Le parfum

Chapitre 2 : Quotidien

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:07

 

 
Le parfum
 
 
Chapitre I : Quotidien.
 
 
 
 
- Riley ?
 
Une voix fluette s'insinuait dans la tête du soldat, dissipant les brumes de son sommeil.
 
- Riley ?
 
- Mmm... oui ?
 
- Je crois que tu devrais te lever et aller voir en bas. Buffy vient de trouver Spike endormi sur le canapé et elle n'est vraiment pas contente.
 
Le jeune homme eut un grognement inaudible. Et merde ! Que faisait encore ce crétin dans la maison ?
Il se releva et posa les deux pieds par terre. Le sol lui parut congelé. Ce qu'il aurait aimé pouvoir dormir un peu plus... Il avait passé pratiquement toute la nuit dehors.
 
Riley leva les yeux pour découvrir le visage de sa messagère matinale. Devant lui, la douce Willow lui tendit un tee-shirt avec un petit sourire contrit. Ses yeux étaient cernés - le tribut de recherches nocturnes intensives, devinait-on aisément - et elle semblait désolée pour lui. Riley la remercia, enfila rapidement son vêtement et se traîna jusqu'au rez-de-chaussée.
 
- Je te l'ai déjà dit, Spike ! Te joindre à nous pour tuer des démons, c'est une chose, squatter mon salon, une autre ! J'ai suffisamment de soucis en ce moment pour préférer te voir ailleurs que dans mes pattes !
 
Dans la cuisine, Buffy vociférait. Spike, penaud, se tortillait de gêne d'une manière résolument antinomique avec son comportement habituel. Dès que Riley pénétra dans la pièce, il pointa vers lui un doigt à l'ongle écaillé de noir :
 
- C'est lui ! Je t'ai déjà dit que c'était Captain America ici présent qui m'avait laissé avec Dawn. Je n'allais pas abandonner le microbe, quand même ! Je sais que tu n'aimes pas quand elle traîne seule à la maison quand ta mère se repose dans sa chambre...
 
Le vampire fixa Buffy avec une expression mi-mortifiée mi-triomphante. Il était très fier d'avoir assimilé toutes les inquiétudes de la Tueuse de façon à toujours pouvoir devancer ses désirs.
Buffy se tourna vers son petit ami, visiblement furieuse.
 
- Je n'arrive pas à croire que tu l'aies laissé garder ma soeur" siffla-t-elle rageusement.
 
Riley ouvrit de grands yeux, ne pouvant croire que la situation allait lui retomber dessus :
 
- Mais c'est toi-même qui l’admets dans ta maison, Buffy ! Tu m'as rembarré plusieurs fois en me parlant de cette histoire de puce ; l'année dernière, tu l'as protégé de l'Initiative...
 
- Ca n'est pas la question !" le coupa la Tueuse, de plus en plus survoltée, "On ne peut pas compter sur toi ! Je t'avais confié Dawn et tu t'es défilé en la laissant à quelqu'un d'autre ! Je peux savoir ce que tu avais de mieux à faire ?"
 
Dents serrées, Riley encaissa l'affront. Cette conversation commençait à l'emmerder sérieusement, et l'air suprêmement satisfait qu'affichait Spike n'arrangeait rien. Il cracha :
 
- Eh bien peut-être que j'accomplissais la mission d'une certaine Élue à sa place, puisqu'elle était trop occupée avec ses bouquins ! Il faut bien que quelqu'un se charge de surveiller les cimetières quand tu n'es pas là pour le faire, Buffy !
 
- Avec ton coeur diminué?? Tu dérailles ! Tu n'es pas en état, Riley, et tu le sais ! Tu n'es plus comme avant !
 
Le soldat eut le souffle coupé, comme si on venait de lui asséner un grand coup dans l'estomac. Dégoûté, il se détourna et marcha d'un pas vif vers le salon en espérant que sa fuite mettrait un terme à la conversation. Une minute de plus à ce rythme et il pourrait bien dire des choses qu'il regretterait par la suite.
 
Il trouva Willow et Tara assises sur le canapé, les yeux fixés sur leurs genoux. Parfait... Ainsi, son humiliation avait été publique... Vraiment parfait.
 
- Hum... Je crois que je devrais y aller tout de suite si je ne veux pas manquer le cours de Socio..." marmonna Willow. Avec sa maladresse habituelle, elle avait parlé très vite, rendant son départ soudain encore plus suspect. "On se voit tout à l'heure ?" lança-t-elle à Tara. Elle lui déposa un petit baiser sur les lèvres avant de s'éclipser, visiblement soulagée d'échapper à une éventuelle réplique du séisme Buffy.
 
Tara regarda partir son amante avec tendresse avant de reporter son attention sur Riley. Son sourire était plein d'empathie.
 
Le soldat tourna les talons et remonta l'escalier. Il avait voulu que Buffy s'intéresse à lui, et maintenant, tout ce qu'il souhaitait, c'était qu'elle lui fiche la paix.
 
