De Sang et d'Âme
Mitsuki et Gin regardèrent la pièce avec de grands yeux ébahis. Jamais ils n'avaient vu tant d'armes rassemblées. Il y avait là des sabres par centaines, mais les autres armes n'étaient pas moins présentes.
Sur l'injonction d'Ukitake de découvrir leurs armes, les deux enfants s'avancèrent entre les rangées de tables sur lesquelles les armes étaient posées, alignées. Le capitaine-commandant avait été rejoint par Soi-Fon, Hirako Shinji et Sasakibe.
-Êtes-vous sûr de ce que vous faites capitaine ?, demanda le vieux lieutenant de la première division d'un air dubitatif.
-C'est le conseil des 46 qui a exigé que l'on entraîne ces enfants et qu'on leur rende leurs armes. Le silence d'Aizen devient inquiétant, ils veulent prendre les devants et former de nouveaux candidats pour les sièges des divisions. Nous en avons perdu tellement en ce siècle !
-Mais pourquoi cette sorte de jeu de cache-cache ?, continua le lieutenant. J'avoue ne pas comprendre.
-Moi non plus, reconnu Hirako. Ils sont tombés sur la tête au conseil ?
-Ça c'est une idée à moi !, s'exclama joyeusement Ukitake.
-Tu est tombé sur la tête alors, grommela Hirako en roulant des yeux vers le ciel. Pourquoi pas leur offrir des bonbons tant que tu y est ?
-C'est pour une ultime confirmation, expliqua Ukitake plus sérieusement. Je veux savoir si leurs âmes sont véritablement restées les mêmes, ou si le fait que leurs âmes se sont mêlées feront que leurs anciens zanpakuto et eux ne seront plus en résonance. Cela ne vous intéresse-t-il pas Shinji ?
-Tout ce qui m'intéresse, c'est de savoir qui surveillera les deux gnomes. J'espère que vous n'allez pas les confier à Unohana. Elle serait incapable de voir le mal chez ces gosses, et nous laisserait tous détruire.
-Ca, j'en doute forcément Hirako. Mais en fait, je pensais vous les confier à vous.
Hirako se tourna incrédule vers Ukitake, qui poursuivit.
-Vous avez connu Ichimaru enfant, même si peu de temps. Vous serez donc capable de reconnaître en cet enfant si ses souvenirs de sa vie antérieure refont surface. Vous êtes le meilleur gardien possible. Par contre j'y met des conditions.
-Lesquelles ?
-Je vous veux sévère mais juste. N'oubliez jamais que ce sont des enfants que vous surveillerez. Ne les punissez pas pour ce dont ils n'ont aucun souvenir.
-Ça, c'est à prouver, ricana Hirako, et Soi-Fon hocha la tête pour l'approuver.
-Hirako, vous avez vécu cinq ans avec cet enfant dans votre division. Nous, nous l'avons connu presque cent ans comme collègue. Croyez-moi quand je vous dit que la différence est flagrante.
Ukitake se retourna vers les enfants qui fouillaient toujours. Hirako n'aurait pas été son choix. Mais c'était celui du conseil. Il ne le lui avait pas dit, et ne le ferais pas. Hirako aurait refusé un ordre du conseil avec violence, et le Seireitei ne pouvait se permettre d'arrêter même pour quelques jours un capitaine pour semi-mutinerie.
Il soupira en retenant une nouvelle quinte de toux, et regarda Mitsuki, qui entamait sa quatrième inspection des tables sans résultat apparent. Il eut une grimace de pitié devant son air concentré et honteux à l'idée de pas réussir à trouver. Le conseil leur demandait de réussir en quelques heures à trouver leur zanpakuto, là où les étudiants les plus forts mettaient le plus souvent plusieurs mois.
Les deux enfants devaient être terrorisés à l'idée d'échouer !
Mitsuki approchait sa main du bâton qu'elle s'était sculpté et dans lequel elle avait jadis scellé son zanpakuto sans le savoir pour la troisième fois. Elle semblait hésiter, puis s'éloignait de lui.
-Tu ne trouvera pas ton arme juste en la regardant, lui expliqua la voix d'Ukitake dans son dos. C'est dans ton âme que tu la trouvera.
