La vérité n'a pas de prix

Chapitre 1 : Retrouvailles en eaux troubles

4432 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/12/2019 20:57

Ceci est une adaptation libre de l'épisode Pilot de la série Bones, créée par Hart Hanson et produite par la Fox.


Dans cette adaptation, bon nombre de scènes, d'histoires et de personnages sont modifiés dont les protagonistes. De l'équipe de l'institut Jefferson, seuls Brennan et Booth sont changés ce qui modifie les liens avec certains personnages secondaires. J'ai interverti leurs sexes, certains traits de caractère et des détails de background par jeu et exercice de style.


Tempérance Brennan est remplacée par Thomas Brennan, anthropologue de renommée mondiale travaillant à l'institut Jefferson. Flegmatique, très séduisant et provocateur, Brennan n'hésite pas à montrer l'étendu de son intellect quitte à courroucer les gens autour de lui, surtout ses pairs qui veulent être numéro 1 du pays à sa place. Cela cache un côté bien plus noir et sensible de sa personne : Brennan a subi la disparition de ses parents à l'âge de 15 ans et compte dédier sa vie à identifier des corps peu importe l'état du squelette, peut-être tombera-t-il sur ses parents ? Ayant été entraîné dans les rouages du système d'adoption, Brennan ne fait pas confiance aux gens et a même développé un côté misanthrope qu'il tente de réprimer. Malheureusement, à déterrer des victimes de guerre ou de génocides trop souvent, cette haine gronde de plus en plus. En hommage à sa mère, Brennan suit les rites catholiques sans en parler à qui que ce soit, considérant qu'il s'agit de sa vie privée et ne voulant pas que cela entre en considération en sa qualité de scientifique. A présent, il est anthropologue judiciaire en collaboration avec...

Seeley Mary Booth qui remplace Seeley Joseph Booth, agent spécial du FBI, anciennement tireuse d'élite dans l'armée au sein des Rangers. Elle a quitté l'armée avec le grade de sergent-chef et rejoint aussitôt le FBI où elle fait rapidement ses preuves. Malgré son caractère froid et son air impassible, Booth arrive à se respecter grace à son professionnalisme et ses prouesses d'investigatrice. Pourtant, elle était limitée par sa séparation avec son ex petit ami, Robert Stinson, qui réussit à avoir la garde de leur enfant hors mariage, Parker Stinson, à cause de la dangerosité de son travail et du peu d'assiduité à ses réunions des joueurs anonymes. Son fils grandit, sa peur de ne pas pouvoir jouer son rôle de mère en fait de même, mise en exergue par le désert dans sa vie privée. Elle est très complexée par son manque de féminité par son physique de soldate, sa mâchoire trop carrée et sa poitrine plate mais elle ne manque jamais un entraînement physique, considérant avant tout son corps comme une arme. Booth a commencé son association avec Brennan grace à Camille Saroyan, collaboration qui finit mal, trop rebutée par l'orgueil et la suffisance de l'anthropologue...dû moins en partie. Booth sent en Brennan un prédateur adorant jouer avec la stupidité de ceux qu'il considère comme inférieur à lui. Un an plus tard, elle constate que cette méfiance le gêne et s'efforce à mieux se comporter avec elle. Depuis, elle n'envisage aucun autre partenaire de travail malgré leurs différences d'opinions et de caractères.


Cette adaptation se veut plus précise, sensorielle et émotionnelle dans le traitement des personnages, leurs liens et principalement le lien entre Brennan et Booth ainsi que de leur relation avec la mort. Je veux profiter de l'expérience de Brennan face aux horreurs de la civilisation et son implication personnelle vis-à-vis des victimes ainsi que celle de Booth en sa qualité de vétéran, témoin de l'atrocité de la guerre. Je souhaite aussi vous rassurer, chers lecteurs, je ne souhaite pas faire totalement disparaître l'humour, le romantisme et la philanthropie qui caractérisent la série.

Je suis autant fan que vous, je vous partage ma vision et j'espère que vous l'apprécierez autant que son écriture.



Aéroport international de Dulles

Washington, D.C.

Jour 1


Cela faisait combien de temps qu'elle n'avait pas voyagé ? Assez pour avoir oublié à quel point la circulation à Washington était capricieuse. Néanmoins, il en fallait plus pour décourager Angela Montenegro, une artiste digne de ce nom n'abandonne jamais. Certainement pas son meilleur ami.

