De Sang et d'Âme

Chapitre 8 : I want to leave

5054 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/08/2018 19:34

  En moins de vingt-quatre heures, le Seireitei avait été envahi de rumeurs sur les événements de la veille. On disait que Gin Ichimaru était finalement passé à l'acte et qu'il avait tué un lieutenant, ou plusieurs shinigami, ou peut être était-ce un enfant. Certains disaient qu'il avait été tué dans sa fuite après son ou ses meurtres. Quand des shinigamis de la quatrième division révélèrent qu'il était chez eux, en soins intensifs, des groupes se créèrent devant l'hôpital, réclamant qu'on leur remette le traître pour qu'ils lui fassent payer tous ses crimes.

   Le capitaine-commandant Ukitake dut intervenir en personne. Unohana était trop occupée auprès de son jeune patient pour aller parler à la foule et la juguler. Il dût finalement menacer de faire appel aux deuxième et onzième divisions pour qu'elle se disperse. Ces deux divisions étaient en effet les seules absentes de la « manifestation ». Soi-Fon, quels que soient ses opinions personnelles disciplinait bien trop sa division, et la onzième se préoccupait peu de la controverse autour du jeune Inari.

   Quand Ukitake eut fini de faire partir la foule, il eut à peine le temps d'échanger quelques mots avec Unohana et de jeter un regard sur les deux enfants encore inconscients. Ceux-ci reposaient dans une chambre commune. Tous les deux avaient été intubés pour pallier à leurs difficultés respiratoires, et une perfusion partait de leur bras gauche.

   « Tout cela a l'air très impressionnant Jyushiro-kun, mais ils vont bien maintenant, le rassura Unohana. Ils ne devraient garder aucune complication, les poumons de Gin n'ont pas été attaqués trop profondément. Mais, bien sûr, je puis me tromper.

   -Je sais que vous avez fait tout votre possible. Merci.

   -Ce n'est pas la peine de me remercier, je fais mon travail, dit Unohana en fronçant un sourcil comme pour le gronder, même si elle souriait. Et maintenant, partez. Vous avez du travail à accomplir pour que je n'ai pas sauvé ces enfants pour rien.

   -Je m'en occupe immédiatement, répondit Ukitake en se dirigeant vers la porte. Et je fais immédiatement escorter Hinamori aux cellules de la première division. Quand je pense qu'ironiquement, c'est elle qui nous a donné les moyens de contrer le conseil des 46...

   -Maintenant, nous savons que leurs âmes sont trop profondément liées pour qu'ils puissent condamner Gin, le coupa Unohana. La mort de l'un provoquerait celle de l'autre. Déjà, c'est la mort de Mitsuki dans le monde réel qui a tué son frère. Il aurait dû survivre à ses blessures. Alors...

   -La chambre des 46 ne peux plus le condamner. Cela tuerais immédiatement l'âme de Mitsuki. Et l'on ne condamne pas à mort des innocents. Mais ils pourraient décider de les enfermer dans le trou des asticots. Y mettre des enfants... c'est là une chose terrible. Il faudrait...

   -Quand vous parlez autant quand ce n'est pas nécessaire, c'est que vous êtes inquiet. Rassurez-vous je vous dit. Quand aux hommes de l'escorte... envoyez-les moi. Je les ferai passer par les souterrains pour éviter tout débordement. Occupez-vous de la chambre, et ne vous préoccupez de rien d'autre. Je suis là pour le reste.

   En passant devant elle, Jyûshiro posa soudain sa tête sur son épaule.

   -Merci, Retsu-san, murmura-t-il. »

   Unohana sourit en fermant la porte derrière lui. Elle s'approcha des enfants et vérifia leur tension. Elle s'assit près du lit de Mitsuki et regarda l'enfant dormir. Là, elle ressemblait vraiment à Ukitake, davantage qu'à Ichimaru -ou plutôt Gin- comme lorsqu'ils étaient éveillés. Certains avaient comparé Ichimaru à un serpent. Mais ces deux-là, c'étaient plutôt des renards se dit-elle. Et elle sentait qu'ils leur causerait encore bien des soucis... Ce pauvre Ukitake verrait ses cheveux blanchir encore davantage ces prochaines années si c'était possible. Cette idée la fit sourire.

