L'Ombre aspirant la lumière (M version)

Chapitre 1 : Dîner avec un étrange cavalier (M version)

5544 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/10/2022 10:03

1.

Je suis assise confortablement dans un siège en terrasse avec ma meilleure amie. Nous discutons tranquillement de nos vies sentimentales. Pour une fois que nous avons toutes les deux des vues sur des hommes en même temps ! Ça se fête ! Elle doit voir un des plus beaux parti de Gotham ce soir. Et de mon côté, je dois voir un garçon avec qui je discute sur le net depuis de nombreuses semaines. Un jeune homme d'une grande culture. Jack. C'est son prénom. Il est un ancien militaire reconverti en … Tiens reconverti en je ne sais pas quoi. Il ne m'a pas dit. Tout ce que je sais c'est qu'il a quitté l'armée car il ne supportait plus ce rythme de vie et la violence omniprésente dans sa vie. Il a vu une psychologue pendant quelques mois pour se remettre de ses expériences traumatisantes.


- Tu ne sais pas ce qu'il fait actuellement ?, me demande Valentine.

- Non. Vraiment ça ne m'a pas traversé l'esprit de lui poser davantage de questions. La conversation est passée à autre chose naturellement. Mais je lui demanderais ce soir.

- D'autres trucs intéressants sur lui ?

- Il m'a dit qu'il avait quelques cicatrices sur le corps et au visage à cause de l'armée.

- Ça ne peut que te plaire. Tu es tellement bizarre avec ça !

- Je sais bien... Mais je ne lui ai pas parlé de tous mes vices cachés de suite. Le pauvre ! Et toi avec Mister Wayne ?


Valentine a le sourire d'une adolescente quand elle entend le nom de Bruce. Je peux la comprendre. C'est un bel homme. Un visage d'ange et une carrure imposante.


- Ho Bruce ! On s'est croisé à un gala. Tu sais le gala de charité dont je t'ai parlé. Nous avons discuté un bon moment. Mais il avait des obligations avec de nombreuses personnalités. Nous n'avons pas pu en profiter. Il m'a proposé ce dîner pour continuer à nous connaître ! Il est si charmant.

- Toi qui rêve de lui depuis le lycée ! Tu n'as jamais été aussi proche du but !

- Juste le voir à cette réception était déjà irréel ! J'étais dans une bulle. Rien n'aurait pu mieux se passer.


Nous continuons à discuter quelques heures avant de partir chacune de notre côté pour nous préparer.

J'arrive chez moi à 18h. Je fonce prendre une douche rafraîchissante. Sous l'eau, je repense aux délicieuses conversations que j'ai pu avoir avec Jack. Il semble être un homme très calme, sur de lui et bienveillant.

Je sors de la cabine dans un bon état d'esprit. Je file dans mon dressing pour prendre une robe noire très classique. J'enfile des escarpins rouges. Je laisse mes cheveux bruns sécher naturellement. Des boucles se forment déjà. Je choisi un petit sac à main où je mets ma carte bancaire, mon portable et une bombe lacrymogène. Avec les derniers épisodes de panique dans la ville, il vaut mieux être prudente. La guerre entre le Joker et Batman devient de plus en plus dure.

Le Joker n'a pas de limite et n'hésite pas à tuer des innocents. Sans raison apparente. De quoi créer une atmosphère de terreur qui conduit certain à faire n'importe quoi. Il ne fait jamais de mal d'être prudent.

Je pars rejoindre Jack devant un joli petit restaurant. J'y arrive très vite et avec 10 minutes d'avance. J'entends mon portable vibrer. C'est lui.


- Allô !, dis-je d'une petite voix excitée.

- Je vais arriver dans quelques minutes. Tu portes quoi que je puisse te reconnaître.

- Une robe noir et des escarpins rouges. Je suis seule devant le restaurant. Tu sauras très vite me trouver. Et toi ?

- Un costume.

- Noir ?