D'un pas pressant, Angela se rejoignit au troupeau agglutiné devant les écrans des arrivées. En panne, bien sûr. Aussitôt, elle se mit à demander aux personnes qu'elle croisait pour en savoir plus sur le vol du Guatemala. Au fur et à mesure, Angela se rapprochait du bureau des renseignements. L'hôte ne broncha pas, les yeux rivés sur son écran malgré la beauté exotique d'Angela, son maquillage léger qui mettait en exergue ses yeux légèrement bridés et les mèches bouclées encadrant son doux visage. Elle n'en démordit pas et insista, ne récoltant qu'un index lui réclamant de la patience. Elle n'avait pas de temps pour acheter de la patience.

Une artiste ne devrait pas se retrouver à court d'idées.


Angela ouvrit son chemisier rose et découvrit son bustier de la même couleur. L'hôte régressa instantanément de l'état de statue à poisson hors de l'eau.

- Ah ! Bonjour ! Le vol pour le Guatemala ?

Une voix traînante et enjouée se fit entendre derrière elle. Elle la reconnut entre mille.

- Et polie avec ça j’espère ?

- Oh ! Mon tout beau ! Bien sûr que j’ai été polie avec lui. Ça fait du bien de te revoir !


Finalement, Thomas Brennan l'avait trouvée en premier. Angela n'hésita pas une seconde, elle le prit dans ses bras, rassurée de voir ce visage digne des plus beaux mannequins malgré sa barbe fournie et ses cheveux raides tombant sur ses yeux bleus rieurs. Il était exténué mais heureux de revoir sa meilleure amie. Une fois le moment tendre passé, Angela railla à son tour.

- Oh ? Fatigué à peine rentré ? Dis-moi ? C’était si dur que ça ou affreusement sous-développé ?

- J’aurais été bien plus en forme si on m’avait accueilli comme tu demandes des renseignements. Mon torse aurait autant fait effet, tu crois ?

- Essaie lors de tes prochaines fouilles, pour être bien accueilli par les autochtones.

- Ç’aurait été difficile où j’étais, enfoncé jusqu’au cou dans une fosse commune. Faire parler les os est une chose, les charmer en est une autre.

- Dit le romantique qui a rapidement plaqué sa copine avant de partir plonger la tête la première dans un charnier…

Angela ne perdait vraiment pas de temps pour se mêler de la vie privée de Brennan. Normalement, il détestait ça mais il appréciait énormément la sensibilité et l'espièglerie de son amie. Peu pouvait supporter Thomas Brennan. Lui, ses référencements et son égo, le tout dans un bel emballage arborant un sourire narquois et ses yeux de renard. Sa présence à ses côtés était un don du ciel mais au fond, elle restait encore cette nomade qui cherchait à rattraper le vent. Il essayait d'être gentil pour qu'elle reste le plus longtemps possible. Il n'avait pas réussi avec un certain agent du FBI, il ne comptait pas refaire la même erreur.

- Tu me reproches de ne pas être assez romantique ou trop rapide pour plonger dans un trou ?

- Jamais je n’oserai dire que tu es rapide dans ces cas-l…


On ne pouvait jamais avoir la paix. Brennan laisse tomber ses sacs et se retourna, ennuyé de constater un homme d'un grand gabarit portant un costard. L'anthropologue était aussi grand que lui mais niveau musculature et surcharge pondérale, il ne pouvait pas rivaliser.

- Pourquoi vous nous suivez depuis mon arrivée, monsieur ?


Ni une, ni deux, l’homme empoigna son bras et Brennan ne se laissa pas faire, frappant uniquement pour faire lâcher prise puis forma une clef de bras pour forcer son agresseur à s’agenouiller. Angela en profitait pour le frapper à l’aide de son sac à main. L’instant d’après, Brennan fut menacé d’un, puis deux, puis quatre gardes armés. Enfin, l’homme à terre déclina sa fonction : agent de la sécurité du territoire.

C’est maintenant qu’il le dit ?

Brennan leva les mains, lassé et demanda aux gardes de baisser leurs armes, prêt à coopérer malgré le malentendu souligné par Angela. Ils consentirent à baisser leurs armes prudemment. Enfin libre, l’agent en charge de ces hommes hurla après eux qu’ils n'avaient pas à obéir à un civil.

