Retour d'outre tombe

Chapitre 7 : Afrique

2306 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/11/2016 21:33

7 : Afrique


Spike attendait patiemment que l’obscurité soit totale pour pouvoir prendre son avion de nuit. Il s’était décidé à affronter ce qui lui semblait être son destin. Aller en Afrique était simple en soi , retrouver le chaman qui lui avait rendu son âme il y a plus d’un an l’était moins. Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il allait faire à son arrivée mais il espérait que les souvenirs reviendraient d’eux mêmes quand il serait sur le continent africain. Il fallait qu’il comprenne ce qui lui était arrivé. Quels que soient les sentiments qu’il avait eus pour Buffy, il lui semblait impossible qu’il soit allé chercher son âme de son plein gré : la preuve en était qu’il continuait à préférer la mort plutôt que cette éventualité. Et pourtant il l’aimait, c’était indéniable. Il l’avait quittée depuis moins de vingt quatre heures et il sentait une douleur presque physique le traverser dès qu’il pensait à elle, c'est-à-dire quatre-vingt-dix pour cent du temps. Le vampire ne savait même pas comment il allait survivre loin d’elle aux semaines qui allaient suivre mais il devait le faire. Il avait soif pourtant aucune proie ne le tentait. Il sentait sur sa langue le goût de sa Tueuse et n’en voulait pas d’autre. Il était vraiment mordu ! Le jeu de mot le fit sourire. Allez, encore une heure à tuer. Il fallait qu’il boive quelque chose. Il se mit en chasse bon gré mal gré.


Buffy avait lu tout ce qui existait sur les calices. Tout lu n’était peut-être pas exact car il y avait un paquet d’ouvrages qui traitaient du sujet, certains plus fantaisistes que d’autres. Disons plutôt qu’à quatre, ils avaient fait le tour de la question en quinze jours. Deux semaines sans Spike. Penser au vampire était douloureux et ce presque physiquement. Elle savait à présent que c’était les morsures et les échanges de sang qui provoquaient cet état de manque. Elle avait failli devenir complètement folle les premiers jours avant de sombrer dans une sorte de langueur dépressive qui avait profondément marqué sa sœur et ses amis. Elle avait finalement repris le dessus au bout d’une bonne semaine et s’était jointe à l’équipe de recherche sur les calices composée de Willow, Alex, Giles et Dawn à l’occasion. Il en était ressorti qu’il n’y avait pas la moindre chance de revenir en arrière. Même si Buffy avait fini par se remettre de l’absence de son vampire, c’était surtout grâce à sa force de caractère et à sa condition physique exceptionnelle. Personne n’était dupe cependant, elle survivait mais était loin de pouvoir se passer de lui. Ils savaient tous qu’à l’instant où elle croiserait à nouveau Spike, elle se jetterait sur lui.

La disparition soudaine de William les inquiétait plus encore. Comment pouvait-il survivre loin d’elle ? se demandait Buffy. Le reste de la bande était plus inquiets des dommages que pourrait causer un vampire à moitié fou et caressait l’espoir qu’il s’était laissé mourir, ce qui les aurait bien arrangés. Evidemment, il n’était pas question de le dire à leur blonde amie, même si celle-ci se doutait de leurs pensées peu catholiques.

Elle se foutait d’ailleurs royalement de leur avis. Telle était l’emprise de Spike sur elle. Elle avait demandé à Willow de faire des recherches sur le rituel qui avait permis à Angel de retrouver son âme. La sorcière avait hésité longuement, d’autant que la Tueuse refusait de mettre qui que ce soit au courant de cette tentative désespérée pour retrouver le Spike qu’elle avait connu. Willow avait fini par céder devant l’insistance de sa meilleure amie surtout parce qu’elle voyait là un moyen de rogner les crocs d’un dangereux psychopathe. Laisser le vampire en vie était de toute façon devenu une nécessité, il n’était pas certain que Buffy survive à la mort de Spike et elle refusait bien évidemment de prendre le risque de la perdre.


Réunis autour de la table de la salle à manger de Giles, chacun reprenait les notes qu’ils avaient récoltées sur la relation vampire-calice. Buffy avait les yeux dans la vague, prise à nouveau par cette langueur qui semblait ne la quitter quelques heures que pour mieux revenir ensuite. Ses amis la soutenaient avec une certaine pitié et même un peu de dégoût. Cette relation leur paraissait tellement malsaine qu’ils avaient du mal à contenir leurs sentiments négatifs.