- Je fais dans l'original tu verras. Je te vois. À tout de suite.


Il me raccroche au nez sur ces derniers mots. Je cherche du regard si quelqu'un approche. Mais je ne vois personne. Puis sans vraiment réaliser ce qu'il se passe, une voiture noire, aux vitres teintées, se gare juste devant moi. La portière passager s'ouvre. Un homme aux cheveux blonds teintés de je ne sais quelle couleur se penche vers moi et m'ordonne de monter. Sa voix est suave et autoritaire. Dans le noir, je ne vois pas vraiment les traits de son visage. À dire vrai je ne vois pas son visage du tout.


- Je suis Jack. Monte je t’emmène dans un restaurant différent. J'aime les changements de dernières minutes.


Je ne sais pas pourquoi mais je monte. Je devrais fuir. Cette situation est vraiment bizarre. Mais si ce n'est pas Jack, qui cela peut-il être ? Je boucle ma ceinture. Je tourne le visage vers lui. Et je comprends dans la voiture de qui je viens de m'installer.

Un maquillage blanc recouvre entièrement son visage. Une bouche rouge monte jusqu'aux creux de ses joues et du noir entoure ses yeux. Il porte un costume violet.

Le Joker.

Je viens de monter dans la voiture du Joker. Du Joker.

Aucun son n'arrive à sortir de ma bouche. Pourtant je voudrais hurler. Je voudrais crier. Mais qui pourrait m'entendre ? Mes yeux ne peuvent se détacher de son visage. Il prend je ne sais quelle direction vers je ne sais quelle destination. À n'en pas douter vers un allez simple pour ma mort.


- Tu es bien silencieuse.


Sa voix n'est pas du tout la même que celle que nous entendons aux JT. Elle n'est pas si aiguë et nasillarde que ça. Bien au contraire. Elle est grave, suave, agréable. Il a une voix d'homme sain d'esprit. Pas cette voix de détraqué mental.

Le stress me fait prendre conscience d'un seul coup que je suis en danger. J'essaie de mettre ma main dans mon sac pour prendre de quoi me défendre. Ses yeux fixent la route.


- Si j'étais toi je n'essaierais pas belle demoiselle. Je suis le Joker. Ne pense pas t'en prendre à moi avec ta petite bombe.

- Je... Je..., dis-je en balbutiant sans que je puisse former une phrase.


Comment a-t-il pu savoir que je fouillais dans mon sac ? Et surtout comment sait-il que j'ai une bombe lacrymogène dans mon sac ? Est ce qu'il me suit ? Est- ce qu'il a installé des caméras chez moi ? C'est le Joker... Il peut. Ho mon Dieu dans quel merdier je me suis foutue ? On va retrouver mon corps dans un caniveau. Ou bien coupé en petits morceaux. Ou alors... Ses mots viennent me couper dans l'inventaire de mes potentielles morts.


- Nous allons arriver à notre restaurant pour notre rencard.

- Rencard ? Vous voulez avoir un date des plus banals avec moi ? Alors que vous êtes le Joker.

- C'est ce qui était prévu et je suis un homme de parole.

- Si vous êtes un homme de parole, pouvez vous me donner votre parole que vous ne me ferez aucun mal, ni à ma famille et mes amis.

- Je pourrais... Je pourrais... Cela te ferait-il plaisir ? demande-t-il en susurrant.


L'homme aux balafres me demande. À moi. Je respire profondément et je lui réponds à l'affirmatif.


- Tu as ma parole.


Le super vilain se gare, sort de la voiture et vient m'ouvrir la portière. Le super vilain me tend la main pour m'aider à sortir. Cette dernière est douce. Je me demande vraiment si ce qui est en train de se passer n'est pas dans ma tête. Je me suis peut-être endormie sous la douche. Je vais me réveiller. Oui je vais me réveiller.

Quand j'arrive enfin à me lever, il passe sa main derrière mon dos et me guide gentiment vers l'entrée de ce qui semble être un hangar désaffecté ou une usine.


