Entrelacés

Chapitre 14 : Une Introspection

3141 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/02/2019 13:44

Quand Ichigo rentra enfin chez lui, il fut accueilli par le sourire bienveillant de Yuzu, en train de préparer le dîner. Il lui fit un de ses rares demi-sourires et la salua :

-Je suis rentré. Où est le vieux?, demanda-t-il, étonné que son taré de père n’ait pas encore essayé de le tuer.

-Oh! Papa est sorti! Il a reçu un coup de fil et il est parti juste après.


Se sachant tranquille pour un moment, le jeune homme décida de s’affaler dans un fauteuil du salon en attendant le repas plutôt que d’aller s’enfermer dans sa chambre.


-Ichi-nii?, fit la voix de Karin derrière lui.

-Ossu Karin. Ça a été l’entrainement de foot aujourd’hui?, lui demanda-t-il sur le ton de la conversation en se tordant le cou pour l’apercevoir.

-... Ouais... Personne se souvient de ce qu’il s’est passé hier..., répondit-elle distraitement en regardant dans tous les sens comme si elle cherchait quelque chose. "J’aurais juré que... "


Sous le regard curieux de son frère, la jeune Kurosaki fit le tour du fauteuil, se posta devant lui et finit par poser les yeux sur une gourmette d’argent qu’elle n’avait jamais vue auparavant.

Le Shinigami remplaçant le remarqua et ne put s’empêcher de se sentir gêné.


-Est-ce que tu as... piqué ce truc à Orihime-san?

-Oula oula oula!!!, s’exclama le garçon. "C’est pas du tout ce que tu penses!"


Maintenant qu’elle le regardait de plus près, Karin trouvait que son frère avait l’air plutôt fatigué. Elle ne l’avait pas vu depuis la veille et se rappela ce qu’elle avait vu : les mains de la jolie rousse qui s’illuminaient quand Ichigo recevait un coup dangereux du Hollow qui les avait attaqué, elle et ses camarades de jeu.


-Est-ce que ça a un rapport avec ce qu’il s’est passé hier?, demanda directement la fillette.


Ichigo fronça les sourcils comme il savait si bien le faire.


-De quoi est-ce que tu parles?

-Je sais qu’il s’est passé quelque chose de spécial entre Orihime-san et toi. Tu sais, je suis restée à côté d’elle tout le temps que tu combattais le monstre. J’ai vu ses mains. C’était un peu comme si ses pouvoirs voulaient sortir d’elle pour aller t’aider.


Karin avait donc une vague idée de ce qu’il se passait. Ichigo n’était pas très à l’aise avec le fait que sa soeur soit mêlée à ses problèmes. Au moins, elle ne savait pas qu’il risquait de perdre la raison. Il décida donc qu’elle aurait droit à une explication sommaire et qu’il ne l’inquiéterait pas sur son état de santé mentale.


-Très bien. Tu te souviens que la dernière fois que je suis parti, il y a eu de très grosses batailles?


Sa soeur fit signe que oui.


-Eh bien, pendant l’une de ses batailles, il s’est produit quelque chose d’étrange avec le reiatsu d’Inoue. Elle s’est inquiétée parce que j’étais en mauvaise posture, son reiatsu m’a englobé et une parcelle serait restée en moi.

-Wow, ralentis! Je comprends rien tout!, voulut l’interrompre Karin.

-C’est pas important, continua le Shinigami. "Le résultat, c’est que son reiatsu s’est connecté au mien, ils sont ‘entrelacés’ comme dit Urahara-san, et que ça cause quelques problèmes, comme quand Inoue s’est évanouie hier..."

-... Et le bracelet, il vient faire quoi dans l’histoire?

-C’est une gourmette, pas un bracelet!, répondit Ichigo, irrité qu’on puisse le voir comme un garçon efféminé. "C’est un émetteur de reiatsu qui permet d’empêcher les problèmes en question."

-Du genre, t’empêcher de pomper tout le reiatsu d’Orihime-san ?

-Ouais...


Ichigo espérait vraiment avoir été assez crédible et qu’elle arrêterait de lui poser des questions. Depuis qu’il était devenu Shinigami, c’était la première fois qu’il se sentait mal de ne pas dire toute la vérité à Karin. Si le plan que préparait Urahara ne fonctionnait pas, il risquait de devenir dangereux pour sa famille.


-Ichi-nii?, l’appela doucement sa soeur. "Tu es sûr qu’il n’y a rien de grave?"


  • Arg! Faut que j’aie l’air optimiste. Optimisme, mon vieux Ichigo, tu peux le faire.


