De Sang et d'Âme

Chapitre 11 : A strange disapearance

4264 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/08/2018 19:36

  La sixième division résonnait des bruits de sabres s'entrechoquant avec fracas. Sous le regard sévère du capitaine Kuchiki, Mitsuki s’entraînait depuis des heures avec les quatre premiers sièges de la division. Les mains en sang à force de tenir le sabre, elle tenait bon, et s'infiltrait petit à petit sous la garde de ses adversaires. Sur les conseils de Byakuya, elle se battait désormais avec deux armes : son keikan et un wazikachi. Il lui était ainsi plus facile de parer et contre attaquer.

   Lui restait désormais à développer son shikai. Elle n'avait pas encore réussi à le faire resurgir, et il était encore difficile à dire s'il s'agirait d'un zanpakuto à attaques physiques ou à sortilèges.

   Mitsuki réussit finalement à passer sous la garde des sièges et à échapper à l'enfermement progressif auquel ils l'avaient acculée. Elle sourit d'un air fier à Byakuya, qui inclina la tête pour montrer sa satisfaction.

   Il était content d'elle, même s'il ne le lui dirait jamais à voix haute. Les compliments n'aidaient en rien à progresser. Mais elle faisait une bonne vice-capitaine, même si remplir les dossiers administratifs obscurs et absurdes que demandait la chambre des 46 la faisait visiblement profondément souffrir. Mais on ne pouvait reprocher cela à personne. Lui-même après cent ans d'exercice avait parfois encore envie de faire voler certains papiers par la fenêtre.

   Il descendit dans la cours d'exercice.

   « Vous avez vu capitaine ?, demanda Mitsuki avec un grand sourire. J'y suis arrivée !

   -Vous vous améliorez Inari, fut son seul commentaire.

   -Elle s'améliore ? Tu parles, c'était fantastique Mitsuki !, tonna une voix dans son dos, et Byakuya se retint de lever les yeux au ciel de la manière la plus dramatique possible.

   Son ancien vice-capitaine trainait de plus en plus souvent dans les environs. Il semblait bel et bien décidé à renouer avec Mitsuki, et utilisait tous les prétextes possibles pour passer ici. Il semblait à Byakuya que la jeune fille le voyait venir avec de moins en moins de plaisir, mais ce n'était peut être qu'une impression due à son propre énervement face au comportement de son ancien vice-capitaine. Mais ce qu'il avait entendu la semaine précédente lorsque la jeune fille dormait ne confirmait-il pas cette impression ?

   Il fut donc étonné de voir la jeune fille ranger ses armes en souriant et se précipiter vers Renji.

   -Bonsoir Abarai-san !, s'écria-t-elle. Vous avez-vu comme j'ai progressé ?

   -Sûr !, s'exclama Renji. Tu as fais d'énormes progrès depuis qu'on t’entraînait discrètement Shuhei et moi.

   -Qu'est-ce à dire ?, demanda Byakuya.

   -Oh rien, répondit Renji. Mitsuki avait énormément de mal à travailler avec Shinji. Ils se disputaient tout le temps. Alors on l’entraînait un peu pour qu'elle progresse quand même. Mais vous êtes meilleur pédagogue que nous !

   Byakuya regarda sa vice-capitaine disparaître dans les bâtiments de la division avec l'une des sièges. S'il se souvenait bien, elle avait parlé d'aller dîner avec son frère, Kira et Renji en ville. Sans doute allait-elle se changer.

   -Je croyais que c'était avec Gin que Hirako ne s'entendait absolument pas.

   -D'après ce que dit Kira, Mitsuki refusait carrément d'écouter le moindre de ses conseils. Selon lui, elle le hait de toute son âme, mais il ignore pourquoi. Elle ne l'a jamais rencontré avant, non ?

   -Pas que je sache... Et les vizards survivants ont tous été interrogés comme les autres pour savoir comment Aoba Mitsuki avait bien pu pénétrer la Soul Society. Aucun n'en avait même entendu parler. Il n'y a donc aucune raison à cette haine. À moins...

