The New Substitute
Deux semaines plus tard, au Seireitei.
Une semaine s’était écoulée depuis le réveil définitif de Tsunata ; celle-ci avait appris de la bouche de son amie Rangiku que son corps d’humaine avait finalement succombé, et qu’elle était à présent une Shinigami à part entière.
Ichigo et Orihime, avec l’aide non négligeable de Kisuke Urahara, avaient pu lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles et passer un peu de temps à ses côtés tant que sa convalescence la maintenait clouée au lit.
Izuru, lui aussi, s’était rendu à son chevet ; le soulagement s’était emparé de la jeune femme lorsqu’elle avait constaté, heureuse au possible, à quel point son ami blond se remettait bien de ses traumatismes. Ce dernier lui avait assuré que le bénéfice revenait entièrement à son intervention, mais elle s’était entêtée à affirmer qu’elle n’avait quasiment rien fait.
Rukia et Renji avaient passé quelques heures avec elle, à lui conter les évènements qu’elle avait manqués durant son sommeil de sept jours. En somme, rien de vraiment extraordinaire ne s’était produit : le Capitaine de la Troisième Division, Rôjûrô Ôtoribashi, avait été transféré dans une chambre spéciale de la Quatrième Division pour y recevoir divers soins jusqu’à présent sans effets ; Mayuri Kurotsuchi et ses subordonnés eux-mêmes s’étaient lancés dans la recherche d’un traitement pour permettre à l’état du surnommé Rose d’évoluer dans le sens positif du terme, ne serait-ce que d’un peu, seulement rien n’avait pour le moment fonctionné. Il s’était alors dit dans le Seireitei qu’en vue de la guerre qui prenait jour après jour un peu plus d’ampleur aux horizons de la Soul Society, le Commandant Shunsui Kyôraku allait se voir contraint de nommer un Capitaine de substitution en l’attente du réveil du blond pour guider la Division du désespoir et, ainsi, permettre la victoire du Gotei 13 ; cependant, les deux compères ne purent informer Tsunata de l’identité de l’heureux élu.
Ils lui apprirent également que la Neuvième Division était rentrée à domicile, tous sains et saufs, et tous bredouilles : la seule information qu’ils avaient pu confirmer après ces deux mois d’absence fut que les Kurotama se cachaient effectivement dans le Hueco Mundo, probablement à l’abri dans une dimension parallèle dissimulée on-ne-sait où dans le repère des Hollow, sans avoir le moindre indice quant à sa localisation précise. Ainsi, Shûhei avait pu retrouver les siens, au même titre que son rôle de Vice-Capitaine.
Car, à l’étonnement général, la seule personne n’ayant daigné se rendre dans les infirmeries du Seireitei pour s’assurer de l’état de santé de la blonde n’était autre que son ancien coéquipier, Shûhei Hisagi. Personne n’en connaissait vraiment la cause : Rangiku et Izuru avaient tout tenté pour lui faire entendre raison, mais rien n’était parvenu à le faire renoncer. La seconde de Tôshirô Hitsugaya lui avait hurlé qu’elle ne comprenait rien à son comportement soudain, alors que si Tsunata était revenue à elle – qui plus est, avec ses souvenirs – ce n’était que grâce à son intervention dans le monde des humains. Pourquoi l’avoir ramené à la vie avec son passé en mémoire si c’était pour ensuite mieux la délaisser ?
En effet, lorsque Tsunata s’était éveillée dans son lit simple au sein de l’unité médicale, personne n’était à ses côtés : aucune trace de Shûhei ne subsistait. Isane lui avait tristement révélé qu’après la leur avoir confiée, le jeune homme n’était plus jamais revenu. Alors, l’ancienne remplaçante en avait conclu que ce devait être lié au fait qu’elle lui avait désobéi, qu’il avait mis sa parole à exécution et la détestait à présent.
Cette conclusion avait été tirée par Tsunata, car son dernier souvenir en date restait celui de leur dispute. Ses amis lui avaient expliqué que ce ne pouvait être la véritable raison qui motivait le soudain comportement du ténébreux à son égard, car après s’être fait enlever par la Kurotama qu’elle connaissait depuis son plus jeune âge, Miya Tanabe, Shûhei avait volé à son secours. Pour la jeune femme, ce n’était qu’à charge de revanche : s’il l’avait sauvé, c’était uniquement pour ne lui être redevable de rien.