Il se força à sourire et parla sur le ton le plus rassurant qu’il pouvait prendre :

-Tu n’as pas à t’inquiéter Karin. Le problème devrait être réglé d’ici quelque jours et ce sera comme s'il ne s'était rien passé.


À son grand désarroi, Karin avait l’air contrariée.


-Quoi? Qu’est-ce que j’ai dit?!


Les lèvres de la gamine dessinèrent alors un rictus.


-Mon pauvre Ichi-nii, tu es encore plus aveugle que je le pensais!


Devant la grimace d’incompréhension de son frère, elle soupira et reprit avant de rejoindre Yuzu dans la cuisine :

-« Ce sera comme s’il ne s’était rien passé »! J’espère que tu auras le tact de ne pas dire ça devant Orihime-san!


À nouveau seul dans le salon, Ichigo se replongea dans ses pensées.


  • Inoue... Est-ce qu’on pourra seulement se parler normalement à nouveau?...


Il repensait à son grand sourire, à sa joie de vivre contagieuse quand elle racontait ses aventures farfelues avec les petits hommes bleus. Il revoyait ses grands yeux gris s’attendrir devant la plus petite manifestation de gentillesse ou d’amitié dont elle était témoin. Et il pouvait imaginer son joli visage tourné vers lui, portant cette expression indescriptible qui lui donnait l’impression de flotter sur un nuage.


  • !... Mon ventre...


Il se souvenait de cette sensation, à l’infirmerie de l’école. Ce papillonnement qu’il avait senti chez Inoue. Il avait peur de comprendre ce que ça voulait dire.


Il savait que la belle rouquine tenait à ses amis plus que tout. Ils étaient sa seule famille depuis la mort de son frère. S’il devait arriver malheur à un seul d’entre eux, elle s’écroulerait de chagrin.


Or Ichigo était, pour ainsi dire, déjà mort une première fois devant ses yeux, et ça avait engendré la situation présente. Il prenait pleinement conscience que sans l’élan désespéré de la jeune fille, sans ses cris de détresse, il ne serait jamais revenu de l’ombre. Alors même si leur connexion le mettait en danger aujourd’hui, il restait reconnaissant à son amie de lui avoir rendu la vie.


Mais elle, s’en voulait. Et malgré tout ce qu’il pourrait lui dire, elle continuerait à culpabiliser. Pour une nature d’une telle délicatesse, infliger une souffrance, même involontaire, à un proche était une torture.

La voir s’enfuir loin de lui, en pleurs, plus tôt dans la journée, lui avait fait mal. Il comprendrait si elle ne voulait plus poser les yeux sur lui après l’avoir vu s’accrocher à elle comme un drogué. Peut-être qu’il valait mieux qu’il reste loin d’elle, pour son bien.


Il était déterminé. Il les sortirait tous les deux de cette situation impossible et après, il s’éloignerait. Elle n’aurait plus jamais à souffrir d’être son amie.


~~~~ 0000 ~~~~


Tatsuki fut soulagée quand elle reçut le message d’Orihime lui demandant si elle pouvait passer la nuit chez elle. Depuis qu’elle était rentrée, elle s’efforçait de sortir le Quincy de son esprit, mais elle ne cessait de cogiter sur ce qu’il s’était passé dans l’après-midi. Elle espérait donc que la venue de sa meilleure amie lui permettrait de penser à autre chose.


D’un autre côté, elle savait qu’Orihime avait besoin de son soutien. Cette connexion avec Ichigo et tous les problèmes qui en avaient découlé ne présageaient rien de bon pour la suite. Tatsuki avait peur que cette fois, contrairement à toutes les autres, ses deux amis ne s’en sortent pas complètement indemnes.


Et ses soupçons se confirmèrent quand la belle arriva, l’air exténuée, et qu’elle lui raconta ce qui était arrivé à Ichigo après leur départ de l’infirmerie.


-Tatsuki-chan, dit Orihime d’une voix tremblante, "je ne sais plus quoi faire pour sauver Kurosaki-kun ! A chaque fois que j’essaie, ça finit en catastrophe ! D’abord le Hueco Mundo, et maintenant ça !"


La judoka la regardait faire les cent pas dans sa chambre. Et en voyant à quel point sa protégée était fébrile et au bord de l’hystérie, elle jugea préférable de la laisser vider son sac dans un premier temps, et de la raisonner ensuite.


-Je l’ai rendu dépendant à mon reiatsu Tatsuki-chan ! Comment… C-Comment je vais pouvoir encore le regarder ? Si jamais on parvient à le guérir, ça ne sera jamais plus comme avant entre nous… Je vais le perdre Tatsuki-chan… 


Des larmes se remirent à couler. Oubliés, les sermons de Sado. Le désespoir reprenait le dessus. Et n’y tenant plus, Tatsuki la pris dans ses bras.


-Orihime, s’il-te-plait… Il faut que tu te calmes. Tu ne pourras pas avancer en te mettant dans un état pareil. Ça ne te ressemble pas !


La tête enfuie dans le cou de son amie, Orihime pensa qu’elle avait raison. Mais la journée avait été longue et trop riche en émotion.


-Je suis tellement fatiguée Tatsuki-chan…

-Ça va aller, murmura la championne d’arts martiaux en la berçant. "T’en fais pas, ça va aller."