Mitsuki hocha la tête, et continua à chercher parmi les armes exposées. Ecoutant les conseils du capitaine, elle chercha à se concentrer. Elle ferma les yeux et écouta. Elle entendait un murmure très faible, comme un doux clapotis d'eau. Dans ce murmure elle pouvait saisir quelques mots, prononcées par une femme à la voix grave et rauque.
« Revenue... chuchotais la voix. Servir... à toi... cesser toute... »
-Tu est mon zanpakuto ?, demanda-t-elle.
« Mon nom... rappelle-toi... nom... donne... »
Mitsuki saisit le sabre devant elle. Son zanpakuto étais-ce celui-là ou un autre ?
« Celui que tu veux, répondit la voix. Peut m'importe. Tu as changé Mitsuki. »
-Peut-être. Moi, je me souviens pas. Ce n'est pas important.
« Si. Si tu as changé, moi aussi. »
-Ça veut dire que vos pouvoirs seront différents ?
-Non. Mais ma forme le sera. Tu étais aveugle, et tu ne l'est plus. J'étais une canne-bâton pour te soutenir. »
-Que serez-vous maintenant ?
« Ce dont tu as besoin. Entends mon nom, et tu le saura. Je suis... »
Ukitake regardait attentivement Mitsuki, sa fille aux cheveux argentés, tourner et retourner un sabre parfaitement classique entre ses mains. Elle bougeait les lèvres, comme si elle parlait. Elle entendait son zanpakuto, il en était persuadé.
De l'autre côté de la salle, Gin se tenait devant Shinsô, les yeux fermés. Il les rouvrit soudain, l'air ravi.
-Elle s'appelle Shinsô, s'exclama-t-il avec une joie d'enfant. Elle m'a parlé !
Ukitake saisit l'arme qu'avait saisi le gamin et la regarda attentivement. C'était bien Shinsô, le wakizashi à la garde en forme de « S ».
-Cela veut dire que mon âme est restée la même que quand j'étais Ichimaru j'suppose ?, reprit l'enfant avec son sourire de renard. Alors, z'allez changer d'avis et m'exécuter maintenant ? Parce que là, je vous préviens, je me souviens toujours pas de ce Ichi-machin.
Ukitake frissonna. Un instant, la voix de l'enfant avait été très proche de celle d'Ichimaru. Se pouvait-il que la réunion avec Shinsô lui rende ses souvenirs, ou que l'épée lui révèle des détails avec son passé ?
L'hypothèse était inquiétante. Il faudrait qu'Hirako le surveille attentivement.
-Maintenant, répondit-il simplement à l'enfant, éludant la question, nous allons faire de toi un shinigami.
Il se retourna vers Mitsuki, qu'il découvrit juste derrière lui. Elle lui tendait un petit objet qu'il saisit, étonné.
-Uminari... c'est son nom. Elle m'a dit qu'elle avait une autre forme avant, mais qu'elle me protégerait mieux sous cette forme que sous celle que je lui ait donné avant.
-Tu te souviens de ton passé ?, la questionna Soi-Fon en saisissant l'enfant par l'épaule.
-Non. C'est juste Uminari qui m'a dit ça, rien de plus.
Voilà qui confirmait que Gin n'avait récupéré aucun souvenir avec le retour de son zanpakuto. Maintenant, rien ne disait que le sabre ne serait pas pas bavard avec son maître. Ukitake se sentait à moitié soulagé, mais l'enfant devrait toujours être surveillé, par précaution.
Il baissa la tête vers ce que Mitsuki lui avait déposé dans les mains. Le bâton à la femme sculptée de presque un mètre soixante-dix était devenu un kaiken, l'un de ces minuscules armes de quinze à vingt centimètres de long jadis porté par les femmes de la noblesse. Celui-ci devait en faire seize ou dix-sept estima Ukitake.
L'arme était rangée dans un fourreau fait d'un bois sombre laqué sans ornement. Deux encoches permettait d'y faire passer une attache. La poignée, minuscule, était faite du même bois laqué. Ukitake sortit l'arme de son fourreau. Il n'y avait pas de tsuba comme sur le wazikashi de Gin. La lame était d'un acier presque noir, sans plus d'ornement que la poignée ou le fourreau.
