The New Substitute
– Je te tiens ! Kôri no Naga…
Une vive douleur s’empara de sa colonne vertébrale.
– Ne crie pas victoire aussi facilement.
Ayant perçu ses projets, Shûhei avait simulé l’une de ses célèbres attaques agiles de sorte à ce que la Kurotama se pense en mesure de le blesser mortellement ; seulement, à l’instant même où Miya avait baissé sa garde, le Vice-Capitaine en avait profité pour interrompre la trajectoire de son zanpakutô et diriger l’autre extrémité de ce dernier dans le dos de l’ennemie.
La lame de Kazeshini plantée entre les vertèbres de Miya, il s’approcha d’elle dans un shunpo et plongea dans ses yeux douloureux un regard emprunt de rage et de mépris.
– Tu n’aurais jamais dû t’en prendre à elle, dit-il d’un ton terrifiant.
Il leva son bras droit, celui-là même qui détenait son kusarigama libre, et pourfendit son opposante de l’épaule gauche jusqu’à sa hanche opposée.
– Ils sont là-bas ! s’écria Rangiku.
Tandis qu’ils venaient de franchir les dix kilomètres séparant le magasin du fondateur du Bureau de Développement Technique et l’endroit où se trouvaient leurs amis, Rangiku Matsumoto et Ichigo Kurosaki furent pris d’une soudaine et amère impression. S’observant l’un l’autre, le lycéen héla tout d’un coup :
– Faut qu’on se magne !
– Oui !
Sans plus attendre, ils se hâtèrent vers la vieille bâtisse baignée de ténèbres.
Shûhei extirpa son sabre libéré du corps de Miya ; celle-ci, sentant la vie la quitter pour de bon, resta interdite, les yeux dilatés tant par la stupéfaction de ce retournement de situation que par la profonde souffrance qui s’était emparée d’elle. Un jet de sang franchit la barrière de ses lèvres, avant qu’elle ne maugrée :
– Merde…
Le ténébreux continua de la lorgner d’un regard trahissant toute la haine qu’il éprouvait à son égard. L’arme de sa victime disparut dans un flux de particules bleutées, aussi se permit-il de réduire la distance entre leurs deux visages et de déclarer froidement dans le creux de son oreille :
– Tu as commis une seule erreur : celle de croire que j’aimais Tsunata.
Miya en demeura interdite.
– Ce que j’éprouve pour elle dépasse de loin ce que vous autres appelez de « l’amour », aucun mot ne saurait le décrire. Tu m’as arraché ce qui m’était le plus cher, c’est là ce qui a causé ta perte.
Tandis que son reiatsu faiblit dangereusement, elle songea :
« Alors même que je pensais t’avoir tout pris, tu as réussi à trouver un amour aussi pur après la mort ? Ça a toujours été comme ça avec toi, Nara, tu as toujours été une foutue veinarde. Je te hais tellement… »
Sur ces dernières pensées, Miya Tanabe se volatilisa, ne laissant derrière elle que la victime qu’elle venait de faire sans le moindre ressentiment, ainsi que son coéquipier, totalement désarçonné.
Au même moment, Ichigo et Rangiku franchirent le seuil de l’entrepôt et découvrirent la scène que tous deux redoutaient tant.
– C’est pas vrai… souffla Rangiku, incrédule.
– Tsunata… s’étrangla le lycéen.
Dans la boutique dite de sucreries, au bout d’un interminable couloir plongé dans une pénombre épaisse, un bruit strident continu fit tomber à genoux la belle et douce Orihime Inoue.
– Non… murmura-t-elle, les yeux grands ouverts.
– Je suis désolé, patron, je ne peux plus rien faire.
– Tu as tout mis en œuvre pour éviter que nous n’en arrivions là, Tessai, le rassura Kisuke. Tu n’as pas à t’excuser.
Le géant à lunettes posa sur les épaules tremblantes de la jeune femme atterrée une main désolée.
– Je suis navré, Inoue-dono : Tsunata-dono est décédée.
Dans un hoquet de douleur, Orihime plaqua ses mains contre sa bouche et sanglota sans retenue.
