When in Rome

Chapitre 31 Le secret de Maya

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Maya Spike, t'es là ?

Maya Pourquoi tu réponds pas ? J'ai écrit ce matin…

...

Maya Tu fais la tête depuis trois jours ? Ok

Maya Bon, ayé là, combien de jours tu vas bouder encore ?

...

Maya Wouah, une semaine ! Ce serait pourtant bien que tu viennes avant mercredi prochain. J'ai un truc à te parler

Maya PS : Un truc que je peux pas dire aux parents

Maya Pff, t'es même pas curieux ? Allez quoi… Et puis j'ai une nouvelle combi super (je me doute que tu t'en fous bien). Mais même si c'est merde, dis quelque chose que je sache si t'es mort ou pas…

Maya Nan, parce qu'après on sera en Allemagne et j'ai pas la nouvelle adresse…

...

Maya Tu m'aimes plus ?

Maya Ah, non j'ai réfléchi depuis hier. Je sais : tu t'es re-fâché avec Maman ? Je dis ça parce qu'elle est bizarre depuis qu'on est arrivés

Maya Genre VRAIMENT bizarre

Maya Bon, j'ai compris, je te laisse tranquille. On doit aller à l'aéroport. Nous autres pauvres mortels, on prend les transports en commun… Mais si tu veux, je te dis quand on est arrivés ? Ce sera plutôt ce soir

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 15 août 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : Le rock du bagne

Ma petite Maya,

A part ton futur Observateur, je plains aussi ton futur petit-ami. T'as l'intention de le harceler comme ça, sans le laisser respirer ? Mh, non je retire, on va encore dire que je te dévoie… Enfin je veux dire, un homme, ça a besoin d'espace… Et je ne dis pas ça parce que je suis en ce moment en orbite autour de la Terre…

Je n'ai pas tellement envie de me justifier… mais je ne t'ai pas répondu parce que j'étais bouclé dans les geôles de l'École de Rome et qu'ils m'avaient pris mon communicateur. J'ai attendu une plombe que « papi Rupert » daigne s'aviser de m'en faire sortir. Puis, il n'avait plus de batterie et le chargeur était dans L'Insectoïde. Imagine pour les contacter comme ç'a été pratique…

J'imagine que vous êtes arrivés et installés depuis le temps, où que vous soyez exactement… Si c'est encore d'actualité, je réfute tes suppositions. Je suis extrêmement curieux de savoir ce que tu caches à tes parents mais que tu aurais envie de me dire à moi…

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 18 août 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : Azkaban de touche

Cher Spike,

Cool, t'es pas mort !

Bah, ouais on est arrivés il y a trois jours. Le vol en avion, c'était pas si long en théorie, une heure et demie… Mais déjà y aller à l'aéroport en se levant à une heure indue, les machins administratifs d'embarquement, l'attente, le vol, puis rebelotte à l'arrivée où il a fallu attendre des plombes (je sais pas d'où ça vient comme expression, mais c'est marrant) pour la douane à Hambourg (ah oui, on est à Hambourg finalement, c'était pas exactement ce qui était prévu mais je m'en fiche vu que je parle pas plus le norvégien que l'allemand…).

Et puis quand c'est fini, pareil : trouver un taxi, prononcer l'adresse… :-D Coco, tu sais pas la chance que t'as d'avoir ton jet privé…

Ce que je voulais te parler, c'est pas un truc que je peux dire dans une lettre, ni par communicateur. Comment tu dirais ? C'est « un peu personnel ». Peut-être que j'aurais pu essayer avec Angel s'il était là. Mais il est pas là. C'est con parce qu'il écoute bien et fait pas la morale. On verra la prochaine fois que tu viens. Par exemple, demain ou Halloween ? Mais j'aime mieux demain parce qu'Halloween, c'est dans presque trois mois.

Maya

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 20 août 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : Agenda

Impayable Maya,

Tu as une façon bien à toi d'organiser mon emploi du temps comme ça t'arrange… L'argent, tu sais, moi je ne peux plus attendre qu'il tombe de la poche de mon paternel. Bon j'ai jamais pu compter sur lui pour ça, mais tu vois ce que je veux dire. Faut que je travaille. Un peu. J'ai fait pas mal de dépenses le mois dernier en fringues, bijoux et moto.

Si tu ne veux pas dire ce qui te tracasse par écrit, et bien je suppose que ça attendra. Par contre, personne ne t'a jamais dit qu'Halloween est le pire jour de l'année pour les Tueuses ? Tous les démons peuvent sortir se balader comme ils veulent. Ça fait un paquet de boulot pour toi et tes petites copines et en général, vous n'êtes pas libres ce soir-là…

Tu devrais envisager d'en parler à tes parents si c'est important. Ils sont cools avec toi.

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 20 août 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : RE : Agenda

Gros malin,

Si je vais les voir pour leur en parler, ils sauront que j'ai désobéi ! Mon casier n'est pas vierge au niveau de faire le mur. Avec une récidive (au moins ils croiront que c'est la seule), je vais en prendre pour un an ferme… Ils me laisseront plus sortir avant ma majorité.