-La vache !, s'exclama Gin. Et moi qui trouvait ma Shinsô petite ! C'est quoi ce sabre rikiki ?
-Un kaiken, expliqua Ukitake. Une arme de femme pour la défense rapprochée. Tu peux l'accrocher à ton bras ou à ta jambe, voire la glisser dans ta ceinture. Vous avez pénétré le monde de votre sabre je suppose ?
Les deux enfants hochèrent de la tête.
-Bien ! Je vous présente maintenant le capitaine Hirako Shinji. Vous connaissez son lieutenant, Kira. C'est lui qui supervisera votre entrainement en dehors de vos heures à l'académie.
-Salut les mioches !, les salua ironiquement le capitaine.
Les deux enfants lui firent une grimace éloquente.
-Salut papi !, répliqua Gin en lui tournant immédiatement le dos.
Il fallut retenir Hirako d'étrangler le gamin. La cohabitation ne serait pas facile conclut Ukitake intérieurement.
A peine furent-ils sortit de la salle aux zanpakutos qu'un papillon de l'enfer se posa sur le doigt de Saskibe.
Il écouta avec attention le message et ses sourcils se froncèrent. Il se retourna vers Ukitake et lui murmura à l'oreille.
-On m'annonce qu'Hinamori s'est évadée et que ses gardes ont été tués.
-Quoi ? Quand ça ?
-Cette nuit. Ils ont découvert l'évasion ce matin, au changement de la garde.
-Bien. Nous allons tout de suite à la cinquième division. Hirako, tu t'occupe des Inari ?
Mais Hirako n'était déjà plus là. Il courrait à toute allure dans le couloir derrière les jumeaux en leur intimant de lui rendre la ceinture de son hakama.
En se rendant sur le lieu du crime, Ukitake sourit. Finalement, l'entente entre les enfants et le vizard aurait peut être lieu. Après tout, il s'entendait bien avec Hiyori, non ? Rassuré, il partit assurer ses obligations, en se demandant si la Soul Society retrouverait jamais son calme d'avant l'arrivée de Kurosaki et de ses amis. Il fallait reconnaître qu'on s'amusait beaucoup plus, mais les temps étaient aussi beaucoup plus sombres...
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Le portail qui avait été ouvert pour qu'Hinamori passe dans le Hueco Mundo se referma derrière elle. Elle contempla un monde de sable et de ruines couvert par la nuit. C'était la première fois qu'elle contemplait ce paysage. Sa « punition » pour avoir continué à croire en le capitaine Aizen avait été de n'être chargée d'aucune mission dans le Hueco Mundo. Ils avaient eu peur qu'elle les trahisse. Mais en vérité, c'était la Soul Society qui s'était trahie et l'avait trahie.
À sa connaissance, avant l'arrivée du capitaine Aizen, il n'y avait aucun bâtiment au Hueco Mundo. Ces ruines sur lesquelles elle se tenait devait donc être être celles de Las Noches, le palais qu'il s'était fait bâtir. C'était incroyable selon la shinigami. Les ruines s'étendaient quasiment à perte de vue. Le dôme qui avait recouvert le palais et sous lequel le ciel brillait comme en plein jour s'était effondré à mains endroits, mais le tout restait en assez bon état. Il avait été abandonné pour des raisons de sécurité, pas à cause de sa vétusté, cela se sentait.
L'endroit n'était-il donc plus surveillé qu'une fugitive puisse y débarquer sans que trente shinigami n'apparaissent pour l'arrêter, ou au moins voir ce qu'une lieutenant venait faire ici ?
Mais non, elle ne sentait aucun reiatsu à proximité. Par précaution, elle baissa tout de même le rayonnement de sa propre énergie. Pourquoi aucun shinigami n'était-il là ?
Une main l'enserra brusquement et un sabre se pressa sur sa gorge.
Hinamori se tourna avec effort et plongea ses yeux dans un regard gris-bleu. Une femme aux cheveux rouges et au chiffre 9 tatoué sur son crâne en partie rasé la regardait d'un air froid. Le fragment de masque recouvrait son nez et se terminait en crochet sur sa joue la désigna pour ce qu'elle était. Une arrancar.
