Entrelacés

Chapitre 15 : Une Réconciliation

2205 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/02/2019 14:23

Quand Orihime ouvrit les yeux, se fut pour retrouver un décor qu’elle n’avait vu qu’une seule fois mais qui était gravé dans sa mémoire. En apesanteur, elle flottait dans les ténèbres, uniquement éclairée par le halo lumineux qui semblait émaner d’elle. Et là devant elle, se trouvait un miroir gigantesque et magnifiquement orné. Soudain son reflet se troubla, mais elle savait déjà ce qui, ou plutôt qui, allait apparaître de l’autre côté de la glace.

-Inoue ?, appela une silhouette encore floue.

-Kurosaki-kun ?, répondit-elle, rejouant ainsi la scène qui avait marqué le début de cette aventure.

Lorsque l’image devint plus nette, leurs regards s’accrochèrent et le temps sembla se suspendre. Jusqu’à ce qu’Ichigo brise le silence :

-Est-ce que… tu vas mieux ?, lui demanda-t-il avec une pointe d’hésitation.

La princesse baissa rapidement les yeux, encore honteuse d’être bien malgré elle la cause de tous ses problèmes. Elle s’était promise d’être forte et de garder la tête haute, mais elle ne pensait pas le voir si vite.

-Je dois te dégoûter…

Orihime releva son visage stupéfait vers le Shinigami. Elle sentit son cœur se déchirer un peu plus en croisant son regard contrit et débordant de remords.

-J’ai dû te sembler bien pathétique tout à l’heure chez Urahara-san. Je suis déso-

-Je t’en supplie, arrête !, hurla la jeune fille.

Ichigo était mortifié. Son amie tremblait comme si toutes ses émotions bouillonnaient en elle.

-Pourquoi est-ce que tu t’excuses ?, marmonna Orihime. C’était à peine audible, mais l’absence de tout autre bruit permit au rouquin de l’entendre. "Tu n’as absolument rien fait de mal."

-Et pourtant, tu es en colère-

-Evidemment que je suis en colère !, s’emporta-t-elle. Cependant, fidèle à son caractère, elle se radoucit très vite. "Mais c’est contre moi, contrairement à ce que tu penses. Jamais je ne pourrais t’en vouloir de quoi que ce soit…"

-Inoue…-

-Je sais très bien ce que tu vas dire, continua la princesse, sur sa lancée et ayant retrouvé une certaine sérénité. "Sado-kun, Tatsuki-chan, toi… vous avez tous raison et je vais faire de mon mieux pour mettre de côté mon sentiment de culpabilité. Mais tu dois comprendre que ce n’est pas facile pour moi de porter la responsabilité de ce qui t’arrive."

En effet, le jeune homme pouvait sentir à quel point elle était torturée par la situation. Il pouvait deviner qu’elle devait faire de gros efforts sur elle-même pour ne pas se laisser aller à ses états d’âmes.

  • Heureusement qu’elle a Tatsuki pour la soutenir quand elle a besoin de quelqu’un à qui parler.

Ichigo adressa un remerciement silencieux à son amie d’enfance, sans qui Inoue aurait dû supporter seule tout le poids de ses sombres pensées.

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Alors qu’elle brandissait en rêve la médaille d’or des Jeux Olympiques, Tatsuki éternua violemment dans son sommeil.

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Ce n’était pas la première fois qu’il la voyait montrer tant de conviction et de force de caractère. Et il se sentait fier de voir qu’elle était maintenant capable de reconnaitre de sa faiblesse tout en restant digne.

-J’ai compris. Je me rends, céda le Shinigami, un sourire en coin. "Et puis, il y a autre chose dont je dois te parler."

-Ah bon?, s’étonna-t-elle.

-Oui, et je pense que tu vas être contente, répond-t-il malicieusement.

En entendant ces mots, la jeune fille ne pouvait que se sentir intriguée.

-Tu sais, quand tu es apparue dans mon monde intérieur, la nuit dernière ?

La belle acquiesça.

-He bien, j’en ai parlé à Urahara-san tout à l’heure.

-…Alors ? Est-ce qu’il a dit quelque chose ?, pressa-t-elle, sa curiosité piquée au vif.

-Oh ! C’est trop bête !, s’exclama Ichigo, prenant une pose dramatique. "J’arrive pas à m’en rappeler!"

Seulement, il était le plus mauvais comédien qui soit, et la jolie rouquine ne put contenir ses éclats de rire.