   Les deux capitaines se regardèrent, une même lueur d'effroi dans le regard. La même pensée leur était venue.

   -A moins qu'Hirako soit le traître, conclut Renji d'une voix blanche.

   Mitsuki revint à ce moment là dans un léger yukata blanc et gris. Byakuya sentit son cœur se serrer. Elle portait un yukata très proche de celui-là le jour de sa précédente mort. Il n'avait rien pu faire pour l'empêcher. Mais cette fois...

   -Salut Kira-san !, fit la jeune fille en courant vers la porte du terrain d’entraînement. Ça fait plaisir de vous voir !

   -A moi aussi, Inari-san, répondit le jeune homme en souriant faiblement.

   -Gin est là aussi ?

   -A ton avis ?, demanda d'une voix lente et ironique un jeune homme aux cheveux argentés en s'avançant dans la lumière.

   Byakuya regarda le frère et la sœur s'enlacer. Il était vrai qu'ils devaient se voir moins souvent désormais, avec leurs postes respectifs à gérer. Il ne savait pas si Inari était Ichimaru ou non. Ce qu'il savait rien qu'en les voyant, c'était que les deux jeunes gens s'aimaient profondément. Gin trahirait peut être la Soul Society. Mais jamais au prix de la vie de sa sœur. Elle était le meilleur otage qu'ils puissent trouver.

   C'était pourquoi ils devaient faire très attention à elle. Si Hirako était un traître... Mitsuki allait souvent dans sa division pour voir son frère. Il pouvait alors l'enlever, et l'utiliser comme moyen de pression pour que Gin rejoigne Aizen. Ou alors, lui et Gin pouvaient être complices. Hirako avait tellement insisté au départ pour « surveiller » Gin. Si l'une des deux hypothèses étaient exactes, il étaient très mal partis. Byakuya saisit le bras de Renji.

   -Où allez-vous ?

   -C'est l'anniversaire de Matsumoto. On va à la huitième division. Vous inquiétez pas, on avait prévu de faire rentrer les deux gamins avant qu'il y ait trop d'alcool. Mais Matsumoto à très envie de revoir Gin. C'était son ami d'enfance.

   -Peu importe. Toi et Kira vous ne les quittez pas du regard. Pas un seul instant. Et vous les faites raccompagnez à leurs divisions respectives.

   -Entendu. Vous allez prévenir le capitaine-commandant ?

   -Pas encore. Nous n'avons qu'un soupçon, il est hors de question d'affirmer quoi que ce soit. Surtout que tu sais comme moi ce qui arriverait aux vizards si on les accuse de quoi que ce soit. La chambre des 46 s'empressera de les condamner tous, et les arrancars avec eux.

   -Mais il faut faire quelque chose !

   -Rien pour le moment, trancha Byakuya. Mais heureusement, je dois dîner avec lui ce soir dans sa division. Je tenterai de découvrir s'il y a quoi que ce soit qui cloche. Ne fais rien de plus, est-ce compris ?

   -Oui cap..., commença Renji avant de grimacer. C'est compris, acheva-t-il. »

   Tentant d'enlever le masque d'inquiétude qui s'était installé sur son visage, Renji rejoignit Kira et les jumeaux qui l'attendaient en discutant joyeusement.

   Quand ils eurent quitté la division, Byakuya rejoignit son bureau. Ouvrant les étagères tour à tour, il finit par trouver le dossier qu'il cherchait.

   Celui de l'entrevue d'Ichimaru et d'Aoba Mitsuki, quinze ans plus tôt. Il passa rapidement sur les insanités qu'avait prononcées le traître supposé à la jeune femme.

   Il trouva enfin les passages qu'il cherchait.

   « Il avait besoin d'une humaine avec un fort reiatsu et on t'a trouvé mourante dans la rue. On t'a enlevé, modifié la mémoire et remise dans la rue où je t'ai joué cette petite comédie. En fait, on t'a inséminé un échantillon du reiatsu d'Aizen, destiné à passer inaperçu durant tout ce temps, et programmé pour qu'à sa mort il se développe à nouveau, et que tu finisse par re-mettre au monde le capitaine Aizen. Très fort hein ? »

   Et si c'était vrai ? Il avait écarté cette hypothèse alors, pensant que Gin avait inventé cette histoire pour voir à leur réaction si Aizen était encore en vie.

