When in Rome

Chapitre 72 : Un sentiment d'inachevé

3485 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/04/2023 21:23

Chapitre 72 Un sentiment d'inachevé

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Goodbye to you, Goodbye to everything I thought I knew

You were the one I love, The one thing that I tried to hold on to (Michelle Branch)*


A l'extérieur de la chambre de Dawn, Thisbé se tenait les genoux dans les bras, assise à même le linoléum froid dans le couloir de l'hôpital. Le dos rond, elle patientait en gardant jalousement serré contre son flanc le sac qui contenait toutes ses possessions. Des infirmières allaient et venaient en faisant la moue quand elles la voyaient ainsi, mais la petite n'en avait cure. Elle restait silencieuse car elle essayait d'écouter en vain ce que l'homme aux cheveux blancs tous fous et la jeune madame Spike se disaient de l'autre côté du mur. Elle craignait qu'elle ne subisse une forme de punition car tout le monde avait eu l'air consterné et mécontent, après la bataille contre le monstre qui venait de l'Enfer.

Le vampire était à côté d'elle, adossé au même mur. Lui aussi aurait bien aimé pouvoir écouter plus en détail la conversation à l'intérieur, et dont il n'avait que quelques bribes quand Dawn élevait la voix. La gamine par terre ne disait toujours rien mais il entendait son cœur battre un peu plus vite.

Il n'avait pas la moindre idée de la façon dont il pouvait lui dire au revoir. Ni Buffy, ni lui n'avaient jamais semblé comprendre le sens du mot « adieu ». Canaan lui avait dit que c'était parce qu'il avait un profond « sentiment d'inachevé » concernant leur relation. Cette blague ! Qu'est-ce qu'il pouvait bien foutre d'une info pareille maintenant ? Il ne l'avait pas bien pris. Il avait l'impression que le psy lui disait qu'il n'avait pas tourné la page et qu'il n'était pas sincère envers Dawn, et qu'il allait la laisser tomber. Buffy et lui avaient eu des dizaines d'occasions de se remettre ensemble pendant les années qui avaient suivi. Cela ne s'était pas produit. Ça voulait bien dire quelque chose ? Qu'aucun des deux ne le voulait assez. En tous cas, qu'elle ne le voulait pas. Spike doutait largement de ses propres capacités à la repousser vertueusement si elle avait voulu le reprendre. Il le savait depuis longtemps, par amour il était capable de faire n'importe quoi. Sur une simple promesse, il aurait pu revenir en rampant, toute honte bue. Mais Buffy n'était plus. A la place, il n'y avait que cette mioche aux yeux graves et aux rêves hantés mais qui n'aurait heureusement aucun destin trop lourd à porter.

L'embarras qu'il éprouvait lui portait sur les nerfs car il ne voyait pourquoi ça aurait dû être compliqué. C'est surtout l'idée urticante qu'Angel pourrait se douter de quelque chose et lui remettre le grappin dessus à la première occasion. Il y avait toujours une petite chance que Faith lui casse la tête s'il faisait ça et c'était son seul réconfort. Mais pour l'heure, il suffisait de dire : Salut petite, j'espère que ça va bien se passer pour toi, ou un autre truc de base. Mais au lieu de ça, il dit quelque chose de bien moins basique que prévu :

— Je suis content que tu voies un peu ce que c'est que la vraie vie.

Pour vérifier s'il ne se moquait pas d'elle, elle leva la tête pour le considérer.

— Pourquoi tu penses que je ne la connais pas ?

— Je veux dire… Une vie plus tranquille qu'ici, et moins atroce que là d'où tu viens.

— Eh bah, ce sera pas difficile ! commenta-t-elle en roulant des yeux avant de reloger son menton sur ses genoux osseux.

Il n'aimait guère la voir ainsi, dans cette position humble et auto-protectrice, cherchant auprès d'elle-même la sécurité et le réconfort qui lui faisaient défaut et que personne – à part Angel et Faith (!) – n'était disposé à lui accorder. Et même pas toi.

— Giles va te donner des papiers d'identité.

Il se maudit intérieurement d'être aussi pitoyable. Pourquoi parler pour ne rien dire ?

