De Sang et d'Âme
La Soul Society avait un nombre infini de règles et de traditions, parfois lourdes et désuètes, mais toujours respectées. L'une de ces traditions voulaient que tous les officiers du Gotei 13 jusqu'au sixième siège assistent à la cérémonie qui faisait des étudiants de l'académie des shinigamis. Et cette cérémonie durait généralement la journée entière.
Pourtant, peu d'officiers tentaient d'y échapper. C'était en effet le moment de repérer les éléments prometteurs pour sa division et de se précipiter ensuite auprès du capitaine-commandant et du directeur de l'académie pour obtenir d'avoir la priorité sur tel ou tel étudiant.
La journée commençait habituellement par la proclamation des résultats. Puis, les meilleurs étudiants en kido et aux sabres faisaient une démonstration de leurs talents lors d'un tournoi qui n'avait d'amical que le nom. C'était à ce moment là que les capitaines faisaient généralement leurs choix. Après cela, les anciens étudiants partaient finir de faire leurs bagages avant de rejoindre une division, et pendant ce temps, les meilleurs des années inférieures entamaient à leur tour un amical tournoi. Les capitaines se désintéressaient généralement de cette épreuve et utilisaient ce temps pour négocier l'optention de l'étudiant qu'ils voulaient. Les négociations pouvaient être très âpres. Ensuite, les membres du Gotei annonçaient leurs choix aux étudiants, et le poste qu'ils obtenaient, pour les meilleurs. Après cela, l'académie leur offrais un repas d'adieux avant qu'ils ne soient guidés vers leurs nouvelles divisions respectives.
D'habitude, seul les officiers se déplaçaient pour cette cérémonie. Cette année toutefois, un grand nombre de sous-officiers, voire de simples shinigamis étaient venus.
La raison en était simple. Aujourd'hui, Inari Gin et Mitsuki allaient se voir remettre, ou pas, leur diplôme d'académie. Chacun voulait savoir si Ichimaru redeviendrait shinigami, et quelle division se verrait imposer sa présence.
Beaucoup espéraient les voir échouer. Mais l'académie s'était vu interdire par la chambre des 46 elle-même de ne pas pousser les deux enfants à l'échec. Elle ne voulait pas perdre des jeunes gens aussi prometteurs, et espéraient que des souvenirs d'Ichimaru pourraient être utilisés avec profit contre Aizen.
Il était dix heure du matin, et tous les étudiants s'assemblaient sur l'immense esplanade de l'académie. Byakuya Kuchiki rejoignit sa place, au premier rang à côté des autres capitaines. De part et d'autre de son siège, Renji et Yoruichi devisaient gaiement. Les sièges derrière eux, réservés aux vices-capitaines, étaient vides. Yoruichi avait pris un court moment une vice-capitaine après la fuite d'Hinamori, mais celle-ci était tombée enceinte. Yoruichi espérait sans doute trouver un lieutenant, ou futur lieutenant, aujourd'hui. Quand à Renji, il n'avait pas encore trouvé de vice-capitaine à sa convenance. Aucun n'était resté plus de six mois auprès de lui. Lui même était longtemps resté sans vice-capitaine. Trois ans plus tôt, Isshin lui avait annoncé que le mois suivant son fils tenterait de passer vice-capitaine.
Il avait alors failli proposer de prendre Rukia sous ses ordres. Il était évident que ni Abarai Renji, ni Shihoin Yoruichi ne devraient être autorisés à prendre un excité comme Kurosaki dans leur division. Quand à lui, il aurait préféré crever que de subir cet énergumène toute la journée. Kyourakou et Isshin lui-même restaient donc les seules possibilités de capitaines pour Kurosaki. Mais finalement, Ukitake avait pris les devants et Kyourakou avait fini par accepter l'ordre de prendre Rukia comme vice-capitaine. Il préférait cela. Avoir sa sœur sous ses ordres, et être obligé de l'envoyer se battre... Il n'était pas sûr de pouvoir le faire.