– Tsuna-chan, non…
Haletant des suites de son combat musclé livré contre Miya Tanabe, Shûhei ne prêta pas même la plus petite attention aux deux Shinigami récemment arrivés à leur secours.
Comprenant qu’ils n’avaient pas encore été découverts, Rangiku se cacha derrière la façade du bâtiment et entraîna Ichigo à sa suite.
– Qu’est-ce que tu fais, Rang…
La Vice-Capitaine obstrua la bouche du jeune homme et murmura :
– Chut ! Il ne faut pas qu’il nous entende !
– Et en quel honneur ? chuchota-t-il à son tour, les sourcils plus froncés qu’à l’accoutumée. Tsunata est…
– Laisse Shûhei avec elle quelques instants !
– Pourquoi ça ? Il faut que j’aille voir ma meilleure amie ! Je te signale qu’elle est…
– Pas maintenant ! l’interrompit de nouveau Rangiku. Attends un peu !
Outre le fait que la requête de la jeune femme lui parut incongrue aux vues des circonstances, c’est davantage son air détaché qui perturba le lycéen ; soldat de la Soul Society ou non, demeurer de glace devant un tel spectacle était inconcevable à ses yeux.
Ichigo s’appliqua toutefois à ne pas craquer et accourir vers celle qu’il considérait depuis un long moment déjà comme un membre à part entière de sa famille de fous furieux. Les pupilles tremblantes, un nœud dans l’œsophage, il songea douloureusement à la manière dont il devrait apprendre cette tragique nouvelle à son amie aux cheveux auburn si ses yeux ne l’avaient pas trompé, si Tsunata s’en était définitivement allée.
Rangiku, pour sa part, préféra placer ses derniers espoirs dans l’intuition qui venait de germer dans son for intérieur et axa une fois encore son regard cyan sur le ténébreux.
Celui-ci sembla émerger de son état de demi-conscience tandis que ses yeux s’écarquillèrent et qu’il pivota brutalement vers le corps suspendu de sa coéquipière ; scintillant d’un éclat éblouissant, Shûhei comprit que sa disparition se faisait imminente. Alors que son esprit aiguisé cherchait à toute vitesse une solution pour lui éviter ce sort, le Vice-Capitaine de la Neuvième Division saisit son zanpakutô et projeta rageusement l’un de ses kusarigama sur les chaînes maintenant la blonde en apesanteur, les scindant net. D’un bond, il réceptionna la jeune femme dans ses bras et s’éloigna prestement de la marre rougeâtre souillant le sol poussiéreux.
Lorsqu’il estima être suffisamment loin de cette dernière, Shûhei finit par s’écrouler lourdement sur ses genoux, avant d’agripper plus intensément le cadavre de sa partenaire et de laisser s’écouler sa peine dans une grimace de douleur intense.
– Tsunata…
Il blottit l’autrefois Shinigami remplaçante contre son torse et la berça dans un geste désespéré, fourrant son nez dans les longs cheveux d’or de cette dernière pour s’imprégner de sa fragrance sucrée qui faiblissait, une dernière fois.
– Non, Tsunata…
Son corps frêle ensanglanté, parsemé d’incalculables entailles à la profondeur alarmante, ainsi que de brûlures violacées et enflées là où les chaînes d’acier l’eurent suspendue à plusieurs mètres du sol, brillait à présent comme l’étoile du berger dans le ciel dégagé d’un soir d’été, tandis que son uniforme de Shinigami, celui qu’elle arborait fièrement avec son éternel sourire, commençait à se volatiliser dans une nuée de particules spirituelles.
Shûhei s’horrifia : il fallait qu’il trouve une solution, un moyen de la ramener ! Tsunata ne pouvait pas le quitter, pas comme ça, pas maintenant, pas après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble et ce qu’il leur restait encore à vivre ! Comment pourrait-il jamais trouver le courage d’avancer sans sa présence à ses côtés ? Si elle mourrait, il la suivrait dans son sillage ; le doute n’était plus permis.
Ses méninges passèrent la vitesse supérieure. Le ténébreux fouilla dans chaque recoin de sa mémoire embrumée pour trouver ne serait-ce qu’un indice, un espoir auquel se raccrocher pour lui permettre de la retrouver.