— Je suis au courant. Est-ce que tu sais si je peux choisir un autre nom, tant qu'on y est ? Tu as dit que le mien ne te plaisait pas, comme moi je n'en veux plus non plus... c'était peut-être l'occasion. Qu'est-ce que tu trouves beau comme nom ?

— Peut-être que tu aurais mieux fait d'en discuter avec Giles avant ?

— Avant quand ? Il vient de m'en parler…

Spike inclina la tête face au regard noir de la petite, concédant ainsi qu'elle marquait le point.

— Un nom, c'est juste un nom. Fais-toi appeler comme tu veux par les gens qui comptent pour toi.

Elle commença à ronger une petite peau autour de son ongle de pouce, puis avec un faux détachement perceptible, elle lança :

— Est-ce que tu aimes le nom… « Buffy » ? Tu le trouves beau ?

— Oh, ne fais pas ça ! soupira-t-il en grimaçant.

— Je demande, c'est tout… se rebiffa-t-elle. Si c'est non, c'est tant mieux ! Parce que moi, je ne l'aime pas !

— Sérieusement ?

— Des fois, tu as vraiment des questions connes. Oui « sérieusement » ! C'était une sale garce.

— Dis donc, tes traducteurs progressent…

— J'ai dit qu'elle était dans mes cauchemars, mais je n'ai pas dit ce qu'il y avait dedans. Les choses horribles qu'il y avait… entre vous.

Sans mot dire, Spike détourna le regard dans la direction opposée. Entre vous ? Oh bordel de merde ! Elle ne voyait pas seulement la dureté de la mission de Tueuse ?

— C'est ignoble, c'est écœurant, et je ne le supporterai plus très longtemps. Je voudrais seulement ne plus voir cela et que ça sorte enfin de ma tête. Tu comprends ?

Il acquiesça. Si elle n'avait que des images et rien des circonstances autour, il n'y avait aucune chance qu'elle puisse réagir autrement.

— Alors écoute, à propos de ça, j'ai réfléchi et…

Il hésita, cherchant la meilleure formulation qui aurait un tant soit peu de tact.

— …et quoi ? ça t'a collé une migraine ? proposa-t-elle avec impertinence.

Il ignora le petit coup de griffe mais plissa les yeux.

— …et, justement je me dis que c'est peut-être de ma faute si ça t'arrive. On n'est pas de la même espèce. Si les traducteurs nous connectent sans faire le boulot correctement, à la longue, peut-être que ça flingue le cerveau ? Je sais de quoi je parle, j'ai déjà connu ça. Moi je dis que si on les retire et qu'on les détruit, tu devrais enfin pouvoir dormir.

— Non mais attends, après je ne vais plus rien comprendre du tout ! s'alarma-t-elle en redevenant sérieuse.

— Ouais, mais bon, t'es pas débile, tu peux apprendre au moins une langue d'ici.

— Au bout de combien de temps aussi ! Et l'écriture ? Et la lecture ? ça va me prendre des années !

— Et alors ? Tu avais d'autres trucs urgents à faire ?

Pas plus urgent que bouder.

Sans les traducteurs, son seul lien avec lui disparaîtrait alors en fumée, et elle se sentirait plus seule que jamais. Savoir qu'il était là vivant quelque part dans ce monde n'était pas suffisant. Elle n'était pas prête l'idée qu'il ne soit plus jamais là, proche de son esprit, alors qu'elle n'était venue que pour lui. Elle comprenait qu'il ne l'aimerait jamais car il y avait madame Spike dans son cœur… Mais quel mal cela faisait-il si lui était dans le sien, et qu'elle ne le disait à personne ? Elle ne voulait pas être pesante, elle ne voulait rien demander, juste avoir la chance de voir encore celui qui ne l'avait pas laissée mourir, celui qui l'avait aidée alors que rien ne l'y obligeait… Qu'allait-elle faire, noyée dans une marée de sons incohérents alors que sa proximité était la seule qui pouvait l'aider à appréhender un avenir ici ?

— Ecoute-moi petite, au lieu de te braquer. Nos traducteurs appariés nous permettent de mieux communiquer quand on est ensemble, correct ?

Elle attendit, toujours contre cette idée abominable.

