De Sang et d'Âme

Chapitre 3 : Two days in the snow

3555 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/08/2018 17:19

La neige s'écrasait silencieusement sur les corps de deux enfants étendus sur le sol. Morts, ou endormis, ils ne bougeaient pas, se tenant par la main.

Au bout d'un très long moment, alors que la neige les avait entièrement recouvert, l'un des deux enfants se mit à bouger. Il se redressa lentement et épousseta la neige qui le recouvrait. Il regarda avec surprise ce qui l'entourait.

Le jour se levait à peine. Ils étaient à la lisière d'un petit bois, et sur leur gauche s'étendait une vaste plaine enneigée, parcourue par quelques arbres disséminés et quelques affleurements rocheux. Il n'y avait là trace d'aucune vie humaine ou même animale.

Gin éternua et secoua sa sœur jumelle. La petite fille se réveilla et regarda autour d'elle avec étonnement. Ses yeux se figèrent tout d'un coup en regardant Gin.

-Gin ! Tes cheveux...

-Quoi mes cheveux ?, fit celui-ci en portant la main à sa tête.

En même temps, il se tourna vers sa sœur qui secouait sa tête pour faire partir la neige. Il écarquilla à son tour ses yeux.

-Ils sont devenus tout blancs! Ou plutôt, argentés !, expliqua Mitsuki.

-Les tiens aussi, fit Gin en saisissant avec difficulté une mèche de ses propres cheveux pour se rendre compte du changement. C'est bizarre.

-Si ça se trouve, quand on meurt on a tous les cheveux comme ça. Et tu as vu ? On porte plus nos chemises de l'hôpital. On a des kimonos.

-Nan, sinon la fille qu'est venue nous voir, elle les aurait eu aussi. Mais elle était brune.

-Alors je sais pas. On est où ?

La gamine se redressa pour examiner les environs.

-C'est ça la « soul society » ? Elle s'est pas trompée en faisant son truc avec son sabre ?

-Je sais pas, elle a pas dit comment c'était.

-Qu'est ce qu'on fait alors, geignit Mitsuki. J'ai froid et j'ai faim moi !

-Moi aussi.

Gin réfléchit un moment. D'habitude c'était sa sœur qui décidait quoi faire, quand il s'agissait de choses importantes. Mais là, elle semblait prête à éclater en sanglots. Il se retint difficilement de lever les yeux aux ciels en murmurant un « les filles ! » blasé. Elle était capable de le massacrer pour ça.

Ils ne pouvaient pas rester là. Le bois les protégeait à peine du vent, et il y avait peut être des bêtes dangereuses dedans. Mais il doutait que s'aventurer dans la plaine soit une bonne idée. La neige leur arriverait vite à la taille et le vent, déjà fort, pourrait être pire encore dans la journée. S'il y avait des gens, ils vivraient près des arbres pour se protéger du vent et utiliser du bois facilement.

-On va longer la forêt. On finira bien par tomber sur des gens.

Sa sœur lui sourit et essuya ses larmes. Elle resserra les pans de son kimono blanc, et leva fièrement la tête. Mitsuki était bien décidée à être brave et à ne pas se laisser distancer par son frère.

Ils hésitèrent longuement pour savoir de quel côté partir. Gin se décida finalement pour la gauche. Il avait la sensation bizarre depuis un moment d'avoir déjà vu cet endroit, et se « rappelait » qu'il y avait quelques maisons quelque part à l'est, mais sans se rappeler à quelle distance.

Il préféra ne rien en dire à Mitsuki, de peur qu'elle se moque de lui ou qu'elle s'inquiète, sans savoir ce qui était le pire.

Ils marchèrent longtemps. Le soleil était désormais presque au zénith. La fatigue et le froid que ressentaient les deux enfants gommait en partie leur faim. Mais il devenait dur pour eux d'avancer.

-Maman et papa...

-Quoi Gin ?

-Comment ils vont tu crois ?

Il n'y eut pas de réponse. Cette fois, c'était Gin qui avait envie de pleurer. Mais il ravala ses larmes. Maintenant, il fallait qu'il soit fort, pour protéger sa sœur et survivre avec elle dans cet endroit sinistre. Il fallait attendre avant de pouvoir se permettre de pleurer.