En conséquence, seuls Yoruichi, Renji et lui se trouvaient aujourd'hui sans vice-capitaine. Si les Inari obtenaient leur diplôme, auxquels d'eux trois confierait on les deux énergumènes ? En les regardant, Hirako, qui avait supervisé une partie de leur entraînement, ricanait de manière hystérique depuis l'annonce des examens finaux des jumeaux. Selon les potins des capitaines, qu'il écoutait d'une oreille, durant ces cinq dernières années Hirako avait surgit plus souvent qu'à son tour dans les bureaux d'Ukitake pour le supplier de nommer quelqu'un d'autre à sa place. Gin l'aurait ridiculisé un nombre incalculable de fois, et des photos compromettantes circulaient discrètement dans l'enceinte du Seireitei. Byakuya lui même en avait trouvé une à une occasion, et priait depuis pour ne jamais avoir Gin comme vice-capitaine. Et l'état quasi-hystérique dans lequel se trouvait perpétuellement Kira depuis cinq ans n'était pas pour le rassurer.
Il tenta de se concentrer à nouveau sur la cérémonie. Le discours de félicitation du directeur de l'académie à l'ensemble de ses étudiants s'achevait, en même temps qu'Ukitake arrivait, avec presque une heure de retard. Sa maladie avait hélas resurgit cette année alors qu'il avait eu presque une décennie de rémission. Ce n'était pas la première fois, et tous s'attendaient à le voir diminué à nouveau, mais cela restait terrible de le voir s’asseoir en toussant comme un perdu. Unohana disait qu'il travaillait trop et prenait son poste trop à cœur. Ça lui minait la santé. Les autres capitaines essayaient de moins se reposer sur ses épaules ces derniers temps, et s'adressaient surtout à Sasakibe.
« Les voilà !, souffla Renji qui fixait désespérément la foule depuis dix minutes pour trouver les jumeaux.
-Où donc ?, demanda Yoruichi en se penchant par dessus le siège de Byakuya.
-Gin est là, au premier rang, sur ma gauche. Et Mitsuki est au troisième rang tout au bout.
Yoruichi se pencha encore plus sur le siège, écrasant Byakuya pour tenter de trouver les personnes qu'indiquait Renji du bout de son doigt.
-Je les vois !, s'exclama-t-elle enfin. Regarde Bya-kun, regarde !
Byakuya soupira d'agacement mais suivi à son tour le doigt de Renji du regard et trouva les jumeaux. Ichimaru semblait dormir debout, et Mitsuki se faisait toute petite.
-Annonçons maintenant les résultats de nos étudiants. Le majeur de la promotion de cette année est Inari Gin, de la classe d'élite. Il a obtenu les notes suivantes : 90 sur 100 sur la connaissance des institutions du Seireitei. 93 sur 100 en histoire du Seireitei. 62 sur 100 en techniques médicales. 97 sur 100 en kido. 100 sur 100 en shunpô. 100 sur 100 en duel, catégorie sabre. 98 sur 100 en duel, catégorie autres armes. 100 sur 100 en maîtrise de son zanpakuto. Inari Gin est admis au rang de shinigami avec la note de 735 sur 800.
Les spectateurs et les condisciples de Gin applaudirent mollement. C'était des résultats incroyables. Gin n'était dépassé que par lui même. Ichimaru avait obtenu la note de 749 points. Même Hitsugaya n'était sorti de sa classe qu'avec 723 points.
-Whaou !, s'exclama Yoruichi. Ça c'est du génie ! Ça m'étonne même qu'il n'ait pas eu plus. Ichimaru avait eu davantage en ne passant qu'une année à l'académie. Tu explique ça comment Bya-kun. ?
-Une moins grande motivation sans doute, répondit-il avant de se taire et de continuer à écouter. Il y avait là quelques autres éléments prometteurs. Il nota avec attention leurs noms, pour plus tard.
L'annonce des résultats mis une demi-heure avant d'arriver à la troisième classe, celle qu'avait rejointe Mitsuki un an et demi plus tôt. Elle avait su rattraper son retard, et était monté de trois classes en cinq ans, ce qui constituait une bonne performance. Sans doute aurait elle pu faire mieux si elle avait décidé de rester à l'académie. Normalement, on aurait même dû la forcer à poursuivre ses études. Byakuya ignorait pourquoi on ne l'avait pas fait.
-A la seconde place de la troisième classe, Inari Mitsuki, annonça le directeur. Elle a obtenu les notes suivantes : 65 sur 100 sur la connaissance des institutions du Seireitei. 95 sur 100 en histoire du Seireitei. 67 sur 100 en techniques médicales. 59 sur 100 en kido. 100 sur 100 en shunpô. 51 sur 100 en duel, catégorie sabre. 50 sur 100 en duel, catégorie autres armes. 53 sur 100 en maîtrise de son zanpakuto. Inari Mituki est admise au rang de shinigami avec la note de 453 sur 800.