Il passa ainsi en revue les évènements survenus au cours des deux derniers mois, mais n’en tira rien de véritablement concret ; aussi s’attarda-t-il davantage sur les dernières vingt-quatre heures ou, tout du moins, sur ce qui était survenu dans les instants cauchemardesques ayant suivi sa sortie de léthargie dans laquelle il eut été plongé de force par le défunt Fujimaro Nasu.
Comme cela va s’en dire, il revit contre son gré la scène de leur dispute, de la dernière fois où il avait parlé à Tsunata et, surtout, où il l’avait vue en vie. De nouveaux sanglots l’étranglèrent, bien qu’il se rappela distinctement des paroles de son Capitaine actuel, Kensei Muguruma, lors de leur toute première rencontre :
« Tu t’appelles Shûhei ? Ceux qui portent ce nom sont de vrais durs, arrête de pleurer ! »
Jusque là, il avait toujours plus ou moins tenu bon ; mais aujourd’hui, c’en était bien plus qu’il ne pouvait le supporter. La réalité, trop cruelle, ne lui laissa pas même la liberté de contrôler ses émotions.
Il continua de passer au peigne fin ses souvenirs mis à rude épreuve. Il vécut de nouveau la découverte du corps accidenté de sa coéquipière, relié à tant de fils et machines écœurantes. Il tenta ainsi de se remémorer les propos tenus par chacune des personnes présentes sur les lieux avant son départ pour le sauvetage de Tsunata – mission à laquelle il avait lamentablement failli.
Tout à coup, les paroles de Kisuke Urahara lui revinrent comme un éclair de génie :
« Si elle vient à mourir sans qu’elle n’ait quelque chose à laquelle se raccrocher – un souvenir, un sentiment, une personne qui lui est chère – dans le meilleur des cas, la mémoire de Tsunata-san mourra avec elle ; dans le pire, elle disparaitra définitivement. »
Il fallait qu’il tente le tout pour le tout ; après tout, bien que cette hypothèse lui paraissait invraisemblable, elle n’en demeurait pas moins la seule piste un tant soit peu valable qu’il avait en sa possession, si ce n’est l’unique tout court.
Shûhei se concentra du mieux qu’il le put pour trouver les mots justes, même si cela ne s’avérait pas être un exercice de grande difficulté pour lui : des souvenirs heureux avec Tsunata, il en avait des tonnes.
Réprimant au mieux ses sanglots, il emprunta sa voix la plus douce et susurra à l’oreille de la blonde qu’il maintenait toujours fermement contre lui :
– Hé, Tsunata, tu te rappelles de la première fois que tu m’as emmené observer les étoiles ? Tu te souviens de ton enthousiasme quand tu me décrivais les constellations ? Eh bien, je crois que c’est l’un des moments les plus magiques qu’on ait vécu ensemble, surtout quand on s’est retrouvé tous les deux devant la fontaine et que je t’ai fait cette promesse, celle que je serai toujours avec toi.
Voyant que l’état de Tsunata ne cessait de se dégrader, il poursuivit d’un ton bouleversé :
– Qu’est-ce que je raconte : tous les moments passés avec toi étaient comme un rêve éveillé. Que ce soit en mission ou quand on se retrouvait pendant notre temps libre, j’ai chéri chacun des moments passés à tes côtés. Comment pourrais-je vivre sans toi, après tout ce bonheur qu’on a partagé, toi et moi ?
De nouvelles larmes silencieuses roulèrent le long de son visage rougi par le chagrin tandis qu’il ne soupçonna pas même les deux paires d’oreilles non loin qui écoutaient religieusement chacune de ses paroles désespérées.
– Tout le monde ne cesse de me répéter… que je suis la personne la plus importante à tes yeux, surtout depuis que tu es partie… Est-ce la réalité ? J’aimerais te l’entendre dire, Tsunata, parce que…
Il s’étrangla, opprimant le cœur de Rangiku.
– Merde ! cracha-t-il. J’aimerais que tu me le dises de vive voix parce que pour moi, Tsunata Nara, tu es aussi l’être qui m’est le plus cher ! Tu n’as pas le droit de me laisser tomber, bordel ! Toi et moi, on a encore des tas de choses à vivre ensemble ! Et cette promesse, hein ? Tu m’avais juré de ne jamais m’abandonner, que jamais plus tu ne me laisserais ressentir la moindre peine, et aujourd’hui, tu voudrais partir ? C’est hors de question !