Ainsi, depuis une semaine, Tsunata n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle tentait de son mieux de dissimuler sa peine à ses amis, mais la mouche ne prenait pas : ils ne connaissaient que trop bien l’autrefois étudiante en Chimie pour se laisser berner par ses maigres tentatives de persuasion. C’était en partie le fait de lire la douleur dans les yeux d’ordinaire si pétillants de vie de son amie aux cheveux d’or qui sortait définitivement Rangiku de ses gonds lorsqu’elle se confrontait à Shûhei. Pourtant, rien ne changeait : les deux membres du fameux Shûnata ne s’adressaient plus la parole, marquant d’un point d’honneur la fin de leur duo.
Aujourd’hui, Tsunata avait décidé de ne plus se laisser aller au désespoir : après tout, elle pouvait se vanter d’avoir survécu aux sombres desseins de sa rivale, et de jouir de la vue offerte par le splendide levé de soleil qui s’esquissait chaque matin devant la fenêtre de sa chambre. Aussi décida-t-elle de quitter son lit et de tenter d’atteindre la porte pour tester la fiabilité de ses appuis.
Au début, elle faillit chuter lourdement au sol, mais parvint in-extremis à se retenir par le biais de son matelas médical, suffisant à lui faire retrouver l’équilibre dont elle avait besoin ; chancelant dangereusement, elle prit le temps qui lui parut nécessaire et arriva triomphalement à sa destination.
Tsunata sourit de manière entendue à sa petite victoire. Son corps la faisait encore souffrir de façon non négligeable, mais avec un peu d’entraînement et de volonté, elle parviendrait à retrouver sa forme d’antan d’ici quelques jours tout au plus.
Alors qu’elle s’apprêtait à se diriger de son pas incertain vers l’ouverture par laquelle elle pourrait contempler la vie animer la Soul Society, la porte qu’elle avait réussi à atteindre s’ouvrit doucement, laissant apparaître la grande silhouette du Capitaine de la Quatrième Division.
– Bonjour, Tsunata-san ! s’exclama Isane. Tu as de la visite aujourd…
Malencontreusement, la Shinigami aux cheveux dorés venait de se faire prendre loin de son lit, debout sur ses jambes flageolantes ; comme pour éviter de se faire fâcher, à la manière d’une enfant, celle-ci adressa à l’aînée des Kotetsu un sourire gêné.
– Bonjour, Isane-san !
Tout à coup, la grise vit rouge.
– Tsunata-san ! gronda-t-elle. Dois-je te rappeler que tu es en pleine convalescence ?
– Oui, mais je…
– Pas de mais ! l’interrompit Isane d’un ton sec. Retourne te coucher immédiatement !
– Je vais finir par avoir des escarres à force de rester allongée dans ce fichu lit ! tenta de se défendre Tsunata.
– Ne dis pas n’importe quoi ! Les Shinigami ne peuvent pas avoir d’escarres, d’autant plus lorsqu’ils sont dotés de pouvoirs tels que la régénération spontanée ! Au lit, et plus vite que ça !
Isane la saisit par le bras et l’aida à regagner sa place de souffrante. Tandis que Tsunata s’asseyait précautionneusement sur son matelas, quelqu’un frappa et poussa davantage la porte avant d’entrer à son tour dans la pièce.
– Tiens ! comment ça va, Tsunata-chan ? On essaye déjà de s’évader ?
– Commandant Kyôraku ? s’enquit la concernée d’un air surpris. Que faites-vous ici ?
– Je suis venu prendre de tes nouvelles, comme tu le vois. Oh, je ne suis pas venu seul : entre donc, mon ami !
Une lueur d’espoir envahit subitement Tsunata, avant de se rétracter tout aussi rapidement. Toutefois, elle ne put s’empêcher d’adresser à son ami de la Troisième Division le plus sincère des sourires, heureuse de le voir.
– Salut, Tsunata !
– Ça me fait plaisir de te voir, Izuru.
Il répondit au sourire de la blonde, sentant néanmoins sa déception quasiment palpable de n’avoir vu apparaître dans l’encadrement son ancien coéquipier, et la comprenant parfaitement.
