De Sang et d'Âme

Chapitre 2 : After eight years

4349 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/08/2018 17:18

Au pied de la colline du Sogyoku, plusieurs rangées de dizaines de shinigamis faisaient face à une colonne de pierre noire qui se dressait sur deux mètres de hauteur. Devant chacune de ces rangées, au nombre de 13, une ou deux personnes se tenaient, regardant la stèle, dans une attitude de recueillement.

Fermant les yeux un instant, le capitaine-commandant se concentra. Il rouvrit les yeux pour fixer la stèle et ses innombrables inscriptions. Elle commençait à se faire recouvrir par la fine pellicule de neige qui tombait depuis une heure. Il frissonna légèrement, et se reprit. En ce jour, il convenait de ne pas céder à la souffrance perpétuelle qu'il vivait. Ce jour n'était pas pour les vivants.

-Nous sommes réunis aujourd'hui ici pour rendre l'hommage aux morts, commença le capitaine-commandant Ukitake en inspectant ses troupes du regard. À quelques exceptions près (les hommes de la onzième division) tous étaient graves et concentrés sur ses paroles.

« Cela fait aujourd'hui huit ans. Huit ans que vous, shinigamis, avez au risque de votre vie protégé la ville de Karakura mise en sécurité au Seireitei. Huit ans que les capitaines, vices capitaines et sièges de la plupart des divisions ont de même risqué leur vie dans le monde réel. Nous avons tous perdu quelqu'un ce jour-là, un ami, un parent, un collègue. Aujourd'hui est pour se souvenir d'eux. Il convient de se souvenir de la perte, mais aussi de la raison pour laquelle nous les avons perdus.

« Aizen Sosuke. Ichimaru Gin. Tosen Kaname. Trois noms, trois coupables. Deux sont morts, et ont ainsi connu leur punition. L'un vit encore, et la Soul Society doit rester prête à continuer la lutte.

Ukitake s'interrompit un instant, pour reprendre son souffle.

Deux étaient morts, oui, songea-t-il. Mais l'étaient-ils pour toujours ? Qu'arrivait-il aux âmes décédées de la Soul Society ? Renaissaient-elles dans le monde humain, dans un cycle infini ? C'était la théorie de Mayuri. Mais aucune de ses « expériences » n'avait jamais pu le prouver. Ni celle d'aucun autre shinigami auparavant. Et aucune n'avait pu prouver autre chose. On ignorait ce que devenaient ces âmes, voilà tout. Mais l'idée de réincarnations infinies étaient plaisante, aussi, nombreux étaient les shinigamis qui y croyaient.

Mais selon Mayuri, et Urahara était d'accord avec lui sur ce point, si cela était, il était certain que les âmes oubliaient en renaissant sur Terre leur vie à la Soul Society. Elles en gardaient juste peut être quelques lambeaux de souvenir, ou une impression de déjà vu devant certaines personnes ou scènes. Et lorsqu'elles mourraient à nouveau, même les souvenirs de leur vie sur Terre disparaissaient souvent. Alors se rappeler ceux de deux vies précédentes ! Par ailleurs, rien ne disait qu'un homme ne pouvait pas renaître dans le corps d'une femme, ou le contraire, qu'un noir renaissait dans le corps d'un noir, que l'âme réincarnée gardait son apparence d'avant. Retrouver l'âme de quelqu'un et la juger pour ses crimes était donc encore plus improbable que de retrouver une aiguille dans une botte de foin.

Autrement dit, jamais Tosen ou Ichimaru -ou sa pauvre Mitsuki- ne reviendraient. Et c'était dur à avaler. La colère était encore forte huit ans après, et la tristesse plus encore. Ils étaient le 27 novembre. Le 7 décembre serait le jour du souvenir de la mort de sa fille. Et c'était très dur de voir cette date approcher. Il avait appris à aimer la jeune femme, et il savait que même s'ils la retrouvaient un jour, elle ne serait pas la même. Cette idée était plus dure encore à accepter, presque.