C'était un score honorable. Généralement, seuls les élèves des deux premières classes obtenaient plus de 400 points. Elle pouvait même espérer obtenir un siège, mais de justesse. Il fallait obtenir au moins la moyenne dans chaque matière pour espérer avoir un poste, même celui de dixième siège, si tôt après sa sortie de l'académie. Mais étant donné qui elle était, sans doute lui offrirait-on un siège plus élevé. Après tout, seule sa pratique du duel la plombait dans sa notation.
Byakuya n'écouta pas la suite de l'énumération d'élèves et de notes. Il écoutait les résultats pour les potentiels sièges. Pour le reste, il prendrait les étudiants qu'on lui proposait.
Les annonces de résultats prirent deux heures. Ensuite, suivit le tournoi auquel participa Gin. Sans même libérer son sabre, celui-ci vint à bout de tous ses adversaires en quelques secondes. Il était terrifiant de précision. Le plus inquiétant, c'était que cette façon de se battre était celle d'Ichimaru.
Byakuya frissonna et rejoignit en silence les autres capitaines qui s'assemblaient autour d'Ukitake. Celui-ci leur sourit avec difficulté entre deux quintes de toux.
-Voilà une promotion prometteuse n'est-ce pas ?, souffla-t-il. Quarante quatre étudiants ont eu des résultats leur promettant un poste de siège d'ici les dix prochaines années. C'est très encourageant... Depuis toi, Hitsugaya, aucun étudiant vraiment prometteur n'était sorti de l'académie.
-Et maintenant, en voilà un, le coupa Soi-Fon. Ne nous faites pas languir, dites nous à quelle division vous infligez la présence d'Ichimaru.
Le capitaine-commandant eut l'air gêné.
-La décision n'a pas été prise que par moi comprenez-bien. La chambre des 46 a porté certaines exigences, dont la suivante. Il est question, vous le savez, d'aller dans le Hueco Mundo pourchasser nous même Aizen d'ici quelques années. La chambre refuse que des divisions restent plus longtemps sans vice-capitaine. Renji, Yoruichi, Byakuya, je me suis vu dans l'obligation de vous assigner un lieutenant.
Aucun des trois capitaines mentionnés n'avait l'air ravi.
-Par ailleurs, le vice-capitaine Kira a fait une demande de mutation. Shinji, tu sais que vos caractères étaient à peu près incompatibles.
-Effectivement, répondit Shinji, l'air soudainement inquiet.
-Kira a accepté d'être muté sous les ordres de Renji à partir d'aujourd'hui même.
-Bien, fit Renji, visiblement soulagé de ne pas avoir à s'occuper de la réincarnation d'Ichimaru.
-Donc Hiyori devient ma vice-capitaine, poursuivit Shinji d'une voix toujours inquiète.
-Non plus. Je suis désolé Shinji, mais je crains que tu sois le seul à être capable de gérer Inari Gin.
Hirako devient rouge de colère et sembla prêt à étrangler Ukitake. Puis il se ravisa, et commença a tenter de se suicider en se frappant la tête contre le mur.
-Tu as encadré l’entraînement des jumeaux pendant cinq ans. Je te rappelle que tu avais exigé de le faire, pour surveiller « cette nuisance d'Ichimaru », pour reprendre tes termes. La chambre des 46 a donc décidé que tu continuerai cette tâche, expliqua Ukitake, avant de se tourner vers Byakuya et Yoruichi. Yoruichi, Sarugaki sera ta nouvelle vice-capitaine. Quand à toi Byakuya, je voudrais que tu prennes Inari Mitsuki à ce poste.
-Moi ?, balbutia le capitaine de la sixième division. Mais...
-Pour ce qui est de vos demandes pour recruter d'autres sièges ou des recrues, je vous demanderai de voir tout cela avec Sasakibe. Je ne suis guère en état de poursuivre. »
Ukitake était en effet livide. S'inclinant devant le malade, les capitaines le laissèrent partir et commencèrent à assiéger Sasakibe de demandes et à donner des ordres à leurs vices-capitaines.
