The New Substitute

Chapitre 28 : Épilogue

Chapitre final

2795 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/07/2017 15:20

30 Mars, Seireitei, Soul Society.

L’hiver avait progressivement cédé sa place au printemps, bien que les nuits ne cessaient d’imprégner l’atmosphère de leur fraîcheur. Dans les rues ensommeillées de la ville des Shinigami, le soleil commençait à poindre à l’Est et bercer la Soul Society d’une lueur orangée des plus agréables à contempler.

C’est la féérie de ce moment si particulier qui avait décidé deux jeunes personnes à s’accorder un peu de bon temps ; les amis se promenaient paisiblement, profitant des premiers rayons qui caressaient leur visage reposé et leur conférait une sensation de bien-être absolument exquise. Seuls leurs rires, qu’ils tentaient de garder discrets, perçaient le calme plat de cette nouvelle matinée au cœur du Seireitei.

–  Il n’a quand même pas dit ça ? pouffa Tsunata.

–  Je t’assure que si ! affirma Ichigo.

–  Et toi, comment tu as réagis ?

–  Bah, comment voulais-tu que je réagisse ? Je lui ai collé mon poing dans le visage, et ça s’est arrêté là.

–  Keigo-kun devrait pourtant savoir qu’Orihime ne lui est pas réservée, ricana-t-elle.

–  Je t’ai dit cent fois qu’il n’y avait rien de plus qu’une sincère amitié entre elle et moi ! rougit-il.

Le fou-rire de la jeune femme aux longs cheveux dorés ne fut que décuplé par la réaction de son meilleur ami.

–  Quoi ? se vexa Ichigo. Pourquoi tu te marres ?

–  A aucun moment je n’ai même insinué faire allusion à toi, imbécile !

Le lycéen tiqua.

–  Et à qui tu voulais faire référence, hein ?

–  Jaloux, par-dessus le marché ?

–  Arrête avec ça !

Tsunata Nara, aux mains de son hilarité incontrôlable, et incapable de calmer ses soubresauts spasmodiques, due marquer un arrêt, les mains cramponnées sur l’estomac, tant le simple fait de marcher devenait périlleux ; un temps agacé à l’extrême, Ichigo Kurosaki se laissa finalement contaminer par les éclats communicatifs de celle qu’il considérait comme sa sœur d’adoption.

Cinq minutes passèrent ainsi, avant que les deux anciens coéquipiers ne retrouvent un semblant de tenue ; aussi entreprirent-ils de nouveau leur route. Tandis que la Shinigami blonde ne cessait d’afficher un sourire pensif, Ichigo se décida à lancer le sujet qu’il savait aussi délicat qu’important.

–  Hé, Tsunata ?

La jeune femme le considéra avec intérêt.

–  Oui, Ichigo ?

Etrangement mal à l’aise, le remplaçant se gratta distraitement l’arrière de son crâne cuivré et poursuivit :

–  Tu… tu as pris une décision ?

–  A quel sujet ? sourcilla-t-elle.

–  Ne fais pas l’idiote, tu sais parfaitement de quoi je parle.

Tsunata inclina subitement son visage et observa le sol sans lui prêter grande attention.

–  J’hésite encore, avoua-t-elle.

–  Pourquoi ça ?

–  C’est une lourde responsabilité, soupira Tsunata avec lassitude. Je doute encore du fait que je sois la personne de la situation.

Le roux se frappa le front sans ménagement.

–  Bon sang, ce que tu peux être stupide !

–  Répète pour voir ? siffla-t-elle, piquée au vif.

–  « Je doute encore du fait que je sois la personne de la situation », l’imita Ichigo. Non mais sans blague ! C’est normal que tu doutes de toi, mais si tout le monde t’encourage à accepter, c’est pour une bonne raison ! Tu ne crois pas ?

Elle haussa les épaules, finissant de faire perdre au jeune homme son sang-froid. La pointant de son index furieux, il s’enflamma :

–  T’es sacrément bornée ! Ecoute un peu ce que les autres te disent, plutôt que ta foutue conscience défaillante !