-Que fais-tu là, Shinigami ?, demanda-t-elle d'une voix glaciale.
Hinamori se figea d'effroi. Les arrancars lui faisaient peur, c'était plus fort qu'elle. Cette impression qu'aucune émotion pourrait jamais transpercer leur carapace... C'était effrayant, véritablement. Mais pour son capitaine, pour Aizen, elle devait être forte.
-Je suis Hinamori Momo, jusqu'à la semaine dernière lieutenant de la cinquième division et aujourd'hui déserteuse. Et vous ?
-Tu as devant toi la noventa espada, Jua de Herrerras, shinigami, répondit l'autre avec mépris. Qu'espérais-tu en venant ici ? Si tu veux mourir, je peux t'offrir une fin rapide...
Hinamori tenta désespérément d'éviter de s'effondrer. Elle était terrorisée par cette femme.
-Je viens rejoindre le capitaine Aizen, expliqua-t-elle d'une voix nouée. J'étais sa lieutenant.
-Sa lieutenant ? Renifla l'arrancar. C'était toi ?
Elle tourna autour de la shinigami l'air toujours plus méprisant.
-Je comprends que le seigneur Aizen se soit débarrassé de toi, continua-t-elle. Une petite poupée fragile, voilà ce que tu est. Une gamine pleurnicheuse, incapable de suivre son capitaine. Ah ! Ici, tu ne tiendrai pas cinq minutes. Et tu veux le rejoindre ? Laisse-moi rire !
-Laisse-moi rire moi, répliqua violemment Hinamori en repoussant l'arrancar.
La fureur de se voir ainsi traiter décuplait sa force et faisait se taire sa peur. C'était la même rage qui l'avait envahit depuis le retour d'Ichimaru qui revenait.
-Qu'est ce que tu est toi ? La noventa ? La dernière parmi les espadas en somme. Et si j'en juge comment ont fini les premiers il y a dix ans, tu n'est guère plus que de la chair à canon pour mon capitaine. Moi j'étais sa lieutenant. Il m'a choisi, moi, pour me seconder. Parce qu'il savait que je lui serait fidèle par delà la mort. Je viens pour le servir alors conduit-moi à lui et cesse de rire, hollow.
L'arrancar se rapprocha d'un coup de sonido et saisit la lieutenant par les cheveux, lui appliquant son sabre sur la gorge.
-Oh oui, je vais te conduire à lui. Et j'aurai plaisir à te livrer aux hollows affamés quand il en aura fini avec toi. Ou mieux encore, te livrer aux autres espadas. Il y en a qui aiment beaucoup les petites filles comme toi. Mais crois-moi, toi, tu ne va pas apprécier.
Jua saisit Hinamori et la renversa sur la pierre sur laquelle elles se tenaient. Elle lui arracha son zanpakuto, qui lui avait été rendu par la personne qui l'avait envoyé là. Elle arracha le haut de l'uniforme de la shinigami et s'en servit pour lui attacher les poignets et les chevilles puis lui bander les yeux. Cela fait, elle la mit sur son épaule et à grands coups de sonido s'éloigna dans le désert.
Hinamori se débattit sur tout le trajet, hurlant à l'espada de la lâcher et la mordant aussi fort qu'elle pouvait.
Jua finit par la faire tomber à terre.
-Écoute-moi bien, shinigami, car je ne te le répèterai pas. Ici, je suis la servante loyale du seigneur Aizen et tu est une petite merde de shinigami à l'allégeance inconnue. Alors, c'est moi qui pose les conditions à ton transport auprès de lui. Je ne te laisserait pas le trahir. Je te bandes les yeux si je veux, et je t'attache si je veux. Si tu tente encore une fois de m'échapper, je te rattrape et je t'égorges sans état d'âme. Compris ?
Hinamori hocha la tête et cessa de bouger. Dans sa tête, elle imaginait cette arrancar gisant massacrée sur le sol. Elle espérait bien assister à cette scène un jour.
Au bout de quelques heures inconfortables pour l'arrancar et sa passagère, Jua s'arrêta.
-Fatiguée ?, persifla Hinamori.
