Aventures : La Fanfiction - Saison 2

Chapitre 1 : Un nouveau départ

3050 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/10/2025 14:13

Épisode 1 : Un nouveau départ

Par Myfanwi


Cela faisait des mois que les aventuriers étaient sur la piste de l'intendant Bragg, cet homme qui avait causé la perte de l'un de leurs amis et était aujourd'hui l'un des sujets sensibles animant l'esprit des survivants de la Cité des Merveilles. Ce groupe très atypique était composé de Shinddha Kory, demi-élémentaire d'eau et archer, de Balthazar Octavius Barnabé Lennon, demi-diable pyromage, et de Grunlek von Krayn, un nain ingénieur au bras mécanique. Un quatrième membre s'était ajouté à la troupe depuis quelques mois déjà, humant actuellement l'air froid les enveloppant.


Ils se trouvaient devant un bâtiment en briques blanches imposant, perdu au milieu de nulle part. Le groupe devait y rencontrer Sœur Maëda, la prêtresse de l'Église des Murmures. D'après leurs informations, elle pourrait les renseigner sur la direction à prendre pour retrouver Bragg. Ils en avaient tous besoin, pour faire leur deuil et avancer.


Grunlek avait perdu son sourire habituel pendant ces durs mois sur les routes. Il avait perdu du poids, accablé par la perte récente de son œil qui l'avait fait souffrir pendant bien des semaines, malgré les tentatives de Balthazar pour accélérer la cicatrisation. Il avait dû rapidement apprendre à gérer les distances et à défendre son côté aveugle, qu'il considérait à présent comme vulnérable. Sa louve, Eden, s'était elle aussi remise de ses blessures et avait repris des forces. En la regardant chaque jour, l'envie d'en découdre avec Bragg se montrait de plus en plus forte. Pour ce qu'il avait fait à Théo, même s'il n'était pas directement impliqué. Pour ce qu'il avait fait à Eden, parce qu'il ne faisait aucun doute pour lui que c'était cet homme qui l'avait blessée. Il ne savait pas vraiment s'il lui en voulait. Il désirait surtout des explications pour pouvoir faire la paix avec son passé.


Balthazar, quant à lui, avait le moral dans les chaussettes. L'hiver en était en partie responsable, il avait un gros rhume et de la fièvre depuis deux jours, ce qui pesait gravement sur son mental. Si Shin était ravi de voir de la neige partout, le pauvre mage ne rêvait que d'une bonne taverne où il pourrait se réchauffer le cul au coin du feu. Et puis, bien sûr, la mort de Théo l'avait affecté, peut-être encore plus que ses deux autres compagnons. La promesse que le bourrin lui avait faite était morte avec lui, ce qui le confortait dans un état d'angoisse constant. Mais il refusait d'y penser, préférant se rappeler des bons côtés. Comme cette fois où, en colère, il avait voulu le traîner sur le bûcher et où il n'avait cessé de rire, ce qui avait énervé le guerrier encore plus. Balthazar ne voulait pas tuer l'intendant Bragg, mais désirait tout de même des réponses, parce qu'il ne comprenait pas. Et pour achever ce magnifique tableau, le fait qu'il était incapable de venir en aide à Grunlek, pour le soulager d'une manière ou d'une autre, pesait sérieusement sur son moral. Il se sentait inutile, il avait froid, et ce n'était définitivement pas une bonne période pour lui actuellement.


Shin n'était lui que colère et volonté de vengeance. Il avait fait de grands changements ces derniers temps, à commencer par son style vestimentaire qu'il avait allégé, pour se rapprocher au plus de sa nature de demi-élémentaire. Il n'avait pas digéré le fait qu'il avait été la dernière personne à voir le paladin en vie, il avait l'impression de l'avoir abandonné, voire condamné lui-même. Et cela le rendait plus froid, plus agressif. Les autres avaient beau essayer de le réconforter, il refusait de changer ses états d'âme.


Derrière eux se tenait un quatrième homme, assez grand, chauve, la cinquantaine d'années bien entamée. Il tenait fermement un bâton de combat dans sa main droite, qui, malgré l'air impressionnant qu'il lui donnait, avec l'armure blanche de l'Église de la Lumière qu'il arborait, servait au final assez peu. Les plaques de plates recouvrant son corps musclé indiquaient un rang bien supérieur à celui de Théo, qui n'était que simple paladin. De son autre main, il tenait par la longe Lumière, le cheval de leur ami décédé, qui ne semblait pas nerveux de ce changement de propriétaire, la raison principale à cette attitude étant qu'il le connaissait. Il se nommait Viktor Oppenheimer, magister de la lumière, et il était le dernier arrivé dans cette bande de guignols hérétiques au penchant héroïque.