   « Ton père est quelqu'un de bien étrange parfois Mitsuki le sais-tu ?, murmura-t-elle à l'enfant en remontant sa couverture. Puissiez-vous vous découvrir l'un l'autre dans cette vie. Quand à toi, jeune Gin, je te surveillerai de près désormais. Prends-ça comme une promesse, mais aussi comme une menace.

   Sur ces derniers mots, elle quitta la pièce. Dehors, une escouade de la seconde division attendait déjà, conduite par Lisa Yadomaru, sa nouvelle lieutenante.

   « Nous sommes prêts à conduire la détenue à la première division capitaine Unohana, déclara Yadomaru avec ce mépris que les cinq vizards restants témoignaient le plus souvent envers les shinigami, quel que soit leur rang. Elle regarda ensuite vers la chambre des deux malades avec colère et haine.

   -Je vais vous conduire à elle, lieutenant, répondit Unohana sans se départir de son sourire. »

   Ce n'était pas à elle de juger, et encore moins de condamner, la haine que portaient les vizards à Aizen et à tout ce qui l'approchait. Leur colère avait des raisons bien plus valables que la plupart des shinigamis qui voulaient la mort du jeune Inari. Elle même, pouvait-elle dire ce qu'elle penserait si elle avait fait partie des plans d'Aizen ? Non.

   Elle fit signe à la petite troupe de la suivre, et indiqua du regard à Isane de veiller leurs jeunes patients.

   Dans le quartier des cellules, Kira était assis l'air désespéré devant celle qu'occupait Hinamori. Hisagi se tenait debout près de lui, un air implacable affiché sur son visage.

   « Ils n'ont pas réussi à forcer l'entrée, Unohana-san ?, demanda le capitaine.

   -Non Hisagi, le capitaine-commandant les a fait se disperser. Nous transférons Hinamori par les souterrains pour plus de sécurité.

   Kira leva une tête défaite. On aurait dit qu'il ne comprenait pas ce qu'il entendait.

   -Kira-kun ?, demanda la médecin. Veux-tu accompagner Hinamori ? Nul ne te le reprochera.

   -Non, répondit Kira après un long silence. Pas la peine.

   Étonnée de le voir ainsi abandonner son amie, Unohana fit signe qu'on ouvre la cellule. Aussitôt, trois shinigami durent entrer pour tenter de maîtriser Hinamori.

   -Lâchez-moi !, hurla cette dernière. Qu'est ce que vous croyez ? J'ai eu raison ! J'ai eu raison ! Il faut supprimer ce serpent ! Vous le savez tous comme moi !

   -Taisez-vous Hinamori, la coupa Unohana, glaciale. Avant qu'on ne vous transfère, j'ai une question à vous poser. Votre tentative de meurtre sur le jeune Inari a failli tuer sa sœur avec lui. Cette innocente aurait pu mourir de par vos actes. Le regrettez-vous ?

   -Le regretter ?, demanda Hinamori en éclatant de rire. Le regretter ? Mais ouvrez les yeux ! Ouvrez les yeux vous tous ! Cette gamine est aussi corrompue que lui ! Tout ce qu'il touche est pervertit. Voyez ce qu'il a fait au capitaine Aizen ! Voyez cette loque de Kira ! Ne comprenez-vous pas ? Il faut lui faire payer !

   La suite du discours d'Hinamori se perdit au fur et à mesure qu'elle et ses gardiens s'éloignaient.

   -Elle est devenue complètement folle je crains, murmura Hisagi en tapotant l'épaule de Kira.

   -C'est ce que je crois. Cela fait dix ans qu'elle traverse des phases de dépression, mais elle semblait avoir accepté la trahison d'Aizen. Le retour d'Ichimaru a dû la faire basculer. Que ne l'avons nous pas vu plus tôt...

   -Et son acte était prémédité, continua Hisagi tandis qu'ils remontaient des cachots. Kira et elle avaient rendez-vous en ville, mais elle l'a envoyé ici pour qu'il ne la suive pas. Elle a en fait fait un détour pour prendre son zanbakuto et revenir en cachant son reiatsu. Mais Kira m'a dit qu'il venait chercher ses médicaments, et un peu plus tard je l'ai répété à Isane, qui les lui avait donné la veille. J'ai crains le pire.