- Donnez-moi votre sac… indiqua l'agent du doigt, fulminant.

- Rien que ça ? Il fallait le dire tout de suite…

Brennan lui tendit son sac, l’agent de la sécurité du territoire l’ouvrit, nez à nez avec un crane momifié. Dans un petit sursaut, l'homme autoritaire laissa tomber le sac.

- Bouh… nargua Brennan mollement.


Foutu pour foutu, Brennan détestait se justifier auprès des idiots dotés de pouvoir, il se savait dans de beaux draps. Autant conclure avec panache si c'est pour en tirer un sourire rempli de fierté de la part d’Angela.



Bureau de sécurité de l’aéroport

Jour 1


Quelque chose gênait Brennan. Pas que la sécurité des citoyens américains ne devrait pas être une priorité mais l'anthropologue se disait qu'il n'en faisait pas partie. Au moins, cet agent n'avait rien à envier aux autres flics : on l'a bien laissé poireauter sans explications, mais pas assez pour qu'il ne puisse pas se reposer. Dans son état, même la table en acier semblait être assez confortable pour lui. Tout était confortable quand il voulait dormir. Il n'avait pas réussi dans l'avion, son esprit était encore dans la fosse commune. On pouvait dire que ces péripéties réussissaient à oublier peu à peu les visages, les corps, les coups des victimes qu'il avait du identifier. Brennan avait beau voir la mort de manière clinique, ce qu'il apprenait de la vie passée à travers les os réussissait à le hanter tôt ou tard. Donner un nom et rendre le corps aux familles des défunts étaient la seule façon de repousser l'échéance. Un bruit de porte tira le fil de ses pensées jusqu'à le rompre en posant lourdement le crâne découvert dans son sac. Brennan serra les dents pour ne rien dire cette fois, il n'avait plus de patience pour se contrôler en cas de dispute. L'anthropologue voulait que cela se termine le plus rapidement possible.


- Déclinez votre identité, ordonna l'agent de la sécurité.

Il était plus calme. C'était déjà ça.

- Je suis le docteur Thomas Brennan et j’ai passé deux mois au Guatemala pour identifier les victimes d’un génocide dont cet homme ici présent.

Ou la seule victime qui n'avait pas d'identité, ni personne pour l'identifier et l'enterrer convenablement. Avec le crâne, Brennan comptait utiliser les ressources de l'institut Jefferson afin de déterminer au mieux où il vivait. Il espérait qu'Angela oublie cette histoire rapidement pour faire ça en douce, même si elle en comprendrait les raisons.

- Dans ce genre de situation, les gens normaux ont des sueurs froides.

- Guatemala ? Génocide ? Les gens normaux en parlent à peine alors que c’est mon travail. Comment avoir peur dans ce cas-là ?

- Vous savez qui n’a pas peur de ce genre de choses ?

- Les inadaptés sociaux, répondit la seconde dans une moue de dégoût.

Brennan souffla du nez pour retenir un rire nerveux.

- Hé bien… On me dit souvent que je suis un inadapté social mais pas pour cette raison. Je viens de vous dire que c’était mon travail : je suis anthropologue de l’institut Jefferson et…

- ...qui soit-disant bosse pour le FBI mais qui n’a aucune accréditation pour le prouver.


Sans faire de bruit, l’agent Seeley Mary Booth se glissa dans la pièce. Toujours impeccable, un livre sous le bras, elle attendait sagement avant de signaler sa présence. De ses yeux perçants, elle observait la scène. Pendant ce temps, l’agent de la sécurité du territoire poursuivit ses accusations sans même accorder un regard à la nouvelle arrivée.


- Vous transportiez des restes humains de façon illégale et vous avez agressé un agent de la sécurité du territoire.

Brennan était trop fatigué pour être énervé à cause du manque de politesse élémentaire mais pas assez pour ne pas lui renvoyer la pareille.

- Oh, quel maladroit je fais… Si seulement vous vous étiez identifié avant de me prendre le bras, vous ne vous seriez pas fait ridiculiser par un anthropologue. Et je ne me serais pas fait traité d’inadapté social car je suis le meilleur anthropologue de ce pays...

Brennan tourna la tête vers Booth, davantage tendu par sa présence. A lui faire face, il avait perdu son sourire, ses traits étaient plus durs, ses sourcils froncés. Il ressemblait plus à un survivaliste regrettant son retour à la civilisation.