–  La ferme, crétin.

–  Sérieusement, Tsunata ! Tout le monde te rabâche de dire oui, et toi, tu te poses des questions existentielles qui n’ont pas lieu d’être ? Je t’ai connue un peu plus perspicace que ça !

–  Etre Capitaine de Division est un tantinet plus délicat que devenir délégué de classe, Ichigo. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère.

–  Et avoir cogité à ce sujet pendant un mois ne te suffit pas ?

–  Apparemment, non, déclara-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine.

Ichigo grogna.

–  Si ce n’est pas moi, Inoue, ou l’un de tes amis qui te le demandent, c’est toute la Troisième Division ! Pourquoi tu te bloques autant ?

Tsunata ne daigna rien répondre, se contentant de prêter un œil distrait au néant ; cette réaction suffit amplement à son meilleur ami pour qu’il comprenne la raison de ses tourments.

–  C’est donc ça ?

La Shinigami redressa son visage face à celui d’Ichigo.

–  Ou plutôt, c’est donc lui ? poursuivit-il.

–  Je ne sais pas de quoi tu parles, soupira de nouveau Tsunata.

–  Après un mois, il n’a même pas essayé de savoir comment tu allais. Pourquoi t’en faire pour ce type ?

–  Je ne m’en fais pas pour lui.

–  Peut-être, mais c’est lui qui t’empêche de te décider.

–  Je ne vois pas comment puisque, comme tu le dis si bien, nous ne nous sommes pas adressé le moindre mot en l’espace de cinq semaines.

–  Tu espères toujours qu’il va revenir et que vous allez reprendre vos missions ensemble.

Une fois encore, Tsunata baissa tristement le visage ; Ichigo lui saisit l’épaule dans une douceur réconfortante, digne d’un grand frère.

–  Tu devrais arrêter de penser à Hisagi et songer un peu à ton avenir, Tsunata.

–  Tu as raison, Ichigo, sourit-elle faiblement.

Fier de son effet, le lycéen à la chevelure flamboyante décida de faire revenir la bonne humeur de son amie.

–  Tiens, ça me fait penser à l’autre peluche de malheur ! s’exclama-t-il. Tu ne sais pas ce que ce pervers fini m’a dit, l’autre jour ?

Dans le cœur du Seireitei, alors que la vie gagnait petit à petit ses rues endormies, deux hommes d’imposante carrure s’avancèrent en direction de leur Division.

–  Après toutes les missions que nous venons d’effectuer, entama Kensei, il serait de bon ton de prendre une journée de repos. Tu ne crois pas, Hisagi ?

–  Sans doute, Capitaine, répondit celui-ci.

Constatant à son plus grand désespoir que l’humeur morose de son Vice-Capitaine restait à ce jour d’actualité, le Vizard soupira en levant les yeux au ciel.

–  Que se passe-t-il, Hisagi ?

–  Rien qui ne vaille la peine d’être mentionné. Veuillez m’excuser pour mon attitude.

–  Je me fous de tes excuses, j’aimerais simplement comprendre ce qui arrive à mon second. Nous sommes en situation de guerre, je te rappelle : nous devons rester sur nos gardes.

–  J’en suis parfaitement conscient.

–  Pourtant, tu me sembles plus dissipé jour après jour.

–  Je ne le fais pas volontairement, assura Shûhei.

Kensei poussa un nouveau soupir – plus bref, cette fois.

–  Je le sais, Hisagi, mais je ne comprends pas ton comportement.

–  Je ne vous suis pas, admit le ténébreux.

–  Tu refuses d’aller la voir, et tu souffres de cet éloignement ; je ne suis pas conseiller conjugal, encore moins intéressé par les histoires de cœur des autres, mais si je puis me permettre un conseil, c’est que tu ailles une bonne fois pour toutes lui parler, si ça peut t’aider à être un tant soit peu plus concentré lorsque tu te tiens avec ta Division.