-Kurosaki-kun !, l’appela-t-elle, les larmes aux yeux d’avoir ri de manière si inattendue. "Tu t’es surpassé. S’il te plait ne refait plus jamais ça, je risquerais de mourir en m’étouffant de rire !"

-A ton service, répondit-il simplement, heureux de voir à nouveau la joie se dessiner sur le visage de son amie.

Dans ces moments-là, elle rayonnait. Il ne connaissait personne d’autre qui puisse exprimer le bonheur aussi merveilleusement qu’elle. Il savait déjà qu’il aimait son sourire, mais il se rendait compte qu’il aimait tout simplement la contempler. Il pourrait la regarder pendant des heures sans se lasser.

Et c’était précisément ce qu’il était en train de faire. Sous son intense regard ambré, Orihime commençait à être nerveuse et sentait que ses joues devaient rougir à vue d’œil.

  • C’est déjà la deuxième fois aujourd’hui que Kurosaki-kun me fixe comme ça. Si seulement…, se surprit-elle à penser.

Mais de peur de laisser son imagination débordante vagabonder vers des rêves impossibles, elle s’empressa de reprendre leur conversation.

-Erm… Tu ne voulais pas m’annoncer quelque chose d’important ?

Le retour abrupt à la réalité fit prendre conscience à Ichigo qu’il venait de passer plusieurs minutes à la dévisager et qu’elle l’avait parfaitement remarqué. Il ne s’était jamais senti aussi gêné qu’en cet instant.

Néanmoins, il ravala son orgueil et répondit à la question de son amie comme si de rien n’était.

-Oui. Urahara-san pense savoir comment nous guérir.

-Vraiment ?!, s’enthousiasma-t-elle.

-Il avait l’air plutôt sûr de lui. Et Tessai-san aussi.

-Mais c’est merveilleux !, s’écria Orihime, souriant de plus belle. Elle avait presque peur d’y croire tant cette nouvelle la rendait heureuse.

Ichigo, par contre, n’était pas aussi emballé qu’il aurait voulu l’être. Quelque chose d’important venait de lui revenir à l’esprit.

-Tout va pouvoir revenir à la normale !, continuait de chantonner la princesse.

  • J’aimerais tellement que ce soit le cas, se prit-il à espérer, son expression soudain ombrageuse.

-Kurosaki-kun, est-ce que ça va ?, s’inquiéta son amie en ne le voyant pas partager son allégresse.

Il devait faire bonne figure. Au moins jusqu’à ce que leur connexion ait disparue. Il lui sourit du mieux qu’il le put.

-Ce n’est rien, Inoue. Je crois que je suis un peu fatigué, c’est tout.

-C’est vrai que la journée a été longue, reconnu la jeune fille. "Je crois qu’il est temps qu’on ferme les yeux et qu’on essaie de vraiment dormir."

-Bonne idée, approuva le Shinigami.

-Eh bien… bonne nuit, Kurosaki-kun. A demain, salua-t-elle la première, avec un sourire timide.

Ne pouvant plus longtemps cacher son trouble, il lui répondit rapidement un "Bonne nuit, Inoue" sur un ton enjoué qui sonna horriblement faux à ses oreilles.

Et il ferma les yeux.

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Au lieu de directement passer dans sa phase de sommeil profond, Ichigo se réveilla. Toute la plénitude qu’il avait ressentie en contemplant le visage rayonnant d’Orihime s’était évanouie en se rappelant d’une chose.

Il s’était promis de s’éloigner d’elle, pour la protéger. Mais quelques heures seulement après ce serment, il s’apercevait qu’il allait devoir se faire violence pour le tenir.

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Pour la première de sa vie, Uryuu trouva que le matin était arrivé trop vite. Il courait tout en ajustant sa cravate, espérant arriver à temps au Lycée. Ça ne lui était jamais arrivé et il s’était juré que ça n’arriverait jamais. Pour lui, la ponctualité, c’était sacré.

Lui qui était en temps normal l’incarnation-même du caractère réfléchi pouvant aller jusqu’à l’extrême froideur, sans nul doute hérité de son géniteur, il était complètement perdu.

Et ça l’énervait.

  • Aaaah, c’est pas bon. J’arrête pas de penser à elle, se réprimanda-t-il, en passant une main dans ses cheveux d’ébène.