Byakuya soupira. Il ne servait à rien de protester, aussi se contenta-t-il de donner sa liste de demandes à un Sasakibe submergé de questions, et retourna assister à la suite des tournois des étudiants.
« Étrange hein capitaine ? Lui demanda-t-on soudain.
Il se retourna brutalement. C'était Renji, appuyé à la rambarde à ses côtés.
-Que veut-tu dire ?, répliqua-t-il froidement.
-Vous savez très bien, répondit Renji, qui n'était plus du tout perturbé par la froideur de son ancien capitaine. »
Oui, Byakuya savait parfaitement ce que Renji tentait de lui dire. Quinze ans plus tôt, le vice-capitaine était tombé amoureux d'une ryoka. Lui-même... Oui, pour être sincère, lui-même en était tombé amoureux. Pendant un temps, son cœur avait battu pour une autre femme qu'Hisana. Pour Mitsuki, il avait oublié à plusieurs reprises les intérêts de la Soul Society. Elle avait choisi Renji. Elle n'avait jamais su quels sentiments il ressentait pour elle. Et elle était morte dans ses bras.
Renji, lui, elle l'avait aimé. Que ressentait son ancien vice-capitaine à l'idée de voir Mitsuki passer sous ses ordres ? Sans doute aurait-il voulu être à sa place, pour reprendre possession du cœur de la jeune femme. Il doutait sans doute de ses propres intentions, à lui, Byakuya.
Mais le capitaine de la sixième division n'avait pas de réponses à ces questions. Il ne connaissait même pas vraiment cette Mitsuki là.
Il se contenta donc de hocher la tête, et continua à observer les futures recrues de la Soul Society. Puis, lui et les autres membres du Gotei 13 rejoignirent l'esplanade, où Sasakibe distribuait les affectations à ceux que les capitaines avaient déjà choisi. Les autres auraient leur affectation d'ici quelques jours.
Lorsque Sasakibe annonça que Inari Gin devenait le vice-capitaine de la troisième division, il y eut une vague de protestations marmonnées parmi les anciens étudiants. Celui-ci n'était visiblement pas apprécié. Byakuya le chercha du regard. Celui-ci était au fond du groupe et affichait son sourire de renard. Il ressemblait trop à Ichimaru.
Son regard divagua vers Mitsuki qui attendait à côté de lui. Les jumeaux avaient changé en cinq années, c'en était terrifiant. Il n'y avait pas de norme dans la façon dont vieillissaient les âmes, mais généralement, il fallait entre cinquante ans et une centaine d'années pour passer de l'enfance à l'âge adulte. Rukia et Renji avaient atteint la maturité en presque soixante ans. Hitsugaya Toshiro avait vieilli d'une dizaine d'années durant le même laps de temps. Aujourd'hui, on donnerai au jeune capitaine une douzaine d'années.
Et, déjà , Gin et Mitsuki le dépassaient de quelques têtes. A vue d'œil, ils avaient dorénavant quinze à dix-sept ans. Selon Kurotsuchi, leurs corps spirituels se souvenaient de leurs âges véritables. Leurs âmes, plus anciennes qu'elles ne le paraissaient, cherchaient à retrouver un corps à la mesure de leur énergie spirituelle. Même s'ils n'avaient pas récupéré leurs pleines capacités, ils n'en était désormais pas loin. Selon Kurotsuchi toujours, dès que son corps serait redevenu tel qu'autrefois, d'ici cinq ans au plus, Gin aurait retrouvé sa puissance de capitaine. Pour le moment, son reiatsu était un peu inférieure à celle d'un lieutenant de la force de Matsumoto. Mitsuki, elle devrait mettre un peu plus de temps à atteindre son potentiel. Après tout, lorsqu'elle était morte, elle ne maîtrisait pas encore son shikai. Il lui faudrait voir au plus tôt ce qu'il en était maintenant.
La réaction du jeune Gin à la nouvelle de son affectation fut tout à fait celle qu'on aurait pu attendre d'Ichimaru. Son sourire sournois s'élargit et il s'approcha de son nouveau capitaine pour le saluer respectueusement avant de s'appuyer sur son épaule.
« Ca va être chouette, hein, capitaine ?, demanda-t-il tout sourire.
Hirako semblait déjà être prêt à l'étrangler.