   « Tu n'as pas compris petit chaton ? Je n'ai aucune envie de te le dire. Qu'est ce que tu veux ? Voir en moi un héros qui a trahi Aizen pour sauver une pitoyable humaine ? Tu est tombée amoureuse de ton sauveur inconnu et tu imaginait un preux chevalier tout de blanc vêtu ? Est ce que tu t'est plu à imaginer que j'étais un héros, que je trahissait en fait Aizen et non pas la Soul Society ou quelque chose dans ce genre ? Tu es une petite idiote, un ver de terre, et je n'ai pas à te donner mes raisons. Imagine-toi ce que tu veux chaton, je m'en fout. À mes yeux, tu n'es qu'une vermine. Tu n'es même plus amusante. Va-t-en. Tu n'as rien à faire là. Va vivre ta vie, et laisse moi attendre mon procès et mon exécution sans avoir ta petite figure d'ange pour me pourrir la vue. »

   L'Ichimaru qu'ils avaient rencontré était aux abois. Il s'était suicidé quelques minutes après. Pourquoi, si Aizen était encore en vie ? Craignait-il que son maître ne vienne jamais le sauver ? On avais émit la possibilité qu'il soit en réalité un agent double, et que seul Yamamoto ait été au courant. Mais Gin aurait dû pouvoir prouver son innocence d'une façon ou d'une autre. Dans cette hypothèse, son suicide n'avait aucun sens.

   Non, pour lui, Gin était bel et bien coupable des crimes dont on l'accusait. La question était alors la suivante : ce suicide avait-il sa place dans les plans d'Aizen ? Et encore une fois, pourquoi avoir sauvé Mitsuki ?

   Mais il en venait une autre aujourd'hui, dont la réponse devenait de plus en plus essentielle : le mélange des âmes de Gin et Mitsuki résultait-il de la volonté d'Aizen, ou n'était-ce qu'une pure coïncidence ?

   Byakuya referma lentement le dossier, pensif. Puis, il sortit celui de l'interrogatoire des vizards, et confronta leurs témoignages. Il n'y avait là aucune contradiction. Tous les vizards pouvaient être des traîtres et s'être entendus d'avance sur ce qu'ils diraient, ou aucun d'eux, ou un seul, particulièrement retors dans ses réponses. C'était impossible de le savoir.

   Avec un grognement de frustration, Byakuya rangea les dossiers. Avec un peu de chance, la nuit apporterait quelques réponses.

   En quittant la pièce, il fit signe à un shinigami qui approchait.

   « Allez annoncer ma venue au capitaine Hirako pour dans une heure. »

   Le shinigami s'inclina et partit. Byakuya se rendit ensuite dans la salle d'arme, vide à cette heure. Il sortit Senbonzakura de son fourreau et contempla la lame longuement. Puis, il entreprit de la polir et de l'aiguiser soigneusement. Au bout d'une demi-heure, satisfait, il déposa le matériel d'entretien et posa le zanpakuto sur ses genoux et ferma les yeux. On aurait pu croire qu'il dormait, mais le capitaine méditait et dialoguait avec son sabre.

   Il finit par se relever, un air serein sur le visage. Il rengaina respectueusement son sabre et prit le chemin de la troisième division.


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   « Tu t'amuses bien ?, demanda la voix profonde d'Hisagi Shûhei et Mitsuki se retourna en sursautant.

   -Oui, lui sourit-elle. Pourquoi ?

   -Ça fait pas mal de temps que tu fixes le mur au lieu de te mêler aux autres Inari-chan. Je me demandais comment tu allais.

   -Je réfléchissais juste à quelque chose. Mais ça va mieux maintenant.

   -Tu dois le dire si ça ne va Inari-chan. Toi et ton frère vous êtes du genre à ne jamais rien dire. C'est une erreur.

   La jeune fille aux cheveux argentés le regarda fixement quelques secondes, puis éclata de rire.