-Nous sommes arrivées, répondit l'Espada, glaciale.
-Alors vous me détachez enfin ?
-Non.
L'espada la frappa violemment à la tête, et Hinamori s'évanouit.
Lorsqu'elle reprit conscience, ses liens avaient été détachés et son bandeau ôté. Par contre, personne n'avait pris la peine de lui mettre un nouveau haut après que Jua lui ait réduit le sien en charpie. Sa pudeur n'était protégée que par les bandages qu'elle utilisait pour se protéger la poitrine comme toutes les shinigamis.
Elle avait été assise sur une chaise dans une salle de taille moyenne aux murs blancs. Six paires d'yeux l'examinaient attentivement et elle poussa un hoquet de désarroi en recouvrant sa poitrine.
Il y avait là deux femmes et quatre hommes. L'une des femmes était Jua de Herrerras. L'autre était une femme de presque un mètre quatre-vingt dix. Elle avait de longs cheveux noirs qui tombaient jusqu'au sol en une tresse unique. Alors que Jua était habillée d'un hakama classique et d'un haut blanc qui montait jusqu'à son menton et retombait en quatre pans jusqu'à ses genoux, l'autre arrancar portait un haut blanc très fin et serré qui recouvrait sa poitrine et descendait jusqu'en haut de ses cuisses. Au dessus, elle portait un immense obi couleur rouge sang qui retombait jusqu'à ses chevilles. Ses jambes étaient nues, elle ne portait que des chaussures blanches plates et une lanière de cuir à chaque jambe. À chaque lanière étaient accrochés deux piques de métal aiguisées. La femme était d'une indécence incroyable autant par son vêtement que par sa posture. Elle cachait sa main droite sous un gant de soie rouge et son bras gauche était tatoué d'un 5.
Les quatre hommes, eux, étaient vêtus du même hakama blanc fendu à partir des genoux et d'une large ceinture rouge dans laquelle ils avaient glissé leur sabre. Ils étaient torse nu, dévoilant un trou sur leur poitrine ou au ventre. Aucun ne ressemblait à l'un des autres, mais tous les quatre étaient superbement beaux. Ils suivaient avec attention chaque mouvement de la cinqua.
Les deux espadas se disputaient violemment.
-Tu aurai dû la tuer sur place Jua ! Tu n'est qu'une imbécile et une faible. Heureusement qu'il y en a d'autres qui servent correctement le seigneur Aizen. Je vais tuer cette dinde et voilà tout.
-Tu ne fera rien du tout Pesteza !, la coupa Jua d'une voix glaciale. J'ai amené cette femme ici parce que le seigneur Aizen pourrait vouloir lui parler. Que sais-tu de ce qui se passe chez les shinigami. Rien ! Tu ne pense qu'à te faire sauter par les autres espadas. Laisse ceux qui ont une cervelle ailleurs qu'entre les cuisses comme toi ou Raphaen penser à ta place. Et maintenant, puisque tu est la responsable de La Forataleza aujourd'hui, va prévenir le superviseur.
-Un jour le seigneur Aizen cessera de te désirer petite pute, grinça la cinqua. Ce jour là tu déchantera vite. Et je serais aux premières loges pour voir ça. Qui sais, Freizich acceptera peut être que j'assiste à la scène quand tu n'aura plus ton rôle du putain pour te protéger. Et Raphaen, tu peux être sûre qu'il acceptera.
La noventa tourna le dos à la cinqua.
-Va faire ton rapport, se contenta-t-elle de dire.
La cinqua fit signe aux quatre hommes qui se levèrent et la suivirent quand elle quitta la pièce. Hinamori ricana.
-Alors c'est ça la grande noventa espada ? Une femme qui s'agenouille quand on le lui demande ?
Jua la gifla violemment, sans répliquer. Ses yeux lançaient des flammes et elle serrait la poignée de son sabre à s'en faire saigner.
La porte s'ouvrit, laissant passer une fillette aux cheveux roses fluos et aux yeux châtains. On lui donnait dix ans, onze au maximum.
-C'est la shinigami ?, demanda l'arrivante avec une moue boudeuse presque vicieuse.