Deux heures après, ils virent enfin apparaître des traces humaines. C'était une maison de bois, à moitié en ruine à l'orée de la forêt.

Ils s'approchèrent le plus silencieusement possibles. Déjà, ils devinaient les dangers qui pouvaient les surprendre n'importe où ici.

Heureusement, ou malheureusement, ils auraient été incapables de le dire, la cabane était vide, et n'avait visiblement pas été utilisée depuis très longtemps. La poussière recouvrait tout. Le toit était à moitié effondré, et la neige avait largement pénétré l'intérieur.

Mitsuki commença sans hésiter à farfouiller, pour voir si quelqu'un avait laissé quelque chose d'utile, comme un briquet, et s'il y avait du bois sec. Gin restait sur le pas de la porte, incertain. De la même manière qu'il avait eu l'impression de connaître les environs quand ils avaient ouvert les yeux, il avait une drôle de sensation en voyant cette cabane.

Il avait peur d'entrer, sans savoir pour quoi. L'impression désagréable qu'il y avait quelqu'un dans le coin qui allait le regarder d'un air de reproche. Comme quand il faisait une énorme bêtise et que sa mère, son père, sa sœur ou la maîtresse le regardait, la déception dans leur regard. C'était très dérangeant.

-Ah!, cria Mitsuki d'un ton joyeux. Il y a du bois sec là ! Regarde, sous la couche de poussière !

-T'as pas eu peur des araignées ?, répondit-il d'un ton goguenard pour cacher sa peur.

-C'est les bébés qui ont peur. Pas moi, je suis grande.

-Tu est un bébé.

-Idiot on est jumeaux ! Si je suis un bébé, toi aussi.

Gin tira la langue, et s'aventura avec précautions dans la pièce.

-Tu m'aide à fouiller ? Faut trouver un briquet, ou des allumettes.

En grommelant, Gin s'attela à sa tâche. Il fouilla toute une partie de la pièce, sans rien trouver. Puis, une idée lui vint. Il croyait savoir tout d'un coup ou trouver ce qu'il fallait. Il s'approcha du foyer au centre la pièce, et commença à faire bouger les lattes de bois qui entouraient celui-ci. L'une d'elle glissa et dévoila une petite cachette, pleine de de toiles d'araignée. Mais surtout, à sa grande joie, il y avait là quelques morceaux de charbon, et des espèces d'allumettes. Il rejoignit Mitsuki en courant, et l'aida à ramener quelques bûches. Même à deux, elles étaient tout de même bien lourdes.

Au bout d'une dizaine de minutes, et de deux fois plus d'essai, ils réussirent à faire brûler les bûches, et ils éclatèrent de rire.

-C'est ça qu'on devrait nous apprendre à l'école, pas les mathématiques !

-C'est plus utile, et plus amusant. Et à la place du japonais, on devrait avoir des cours de bricolage. Si on veut rester là, il faudra remettre un toit !

-J'ai été voir dans la pièce d'à côté. On peut y dormir, il n'y a pas de trou. Mais pas de couverture, juste un vieux rideau tout moisi.

-Ça devra aller pour cette nuit. Mais on pourra pas être sans couverture pendant longtemps Gin. Il va falloir qu'on bouge, qu'on trouve des gens.

-Je sais. Mais pour le moment ça suffit non ? On a réussi à allumer un feu ! Dormons, on verra plus tard.

-Oui mais... Il faut qu'on mange aussi. Et qu'on trouve de l'eau. Et c'est l'hiver, la nuit va tomber vite.

Gin se releva. Pourquoi fallait il toujours que Mi-chan le rappelle à la raison ? Leur mère disait que sans Mitsuki elle aurait abandonné depuis longtemps tout espoir de réussir à élever correctement Gin. Mais elle oubliait que Mitsuki était capable d'inventer des histoires et des blagues pire que lui quand elle voulait. Il était très fier d'elle dans ces moments-là, alors, il pouvait bien lui pardonner d'être sérieuse parfois.

Encore une fois, un instinct mystérieux le conduisit dans un coin de la pièce. Là, il découvrit derrière une planche bancale des collets de cuir parfaitement préservés.

-Comment tu as trouvé ça ? Comment tu as su qu'il y avait quelque chose là ?