– Que venez-vous faire ici, ensemble ? demanda-t-elle.
– Je te l’ai dit, rappela Shunsui, c’est uniquement pour nous assurer de l’avancée de ton état, Tsunata-chan.
– Sans vouloir vous offenser, Commandant, j’ai de sérieux doutes à ce sujet.
Le hippie ricana en se passant une main dans la nuque.
– Ah la la ! On ne peut rien te cacher, hein ?
Isane, qui avait fini d’aider la jeune femme, sortit de la chambre pour les laisser discuter plus sérieusement ; Shunsui et Izuru se permirent alors de s’avancer un peu, seulement de quoi arriver au côté de la blonde.
– Que se passe-t-il ? interrogea-t-elle.
– Je ne t’apprends rien en t’affirmant qu’à présent, tu es un membre à part entière du Gotei 13 ? avança le Commandant.
– En effet, c’est ce qu’on m’a fait comprendre.
– Puisque tu n’es plus une remplaçante, il faut te trouver une place au sein du Seireitei.
– C’est vrai que je n’y avais pas pensé, réfléchit Tsunata, l’index sur le menton.
– Tu vois, Tsunata, avant la mort définitive de ton corps d’humaine, ton pouvoir égalait aisément celui des Troisièmes Lieutenants et de la majorité des Vices-Capitaines, expliqua Izuru.
– Je vois mal où vous voulez en venir.
– Maintenant que tu es une Shinigami à cent-pour-cent, continua Shunsui, tes pouvoirs ont sans l’ombre d’un doute décuplé. C’est pour cette raison que, lorsque tu sortiras d’ici, j’aimerais que tu passes me voir.
– Pour quoi faire ?
– Passer un test, répondit le blond.
– Un test ? répéta-t-elle. Quel test ?
– Celui que l’on réserve aux Capitaines de Division, Tsunata-chan.
Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent à l’extrême.
– Je vous demande pardon ?
– Les onze autres Capitaines n’y voient aucune objection, assura le brun. J’ai seulement besoin de m’assurer que mes hypothèses sont fondées pour t’offrir ce poste.
– Mais de quel poste parlez-vous ? perdit-elle patience. Le Seireitei possède actuellement ses treize Capitaines, je vois mal comment je pourrais prétendre à ce titre !
– Ce n’est pas un poste définitif, intervint Izuru, mais la Troisième Division a besoin de quelqu’un à sa tête, le temps que le Capitaine Ôtoribashi revienne à lui.
– Ne te méprends pas en pensant que tu ne seras qu’une remplaçante, une fois encore : lorsque Rôjûrô Ôtoribashi se réveillera, nous te confierons un rôle de même envergure au sein de nos armées. J’ai déjà quelques idées à ce sujet, confessa Shunsui.
Tsunata en demeura effarée.
– Vous entendez ce que vous dites ?
Elle se tourna vivement vers son ami blond.
– Izuru, pourquoi n’endosses-tu pas ce rôle ? Tu en as toutes les capacités !
– Non seulement je ne m’en sens pas capable, mais en plus, si je devais être nommé Capitaine provisoire de ma Division, il faudrait que le Troisième Lieutenant devienne Vice-Capitaine de substitution, et ainsi de suite : toute la hiérarchie en serait bouleversée.
– Aux vues de l’ampleur que prend chaque jour la guerre contre les Kurotama, nous ne pouvons nous permettre de semer tant de troubles dans l’une de nos armées, et tous les postes majeurs doivent être occupés. De plus, il n’est pas à exclure que certaines des personnes impliquées dans ce genre de remplacement ne prennent goût à leur poste temporaire et ne se rebellent au moment de reprendre leur place respective.
– Tsunata, je t’en prie. Je te le demande aussi bien en tant qu’ami, qu’en tant que porte-parole de la Troisième Division : tout le monde souhaite t’avoir comme Capitaine. Nous t’attendons et t’accueillerons à bras ouverts.
Tsunata rougit légèrement, avant de baisser tristement la tête et d’avouer d’une voix étranglée :
– Je ne sais plus vraiment où j’en suis, ni même si je pense avoir les épaules pour être à la tête d’une Division tout entière, ne serait-ce que de façon provisoire.
– Mais enfin, tu ne seras pas seule ! tenta de la raisonner son ami. Je serai là pour t’aider !