Le reiatsu de Shûhei, s’opacifiant progressivement, engloba son corps sans même qu’il ne s’en aperçoive, et contamina par la même occasion la Shinigami remplaçante prisonnière de ses bras tremblants.
– Je ne te laisserai jamais disparaître, tu m’entends ? Je tiens bien trop à toi pour te voir mourir ! Tsunata !
Ses mains se crispèrent davantage sur le corps inanimé de sa coéquipière alors qu’il la serrait de son mieux contre son torse partiellement découvert, comme pour ne faire plus qu’un avec elle, en se balançant sur lui-même et en humant tant bien que mal la fragrance de plus en plus légère de la jeune femme.
Cette simple vision eut raison de Rangiku Matsumoto : voir son ami dans un pareil état de détresse la bouleversa profondément.
Perdant définitivement le contrôle de ses sanglots, Shûhei se remémora amèrement toutes les fois où ce sourire, dont il était devenu dépendant, s’était montré à lui ; de toutes les fois où tous deux étaient partis dans d’incontrôlables fou-rires, chose inédite pour le ténébreux avant leur rencontre hasardeuse mais néanmoins merveilleuse ; des quelques fois où, suite à une situation embarrassante, d’adorables rougeurs étaient apparues sur les pommettes de la blonde, ces mêmes rougeurs qui lui faisait complètement perdre la tête. Chaque fois qu’il avait senti la chaleur émaner de son corps, chaque fois où elle lui avait pris la main, chaque fois où il avait senti son souffle sur sa peau… Tout lui revint subitement, comme une énième manipulation du sort pour mieux le torturer.
– Reste avec moi ! hurla-t-il dans une douleur palpable. Je t’en supplie, ne pars pas ! Je t’aime bien trop pour ça, Tsunata !
Il jeta sa tête en arrière, et sa pression spirituelle explosa, engendrant une onde de choc surpuissante qui brisa d’une même main chacune des vitres à la propreté douteuse du vieil entrepôt. La lumière aveuglante qui l’accompagna força les deux Shinigami cachés à se couvrir les yeux tandis que les murs tremblaient de toutes parts et que le toit lui-même s’effondrait, tant l’énergie dégagée par Shûhei se révélait démentielle.
La détonation gagna tout Karakura, si bien qu’Orihime Inoue et les autres personnes présentes dans le magasin Urahara la ressentirent comme s’ils eurent été à côté.
Le phénomène dura en tout et pour tout une minute, même si Rangiku et Ichigo auraient aisément pu prétendre qu’un bon quart d’heure venait de s’écouler ; se trouver dans un périmètre si proche du Vice-Capitaine en cet instant était d’une difficulté à la limite du supportable, même lorsqu’on possédait prétendument un reiatsu hors norme.
Ce ne fut qu’au moment où l’énergie spirituelle du jeune homme arriva à ses dernières limites que tout s’arrêta enfin. Shûhei s’affaissa sur le corps de Tsunata tandis qu’il tentait de reprendre son souffle ; une fois encore, il laissa libre court à ses larmes, le front appuyé contre le cou froid de la blonde.
Trop secoué par sa tristesse, le lieutenant n’en remarqua pas que les doigts fins de Tsunata se mirent à trembloter avant de se crisper sur eux-mêmes. Papillonnant faiblement, la Shinigami émit un râle à peine audible avant de bégayer :
– Shû… Shû… hei…
Ses yeux argentés s’écarquillèrent tandis qu’Ichigo et Rangiku se penchèrent brusquement d’un commun accord vers l’ouverture béante de la bâtisse délabrée.
– Qu’est-ce que… souffla le roux.
La Vice-Capitaine de la Dixième Division, folle de joie, encercla la nuque du lycéen et plaqua son visage contre sa poitrine généreuse.
– Je t’avais bien dit d’attendre un peu ! s’enjoua-t-elle, les larmes aux yeux. Tu vois ? J’avais raison !
Alors que le pauvre remplaçant de Karakura se débattit pour ne pas mourir étouffé, Shûhei, dont le cœur battait furieusement, redressa son visage dans une lenteur à la frontière de l’irréel.