-Je sais pas. Un coup de chance ?

Mitsuki le regarda de travers, mais ne dit rien.

-Toi, tu va poser ces collets. Tu est le meilleur pour faire des nœuds. Moi je vais recueillir de l'eau, et chercher s'il y a des assiettes ou quelque chose.

-De l'eau ? Et comment tu va en trouver ? Les rivières doivent être gelées, et on sait même pas s'il y en a ici !

-T'est un imbécile Gin ! On a de la neige !

-Et alors ?

Les yeux de Mitsuki allaient du tas de neige au feu qui ronronnait doucement, et Gin comprit enfin.

-T'as raison, je suis un idiot. J'y vais !

-T'éloigne pas trop.

Gin ne répondit pas, et sortit. À peine eut il fait quelques pas qu'il s'effondra dans la neige et éclata en sanglots, se laissant enfin aller.

Après de longue minutes, il se releva, les yeux encore humides et tout frigorifié. S'aventurant dans la forêt, il posa les collets à ras le sol entre des racines, puis rentra, espérant qu'une proie s'y laisserait prendre. Il mourrait de faim. Il regarda avec attention sur le chemin du retour, mais il n'y avait même pas de buissons à baies. Mais avec un peu de chance, demain ils aurait du lapin se dit-il. Encore faudrait-il que l'un d'eux le découpe. L'idée était assez dégoutante. Il la remettait à plus tard. Pour le moment, seul l'immédiat importait. Le futur, il serait tant de s'en préoccuper le lendemain. Quand au passé... Il préférait ne pas y penser, pas maintenant.

À la maison, Mitsuki avait fini ses recherches. Il découvrit de l'eau dans des bols, et but à grande gorgée, avant de remettre de la neige à fondre. Mi-chan avait trouvé d'autres paniers et bols qu'elle avait rangé dans un coin. Il y avait aussi un couteau, un peu rouillé, et des baguettes. C'était tout ce qu'elle avait trouvé dans leur cabane. Elle s'était endormi en l'attendant. Gin remit quelques branches dans le feu, et réveilla sa sœur. Ils pénétrèrent tous deux dans la seconde pièce et s'endormirent, serrés dans les bras l'un de l'autre sous la vieille couverture trouée.

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Mitsuki se réveilla la première le lendemain matin. Elle recouvrit son jumeau du vieux rideau sous lequel ils avaient dormis, puis retourna dans la pièce principale. À son grand soulagement, il avait cessé de neiger pendant la nuit et le feu ne s'était pas éteint. Elle prit l'une des bûches les plus petites et moins lourdes qu'elle pu trouver et la rajouta dans le foyer.

Ensuite, elle sortit. Le ciel était clair et bleu, présageant d'une belle journée. Par contre, la température était glaciale, surtout qu'elle ne portait qu'un kimono léger. S'aventurant dans le sous-bois, la petite fille découvrit avec soulagement un lapereau mort dans un des pièges. Elle avait trop faim pour pleurer pour le pauvre animal. Cela faisait plus de vingt quatre heures qu'ils n'avaient pas mangé tous les deux.

En rentrant, elle déposa le lapin sur le crochet au dessus du foyer pour qu'il cuise. Elle ressortit immédiatement et commença à examiner la maison. Du côté de la porte, il y avait un arbre rachitique. Mitsuki grimpa sur celui-ci et, après trois tentatives de saut ratés, finis par atterrir sur le toit.

Elle se rétablit avec difficulté à cause de la neige accumulée. La petite fille s'agrippa donc au toit comme elle put et regarda les alentours. Au nord, la forêt s'étendait à perte de vue. Par contre, dans les trois autres directions, c'était des plaines et des collines peu boisées. À l'est elle distingua de la fumée. Il y avait donc des habitations. Elle se préparait à redescendre, lorsqu'elle distingua quelque chose d'écrit sur une des poutres du toit, que le passage de sa jambe avait en partie dégagée de la couche de neige.