Après un instant de méditation, Shûhei prit le parti de détourner le sujet lancé par son supérieur.

–  Nous devrons nous rendre au Hueco Mundo lors de notre prochaine mission, j’imagine.

Kensei, au comble de l’agacement, adressa à son lieutenant son faciès effrayant qu’il ne dévoilait qu’en de grandes occasions, mettant en avant ses deux rangées de dents aiguisées crispées à souhait.

–  Hisagi, va parler à cette nana…

Si, par le passé, il n’y avait jamais été confronté, nul doute que le ténébreux balafré aurait tressailli devant cette inquiétante grimace ; seulement, il n’en était rien. Shûhei se contenta d’observer attentivement son Capitaine avant de déclarer :

–  Je ne m’en sens pas la force, pas encore.

–  A trop attendre, tu le regretteras.

–  Probablement.

–  D’autant plus si elle accepte de remplacer provisoirement Rose : son nouveau rang ne vous permettra plus d’être équipiers comme par le passé.

–  Elle n’a pas encore donné sa réponse ? s’intéressa-t-il soudainement.

–  Elle hésite toujours, lui apprit Kensei. Mais, aux vues de l’insistance de la Troisième Division et du Capitaine-Général, ça ne saurait tarder.

–  Alors, je serai heureux pour elle.

N’y prêtant pas une once de crédit, le Vizard décida d’abandonner temporairement son plaidoyer et de reprendre leur ancienne conversation là où elle s’était arrêtée.

–  Je disais donc que nous allons annoncer aux autres que nous prendrons demain une journée de congés ; après quoi, le Commandant veut effectivement que nous nous rendions au Hueco Mundo pour tenter de trouver la faille spatio-temporelle menant au repère des Kurotama.

–  Très bien, Capitaine.

–  Cette mission prendra sûrement plusieurs semaines, Hisagi.

–  Cela me convient.

–  Sûr ?

Une sensation d’amertume remonta la pente de l’œsophage du célèbre maître de Kazeshini tandis qu’il se remémora brutalement le sourire de son ancienne coéquipière et cette réplique qu’ils partageaient tous deux avec un certain amusement :

« Sûr ?

–  Certain. »

Résolu à ne pas laisser transparaître ce soudain trouble, Shûhei se contenta d’opiner vivement du chef.

Les deux hommes entreprirent de nouveau l’ascension vers leurs locaux, continuant de discuter des détails de leur prochain ordre de mission, ainsi que de leur stratégie pour mener celle-ci à bien.

Après un quart d’heure de marche, Kensei et Shûhei empruntèrent une ruelle plus calme que celles parcourues précédemment. Alors qu’ils ne cessaient de planifier leur voyage dans la dimension partagée par les Hollow et les Arrancar, un rire mélodieux de faible intensité leur parvint ; Kensei feignit l’ignorance et n’interrompit en rien son discours tandis que Shûhei, lui, haussa les sourcils sous la surprise. Son cœur marqua un arrêt, et une désagréable décharge le parcourut de bas en haut. Il dirigea son regard d’argent vers la source de ce délicieux éclat qu’il était convaincu de pouvoir reconnaître entre mille autres, attendant la personne qu’il évitait soigneusement depuis la scène tragique de l’entrepôt.

Débouchant d’une rue annexe, les deux meilleurs amis du monde réel se révélèrent dans ce que Shûhei crut d’abord être un mirage. Ichigo et Tsunata, aussi hilares l’un que l’autre, ne s’aperçurent aucunement de la présence du brun et de son supérieur hiérarchique : continuant à s’esclaffer tandis que le remplaçant de Karakura mettait tout en œuvre pour clore son récit, ils passèrent à côté des deux figures de la Neuvième Division sans leur prêter la plus petite attention.