- ...et dites-moi que vous n’êtes pas là pour en mettre une couche, vous aussi.


L'énerver pour rien n'était pas ce qu'il y avait de plus indiqué dans cette situation mais ça soulageait un peu. Visiblement, sa pique n’eut aucun effet. Professionnelle, bien plus droite et concentrée que dans ses souvenirs, Booth se présenta avec sobriété en tendant son badge.

- FBI, agent spécial Seeley Booth, division enquêtes criminelles à Washington. Bones identifie des corps pour nous, expliqua Booth de sa voix basse et monocorde.

- Ne m’appelez pas «Bones»...et je fais plus que les identifier, insista Brennan, agacé.

Booth posa le livre contre la table et le fit glisser jusqu’à lui pour lui montrer le portrait d’un docteur Brennan bien plus soigné et élégant en quatrième de couverture.

- Il écrit des livres aussi.

L'agent de la sécurité du territoire jeta un coup d’œil au visage de Brennan et le compara à la photo du livre d'un air circonspect. Il sourit en coin en secouant la tête, il était tout aussi impatient qu'eux de conclure cette histoire qui ne menait à rien.

- Bien, je vous le laisse.

Booth se força à sourire un brin pour remercier la patience de l’agent devant lui et souffla des ordres d’une voix glaciale à Brennan.

- Prenez votre crane et allons-y tout de suite.

- Pardon ? Rien de plus ? «Je vous le laisse.» et c’est la fin ? Pourquoi avoir fait tout ce cirque alors ?! s’écria Brennan, s'étant mis debout, scandalisé.

- On s’en fiche, le plus important est que vous soyez libre. Prenez vos affaires, on s’en v…

- C’était un coup monté, c’est ça ? Le FBI vous a ordonné de m’interroger ?

Après un échange de regards entre les deux membres de l'autorité, l’agent de la sécurité tenta de briser la glace en rendant le livre, exagérant à peine sa qualité. Brennan se moquait de savoir si c’était vrai ou non. Booth avait raison. Il était libre. Libre de prendre une douche, de s’enfoncer dans son lit et dans un sommeil bien mérité. Sans cauchemars cette fois.

- On s’en va, siffla Brennan d’un air mauvais tout en enfonçant l’un de ses sacs dans les bras de Booth.


Plusieurs fois, il avait imaginé de possibles retrouvailles entre eux, espérant toujours un dénouement différent. C'était plus fort que lui. Dès qu'il voyait son visage, elle renvoyait un reflet de lui-même qui le rendait nerveux.

Quel narcisse paradoxal il faisait...



Voiture de Booth

Jour 1


Après une dizaine de kilomètres, Brennan se rendit à l'évidence qu'il était toujours en colère. Plutôt que de regarder une succession d'arbres et de béton, il se tourna vers Booth, concentrée sur la route tout en respectant le silence entre eux. L'anthropologue ne se souvenait même plus pourquoi il avait tenté de la séduire lors de leur première enquête. Il sortait avec des femmes bien plus avantagées qu'elle en matière de beauté. Booth ressemblait à une androgyne avec sa mâchoire carrée et ses yeux tombants. Ils restaient très vifs, oscillant de détail en détail sans jamais oublier sa cible.

Ça lui revint à ce moment-là.

C'en était davantage triste de constater qu'elle n'avait pas changé son style vestimentaire. Pas un seul bijou, ni de couleur. Sa veste, sa chemise fendue d'une fine cravate, sa ceinture, son pantalon, ses chaussures et sa poitrine plate formaient une gamme sur un clavier de piano. En comptant aussi ses cheveux châtain foncé, remontés en queue de cheval haute. Leur raideur, sa frange et ses mèches courtes renforçaient son air de poupée insensible. Heureusement brisé par son teint légèrement hâlé. Ses seules touches féminines visible était ses lèvres charnues et rosés ainsi que la présence de fond de teint.

Cela n'était pas étonnant que sa seule présence le rendait nerveux : elle était une pie au milieu des corbeaux du gouvernement. C'était encourageant mais ça ne lui donnait aucune information sur elle. Peut-être voyait-elle la même chose entre lui et les autres scientifiques ? Ou l'oiseau moqueur au milieu des passériformes ?


