Entrelacés

-Karin!

A l'appel de son nom, la fillette se sentit soulagée, stoppa net sa course folle et répondit à son frère :

-Ichi-nii!

Mais elle avait baissé sa garde et le Hollow était prêt à l'écraser de sa main gigantesque.

-Non!, hurla Ichigo.

Ishida n'était pas assez rapide, et lui-même allait devoir encaisser le coup pour protéger sa sœur.  

À l'autre bout du terrain, dès qu'elle entendit son ami hurler, Orihime activa inconsciemment son Shun Shun Rikka et cria:

-Kurosaki-kun! Attention!

L'instant d'après, le Hollow fut violemment rejeté par le bouclier orangé que le Shinigami brandissait. Il était difficile de dire qui était le plus abasourdi par ce nouveau pouvoir surgi de nulle part. Mais ils n'avaient pas le temps de se poser de questions. Le Hollow, bien qu'un peu sonné, se relevait.

-Qu'est-ce que c'est que ce pouvoir bizarre? Depuis quand les Shinigami se cachent derrière des boucliers? Hein?!, maugréa le monstre.

Le bouclier en question était en train de s'effriter. En voyant cela, le Hollow prit sa chance et s'élança vers les Kurosaki.

-Karin! Sauve-toi!, intima Ichigo à sa soeur.

La gamine ne se le fit pas dire deux fois et alla rejoindre les deux jeunes filles qui gardaient les enfants à l’écart du danger.

-Tu vas bien, Karin-chan? Tu n'es pas blessée?, s'empressa de lui demander Orihime.

À côté elle, Tatsuki semblait la scanner à la recherche de la moindre égratignure.

-Non non! Ça va! Je vais bien grâce à Ichi-nii.

Les lycéennes poussèrent un soupir de soulagement et redirigèrent leur attention vers le Shinigami. Il n'avait pas encore eu l'occasion d'attaquer par derrière pour trancher le masque du Hollow mais ça ne pouvait tarder, la bête n'avait pas le niveau d'un Arrancar. Le problème, c'était que ses mains de la taille d'une maison étaient tout de même un obstacle gênant et Ichigo commençait à perdre patience.

De là où elle se trouvait, la jolie rousse voyait son ami s'énerver et ne pouvait faire autrement que de s'inquiéter. Elle joignit ses mains, les serrant un peu plus à chaque coup qu'Ichigo portait au Hollow. À sa droite, Karin observa que quelque chose d'étrange se produisait. Les mains jointes d'Orihime s'illuminaient chaque fois qu'elle sentait un risque que le garçon qu'elle aime soit blessé. Et la jeune Kurosaki n'était pas la seule à l'avoir remarqué.

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Quand Uryuu avait compris qu'il n'y aurait aucun plaisir à se battre contre ce menu fretin et que son rival n'aurait absolument pas besoin d'aide, il avait décidé de se retirer et de rester en observateur. Le bouclier inopinément apparu au bras d'Ichigo et qui s'était désagrégé une fois son rôle achevé était étrangement similaire au pouvoir d'Orihime. Aussi, quand il porta son attention sur elle et qu'il remarqua ce qui arrivait à ses mains, son cerveau se mit en effervescence. Le bouclier avait littéralement "rejeté" le Hollow et étant donné les circonstances actuelles, il était tout à fait possible que soit grâce à ça.

• Il faut que j'en aie le cœur net!​

-Inoue-san!

Toute absorbée qu'elle était par le combat du Shinigami remplaçant, elle sursauta et chercha qui l'avait appelée, jusqu'à ce que son regard tombe sur le Quincy en train d'agiter furieusement les bras pour attirer son attention.

-Inoue-san! Garde les mains jointes et concentre-toi sur ton reiatsu! Et quand je te donnerai le signal, rejette de toutes tes forces!

La jeune fille n'avait aucune idée de ce qu'il avait en tête mais s'il lui demandait de faire ça, c'est qu'il avait de bonnes raisons de croire que ça fonctionnerait. Elle fixa le dos d'Ichigo et mit toute son énergie à rassembler son reiatsu.

Quand Uryuu sentit qu'elle était prête, il regarda attentivement les mouvements du rouquin. Et à l'instant où il vit que la pointe de Zangetsu allait toucher le Hollow, il donna le signal:

-Maintenant!

-JE REJETTE!, incanta Orihime sur le champ.

Et une seconde après que le Zanpakutou d'Ichigo l'ait effleuré, le monstre fut entouré d'un halo orangé, puis s'évapora.

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-Hohohooo! Que voilà un spectacle intéressant!, s'écria Urahara de son poste d'observation.