- De fait de ma nouvelle notoriété, j'ai fait le choix de faire venir le restaurant à nous. Me faire discret est d'une importance capitale pour continuer mon œuvre. J'espère que tu n'es pas trop déçue.

- Déçue ? Vous me demandez si je suis déçue ? La déception n'est pas le sentiment premier qui me vient en tête. Je suis plutôt morte de peur !

- La peur... Un sentiment que je crée à ma guise. Mais que je ne veux pas susciter chez toi. Allons nous asseoir au chaud.


Je le suis sans tenter de résister. À quoi bon ? Me mettre à courir avec ces talons n'est tout bonnement pas possible. Je me casserais une cheville.

Il ouvre les portes. À l'intérieur tout est beau. Des guirlandes lumineuses pendent au plafond. Un petite table ronde est installée au centre de la grande pièce, avec une nappe blanche, des couverts et un bouquet de roses blanches au centre. Des hommes habillés tout de noir se tiennent contre les murs. Il y a aussi quelques serveurs qui attendent. Si le Joker n'était pas mon rencard, je serais aux anges. Le lieu est d'un romantisme ! Mais je ne peux faire abstraction de mon étrange cavalier.

Nous marchons vers notre table. La main du Joker n'a toujours pas quitté mon dos. La chaleur de sa main ne me gêne pas. Ce qui n'est absolument pas normal. Arrivé devant ma chaise, il me la décale pour que je puisse m'installer. Depuis quand les supers vilains ont-ils des manières de gentlemen ?

L'homme aux balafres vient à son tour s'installer. Ses coudes se posent sur le bord de la table et sa tête vient se mettre entre ses mains. Il penche légèrement son visage et me dévisage. Je ne sais pas quoi dire. Ni quoi faire. Ni quoi penser. Finalement je lui pose une question.


- C'est un kidnapping ?


Il éclate d'un rire qui fait froid dans le dos, avant de répondre.


- Non. Je ne suis pas tendre quand il s'agit de kidnapping.


Sans que je puisse me contrôler j'enchaîne.


- Savez vous seulement ce qu'est la tendresse...

- Je le sais. Bien plus que tu ne peux l'imaginer.


Des serveurs arrivent derrière moi sans que je les entende ce qui me fait sursauter. Je manque de renverser le plateau d'un des deux. Je vois des gouttes de sueurs perler sur son front. Je pense que ce pauvre jeune homme n'est pas ici pour le plaisir. Je m'excuse pour mon geste brusque. Ne pouvant supporter l'idée que ces pauvres serveurs soient ici contre leurs volontés, je décide de venir à leur secours. Dès qu'il a poser un verre de vin blanc sur la table, je prends la parole.


- Laisse partir les serveurs et ceux qui ne veulent pas être ici. Ils n'ont pas à se plier en quatre pour toi.

- On passe au tutoiement ! Tu m'en vois ravis. Le problème avec ta volonté, vois-tu, c'est que si je demande aux serveurs et aux cuisiniers de partir, qui nous fera notre repas ? N'as-tu pas faim ?

- Envoie tes sbires nous chercher des sandwichs


Je ne sais pas ce qui me prend de donner des ordres au Joker. Avec un grand sourire qui dévoile des dents pointues, il somme de relâcher les otages. Il se tourne en direction de ses hommes et demande à l'un deux de combler mes désirs. Le sbire en question demande quel type de sandwich je veux.


- Peut m'importe tant que vous faites ça dans des règles civilisées.


L'homme en arme part avec les otages. Le Joker les regarde partir avant de reporter son attention sur moi.


- Tu me vois déçu de ne pas manger de la grande gastronomie en si belle compagnie. Mais si cela nous permet de discuter dans de bonnes conditions.

- Cela arrange considérablement la situation effectivement.

- Tu n'as pas réellement peur.