Pour une pie, Booth n'était pas très bavarde. Ils étaient déjà arrivés au comté d'Arlington qu'elle n'avait pipé mot.

- Je vous pensais plus maline que ça…

- Pardon ?

Elle ne changeait jamais de ton. Cette maîtrise d'elle-même le rendait fou. Et claustrophobe.

- Feindre une remise en liberté après s’être arrangée qu’on m’intercepte. C’était à peine exagéré.

- D’une, je suis venue vous chercher. De deux, votre assistant a tout fait pour faire obstruction.

- Vous en êtes étonnée après notre première affaire ? C’était une erreur, Zack fait en sorte qu’on ne la reproduise plus. Merci d’être passée pour me prendre mais je peux rentrer seul. Vous pouvez me déposer ici.

- Un corps en décomposition a été trouvé dans le cimetière national d’Arlington, nous pourrions…

- Il y a des tas de corps en décomposition dans le cimetière d’Arlington et j’ai déjà donné dans le nombre pendant deux mois. Je peux vous assurer que ces corps sont à l’abri, c’est ce pourquoi les cimetières existent.

- Si je demande votre coopération pour l’identification de ce cadavre, c’est parce qu’il n’était pas à l’abri dans un cercueil.

- Je sais que je suis crevé mais je suis sûr qu’on m’entendra hurler à l’aide si je baisse la vitre.

Booth réussit à sourire entre nervosité et amusement à imaginer Brennan hurler au secours. Ce dernier semblait plus détendu à constater une forme d'émotion sur son visage.

- J’essaie de reprendre notre relation sur de nouvelles bases saines, rien de plus, rassura-t-elle, d'une voix un peu plus douce.

- Une autre fois peut-être, garez-vous. Vite.


Si seulement il n'était pas aussi éreinté. Si seulement elle n'avait pas menti. Si seulement il pouvait faire confiance.

Il serait resté volontiers dans la voiture.


Et ainsi fût-il. Dans un crissement de pneu, Booth gara sa voiture, ennuyée par l’obstination de Brennan. Ce dernier était heureux de n'avoir qu'un seul sac afin de sortir le plus rapidement possible de la voiture. Il avait laissé l'autre au bon soin d'Angela après lui avoir assuré qu'il n'y avait pas d'ossements dedans. Il partit en claquant la portière et entendit le même bruit derrière. Elle ne savait pas quand laisser tomber. Admirable mais il n'avait plus l'énergie pour l'applaudir.

- Je rentre chez moi, lâcha Brennan.

- Très bien.

- Parfait !

- Écoutez, plus rapidement nous passerons à autre chose, plus rapidement nous pourrons collaborer sainement, expliqua Booth en tentant de rejoindre Brennan.

- Mais quelle condescendance…

- Dit-il alors qu’il doit toujours rappeler qu’il est titulaire d’un doctorat toutes les cinq minutes. Vous pensez que les gens autour de vous sont des poissons rouges ?

- Non seulement vos amis de la sécurité du territoire vous ont prouvé qu’effectivement, je dois le rappeler toutes les cinq minutes mais oui, vous avez raison. Des deux, je suis le titulaire d’un doctorat en anthropologie.

- Et je suis celle qui est dotée d’une plaque et d’une arme. Pensez-vous être unique à ce point ? Être le seul anthropologue dans le coin ?

Brennan était en partie ravi d'entendre un soupçon de passion dans sa voix mais aussi piqué à vif par cette dernière remarque. Il fit face à Booth et tenta de garder sa contenance en lui offrant un sourire narquois. La jeune femme s’arrêta net, gardant une distance de sécurité entre eux, le toisant, prudente.

- Je ne suis pas stupide, bien sûr que je ne suis pas le seul anthropologue dans le secteur mais je suis le meilleur du pays.Vous voulez quelqu’un qui possède presque mon niveau d’expertise ? Le plus proche est à Montréal. En cette saison, le Québec est magnifique*. Tentez votre chance avec lui et pariez sur le temps que vous allez mettre à comprendre qu'un autre anthropologue ne sera jamais aussi efficace en terme de rapidité et de qualité que moi.

* la phrase est dite en français


Brennan s'approcha d'un pas, Booth recula de même, le regardant dans les yeux.

- Je suis le seul à pouvoir suivre votre rythme. Et vous le savez, dit-il d'un ton sombre.