– Tsu… Tsunata ?
Son corps ne cessait de scintiller, mais pour de toutes autres raisons qu’auparavant : la régénération spontanée dont bénéficiait la jeune femme pansait chacune de ses plaies ; son shihakushô, quant à lui, reprenait progressivement sa forme originelle.
Tsunata ouvrit à grand-peine ses yeux verts, ceux-là même que Shûhei ne pensait jusqu’alors plus jamais revoir ; malgré les cernes noirs qui creusaient son adorable visage, son regard n’en demeurait pas moins celui dans lequel le Vice-Capitaine aimait tant se perdre.
– Où… où suis-je, Shûhei ?
Non seulement elle était en vie, mais en plus de cela, elle avait conservé sa mémoire et se souvenait de lui. C’en fut largement suffisant pour le jeune homme tatoué qui, dans un sourire de plus en plus large, enlaça soudainement la blonde et la blottit contre lui.
– Tsunata ! s’exclama-t-il.
Percevant les larmes de joie de son coéquipier – qui finissaient leur course contre sa peau étonnamment sensible –, Tsunata, ne comprenant que trop mal ce qu’il se passait, guida difficilement sa main vers les cheveux ébène de Shûhei et les caressa avec une profonde tendresse.
– Qu’est-ce qu’il y a, Shûhei ?...
Trop ému pour lui répondre, il se contenta de respirer à pleines narines le parfum sucré de la jeune femme, enfin redevenu celui d’antan.
Ichigo, dont la patience avait atteint ses limites depuis un long moment déjà, s’élança vers les deux Shinigami atterrés, suivi de près par Rangiku.
– Ho hé ! s’écria le suppléant d’une voix tremblante. Blondie, ça va ?
– Je… euh, oui…
Bien que de mystérieuses douleurs l’empêchaient de rendre son étreinte au brun et qu’elle n’en saisissait pas le sens, Tsunata se délecta du geste aussi rare que tendre de Shûhei.
– Tu nous as fait si peur, idiote ! éclata en sanglots Rangiku.
Sans plus de cérémonie, celle-ci enlaça les deux membres du Shûnata du mieux qu’elle le put, ne se souciant aucunement de leur avis. Lorsqu’elle relâcha sa prise, Shûhei prit du recul et observa affectueusement la blonde prisonnière de ses bras puissants ; Tsunata, interloquée, rougit discrètement et se demanda avec le plus vif intérêt ce qui prenait à ses amis d’agir ainsi à son égard.
Il était indéniable qu’elle souffrait de multiples maux dont elle n’en connaissait pas l’origine : avec toute la meilleure volonté du monde, elle ne parvenait pas à se souvenir des raisons d’un tel état de faiblesse. Tsunata aurait aimé que quelqu’un se donne la peine de la renseigner mais, visiblement, personne ne semblait enclin à l’exaucer.
Alors qu’il replaçait une mèche dorée derrière l’oreille de sa coéquipière, Shûhei entendit distinctement le raclement de gorge sonore du Shinigami remplaçant affecté à la ville de Karakura. Comprenant là où il voulait en venir, il desserra davantage son étreinte.
Ichigo ne se fit pas prier une seconde de plus et prit dans ses bras bien bâtis celle qu’il considérait comme sa troisième sœur et qui venait de frôler la mort, la vraie, de très près. Tsunata ne put que mieux s’empourprer : après tout, un tel élan de douceur de la part du lycéen relevait quasiment du miracle.
Peu de temps après, il décida de lui rendre sa liberté ; la gratifiant d’un regard des plus tendres, les iris brûlant d’une étrange lueur, il incita par la suite le ténébreux à la prendre de nouveau contre lui. Ce dernier n’en attendit pas plus et s’exécuta la seconde suivante.
– Vous allez me dire ce qu’il… ce qu’il se passe, à la fin ?
Sa tête se mit à tourner affreusement tandis que ses oreilles bourdonnèrent. Sans qu’elle ne parvienne à lutter, la Shinigami aux longs cheveux blonds sombra peu à peu dans l’inconscient, bercée par la chaleur enivrante de Shûhei.