Ce groupe reformé avait déjà parcouru beaucoup de kilomètres. Après l'effondrement de la montagne de la Cité des Merveilles, Grunlek, Shin et Balthazar avaient repris la route vers le sud, en se remémorant tout le chemin qu'ils avaient déjà accompli : depuis la forêt d'émeraude où ils avaient trouvé la druidesse jusqu'à la Vieille Tour où ils avaient été confrontés à l'homme et la rapière et à l'intendant Bragg pour la première fois, puis de là, ils avaient gagné la porte de l'Étoile et la montagne maudite qui avait enseveli leur ami, à la suite de gros problèmes. Leur voyage avait eu quelques conséquences, notamment sur les populations. Si à la Vieille Tour, le groupe avait laissé d'assez bons souvenirs, à la Cité des Merveilles, ils n'avaient subi que des regards agressifs, voire haineux. Il fallait les comprendre néanmoins, un matin il y avait une montagne, au soir elle n'y était plus et ils avaient été les seuls à en sortir. C'était louche.


Sur la route du sud, à la poursuite de Bragg, les aventuriers étaient tombés sur une chapelle de l'Église de la Lumière. Ils avaient hésité longtemps avant d'entrer, pour informer l'ordre de leur ami disparu de la mort de Théo de Silverberg. Malgré l'absence de corps, il avait eu un enterrement respectable. Ils y avaient laissé à contrecœur son bouclier et son cheval, pour pouvoir tourner la page et faire leur deuil correctement. Ils avaient ensuite poursuivi leur route jusqu'à Lasdakr, une petite bourgade où ils avaient eu d'autres informations à propos de Bragg, et notamment celle qui les avait guidés aujourd'hui devant l'Église des Murmures. C'était à propos d'une certaine Sœur Maëda, prêtresse de l'ordre couvrant les Basses Vallées et qui se tenait au courant de tout ce qu'il se passait dans la région. Le soir même, le groupe avait loué une chambre dans la Taverne d'Elden, où ils avaient rencontré Viktor.



**********


Il y a quelques mois…


Grunlek, Shinddha et Balthazar étaient attablés au bar de cette taverne miteuse, le regard fatigué. Ils avaient marché toute la journée, et leurs pas les avaient guidés ici. Rapidement, ils avaient enfilé les verres d'alcool, si bien qu'après quelques heures, Balthazar riait tout seul, Shin cherchait des yeux une possible conquête amoureuse et Grunlek avait trouvé du réconfort auprès de la table, sur laquelle sa tête reposait. Néanmoins, l'ambiance était tendue, et ils attirèrent rapidement les regards sur eux. Si bien qu'après quelques minutes, une paysanne les interpella avec une voix agressive.


— Alors, comme ça, c'est vous, les aventuriers dont on parle dans toute la région. Vous êtes les coupables de tout ce qui est arrivé ces derniers temps, hein ! 


Balthazar avait relevé un sourcil, surpris qu'on leur adresse la parole.


— Euh… Non ?


— Fous-nous la paix, vieille femme, grogna Grunlek.


— Je… Je suis bleu et je… j'suis fier de l'être ! hurla Shin, le doigt en l'air, à côté de la plaque. Bob, c'était quoi la question ?


— Je sais pas, répondit le mage, hilare. 


La femme ne se laissa pas démonter, outrée par le surnom que le nain avait employé pour la définir. Elle releva la tête, bomba un peu le torse, et reprit la parole, plus fort, pour bien se faire entendre de tous les clients.


— Ça ne m'étonne même pas de la part de gens tels que vous ! Vous êtes mal élevés, vous me dégoûtez, vous n'avez rien à faire ici et vous ne devriez même pas exister ! 


Plusieurs ivrognes hochèrent positivement la tête, d'autres détournèrent le regard en soupirant. Shin, quant à lui, fit une moue adorable.


— C'est pas très, très gentil de dire ça… C'est pas comme si on avait sauvé le monde, vieille bique.


— Ouais, ça ! Et puis voilà ! ajouta Balthazar pour le soutenir. 


Leurs chopes leur furent arrachées des mains par le tavernier, un nain habillé en rouge, le regard noir. Grunlek, voyant qu'il allait aussi lui retirer son verre, posa son bras métallique bien en évidence devant sa boisson. On ne retire jamais une bière à un nain, c'était une règle d'or. Le tavernier fronça les sourcils, mauvais.


— Pour qui tu te prends ?! cria-t-il, en essayant de saisir la chope. Tu es chez moi ici !