Il s'agissait de deux noms, gravés dans le bois. « Rangiku » et « Gi ». La fin du second nom était coupée. Les deux noms étaient entourés d'un cœur. Mitsuki eut un rire joyeux. Il y avait des amoureux qui étaient montés sur ce toit ! Elle se demanda à quoi ils ressemblaient, et s'ils s'étaient mariés. À grands gestes, elle dégagea la neige autour d'elle, cherchant d'autres écrits. Elle découvrit ailleurs une petite tête de renard. Cherchant toujours, elle se pencha plus avant, et le bout de toit sur lequel elle se tenait céda sous son poids.

Elle chuta avec un grand cri.

-Mi-chan ! Ça va ?, fit son frère en accourant.

-Ça va, je me suis pas fait mal. La neige m'a amorti.

-Pourquoi t'as fait ça ?

-Je voulais voir si on voyais des maisons de là haut. Et tu sais quoi ? Il y en a !, répondit la petite fille en sautant sur place d'excitation.

-Vrai ? Où ça ?

Avec force gestes, elle lui expliqua où et à quelle distance ils trouveraient d'autre gens. Il finit par la couper dans son élan.

-Ça sent pas le brulé ?

-Le lapin !

Ils se précipitèrent en un seul élan pour ôter l'animal de son crochet. Puis, ils se résolurent à le couper pour le manger, dégoutés, mais affamés. Mais un maigre lapin, ce n'était pas suffisant pour calmer leur appétit.

Les deux enfants partirent ensuite relever les collets. Seuls trois autres étaient remplis, et deux avaient été détruits. Ils revinrent à la maison abandonnée, déçus.

Une rapide discutions eut lieu. Ils ne pouvaient rester ici, et Gin semblait pressé de partir. Il lui semblait que les deux précédents habitants, surtout cette « Rangiku » l'observaient avec mépris. Le délabrement de la maison faisait qu'il était impossible d'y rester durablement, surtout en maquant de tout. Pas de couvertures, pas de lampes, pas de condiments, de légumes ou de riz, pas de seau pour transporter l'eau, pas d'armes en dehors du vieux couteau, pas de vêtements chauds, d'outils pour couper le bois ou réparer le toit... Ils avaient dressé une liste de ce qu'ils devaient se procurer au plus vite, dans l'ordre.

Puis, vint la question de savoir comment se procurer tout ça. Ils n'avaient pas d'argent.

-On pourrait... prendre les bols et les plats et les vendre ?, proposa finalement Gin.

-C'est pas du vol ?

-Non ! T'as vu la poussière, y a plus personne depuis longtemps. Ça dérangera personne, surtout si ça sauve la vie à des gens !

Mitsuki ne s'opposa pas longtemps à cette proposition. Ils n'avaient pas d'autre solution. Cela ressemblait un peu trop à du vol pour elle, mais elle décida de passer outre. Même si sa mère désapprouverait sûrement.

Mais là, ce posa le problème du transport. Ils durent donc se résoudre à n'en prendre qu'un petit nombre, cherchant les mieux conservés et le plus joliment décoré. Enfin, ils purent partir, les deux se relayant pour porter les plats enveloppés dans leur couverture et dans lequel ils avaient mis les lapins.

Ils arrivèrent en début d'après-midi dans un village aux allures médiévales. La même misère que dans la cabane de la veille y régnait. Les deux enfants se regardèrent, inquiets.

-Si je revois cette foutue fille qui nous a envoyé ici, je la tue, grommela Gin.

Mitsuki avait presque envie de l'approuver. Ils étaient des enfants ! On n'envoyait pas des enfants dans un endroit comme ça. D'accord, ils avaient accumulés les bêtises, fait tourner leurs professeurs en bourrique, à moitié tué leurs parents de fatigue et d'angoisse à cause de leurs blagues, mais tout de même.

Gin et elle toquèrent à toutes les portes, l'une après l'autre. Et presque toutes se refermèrent sur leur nez. Les gens avaient ce qui leur fallait, ne voulaient pas se faire embêter par des gamins.... L'un d'eux les aurait frappé de son bâton s'ils n'avaient pas fui à toutes vitesse. Quand à la nourriture, les gens disaient tous n'avoir pas faim. Et personne ne voulut leur abandonner une couverture, de la nourriture, des vêtements, même usagés.

Alors qu'ils allaient abandonner, une fenêtre s'ouvrit. Une femme d'une trentaine d'année les regarda longuement. Gin finit par lui tirer la langue et entraîna sa sœur en arrière en resserrant leur couverture sur eux.