Il poussa la porte de leur chambre et se laissa tomber sur leur lit comme la larve qu'il était devenu.
Il porta l'oreiller de Buffy à son visage et respira son parfum. Buffy... Sa Buffy... Celle qui remuait ciel et terre pour le secourir lorsque, parqué à l'hôpital militaire, il ne pensait qu'à elle... Celle avec qui il formait un duo de combattants et non une addition disparate, version Tueuse et caddie... Cette Buffy-là lui manquait et il attendait désespérément son retour.
Il serra l’oreiller contre lui, comme une bouée de sauvetage. A présent, il ne pouvait aimer Buffy que quand elle n’était plus là.
 
 
 
---------------
 
 
 
Avec une souplesse féline, Spike se glissa au premier étage.
Ouf. Il était prêt à parier que personne ne l’avait entendu monter. Giles s'était invité à prendre le thé et une petite réunion improvisée avait lieu dans la cuisine. Autant dire que le vampire ne s'était pas vraiment senti bienvenu.
 
Il poursuivit sa progression de sioux, remontant le couloir qui bordait les chambres. Il marchait sur la pointe des pieds, son manteau de cuir flottant autour de lui. Seule son absolue détermination l'empêchait de mesurer le ridicule de la situation.
 
Il voulait juste une petite chose, juste un objet ou deux, pas grand chose. Simplement pour avoir la sensation de l'avoir près de lui. Buffy.
La dernière fois, il avait réussi à attraper un sous-vêtement à son insu. Une culotte... Il avait toujours adoré ça. Les sentir bruisser sous ses doigts quand il caressait une femme, les sentir se briser quand, impatient, il les déchirait... Ces parures féminines le rendaient fou, et celle-ci était à la Tueuse.
Spike songea qu'il valait mieux éviter d'en dérober une nouvelle. Ce serait trop voyant. Non, il allait prendre autre chose. Un petit top, peut-être ? Il verrait bien.
 
Il s'imaginait déjà cheminer dans les égouts, entrer dans sa crypte, descendre doucement les marches qui menaient au sous-sol, accrocher son trophée sur l'aut... Non. Il essaya de chasser le terme d'"autel" de son esprit. C’était un musée. Non. C’était une collection. Non plus, non…
 
Spike secoua rageusement la tête. C’était une bon sang de table et c’était tout. Bientôt la Tueuse réaliserait qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et tout ça n’aurait plus aucune importance. En attendant…
 
En attendant, il poussa la porte de la chambre de Buffy.
 
 
---------------
 
 
- A tous les coups, il allait voler quelque chose !
 
 
Spike valsa sur le carrelage. Il se releva tant bien que mal, se retenant au comptoir de la cuisine, et se mit à fixer Riley avec rage.
Combien de temps aurait tenu le petit soldat face à lui si cette maudite puce ne menaçait pas de lui griller le cerveau au moindre geste brusque ? Dix minutes ? Cinq. S’il avait pris son temps. Spike passa outre sa honte pour répliquer :
 
- T’inquiète pas, mon grand ! J’avais pas l’intention de chiper quoi que ce soit dans ton boudoir !
 
Tara et Giles, un rien interdits et une tasse de thé à la main, considéraient l’altercation avec flegme. Seule Buffy serrait les dents.
 
Elle n’aurait donc jamais la paix. Elle était là, à devoir s’occuper de sa mère, des vampires, de Glory… Et de Dawn, bien sûr. Dawn, cette sœur si perturbante en fait destinée à rentrer dans une serrure inter dimensionnelle.
 
Elle ne savait pas ce qui se passait. Elle ne savait pas qui elle affrontait. Elle ne pouvait rien dire à ses amis. Et ces deux crétins, Spike avec son obsession bizarre et Riley, prévenant à l’extrême, se chamaillaient pour une histoire d’irruption dans sa propre chambre…
 
- Assez ! " se mit-elle à hurler. "Assez, assez, assez ! "
 
La Tueuse se leva si brusquement de son tabouret qu’elle le renversa.
 
- Spike, sors de chez moi ! Tu n’auras qu’à revenir ce soir pour garder Dawn, et…
 
Un bref hululement de joie l’interrompit. Faisant irruption dans la cuisine, la Dawn en question effectua un petit pas de danse en balançant son sac de classe sur le comptoir, à deux centimètres de la théière environ.
 
- Tu viens me garder, Spike, alors, tu viens me garder ??
 
Et elle se précipita sur lui.
 
Voyant là un bon moyen d’exaspérer Riley, le vampire l’enlaça brièvement, lui déposant un petit baiser sur le front. Il jeta ensuite au militaire une œillade ambiguë.
 
