WILD GOTHAM 1 : SECRET DE FAMILLE

Chapitre 4 : Le saloon

1532 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/07/2018 10:35

Le barman n’était pas très à l’aise face à cette situation. Il faut dire que les femmes étaient rares dans le saloon du moins parmi la clientèle. D’ailleurs les autres clients n’appréciaient pas non plus. Et si elle les dénonçait à leurs épouses ?

    

    Le barman ne se voyait pas empoigner ce petit bout de femme et le balancer hors de l’établissement, comme il le faisait avec l’ivrogne (et fauché) de base. Et il ne pouvait pas se reposer sur son patron. Il était en pleine conversation avec un inconnu plutôt élégant à une table en retrait.

    

    Alors il s’essaya à une méthode plus modérée.

    

    « Il serait peut-être temps de ralentir un peu docteur. » Proposa-t-il devant le verre de nouveau vide.

    

    « Harleen. Appelle-moi Harleen. J’en ai marre d’être docteur. C’est mon premier patient. Il est truffé de plomb dans le crâne. Je lui sauve la vie quand même. Et ce salaud disparait dès que j’ai le dos tourné. Pas une explication. Pas un remerciement. Rien. Boulot de con ! »

    

    En admirant son décolleté le barman eut bien une idée de reconversion. Mais il se retint contrairement à sa cliente tapant une nouvelle fois son verre sur le bar. Alors il se résigna et servit un autre whisky.

    

    Le barman songea à un éventuel cas de figure. Selon son expérience il existait deux types de femmes : la prostituée que lui et les autres employés masculins du saloon maltraitaient, et l’épouse que seul le mari avait le droit de maltraiter.

    

    Mais cette Harleen qui se chargerait de la mettre au pas, si elle faisait trop de grabuge ? Le shérif ? M. Cobblepot n’aimait pas trop le voir trainer par ici.

    

    Il était peut-être temps, qu’il s’en mêle. A ce propos qu’est-ce que sa conversation avec l’autre type, avait de si passionnante ?

    

    A vrai dire elle commençait tout juste à l’être.

    

    « A quel jeu jouez-vous mon cher Bruce ? » Balança brusquement Oswald à son interlocuteur tout en conservant son phrasé élégant.

    

    « Je ne comprends pas. »

    

    « Allons je ne suis pas comme les ignares composant cette ville. Lorsque vous êtes arrivé, vous n’avez même pas jeté un coup d’œil à une seule de mes filles. Vous vous êtes contentés de circuler jusqu’à ce qu’on se croise. »

    

    « En effet je désirais vous parler. » Reconnut Bruce en espérant atténuer la méfiance d’Oswald en étant sincère sur ce point.

    

    « C’est étrange. Nous n’étions pas amis par le passé. »

    

    « Nous n’étions pas ennemis non plus. »

    

    « Vraiment ? Je vous rappelle que votre famille a poussé la mienne au bord de la ruine en attirant le chemin de fer à Gotham. »

    

    « Mon père faisait des affaires. » Répliqua Bruce avec une hargne naissante. « Il ne visait pas personnellement aucun membre de votre famille. »

    

    « Vous ne pouvez pas en dire autant. »

    

    « Pardon ? »

    

    « Vous croyez que j’ai oublié le surnom, dont m’affabulaient les autres gamins à cause de ma claudication : le pingouin. »

    

    « Je ne vous ai jamais appelé ainsi. »

    

    « Bien sûr vous étiez trop sournois. Vous avez juste suggéré aux autres de le faire. »

    

    « Mais je vous assure que...»

    

    « Ne me prenez pas pour un idiot ! » Dit Oswald en élevant la voix pour la première fois depuis le début de l’entretien. « A l’époque vous et moi étions les seuls enfants du comté à bénéficier d’une éducation convenable. A mon avis aucun des autres gosses n’étaient capables ne serait-ce que d’épeler correctement le mot pingouin. C’est forcément vous qui êtes à l’origine de ce sobriquet. »

    

    Ce n’est pas que Oswald pensait avoir raison. Il voulait avoir raison. Dans de telles conditions il était impossible de le raisonner.

    

    « Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire. » Annonça donc Bruce en se levant.

    

    « Pour le moment. » Répliqua Oswald. « J’ignore ce que vous cherchiez en venant converser avec moi. Mais je vais le découvrir. Soyez-en sûr. »

    

    Ces nouvelles investigations étaient loin d’être une réussite. Bruce considérait Oswald comme un candidat potentiel dans le rôle de l’informateur. Sa théorie s’appuyait entre autre sur la forte fréquentation du saloon qui en faisait une bonne source de renseignements.

    

    Non seulement Bruce n’était pas parvenu à tirer des renseignements de la part d’Oswald, mais en plus il s’en était fait un ennemi. Allait-il enfin renoncer ? Toujours pas. Il conservait encore certaines idées en tête.

    

    C’est alors qu’une sorte de remake se produisit. A l’instant où Bruce s’apprêtait à partir du saloon, Bullock y pénétra.

    

    « Le docteur Quinzel est bien là ? » Cria-t-il.

    

    « Présente. » Répondit cette dernière en levant le doigt comme à l’école.

    

    « J’ai un mec qu’a salement dérouillé. Faut que vous y jetiez un coup d’oeil. » Précisa le shérif-adjoint en brandissant un homme inconscient à bout de bras.

    

    « En piste. » Conclut la docteur en vidant son verre d’un trait.

    

    Soudain le tenancier de l’établissement s’en mêla.

    

    « Attendez. Vous ne comptez pas l’examiner ici ?»

    

    Puis en s’approchant Oswald reconnut le crâne soigneusement rasé du blessé.

    

    « Victor Zsasz ! Jessie aides-moi à l’allonger sur la table.»

    

    « Plutôt crever. » Répliqua la prostituée brutalement.

    

    Oswald se résigna à reporter à plus tard la leçon de discipline de son employée. Pour l’heure il devait veiller au bien-être du boucher de Gotham.

    

    Harleen réclama de l’eau et du tissu. Une fois fournie elle monta à califourchon sur Zsasz et l’examina. Ses gestes étaient vifs et habiles. Toute trace d’ébriété semblait avoir disparu en elle comme par magie.

    

    Oswald se reporta alors sur Bullock.

    

    « Que s’est-il passé ? »

    

    « J’en sais rien. Je l’ai retrouvé comme ça au milieu de la rue. » Répondit machinalement le shérif-adjoint avant de se reprendre. « Et puis ce n’est pas vos affaires. Alors doc ça donne quoi ? »

    

    « Il a été violemment fouetté à plusieurs reprises, mais il s’en remettra. Il a reçu aussi un coup violent dans la gorge. Sa respiration en a pâtit. Là encore les dégâts ne sont que temporaires. »

    

    Suite à son diagnostic Harleen se frotta les mains en signe de satisfaction, puis releva la tête. Elle vit alors que les prostituées avaient constitué une sorte de cercle autour d’elle.

    

    « Ça vous intéresse ? » Leur demanda-t-elle intriguée et sarcastique à la fois.

    

    En tous cas il y en avait un, qui en avait assez vu. Bruce dont tout le monde semblait avoir oublié la présence, décida de disparaitre.

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