   -Il faut arrêter d'être aussi gentil avec les filles Hisagi-san ! Vous trouvez pas qu'elles vous courent suffisamment après ?

   Hisagi regarda dans la direction qu'elle indiquait du menton et grimaça. Il y avait là quelques unes de ces jeunes femmes shinigamis qui coursaient les capitaines célibataires dans l'espoir d'un beau mariage. Depuis qu'il avait rompu avec Isane, le printemps précédent, elles étaient revenues à l'assaut de plus belle.

   -Oh non, murmura Mitsuki en regardant dans son dos. Encore...

   Hisagi regarda à son tour et vit Renji s'avancer souriant vers eux.

   -Vous m'excuserez capitaine, fit Mitsuki dans une parodie de salut militaire. J'entame un repli stratégique vers une zone plus tranquille. Je vous laisse seul avec vos furies. Désolée de ne pouvoir vous offrir l'hospitalité, mais vous n'appréciiez pas de vous cacher dans ma forteresse. »

La jeune fille fit un signe de la main à Renji et se précipita vers Matsumoto et les commères du club des femmes shinigamis.

   Le capitaine pouffa. En effet, c'était le seul endroit où une femme pouvait être tranquille dans une soirée comme celle-ci.

   « Renji, tu devrais arrêter de lui courir après, soupira-t-il quand son ami arriva près de lui. Ce n'est pas la femme que tu as connu.

   -Qu'est ce que tu en sais ?, grogna Renji en saisissant une bouteille de saké.

   -J'en ai parlé avec Isane quand on était ensemble. Elle parle d'Aoba comme d'une jeune femme triste et froide. Tu as vu celle là ? Une vraie pile électrique, incapable de tenir en place. Je crois qu'elle n'ont rien en commun.

   -Tais-toi.

   -Tu cours après une chimère Renji. Je te dis ça parce que je suis ton ami.

   -Tais-toi !

   Autour d'eux, le brouhaha s'était éteint. Renji déssera son emprise sur l'haori d'Hisagi qu'il avait saisit sans s'en rendre compte dans sa colère.

   -Tu as peut être raison, murmura-t-il. Mais je veux y croire. »

   Hisagi soupira et cessa là la conversation. Quand il se fut éloigné de quelques pas, Gin s'approcha de lui, les yeux grands ouverts pour une fois.

   « Bordel, le cap'tain Abarai est amoureux de Mi-chan ?, demanda-t-il interloqué.

   -On dirait, soupira Hisagi.

   -Ben il a pas intérêt à lui faire du mal. Sinon je lui marave la gueule en trois sec, juré. C'est vrai quoi. On drague pas ma sœur. C'est une petite chose fragile et tout le tralalère.

   Hisagi regarda d'un air interloqué Gin qui s'était assis contre le mur et continuait à soliloquer.

   -C'est parce que je suis un gentil grand frère. Pas parce que je suis surprotecteur. En plus, elle ferait pareil pour moi. On touche pas à ma sœur, où je m'énerve. En plus, elle veut même pas me dire de qui elle est amoureuse. Mais moi j'ai deviné. Même que.

   Hisagi se pencha vers le jeune homme et renifla.

   -Trop jeune pour tenir l'alcool, sourit-il en voyant l'image d'un Ichimaru raide bourré à laquelle se superposa celle d'un Tousen complètement cuit. »

   Rassemblant son courage à deux mains, Hisagi alla chercher Mitsuki au milieu des pipelettes. Il lui fallut pour cela échapper à une Matsumoto déjà un peu trop joyeuse et une Yoruichi aux mains baladeuses. Rien d'insurmontable encore.

   « Ton frère a dû se faire attraper par Matsumoto ou Kyoraku-san, lui expliqua-t-il. Il a un peu trop bu.

   -D'accord, soupira-t-elle. On va rentrer alors.

   -Je vous raccompagne, décida le capitaine, inquiet à l'idée de laisser les deux jumeaux rentrer seuls après les avanies qu'ils avaient vécu à l'académie.

   -Abarai-san avait dit qu'il s'en occuperait, ne vous déranger pas. Je vais aller le voir.