   -Et vous avez-eu raison. Sans votre intervention, nous serions arrivés trop tard probablement.

   -Capitaine ?, demanda la voix de Kira, cette voix craintive qu'ils n'avaient plus entendu depuis la première mort d'Ichimaru.

   -Oui Kira ?

   -Puis-je le voir ?

   Unohana hésita. Peut être avait-il besoin de ça pour guérir, de se confronter à celui qui l'avait   trahi, comme l'avait fait Hisagi.

   -Non, finit-elle par dire. C'est encore trop tôt pour vous je crois. »

   Kira hocha tristement la tête, puis les salua pour retourner à sa division. Hisagi et Unohana se saluèrent à leur tour, et la division retomba dans son silence et son recueillement accoutumés.


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   Mitsuki avait ouvert les yeux la première, après plus d'une journée de coma. Aussitôt, elle avait été examinée par des shinigamis de la quatrième, puis de la douzième division. Après cela, elle avait été interrogée et avait raconté ce qui c'était passé la veille. Enfin, on l'avait renvoyé à l'académie, lui laissant à peine le temps de voir Gin, toujours endormi.

   Cela faisait deux jours maintenant.

   Elle soupira en se remettant à nettoyer le sol. Après ces deux jours, la semaine d'interrogatoires et d'examens qu'ils avaient subis lui manquait. Au moins, elle n'avait pas eu à faire pendant ce temps à ses « camarades » de classe.

   Les pires étaient les filles. Des pimbêches qui mourraient de rancune à l'idée de n'être que dans la sixième classe et de savoir qu'elles n'auraient probablement jamais un siège. Des cinquante élèves de la classe, Mitsuki faisait partie des trois ou quatre qui progressaient suffisamment vite pour espérer changer de classe à la fin du semestre. Elle, par exemple, n'avait qu'un énorme retard dans certaines matières, pas un manque de talent. On les jalousait, mais les autres n'avaient pas de problèmes, parce qu'ils avaient réussi à se faire des amis du reste du groupe. Mais elle, la gamine d'à peine dix ans, la sœur de Gin, tous se liguaient contre elles, les nobliaux sans talents et les enfants du Rukongai déçus dans leurs rêves d'avenir grandiose.

   Depuis trois jours, les filles s'étaient liées contre elles. Toutes ses affaires avaient disparu pendant son absence. Elle retrouvait tous les soirs son lit trempé, ses notes de cours étaient déchirées, ses pinceaux disparaissaient. Nul ne lui expliqua les devoirs à faire, son plateau était renversé au réfectoire. Là, toute la classe avait juré que c'était elle qui avait renversé l'encrier du professeur et ses deux bouteilles pleine d'encre sur le parquet, alors qu'elle n'était même pas là quand c'était arrivé.

   Mais ça, elle aurait pu le supporter, si Gin avait été avec elle. Mais il y avait pire encore, c'était la façon dont se comporter les professeurs. Quoi qu'inventent ses condisciples, ils acceptaient sans réserve leurs accusations, et elle se retrouvait à payer pour les autres. Ils n'acceptaient non plus aucune excuse pour ses retards dans le rendu des devoirs, et sanctionnaient terriblement son orthographe et sa grammaire, alors même qu'ils savaient qu'elle n'avait pas eu le temps d'apprendre toutes les règles à l'école ! En punition, ils la chargeaient de devoirs supplémentaires qu'elle n'avait pas le temps de faire à cause des corvées qu'on lui infligeait en plus. Alors elle travaillait très tard, et manquait de sommeil parce qu'elle n'osait plus dormir que d'un œil.

   En trois jours, elle était déjà plus épuisée qu'après trois mois de cours. Pendant qu'elle nettoyait les dégâts qu'on lui avait laissé, elle laissa ses larmes couler. Elle n'en pouvait plus.

   « Mi-chan ?, fit la voix de Gin dans son dos, ça va pas ?