Il entendit des murmures autour de lui, et s'échappa de ses pensées. Il revient à son discours.

« Nous ne devons pas pardonner. Nous ne devons pas oublier. Plus encore, nous ne devons pas relâcher notre attention, car Aizen complote toujours au dehors. Vous, survivants de cette journée, plus que tous les autres vous avez souffert, et perdu ce jour-là. Et un même désir de vengeance vous assaille. Ce désir est présent en chacun de nous, même moi.

« Mais vous ne devez pas, nous ne devons pas y céder. La vengeance ne mène qu'à la mort. Et les shinigamis sont là pour protéger, non pour se consumer dans la haine. Souvenez-vous. Mais ne vous détruisez pas.

Le regard d'Ukitake se fit sévère. Il jaugea longuement chacun des deux cent vingt sept hommes et femmes présents devant la stèle. Certains baissaient la tête d'un air coupable, d'autres le défiaient du regard, d'autres approuvaient de la tête.

« Le chagrin nous envahit tous en cette journée. Mais il convient aussi de se souvenir qu'il y a dix ans, dans la bataille nous avons découvert de nouveaux alliés. De nouveaux amis.

« Remercions ensemble la famille Kurosaki, et les amis de celle-ci.

« Souvenons-nous du courage et de la détermination des Vizards, réprouvés par la Soul Society, mais, finalement nos alliés jusqu'au bout. Même si cela a conduit à la mort de près de la moitié d'entre eux.

« Remercions avec eux les autres victimes d'Aizen, exilés par sa faute du Seireitei, mais toujours pleins d'amour pour elle.

« Souvenons-nous, et étonnons nous encore, de l'étrange comportement de certains Arrancars qui n'ont pas accomplis les ordres d'Aizen, ou épargné certains des nôtres quand leur devoir était de les achever. Étonnons-nous que certains aient décidé de s'allier à nous pour se venger d'Aizen. S'alleir à nous, leurs ennemis de toujours ! N'oublions jamais que l'amitié, l'alliance, peuvent naître n'importe où.

Jyûshiro laissa le silence s'installer en hommage à ceux-là, vivants et morts. Parmi les présents, il pouvait distinguer ici et là l'éclat blanc d'un masque de hollow ou de vizard. Le Seireitei avait pris un visage nouveau. Il sortit de sa manche un long parchemin et reprit la parole

« Cet hommage rendu aux vivants, Shinigamis, Vizards, Arrancars et Humains, rendons maintenant hommage aux disparus.

« Yamamoto Genryûsaï, capitaine-commandant,

« Komamura Saijin, capitaine de la septième division,

« Marechiyo Omaeda, vice-capitaine de la seconde division,

« Iba Tetsuaemon, vice-capitaine de la septième division,

« Ise Nanao, vice-capitaine de la huitième division,

« Koresô Taro, troisième siège de la huitième division,

« Ubiki Rin, quatrième siège de la neuvième division,

« Sorejibei Sakura, quatrième siège de la treizième division division

Il poursuivit la liste longuement. Il avait là cent-vingt sept noms inscrits. C'était avant tout des hommes des huitième et treizième divisions, qui avaient été chargées d'évacuer les vivants de Karukura huit ans auparavant. Mais il y avait aussi de nombreux shinigamis de la onzième qui avaient accouru participer à la bataille à la première rumeur de combat, et quelques autres, venus aider leurs amis et collègues, malgré les ordres.

« Rojuro Otoribashi, ancien capitaine de la troisième division,

« Aikawa Love, ancien capitaine de la septième division,

« Muguruma Kensei, ancien capitaine de la neuvième division,

« Kuna Mashiro, ancienne vice-capitaine de la neuvième division

La liste s'arrêtait là. Aucun humain ou Arrancar avait été ajouté sur la stèle. Les shinigamis ne se préoccupaient que des shinigamis, comme toujours.