-Quand à vous Inari Mitsuki, poursuivit Sasakibe, vous êtes nommée vice-capitaine de la sixième division, sous les ordres du capitaine Kuchiki Byakuya.
La jeune fille sauta de joie en poussant un cri aigu avant de se précipiter vers son nouveau supérieur.
-Merci capitaine !, s'écria-t-elle. Merci de m'avoir pris !
Elle s'arrêta à un mètre de lui dans son mouvement, stoppée par le regard froid que lui jeta Kuchiki. Démontée juste un instant, elle sauta sur les épaules d'Hisagi qui lui tournait le dos. Le capitaine tatoué faillit tomber en avant sous ce poids, léger mais inattendu.
-Vous avez-vu Hisagi-san ?, demanda-t-elle joyeusement. J'y suis arrivée !
-C'est fantastique Inari-chan. Je vous avais dit que c'était certain, répondit le capitaine en la faisant descendre de son dos.
-Oui mais merci quand même, continua la jeune fille, plus calme. Vous nous avez bien aidé Gin et moi. Vous aussi Abarai-san. Merci.
Elle déposa un léger baiser sur la joue de chacun, un peu rouge, puis courut rejoindre son frère. Son nouveau capitaine la saisit par le bras au passage.
-J'entends que vous soyez à la division dès ce soir. Mon troisième siège, Haruko Kota vous attendra d'ici une demi-heure à l'entrée de l'académie pour vous conduire. Soyez-y. Votre travail commencera dès demain matin. Haruko vous expliquera ce que vous devez savoir d'ici demain.
Il relâcha la jeune fille, désormais d'une jolie nuance écrevisse, et la laissa continuer sa route. Puis, il fit signe au troisième siège de venir prendre ses ordres, et quitta enfin l'académie.
En passant près des jumeaux, il entendit des bribes de leur conversation.
-T'est toute rouge Mi-chan, disait Gin. Qu'est ce que t'as, t'est amoureuse ?
-Même pas vrai ! S'exclama sa sœur.
-Menteuse ! T'est amoureuse, ça se voit tout de suite !
-Et toi t'est un imbécile, ça se voit tout de suite aussi. Et si tu me disait de qui t'est amoureux toi ?
-Moi
-Ça se voit comme ton nez sur ta face de renard ! Et je sais qui sait en plus ! J'aime pas ce type en plus !
-Pff, t'imagine des choses, souffla Gin, tandis que le capitaine de la sixième division s'éloignait, et le reste de la conversation se perdit pour lui. »
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Comme tous les matins, Byakuya se leva à l'aurore. Après avoir réglé avec son intendant quelques uns des problèmes du clan, il se rendit normalement à son bureau à la sixième division et commença à remplir des dossiers administratifs.
Il fut presque surpris quand on toqua doucement à la porte. Ce fut à cet instant là seulement qu'il se souvint qu'il avait à nouveau un vice-capitaine. Cela faisait cinq ans qu'il s'en passait.
-Entrez, indiqua-t-il sèchement.
Inari Mitsuki se faufila à l'intérieur de la pièce, un air apeuré sur sa figure. Byakuya se souvint que même si elle avait l'air d'une jeune fille de dix-sept ans à peu près, presque adulte, son âme était plus jeune qu'elle n'en avait l'air. On lui avait donné une enfant comme vice-capitaine.
-Voici votre bureau, lui indiqua-t-il d'un ton froid. Je dois à tout prix finir ces dossiers ce matin, puis je dois voir le capitaine-commandant. Je vais vous donner des dossiers simples à étudier ce matin, et cette après-midi nous en discuterons ensemble, que je vois votre manière de travailler.
La jeune fille s'inclina respectueusement et s'assit. Le capitaine se désintéressa d'elle pour se concentrer sur le dossier qu'il étudiait lui-même. À trois reprises, il leva le regard vers elle. La tête entre les mains, elle écrivait en relevant fréquemment la tête pour observer le mur en face d'elle, avant de replonger dans son dossier. Elle avait l'air de prendre ce travail sérieusement au moins.
Lorsque midi sonna à l'horloge, il fit signe à la jeune fille de prendre sa pause. Elle disparut immédiatement par la porte. Lui-même resta quelques minutes de plus pour examiner le travail d'Inari. Ce n'était pas mauvais, pour quelqu'un fraîchement issu de l'académie. Mais l'orthographe était déplorable, et le style à peine mieux.