Sans un mot, elle se précipita sur lui et le serra de toutes ses forces. Gin lui lança un de ses sourires torves, et la repoussa pour l'aider à nettoyer l'énorme tâche.

   -Les pétasses, grinça-t-il entre ses dents. On va leur faire payer, t'inquiète pas.

   -Non Gin, répondit Mitsuki, la tête baissée. Rentrons à la maison s'il te plaît. Ce sera dur mais moins qu'ici. Je veux plus devenir shinigami, je veux juste rentrer.

   Gin serra les poings.

   -On va tenir Mi-chan. On va tenir... »


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   Huit jours passèrent, durant lesquels le Gotei 13 les laissa tranquilles. Par contre, les brimades s'aggravèrent. Mitsuki fit deux séjours à l'infirmerie à case d'« accidents » en cours de kido ou de sabre. Gin, lui, fut provoqué six fois en duel par des élèves des classes supérieures. Il n'était pas encore totalement remis de la tentative de meurtre, et avait de plus en plus de mal à tenir bon dans ces combats. La dernière fois, la lame de son adversaire manqua de lui arracher la main. Les professeurs ne disaient toujours rien. Ils fermaient les yeux sur les duels, d'habitude sévèrement réprimés.

   Être en forme pour la journée devenait un challenge. On s'échinait à les empêcher de dormir, leurs punitions étaient toujours mises à l'heure des repas. Au début, ils étaient allé voler des restes dans les cuisines une fois tout le monde couché. Mais cela avait été remarqué, et ils ne pouvaient plus s'approcher des cuisines sans déclencher une alarme.

   Gin n'avait pas mangé depuis deux jours. Mitsuki un peu moins, il s'était privé pour elle.

   Là, ils séchaient tous les deux les cours. Gin avait tenu à aider Mitsuki a rattraper son retard en sabre, pour qu'elle puisse se défendre. Il avait découvert, ou s'était souvenu, d'une clairière très à l'écart des bâtiments de l'académie, à la limite des domaines des divisions. On ne les y dérangerait pas, tant qu'ils maintiendraient leur reaitsu au plus bas s'était dit le gamin.

   Toute la matinée, il s'était épuisé à lui montrer comment se battre contre des plus grands qu'elle. Ils s'étaient aussi battus l'un contre l'autre, tenant d'améliorer leur vitesse et leur réactivité.

   Dans une dernière attaque, Mitsuki atteint la poitrine de Gin avec son sabre en bois. Elle sourit, fière d'avoir enfin réussi à le toucher. Puis, dans un même ensemble, les deux enfants s'écroulèrent sur le sol évanouis à cause de l'épuisement et de la faim.

   Si l'un d'eux avait été encore conscient, il aurait entendu s'approcher une personne de grande taille qui jusque là cachait sa présence et son reiatsu. L'homme s'accroupit près de Gin et le contempla longuement, avant de hausser les épaules, de se relever et de repartir par là où il était venu.

   Alors qu'il avait franchi une dizaine de mètres, il soupira et fit demi-tour. Il ramassa les deux enfants et les posa sur ses épaules. Il rejoignit une autre personne assise sur le mur qui ceignait le territoire de l'académie.

   « Tu es sûr de ce que tu fais ?, demanda Lillinette à Stark.

   -Non, répondit l'ancien espada en jetant un bref coup d'œil au garçon sur son épaule droite. Je suis peut être en train d'aider Ichimaru, ce que nous nous sommes promis de jamais faire ce jour-là à Las Noches. Mais là, c'est un enfant que je tiens dans mes bras.

   -Nous faisons bien je crois, lui sourit Lilinette. Nous savons que c'est injuste ce qu'ils vivent.

   -Peut être. Si nous nous trompons, nous serons les premiers à traquer et tuer Ichimaru. Tout plutôt que de le laisser rejoindre Aizen.

   -Je n'oublierai jamais ce jour-là, frisonna Lilinette. On y va maintenant ?

   -Oui.

   Les deux arrancars décollèrent en shunpo, avant d'atterrir quelques minutes plus tard devant la capitainerie de la neuvième division.

   -Le capitaine Hisagi ne va pas être content, hein ?

