De Sang et d'Âme

Chapitre 4 : Cold winters and hot summers

4255 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/08/2018 17:19

La femme qui avait accueilli Gin et Mitsuki, Kiko, était de son vivant une fleuriste. Arrivée au Seireitei, catapultée dans le cinquante neuvième district nord, elle avait découvert que l'ornement d'une maison comptait moins que la survie au quotidien. Heureusement, sa connaissance des fleurs s'élargissait aux plantes médicinales.

Elle vendait désormais des concoctions et des plantes sur les marchés de tous les villages du district et même de ceux alentour. C'était un travail éreintant. Il fallait se lever à l'aube pour arriver à temps sur les marchés et trouver une bonne place (et pour cela payer un prix exorbitant les administrateurs du lieu, ou les bandes locales qui faisaient la loi, voire les deux). Après une matinée passée dans la cohue, elle rentrait chez elle, mangeait brièvement, puis partait faire la collecte des plantes. Le soir, elle préparait ses remèdes, faisait sécher sa récolte, réparait ses outils et paniers, puis se couchait, épuisée, pour recommencer le lendemain.

Ce n'était pas la première fois qu'elle songeait à prendre un apprenti. Mais la plupart des jeunes à qui elle l'avait proposé abandonnaient rapidement, préférant rejoindre une bande de hors-la-loi et de voyous en tout genre ou tenter les concours de shinigami.

Au pire, les deux enfants partiraient vite, mais cela lui ferait quelques soirées où d'autres s'occuperaient du ménage, du repassage, de la vaisselle et de toutes ces autres tâches qu'elle n'avait jamais le temps de faire. Au mieux, elle obtenait deux apprentis qu'il lui faudrait nourrir mais qui lui apporteraient de l'argent en plus.

Ce n'était pas une méchante femme que Kiko. Elle n'aurait pas jeté les deux enfants dehors comme ça. Mais la misère dans laquelle les gens vivaient dans ces districts était telle qu'elle ne pensait plus, la plupart du temps, qu'en termes de profit et de temps perdu.

Elle commença par donner aux deux gamins des taches simples, comme faire sécher les herbes ou accomplir les taches ménagères au logis, ainsi qu'aller faire les courses. Au bout de quelques mois, comme Gin et Mitsuki semblaient décidés à rester et à faire de leur mieux, elle commença à leur apprendre à reconnaître les herbes.

Les deux enfants prenaient beaucoup de plaisir à ces cours, surtout parce qu'ensuite Kiko leur laissa aller eux même cueillir ce dont elle avait besoin. Avec le printemps, c'était vite devenu prétexte à s'aventurer de plus en plus loin dans les environs.

Ils partaient tôt le matin, vêtus chaudement, et exploraient les bois et les champs. La cueillette les occupait une partie de la journée, puis ils couraient, se jetaient à l'eau, criaient et jouaient jusqu'au soir. Lors de ces moments là, ils étaient heureux comme des poux. C'était tellement mieux que l'école avec ses mathématiques, son histoire, ses heures à devoir rester assis tranquille et tout le reste.

Ensuite, ils rentraient et le travail rébarbatif commençait. Faire la cuisine, couper les tiges des plantes, les faire sécher, les piler, étiqueter les pots... Cela leur prenait parfois deux ou trois heures, après lesquelles ils mangeaient, le plus souvent en silence, avec Kiko. Parfois elle les faisait parler de leur journée, ou leur racontait les derniers potins. De temps en temps, elle leur expliquait des choses, comme comment allumer un feu, fabriquer des collets ou fabriquer de la colle. Là, ils étaient toute ouïe. Mais le plus souvent, ils mangeaient rapidement et partaient se coucher.

Le soir, il était courant que l'un des deux enfants sanglote doucement quand il croyait l'autre endormi. Kiko leur donnait un toit et un métier, pas l'amour dont ils avaient besoin.

Gin et Mitsuki avaient une maison, pas un foyer.

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Plus d'un an avait passé depuis leur arrivée au Rukongai. L'été était là, étouffant. Dans l'eau de la rivière, Mitsuki contemplait son reflet avec attention. Il lui semblait qu'elle avait un peu grandit -un tout petit peu-. Ses cheveux avaient poussé, ce qui lui donnait l'air plus âgée, mais même en dehors de ça, elle faisait moins gamine, non ?