En soupirant, Byakuya reposa la feuille, puis se rendit à la première division.
Avec un certain soulagement de sa part, il fut reçu immédiatement par le capitaine-commandant. Mais celui-ci était dans un état plus déplorable encore que la veille. Il le reçu couché, et toussait presque sans interruption. Sur un mouchoir de soie tombé près de sa couche, il y avait quelques taches de sang.
« Ah Bya-kun, sourit péniblement le malade. J'attendais ta venue.
-Je ne serais pas long, Ukitake-san.
-Je sais. Tu n'a qu'une question à me poser n'est-ce-pas ? Pourquoi est-ce à toi que j'ai confié Mitsuki-chan ?
Byakuya s'inclina silencieusement pour acquiescer. Il s'assit sur un geste du malade qui commença à parler entre deux quintes de toux.
-J'y ai longuement réfléchi tu sais ? Cela fait deux ans que les affectations actuelles des officiers sont décidées, conjointement avec la chambre des 46. Je ne voyais que deux personnes à qui confier Mitsuki : toi et Shunsui. Mais Shunsui aurait été trop protecteur avec elle, parce qu'elle est, en quelque sorte, ma fille. Et toi, tu aurais eu le même problème avec Rukia-chan.
-Je te fais confiance pour la former. Il faut qu'elle devienne puissante. Elle n'est pas seulement la jumelle d'Ichimaru. Selon Unohana et Mayuri, elle héberge une partie de son âme, et inversement. Les derniers tests qu'à fait Unohana avec leur reiatsu la semaine dernière le prouvent encore. On peut atteindre l'un en attaquant l'autre. Gin est capable de se défendre seul. Il maîtrise déjà son shikai, et avec l'aide de Shinji, en sera bientôt au bankai. Mitsuki en est très loin. Mais rester à l'académie l'aurait ralenti davantage. Leurs professeurs s'efforçaient de ne rien leur apprendre, et ils ont plutôt bien réussi. Ce qu'elle a appris, elle l'a fait par elle même. Et elle et Shinji s'entendent encore moins bien que Gin et Shinji. Il n'arrive pas à lui apprendre quoi que ce soit, j'ignore pourquoi. Toi, tu le peux je pense. Et je te demande de le faire, pour le Seireitei, pour moi, et pour elle. Le fera-tu ?
Après un long silence, Byakuya acquiesça de la tête. Il se leva pour partir. Alors qu'il allait passer la porte, Ukitake le rappela de la main.
-Byakuya..., murmura-t-il faiblement. Je sais ce que vous ressentiez pour elle, toi et Renji. C'est une autre personne. Elle pourrait faire d'autres choix, aimer d'autres personnes. Mais si vous tombiez amoureux... Je suis certain qu'Hisana ne trouverai rien à y redire. Et moi, je ne tiens qu'à voir les gens que j'aime heureux. »
S'il était une chose que Kuchiki Byakuya détestait, c'était qu'on se mêle de la vie privée. C'était une des rares choses capable de le faire sortir de ses gongs. Mais cette fois, il se contenta d'incliner la tête et de partir. Ukitake ne souhaitait que voir le bonheur de ses proches avant de mourir. Et à le voir alité ainsi, il ne lui donnait plus que quelques mois...
Dès qu'il fut sortit de la chambre, Byakuya fut rejoint par Sasakibe qui attendait à deux pas.
« Que dit Unohana à son sujet ?, demanda-t-il en se dirigeant vers la sortie de la division.
-Rien de bon, même si elle refuse de se prononcer définitivement. Espérons que le capitaine-commandant tienne bon ! Nous avons besoin de lui. Et qui pourrait le remplacer ?
-Oui, qui... Je vous laisse Sasakibe. Vous devez avoir beaucoup à faire.
-Ce n'est pas comme si je n'en avais pas l'habitude, répondit avec un fin sourire le vice-capitaine. J'assure ce poste depuis sept cent quatorze années.
-Un travail irréprochable, assura Byakuya. »
Il s'inclina devant le vice-capitaine au front voilé de soucis, et rejoignit sa division. Il avait beaucoup à penser...