Jyûshiro laissa le silence se prolonger quelques minutes. Quand les têtes commencèrent à se relever, il conclut de trois mots son discours, et s'inclina devant la stèle.

« Nous nous souviendrons.

-Nous nous souviendrons, répondit l'assemblée en chœur, avant de se dissoudre en petits groupes. Certains s'approchèrent de la stèle pour se recueillir encore, cherchant un nom sur elle.

A mi-voix, Ukitake acheva pour lui même son discours

« Et Aoba-Ukitake Mitsuki. Je ne t'oublierai pas. »

Il se retourna vers son vice-capitaine.

-Sasakibe, vous préviendrez les capitaines et vice-capitaines que je veux les voir à la première division d'ici une heure.

-Oui capitaine, répondit ce dernier. Je m'en occupe immédiatement. Vous rentrez ?

-La neige menace de devenir une tempête. Et si je tombe malade...

-Vous aurez droit à des remontrances de vos troisièmes sièges. Et nous ne voulons pas de ça, n'est ce pas ?

Les deux hommes eurent un sourire de connivence. Jyushiro partit, laissant le vice-capitaine annoncer la rencontre. En quelques coups de shunpo il atterrit devant sa division et se rendit dans son bureau. Il s'inclina en rentrant devant le portrait de son prédécesseur et mentor, puis s'attela à l'ouverture du courrier qui l'attendait. Deux lettres du conseil des 46 étaient posées en évidence. La lecture de celles-ci l'absorba jusqu'à ce que l'on frappe à la porte.

-Entrez, Sasakibe, fit-il en reconnaissant le reiatsu.

-Capitaine-commandant, les officiers du Gotei sont réunis.

Ukitake se leva et rejoignit la salle de réunion.

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Kuchiki Byakuya rejoignit sa place entre ses collègues de la quatrième et de la huitième division dans l'immense salle de la première division où se réunissait traditionnellement le Gotei 13.

Il était capitaine depuis maintenant cinquante sept ans se fit-il la réflexion. Pendant cinquante de ces années, les capitaines autour de lui n'avaient guère changés. Soi-Fon était arrivée à son poste alors qu'il était encore adolescent, après la « trahison » de Yoruichi. Aizen était arrivé à son poste au même moment, tout comme Kurotsuchi et Tosen. Unohana, Ukitake et Shunsui était là depuis plus longtemps encore. En fait, depuis son arrivée, peu après Ichimaru, seuls Hitsugaya et Zaraki avaient rejoint les rangs des capitaines. C'était beaucoup de nouvelles arrivées en cent années.

Et depuis huit ans... Il était toujours aussi étrange de voir Ukitake, toujours souriant malgré sa maladie, sièger à la tête des treize divisions. Il s'attendait encore à voir Yamamoto apparaître en s'appuyant sur sa canne. Mais le commandant des troupes du Seireitei était mort en combattant Aizen, se sacrifiant en vain.

Ukitake leva le regard sur chacun des capitaines et des lieutenants présents devant lui.

-Messieurs, mesdames, la chambre des 46 m'a fait parvenir ses décisions en ce qui concerne la succession de Muragami à la capitainerie de la neuvième division. Nous avions proposé le nom d'Abarai pour prendre le poste. Mais la chambre a refusé.

Byakuya hocha la tête. Huit ans après les faits, les dirigeants du Seireitei continuaient à punir son lieutenant d'avoir développé son bankai en secret et d'avoir désobéi aux ordres en rejoignant Kurosaki au Hueco Mundo. Même si Renji avait désormais parfaitement maitrisé son bankai, il ne serait pas promu, cette année encore. Il l'entendait grommeler derrière lui, mais s'efforça de n'y prêter aucune attention.

-Puisque le vice-capitaine Hisagi a presque atteint la maîtrise de son bankai, la chambre des 46 a décidé d'attendre encore quelques mois, continua Ukitake. Vous prendrez la succession de Muragami dès que vous aurez passé les tests Hisagi.