La jeune femme sursauta tandis que la promesse rompue de Shûhei lui revint en mémoire :
« Je n’ai pas besoin de tout connaître de toi pour avoir envie de te protéger, comme toi pour moi. Tu es… Attends, comment tu dis, déjà ? Ah, oui : tu m’es très précieuse, Tsunata Nara, et quoi qu’il arrive, je ferai tout pour qu’on reste ensemble, toi et moi ; je serai toujours à tes côtés. »
Ce triste souvenir la fit grimacer : le simple fait de songer au prénom de son ancien partenaire était une raison suffisante pour la rendre morose. L’absence de Shûhei était tellement difficile à surmonter.
Semblant détecter le trouble de son amie, Izuru posa sa main contre celle de Tsunata crispée autour des draps blancs qui la couvraient. Surprise, elle redressa ses yeux humides vers le blond qui, bien qu’attristé par son regard, lui adressa un sourire réconfortant.
– Hé, ça va aller, assura-t-il doucement.
La jeune femme hocha faiblement la tête.
– J’ai besoin d’un peu de temps, si vous me le permettez.
– Ne t’en fais pas, ma petite Tsunata-chan ! sourit le hippie aux penchants alcooliques. Prends tout le temps qui te sera nécessaire ! Enfin, n’attends pas qu’Ôtoribashi-san se réveille pour prendre ta décision, bien entendu. Nous allons te laisser. Tu viens, Kira-san ?
– Oui, je…
Avant même qu’il n’ait eu le temps de s’éloigner, Tsunata lui avait agrippé la manche de son kosode. Interloqué, il se tourna vers elle et la considéra d’un regard interrogateur. Kyôraku, quant à lui, la gratifia d’un sourire discret.
– Remets-toi vite, Tsunata-chan.
– Je ferai de mon mieux, Commandant.
Sur ces paroles, il sortit de la pièce, laissant seuls Izuru et Tsunata.
– Qu’y a-t-il, Tsunata ? s’inquiéta le blond.
Elle hésita longuement, avant de dire sans grand enthousiasme :
– Je sais que ce doit être pesant que je vous demande toujours la même chose, à Rangiku et à toi, mais…
– Ça ne nous pose aucun problème, Tsunata. Hisagi se porte bien.
Elle adressa à Izuru un sourire trahissant son désespoir.
– Tant mieux, je suis rassurée.
N’y tenant plus, elle plaqua subitement ses mains contre son visage ravagé par les larmes : le simple bruit que provoquaient les soubresauts de sa respiration suffisait à serrer le cœur du Vice-Capitaine, qui s’assit au bord de son lit et lui caressa affectueusement les cheveux.
– Allez, ça va aller, Tsunata.
– Pourquoi ça fait si mal ?
Ses sanglots redoublèrent, aussi Izuru prit l’initiative de la cajoler dans ses bras, bien plus maigres que ceux de Shûhei.
– Tu l’aimes, hein ?
Elle s’interrompit, puis souffla douloureusement :
– Oui, bien sûr que oui…
– Ne t’en fais pas, il reviendra.
« Mais quel imbécile ! songea le blond tout en dorlotant son amie. Hisagi, t’es le pire des abrutis que la Soul Society n’ait jamais connue ! »
Une demi-heure plus tard, dans les rues animées du Seireitei.
– Sérieusement ?
– Rangiku, calme-toi… tenta de l’apaiser Izuru.
– Non ! Cette fois, c’en est trop ! Cet idiot a suffisamment fait durer les choses, elle a assez souffert comme ça !
– Je sais, mais lui rentrer dedans ne va rien changer.
– Tu veux parier ? menaça-t-elle. Si j’attrape ce crétin, il va amèrement le regretter !
Ledit crétin, qui venait de rentrer d’une courte mission avec une partie de sa Division, surgit dans le dos de ses amis de longue date.
– On parle de moi ? constata-t-il d’un air détaché.
Les acolytes sursautèrent, puis Rangiku se tourna rageusement dans sa direction et siffla :
– Alors toi, tu ne perds rien pour attendre !
– Je suis ravi de te voir, moi aussi, ironisa Shûhei.
– Ne te fous pas de moi ! Ça te fait jubiler de la voir souffrir, hein, Shûhei ?
