

          Lya fronça les sourcils. Autant pour la précaution ! Elle allait leur montrer qui était la poulette !

          Calmement, avec des gestes lents et méthodiques, elle déboucla les attaches de son masque devant les hommes ébahis et fut la première humaine à respirer sans danger directement l’air de Pandora. Ils ne s’étaient pas trompés, sur terre. La jeune fille fut surprise par l’air incroyablement pur de l’atmosphère de cette planète. A part les polluants de la station, elle percevait un parfum qu’elle n’aurait jamais senti sur son monde natal.

  Celui de la nature indomptée.

       Devant les soldats ébahis, elle jeta son masque par terre et continua son chemin d’un pas tranquille.

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