Jinta, Ururu et lui étaient arrivés peu après le petit groupe et se tenaient prêt à intervenir en cas de problème. Ils s'étaient perchés sur un immeuble voisin et admiraient le combat.

-Ce pouvoir est vraiment intéressant...

L'homme au getas s'assit en tailleur pour se plonger dans une intense réflexion, mais il fut rapidement  interrompu dans le cours de ses pensées par un commentaire de Jinta :

-Eh beh, dommage qu'il faille les guérir et les séparer! Avec un pouvoir pareil, on arriverait vite à bout de ces fichus Hollows!

• Ah, c'est juste, il faut que je désentrelace leurs reiatsu avant que ça ne cause des problèmes à Kurosaki-san... va falloir que je trouve autre chose pour étudier cette nouvelle capacité, pensa le gérant.

Tout scientifique qu'il était, il ne pouvait se résoudre à abandonner un sujet d'étude si prometteur.

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Ichigo était figé. C'était tellement étrange. Il venait de servir de vecteur au pouvoir d'Orihime. Elle avait pratiquement fait surgir son reiatsu de ses entrailles à lui. C'était bizarre mais il se sentait parfaitement bien. Il regarda son Zanpakutou.

• Je me demande ce qu'en pense Zangetsu...

Il irait lui rendre visite dès qu'il aurait retrouvé le calme de sa chambre.

Soudain, il ressentit une vague de fatigue étrangère et se tourna instinctivement vers ses amis, qui se trouvaient à une bonne centaine de mètres de lui. Et ce qu'il redoutait arriva. Il la vit s'écrouler sur le sol.

-INOUE!

Alertés par le cri déchirant du Shinigami, Uryuu et Tatsuki, qui avaient entrepris de réveiller les deux garçons évanouis, se précipitèrent vers la jeune fille.

En un éclair, Ichigo les avait rejoints.

-Orihime! Orihime, répond!, s'égosillait la judoka.

-Arisawa-san, ça ne sert à rien. Je crois qu'elle a utilisé toutes ses forces et qu'elle est complètement épuisée.

-Ishida-san a vu juste, dit calmement Urahara, qui venait de descendre de son immeuble avec ses petits protégés. "Kurosaki-san a juste un peu trop puisé dans les réserves d'Inoue-san quand elle lui en a donné l'accès."

Au regard horrifié d'Ichigo, il s'empressa d'ajouter :

-C'est tout à fait normal que vous n'ayez eu aucun contrôle sur ce... ‘transfert’... c'était tout à fait inattendu! Ce n'est de la faute de personne! Tout ce qu'il lui faut maintenant, c'est une bonne nuit de sommeil et elle sera comme neuve!

Ses paroles n’eurent aucun effet sur le garçon. Aussi le gérant haussa-t-il les épaules en signe d’abandon avant d’aller s’occuper des enfants qui reprenaient connaissance. Tatsuki et Uryuu eurent pitié de sa malheureuse tentative de consolation. Mais le jeune homme roux, qui ne quittait pas le visage fatigué d'Orihime des yeux, était déjà rongé par la culpabilité.    

Sans dire un mot, il la prit dans ses bras et s’apprêta à partir en Shunpo.

-Euuh Ichigo? Je peux savoir ce que tu fais?!, le héla Tatsuki.

-Je la ramène chez elle. Karin, tu vas dire au revoir à tes amis, puis tu rentres directement à la maison.

-Mais, Ichi-nii- 

-S’il-te-plait Karin, ne discute pas.

Son ton était catégorique et ne laissait pas de place à une quelconque réclamation. Karin avait bien compris qu’il se passait quelque chose d’étrange entre son frère et Orihime, et que ce qu’il venait d'arriver à cette dernière l’inquiétait beaucoup. Elle se promit de le cuisiner plus tard avant de rejoindre les jeunes garçons dont Urahara venait de modifier les souvenirs. Voyant Ichigo sur le départ, l’homme en vert voulu l’intercepté.

-Ah! Kurosaki-san n'oublie de passer prendre ton corps à la boutiqu-

Mais il était déjà parti.

-Eh bien eh bien, me voilà avec une corvée supplémentaire... , ne put que constater Urahara. Vaut mieux que je m'en occupe tout de suite. Jinta-kun, Ururu, nous y allons.

Et sans plus de cérémonie, il s'en alla.

Uryuu et Tatsuki étaient tous les deux pensifs. La judoka ne pouvait pas concevoir que sa meilleure amie se retrouve encore dans ce genre de situation, même si ça ne semblait pas très grave. Le Quincy, lui, culpabilisait. S'il n'avait pas voulu jouer les chercheurs (et il fut parcouru d'un frisson désagréable en se rappelant l'effrayant capitaine de la 12e division, Kurotsuchi Mayuri), Orihime n'aurait jamais ouvert sa réserve d'énergie à Ichigo. Il comprenait que ce dernier se sente fautif, mais c'était lui le vrai coupable! Il fallait toujours que ce Shinigami en fasse des tonnes et porte le poids du monde sur ses épaules.