- Alors dites-moi précisément ce que vous attendez de moi, exigea-t-elle en contractant sa mâchoire.

Le sourire de Brennan s’effaça, Booth avait réveillé son intérêt et son sérieux.

- Pleine collaboration à l’enquête.

- Très bien.

- Pas qu’au labo mais aussi sur le terrain. Je serai votre Scully et vous serez mon Mulder.

- Je n’ai compris que la première partie.

- C’est amplement suffisant.

- Alors, remontez dans la voiture.


Brennan sourit légèrement, les yeux rieurs, un peu plus joyeux. Tous deux avaient réussi à libérer une bonne partie de la tension coincée entre eux. Place au travail.



Cimetière national d’Arlington

Crépuscule 1


Le temps. Personne n'en disposait assez ce jour-là. En catastrophe dans une possible enquête, Brennan en avait encore moins. Au moins, les bases du travail dans le domaine des enquêtes criminelles n'avaient pas quitté le cerveau de l'anthropologue. Il pressa le pas rapidement à travers le cimetière, vite rattrapé par Booth qui le conduisit sur les lieux où le cadavre a été trouvé.

- Contexte de la découverte ?

- Durant des travaux d’entretien, les ouvriers ont fait baisser le niveau de l’eau et l’un d’entre eux pense avoir vu quelque chose.


Ils se dirigeaient vers l'étang où se garait le fourgon de l'institut. Une fois à l'arrêt, un homme en sortit et Brennan sourit. Il reconnaîtrait cette tignasse entre mille.

Zack Addy, jeune pousse prometteuse et fidèle assistant sourit dès qu’il entendit la voix de son mentor.

- Bien le bonjour, Zack.

- Sympa votre look d’éco-guerrier !

Brennan sourit chaleureusement, touché par le compliment. Il savait qu'il n'allait pas pouvoir profiter de leurs retrouvailles. Il opta pour la concision.

- Merci.

- Ça fait baroudeur dans l’action.

- Je n’ai pas à vous présenter, je pense, ironisa Brennan.

- Oh que non… siffla Booth froidement.

Brennan fut content de son effet, même s'il ne comprenait pas très bien pourquoi elle ne faisait aucun effort pour mieux s'entendre avec son bras droit. A moins qu'à lui seul, il consommait toute sa patience. Il osa l'espérer, qu'elle s'approche de ce qu'il endurait.

- Et le Guatemala ? Vous avez déterré beaucoup de victimes ? Vous en savez plus sur les coups de machette ?

- Zack, on se concentre : j’ai besoin d’échantillons d’eau et des relevés de température de l’étang.

- Tout de suite, docteur Brennan.


Une fois Zack parti, Booth prit la parole, amère :

- Ce gamin n’a aucune retenue. Des coups de machette ? C’est bien une fouine ça…

- Quand vous êtes coincés dans une affaire, vous avez besoin des «fouines» comme vous dites. Des gens au QI élevé qui font attention aux détails comme des coups de machette ou des relevés sur le terrain pour en tirer des informations et donc des conclusions, répliqua-t-il en laissant tomber lourdement son sac dans les bras de Booth.

Booth serra doucement le sac en roulant des yeux.

- On va s’en tenir là.


Sans perdre davantage de temps, l'agent du FBI ouvrit la portière du SUV de l'institut en faisant signe à un de ses hommes. Elle donna ses ordres et alla vers la berge pour vérifier que l'équipement sur le bateau fonctionnait bien. Elle fit embarquer Brennan pour rejoindre le milieu de l'étang sans dire un mot. Une fois arrivés, Booth plongea l'endoscope sous-marin petit à petit.

- Encore quelques secondes. Vous verrez ce pourquoi je vous ai fait venir.

- Fouiner en profondeur, en somme.

- Vous verrez bien avec cet écran ?

- Ne vous inquiétez pas, c’est comme de la pornographie. Même avec une image de mauvaise qualité, on sait ce qu’on est supposé regarder dès qu’on le verra, rassura Brennan à moitié sérieux.

Quelques secondes plus tard, un corps lesté est visible à l’écran en noir et blanc. Brennan se pencha légèrement vers l'écran, examinant chaque os visible de ses yeux alertes.

- Voilà la victime, dit Booth sobrement.

- Je vois pourquoi vous m’avez trouvé… marmonne Brennan d’un air grave.

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