Le vice-capitaine s'inclina, les joues rouges de fierté.

-Si vous échouez, la chambre prendra la décision de faire venir de la division zéro un nouveau capitaine, comme cela a été fait il y a sept ans.

À cette occasion, la division zéro avait, sur l'ordre de la chambre ou du roi, envoyé Oborushi Takuya et Murugami Yoshi, deux de ses membres, prendre la succession des capitaines des septièmes et neuvième division. Il avait fallu remplacer cinq capitaines après la bataille de Karakura, et les treize divisions n'avaient pu proposer assez de candidats -ou ceux-ci n'avaient pas été agrées-.

-Soi Fon ?, interrogea Ukitake. Avez-vous décidé de quelqu'un pour devenir votre vice-capitaine.

-Pas encore, capitaine-commandant. Je suis encore en train d'y réfléchir.

-Kyouraku ? Tu as...

-Non.

La voix de Kyouraku était froide. Depuis huit ans, il refusait de remplacer Ise Nanao. Il était évident qu'il était tombé amoureux de sa subordonnée. Du moins, c'était évident aujourd'hui. Byakuya ne s'était rendu compte de rien à l'époque. Il était encore trop obnubilé par son deuil impossible d'Hisana, son inquiétude pour Rukia et sa préoccupation envers Mitsuki. Mais il comprenait Kyouraku. Il réagissait pareillement quand les anciens de la famille lui parlaient remariage.

-Bien, soupira Ukitake. Réfléchissez-y tous les deux, s'il vous plaît.

-Il a passé combien d'années sans lieutenant celui-là déjà, rappelez-moi ?, grommela Zaraki, sans doute lassé de cette question devenue rituelle depuis huit ans.

Mais il n'était pas facile de remplacer un lieutenant. Si tout allait bien, il faudrait qu'il cherche un remplaçant à Abarai d'ici cinq ou dix ans. La tâche ne serait pas facile. Renji avait fini par devenir indispensable au bon fonctionnement de la division. Tant que c'était lui, Byakuya qui s'occupait de la paperasse administrative du moins.

-Nous pouvons donc passer à la suite. Soi-Fon, vous devrez me remettre votre rapport pour nous expliquer la déroute de la mission concernant les seconde et neuvièmes divisions au Hueco Mundo, et recenser les nouvelles informations sur Aizen et ses alliés que vous avez pu dénicher. Il y aura une réunion à ce sujet la semaine prochaine. Kurotsuchi, vous m'avez promis un rapport, je le veux d'ici deux jours. Zaraki,... il faut vraiment que vous rattrapiez votre retard sur les rapports. Et j'attends vos listes à tous des promotions et rétrogradations des deux derniers mois. Je vous remercie.

Des ces paroles prononcées, le parfait alignement commença à se dissoudre. Abarai rejoignit Matsumoto, Kurosaki et Kira pour féliciter Hisagi de sa presque promotion.

Laissant là le lieutenant trop bruyant, Byakuya rejoignit sa division. C'était jour de congé, mais aujourd'hui, plus que tout autre jour ou presque, il ressentait le besoin de s'abrutir de travail.

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Ichigo regarda partir Byakuya. Il était environné d'une aura glaciale qui dissuadait qu'on l'approche. Personne n'osait l'approcher quand il avait cet air-là. Sauf Renji et lui. Parce qu'ils étaient des crétins d'inconscients (dixit Rukia, bien sûr). Oburoshi le suivit de peu, tout aussi glacial. Mais lui c'était une aura de mépris qui l'environnait, pas la tristesse polaire de Byakuya. Connard. Ce type de la division zéro était imbuvable.