— Mais est-ce que tu sais comment ça marche en vrai ? Est-ce que c'est pas parce que ces machins lisent et manipulent nos ondes mentales ? Et si oui, est-ce que ce ne serait pas moi qui t'envoie ces rêves sans le vouloir, justement quand je suis dans les parages ?

Cette fois, Thisbé fronça les sourcils.

— Je ne sais pas trop, admit-elle avec réticence. Des rêves, j'en fait tout le temps et t'es pas souvent là.

Ne pas le considérer comme un reproche. Ne pas le considérer comme un reproche…

— Est-ce que tes cauchemars n'ont pas commencé le jour même où les bidules ont été greffés ?

Elle n'osa pas répondre. Il parlait sincèrement et elle sentait qu'il pouvait avoir raison. Cela avait commencé dans le vaisseau qui les emmenait sur Terre, moins de deux heures après leur pose…

— Peut-être mais, si jamais c'était vrai, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi moi je verrais des trucs de ton passé que tu m'envoies, mais toi tu ne verrais pas des trucs du mien ? De quand j'étais petite ?

— Peut-être que ça aurait dû mais que c'est pété pour une raison x ou y ? temporisa-t-il. On peut faire un test si tu veux, proposa-t-il en le regrettant déjà.

— Un test de quoi ?

— De fonctionnement des germes traducteurs… Pour voir si c'est possible que tu voies des images de mon passé. Au lieu de le subir, on va le provoquer. Je vais sélectionner un de mes souvenirs importants et je vais y penser pendant une minute. Et après, tu me dis si tu as vu quelque chose. Prête ?

Elle accepta mais il voyait bien qu'elle était plus nerveuse que curieuse. Elle essuya ses mains moites sur son collant.

— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas penser à quelque chose de méchant. Allez, on commence.

Il ferma les yeux pour penser à la gentillesse de sa mère lorsqu'il était enfant, à l'époque où il était un imbécile heureux et insouciant. A sa main gracile qui parcourait ses cheveux bouclés, à son parfum de poudre de riz, ses rubans qui lui chatouillaient le nez quand elle rajustait sa tenue avant de sortir…

— Quelque chose ? demanda-t-il au bout d'un moment.

Elle répondit par la négative.

— Ok, alors un souvenir moins ancien.

Paupières toujours closes, il repensa au chocolat chaud crémeux de Joyce, avec ses petits marshmallows qui flottaient sur la mousse épaisse. Le regard préoccupé et compatissant dont elle le gratifiait quand il s'épanchait bêtement sur la façon dont Drusilla se fichait bien de lui…

— C'est toujours quelque chose de sympa, tu vois ou sens un truc ?

— Non, rien de rien. Tu le fais vraiment le test, hein ?

— Je le fais. Encore un. Toujours quelque chose de doux et agréable.

Il se baigna dans le souvenir de son premier vrai baiser d'amour avec Dawn dans le cinéma où ils n'étaient pas allés voir Evil Dead… La sensation de sa bouche sur la sienne, ses mains timides posées sur lui, son parfum exacerbé par ses émotions et par le désir qui lui tournait la tête…

— Alors ? questionna-t-il.

— Toujours pas. Tu jures que tu fais le test ?

— Je le jure.

— A quoi t'as pensé ? questionna-t-elle d'un ton soupçonneux.

— A un après-midi que j'ai passé avec ma mère quand j'étais enfant. A la boisson que je buvais quand j'avais besoin d'être réconforté et écouté par une dame très gentille et vraiment patiente avec moi. A mon premier rendez-vous au cinéma avec ma femme. Que des trucs bien.

— Okay, opina-t-elle, alors ça ne marche pas toujours. Ou alors… c'est parce que tu ne fais pas le truc avec les yeux. Tu as fermé les yeux tout le temps, et si ça faisait une différence ?

— Je ne vois pas pourquoi. Les ondes mentales, c'est pas…

— Essaie quand même !