Alors qu'elle continuait à s'interroger, une pierre atterrit dans la marre, l'éclaboussant.

-Gin !

Son frère était assis sur une branche au dessus de sa tête, l'air goguenard. Il lança une autre pierre qui l'arrosa de la tête aux pieds cette fois.

-T'est insupportable, grommela Mitsuki en s'ébrouant pour sécher ses cheveux.

-Qu'est ce que tu faisais ?

-Rien.

Le ton de la petite fille était dur et défendais qu'on lui pose aucune autre question.

-Pff. Je sais très bien ce que tu faisais... Tu regardait si t'est jolie. Tu as envie qu'un garçon sorte avec toi ? Pas possible, t'est trop une mocheté.

-C'est pas ça !

-Même si tu te couvrais de fleurs, tu resterai moche. Faut t'y faire, c'est tout.

Gin souriait jusqu'aux oreilles. C'était vraiment trop facile. Avant qu'il ne comprenne ce qui se passait, Mitsuki avait sauté dans l'arbre et l'avait poussé brutalement. Il atterrit sur un tapis de mousse qui amortit légèrement sa chute. Elle, par contre, avait réussi à se rétablir sur la branche.

-C'est pas ça ! Je regardais si j'avais grandit ! C'est tout ! Et puis d'abord, si je suis moche, tu l'est aussi puisqu'on est jumeaux !

-On se ressemble même pas tant que ça, remarqua Gin en se relevant.

C'était vrai. Ils avaient tous les deux ces cheveux argentés depuis leur arrivée, mais il avait le visage plus fin et allongé que sa sœur. Quand à leurs yeux, les siens étaient bleus tandis qu'elle les avait bruns. Ça l'avait longtemps étonné que des jumeaux puisse avoir des yeux différents, mais leur père leur avait dit que c'était parce qu'ils étaient des « faux jumeaux », même s'il ne voyait pas vraiment la différence entre des vrais et des faux. Mais malgré ces différences, on voyait tout de suite qu'ils étaient frère et sœur. Et encore plus quand ils prenaient leur « sourire de renard » comme disait leur mère.

-T'as pas grandi idiote. Et moi non plus. Hé, t'as qu'à me regarder pour le savoir.

-Vas y, moque toi. Fait pas comme si tu te mesurai pas toutes les semaines derrière la maison.

Là, elle avait réussi à lui faire perdre son sourire. Elle l'avait vu ! Maintenant, elle allait le lui faire remarquer jusqu'à leur mort.

-Tu viens, fit-il pour lui faire penser à autre chose. Faut demander à Kiko-san ce qu'elle veut qu'on fasse aujourd'hui.

Mitsuki acquiesça en finissant de se sécher, prenant grand soin de faire gouter l'eau sur son frère en dessous d'elle.

Ils entrèrent dans la maison en courant. Kiko les attendait, assise à l'unique table.

-Gin-kun, Mitsuki-chan, asseyez-vous. J'ai à vous parler.

Mitsuki et son frère s'assirent avec inquiétude. Ni l'un ni l'autre ne pensait avoir fait de bêtises. Ou du moins, de trop grosses bêtises.

-Je vais quitter ce district, annonça Kiko tout de go.

-Le quitter ? Pourquoi ?, demanda Mitsuki.

-Je vais me marier. J'ai rencontré quelqu'un il y a trois mois, et nous avons décidé de vivre ensemble. Nous nous sommes occupés de toutes les mesures administratives, et je partirai dans le quarante septième district la semaine prochaine.

-Mais, et nous ? On viens avec toi ?, insista Mitsuki.

-Non. S'occuper de deux enfants, ce n'est pas dans nos moyens. J'ai déjà du mal à tenir en ce moment, nous ne pouvons pas nous encombrer de vous.

Ils restèrent ébahis. Elle les avait recueilli par charité uniquement, mais ils en étaient venus à la considérer comme une mère, presque. Une mère avec peu d'amour, peu d'attentions, mais c'était déjà ça. Ils avaient perdu leur vraie mère, et voilà que celle qui l'avait remplacé disait ne pas vouloir d'eux.

Mitsuki baissa la tête et tenta de retenir ses larmes. Gin, lui, afficha un sourire de façade qui donnait l'air qu'il se foutait royalement de ce qu'elle disait, ou qu'il préparait une manigance peu agréable pour sa cible.