— Pour celui qui vous a sauvé et vous le savez même pas, chantonna Grunlek, en vidant cul sec sa bière. Et vous savez même pas ce qu'on a perdu pour ça !


— Prétentieux avec ça !


— On paye, on boit, laissez-nous tranquilles, gronda le Golem, de plus en plus menaçant.


— Ouais, et moi je suis en train de perdre mon temps. Dégagez de ma taverne. C'est un ordre.


— Tu sais le nombre de puits dans lesquels je suis tombé pour sauver ton petit cul ? lâcha Shin, autant en colère que son ami nain.


— Puis t'es qu'un nabot, cria Balthazar. Je suis plus grand que toi et… Et… J't'emmerde ! 


C'est ce moment que choisit Viktor pour entrer dans le bâtiment, dans son armure d'un blanc éclatant. Il huma l'air, détaillant chaque visage présent, dans l'espoir de retrouver ceux qu'il recherchait. Il avait traversé une grande partie du Cratère pour les rencontrer. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'allait pas être déçu du voyage.


Balthazar fut le seul à le remarquer. Mais il sembla hésiter. Sa vue était trouble, et il n'était pas certain de ce qu'il voyait. Cet homme, près de l'entrée, avait le bouclier de Théo dans les mains. Incrédule, il se leva, lâcha un cri d'exclamation et trébucha en arrière, sur une pauvre dame qui n'avait pas pris part au conflit et qui fut profondément choquée par cette agression soudaine. Le nain tavernier bondit au-dessus du bar, et saisit le mage par le col, le secouant comme un poirier.


— Je vous ai dit de dégager de ma taverne ! 


Le pyromancien chercha à reculer, mais le nabot le plaqua sur le mur, levant le bras avec la ferme intention de lui exploser la face.


— Allez Bob ! cria Shin depuis sa place. Pète-lui la gueule ! 


Voyant son ami en danger, Grunlek bondit de son tabouret, et poing métallique en avant, fonça sur le second nain, le dégageant loin de Balthazar. Les deux nabots s'écrasèrent sur un tabouret, faisant hurler hystériquement la femme près du comptoir, et ils commencèrent à se donner des coups. Shin leva sa bière, ravi.


— Bagarre de nains, ouaaaaaaaaaais ! 


Tous les clients se tournèrent vers la scène. Certains rejoignirent bientôt Shinddha dans ses hurlements d'encouragement, d'autres hurlèrent qu'on les sépare. Une femme tomba de sa chaise, un serveur lâcha brusquement son plateau pour lui venir en aide. C'est à cet instant que Viktor pria pour ne pas que les personnes qu'il recherchait soient celles-ci. Et pourtant… C'était bien le cas. La femme qui avait provoqué tout ce bazar, quant à elle, pointa le groupe en couinant :


— Vous voyez ! C'est ce que je disais ! Ils se disent aventuriers, mais ils sèment le chaos ! Ils disent qu'ils nous ont sauvés et ils vont nous envoyer en enfer avec eux ! 


Viktor, atterré, décida de finalement s'asseoir au bar et d'attendre qu'ils aient fini de tous hurler pour intervenir. Il commençait sérieusement à regretter d'avoir parcouru tout ce chemin, mais, comme on disait chez lui, il ne faut jamais juger au premier regard. Cela ne s'appliquait pas aux hérésies, cela dit. Il hésita un instant, puis se leva. Il ne pouvait pas courir le risque qu'ils meurent stupidement, il avait besoin d'eux. Il s'approcha de la scène, essayant d'apaiser les gens alentour de sa lumière purificatrice. Le silence se fit autour de lui, pour son plus grand bonheur.


Et finalement, Shin et Grunlek remarquèrent à leur tour le bouclier de Théo que ce parfait inconnu portait.


— Eh les gars ! clama Shin. Vous avez vu ? Il y a Théo en plus vieux et en plus moche !


— Théo ? reprit Balthazar, les larmes aux yeux. Théo, c'est toi ? Mais… Mais t'as vachement vieilli !


— On croyait que t'étais mort, Théooooooo, se mit à pleurer Grunlek en lâchant son compagnon de bagarre pour venir serrer Viktor dans ses bras.


— Je suis désoléééééé, se mit à son tour à chouiner Shin en rejoignant le nain dans son étreinte du magister, gêné au possible. 