D'après ce qu'avais dit Kyouraku il avait été capitaine de la...huitième ou dixième division, il ne savait plus huit cent ans auparavant. Et ce type ne savait que dire que le Seireitei était mieux avant. Et Murugami était pire encore. « Mieux », dans leur bouche, voulait dire « sans roturiers, sans vizards, sans humains, sans arrancars, sans femmes, sans gamins, même génies, sans hurluberlus même surpuissants et dévoués corps et âmes ».

De vrais connards.

Heureusement que les shinigamis c'était ça, quand même, des alcooliques, des surexcités, des gamins, des glandeurs,... ! C'était plus marrant comme ça !

Surtout des jours comme aujourd'hui, où on avait besoin de se serrer les coudes pour oublier les morts.

Ichigo fit signe de la main au joyeux groupe de braillards de lieutenants qui sortaient à leur tour de la première division.

-Alors ?, cria-t-il. C'est qui qui remplace le vieux barbon ?

-Personne, cria en retour Matsumoto qui sauta sur le dos de Kira qui manqua s'affaler par terre sous ce poids. Ils attendent qu'Hisagi soit prêt à se présenter à l'examen.

-Tant mieux, ricana Ichigo en s'approchant. J'avais peur qu'ils nomment Renji. Le monde aurait été foutu.

-Arrête ho ! Y a pire que moi pour ce poste quand même !

-Ouais, y a pire. Sans doute. Mais je vois pas qui.

-Ikkaku, proposa quelqu'un.

-Yumichika ! Il imposerait ses goût vestimentaires à sa division.

-Asano, ce nullard !

-Hé ! Dit pas du mal de mes potes !

-Tu imagine, Yachiru capitaine ?

-Non, le pire, ce serait Honsho. Elle refuserait, à moins qu'on lui laisse prendre Rangiku comme vice-capitaine.

-Et Ran, capitaine, l'horreur !

-Ou Ichigo ! La fin du Seireitei !

-Z'ètes tous des cons...

-Ouaip !

La dernière affirmation appelait le consensus. Tous ricanaient en regardant Ichigo, qui haussa les épaules.

-J'vous rejoint plus tard les gars.

-Tu retrouve tes potes ?

-Ouais, ils devraient pas tarder. On se retrouve où ?

-On commence par retrouver Ikkaku et Yumichika à la onzième. Ensuite on mange au Zanbakuto fendu, près de la huitième.

-Ok. On se retrouve là-bas.

Avec un dernier signe de la main, Ichigo quitta le groupe, retournant auprès de la stèle. La nuit commençait à tomber doucement, et le froid à se faire sentir. Il sourit en voyant le joyeux groupe qui se disputait autour. Il pouvait déjà reconnaître à cette distance Tatsuki qui lattait Chizuru. Orihime tentait de la retenir en babillant avec Ishida. Les autres discutaient plus calmement. Yuzu était là aussi, et Karin.

-Yo les gars !, fit-il.

Des sourires lui répondirent, ou des grimaces, de la part de Keigo.

-Ichi ! Ta sœur elle m'embête !

-C'est ta faute, pov' tâche !, fit Karin. Si t'était moins con et moins pleurnichard, j'aurais moins envie de te later chaque fois que je te vois !

Ichigo se laissa tomber dans la neige à côté d'Orihime. Mieux valait les laisser se disputer.

-Ça a été pour venir ?

-Oui ! On a laissé les enfants chez leur grand père pour le week-end !

-Ça leur fait quel âge, déjà ?

-Six et cinq ans ! Ils sont super mignons tu sais ! Comme des bonbons ! Et toi, tu as une amoureuse ?

-Non.

Il se remit à sourire. Ses potes avaient fait leur vie. Son père et lui avaient décidé de rester au Seireitei, aider à la reconstruction. Les autres vivaient leur vie d'humains sur Terre. Ils avaient acquis le titre de shinigamis remplaçants à leur tour et venaient de temps en temps.