Quand il pénétra dans son bureau, la jeune vice-capitaine était à nouveau plongée dans le dossier qu'il lui avait donné. Il allait s’asseoir quand il vit, posé sur un coin de son propre bureau, posé un verre d'eau et une assiette rempli de riz et de boulettes de viandes. Les papiers avaient été soigneusement écartés. Byaukuya les regarda un instant, étonné.
« Est-ce vous qui avez déposé ça Inari ?
-Oui, souffla la jeune fille aux cheveux argentés. Les sièges... Ils ont dit que vous n'auriez peut être pas mangé, alors je vous ai apporté ça, au cas où.
Byakuya ne demanda rien de plus, et commença à manger, tout en retriant les dossiers que la jeune fille avait un peu mélangé. Quand il eut finit, il se leva et se dirigea vers la porte. Il vérifia qu'elle avait son sabre au côté -c'était devenu la règle pour les officiers depuis l'époque d'Aizen- et lui fit signe de le suivre.
La jeune fille le suivit jusqu'à l'un des terrains d'entraînement de la division. Du regard, il signifia aux hommes qui s’entraînaient de partir et de les laisser seuls.
-Vous avez eu une faible note en duel. Vos explications ?
La jeune fille se pinça les lèvres, comme si elle hésitait à répondre, puis le regarda droit dans les yeux. C'était plus perturbant que tout de voir la jeune aveugle d'autrefois le regarder directement.
-Je n'aime pas ça. Surtout le combat de près. Du coup je panique et je fais des erreurs. Et puis... on m'a fait apprendre à me battre contre des gens plus grand que moi, et j'ai eu du mal, et maintenant c'est moi qui suis plus grande que les autres. J'arrive pas à m'habituer. Et puis... moi je dois attaquer avec un keikan ! Vous croyez que c'est facile ?
Le capitaine la jaugea du regard. Elle était effectivement très grande, et maigre comme une enfant trop vite poussée. Elle était déjà presque aussi grande que lui. Ichimaru le dépassait en taille autrefois, et Aoba Mitsuki était assez grande elle aussi. Son âme devait donc être presque à sa taille définitive désormais.
-Il convient donc que vous appreniez à vous battre à cette nouvelle taille. Vous connaissez le nom de votre zanpakuto ?
-Oui.
-Alors attaquez-moi ensemble. Et ce, jusqu'à ce que vous arriviez à dévoilez la forme de votre shikai. Le kido est interdit.
Mitsuki le regarda d'un air décidé, puis attaqua maladroitement. Byakuya para sans difficulté, et la jeune fille recula. Prenant de l'élan, elle entama un pas de shunpo qui l'envoya derrière lui, et elle tenta une nouvelle attaque. Byakuya para. Encore et encore. Le combat devint de plus en plus violent. Mitsuki finit par voler contre un mur lorsque son keikan rencontre brutalement le sabre en mouvement de son capitaine.
Byakuya la laissa reprendre son souffle quelques minutes. Elle avait remarquablement bien reconnu ses faiblesses. Sans libération, elle était obligée de coller au plus près le corps de son adversaire, qui n'avait lui qu'à la tenir à la distance de son sabre pour éviter toute blessure. Il fallait espérer que ses compétences en kido compensent, afin qu'elle maintienne son adversaire à distance.
Il était probable, se dit-il, que l'on ne lui ait même pas appris à se battre avec un sabre de taille normale. C'était un tort. Ce n'était pas parce que son zanpakuto était un keikan qu'elle ne pouvait pas se battre avec une autre arme, et garder le keikan caché dans sa manche ou sa ceinture pour un effet de surprise. Mais encore fallait-il que son sabre consente à cela. Beaucoup de zanpakuto étaient très susceptibles à l'idée que leur maître emploie une autre arme qu'eux.
-On recommence, lui intima-t-il dès qu'elle eut récupéré son souffle.
Mitsuki se releva et se remit en position. Elle avait les yeux mis-clos et un air très concentré. Elle devait écouter son zanpakuto.
Elle se précipita sur lui avec rage. Ses mouvements étaient plus désordonnés, moins réfléchis, et elle prit davantage de coups. Malgré tout, elle força Byakuya à se montrer plus attentif au combat. Elle ne serait pas mauvaise finalement, se dit-il.
En fin d'après-midi, la jeune fille était en sang, et n'avait pu toucher son capitaine qu'une seule fois. Depuis quelques minutes, elle se battait les yeux fermés, et se faisait davantage toucher, même si Byakuya prenait garde à la frapper du plat de la lame.