— Tout va bien Buffy ?

Cette dernière releva la tête, incapable de savoir qui avait parlé.

— Oui, oui, répondit-elle sans tromper personne.

Elle se leva et quitta la pièce. L’assistance la regarda faire puis, quand tout le monde fut sûr qu’elle ne pouvait plus les entendre, ils se mirent à parler tous en même temps.

— Elle se laisse complètement aller.

— Elle ne cherche même pas à lutter !

— C’est une catastrophe, je l’avais prévenue, fit Giles.

— Un peu trop tard, elle avait déjà été mordue, s’énerva Dawn.

— Ça n’sert à rien de s’engueuler. L’important, c’est de la soutenir.

— Et après, on va organiser leur mariage ? répondit perfidement Alex. Elle s’est mise dans une situation impossible. On l’avait prévenue, on lui avait dit qu’elle n’était pas elle-même avec lui et elle n’a rien voulu entendre ! Et maintenant c’est à nous de réparer ses catastrophes !

— Elle n’y est pour rien, elle n’allait pas bien depuis des mois et on n’a rien voulu voir ! Spike lui manquait c’est évident ! Imagine ce qu’elle a dû ressentir en le voyant réapparaître  comme par magie ! Qu’est-ce que tu ferais si Anya revenait sous sa forme démoniaque ?

Willow avait marqué un point. Alex pâlit avant d’admettre :

— J’aurais tout fait pour la garder à mes côtés .


Giles était complètement démoralisé. Tomber amoureux d’un démon était une erreur. Alex avait commis cette erreur, Buffy également. Il aurait dû réagir il y a bien longtemps. La liaison avec Angel s’était terminée dans un bain de sang. Celle avec Spike avait mieux tourné, il devait l’admettre. Mais la mort du vampire dans les ruines de Sunnydale l’avait soulagé. Il n’était pas à l’aise avec les vampires, même pourvus d’âme. On ne savait jamais quand ils la perdraient. Il était trop tard pour Buffy à présent. Il ne restait plus qu’à limiter les dégâts. Mais il fallait qu’elle réagisse ! Il monta dans la chambre d’amis qu’occupait la Tueuse depuis plusieurs jours et déclara sans préambule :

— Soit tu te reprends en main, soit nous cessons de t’aider. Il faut que tu assumes tes choix, tu as voulu Spike, tu l’as. Maintenant, tu vas te lever et tu pars à sa recherche. Il est dangereux pour les autres et c’est à toi de l’empêcher de tuer. Ne le laisse pas prendre une telle emprise sur toi.

Buffy avait écouté la tirade d’un air lointain d’abord mais l’idée de partir à la recherche de Spike la galvanisait et elle se redressa dans son lit. Pourquoi n’avait-elle pas eu l’idée d’elle-même ? Cet état larvaire qu’elle subissait depuis des jours lui fit soudain horreur. Elle était la Tueuse, elle était Buffy Summers, elle devait faire face ! Elle ne serait pas l’esclave de Spike, jamais ! Son attitude était ridicule. Elle ouvrit son sac, en sortit une veste qu’elle enfila rapidement et sortit en disant :

— Je vais le ramener.


Elle déchanta vite. Spike avait tout simplement disparu de Cleveland. Elle le rechercha toute la journée, se rendant dans le studio dont elle s’était échappée, fouillant les bars à vampires, menant des interrogatoires musclés dans les squats de démons, visitant les commissariats à la recherche de victimes. Rien de rien ! Qu’avait-elle imaginé ? Qu’elle serait plus chanceuse que Kennedy ? Celle-ci avait recherché le vampire il y a plusieurs semaines, quand la piste était encore chaude et elle n’avait rien trouvé. Alors, quinze jours après… Il fallait abandonner toute illusion ! Elle allait rentrer bredouille quand une voix nasillarde l’interpella.

— Buffy ! Comment tu vas ? Ça fait plaisir de te voir !

La Tueuse mis quelques secondes à reconnaître Clément.

— Bonjour, mais qu’est-ce que tu fais là toi ?

— Je suis à Cleveland depuis quelques mois. Après avoir fui Sunnydale, il a bien fallu trouver où loger. J’ai choisi cette ville quand j’ai su que tu y habitais. Tu es la meilleure Tueuse et je me sens plus en sécurité près de toi, tu vois.