L’aura de ce dernier s’assombrit soudainement.
– Ne parle pas de ça, s’il te plaît.
– Et pourquoi m’en priverai-je ? Tsunata est mon amie, et ça me met hors de moi de te voir la traiter de la sorte ! Surtout après ce qu’il s’est passé !
– Je pensais être ton ami, moi aussi.
– Bien évidemment que tu l’es !
– Alors, pourquoi n’essaies-tu pas de me comprendre ?
La Vice-Capitaine, un temps interdite, finit par poursuivre dans la même fougue :
– Parce que tu ne me dis rien, Shûhei ! Ni à moi, ni à personne d’autre !
– Tsss.
Le ténébreux la contourna et entreprit de nouveau sa route.
– Je vais essayer de lui parler, assura Izuru.
Puis il se mit aux trousses de son meilleur ami et le rattrapa aisément, suscitant un grognement de la part de Shûhei.
– Qu’est-ce que tu veux ? demanda celui-ci d’un ton acerbe.
– Te comprendre, affirma Izuru.
– Tu n’y parviendrais pas. Comme les autres, comme elle.
– C’est normal que Tsunata ne te comprenne pas, mon vieux : elle se réveille un beau matin en ne se souvenant que de votre dispute, et tu n’es plus là.
– Je ne parlais pas de Ts…
Il déglutit péniblement, touché par le simple fait de devoir prononcer son nom.
– Je ne parlais pas d’elle, se ravisa-t-il, mais de Rangiku.
– Moi, en tout cas, je sais pourquoi tu agis comme ça, confia Izuru.
Le ténébreux le regarda, intrigué.
– Je n’en ai parlé à personne, car ce n’est pas à moi de le faire. En revanche, si je puis me permettre une remarque, Hisagi, c’est que tu empruntes la mauvaise route pour parvenir à tes fins.
– Dans ce cas, je ne crois pas qu’on se soit compris, toi et moi.
– Oh que si ! répliqua Izuru. Mais, tu connais Tsunata mieux que moi, non ? Pour le moment, elle ne te court pas après parce qu’elle est encore affaiblie, mais dès qu’elle le pourra, elle va te tanner pour avoir des explications.
Sans qu’il ne s’en aperçoive, les lèvres de Shûhei s’étirèrent dans un maigre sourire.
– Tiens, je parie que ça ne t’étonnera pas : tout à l’heure, je suis allé la voir, et mademoiselle tentait déjà de cavaler dans sa chambre ! Enfin, ça, c’était avant que le Capitaine Kotetsu ne la prenne sur le fait et commence à s’arracher les cheveux.
Le brun gloussa discrètement, ne surprenant guère son ami de toujours, avant de conclure avec une nostalgie palpable :
– Quelle tête de mule…
Izuru remarqua néanmoins le regard un peu rêveur – et surtout radouci – de Shûhei, aussi se permit-il d’ajouter :
– Elle ne va pas très bien, en tout cas, pas sans toi.
– Elle devra apprendre à aller de l’avant.
– Dans ce cas, c’est toi qui ne comprends rien.
Le ténébreux arqua un sourcil.
– Que veux-tu dire ?
– A trop jouer avec elle, tu risques de la perdre définitivement, assura le blond. Que feras-tu, le jour où tu voudras retourner vers elle mais qu’elle ne daignera pas même t’adresser un simple regard ? De plus, je te rappelle qu’à présent, il est certain qu’elle restera au Seireitei. Comment vas-tu vivre le fait de la croiser tous les jours sans pouvoir ne serait-ce que l’approcher ?
Izuru se rapprocha de lui, posa une main contre son épaule et lui confia dans le creux de l’oreille :
– Elle ne t’attendra pas éternellement, Hisagi. Crois-moi, si tu ne vas pas t’expliquer maintenant avec elle, tu le regretteras sévèrement d’ici peu.
Ainsi, le Vice-Capitaine de la Troisième Division tourna les talons et rejoignit la belle Rangiku Matsumoto au loin, laissant derrière lui un Shûhei pantois et indécis.
Malgré tout, le ténébreux se ressaisit et entama le chemin menant à ses quartiers, déterminé à tenir bon et rester loin de celle qui avait ensoleillé sa vie, la jeune femme du doux nom de Tsunata Nara.