Il plonge ses yeux dans les miens en disant cette dernière phrase. Je sens qu'il lit dans mon âme. Qu'il peut trouver tout se dont il a besoin. Tout ce qui lui faut pour me connaître.

Je prends le peu de courage qu'il me reste pour lui répondre d'un ton glacial.


- Non.


Il rit. Encore. Son sourire étire les cicatrices au coin de la bouche. Son visage n'est pas si effrayant que ça vu de plus près.


- Tu es une femme remarquable. Tu me fascine depuis quelque temps déjà. Le Joker est fasciné par une femme ! De quoi faire un bel article de journal avec ce titre ! Commençons cette soirée !

- Que veux-tu faire ?

- Discuter avec toi.

- Discutons alors.


Je le regarde. Il me regarde. Aucun mot ne sort de nos bouches. Rien. Attend-t-il que je prenne la parole ? Je m’éclaircis la voix pour commencer.


- Je suppose que ton nom n'est pas Jack.

- Tu supposes mal.

- Tu t'appelles donc véritablement Jack... dis-je pensive, Tu étais militaire ?

- Je ne t'ai menti sur rien.

- Pourquoi ? Je veux dire pourquoi me dire tout ça alors que ce genre d'informations pourraient être vitale pour la police ?

- Tu es intelligente. Et j'ai confiance en toi. Tu n'irais pas leur dire n'est ce pas ?


Je réfléchis. Prendre le risque de faire tuer ma famille, mes amis ou moi ne fait pas parti de mes projets.


- Effectivement.

- Je ne suis pas le monstre qui est décrit dans les journaux.

- Je suis sincèrement désolée de te contredire. Mais tu es un monstre.

- Un monstre..., répète-t-il dans un soupir avant de reprendre après une courte pause, Je suis un chien enragé qui court après les voitures sans savoir ce que je ferais si j'en attrapais une voilà tout. Je suis un serviteur du chaos. Mais je ne tue personne de mes propres mains. Enfin rarement.

- Savoir que tu ne le fais pas de tes mains te permets de dormir la nuit n'est-ce pas ?


Le Joker n'a pas le temps de répondre car notre repas arrive. Le sbire pose quelques sandwichs sur la table et se retire aussitôt. Sa main attrape une des boites et me la tend. Des sandwichs au saumon. Je la prend. Nos doigts se touchent. Une décharge électrique parcourt ma main et le reste de mon bras jusqu'à l'épaule. Je connais chaque type de décharge de mon corps. Et celle ci ne devrait pas avoir lieu avec lui. Pas avec le Joker. Pas avec ce monstre. Mais je ne la maîtrise pas.

Il prend de quoi manger et commence sans répondre à ma question. Je croque un petit morceau de ma nourriture sans envie. Je le fais uniquement par politesse. Comme si ma politesse pouvait me sauver. Je suis sûrement déjà morte à ses yeux. Je n'ai qu'un peu de sursis.

Après avoir avaler son repas, le Joker reprend la parole.


- Je ne te veux aucun mal tu sais. Sincèrement. Je veux juste te connaître et passer un peu de temps avec toi si tu le veux bien.

- Et si je ne veux pas, on retrouvera mon corps dans quelques jours ?

- Pourquoi voudrais-je te tuer ? Uniquement pour un refus de partager du temps avec moi ? Je ne suis pas un sociopathe non plus.


Sa remarque me fait éclater de rire. Un vrai rire. Incontrôlable. Son regard brille de bienveillance et il me rejoint dans mon fou-rire. Nous rigolons ainsi jusque nous arrivions à nous calmer. Après avoir repris mes esprits, je le toise. Sous tout ce maquillage on ne peut deviner ses traits. Mais j'ai envie de voir son visage.


- Si j'accepte de passer du temps avec toi, accepterais-tu de te montrer sans ton accoutrement ? Je veux dire sans ton maquillage et ton costume. Te voir en tant que Jack et non en tant que Joker ? D'ailleurs est- ce que je dîne en ce moment avec le Joker ou avec Jack ?