Il finit par rompre et allait lui dire de cesser de combattre. Elle était visiblement épuisée. Soudain, son reiatsu se déchaîna.
-Renvoie, Uminara, hurla la jeune fille.
Le minuscule keikan s'allongea subitement, et le capitaine para de justesse. Une seconde plus tard, il fut violemment projeté contre le mur opposé du terrain d’entraînement. Il lui fallut quelques instants pour se remettre du choc. La jeune fille lâcha son arme et courut vers lui.
-Ça va capitaine ? Je vous ait fais mal ?
-Ça ira. Vous avez été plus rapide à atteindre le shikai que je m'y attendait.
-Hisagi-san... Le capitaine Hisagi m'a dit que je devrai y arriver rapidement, puisque j'ai un peu de l'âme de Gin, répondit la jeune fille, toute rouge.
-Bien, fit Byakuya en se relevant.
Il jeta un coup d'œil à l'arme de la jeune fille, restée au milieu du terrain. Elle avait bien changé. C'était désormais une naginata, une arme à la lame courte mais au manche de près d'un mètre cinquante de long. La lame était du même acier sombre que sous sa forme scellée, et le manche d'un bois clair, sans le moindre ornement.
Soudain, le zanpakuto reprit sa forme de keikan, et Byakuya se retourna. Mitsuki s'était écroulée contre le mur, et dormait.
-Je vous en ait trop demandé, je crois, Mitsuki-san, murmura Byakuya en ramassant la petite arme. »
Il rejoignit la jeune fille, et la prit dans ses bras. Traversant une division aux couloirs quasiment vides, il la transporta jusqu'à sa chambre, à deux pas de son propre logement de fonction dans la division. Il la déposa délicatement sur sa couche, et regarda autour de lui. La chambre était vide encore, seulement meublée d'un fûton, d'une table basse, et d'une bibliothèque encore vide, si ce n'est les livres qui y étaient déjà du temps où lui même était vice-capitaine. C'était des livres qui parlaient d'honneur et transmettaient les idéaux et l'histoire de la sixième division. Il y avait par contre sur le rebord de la fenêtre un petit bouquet de fleurs et un portrait des jumeaux, affichant le même sourire de renard.
Le capitaine décida qu'il était temps pour lui de partir. Alors qu'il se redressait, il entendit la jeune fille endormie murmurer quelques mots dans son sommeil. Il se figea quelques secondes.
Un instant plus tard, la porte se fermait sur le capitaine, au visage plus impassible que jamais. Seule une étincelle dans son œil indiquait les émotions qui le traversaient.
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Alors que la nuit avait envahie la Soul Society, une silhouette se glissait dans les couloirs déserts de la quatrième division, avant de s'arrêter devant une porte de bois d'aspect particulièrement solide.
L'homme saisit dans la poche de son uniforme une clé qu'il introduit délicatement dans la serrure. Il pénétra dans la pièce et ferma silencieusement la porte derrière lui.
Sur des étagères, s'alignaient des bocaux de formes diverses, contenant d'étranges potions aux couleurs étranges. Mais le regard de l'homme fut attiré par deux d'entre eux, à moitié cachés derrière des pots sombres. Dans ces bocaux-là, une étrange brume aux couleurs argentées et ocre. L'homme saisit la première des deux. A une ficelle accrochée au couverte, pendait un petit carton sur lequel était indiqué un nom : Inari Mitsuki. Avec un grognement, l'homme la reposa, et s'apprêtait à saisir l'autre, lorsqu'il entendit des pas s'approcher. Il s'empressa de se dissimuler près de la porte, en diminuant encore son reiatsu.
« S'il le faut, entendit-il prononcer la voix de la capitaine Unohana, j'irais chercher un échantillon dans la réserve. Mais je pense que nous en savons désormais assez.
-Je vous remercie capitaine, fit la voix grinçante de Kurotsuchi. Je vous transmettrait mes résultats dès demain je pense. »
Les pas s'éloignèrent à nouveau. L'homme soupira de soulagement, et saisit rapidement le second bocal. Il préférait ne pas s'éterniser dans ces lieux.
Lorsqu'il quitta le local, il ne remarqua pas que l'étiquette du bocal qu'il tenait s'était détachée et était tombée sur le sol de la réserve.