-Vous pouvez garder la maison bien sûr, et une partie de ce qu'elle contient. Je n'emmènerai que le strict nécessaire. Et je vous ait donné un métier, vous ne restez donc pas sans rien. Vous allez avoir de quoi manger, ne vous inquiétez-pas.

Les deux enfants hochèrent la tête.

-C'est tout ce que vous aviez à nous dire ?, demanda Gin d'une voix dure.

-Oui, c'est tout.

-On peut retourner travailler alors ?

-Oui, bien sûr.

Gin se leva brusquement, et saisit la main de sa sœur, l'entraînant derrière lui. Ils coururent ensemble, jusqu'à atteindre l'orée du bois. Là, ils se laissèrent tomber sur le tapis d'herbe sèche qui poussait à la lisière.

-C'est pas vrai ! T'as vu ça ? Elle nous lâche comme des vieilles chaussettes !, cria Mitsuki.

-Normal. Ça allait finir comme ça un jour ou l'autre. T'as vu ce qu'on est pour elle. De la merde, c'est tout. Elle nous a accueilli parce qu'elle avait besoin de nous, et pour se dire qu'elle était une fille bien. Parce qu'elle aurait eu trop honte de nous laisser mourir dehors. Elle voulait pas se sentir coupable, c'est tout.

-Connasse !

Mitsuki continua dans un registre similaire de longues minutes. Puis elle se tourna vers son frère, un peu calmée. Il la regardait amusé, et elle savait pourquoi. D'habitude, elle était toujours calme et pondérée, mais quand elle ne se retenait pas, elle était plus vulgaire que son frère. Ça l'amusait toujours de se dire que la pire des deux ce n'était pas lui mais elle « la gentille Mitsuki qui devait supporter un frère aussi insupportable ».

-Qu'est ce qu'on va faire alors ?

Depuis leur arrivée, c'était Gin qui prenait toutes les décisions. D'habitude, c'était elle la « voix de la raison » comme disait leur mère. Mais ici, c'était lui qui savait toujours quoi faire, les endroits à éviter, tout ça. On aurait dit qu'il connaissait déjà certains endroits, et savait quoi faire d'instinct. Alors elle l'écoutait, elle critiquait quand c'était nécessaire selon elle, mais le laissait toujours parler le premier. Sans jamais mentionné cet étrange don qu'il avait, parce que ça avait l'air de le déranger. À la réflexion, c'était peut être aussi la cause de ses cauchemars. Mais cela n'expliquait pas les siens à elle.

-On va rester ici, un mois, pas plus. On va vendre le stock de Kiko-san, et on va s'installer ailleurs.

-Où ?

-Quelque part à l'écart. Là où se fera pas emmerder par tous ces fous qui cherchent à se battre et se tuer les uns les autres.

-Le mieux..., fit Mitsuki l'air pensive, ce serait de réparer la vieille maison où on a passé notre première nuit. C'est à l'écart, mais dans un coin où on a vu de bonnes plantes des fois. Et il y a trois villages à moins de trois heures de routes. Il y a même la charrette de Sozonoki-san qui passe pas trop loin, pour nous emmener au marché.

Son frère grimaça comme elle s'y attendait.

-Ça ira pour l'été et l'automne. Mais cet hiver ?

-Cet hiver, on trouvera quelque chose, répondit Mitsuki d'une voix assurée. On aura de quoi payer notre hébergement, et on pourra proposer des potions aux gens qui habitent pas trop loin.

-Au pire on pourra faire les marchés, et voler de quoi manger aux gens, réfléchit Gin à haute voix. Ce qu'il faut surtout, c'est trouver un endroit où dormir, mais on a le temps.

-Et faire une grosse récolte, poursuivit sa sœur sans le reprendre sur l'idée du vol. L'hiver où ils étaient arrivés avait été très dur. Elle était prête à tout pour ne pas dormir dehors et manger à sa faim. Même le rappel de ce qu'aurait pensé leur mère ne la faisait pas se sentir honteuse.

-Ok c'est réglé ! On y va ?

Les deux enfants s'aventurèrent dans le sous-bois, plus confiants que l'heure d'avant. Il y aurait encore des belles journées, et ils avaient le temps avant de s'inquiéter.