Le cœur de Shûhei se serra brutalement alors que son regard, insistant, n’arrivait plus à quitter la blonde qui venait de le frôler : ses cheveux d’or avaient poussé de façon significative en l’espace d’un simple mois, si bien que leurs pointes dépassaient à présent le creux de ses reins de plusieurs centimètres alors même qu’ils étaient emprisonnés dans une haute queue-de-cheval. Leur danse n’avait en rien perdu de son charme envoûtant, et la même odeur sucrée se répandait sur son passage. Tsunata était restée la même : sa beauté n’avait d’égal que son rire chaleureux, à la différence près qu’elle ne se retournait plus sur Shûhei, son ancien partenaire, lorsqu’elle le croisait.

Alors qu’elle sentit le regard du brun la quitter, Tsunata l’observa discrètement s’éloigner d’elle par-delà son épaule. Shûhei non plus n’avait pas changé, tout comme le douloureux fait qu’il ne daignait toujours pas lui adresser le moindre mot. Son sourire se crispant brusquement devant le dos musclé de son dernier coéquipier en date, la jeune femme ne remarqua que tardivement l’apparition qui venait de se matérialiser devant elle et Ichigo, manquant de peu la collision frontale.

–  Salut, Tsunata !

Sursautant vivement, la blonde s’arrêta net et gratifia son ami blond d’un regard interloqué.

–  Izuru ?

–  Eh ben, t’as ramené toute ta clique avec toi, Kira-san ? remarqua Ichigo.

En effet, toute la Troisième Division semblait avoir répondu à l’appel et souriait comme un seul homme à l’autrefois remplaçante.

Alertés par ce soudain remue-ménage, Kensei et Shûhei se tournèrent d’un commun accord vers eux et les observèrent silencieusement.

Izuru, en tête de liste, s’avança d’un pas vers la blonde et lui déclara d’un sourire mal assuré :

–  Les gars et moi voulions te parler, Tsunata.

Inquiétée par ce vif intérêt, la jeune femme posa son regard sur chacun des membres de la Division du désespoir.

–  Nous vous en supplions, Tsunata-sama ! intervint l’un d’entre eux. Devenez notre Capitaine !

Ichigo ne put réprimer un gloussement moqueur.

–  Pfff, « Tsunata-sama »…

Un coup de poing dans l’épaule plus tard, il émit un grognement de douleur sonore.

–  La ferme, menaça Tsunata.

Si Shûhei et elle avaient été en bons termes, nul doute que cette réaction pour le moins célèbre de la blonde l’aurait amusé outre mesure ; cependant, actuellement, cela n’accentuait que davantage le désagréable sentiment de nostalgie qui le tiraillait depuis un interminable mois. Kensei constata contre le gré du ténébreux la grimace qui trahissait sa souffrance sentimentale au coin de ses lèvres pincées par le remord, impuissant.

–  Tsunata-sama, fit un autre soldat de la Troisième, nous ferons tout pour que vous acceptiez !

–  Nous avons besoin de vous ! appuya une tierce Shinigami.

Tous les subalternes de l’inconscient Rôjûrô Ôtoribashi opinèrent d’un commun accord en y allant de leur petit commentaire personnel, créant peu à peu une cacophonie assourdissante.

Tsunata rougit proportionnellement face au dévouement de ces personnes qui, pour la plupart, lui étaient parfaitement étrangères. Izuru, fier de l’effet de ses camarades sur la blonde, en profita pour insister une énième fois :

–  Accepte, s’il te plaît.

Tous observèrent avec un intérêt flagrant la jeune femme indécise, qu’il s’agisse des Shinigami de la Division du désespoir, de ses deux amis, ou encore de celui qui occupait chacune de ses pensées depuis leur rencontre hasardeuse, un jour d’hiver au Seireitei.

Encerclée par les paires d’yeux qui la dévisageaient, Tsunata Nara déglutit péniblement et, tandis qu’une perle de sueur dévala sa tempe droite, elle poussa un soupir sans fin.



A suivre…




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