- Que de questions ! Moi qui pensais que je devrais me battre pour entendre ta voix ! Si tu le veux oui je me mettrais en Jack. Et pour ce qui est de savoir si ce soir tu dînes avec Jack ou le Joker, je ne sais pas encore. Disons que Jack est là mais le Joker n'est pas loin au cas où.

- J'aimerais dîner avec Jack. C'est ce qui était prévu. Et nous savons que tu es un homme de parole.

- Tu me pièges à mon propre jeu... Tu es bien plus à l'aise que je ne l'aurais imaginer.

- Je ne te piège pas. Si tu ne veux pas, disons que... que je ferais avec.


Sans répondre, le Joker se lève et part par une porte que je n'avais pas remarquer. Il revient cinq minutes plus tard dans une tenue de civile, le visage à nu, les cheveux propres.

Le changement est plus que drastique. Ses yeux sont marrons clairs. Ils sont vraiment beaux. Il a un grain de beau qui semble doux au touché. Mais ce qui attire tout de suite mon attention, se sont ses cicatrices. Elles sont impressionnantes sans tout ce maquillage. Sa démarche est tout autre quand il marche vers moi. Il a réellement mis le Joker de côté. L'autre partie de sa personnalité que tout le monde connaît vient de le quitter.

Il s'assoit.


- Tadada ! Désolé pour les cicatrices. Elles ne sont pas belles à voir.

- Non. Ne t'excuse pas. Tu es bien mieux comme ça.


Je me rends compte que je complimente le Joker. Le changement ne doit pas dire que je peux oublier quel autre part de lui est le Mal incarné. Je ne peux oublier. Je ne dois pas oublier.

Il sourit tristement.


- Je peux te poser une question Jack ?

- Que c'est étrange d'entendre mon prénom..., il semble le dire pour lui même et reste inattentif un instant avant de me répondre, Oui bien sur.

- Tu as donné des explications très différentes pour expliquer tes cicatrices. Je comprendrais que tu ne veuilles pas en parler, mais je voulais au moins te poser la question. Laquelle de tes explications est la vraie.

- Aucune.


Je le regarde un peu surprise. Mais dans le fond c'est logique. Donner la véritable raison pourrait permettre à la police de savoir de qui il s'agit. Il ne peut pas prendre se risque. Il doit être invisible. Rester cet inconnu parfait pour continuer.


- Mais je peux te dire ce qu'il s'est vraiment passé.


Je ne dis rien en attendant qu'il commence. Sa voix est plus grave qu'à l'ordinaire. C'est sa véritable voix. Elle est attirante. Véritablement attirante. Ce qui rend ma tâche de me rappeler que cet homme est le Joker plus difficile.

Il toussote et commence.


- Lors de ma dernière mission, dans le désert, je me suis retrouvé pris au piège dans une crevasse à cause des bombes. Le sable à recouvert mon corps à l’exception de ma tête. Je suis resté bloqué pendant deux jours pensant que mon heure ne devrait plus tarder. Avec le soleil la journée et le froid la nuit, je savais que je n'en n'avais pas pour longtemps. Mais le camps adverse m'a trouvé. J'étais sauvé. Enfin, si on peut dire ça. Je me suis remis de cet épisode plus que traumatisant. Mais le chef de la prison m'avait pris pour cible. Sans raison. On ne sourit pas quand on est captif. Ce n'était pas ma première captivité, j'étais plus ou moins préparé. Mais le petit chef voulait voir ses captifs sourire même sous la torture. Une manière de souffrir d'autant plus. Moi je ne pouvais pas. Alors un jour, il a pris son couteau et m'a fait ce sourire permanent. Ce sourire qui déforme mon visage. Il a laissé la plaie se « cicatriser » seule. J'ai souffert le martyr. Parler ne faisant que rouvrir la plaie. Crier pendant les séances de torture n’arrangeait rien. Je t'épargne les détailles de mon affliction. Un mois plus tard, après la déformation de mon visage, l'armée américaine a finalement réussi à nous sortir de ce trou à rat. J'ai pu me remettre physiquement. Mais je ressens toutes les nuits son couteau qui ouvre mes joues...