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L'hiver était revenu, pour la dixième fois depuis la bataille de Karakura. Cette année-là, la neige était bien moins abondante que les trois précédentes années. Par contre, un froid glacial s'était abattu sur le Rukongai et le Seireitei, gelant l'eau et faisant éclater le bois. Le printemps annonçait désormais le bout de son nez, mais restait très froid. La verdure peinait à apparaître, et les gelées continuaient. La nourriture était donc très rare au Rukonai, et même le Seireitei avait dû prendre garde aux consommations de nourriture. Heureusement, les morts de faim étaient resté très peu nombreux puisque l'immense majorité des habitants du Rukongai ne témoignait d'aucune capacité spirituelle.

Les marchés étaient cependant pris d'assaut. Une aubaine pour tous les voleurs qui y rôdaient, se dit le shinigami en entendant une femme crier au voleur derrière lui. Se retournant, il vit une ombre de grande taille courir dans une allée, poursuivit par quelques passants. Les choses n'avaient pas changé dans le soixante et unième district nord depuis qu'il était partit. Toujours la même violence, les mêmes odeurs de pisse et d'ordures non nettoyées.

Et au delà, vers le quatre-vingtième district, les choses étaient pire encore. C'était une honte que le Seireitei ne fasse rien se disait-il à chaque fois qu'il revenait là. En temps de paix relative, il aurait fallu que s'occuper des gens du Rukongai soit aussi important que la chasse aux Hollow. Mais pour les nobles, la vermine qui vivait ici ne méritait pas de vivre. Alors lui donner des soins, de l'éducation....

A chaque fois qu'il revenait, Hisagi avait plus honte que la précédente. La réussite avait un goût amer. Il avait dû quitter ses amis pour bénéficier de la chance de devenir shinigami. Et aujourd'hui, lui seul vivait encore.

C'était la dernière fois qu'il venait. Mais il avait tenu à annoncer à ses amis morts qu'il serait dès le lendemain nommé capitaine. Son rêve d'enfant, dans lequel ils l'avaient encouragé.

Là, il revenait de leurs tombes. Il avait pensé rentrer directement, mais, malgré le froid, il avait décidé de revoir une fois encore les rues dans lesquelles ils avaient joué, enfants. Il y avait de la nostalgie, mais aussi du plaisir à être là sur le marché.

Hisagi déambula entre les étals souvent vides. Plus par charité que par nécessité, il acheta quelques accessoires ici et là. Mais vite lassé, le jeune homme se prépara à partir, lorsqu'il entendit un nouvel appel au vol. Il se retourna pour voir ce qui se passait.

Deux enfants aux cheveux d'un blanc argenté courraient dans sa direction, les mains pleines de légumes. Ils étaient poursuivit par un homme gigantesque armé d'un bâton. L'homme avait l'air furieux, et prêt à tuer les deux gamins.

Jouant des coudes, Shuhei se place sur la trajectoire des deux enfants, et les saisit au vol par le col de leur kimono. Surpris, ils laissèrent tomber leur larcin et commencèrent à se débattre de toutes leurs forces.

-Ah vous avez attrapé ces deux voleurs !, s'écria le marchand en raffermissant sa prise sur son bâton. Merci. Donnez-les moi, je vais leur donner la punition qu'ils méritent. C'est la troisième fois cette semaine.

Le regard de l'homme était injecté de sang et de colère. Non, se dit Hisagi, les deux enfants ne survivraient pas à leur punition s'il laissait faire le marchand.

-Je m'en occuperai moi-même, répondit-il donc avec sévérité.

-Pas question ! Ils m'ont volé, je vais leur apprendre ! Vous allez pas m'empêcher de m'occuper de ces deux microbes.

L'homme éructait de colère désormais.

-Je suis shinigami. Je vais m'occuper moi même de leur donner une bonne leçon.

Son opposant blêmit. Hisagi ne portait pas son uniforme mais un kimono de bonne facture, il n'avait donc pas reconnu un shinigami en lui. L'homme prit un air matois.

-Excusez-moi messire shinigami, mais qu'est-ce qui me dit que vous êtes bien ce que vous dites ? Rares sont ceux qui viennent ici.

-Je suis Hisagi Shuhei, vice-capitaine. Et je vais m'occuper de ces chenapans. En tant qu'officier, je peux rendre la justice au Rukongai, et je m'occuperai de leur cas.