Il était sûr que les voir si proches le rendait fou. Il pouvait imaginer toutes les choses que le soldat rêvait de faire à la jeune fille. Il brûlait sans doute de découvrir sa poitrine cachée dans un de ces petits soutiens-gorge pour jeunes filles, de caresser, de lécher ses petits seins naissants. Il voulait s’enfoncer en elle, être le premier. Spike serra Dawn un peu plus fort. Oh oui, ça devait le rendre dingue d’imaginer qu’il pourrait passer avant lui…
 
Planté au milieu de la pièce, Riley hallucinait. C’était la nouvelle lubie de Spike, maintenant, conter fleurette à une enfant de même pas quinze ans ? Qu’espérait-il, déclencher la jalousie de Buffy ? Ce type était décidemment un malade.
 
De plus, Buffy semblait n’avoir rien remarqué. Elle s’était réfugiée avec Giles près du frigidaire pour faire des messes basses. A nouveau.
Riley soupira. Il savait bien que la relation Tueuse/Observateur exigeait une certaine proximité, mais il n’était pas certain de pouvoir souffrir encore longtemps cette exclusion permanente… Enfin, peut-être se faisait-il des idées…
 
Buffy s’écarta de son mentor pour asséner d’une voix forte :
 
- Bon, Spike, Riley et Tara, vous pouvez nous laisser, s’il vous plaît ? Giles et moi, on a besoin d’avoir une petite discussion. Dawn, monte faire tes devoirs.
 
Ou peut-être pas.
 
 
---------------
 
 
La porte menaçait de se briser à tout instant sous la force des coups.
 
- Ouvrez, vous entendez ? Ouvrez-moi ou je vous jure que je vous fais la peau !
 
Le bois tressauta, semblant se fissurer. Alanguie sur un sofa défoncé, Moira porta son fume-cigarette à ses lèvres carmin et inspira légèrement. Ses jupons noirs se dispersaient en corolles fanées sur le vieux canapé. Elle soupira d’une voix éraillée :
 
- Laisse-le donc entrer, Rufus. Il défoncera la porte de toute façon.
 
Le molosse qui s’appelait Rufus tourna la clef dans la serrure et la lumière du jour s’infiltra brusquement dans la pièce. L’intrus jaillit à l’intérieur et referma la porte, gueulant comme un beau diable :
 
- Je veux une fille ! Maintenant !
 
Moira le dévisagea sans broncher.
 
- On est fermés. Ca t’étonnera peut-être, mon biquet, mais 17h, pour nous, c’est comme qui dirait l’heure de la sieste.
 
Le type reprenait son souffle, l’air hagard.
 
- Je veux une fille maintenant ou je vous jure que votre putain de sieste va se transformer en gentil bain de soleil !
 
La vampire plissa les yeux, jetant un coup d’œil en coin à Rufus. Si ce gars commençait à jouer les cow-boys avec un peu trop d’application, il serait sans doute en mesure de lui régler son compte. Mais Moira était toujours diplomate avec la clientèle. Surtout quand il s’agissait d’en envoyer quelques-uns se faire pendre ailleurs.
 
- Va donc au Blood and Tears " souffla-t-elle de sa voix rugueuse. "C’est mon cousin Birdy qui le tient et c’est ouvert 24h/24. "
Elle se leva pour lui glisser l’adresse et se laissa tomber à nouveau sur son sofa. Elle faisait tourner le business avec des accros sereins et quelques occasionnels mais elle détestait les junkies. Birdy n’aurait qu’à se démerder avec ce phénomène.
 
Riley claqua la porte tellement fort qu’elle manqua se désintégrer sur place.
 
 
---------------
 
 
 
La nuit était tombée tôt pour la Californie. De légères lueurs piquaient déjà le ciel. Bientôt, on verrait les étoiles.
 
Dans la petite aire de jeux, quelques enfants s’ébattaient toujours autour des toboggans. Les cyprès embaumaient l’air. Une aire de jeux pour enfants à quelques mètres du cimetière : c’était un charme typiquement sunnydalois.
 
Spike écrasa sa cigarette dans le sable, non loin des seaux multicolores. C’était l’heure d’aller retrouver sa gamine à lui. Dawn l’attendait.
 
Alors qu’il se dirigeait vers la maison Summers, une autre odeur, familière elle aussi, attira son attention. Le sang. Le sang du militaire. Et en effet, à deux mètres à peine, Riley remontait la rue en direction du centre-ville.
Spike le suivit un instant des yeux. Captain America semblait continuellement couvert de son propre sang, ces temps-ci. Qu’essayait-il de prouver, en rôdant ainsi dans les cimetières ? Et avec peu de réussite, à en juger par cette odeur continuelle. Il ne devait pas franchement faire de ravages chez les vampires.
 
Spike haussa les épaules et reprit son chemin. Que le petit soldat se débrouille tout seul avec ses copains aux dents pointues. Avec un peu de chance, l’un d’entre eux finirait par lui faire la peau.
 
 
 
 
 
A suivre.

Laisser un commentaire ?