Des larmes coulent sur mes joues sans que je puisses les freiner. Je ne peux pas imaginer ce qu'il a dû endurer. Ça ne pardonne en rien ses actions présentes mais il a vu la mort. Plus d'une fois. Et la torture qu'il a subit peut expliquer ses actes aujourd'hui. À vivre dans la folie peut-on vraiment ne pas sombrer dedans ? Je ne sais pas.

Alors que je cherche les mots justes, Jack reprend la parole.


- Ne te sens pas obliger de dire quoi que se soit. Je ne veux pas de pitié.

- Je suis désolée pour toi. Sincèrement désolée.


Jack ne dit rien pendant un moment puis se lève d'un bon avec un sourire qui vient illuminer son visage.


- Allons nous balader ! Je ne suis pas sorti dans Gotham depuis des mois en anonyme ! Je mangerais bien une glace !

- Je ne dis pas non à une glace mais avec mes chaussures je ne suis pas sûre de faire un marathon.

- Tony !


Le sbire de toute à l'heure passe une porte et arrive presque en courant.


- Oui Patron ?

- Va acheter une tenue et des chaussures pour ma cavalière. De préférence discret et un masque pour cacher ces vilaines cicatrices. File et revient vite.


Le géant et son arme quittent les lieux avant de revenir en l'espace de dix minutes. Il me tend un sac plastique avec des vêtement et des chaussures.


- Nous te laissons te changer. Laisse ce que tu portes ici. Mon chauffeur ira les porter chez toi demain matin.


Jack part avec son babouin me laissant seule pour la première fois depuis le début de la soirée. Je me retrouve enfin seule. Seule avec mon portable. J'ai un choix à faire maintenant. Je n'ai pas deux minutes pour prendre ma décision. Appeler à l'aide ou rester avec le Joker/Jack. Prendre des risques ou prendre des risques. Apprendre à le connaître ou fuir. Me sacrifier pour en sauver d'autres ou bien écouter mon cœur qui me hurle de rester avec lui. Parce que Jack me plaît. Parce que depuis que je suis avec lui, je ne me suis jamais sentie aussi vivante et particulière. Parce que pour une fois dans ma vie je suis réelle. Parce que je peux choisir.

Je laisse mon portable dans mon sac et je me change en vitesse. Le babouin de Jack à du goût ! Je trouve dans le sac des baskets blanches, une chemise et un jean. Tout ça dans ma taille alors qu'il n'a rien demander. Mais est-ce surprenant ? Je veux dire, c'est le Joker qui est derrière tout ça.


- Je suis prête ! je hurle pour que Jack revienne.

- Tu ne m'as pas trahi, dit-il pensif pour lui.


Il parle à voix haute pour lui même. Ce n'est pas la première fois me fis-je la remarque. Une manière de rationaliser ses pensées peut-être.


- Si tu tiens tes promesses, je ne te trahirais. Promis., je lui dis d'une voix bienveillante.

- Je le sais. Mais je me devais de savoir si tu serais fidèle envers le Joker.

- Pour le moment je suis fidèle envers Jack. Pour ce qui est du Joker, je ne suis pas sûre de lui être un jour fidèle.

- Intéressant...


Jack me tend son bras. Que j'accepte. Nous voilà partis bras dessus bras dessous comme si nous étions amis ou en couple. Nous sortons de l'usine. Son masque, qui couvre le bas de son visage, ne fait que ressortir ses yeux clairs.


- Nous irons à pieds si tu le veux. J'ai envie de marcher. dit ce dernier.

- Oui ça nous fera du bien.


Je réalise que je suis dans la rue avec à mon bras un des homme les plus recherché de Gotham. Voire du monde. Comme si tout cela était normal.