Buffy sourit, amusée qu’un démon puisse se sentir en sécurité dans sa ville. La question qui suivit la déstabilisa totalement

— Comment va Spike ?

— Spike ? répéta-t-elle après quelques secondes d’absence.

— Oui, je l’ai croisé il y a une quinzaine de jours. Il m’a dit que vous vous étiez remis ensemble. Ça m’a fait plaisir, vous formiez un beau couple.

— Tu sais où il est ?

— Vous vous êtes disputés ? J’ai pas bien compris, Spike avait l’air un peu perdu. Il m’a posé des questions sur la période où vous êtes sortis ensemble et sur votre rupture.

— Qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Rien de particulier. Il avait l’air d’avoir oublié certains trucs et il voulait savoir comment il avait retrouvé son âme.

— Tu le sais ?

— Je sais quoi ?

— Comment il a retrouvé son âme ! s’énerva la Tueuse.

— Pas vraiment en fait. Je lui ai juste dit qu’il était parti en Afrique.

— En Afrique, murmura Buffy.

Elle n’était pas dans la merde…


La nuit était tombée depuis plusieurs heures sur la savane africaine. Spike pouvait entendre chaque son dans ces paysages sauvages, loin des sonorités de la civilisation. Une hyène ricanait non loin et il pouvait distinguer le bruit des mâchoires qui se refermaient sur un tibia, broyant les os. Si l’atmosphère unique de la région l’avait d’abord séduit, il commençait sérieusement à désespérer. Rien n’était simple depuis qu’il avait débarqué sur ce continent. Il s’était écoulé deux semaines avant qu’il ne trouve une piste sérieuse. Il avait fait le tour de plusieurs villes quand une sorcière l’aborda dans une ruelle de Maputo. Comment avait-il su qu’il devait se rendre au Mozambique ? Il n’en avait aucune idée. Il se laissait guider par son instinct, espérant que ses souvenirs perdus resurgissent. La technique avait plutôt bien fonctionné jusque là.

La sorcière avait discuté un moment avec lui. Elle se souvenait parfaitement de ce vampire étrange qui cherchait le chaman le plus mystérieux d’Afrique noire. Elle lui conseilla d’aller voir un très vieux vampire qui vivait dans sa ville depuis des temps immémoriaux. Celui-ci l’avait envoyé dans la savane.

— Ton destin te guidera, aie confiance, lui avait-il dit d’un ton mystérieux.


Le destin, tu parles ! Voilà trois jours qu’il errait dans la savane à attendre il ne savait quoi. Se nourrir de grands singes commençait à lui peser, d’autant que le sang de Buffy lui manquait cruellement. Il se sentait devenir fou par moment, comme saisi de fièvre. Il alternait des moments de profonde dépression et des périodes d’activité fébrile. Il se sentait malade, si tant est qu’un vampire puisse l’être et il commençait à comprendre que quelque chose d’étrange lui arrivait. Sans faire le lien avec les échanges de sang qu’il avait initié avec la Tueuse, il voyait bien que leur relation était à l’origine de son mal-être. Il fallait qu’il débusque ce chaman le plus vite possible afin de retourner auprès de Buffy. Sans y croire vraiment, il refit le tour d’une falaise qui l’intriguait, palpant la paroi rocheuse dans l’espoir de découvrir une faille. Il poussa un soupir de soulagement quand son bras traversa la pierre, passant au travers de ce qui semblait être une illusion. Il avait trouvé !


Les rues de Maputo étaient animées de nuit comme de jour. Incapable de trouver le sommeil, Buffy contemplait la ville au clair de lune du balcon de son hôtel. Elle avait quitté l’Amérique sur un coup de tête, prenant à peine le temps d’appeler ses amis pour les avertir de son projet. Suivre Spike l’avait menée jusqu’ici mais depuis trois jours, elle avait perdu sa piste. S’il avait été facile, en interrogeant les employés de l’aéroport d’apprendre que le vampire s’était envolé pour le Mozambique, elle butait  à présent. Comment le retrouver dans cette ville immense ? Sans compter qu’il l’avait peut-être quittée ! Elle ne se décourageait pas cependant et menait son enquête dans les coins louches, heureuse qu’un vampire blond décoloré ne passe pas inaperçu. Malheureusement, elle avait fait chou blanc jusqu’ici et s’était autorisée à se reposer ce soir. Une nuit de sommeil lui remettrait les idées d’aplomb. Elle retourna se coucher.



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