-Oui Szavana, répondit Jua d'un ton beaucoup plus modéré.
Hinamori en aurait éclaté de rire. Cette femme s'écrasait véritablement devant la gamine.
-Alors ammène là par ici, le seigneur Aizen nous réunit tous. Il veut la voir.
Hinamori eut un sourire triomphant et se leva fièrement, passant devant Jua sans même lui accorder un regard. La petite Szavana eut un rire amusé.
Dix minutes plus tard, elles pénétrèrent dans une gigantesque salle de marbre blanc et noir. Si elle en croyait les rapports d'interrogatoires de l'arrancar Starrk qu'elle avait lu, cette salle était la réplique exacte de celle de Las Noches.
Puis, le capitaine Aizen apparut, et elle oublia toute autre considération. Il n'avait pas changé, ou presque. C'était toujours le même sourire doux, mais une étincelle amusée avait remplacée celle, mélancolique, qu'il avait à la Soul Society.
-Te voilà donc, Hinamori ?, lui demanda-t-il.
Elle hocha la tête, incapable de te répondre.
-T'est-tu enfin rendu compte des mensonges de la Soul Society ?, continua-t-il et voyant qu'elle hochait à nouveau la tête, il s'approcha d'elle en souriant et posa sa main sur sa tête -comme autrefois-. Tu m'en vois ravi Momo. Tu m'a manqué. Mais qu'est ce qui t'a fait changé d'avis sur moi ?
-Ichimaru !, s'exclama Hinamori. Il...
-Ichimaru ?, demanda Aizen perdu. Que veut tu dire ?
-Vous ne savez-pas ? Il est revenu à la Soul Society et... Mais j'y pense, on m'a donné une lettre pour vous, tout doit y être marqué !
Hinamori tendit la lettre à son capitaine qui la parcourut rapidement du regard. Quand il eut fini, il tendit la lettre à l'enfant-arrancar.
-Voici la raison de tes échecs Szavana. Crois-tu pouvoir reprendre nos projets interrompus avec ces nouvelles données ?
La petite fille fixa longuement la lettre.
-Ce ne sera pas facile. Il va falloir adapter le projet, et se procurer du reiatsu d'Ichimaru. Il doit y en avoir des échantillons à la quatrième et à la douzième division.
-L'un de nos alliés peut s'en charger sans de trop grande difficulté.
-Très bien. Ensuite... Le temps de l'étudier, de séparer les deux reiatsu différents... Comptons trois à cinq échecs avant que je ne stabilise les ingrédients... Disons, dans cinq ans, notre projet sera mis à exécution.
-Et la seconde phase du plan pourra débuter. Bien. Je ne te retiens pas Szavana.
-Merci seigneur Aizen ! Je m'y remet tout de suite !, s'écria la petite fille avant de se précipiter hors de la salle.
-Non, j'ai encore une chose à te demander. Tu as travaillé à ces corps artificiels dont nous parlions ?
-Oui, répondit l'espada, incertaine.
-Alors fait en un à l'effigie d'Hinamori-chan. Je le veux parfait.
L'espada s'inclina et repartit à toute vitesse. Aizen se tourna vers ses troupes.
-Espadas, nous revenons à notre programme de départ. Nous avons trois ans supplémentaires pour peaufiner nos préparatifs. Les mêmes règles de discrétions seront appliquées.
Il se retourna vers Hinamori.
-Merci Momo. Tu m'excusera, j'ai encore quelques instructions à donner à mes espadas.
Il fit signe à un homme vêtu de blanc et de noir qui se tenait dans l'ombre prêt du trône depuis l'arrivée d'Aizen.
-Le superviseur te mènera à mes appartements. Je t'y rejoint bientôt.
Hinamori rougit, avant de sourire férocement à Jua qui la regardait d'un air venimeux.
Elle suivit sans rien dire et en courant le superviseur qui marchait déjà à grands pas dans les couloirs immenses. Il ouvrit une porte non loin de la salle de réunion.
-Voici les appartements du seigneur Aizen. Ne touchez à rien surtout.
Hinamori s'inclina pour remercier le superviseur et hoqueta de stupéfaction en se redressant.