-Les enfants!, les interpella la jeune femme. Venez-ici !

Mitsuki fit demi-tour, forçant Gin à la suivre.

-Oui madame ? Nous pouvons faire quelque chose pour vous ?

Autant être le plus poli possible se dit-elle.

-Vous êtes là depuis longtemps ?

-Deux jours, madame.

La femme les jaugea encore un peu du regard puis disparu. Alors qu'ils s'apprêtaient à repartir, la porte s'ouvrit.

-Allez, entrez. Je ne vais pas laisser deux petits comme vous dans le froid. Vous pouvez rester pour la nuit.

Passer la nuit au chaud, c'était déjà énorme ! Les deux enfants se dépêchèrent de rentrer.

La maison était construite dans le même style que celle où ils avaient passé la nuit précédente. Une pièce principale avec un foyer central où un feu brûlait, meublée d'étagères remplies de petites boites et de bottes d'herbes séchées, ainsi que d'une table entourée de coussins faisant office de lieu de repas et de travail. Sur la gauche de l'entrée, il y avait une chambre avec un large futon. Enfin, une bassine dans un coin devait tenir lieu de baignoire.

-Asseyez-vous tous les deux, réchauffez-vous. Je vous prépare quelque chose à boire.

Ils se réchauffèrent, avant de se faire servir une tasse de thé. La jeune femme les rejoignit avec sa propre tasse et un kimono et un nécessaire de couture.

-Vous avez quel âge ?

-Huit ans, répondit Gin. Et vous ?

-Je suis ici depuis 63 ans.

-Impossible !, fit Mitsuki interloquée.

-Si. On peut mourir ici aussi, de vieillesse, de maladie, ou d'un accident, mais le corps vieillit beaucoup plus lentement. Dans dix ans, vous paraitrez peut-être encore le même âge. Ou alors, vous aurez l'air d'avoir seulement pris quatre ou cinq ans.

-L'horreur, dit Gin. Comme si on grandissait déjà pas trop lentement.

-Les gens doivent être très nombreux alors, si on vit plus longtemps non ? Comment ça se fait qu'on ait croisé personne.

-Les gens meurent beaucoup. Il y a beaucoup de maladies et peu de médicaments, et beaucoup d'endroits sont très dangereux. Ici ça va encore, il y a juste la misère, mais pas de meurtres, ou très rarement. Vous apprendrez vite ici que le malheur rend les gens désespérés et cruels. C'est pour ça que personne n'a voulu vous aider ici.

-Mais vous vous avez bien voulu. Pourquoi ?, reprit Mitsuki, dubitative.

-Parce que le suis arrivée ici, j'étais à peine plus vieille que vous. Et que dans cette neige ce serait cruel de vous laisser seuls. Mais je ne fais pas ça gratuitement. Je compte bien que vous m'aidiez un peu.

-A faire quoi ?

-J'ai un peu de reiatsu, de la force spirituelle, comme celle des shinigamis qui vous ont peut envoyé ici. J'en ai trop peu pour espérer devenir shinigami, et je n'en ai pas envie, mais à cause de ça j'ai besoin de manger.

-Quand on a pas de reiatsu on n'a pas faim ?

-Non. Oh, ce n'est pas pour autant que les autres ne mangent pas, mais cela leur arrive très rarement.

-Alors, on a du reiatsu. On a faim depuis qu'on est arrivé.

-Alors je serai obligée de vous demander plus de travail. C'est déjà difficile pour moi, alors trois personnes à nourrir... Je n'ai rien à vous donner aujourd'hui.

Les deux enfants se regardèrent et hochèrent la tête. Gin prit leur paquetage, et sortit les trois lapins avec un grand sourire. Ils avaient un foyer, au moins pour quelques jours. Maintenant, il leur restait à se rendre indispensables. Il eut un immense sourire, les yeux presque entièrement clos.

-Gin, je te l'ai déjà dit, t'est flippant quand tu souris comme ça. J'ai l'impression que tu veux tous nous bouffer.

Il rouvrit les yeux et tira la langue à sa sœur. Un geste grossier lui répondit.

Il recommença à sourire. La journée finissait décidément bien mieux qu'elle avait commencé.

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