La remarque de trop

Chapitre 8

1029 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 01/05/2018 18:26

Le lendemain matin Borel se retrouva seul chez lui. Caïn était parti avant qu'il se réveille. Il avait laissé un mot très succinct sur le frigo. Connaissant le capitaine c'était sûrement plus pour ne pas disparaître comme Lucie que par réelle envie, mais Borel fut tout de même touché qu'il ait pris le temps de faire ça dans sa fuite.


« Nassim

Tu m'as souvent répété que j'avais besoin de vacances. Et bien voilà. Je reste joignable sur mon portable, uniquement en cas d'urgence ou si Sébastien perd enfin sa dent.

Le flic à roulettes »




Caïn avait pris le premier train pour Bordeaux. Il aurait été bien plus libre avec sa voiture mais avec une gueule de bois carabinée et son manque de sommeil quasi-constant il aurait été capable de se foutre au tas avant d'arriver à destination. Et ça il n'en était pas question. Il était en route avant même que Borel ouvre un œil. Caïn s'était senti légèrement coupable de l'abandonner ainsi mais si par bonheur il débusquait Lucie et que tout rentrait dans l'ordre il aurait le temps de s'excuser.


Il n'avait pris avec lui qu'un sac à dos et le bout de papier sur lequel il avait griffonné l'adresse de Julie Delarme. Il n'eut pas vraiment de mal à trouver son chemin et fut devant l'immeuble convoité avant midi. Il donnait directement sur une rue passante, pas l'idéal pour une vie calme et douce.


Un vieil ascenseur monoplace l'emmena jusqu'au 4ème étage. Il y avait trois portes sur le palier. Celle qui l'intéressait était à droite. Lorsqu'il voulut avancer, ses mains tremblaient tellement qu'il fut incapable de se déplacer. Il était à la fois plus heureux que jamais de pouvoir peut-être enfin la voir mais totalement terrifié à l'idée qu'il puisse s'agir de quelqu'un d'autre.


Soudain une porte s'ouvrit. Celle de gauche. Un homme immense en sortit. Il était plutôt typé joueur de rugby avec les bras d'une taille de cuisse, la barbe de trois jours et le nez cassé. L'effet armoire à glace était estompé par son t-shirt qui arborait une référence comique à un classique du cinéma.


  • Bonjour. Vous êtes une connaissance de madame Delarme ?
  • J'espère que oui.


La voix du géant contrastait aussi avec son apparence. Il parlait doucement et poliment. Il tendit une main à Caïn , ce dernier hésita presque tant la sienne paraissait frêle en comparaison.


  • Je suis le nouveau voisin. Je n'ai pas encore eu le temps d'aller voir madame Delarme mais j'espère que l'on pourra s'entendre.


En disant cela il avait scruté Caïn de haut en bas, mais pas comme ceux qui détaillaient avidement le phénomène du paraplégique, plutôt à la manière dont lui s'était fait une habitude de scruter Stunia, ou toute autre jolie femme.


  • Mon nom c'est Samuel mais tout le monde m'appelle Sam ou Samy.
  • Moi c'est Frédérique … Fred pour la plupart des gens apparemment.
  • Ce fut un plaisir de te rencontrer Fred. Si tu as besoin de quoi que ce soit tu sais où me trouver.


« Cet homme est bien aimable » pensa Caïn en le regardant s'en retourner chez lui avec un sourire franc. Non pas qu'il ait eu des a priori en se rendant dans un immeuble de voyous en réinsertion mais disons plutôt qu'il n'avait pas penser taper la causette avec l'un des habitants.


Cette petite discussion avait eu l'avantage de le faire redescendre juste assez sur Terre pour que ses mains arrêtent de bouger de leur propre chef. Il s'approcha de la porte et frappa. Il entendit derrière la porte que quelqu'un s'approcher. Le cœur du capitaine battait si vite qu'il avait peur qu'il lâche à tout moment.


À l'intérieur un verrou tourna, puis la poignée s'abaissa, Caïn en avait la tête qui tournait. Quand, enfin, la porte s'ouvrit il retint son souffle. La femme dévoilée dans l'ouverture avait les cheveux courts et foncés mais c'était bien Lucie. Elle se tenait là devant lui. Après toute cette attente Caïn avait du mal à y croire.


Il fut tant submergé d'émotions que son cerveau sembla dérailler. Il ne pouvait que fixer le visage où se lisait surprise et effroi. Avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche, Lucie était sortie, avait pris soin de l'éviter avant de dévaler les escaliers quatre à quatre. Ce n'est qu'en la voyant de nouveau disparaître que Caïn reprit vie.


  • Lucie !


Il fit volte-face et écrasa le bouton de l'ascenseur. La foutue machine était rendue faire un tour aux étages supérieurs et ne semblait pas vouloir descendre. Caïn ne pouvait plus tenir en place. Il faisait sans cesse des aller-retours entre les escaliers et cette porte d'ascenseur qui refusait de s'ouvrir.


  • Allez, allez, allez …


Tout à coup un bruit s'éleva. Ce n'était pas le signal de l'ascenseur puisque celui-ci retentit juste après mais l'attention de Caïn avait changé de cible. Le son parvenait comme étouffé de part la porte ouverte de l'appartement que Lucie venait de quitter. Caïn s'avança et entra. Sans même faire attention à ce qui l'entourait, le capitaine se guida avec le bruit continu qui devenait de plus en plus fort à mesure qu'il s'approchait.


Caïn arriva dans ce qui semblait être le salon. C'est là que le son était le plus fort. Mais il ne parvenait pas de là mais du dehors. L'une des fenêtres avait été laissé entrebâillée. Caïn s'approcha et se pencha pour distinguer ce qui se passait dans la rue en contrebas.


Le capitaine put enfin identifier le son qui l'avait attiré. Il s'agissait d'un klaxon de voiture. Mais face à la vision qui s'offrait à lui c'était bien le cadet de ses soucis. Plus bas, dans la rue, les voitures étaient arrêtées en file indienne derrière celle qui était bruyante et plusieurs mètres devant elle, Lucie était à terre.  


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