   -Je ne lui demanda pas son avis, rétorqua Stark.

   Il ouvrit une porte du premier étage, et déposa les enfants endormis sur un canapé.

   -Allons-y, fit-il à sa fraccione, et tous deux quittèrent la pièce.

   -Capitaine ?, demanda l'ancien arrancar en entrant dans la pièce voisine.

   -Stark ?, s'étonna Hisagi en voyant son lieutenant. Vous êtes venu travailler ? A cette heure-ci de la journée ?

   Son ton dénotait d'une certaine incrédulité.

   -J'ai laissé Ichimaru et sa sœur dans la salle de repos.

   -Pardon ?

   -Ils ont besoin de manger je crois, et surtout de dormir, continua Stark sans noter l'interruption. Inutile de les déranger avant une heure ou deux, il faut les laisser récupérer.

   Il bailla avec un ennui profond.

   -Que ce soit clair, je ne fais pas ça pour aider Ichimaru. La Soul Society ne nous fait pas encore confiance, mais il est hors de question pour nous d'aider ces traître. Le temps de Las Noches est révolu, définitivement. Mais ça, je ne peux pas l'accepter.

   Sur ces paroles qui constituaient l'un des plus longs discours jamais tenus par Stark, et énigmatiques pour Hisagi, il ressortit de la pièce en baillant toujours. Hisagi regarda la porte ouverte pendant un moment, abasourdi, puis courut dans le couloir, espérant rattraper son étrange lieutenant. Mais celui-ci avait déjà disparu pour continuer sa sieste ailleurs. Il fit alors demi-tour, et pénétra dans la salle de repos attenante à son bureau. Là, les deux enfants dormaient sur le canapé, comme l'avait annoncé Stark.

   Ils étaient couverts d'écorchures et de bleus, signes caractéristiques d'étudiants qui sortaient d'un cours de maniement du sabre. Rien d'exceptionnel donc. Hisagi commençait à se demander ce qui avait pris Stark, quand il remarqua l'épais bandage autour du poignet de Gin. Du sang perlait sous le pansement. Il se pencha pour le refaire, et aperçu alors les coupures sur l'avant bras du garçon. Celles-là n'étaient certainement pas dues à un sabre d’entraînement en bois. Il fronça les sourcils.

   « Hé, Hisagi !, entendit-il la voix de Renji l'appeler.

   Il sortit de la pièce et la ferma soigneusement derrière-lui.

   -Qu'y a-t-il Renji ?

   -La fraccione de Stark vient de me tirer de mon bureau à coup de pompes aux fesses pour que je vienne te voir. Qu'est ce qui se passe ?

   -Je voudrais bien le savoir..., répondit Hisagi. Stark vient de m'amener les jumeaux. M'est avis que l'académie nous a caché quelques petites choses sur ces enfants...

   Il fit signe à Renji de le suivre. Ensemble, ils examinèrent les deux enfants. Il leur suffit de jauger leur reaitsu et de regarder les blessures de Gin pour comprendre ce qu'il se passait.

   -Manque de sommeil et de nourriture, conclut Renji d'un ton furieux. Et Ichimaru a des blessures qu'aucun élève de première année ne devrait avoir.

   -On les a battu, et pas qu'une fois. Je préviens le capitaine-commandant. Tu les surveille ?

   -D'accord. Mais ce que j'comprends pas... C'est pourquoi Lilinette est venu me voir moi et pas un autre.

   -C'est une gamine intelligente, sourit Hisagi. Elle a dû entendre raconter que toi et Mitsuki vous étiez ensemble lors de sa précédente vie.

   -Ouais... Ça doit être ça, murmura Renji, tandis que son ami partait. »

   Mitsuki ouvrit les yeux un peu plus tard. Renji lui tendit silencieusement un verre d'eau et une boulette de riz qu'il avait fait monter des cuisines de la division. Mitsuki se précipita dessus avidement. Quand Gin se réveilla à son tour, les deux enfants enfournèrent à toute vitesse tout ce que Renji leur avait fait servir. Ils mourraient véritablement de faim.

   -Ce sont vos camarades qui vous ont fait ça ?, demanda-t-il quand ils eurent fini de manger.