Viktor n'osa plus bouger, attendant qu'ils se calment pour respirer et pouvoir en placer une. Il finit par se dégager et tira une table, poussant les trois guignols sur des chaises pour qu'ils se taisent. Le calme finit par retomber sur la taverne, les curieux retournèrent vaquer à leurs accusations. Les aventuriers finirent eux par comprendre, à force d'acharnement de la part du nouveau venu, que Théo était toujours mort, ce qui leur mit un sacré second coup sur le moral. Viktor s'apprêta à se présenter, mais Balthazar lui coupa la parole.


— Attends deux secondes ! Toi, la vieille, dit-il en pointant la femme qui les avait provoqués. Tu dégages.


— Tenez, prenez une pièce et allez-vous-en, appuya Viktor, en lui tendant un objet brillant, par peur de provoquer un nouveau conflit. Bon, c'est vous les aventuriers qui étaient à la Cité des Merveilles ?


— Ouaip, c'était nous ! lâcha Bob, en riant nerveusement.


— Où vous avez récupéré ce bouclier ? continua Shin, méfiant.


— Vous connaissiez Théo de Silverberg ? C'était son bouclier, n'est-ce pas ?


— Ah le Théo, pour ça, on le connaissait, murmura Balthazar dans un sourire amer.


— Ouais c'était son bouclier, gronda Shin. Pourquoi ? Vous l'avez volé ? C'est comme ça qu'on respecte la sépulture des morts dans votre Église ?


— Eh bien, figurez-vous que je suis justement envoyé par l'Église de la Lumière pour enquêter sur la disparition de Théo. 


Les aventuriers se jetèrent des regards paniqués. Étaient-ils accusés de son meurtre ? Ils avaient assez de problèmes actuellement et ils n'avaient certainement pas envie de finir leurs jours en prison.


— Je vous ai suivi depuis l'enterrement, poursuivit Viktor, depuis la tombe que vous avez dressée pour lui, avec son bouclier. Je le connais personnellement, je connaissais aussi son père. Pour tout vous dire, c'était même moi qui étais chargé de l'empêcher de devenir inquisiteur et paladin… Puis aventurier. Et même si j'ai échoué…


— Ouais, c'est même un peu raté, lui répondit Shin en riant.


— Si vous aviez fait votre travail, il serait encore en vie ! beugla Grunlek, en le pointant d'un doigt accusateur.


— Écoutez, reprit le magister, impassible. Est-ce que je peux vous accompagner quelque temps pour essayer d'enquêter sur sa disparition ? 


Les trois se jetèrent un regard entendu. Balthazar prit la parole pour le groupe.


— Tu nous accompagnes où tu veux, mon gars, mais d'abord, tu m'accompagnes dehors parce que j'ai besoin de vo… vom… 


Il courut à l'extérieur pour vider son estomac.


**********



C'était de cette façon que c'était scellé leur première rencontre : dans l'alcool et le vomi. Viktor les avait alors depuis accompagnés. Le magister avait quitté les rangs de l'Église de la Lumière juste pour découvrir la vérité, et au final, une fois de nouveau sobre, le groupe lui avait fait bon accueil. Une fois que le magister apprit à les connaître, il arrêta de les considérer comme des hérésies et commença même à se lier d'amitié avec eux. Dans l'autre sens, c'était plus compliqué. Grunlek et Shin étaient toujours méfiants, considérant qu'il ne remplacerait jamais Théo, là où Balthazar essayait de faire de gros efforts pour l'inclure. Néanmoins, il fallait dire qu'un paladin calme et respectueux envers la plupart des gens était quelque chose de très agréable, et ils en profitaient un peu pour le soudoyer, il ne fallait pas se mentir. Son combat avait aussi touché les aventuriers. Ce pauvre homme avait essayé d'empêcher le père de Théo de partir à la guerre sans que cela ne fonctionne, puis avait ensuite élevé Théo du mieux qu'il avait pu pour que ce dernier s'enfuie à l'aventure dès qu'il en fut capable. Ils avaient un peu pitié de lui.


Ces mois de voyages avaient ainsi eu plusieurs conséquences. Grunlek, Balthazar et Shin étaient désormais plus soudés que jamais, se protégeant et se remontant le moral mutuellement. Ils avaient aussi arrêté de boire plus que de raison, considérant d'un commun accord que cela n'aiderait pas à faire leur deuil. La venue de Viktor avait également permis de renforcer leur envie d'en savoir davantage sur ce qui s'était produit à la Cité des Merveilles.


Un homme massif sortit de l'imposant bâtiment devant eux, et descendit quelques marches dans leur direction. Il était barbu, roux, une arme dans les mains. Son regard dur se braqua sur eux.


— Messieurs, Sœur Maëda vous attend. Ne la faites pas plus attendre. 


Il se retourna et rentra à l'intérieur.

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