Un coup d'œil leur apprit que Renji était actuellement submergé de jeunes femmes ambitieuses, et Rukia était perchée sur son dos, visiblement un peu éméchée, et avait entrepris de l'assommer à l'aide d'un coussin. 

   -Je dis à mon vice-capitaine de se charger de le prévenir que je m'occupe de vous, décida Hisagi. Inutile de déranger. »

   Quand ce fut fait, il empoigna par le bras un Gin qui chantonnait une chanson cochonne d'une voix hésitante, et il disparut avec les jumeaux dans la direction de la troisième division. Mieux valait ne pas passer avec un ivrogne braillard sous les fenêtres de Kuchiki. Shinji, lui, serait sans doute plus compréhensif.


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   Tandis qu'une partie des officiers du Gotei 13 faisait la fête à la dixième division, la capitaine Unohana continuait à travailler malgré l'heure tardive. Avec l'aide du jeune Hanatarou, de Kurosaki Yuzu, et du troisième siège Iemura, elle compulsait de très vieux écrits médicaux tout en jetant un regard aux notes respectives de Mayuri et de Urahara.

   « Pourquoi n'êtes vous pas allés à la fête ?, demanda-t-elle gentiment alors qu'un ivrogne passait en chantant sous ses fenêtres suivi par un concert de « chuts » prononcés par des voix agacées.

   Les regards rougissants que se lancèrent les deux jeunes gens furent plus éloquents que n'importe quel discours. La médecin sourit, ravie de voir un peu de bonheur surgir devant elle.

   -Vous auriez dû me le dire, les sermonna-t-elle d'un air faussement mécontent. Je vous aurais libéré un peu plus tôt.

   Elle soupira puis se redressa en faisant jouer ses muscles endoloris. Elle désigna la montagne de documents.

   De toute façon, continua-t-elle, je ne tirerai plus rien de ces documents ce soir. Nous avons là toutes les clés pour comprendre les plans d'Aizen, mais il nous manque malheureusement la serrure.

   -Vous allez trouver capitaine, l'encouragea Iemura.

   -Sûr, continua Yuzu d'une voix enthousiaste. Vous êtes la meilleure capitaine !

   -Sans doute... Mais déjà me faudra-t-il les derniers échantillons de reiatsu de Gin que m'a emprunté Urahara le mois dernier. Les deux bocaux d'échantillons du reiatsu de Mitsuki qu'ils nous restent sont insuffisants pour que je continue.

   Quelque chose heurta violemment le sol et Unohana se retourna vivement. Iemura avait fait tombé un vieil ouvrage qu'il tenait auparavant. Ses mains tremblaient et son visage était blême.

   -C'était ceux de la fille ?, demanda-t-il d'une voix nouée. 

   Unohana allait acquiescer lorsqu'elle fut prise d'un terrible soupçon.

   Tendant les deux bras vers son troisième siège toujours figé, elle entama une incantation.

   -Soixante-troisième voix de liaison, chaînes de soumission !, murmura-t-elle, et une longue chaîne dorée s'enroula autour de l'officier. Maintenant, continua-t-elle d'une voix très douce, nous allons tous aller à la réserve.

   Ils atteignirent celle-ci en quelques minutes de marche rapide. Ouvrant la porte, Unohana s'avança seule à l'intérieur. A ses pieds, elle découvrit une étiquette, qu'elle ramassa. Il y était indiqué un nom, « Inari Mitsuki ». Un second coup d'œil la renseigna. Le bocal dans lequel ils avaient emprisonné un échantillon du reiatsu de la jeune fille et auquel correspondait l'étiquette avait disparu.

   Unohana sortit de la salle et la referma soigneusement derrière elle après avoir reposé l'étiquette où elle l'avait trouvé.

   -Pourquoi, Iemura?, demanda-t-elle d'une voix glaciale.

   L'homme la regarda d'un air terrorisé. Puis il s'effondra en sanglots.

   -J'étais obligé capitaine. Je vous jure, je ne voulais pas que ça en arrive là. Je ne voulais pas ça, je voulais juste que...