Il sourit en coin en se demandant si elle n'avait pas envie de prouver qu'elle avait raison à toute fin. Sans transition ni hésitation, il captura son regard et repensa à ce moment où Buffy était tellement dépressive qu'il en souffrait lui-même. Il l'avait invitée à sortir le rejoindre pour passer la nuit dans son monde : bars, poker-chatons, alcool. Au bout d'un temps assez court, la Tueuse n'arrêtait pas de répéter qu'elle ne lui parlait plus parce qu'il était saoul ! Archi faux mais elle, par contre, elle ne tenait pas l'alcool et elle était… adorable. Un magnifique souvenir qui surnageait au milieu d'un marécage…

Thisbé sembla se troubler et rosit soudainement.

— Quoi ? T'as vu quelque chose ?

— Je me suis sentie toute bizarre, un peu bête, mais aussi malade… Je ne sais pas qualifier... Recommence. Fais-en un autre.

Il réfléchit. Quel autre souvenir pouvait-il avoir qui mérite d'être transmis et de survivre en quelqu'un d'autre, lorsqu'il ne serait plus que cendres ? La réponse vint d'elle-même avec une force presque désespérée. En lui, se mettait à gonfler l'envie folle et impérieuse de lui faire savoir par ce moyen quel était son plus beau moment de leur relation... Thisbé avait dit qu'elle l'aimait. Sur l'instant, il n'avait pu s'empêcher d'en être fier comme un paon. Mais ramener les choses sur ce terrain était un jeu qu'il ne voulait pas jouer… Elle était si jeune et se trompait tellement sur son compte ! Finir par être apprécié un peu, avec le temps, d'accord. Mais idolâtré par une petite inconsciente qui n'avait pas la moindre idée du genre de type qu'il était vraiment ?

Involontairement, il clôt ses paupières pour masquer son trouble. Pour mille et une raisons, ce souvenir-là était inapproprié. Mais elle le reprit en tirant sur sa jambe de jean.

— Non, non, ferme pas, ça ne va pas marcher !

Et puis merde ! Tant pis, elle l'aurait voulu.

En plantant ses pupilles dans les siennes, il repensa à la nuit où il avait veillé son sommeil. Il s'était retrouvé avec elle dans la chambre d'une maison laissée à l'abandon par ses propriétaires enfuis. Abattue, saturée d'une peine immense et de désillusion, elle restait debout, avec la conscience qu'il lui fallait dormir car elle était épuisée. Quand il s'était retiré pour la laisser se reposer, elle avait demandé, s'il pouvait rester là, d'un air de cocker triste qui craignait le refus. Mais là, là. Avec elle, sur ce lit. Incrédule, il avait accepté sans réfléchir. Avec des gestes hésitants et tellement prudents, ils s'étaient installés à demi-assis, fringues et chaussures toujours bien en place, et dans le même mouvement, elle s'était fait une place contre son flanc. Il avait enlacé comme il pouvait sa forme recroquevillée, cherchant comment la tenir sans la faire fuir et comment il se pouvait qu'elle le traite comme le seul refuge qui lui restait – malgré tout ce qu'il était, et tout ce qu'il lui avait fait subir… Zéro sexe et meilleure nuit de sa vie, de sa non-vie aussi, en tous cas à l'époque... Il l'avait juste écoutée respirer lentement et s'endormir en confiance. Dans un univers absurde où il aurait pu rêver d'y prétendre, le paradis aurait ressemblé à ça.

— Hey, hey… Pourquoi tu pleures ? Je ne suis pas en train de penser à un souvenir triste. Tu vois quelque chose ?

Elle secoua la tête plusieurs fois et s'essuya les yeux en regardant ailleurs.

— C'est juste qu'il a… Il y a une émotion dans tes yeux, je crois qu'elle a débordé sur moi. Je n'ai… pas l'habitude de voir ça, c'était beaucoup trop grand, et ça m'a surprise. Pardon. Et alors dans ces deux fois, demanda-t-elle trop vite, à quoi tu as pensé ?

Eludant la question, il se permit un sourire et puis se releva en disant :

— Ça bouge à côté. Tiens-toi prête, Giles arrive.

Elle l'imita mais attrapa sa manche avec un air de supplication.

— Qu'est-ce que c'était ? murmura-t-elle.