Après quelques minutes, les deux jeunes gens semblèrent se rendre compte qu'ils étaient seuls et qu'à cette heure, ils étaient censés rentrer du lycée.

-Je te raccompagne chez toi, dit-il à Tatsuki.

S'il la voyait comme une faible femme, elle aurait été vexée. Mais elle préféra penser qu'il s'agissait de simple courtoisie.

-C'est gentil, mais tu n'es pas oblig-

-J'insiste, l'interrompu-t-il.

La jeune fille haussa un sourcil.

-Je ne suis vraiment pas pressé de rentrer. Il n'y a que mon père à la maison et il se fout complètement de savoir à quelle heure je rentre... et puis, je me disais que... q-que tu avais peut-être besoin de parler après ce qui s'est passé..., termina-t-il en détournant le regard.

Mais même gêné, il gardait les bras croisés et un air sérieux.

Cette attitude avait quelque chose de tout à fait amusant.

• Il peut vraiment être mignon quand il veut, ce coincé.

Quand elle se rendit compte qu'elle venait de penser que LE Ishida Uryuu était mignon, ses joues rosirent. Et pour ne pas que le Quincy remarque son embarras, elle se mit à le taquiner.

-Noooon... Ishida... est-ce que tu essaies de me réconforter?!, fit-elle avec un sourire en coin.

Pris sur le fait, le jeune homme ne trouva rien de mieux à faire que de lui tourner le dos.

-Hmpf! Comme si tu avais besoin d'être réconfortée. Si tu as l'énergie de dire ce genre de sottise, c'est que tu vas parfaitement bien! 

-Aaaaw Ishida, on ne t'a jamais dit que tu boudais comme un gamin?

Cela eut pour effet de le faire se retourner.

-Tu peux répéter?!

-Hahaha, Ichigo et toi vous êtes vraiment pareil. Si tu n'étais pas un peu plus réfléchi que cet idiot, on pourrait penser que vous êtes frères!

-Si tu voulais bien arrêter de me comparer à cet énergumène, nous n'avons absolument rien en commun.

• Jamais personne ne doit savoir que nous sommes cousins, ce serait ma perte. Heureusement qu'il n’en sait rien lui-même.

-Heheh, fit-elle dans un dernier ricanement avant de prendre une mine plus grave.

La mention du Shinigami remplaçant avait ramené sa meilleure amie, surement toujours inconsciente, à son esprit. Elle restait un peu inquiète.

-Kurosaki est avec elle. Tout ira bien.

La jeune fille était surprise, c'était comme s'il avait lu dans ses pensées.

-Ça se voit tant que ça?

Le garçon lui offrit un micro sourire.

-Arisawa-san, dès qu'il s'agit d'Inoue-san, tu es comme un livre ouvert. Enfin, juste un peu plus qu'en temps normal.

-Hmmmm, peut-être que je devrais m'entrainer à ne pas trop montrer mes émotions...

-Ah! Désolé, ce n'était pas du tout un reproche Arisawa-san. Tu es très bien comme tu es.

Tatsuki recevait rarement des compliments. Et pour la première fois de sa vie, elle avait l'impression d'avoir des papillons dans le ventre. Elle avait déjà entendu des filles de sa classe parler de ce phénomène qui se produisait quand elles étaient avec quelqu’un de spécial. La judoka n'était pas un modèle de féminité, mais elle restait une fille. Ça devait bien lui arriver un jour. Elle n'avait pas trop envie d'y penser, mais quelque part, elle était heureuse.

-Allez, dit-elle comme pour se donner du courage, il faut que je rentre chez moi, sinon ma mère va me passer un savon. Je suis censée l'aider à préparer le souper.

Et elle se dirigea vers la sortie du terrain. Uryuu avait un peu perdu le fil et ne savait plus trop s'il devait la suivre ou non.

-Eh bien? Il ne me semblait pas que c'était à la fille d'attendre son escorte?, l'appela malicieusement Tatsuki.

-Heh..., laissa-t-il échapper.

Uryuu sourit discrètement tout en la rattrapant et se dit qu’il s’était fait prendre à son propre piège. Alors qu’il adorait mettre en boule des gens comme Kurosaki, voilà que cette championne en arts martiaux le faisait tourner en bourrique.

• Décidément, cette fille est vraiment intéressante...

Et c'est le cœur plus léger qu'ils prirent la route du retour ensemble.