La remarque de trop

Chapitre 13

946 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 06/05/2018 13:58

La semaine qui suivit, Caïn emmena le bébé partout avec lui. Elle avait une patience d'ange puisque quelques jouets et la voix du capitaine qui parlait presque sans cesse à sa mère suffisait à l'occuper des heures durant. La foule des supermarchés l'amusait. Caïn avait du mal à comprendre comment la petite avait pu s'adapter si vite à un changement si radical.


Le rendez-vous avec le pédiatre se passa étrangement bien. Le praticien se montra même soulagé de voir un homme dans tout cela car il avait toujours émit quelques méfiances quant aux explications floues de Julie Delarme sur son célibat.


Caïn comprit de suite que s'il voulait le corriger il devrait montrer patte blanche en plus de perdre son temps en explications pseudo-personnelles, alors il ne dit rien. Il prit tout de même soin, par égard pour Lucie, à ne rien confirmer en évitant savamment toutes les questions concernant sa « paternité ».


Ce rendez-vous lui avait au moins permis d'apprendre l'âge et le nom de la petite. Il s'occupait donc de Julie, 4 mois bientôt 5. Caïn se demanda pourquoi elle avait choisi un tel nom, au risque de faire sauter sa couverture. Julie. Cela devait avoir assez de significations pour que ce soit ce nom qui lui soit venu à l'esprit pour sa couverture et assez d'importance pour qu'elle ait malgré tout voulu appeler sa fille comme ça.


Le capitaine cogita longuement sur ce détail. Lui qui osait encore se venter de connaître Lucie ressentait comme une nécessité de se prouver qu'il pouvait la comprendre. Il faillit contacter Nassim pour lui demander une petite recherche sur les grands-mères de Lucie quand un détail lui revint en mémoire. Le frère de Lucie, celui qu'elle n'avait pas connu, celui qu'elle avait vu en étant dans le coma, s'appelait Julien. Le capitaine en eut mis ses roues à la benne s'il ne tenait pas là l'explication.


La capitaine avait invité Sam à manger le surlendemain de son arrivée malheureuse et fortuite. Il avait préparé les pâtes carbonara et malgré le fait qu'elles furent délicieuses, promit de le convier de nouveau pour un « vrai » repas. Ils avaient parlé jusqu'à tard dans la nuit même après que Julie fut couchée.


Sam n'avait posé aucune question concernant le doublon du nom mère-fille. Caïn commençait à l'apprécier pour cela. Il était curieux mais pas sur tous les sujets. Par exemple il éprouvait un engouement sans pareil pour la relation qu'entretenait Caïn avec Lucie au grand dam de ce dernier. Voyant qu'il n'obtiendrait rien de ce côté-là il changea de sujet mais tous deux savaient que ce n'était que partie remise.


Sam revint alors sur ce fils dont Caïn avait mentionné l'existence. De fil en aiguille il passa évidement de Ben à Gaëlle. Caïn consentit à répondre à ses questions uniquement avec l'objectif de garder reput la curiosité de son voisin et surtout de garder cette dernière loin de sa « commandante ».


Les deux hommes s'entendirent assez rapidement. Sam apprit à ne plus avoir peur de Julie à mesure que celle-ci lui accordait aussi un intérêt. Caïn voulut lui apprendre les bades pour qu'il puisse faire la nounou. Mais changer une couche le faisait tourner de l’œil et il était complètement incapable de doser la température pour le biberon. Caïn lui laissait le loisir des jeux sur les genoux et du chant de comptines. Sam avait sa préférée.


« Maman les p'tits bateaux

Qui sont sur l'eau

Ont-ils des jambes ?


Mais oui mon grand béta

Sinon ils ne marcheraient pas. »


Loin de l'offusquer, c'était même devenu une blague qu'il partageait avec Caïn. Ce dernier s'était fendu dans un fou rire comme il n'en avait plus eu depuis longtemps la première fois que Sam l'avait chanté. À force de l'habitude c'était aussi devenu la mélodie favorite de Julie.


Sam passait beaucoup de temps avec Fred et la petite. Tant et si bien d'ailleurs que ceux qui ne connaissaient pas Lucie présupposait souvent à l'homoparentalité. Le duo récriait absolument ceux qui venait le leur dire face à face, Caïn défendant son goût pour les femmes et Sam préservant en étendard sa non-parentalité. « Je ferais un père terrible » disait l'un, « et moi une femme au foyer déplorable » renchérissait l'autre. Les passants s'en allaient souvent tout sourire.


Toujours est-il qu'entre eux il y avait beau ne pas avoir d'histoire d'amour, leur proximité était réelle. Caïn osait même sortir de son fauteuil pour jouer par terre avec la petite quand Sam était là, quitte à un peu se traîner devant lui.


Bien sûr c'était loin d'être une vie à deux puisque Sam ne passait qu'occasionnellement les soirs de semaine, peut-être certes un peu plus en week-end mais Caïn, lui, était libre tout le jour et toute la nuit. Après le temps qu'il avait passé à bosser comme un acharné à la police et cette dernière année, il rattrapait en une fois tous ses congés.


La semaine de coma de Lucie devint une seconde semaine puis une troisième. Les médecins répétaient qu'elle avait eu beaucoup de dégâts au niveau de la cage thoracique et qu'elle avait besoin de beaucoup de repos. Aucun n'osait cependant donner de pronostic, se contentant de dire qu'elle serait tirée d'affaire une fois qu'elle aurait repris conscience.


Les semaines devinrent des mois.


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