Orihime avait épousé Ishida, à la surprise générale, quasiment à leur sortie du lycée. Elle était devenue médecin, comme lui, et ils avaient eu deux fils. Mais ils avaient divorcé deux ans auparavant. Depuis, Ishida venait encore moins souvent. On ne le voyait qu'à la commémoration annuelle. Orihime venait plus souvent, et elle avait même été promue quatrième siège de la quatrième division.

Chado s'était marié aussi, avec Tatsuki, et il avait une petite fille. Il enseignait maintenant l'espagnol à leur vieux lycée de Karakura. Quand il venait, il servait comme Ichigo à la treizième division, sous les ordres de son idiot de père. Tatsuki, elle, était devenue prof de Kendô, en alternance avec son poste à la onzième. Elle était encore plus forte qu'avant, et faisait même trembler les gros bras de sa division.

Honsho Chizuru était mangaka, et célèbre avec ça. Célibataire, elle passait son temps libre à tenter de conquérir les grosses poitrines du Seireitei. Sauf Unohana, elle était pas folle à ce point-là.Keigo, si par contre. Il était vraiment désespéré du côté cœur, et il était même allé jusqu'à faire des propositions à Soi-Fon. Il travaillait dans une boîte d'assurance, sans grand espoirs de promotions, et sans petite copine. Mais il disait toujours que tant qu'il pouvait s'amuser à courser des hollow avec ses copains, tout allait bien. Il avait rejoint la quatrième, après avoir servi brièvement dans la cinquième, la treizième, et la dixième. Chizuru, elle, proclamait qu'elle suivrait sa supérieure Rangiku n'importe où.

Quand à Mizuhiro... personne ne savait trop ce qu'il faisait. On supposait qu'il continuait à fréquenter des femmes plus âgées, on le supposait au chômage, vivant de l'argent de ces femmes... Rien de plus. Lui aussi avait testé plusieurs divisions, avant de rejoindre la treizième.

Et puis, songea Ichigo, il y avait ses petites sœurs. Après avoir appris la vérité, elles avaient décidé de rester sur Terre et étaient rentré en internat. Elles venaient d'avoir leurs diplômes, et Yuzu entamait une école d'infirmière à domicile, en plus de ses stages à la quatrième et de ses études à l'académie. Karin, elle, était championne de karaté désormais, et membre à mi-temps de la dixième division. Elle comptait entamer prochainement des études de droit. Elles avait bien grandi. Trop vite pour Ichigo. Il avait du mal à les reconnaître parfois, ne les voyant pas pendant des mois.

Elles étaient devenues très jolies. En ce moment, elles portaient toutes d'eux l'uniforme, de shinigami pour Karin, d'étudiante de l'académie pour Yuzu. Karin portait les cheveux courts et avait l'air décidé. Yuzu portait maintenant les cheveux aussi long que ceux d'Orihime, attachés en queue de cheval. Elle avait l'air tout triste.

Ichigo se releva et s'assit près d'elle. Elle dessinait quelque chose sur la neige qui s'épaississait.

-Ca va Yuzu ? T'as pas l'air en forme.

-Ça va grand-frère, fit-elle avec un sourire peu assuré.

Ichigo eut une moue dubitative. Il se redressa et rameuta les autres.

-Ho ! Il commence à se faire tard, et les autres nous attendent. C'est au Zambakuto fendu. Vous voyez où c'est ?

-Oui, répondit Chizuru. La huitième et la dixième division se touchaient presque, elle connaissait donc bien ce secteur là.

-Allons y alors.

Tous commencèrent à partir en shunpo. Ichigo arrêta Yuzu qui s'apprêtait à entamer la course vers le restaurant. Il fit signe à Karin de partir devant, et le frère et la sœur restèrent seuls.

-Qu'est ce qui ne va pas ?

Cette fois ci elle accepta de parler.

-J'étais à l'hôpital tout à l'heure. Il pleuvait, il y a eu des tas d'accidents. Je venais juste voir quelqu'un que je connais et... J'ai proposé mon aide, mais comme j'ai pas encore de diplôme, ils m'ont refusé.