— Eh bien… Si ça peut t'aider à retrouver le sommeil, Buffy n'a pas été tout le temps une garce avec moi. Nous nous sommes faits beaucoup de mal, et c'était mutuel. Ne crois pas que c'était juste elle, la méchante de l'histoire. Vu ce que tu penses d'elle, je tiens à ce que tu saches que quand elle est morte, notre relation malsaine était loin derrière nous et rien d'autre qu'un mauvais souvenir. Elle était apaisée par rapport à tout ça. Et quand son fantôme est venu me voir, elle a même dit que je lui manquerais… C'était pas vrai, bien sûr, mais c'était quand même sympa.

— Arrête de me prendre pour un bébé en inventant des histoires, ça n'existe pas les fantômes !

— Regarde dans mes yeux et dis-moi si je mens…

Les interrompant, la porte de la chambre de Dawn s'ouvrit sur Giles qui semblait soucieux. Mais quand il vit Thisbé, il se composa poliment un visage plus avenant.

— Nous allons pouvoir y aller, tu as tout ce qu'il te faut ? lui demanda-t-il.

Elle acquiesça. Après une courte hésitation, elle plongea la main dans sa poche et y pêcha le téléphone de Spike pour le lui tendre.

— Je te remercie. Je comprends que c'est pas rien, cette chose précieuse que tu m'as donnée… Mais j'ai du mal avec tout ça. Je pouvais bien entendre les messages mais je ne savais pas quoi dire pour répondre. Je pense qu'il faut que je désapprenne ce qui me vient d'avant, et recommence tout de zéro, avec quelque chose de plus facile. Peut-être même que je dois aller à l'école de Joy, ajouta-t-elle avec un petit sourire. Elle sait plus de trucs que moi…

Son petit discours le frappa en plein plexus. Avec ses yeux candides et navrés, parlait-elle vraiment de ce foutu téléphone en évoquant ce qu'il avait voulu lui donner de précieux ? Et de son incapacité d'y répondre ? Chaviré, il ouvrit la bouche mais tomba sur le regard perçant de Giles posé sur eux deux et en resta interdit. L'Observateur sur le départ avait son sac à l'épaule et un dossier à la main. Spike aurait donné cher pour savoir ce que signifiait cette expression-là. Un point pour papi qui devenait bon dans le registre énigmatique…

— Okay, bon voyage alors, marmonna-t-il, avant d'ajouter in memoriam : Et bon retour chez toi Rupe, au pays des petites tapettes !

Giles lui tourna le dos sans cérémonie, plaçant sa main sur l'épaule de la petite pour la guider vers la sortie. Mais Spike n'était pas dupe. Le vieux ne faisait pas cette tête pour rien. Il savait quelque chose qu'il taisait, ou bien il avait appris quelque chose de Dawn à l'instant, pendant leur conciliabule.

Il regarda leurs deux silhouettes s'éloigner dans le couloir, la grande et la moins grande. Giles guidant Buffy. Les choses se répétaient-elles indéfiniment dans cet univers ? Seulement celles qui sont inachevées. Ta gueule William, on t'a pas sonné.

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— Est-ce que c'est vrai que ça existe les fantômes, chez vous ? s'enquérait Thisbé avec urgence et passion en suivant le vieil homme.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

— Parce que vous savez plein de choses ! Et aussi, est-ce que j'ai le droit d'avoir un nom de la planète maintenant ? Je ne veux plus être Thisbé ! Ça me rappelle trop ma vie moche d'avant.

— Oh ? Pourtant moi je trouve que c'est un prénom charmant pour une jeune fille bien élevée et qui aime les livres. Et crois-moi, je n'en ai pas rencontré souvent de cette catégorie…

— Pourquoi ? Vous ne pouvez pas choisir vos amis ?

Le vampire esquissa un rictus. Bon courage Rupert, avec les questions de celle-là ! Le voyage vers l'Angleterre allait être long…

Il se retourna, et considéra un bref instant la porte fermée de la chambre de Dawn et il hésita.

Aller la voir et lui parler ? Oh que non. Pas alors qu'il avait la tête et le cœur pleins de Buffy. Il aurait eu l'impression de tromper celle qu'il aimait et qui lui manquait. Il avait le sentiment qu'il n'aurait rien su dire à la jeune fille qui était là et avec laquelle il n'avait pas partagé dix ans de sa vie.

Après avoir pris sa décision, il sortit le petit boîtier qui appelait l'Insectoïde et quitta les lieux.

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