-Je... je vous connais ! S'exclama-t-elle. Je vous ai déjà vu. C'était à la... Mais vous êtes mort !
-Quoi de plus pratique que de se faire passer pour mort lorsqu'on veut comploter n'est-ce pas ?, sourit l'homme d'un air cruel en partant.
Hinamori resta hésitante sur le pas de la porte puis pénétra les appartements d'Aizen. Ils étaient très différents de ceux qu'il avait au Seireitei, beaucoup plus luxueux. C'était une facette d'Aizen qu'elle découvrait. Ce serait merveilleux de découvrir petit à petit tous ces aspects inconnus de l'ancien capitaine.
La porte s'ouvrit et Hinamori se retourna. Aizen pénétra dans la pièce et referma la porte sur Jua de Herreras. Il s'approcha d'Hinamori et l'embrassa doucement sur le front.
-Merci Momo, tu m'as beaucoup aidé, lui sourit-il. Mais tu dois me promettre de ne rien faire à Ichimaru sans mon autorisation. J'ai encore besoin de lui.
-D'accord capitaine Aizen, murmura Hinamori en baissant la tête. Dites-moi... Pourquoi les shinigamis qui surveillent le Hueco Mundo n'ont pas appelé du renfort quand la noventa et moi nous sommes rencontrées ?
-Parce qu'ils ont été choisis parmi nos amis à la Soul Society. Tu as rencontré l'un de nos deux alliés. Ils ont manœuvré pour que ce soit des personnes de confiance qui se voient décernés ses postes. Comprends-tu maintenant ?
-Oui, murmura-t-elle. Je comprends.
-Je te dois tant... Que pourrai-je faire pour te remercier ?
Hinamori rougit et balbutia quelque chose à mi-voix. Aizen se pencha pour recueillir ses paroles.
-Je voudrai... que vous m'embrassiez, répéta-t-elle.
Aizen sourit encore plus fort et lui caressa la joue avant de l'assoir sur le lit et promener sa main sur son épaule et sa poitrine.
Hinamori était au paradis. Tandis qu'Aizen poursuivait son exploration et la déshabillait, elle eut une dernière pensée cohérente « Enfoncée la noventa ! ». Elle commença à gémir, puis à crier sans chercher à dissimuler son plaisir.
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Jua de Herrerras s'appuya contre la porte d'Aizen en se mordant les poings de rage. Ses larmes coulaient sans qu'elle puisse l'empêcher.
Le seigneur Aizen l'avait abandonné. Avant de pénétrer dans ses appartements, il lui avait caressé la joue et l'avait forcé à le regarder dans les yeux.
-Je dois te remercier pour avoir amené ici Hinamori, Jua, avait-il commencé. Grâce à toi, nous sommes bien plus avancé que depuis dix ans. Il faut que je te remercie.
Elle avait sourit, ravie.
-Que puis-je faire pour toi ? Je sais. Cela fait longtemps que tu désirais revenir à La Fortaleza n'est-ce pas ? Cela t'est accordé.
À ce moment là, elle aurait pu mourir heureuse s'était elle dit. Le seigneur Aizen acceptait enfin qu'elle, la plus faible des espadas, demeure près de lui.
-Tu est la plus fidèle de tous mes espadas, passés et présents. Si je devais avoir confiance en une seule, ce serait en toi, continua Aizen, dont la voix s'était faite plus lointaine. Je vais te charger d'une mission ici. Fais comprendre à tous les autres espadas qu'il ne faut pas faire du mal à Hinamori. Elle est ma fraccion désormais, est-ce bien compris ?
-Votre fraccion ?, s'était-elle écrié. Mais pourquoi ? Elle est faible, bien plus que moi, comment pourrait-elle vous servir ?
-Il existe plusieurs façon de servir, Jua, tu le sais, avait répondit Aizen d'une voix sévère, qui se radoucit.
Elle avait pu alors distinguer dans ses yeux cette étincelle qui présageait d'habitude qu'il allait l'entrainer à sa suite et l'aimer toute la nuit. Mais là, avait-elle immédiatement compris, cette étincelle n'était pas pour elle. Et la porte s'était refermée, la laissant entendre les gémissements et les cris de plaisir de la shinigami.