   -Oui, répondit Gin, et les profs aussi.

   -Des connards de vieux barbons tous. J'espère que vous répliquez au moins ?

   Gin sourit largement de son sourire de renard.

   -Ouaip !, répondit-il joyeusement. Autant que possible, mais là, on avait du mal ces derniers temps.

   -Vous leur faisiez quoi ?

   -Grenouilles dans les lits, objets qui changent de place, ce genre de truc. Mais ils sont trop nombreux pour nous.

   Renji éclata de rire.

   -J'te montrerai quelques trucs si tu veux, et à toi aussi Mitsuki. »

   La petite fille aux cheveux argentés lui sourit, et il sentit un grand poids s'ôter de son cœur. La femme qu'il aimait, sa Mitsuki, était toujours là avec son sourire apaisant. Il pouvait l'attendre sereinement désormais. Quand elle grandirait, ils pourraient reprendre leur histoire là où ils l'avaient laissé. Il remerciait tous les kamis de leur avoir donné cette seconde chance.

   Renji s'occupa de refaire le pansement de Gin sur son poignet. L'infirmier chargé de s'occuper de son cas avait très mal fait son travail, probablement volontairement. Ensuite, pour passer le temps, il leur raconta des anecdotes de sa propre expérience à l'académie, leur narrant certains ses échecs avec le kido, ses amitiés, les blagues, les rivaux qu'il avait connu. Les deux enfants passèrent un bon moment à rire avec lui.

   La porte s'ouvrit à toute volée, laissant passer le capitaine-commandant suivi d'Hisagi. Ukitake se précipita vers Mitsuki et la saisit dans ses bras, l'air terriblement inquiet.

   « Vous allez-bien ? Qu'est ce qui vous est arrivé ?, demanda-t-il en lui palpant les bras à la recherche d'une blessure quelconque.

   -Tout va bien, répondit Hisagi en reprenant son souffle. Ils vont bien, Renji s'est occupé d'eux. Ils souffrent surtout d'épuisement et manque de nourriture. C'est ce que je vous aurait dit si vous m'en aviez laissé le temps.

   Ukitake s'effondra sur ses genoux, une expression de soulagement remplaçant ses rides d'inquiétudes.

   -Racontez-moi, ordonna-t-il aux deux enfants, encore stupéfaits de l'inquiétude que cet homme avait manifesté pour eux. »

   Ils avaient jusque là vu le capitaine-commandant comme un homme fatigué et distant, ne s'occupant d'eux que de loin. L'homme qu'ils voyait aujourd'hui leur faisait penser à leur père chaque fois que l'un ou l'autre se blessait par accident. C'était la première fois depuis leur mort qu'ils recevaient une caresse amicale, et tous deux eurent l'impression de respirer correctement pour la première fois depuis longtemps.

   Après qu'ils eussent tout expliqué, Ukitake les regarda longuement. Il s'apprêta à parler quand il fut coupé par une crise de toux brutale.

   « J'aurais dû m'y attendre... murmura-t-il enfin, avant de reprendre à voix plus haute. Les choses ne peuvent plus continuer ainsi. Heureusement, la chambre des 46 a enfin rendu sa décision à votre propos. Vous deviendrez shinigami désormais, que vous le vouliez encore ou non. Le Gotei 13 va prendre votre progression en main, même si vous continuerez à suivre les cours à l'académie. Mais tu va changer de classe Mitsuki. Tu va trop rapidement dépasser tes camarades pour rester dans la sixième classe, tu verras.

   Mitsuki sourit, soulagée.

   -Venez maintenant. J'ai quelque chose à vous montrer.

   Les deux enfants se levèrent de leur fauteuil et emboîtèrent le pas à Ukitake. Avant de sortir de la pièce, Mitsuki courut aux deux capitaines et leur déposa un baiser sur la joue en murmurant un « merci » timide et elle rougit. Gin, lui, l'attendit à la porte en levant les yeux au ciel.

   -Ils sont gentils, murmura Mitsuki à son frère comme pour s'excuser.

   -Ouais. Abarai est trop marrant !