-Ouais. M'enfin, vous pouvez mentir aussi.

-Tais-toi, fit une voix dans le dos du marchand. C'est lui, je le reconnais. T'as jamais entendu parler de ses tatouages, Kusai ?

L'homme pâlit un peu, puis repris contenance et son air rusé.

-Je vous laisse vous en occuper alors seigneur shinigami. Mais qui me remboursera leur vol ?

-Rembourser ? Ils ont laissé tomber leur larcin. Ramasse-le, et retourne à ton étal avant qu'on ne te vole le reste.

Le marchand poussa un juron et se précipita vers son étal. Hisagi se pencha alors vers les gamins, prenant une mine encore plus sévère.

Ce fut alors un choc. Le garçon ressemblait à Ichimaru ! Il ne l'avait jamais vu enfant, étant arrivé à l'académie cinquante ans après le traitre, quand celui-ci avait déjà une apparence d'adulte. Mais il aurait été prêt à parier n'importe quoi qu'enfant Ichimaru ressemblait à ce gamin.

Quand à la fille... elle lui rappelait quelqu'un, sans qu'il puisse mettre un nom sur ce visage.

Les deux enfants le regardaient, l'air en colère tout autant qu'effrayé. Le garçon donnait des coups de pied sans conviction dans les tibias d'Hisagi.

-Bien. Commençons par le début, déclare ce dernier en les trainant derrière lui loin du marché. Comment vous appelez-vous ?

-Inari Mitsuki, et lui c'est mon frère Gin, répondit la fille au bout de quelques instants.

Maintenant Hisagi savait qui elle lui rappelait. Il y avait quelque chose dans son regard et la ligne de la mâchoire qu'on retrouvait chez le capitaine-commandant.

-Quel âge avez-vous ?, demanda-t-il pour une dernière confirmation.

-10 ans, répondit encore la petite fille.

-C'est quoi ces questions ?, se mit alors à crier le garçon. Ça a quoi avoir avec notre vol ?

-Je suis shinigami et c'est moi qui juge des question à vous poser. Vous êtes jumeaux je suppose.

-Oui, grommela Gin.

-Et peut on savoir pourquoi vous avez volé cet honnête marchand ?

Hisagi était particulièrement fier d'avoir réussi à prononcer cette phrase sans éclater de rire à l'idée de qualifier le lourd et vulgaire homme d'honnête.

-On avait faim. Vous en savez quoi de la faim ?

-J'ai grandit ici gamin, rétorqua Hisagi d'un ton sévère. Je sais ce qu'est la faim.

Le gamin eut une moue dubitative.

-Allez venez, soupira Hisagi. Je vous emmène manger un peu.

Son devoir était d'annoncer à tous qu'Ichimaru était revenu et que le jugement pouvait enfin être rendu. Mais l'enfant pâle et maigre qu'il avait devant lui et qui s'accrochait à sa sœur comme pour la protéger ou se rassurer était il vraiment le traitre ?

La neuvième division, qu'il dirigerait dès le lendemain, était chargée de la justice. Plus que cela, c'était son idéal, même avant que Tousen Kaname ne la dirige. En tant que capitaine de la neuvième division il devait se dédier à cet idéal et ne jamais oublier ce qu'était la justice. Ce n'était pas le fait de juger et de condamner, mais simplement de savoir ce qui était juste.

Était-il juste d'arrêter un enfant de dix ans et de l'envoyer à la mort pour des crimes commis deux vies plus tôt ? Non, si l'enfant ne gardait aucun souvenir de cette époque et s'il avait changé. Non, s'il pouvait racheter ses crimes. Oui, si Ichimaru Gin le traître se cachait derrière les yeux d'Inari Gin. S'il attendait une occasion pour rejoindre Aizen ou espionner pour lui la Soul Society.

Lorsqu'ils furent attablés dans un petit restaurant miteux du village, Hisagi les laissa manger à leur aise sans parler. Ils étaient affamés, et se goinfrèrent de nourriture avant de reporter leur attention sur lui en attendant que la serveuse amène les desserts qu'Hisagi avait demandé.

-Je ne vais pas vous punir pour ce que vous avez fait, commença le shinigami pour calmer les inquiétudes des enfants. Je sais ce qu'est la faim, et je ne peux pas vous blâmer. Par contre, je veux savoir si vous avez un endroit où dormir, une famille... Je ne veux pas vous laisser seuls dans le froid.