   Il s'interrompit, portant une main à son cœur. L'instant d'après, Iemura s'effondrait au sol. Unohana s'accroupit auprès de lui.

   -Mort, empoisonné, murmura-t-elle avant de se relever. Il faut prévenir les autres capitaines, décida-t-elle. Mitsuki, et peut être Gin, sont en danger imminent. Hanataro, lance un sort de détection et dit moi où ils sont.

   -Tout de suite capitaine !, répondit le siège en se mettant à l'œuvre »


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   Byakuya se resservit silencieusement du saké et le bu à petites gorgées. En face de lui, assit à une petite table de bois laqué et incrusté de motifs floraux, Hirako souriait largement. Il était un peu saoul, et titubait légèrement.

   Le repas qu'ils avaient partagé n'avait amené aucune réponse pour étayer les soupçons de Byakuya. Lorsqu'ils avaient cessé de parler de la coopération entre leurs deux divisions, le but de ce repas, Hirako avait commencé à boire et à se plaindre de son lieutenant.

   Il n'avait pas laissé à Byakuya une seconde pour placer un mot. Il se perdait en récriminations, sur l'injustice qu'il y avait à laisser un suivant d'Aizen servir à la Soul Society alors qu'eux, les vizards, étaient encore traités comme des déserteurs et des traîtres par la majeure partie du Seireitei. Ichimaru -Hirako ne parlait jamais de lui en l'appelant Gin- devrait être exécuté immédiatement, il ne lui faisait pas et ne lui ferait jamais confiance. Depuis qu'il avait à les surveiller, les jumeaux s'étaient échinés à faire de sa vie un enfer, surtout Mitsuki. Son vice-capitaine était tout sauf coopératif, accumulait les blagues de mauvais goût et semblait vouloir l'acculer à la démission, sans doute pour pouvoir reprendre son ancienne division en main.

   Et cela faisait deux heures que le capitaine de la troisième tenait ce discours. Byakuya n'attendait qu'une chose, c'était que l'autre s'effondre pour qu'il puisse enfin partir. Enfin, l'ivrogne consentit à cesser ses récriminations pour se servir à boire. Son collègue en profita pour amorcer un mouvement et se relever, lorsqu'un cri perçant retentit dans tout le bâtiment, suivi d'un bruit de course.

   La porte s'ouvrit avec fracas et Gin apparut dans l'ouverture. Il avait le visage défait.

   « Mitsuki, gémit-il. Elle... elle... Sh... faites quelque chose capitaine !

Brusquement dégrisé, Hirako se précipita vers la porte, suivi par Byakuya qui empoigna le jeune homme par l'épaule.

   -Où est elle ?

   -Ma chambre, répondit le jeune homme tétanisé qui semblait commencer à se remettre. »

   Byakuya n'eut pas besoin de le pousser pour que Gin lui indique le chemin de la chambre. Ils y arrivèrent en même temps qu'Hirako. Gin le poussa pour entrer dans la chambre.

Mitsuki flottait au milieu de la pièce, un masque de souffrance sur son visage. Un flot de reiatsu sombre l'entourait progressivement. Gin tenta de l'attraper et de la tirer de là, mais ses mains ne purent pénétrer le nuage s'ombre.

   En quelques secondes, seul le visage de Mitsuki fut désormais visible. Puis, même celui-ci disparut et le nuage se recroquevilla sur lui-même jusqu'à disparaître. La jeune fille avait disparu. Plus rien ne subsistait d'elle dans la pièce, si ce n'était son keikan qu'elle avait dû lâcher au moment où le reiatsu sombre l'avait enveloppée.

   Les trois hommes restèrent figés, tétanisés d'effroi et d'incompréhension devant ce qui venait de se produire.

   Une voix familière s'immisça soudain dans la tête de Byakuya.

   « Capitaine Kuchiki, capitaine Hirako. C'est Unohana qui vous parle. Il se trame quelque chose contre les jumeaux Inari, j'ignore quoi. Assurez vous qu'ils aillent bien. Je répète, assurez vous qu'ils ne soient pas en danger. »

   Un avertissement qui venait trop tard...

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