Maya, déçue

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 21 août 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : RE : RE : RE : Agenda

Chouquette,

Dans le temps, les Tueuses mourraient à leur majorité, si ça n'était pas déjà arrivé avant, bien sûr. Leur Observateur les trahissait, en leur donnant un truc qui supprimait leurs pouvoirs, elles étaient enfermées avec un vampire et on leur demandait de survivre. Sans super force, sans capacité de régénération… Elles ne s'en sortaient jamais.

Relativise.

Spike

…

De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 21 août 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : Nul !

MER-DE. Vous faites toujours toujours, toujours, ça. C'est carrément chiant. Dès que je veux dire un truc important, vous avez toujours un machin pire à me sortir du chapeau. Champions pour me faire sentir que mes petits problèmes de gamine surprotégée, c'est de la gnognote… Résultat, je suis toujours toute seule avec. Vous ne me servez à rien !

Maya

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 21 août 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : RE : Nul !

Maya,

Wao. Tu dois bien avoir les nerfs pour me vouvoyer. Ou bien me mettre dans le même panier que tes-parents-les-adultes… Allez, vas-y raconte.

Le temps que tu me répondes, je vais me prendre une douche car je suis couvert de viscères de démon Gnarl. J'aime pas ces sales bêtes, ils sont répugnants. Et c'est un suceur de sang qui te le dit, alors ça laisse une idée de l'ampleur du dégoût… D'ailleurs, puisqu'on en parle, ils ne sont même pas bons à manger. Rien à sauver chez ces trucs.

Spike

…

De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 21 août 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : RE : RE : Nul !

J'ai fait le mur pour aller à une fête privée avec trois anciens potes de mon lycée. Là, on s'est séparés et un beau mec plus âgé m'a draguée en dansant. On s'est embrassés, puis il a dit qu'il sortirait bien se manger un petit truc avant de rentrer.

Le petit truc, c'était moi.

J'ai tué mon premier vampire. Comme tu vois, rien de bien important.

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Peu sûrs d'être au bon endroit, le duo resta sur place un instant en regardant la volée de marches qui menait jusqu'à la porte d'entrée. Toutes les maisons de ce quartier résidentiel étaient mitoyennes, ce qui ne changeait pas beaucoup du Royaume-Uni…

Spike siffla entre ses dents en contemplant la rue, son enfilade impeccable des maisons majoritairement blanches, nichées au milieu d'une verdure très apprivoisée composée d'arbres entretenus et de buissons divers. Pendant ce temps, Pietro regardait son bout de papier une seconde fois.

— Putain mais la vache ! Regarde-moi ça ! Il se refuse rien ton sugar daddy. Là, il commence à m'impressionner. Déjà la baraque à Rome, c'était vraiment quelque chose, mais franchement il mollit pas sur le créneau de l'immobilier, hein… T'es sûr que c'est là ? File-moi ton truc.

— Cretino ! Siamo innamorati.*

Spike gloussa en voyant le regard outré et vexé du jeune homme.

— J'ai l'impression que t'aimes pas que je te taquine… En tous cas, quand j'en aurai marre de vivre dans des cryptes, des caves et des taudis glauques, je sais à quelle porte venir frapper… Alors, fais-voir, je lis mieux la nuit, bla bla bla Harvestehude Eppendorf, Oberstraße… Bah oui, c'est là on dirait.

Pietro haussa les épaules en l'ignorant et alla frapper à la belle porte foncée qui ressortait bien sur tout le blanc. Comme ce fut Maya qui ouvrit, les visiteurs surent donc qu'ils ne s'étaient pas trompés. L'un comme l'autre ne s'autorisèrent plus d'autre commentaire sur l'architecture. La jeune fille se permit un petit sourire avant de crier en se retournant :

— Papa ! T'as de la visite !

S'effaçant pour laisser passer la « visite » de son père, elle sortit en dévalant les marches pour venir écrabouiller les côtes de l'autre homme qui était resté en arrière. Elle souriait de plaisir.

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A l'intérieur, Dawn avait quitté la table de la salle à manger où elle finissait de dîner et était allée serrer aussitôt le nouveau venu dans ses bras, avec emportement et un peu trop d'enthousiasme pour embrasser ses joues roses et bronzées – chose qu'il souffrait sans déplaisir.

— Pietro, tu es venu ! Je suis si heureuse !

Venu des profondeurs de la cuisine, Andrew en tablier s'essuya les mains dans un torchon mouillé tout en s'approchant.

— Hey, mais c'est mon texte ça ! protesta-t-il en dégageant Dawn pour enlacer le jeune Italien frigorifié en raison du choc thermique. Quelle belle surprise… Tu aurais dû nous prévenir, on serait venus te chercher à l'aéroport…

Les deux hommes se donnèrent l'accolade tout à fait sagement mais dans leurs yeux une vraie joie pétillait. Ils se séparèrent et ne se donnèrent pas la main. Andrew était moins démonstratif d'une part et ne voulait pas que Dawn se sente encore plus malheureuse s'il étalait son bonheur.