-Ne vous inquiétez pas pour nous !, demanda Mitsuki. Tout va très bien, on a un endroit au chaud, ça va très bien.

Sa voix n'était pas tout à fait sincère. Shuhei attendit la suite.

-Jusque là ça allait, marmonna finalement la petite fille. Mais là, ça allait plus, mais dès qu'il fera plus chaud, ça ira mieux.

-On peut se débrouiller, poursuivit Gin. On vend des plantes, des médicaments, on se débrouille. Là tout à gelé, mais le printemps arrive. Ça va aller.

Il n'avait pas le sourire vicieux d'Ichimaru. Il le regardait droit dans les yeux, comme pour le défier de penser qu'ils n'étaient pas capables de se débrouiller.

Pendant tout le repas, l'enfant lui avait paru très attentif à sa sœur, à ce qu'elle mange bien, qu'elle ait chaud. Peut être qu'avec une sœur il avait acquis le sens des responsabilités. Comment pouvait-il savoir ? Matsumoto pourrait peut être le renseigner et lui apprendre à quoi ressemblait Ichimaru étant enfant.

En attendant, il était décidé à ne pas le dénoncer. Il le ferait surveiller afin d'être sûr qu'Aizen n'était pas rentré ou ne rentrerait pas en contact avec lui, voilà tout pour le moment. Il sortit de l'intérieur de son kimono une bourse et en sortit quelques pièces, qu'il mit dans les mains de Mitsuki.

-Avec ça vous pourrez vous débrouiller jusqu'au retour du printemps.

Gin balaya l'argent d'un geste brusque.

-On est pas des mendiants !, clama-t-il en colère.

-Non, vous êtes des voleurs, rétorqua Hisagi. Prenez cet argent et cessez de voler.

Rouges de honte, les enfants baissèrent la tête et ramassèrent l'argent.

-Vous avez le don pour devenir shinigami, vous le savez ?, poursuivit le futur capitaine.

Les enfants hochèrent la tête.

-Vous n'êtes pas obligés, mais vous pouvez tenter les examens d'entrée quand vous le souhaiterez. Il y a deux examens dans l'année, au printemps et à l'automne.

-Ils acceptent les enfants de notre âge ?, demanda Mitsuki.

-Le plus jeune qui y sois jamais rentré, le capitaine Hitsugaya, avait treize ans, et n'en paraissait que dix. Il n'y a pas de limitation d'âge, tant qu'on réussit les examens. Mais c'est une vie très dure, autant que celle du Rukongai d'une certaine façon. Mais là-bas vous n'aurez plus faim. Par contre, je dois vous prévenir tout de suite que pour vous ce ne sera pas facile, surtout pour toi mon garçon.

-Pourquoi ?, demandèrent les enfants d'une même voix.

-Tu ressemble à quelqu'un, qui a laissé un très mauvais souvenir au Seiretei. Il s'appe...

-Ichimaru c'est ça ?, poursuivit Mitsuki tandis que son frère baissait la tête.

Hisagi sentit son cœur se serrer d'effroi. Les souvenirs du garçon c'étaient ils réveillés ?

-On est au courant, continua Mitsuki. Les gens arrêtent pas d'insulter Gin et de l'appeler démon-renard. Il y a des gens qui nous ont demandé si on était ses enfants. Mais c'est pas vrai !

-Je sais. Et tu ne peux rien à cette ressemblance... Gin. Mais elle existe, et si vous venez au Seireitei, il faudra que tu t'y fasse.

Il se leva et laissa quelques piécettes pour payer le repas.

-Le choix est à vous maintenant. Je vous demanderai juste une chose, en remerciement de ne pas vous avoir amené en prison pour votre vol.

-Quoi ?

-Si vous rencontrez un shinigami, ne parlez jamais de notre rencontre.

Les deux enfants hochèrent la tête après un regard étonné, et il partit, les laissant seuls devant le restaurant. Quand il tourna le coin de la rue, il crut voir le sourire railleur d'Ichimaru s'étaler sur deux petits visages.

Ai-je fait le bon choix ? Se demanda-t-il en repartant vers le Seiretei.

Il n'avait pas de réponse à cette question...

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