~~~~ 0000 ~~~~


Vingt minutes plus tard, Tatsuki était descendue dans sa cuisine pour préparer un chocolat chaud, agrémenté d’un soupçon de pâte de haricots rouges, pour Orihime. Cette dernière était épuisée et avait besoin de rester allongée et tranquille quelques instants.


La jeune athlète ne pouvait s’empêcher de penser que ses petits problèmes émotifs n’avaient pas vraiment de place dans sa vie. Sa meilleure amie viendrait toujours en premier.


  • Et aujourd’hui plus que jamais.


-Tatsuki-chan ?, l’appela doucement une voix enrouée.

-Ah, Orihime !, fit Tatsuki en se tournant vers la nouvelle arrivante. "Regarde. Avec ce que je te prépare, tu seras retapée en moins de deux !"

-Merci Tatsuki-chan, répondit Orihime en humant l’odeur alléchante qui sortait de la casserole. Elle sentait son ventre commencer à gargouiller, signe qu’elle allait mieux.

-Je suis désolée pour la scène que j’ai faite. Tu as raison. Ça ne me ressemble pas, reprit-elle après un court silence. "Je crois que j’ai trop négligé mes amis les petits hommes bleus ces derniers jours et qu’ils ont voulu se venger en me rendant hystérique, hehe."

-Voilà la Hime que je connais, souffla la judoka, soulagée.

-Et… au fond de moi, je sais que même si les choses deviennent différentes entre Kurosaki-kun et moi après cette histoire, il n’abandonne jamais ses amis. Et il est si gentil…

-Tu sais, Orihime, l’interrompit Tatsuki, "je ne comprends pas comment Ichigo n’a toujours pas remarqué à quel point tu l’aimes. Ça saute tellement aux yeux quand tu parles de lui."


Pour toute réponse, la jolie rouquine ne put que sourire tristement. Mais entendre son amie évoquer ses sentiments lui rappela le comportement étrange d’Uryuu, avant qu’il ne rentre chez lui.


-Tatsuki-chan, est-ce qu’il s’est passé quelque chose avec Ishida-kun ?


Cette question eut le même effet qu’une douche froide pour la championne d’arts martiaux. Comment Orihime avait-elle pu deviner ?


-De quoi tu parles ?, essaya-t-elle d’esquiver.

-Tout à l’heure, à l’infirmerie, j’avais vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose entre vous deux. Je n’avais jamais vu Ishida-kun aussi à l’aise avec une fille. Et toi… tu avais l’air… un peu différente de d’habitude… plus mignonne, je dirais.

-M-mignonne ?, s’offusqua l’intéressée.

-C’est la vérité ! Tu étais tellement adorable quand tu as rougi au moment où il t’a prise par les épaules !


Tatsuki était sans voix. Avait-elle vraiment laissé transparaître son trouble ? Et Orihime ! Vu comment elle se tortillait sur sa chaise, on avait du mal à deviner qu’à peine une demi-heure plus tôt, elle pleurait toutes les larmes de son corps. Cependant, elle se calma bien vite pour revenir à ce qui l’intriguait.


En fait, là où je veux en venir, c’est que quand Sado-kun a appelé Ishida-kun pour lui demander de me rejoindre, il était avec toi. Et quand je l’ai vu arriver, il avait l’air… contrarié ?, tenta la guérisseuse.


La judoka soupira. Elle n’avait pas du tout envie de remettre ça sur le tapis. Et en parler à Orihime, ça risquait de rendre la situation trop réelle. Elle hésitait.


-Tatsuki-chan, reprit la princesse d’un ton très sérieux, "je te connais par cœur. Depuis qu’on s’est rencontrée au collège, tu m’as toujours protégée. Tu penses toujours à mon bien-être. Tu es une amie extraordinaire ! Et je ne sais pas si je pourrai un jour te remercier d’avoir toujours été là pour moi."

-C’est parfaitement normal, Orihime. Les amis, c'est fait pour ça. Les remerciements ne sont pas nécessaires, et tu les sais mieux que personne !, s’exclama Tatsuki, très touchée par les sentiments de son amie. "Mais qu’est-ce que tu essayes de me dire ?"