— Non sono venuto in aereo ma con lui… ** dit le seul brun de l'assistance, avec geste du pouce qui pointait dans son dos.

Au dehors, Spike qui fumait les salua de deux doigts. Maya le tirait par la manche pour le mettre en mouvement et n'y parvenait guère – ce qui était énervant pour elle.

— Viens, s'il te plaît, tu as bien cinq minutes... Pourquoi t'as ressorti ta peau de buffle ?

— C'est mon uniforme de travail… Si je ne le mets pas, les démons ne me reconnaissent pas, plaisanta-t-il à moitié.

— Ah oui, c'est vrai, j'ai oublié, « je t'invite à entrer », dit-elle avec amusement.

Il éjecta son mégot d'un mouvement négligent du pouce et de l'index après en avoir tiré une ultime bouffée.

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Même le seuil franchi, Spike resta près de la porte, hésitant à avancer comme en terrain conquis, alors que le terrain était seulement coquet. Il y avait de grandes fenêtres et un beau parquet clair à larges lattes au sol. La déco était aussi inspirante et personnelle que celle d'un catalogue Ikea mais il ne doutait pas qu'Andrew finisse par y mettre son grain de sel. Il vint lui serrer brièvement la main et embrassa la joue de Dawn tout aussi vite.

Elle n'avait pas l'air en forme. Les traits tirés, elle semblait avoir vieilli de cinq ou six ans d'un coup. Il s'abstint de montrer son inquiétude ou sa curiosité et expliqua plutôt les raisons de sa présence face à trois paires d'yeux fortement interrogatives.

— Bah, je l'ai trouvé, avec sa tête de cocker triste. Il ne faisait strictement rien d'intéressant de son vendredi soir. Comme c'était sur mon chemin de toute façon, je lui ai proposé de faire son baptême de l'espace. Il n'a presque pas vomi… Je repasserai le prendre dimanche soir, si ça vous va.

— Mais… comment ça se fait que lui il va dans L'Insectoïde et que moi j'ai pas le droit ? s'indigna Maya.

Spike sourit en coin avec un rien d'ironie.

— Mais ça se fait que Pietro est devenu mon meilleur pote ! J'habite chez lui entre deux jobs. Comme on n'a pas du tout les mêmes horaires, ça se passe nickel… Bon, c'est pas tout ça, faut que j'y aille. Je vous laisse à vos retrouvailles.

— Déjà ? s'étonna Andrew.

— Ouais, je suis mal garé en double file… dit-il pince-sans-rire. Je resterai un peu plus longtemps au retour, quand j'aurai fini en Laponie. Ce sera l'occasion de discuter un peu avec toi, mademoiselle, dit-il en regardant Maya très directement. Salut la compagnie et à plus !

Accompagné de diverses stupéfactions muettes, il ressortit en refermant sans bruit derrière lui, luttant pour conserver un pas égal.

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La maison était très chic et impressionnante, certes, mais toute autre maison aurait été fade à ses yeux maintenant, puisqu'elle n'était pas celle de Rome.

Quand il s'y trouvait, il faisait un crochet pour passer devant, avant de regagner le petit appartement de Pietro. Il n'était même pas sûr que Giles y habite. A ce qu'on savait, il n'avait pas de copine, alors le lieu aurait pu être un peu grand pour une personne seule.

Tandis qu'il ne fuyait absolument pas, le long de la rue où ployaient les grands arbres faisant comme une arche végétale, les pans lustrés de son long manteau noir lui battaient les mollets. C'était une sensation familière qu'il trouvait plaisante parce qu'elle lui avait manqué.

Cela ne s'était pas trop mal passé finalement.

Il pourrait refaire ce genre de chose. Venir régulièrement une petite heure. Ainsi, il resterait dans la vie des Wells qui le verraient sans doute même plus souvent qu'Angel ou Willow. On ne pourrait pas lui reprocher de vouloir échapper à ses responsabilités auprès de Maya ou d'ignorer cette famille. Il serait là. Juste assez fréquemment pour que l'on n'ait pas besoin de l'attendre. Toutes les cinq semaines ? Six semaines ? Il serait là en ami fréquent...

...et ferait ce qu'il fallait pour flanquer un putain de couvercle sur le trou qu'il avait dans la poitrine. C'était un grand garçon après tout. Et il y avait d'autres poissons dans l'océan.

Elle était ton océan.

— Mais je t'emmerde, foutu poète de mes deux ! Elle n'a pas eu le courage de le devenir.

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Notes

* Connard, on est amoureux.

Avec le terme « sugar daddy », Spike sous-entend qu'Andrew, dans le rôle de l'homme plus mûr, paye le jeune homme en échange de sa compagnie et de faveurs sexuelles.

** Je ne suis pas venu en avion, mais avec lui.

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Attention, je n'ai pas eu de validation de l'italien cette fois-ci.