-C'est normal. Je comprends que tu sois triste de ne pas avoir pu aidé ces gens mais comprend les, ils ne peuvent pas savoir que Orihime et Unohana t'ont donné de l'expérience.

-C'est pas ça !, fit Yuzu en criant presque. Elle baissa la voix immédiatement. Ça je comprend. Mais il y a deux enfants qui sont morts. Ils avaient même pas dix ans !

Ichigo la regarda, ne savant pas trop quoi répondre.

-Quand je suis sortie de l'hôpital, j'y suis retournée en shinigami. J'ai mon zanbakuto maintenant, tu sais ? Je voulais pas qu'ils restent seuls... Je les ai envoyé à la Soul Society. J'ai bien fait ?

-Oui.

-Mais je les ai envoyé au Rukongai ! Ils sont peut être là où ont grandit Rukia et Abarai ! Ils vont peut être y mourir ! Comment tu peux dire que j'ai bien fait ?

-Maman s'est fait mangé son âme par un hollow. Tu leur a épargné ça. Ils ont une chance de « vivre » maintenant.

-Je leur ait dit qu'ils allaient au paradis...

-Rukia dit toujours ça dans ces cas là. C'est plus facile comme ça. Et puis, on ne changera pas la façon de penser de ces gars comme ça. Ca fait depuis plus de mille ans qu'ils agissent ainsi. Et que tu as les Kuchiki et consorts d'un côté, les Kenpachi et Renji, Rukia, Yachiru de l'autre. Mais attends qu'on ait foutu sa mandale à Aizen et qu'Ukitake n'ait plus en permanence la chambre des 46 sur le dos. Y-en a qui vont pas avoir le temps de comprendre ce qui se passe au Seireitei...

-Qu'est ce que tu veux dire ?, fit Yuzu inquiète en voyant le sourire de prédateur de son frère.

-Ukitake veut changer des tas de trucs d'après papa, sur le recrutement, la condition au Rukongai... Faut lui laisser le temps. Avec un peu de chance tes gosses grandirons bientôt dans un Rukongai moins glauque.

Yuzu lui sourit.

-Tu montes sur mon dos ? Y-en a pour une tirée d'ici le restaurant, et t'est pas une pro du shunpo.

-D'accord grand-frère, fit-elle en montant sur son dos. Et... merci.

Ichigo haussa les épaules et lui tourna le dos. C'était normal de réconforter sa petite sœur non ? Même s'il doutait qu'Ukitake réussisse d'ici cinquante ou deux cent ans, ils pouvait bien mentir un peu. Et serrer les poing en pensant à ces deux gosses de plus perdus là bas.

Quand ils arrivèrent au restaurant, la nuit était entièrement tombée et la neige bien installée. À l'intérieur, la fête battait déjà son plein. Kira était effondré fin bourré sous une table. Rangiku tentait de déshabiller Hisagi qui protestait faiblement. Tous deux étaient bien beurrés aussi. Hiyori avait commencé une bataille de bras de fer avec Renji et ils se gueulaient dessus. Trois capitaines avaient entamé une chanson à boire que Chizuru expliquait à Orihime en rajoutant les gestes. Yuzu rougit devant certains. Yachiru profitait du tumulte pour engloutir les derniers gâteaux.

-Bordel les mecs vous auriez pas pu nous attendre avant de commencer à bâfrer ?

Pour toute réponse, il reçut un bonbon à moitié mâchonné et une bouteille de saké à la gueule, juste avant que Rukia ne tente de l'étrangler pour lui apprendre les bonnes manières.

Il sourit tout en se débattant pour balancer la furie sur quelqu'un d'autre.

Pourquoi fallait-il que les célébrations d'évènements tristes se finissent toujours en beuverie joyeuse au Seireitei ?

Mais c'était ça qu'était bon.

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