- Je suis ravi de ce début de soirée en ta compagnie. Ne te sens pas obligée de dire que toi aussi. Répond-moi franchement.

- Pour être honnête, je pensais mourir quand j'ai réalisé que j'étais dans ta voiture. Ma rencontre avec toi, Jack, est plaisante.

- L'autre partie de ma personnalité ne t'a pas conquise ?

- J'ai aimé que tu laisses les otages partir. Je t'en suis vraiment reconnaissante.


Nous marchons jusqu'au camion du marchand de glace, en silence, dans la nuit. Je ne sais pas pourquoi mais je me sens bien. Comme si j'étais à ma place. Ma place est-elle d'être avec Jack ? Mais être avec Jack c'est savoir que le Joker est là.


- Bonsoir Monsieur, Madame. Une petite glace pour vous ?


Jack me regarde en attendant ma requête.


- Un cornet avec une boule de glace au caramel.

- Et pour vous mon petit Monsieur ?


En entendant le glacier appeler Jack ainsi je me retiens de glousser. Je pince mes lèvres le plus fort possible pour me contenir. Jack me jette un regard en biais. Avec son 1m85, il me dépasse d'une bonne tête. Ses yeux brillent de malices en voyant ma difficulté à me dominer.


- Trois boules de glace en chocolat en pot.


Je laisse Jack régler et nous nous éloignons du camion. Nous nous installons sur un banc dans le pénombre pour que Jack puisse en levé son masque sans être vu.

Je le regarde manger sa glace. Il a le visage d'un enfant. Comment peut-il être le Joker ? Il est réellement beau au naturel. Ses cheveux sont d'un blond foncé avec des jolies boucles qui tombent sur son front. Je regarde ses mains. Des mains fortes et puissantes. Des grains de beauté sur les bras qui lui donne un charme. Et des muscles dessinés.


- Merci pour la glace.

- Merci d'être encore là.


Il sent bon le déodorant et le musque. Des odeurs que j'adore. Je crois reconnaître aussi l'arôme de la menthe. Quand les gens sentent bons, je le dis, c'est plus fort que moi. Alors ces mots sortent de ma bouche. Comme ça.

Son regard plonge dans le mien. Il articule un merci à peine audible. Il semble gêné. Je peux le comprendre. J'ai le chic pour ça. Dire sans vraiment réfléchir ou alors ce compliment le met mal à l'aise. Je retourne à ma glace pour essayer d'oublier ce petit moment de malaise.

Mais ses mains viennent attraper gentiment mon menton et tourne ma tête vers la sienne pour plonger son regard dans le mien.


- Un compliment, un autre... Je n'en avais pas entendu des sincères depuis très très longtemps.

- Ho... Je le pense.

- Tu es … très belle.


Il relâche ses doigts et se détourne. Comme s'il avait fait une bêtise. Ses yeux regardent le vide. Je ne peux que le trouver touchant. Véritablement touchant. Je ne sais pas ce qui me prends mais je pose ma main sur la sienne. Rien de bien méchant si on fait abstraction du fait que c'est le Joker. Et c'est ce que je fais. Pendant quelques secondes je fais abstraction de cette donnée. Et je m'imagine avec. Une vie simple, douce et agréable. Une vie de couple. Une vie de famille. Une vie remplie et se déroulant sans accro. Mais la réalité me revient brusquement. Violente et douloureuse.


- Tu sembles fatiguée. Veux-tu rentrer. Je peux demander à Tony de te ramener chez toi.

- Non tout va bien. Je... J'imaginais c'est tout.

- Imaginais quoi ?

- Ce que cela aurait pu donner si ...


Je ne sais pas comment finir ma phrase. Je pourrais le faire sortir de ses gongs. Et je ne veux pas ça. C'est finalement lui qui complète ma phrase.


- Si je n'étais pas le Joker.

- Oui c'est ça.

- Qu'est ce que cela donnerait ?