Après la visite impromptue de Kurosaki Isshin la veille, le fier Quincy n’avait cessé de ruminer tout ce qu’il s’était passé depuis deux jours.

  • Deux jours… 48 petites heures… Alors que nous sommes dans la même classe depuis tout ce temps !

Et c’était très différent de ce qu’il avait cru ressentir un jour pour Orihime. Certes, la princesse était extrêmement attachante et avait su passer outre son caractère inamical. Avec le temps, elle s’était creusée une place dans son cœur et était devenue une amie irremplaçable.

Mais là…

  • Arisawa-san…

Jusque-là, il l’avait très souvent vue avec Orihime, parfois avec Ichigo, mais c’était juste une amie de ses amis. Puis ils avaient parlé ensemble pour la première fois et il avait découvert la « Tatsuki-chan » que la belle rousse aimait tant.

Il avait trouvé une jeune fille au caractère fort et fier, comme le sien, auquel elle alliait l’humour et l’intelligence. Et pour ne rien gâcher, malgré ses airs de garçon manqué, elle était plutôt jolie. Elle portait à ravir la jupe courte de son uniforme, mettant en valeur ses jambes finement musclées.

Rien qu’en y pensant, il se mettait à rougir comme une vierge effarouchée. S’il se mettait à fantasmer sur les jambes d’une fille, c’est qu’il était définitivement atteint.

Et sur ces entrefaites, Uryuu arriva, à son grand désarroi, devant la barrière de l’école au même instant que l’objet de sa rêverie.

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Quand elle se trouva en face de l’homme qui faisait s’accélérer son rythme cardiaque, Tatsuki se retrouva figée sur place, se sentant brûler de la tête au pied. Elle n’aimait pas trop cette timidité soudaine, mais en même temps, elle était très heureuse de le voir.

Orihime, qui l’accompagnait, décida d’aller l’attendre un peu plus loin et ainsi lui laisser de l’espace pour qu’elle puisse parler en toute tranquillité avec le Quincy. Seulement, la judoka choisit d’exprimer la fièvre amoureuse qui la possédait à sa manière.

Tatsuki oublia complètement son idée de la veille d’y aller en douceur. Elle rassembla tout son courage et s’avança d’un pas décidé vers le jeune homme. Uryuu était complètement hypnotisé par le regard enflammé qu’elle lui jetait et sentit son estomac se retourner quand elle attrapa sa cravate.

Pendant un instant, il crut qu’elle était en colère et qu’il allait se retrouver par terre, le nez en sang. Aussi fut-il abasourdi quand ses lèvres rencontrèrent quelque chose d’infiniment doux. Mais cela ne dura qu’un bref instant. Comme sous l’emprise d’un charme, Uryuu ne voyait plus qu’elle devant lui. Elle le fixait toujours de son regard empreint de fermeté, les joues teintes d’un rose tendre, tout en donnant l’impression de lui lancer un ultimatum.

Ce baiser serait soit le premier d’un série qu’il espérait longue, soit ce serait le seul qu’il aurait jamais l’honneur de recevoir d’elle. Son choix fut vite fait.

Mu par une impertinence qu’il ne se connaissait pas, le premier de classe attrapa Tatsuki par la main pour l’attirer à lui. Il la saisit par la taille, approcha son visage de celui de la jeune fille, et la regarda intensément avant de combler les derniers centimètres qui les séparaient.

Ainsi, devant les yeux incrédules de tous les élèves du Lycée de Karakura, Ishida Uryuu embrassait Arisawa Tatsuki.

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Depuis la fenêtre de la salle de classe, Ichigo avait observé la scène avec la plus grande stupéfaction. En arrivant à l’avance ce matin, il n’aurait jamais imaginé qu’une telle chose puisse se produire. Et pour une raison qu’il lui était obscure, il était jaloux de les voir afficher leurs sentiments aux yeux du monde.

Du coin de l’œil, le Shinigami remplaçant aperçut Orihime en train de pleurer et de rire simultanément. Elle avait l’air d’être encore plus heureuse que leurs deux amis réunis. Il n’avait qu’une envie : la rejoindre et partager son bonheur. La prendre dans ses bras. L’écouter rire aux éclats. Admirer ses yeux pétillants de malice.

Plus Ichigo s’imaginait faire ces choses, plus il saisissait toute l’ampleur des sentiments qu’il éprouvait pour la belle. Et ça allait considérablement lui compliquer la vie.

  • J’aime Inoue.

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