WILD GOTHAM 1 : SECRET DE FAMILLE

Chapitre 3 : L'informateur

1329 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/07/2018 10:30

« La gare est fréquentée pendant la journée. Ça ne pouvait donc se produire que la nuit. Alors je me suis mis en planque. Au bout du troisième soir ça a bougé.

    Il faisait trop sombre pour identifier cet homme de ma cachette. Comme il a utilisé les clés au lieu de crocheter la serrure ou d’ouvrir une fenêtre, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un des employés ayant oublié quelque chose. Puis une fois à l’intérieur il n’a allumé aucune des lampes préférant rester dans l’obscurité.

    Je suis entré à mon tour le colt au poing. Randall le guichetier de la gare n’a même pas cherché à nier. »

    

    « Et ensuite ? » Demanda Bruce captivé.

    

    Il en oubliait d’être vexé, que le shérif Gordon ait suivi le même raisonnement que lui. En effet dans les bureaux de la gare se trouvaient des documents sur les transports de valeurs par voie ferroviaire. Des documents dont avait apparemment profité Falcone par l’intermédiaire du dénommé Randall.

    

    « Ensuite Falcone étant aveugle, je suis partis en chasse avec mes hommes. Puis est venue cette embuscade trop bien préparée. »

    

    « Vous voulez dire que Falcone dispose d’autres informateurs à Gotham ? »

    

    « Ce que je veux surtout vous dire M. Wayne, c’est que malgré mon expérience j’ai commis une erreur.

    Comprenez-moi bien. J’apprécie la suggestion, que vous êtes venus m’apporter. La plupart des gens se contentent de subir ici. Mais ce n’est pas votre domaine. »

    

    Fougue de la jeunesse ou sens du devoir, quoiqu’il en soit Bruce persévéra :

    

    « Randall ne vous a rien révélé ? »

    

    « Randall n’était qu’un pion. » Soupira le shérif. « Il transmettait sous la menace des informations à un homme dissimulant son identité. »

    

    Gordon répondit à la nouvelle question de Bruce avant même qu’il ne la formule.

    

    « Même si Randall dispose de détails permettant l’identification de cet homme, il ne les donnera pas. J’ai rarement vu quelqu’un inspirer une telle crainte. A mon avis le maitre-chanteur de Randal le harcelait depuis des mois. Apparemment il s’introduisait chez lui la nuit, et menaçait de tuer sa famille ou quelque chose comme çà. »

    

    Normalement cette leçon aurait suffit au jeune téméraire et bien attentionné, auquel Gordon croyait avoir à faire. Bruce lui en plus était quelqu’un de réfléchi. Par conséquent il trouva rapidement une autre piste.

    

    « Ce maitre-chanteur il doit bien faire passer ses informations à Falcone un moment ou un autre. »

    

    A ce stade Gordon devait éluder poliment le jeune homme, et lui faire comprendre plus fermement de ne pas se mêler d’histoire concernant uniquement les autorités. Sauf que ce Bruce Wayne raisonnait trop bien. Il avait déjà découvert la piste de la gare, bien qu’il vienne juste de débarquer hier. Et il continuait dans sa lancée.

    

    Fasciné le shérif décida de prolonger l’expérience.

    

    « Parmi mes adjoints je compte une certaine Renée Montoya, une pisteuse exceptionnelle. Juste après cette maudite embuscade je lui ai fait inspecter les alentours de Gotham. Personne ne s’était absentée récemment. »

    

    Enfin Bruce se retrouva à court d’arguments. Pendant qu’il remerciait le shérif Gordon pour sa patience, on ne percevait pas en lui la défaite. Le renoncement n’était pas encore à l’heure du jour.

    

    Alors que Bruce quittait le bureau du shérif, Harvey Bullock y entra. Le contraste amusa un temps Gordon : l’énergie et l’usure, la rigueur et la négligence, l’élégance et la vulgarité.

    

    « Patron y a une merde. »

    

    « C’est shérif, pas patron. » Précisa pour la centième fois Gordon en se massant les tempes. « Et quelle est la merde en question ? »

    

    « Du genre grosse et fumante. »

    

    Voilà que Bullock plaisantait. La journée risquait d’être longue. Le shérif-adjoint attendit les rires quelques instants. Ne les voyant pas venir il passa aux précisions.

    

    « A la ferme des Daggett, ils ont vu roder des types suspects, sûrement des gars de la bande de Falcone. »

    

    « Quel enfoiré ! »

    

    « Je vous le fais pas dire pa.. shérif. J’aimerai le pendre moi-même ce Falcone. »

    

    « Je parlais de Roland Daggett. » Expliqua Gordon avant de soupirer devant l’air ahuri de son subordonné.

    

    En plus de l’humour il fallait rajouter la réflexion dans la liste de ses points faibles.

    

    « Ça fait déjà trois fois, qu’il nous fait le coup. » Enchaina le shérif. « Et à chaque fois on ne repère personne. Il nous utilise pour assurer sa sécurité au cas où. »

    

    « Ah le salaud ! Vous voulez que je m’en occupe ? » Demanda Bullock en tâtant son poing droit histoire d’être clair.

    

    La subtilité venait d’entrer à son tour dans la liste.

    

    « Non j’avais envoyer Merkel y patrouiller afin de donner le change. Ce n’est pas le moment d’attiser des tensions. »

    

    Cette décision déplut clairement à Bullock, qui se retint pourtant de toute réflexion. Ce n’était pas son genre habituellement. Commençait-il à intégrer la notion de discipline ?

    

    « Et la Montoya elle en est où ? » Finit-t-il par dire.

    

    « Elle a peut-être déniché leur cachette. »

    

    « On va vérifier quand ? »

    

    La lueur dans le regard du shérif-adjoint était suffisamment éloquente. Il mourrait d’envie d’en finir. Cela pouvait s’étendre à l’ensemble de Gotham. Alors que le comté connaissait enfin la paix, il avait fallut que ce damné Carmine Falcone revienne. Il était urgent de clore cette affaire.

    

    « Pas tout de suite. » Fut obligé de répondre Gordon à contrecœur.

    

    Il n’enverrait pas ses hommes à l’assaut dans un tel flou. Le shérif se mit à maudire cet informateur, cet ennemi intangible, qui œuvrait contre ses propres voisins, des gens le saluant tous les jours.

    

    Au fond il était pire que Falcone.

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