Je lui réponds sans filtre parce que je sais que je peux le faire. Je n'ai pas peur de lui dire alors que cela ne fait pas quelques heures que je le connais. Des semaines de discussions nous ont permis de créer un lien. Le fait qu'il ne soit pas uniquement ce que je pensais ne m'empêche pas de ressentir un attachement pour lui.


- On pourrait être heureux je crois. Ça serait agréable. Oui on pourrait construire quelque chose de durable. Mais là...

- Admettre que tu m'aimes bien est difficile n'est-ce pas ?

- Tu n'as pas idée...

- Tu n'as pas besoin d'en parler tu sais. Je veux dire. Ça peut rester entre toi et moi.

- Non Jack. Je ne pourrais plus me supporter. Tu n'es pas exclusivement Jack. Tu es le Joker aussi.

- Je pourrais te forcer.

- Tu ne le ferais pas.

- Hmmm.

- Jack ?

- Oui.

- Embrasse moi.


Jack lâche le pot de sa glace qui tombe lamentablement sur le sol. Ses mains passent derrière ma nuque et m'attire à lui. Je pose mes mains sur son torse. Ses lèvres se posent sur les miennes. Avec douceur. Rien de brutal. Rien de violent. Ses doigts se glissent dans mes cheveux. Ses lèvres sont douces. Tout chez lui est doux à ce moment. Ma poitrine explose. Je sais que je ne devrais pas mais je le veux. Je veux l'embrasser. Je le veux parce que ça fait des semaines qu'on parle. Que Jack est un garçon qui me plaît. Je le fais parce que je le veux. Je me répète cette phrase en boucle.

Il détache son visage du mien et ne me quitte pas des yeux. Il me dévore des yeux. Il me regarde comme si j'étais son salut. Comme s'il attendait que je le sauve. Mais je sais bien que dans son fort intérieur, il ne veut pas être sauver. Non il est tel qui l'est. Et si je suis en train de tomber amoureuse de Jack alors je devrais accepter cet énorme part d'ombre qui est en lui. Je serai obligée d'apprendre à cohabiter avec le Joker.


- Vient chez moi cette nuit Jack. Laisse le Joker une nuit.

- Juste une nuit ?


Je rigole avant de reprendre.


- Commençons par cette nuit et on avisera demain matin.

- J'appelle Tony. Il va nous déposer devant chez toi.


Il sort son portable, passe son coup de fil et dans la minute Tony arrive. Je monte dans la voiture. Le trajet passe à une vitesse !

Nous arrivons devant chez moi. Je n'ai pas le temps de fermer la porte d'entrée à clef que Jack me plaque contre cette dernière.

Nos baisers deviennent enflammés. Non. Enflammés n'est pas le bon adjectif. Torrides. Ils deviennent torrides. De quoi déclencher un feu de forêt.

Je passe mes mains sous son t-shirt que je lui retire sans qu'il oppose de résistance. Je le pousse un peu pour avoir une vue d'ensemble sur son torse. Il est vraiment musclé. Ce qui ne peut se deviner sous son costume violet. Et il a de nombreuses cicatrices sur le torse. Notamment une qui est plus grande et imposante que les autres sur son pectoral droit. Elle forme un peu en arc de cercle. Je passe un doigt doucement sur elle. La peau est lisse.


- Dans le dos c'est pire.


Il se tourne pour me laisser voir. En effet... Il n'y a presque pas de partie de son dos qui ne soit boursouflée. Des grands traits, aux formes défigurées, viennent faire des dessins. Je crois reconnaître des coups de fouets. Je passe mes mains à plat sur son dos. Il frisonne. Ce n'est pas un frissonnement de bonheur au contraire. Il se retourne quand j'arrive dans le bas de ses reins pour me faire face de toute sa hauteur. Il ne dit plus rien. Son regard semble s'être éteint. Je ne dis rien mais je le prends par la main et je l’entraîne dans ma chambre.

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