Elle en pleurait de rage.
-Tiens, tiens, que fais-tu là Jua ?
Elle se retourna brusquement, prête à se défendre, et se figea sur place. Raphaen, le tercero espada et son fraccion la regardaient d'un air concupiscent.
Elle frissonna de dégout. Raphaen était bel homme, avec des cheveux bruns lui tombant en boucles autour du visage et des yeux noisettes. Un fragment de masque représentant une mâchoire et des crochets de serpent lui ornait le bas du visage. Il avait des traits très réguliers qui donnaient à son visage un aspect parfait. Mais son sourire était avide, et chacun savait que pour Raphaen, il n'existait qu'une personne digne d'intérêt et d'égard, lui-même. Tout le reste, il l'écrasait de son mépris. Et il prenait grand plaisir à briser les plus faibles que lui, surtout les femmes.
Il poursuivait Jua depuis de longues années, mais elle lui avait toujours échappé, grâce à la protection du seigneur Aizen et à un peu de chance. Mais là, il avait assisté à la scène, et savait que pour le moment, elle était à sa merci.
Elle s'apprêtait à dégainer son sabre quand une voix résonna dans le couloir.
-Dégage Raphaen. Elle est à moi.
Loin de la rassurer, cette intervention l'inquiéta davantage. Elle avait peur de Raphaen, mais malgré sa faiblesse, elle pouvait lui échapper. Mais Freizich Behrens, lui, elle le craignait. Il ne cachait pas non plus qu'il la voulait. Cependant, leurs méthodes différaient. Raphaen tentait de l'agresser en plein jour, quand elle pouvait se défendre, alors que Freizich étaient plus insidieux. Il se glissait où elle ne l'attendait pas. Il ne l'avait jamais violé -pas encore-, mais il était prêt à lui sauter dessus dès que le seigneur Aizen déciderait qu'elle ne l'intéressait plus. Elle n'en voulait pas au seigneur Aizen, il en avait le droit, et il ne comprenait pas toujours à quel point les arrancars obéissaient à leurs instincts de hollow. Mais l'appétit d'autrefois s'était changé en appétit sexuel, voilà tout.
Raphaen s'enfuit presque. Freizich terrifiait tout le monde, et même le primera lui obéissait la plupart du temps.
Dissimulant sa peur, Jua marcha à grandes enjambées vers ses appartements. Elle entendit Freizich la suivre.
-Alors ?, demanda-t-il. Que-t'a-dit Aizen ?
Elle ne répondit pas. Le secundo la plaqua alors contre le mur et la força à le regarder.
-Tu m'appartiendra Jua de Herrerras. Le seigneur Aizen est lassé de toi depuis longtemps. Tu m'appartiendra quand je voudrai. Mais je veux que tu te donnes à moi. Je n'ai pas envie d'une chiffe molle entre mes bras. Je veux t'entendre crier de plaisir, et tu criera.
Il pris ses lèvres de force, et Jua resta de marbre. Elle aurait voulu lui arracher la langue qu'il tentait d'insinuer dans sa bouche avec les dents et la lui cracher au visage. Mais elle ne voulait pas l'énerver.
Son apathie le rendit furieux malgré tout. Il lui envoya une claque monumentale qui l'envoya à dix pas de là, puis partit dans le sens opposé. Jua se releva, le nez et la lèvre en sang et se rendit dans ses appartements.
Elle nettoya sa plaie. Le crochet sur le côté de son visage était ensanglanté. Au moins ce connard de Freizich s'était fait mal aussi se dit elle en souriant méchamment.
Après avoir vérifié que nul arrancar n'avait pénétré son appartement, elle se coucha enfin. Mais elle n'arrivait pas à dormir. Elle était trop inquiète de ce que Freizich avait prévu pour elle et de ce que Raphaen et Pesteza pourraient bien lui faire. Ces deux là s'alliaient toujours. Il faudrait qu'elle redouble de prudence...
Elle se haïssait d'être aussi faible. Seule adjuchas dans une espada entièrement composée de Vasto Lorde, son existence était précaire.
Mais le seigneur Aizen croyait en elle, et elle croyait en lui. Là était l'essentiel. Elle s'endormit.