   -Moi j'aime beaucoup Hisagi-san. Tu sais, c'est lui qui t'a sauvé. Tu devrai lui dire merci aussi. »

   Gin émit un grognement comme seule réponse. Après cela, ils suivirent le capitaine-commandant jusqu'à la première division. Après de longues minutes de marche, Ukitake s'arrêta devant une porte solidement verrouillée.

   « Ceci, dit-il, est un endroit très peu connu de la Soul Society. En fait, je vous interdit d'en parler à quiconque. Est-ce clair ?

   Les jumeaux hochèrent la tête. Satisfait, Ukitake ouvrit la porte et les fit rentrer dans une pièce gigantesque, remplies d'armes. C'était avant tout des sabres classiques, mais il y avait aussi quelques lances, un ou deux bâtons, des sabres courts, des poignards...

   -Dans cette pièce et les suivantes, sont gardés tous les sabres de tous les shinigamis ayant jamais existé et dont les sabres ont pu être retrouvés. J'y ait fait amené des sabres neufs prêts à servir de zanbakuto, au cas où. Mais il y a aussi vos précédentes armes, à tous les deux.

   Les deux enfants le regardèrent avec étonnement. Son sourire s'élargit.

   -Vous voulez être des shinigamis ? Trouvez votre arme ! Entendez la voix de votre zanpakuto ! »


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   Enfermée dans les soubassement de la cinquième division, Hinamori Momo attendait que soit rendu le jugement de son procès.

   Elle n'avait guère d'espoir, elle en avait conscience. Ces gens ne se rendaient pas compte de la menace que représentait Ichimaru, même enfant. Elle, elle savait le danger qu'il représentait. Il était celui qui avait amené le capitaine Aizen à trahir la Soul Society. Et aujourd'hui, le pauvre capitaine Aizen ne pouvait plus que continuer sa lutte pour éviter d'être arrêté et jugé.

Ichimaru devait payer pour cela, et pour leurs souffrances à tous, la sienne, celle de Kira, celle du capitaine Hisagi, celle de Kurosaki, et celle de tous les autres. Elle avait raison, et eux tous avaient tort.

   Et s'il fallait qu'une enfant innocente (mais peut-on être innocent si l'on a grandit auprès d'Ichimaru ?) meure pour que le monstre périsse, elle était prête à accepter de prendre sur son âme la souillure que constituait la mort d'un innocent.

   Elle le ferait avec plaisir, pour le capitaine Aizen et la Soul Society toute entière. Pourquoi celle-ci ne le comprenait-elle pas ?

   « Bonsoir, lieutenant Hinamori.

   Une voix, une voix qu'elle connaissait mais ne parvenait pas à identifier résonna soudain dans le couloir.

   -Qui est là ?, demanda-t-elle d'une voix pleine d'anxiété. Personne n'était censé la visiter jusqu'à ce que le jugement soit rendu.

   -Vous avez tenté de tuer Ichimaru... Pour la Soul Society ou le seigneur Aizen ?

   -Les deux, répondit-elle.

   -Mais êtes vous sûre que cela serve le seigneur Aizen ?

   -Je... euh..., balbutia Hinamori avant de réaliser ce qu'elle avait entendu. Que savez-vous du capitaine Aizen ?

   -Vous avez été condamnée à la réclusion à vie.

   -Oh...

   Hinamori s'écroula contre le mur de sa cellule.

   -Ils n'ont donc pas compris que c'est pour eux que j'ai agis ainsi ?

   -Non. Par contre, le seigneur Aizen, lui, le comprendrait. Voulez-vous que je vous envoie à lui ?

   -Vous pouvez faire ça ?, s'étonna-t-elle.

   -Bien sûr. Voilà dix ans que je suis en contact avec lui.

   La personne qui lui parlait s'avança dans la lumière qui provenait des néons. Là, elle reconnut de qui il s'agissait.

   -Vous !

   -Acceptez-vous ? »

   Figée de stupeur, Hinamori hocha positivement la tête.

   Le lendemain, on découvrit les corps des gardes du quartier des cellules de la Cinquième division tués nets d'un coup unique au cœur, une expression de surprise sur son visage, et les barreaux de la cellule tranchés d'un coup de sabre. Hinamori avait disparu.

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