-Que tu dois penser un peu à toi ! Grâce à toi, j’ai appris à avoir un peu plus confiance en moi et j’ai pu me faire beaucoup de nouveaux amis. Et puis je sais me défendre maintenant ! Je ne veux plus être une charge pour toi… mais ça ne veut pas dire que je n’aurai plus besoin de toi. Après tout, tu es la meilleure amie que j’ai jamais eue et la seule personne qui me comprenne entièrement.

-Je sais tout ça, Orihime !, s’agita l’autre jeune fille. "Mais je m’inquiète pour toi. Je ne peux pas m’en empêcher ! Tu es tellement tête en l’air…"

-Je ne t’en demande pas tant, Tatsuki-chan, répondit la belle en souriant devant les attitudes de mère poule de sa meilleure amie. "J’aimerais juste que tu cesses de te préoccuper de moi au détriment de tes propres sentiments."


Devant tant de conviction dans les paroles d’Orihime, la judoka se sentait doucement céder.


-Je sais que tu éprouves quelque chose pour Ishida-kun et je crois vraiment que c’est réciproque, reprit la princesse.

-… Tu crois… ?, fit doucement Tatsuki, sentant son coeur battre un peu plus vite.


Encouragée, Orihime lui fit un large sourire et continua avec enthousiasme :

-Mais oui ! Tu ne peux pas savoir comme ça me rend heureuse que tu saches enfin ce que ça fait d’être amoureuse. C’est une sensation merveilleuse !

-Je ne suis pas sûre de le vouloir… Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable que depuis que-…

-Depuis que ? Dis-le Tatsuki-chan.

-Très bien. Depuis que je me suis rendue compte que… que j’ai des sentiments pour Ishida.

-Hehe, tu vois que ce n’était pas si difficile, ricana Orihime.

-Je ne suis tout de même pas très à l’aise avec ça, se renfrogna Tatsuki.

-Ce n’est pas comme ça tout le temps. Surtout que dans ton cas les sentiments sont partagés. Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as. Si j’étais amenée à savoir que Kurosaki-kun m’aimait comme je l’aime, je n’hésiterais pas une seconde à lui parler.

-Mais comment je pourrais être heureuse alors que tu ne l’es pas, toi ?, supplia la judoka, dans une ultime tentative d’éviter l’inévitable.

-Justement, je le serai si toi, tu l’es !, s’écria la princesse pour clore le débat.


Les deux jeunes femmes étaient essoufflées. Elles n’avaient jamais eu une conversation aussi intense. Et en se rendant compte de l’état dans lequel elles s’étaient mises l’une et l’autre, elles éclatèrent de rire.


Après qu’elles se furent calmées, Tatsuki déclara en rougissant timidement :

-Tu as gagné Orihime. Demain, j’irai dire à Ishida ce que je ressens et que j’aimerais passer plus de temps avec lui… Après tout, ça ne fait que deux jours qu’on a commencé à vraiment se parler.


Son interlocutrice lui sourit tendrement et lui répondit :

-Tu as raison. Fais les choses à ton rythme.


La judoka fit une moue à la fois incrédule et rieuse devant le culot de la rouquine.


-Ça te va bien de me dire ça, tiens. Tu es consciente que tu viens de passer dix minutes à me convaincre de me confesser à Ishida ?


Orihime prit son air le plus machiavélique.


-On ne t’a jamais dit qu’en vrai, j’étais une grande manipulatrice ?


Ce qui provoqua un nouveau fou rire chez Tatsuki.


-Hahahah ! Je t’en supplihihie ! Arrête de faire cette tête ! Hahahah, ça ne te va pas du touhouhout !


Ainsi la soirée se termina bien mieux qu’elle n’avait commencé. Après une longue discussion, consistant principalement en des questions d’Orihime sur les sentiments grandissant de Tatsuki pour Uryuu, la judoka s’écroula de sommeil tandis que la princesse se laissa aller à réfléchir à ce qui l’attendait le lendemain.


  • Kurosaki-kun a déjà tellement de problèmes. Je ne peux me permettre de l’inquiéter encore plus. Je serai forte, pour lui.


Sur cette dernière pensée, elle partit à son tour rejoindre le monde des rêves.


~~~~ 0000 ~~~~


À l’autre bout de la ville, Ichigo venait enfin de trouver le sommeil. Mais il avait l’étrange impression qu’il ne s’était pas endormi. Et cette impression, il l’avait déjà ressentie il y a deux nuits de ça.


  • Inoue ?
  • Kurosaki-kun ?

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