La remarque de trop

Chapitre 22

972 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 17/05/2018 21:05

Nassim n'eut pas le temps de penser plus qu'un enfant déboula dans son salon. Après un dérapage qui laissa une trace de gomme au sol le môme évita Borel de justesse et fonça sur Caïn. Celui-ci comme préparé, le réceptionna sans mal.


  • Mme Durant a dit que pour elle tout sera prêt dans une demi-heure.
  • Merci Sébastien. Tu n'oublies pas quelque chose ?


L'enfant se retourna avec un air fautif.


  • Bonjour m'sieur Nassim.


Et il fut parti. Le lieutenant n'avait jamais compris l'autorité que Frédéric parvenait à avoir sur ces enfants, il en allait de même à l'époque où il était celui du groupe qui faisait le plus de grabuge. Peut-être était-ce le fauteuil ou bien un charisme naturel du capitaine. Peut-être n'y avait-il tout simplement pas mieux qu'un enfant pour s'occuper d'autres enfants.


Plusieurs autres petits messagers vinrent les interrompre parfois. À chaque fois ils mentionnaient un nouveau nom si bien que Nassim venait à se demander combien de personnes viendrait à cette fête improvisée. Frédéric l'envoya donner un coup de main en bas. Les festivités commencèrent dès 19 heures.


Il y eut d'abord un long apéro. Les gens avaient fait comme ils avaient pu l'un ramenant une boite de chips, l'autre un sachet de cacahuètes. Les boissons étaient légions. Le nombre de personne ne cessait de croître jusqu'à ce que le repas à proprement parlé commença. Nassim se fit mille fois remercier pour l'idée de son « colocataire ». Personne ne savait vraiment pourquoi ils se réunissaient mais tous mettaient la main à la pâte pour assurer la convivialité.


Le dîner fut un défilé de plats aussi variés que les cuisines desquels ils sortaient. Une fois tout le monde servi et prêt à manger, l'un des enfants commença à scander.


  • Fred, un discours ! Fred, un discours !


Il fut rapidement repris par tous les enfants avec quelques variantes, ceux qui l'avaient connu le plus longtemps le surnommaient « tonton » ou d'autres noms plus affectueux. La vieille Myriam fut la première adulte à reprendre en chœur avec eux. Bientôt toute la tablée s'était tournée vers Frédéric et attendait ses paroles.


  • Bon et bien si c'est à moi de parler alors allons-y. Vous excuserez que je ne me lève pas. Même si je suis un sorte d'intrus ci, vous êtes tellement accueillants que je n'ai pas résisté.


Frédéric commença alors l'un de ses tours de charmeurs de serpent. Tous l'écoutaient du plus jeune des enfants au grand-père presque sourd. Il remercia consciencieusement tous ceux qui l'avait aidé, mettant un point d'honneur à saluer les jeunes qui se gonflèrent de fierté. Il dressa un portrait juste de la résidence et de ses habitants faisant rire ou rougir certains. Pour finir il se tourna vers Nassim et le regarda droit dans les yeux.


  • Mais tout cela je le dois à Nassim qui m'héberge si gracieusement et qui me pardonnerais tout ce que l'on peut faire à un homme. C'est fou. Vous tous me considérez déjà comme un voisin sympathique, un ami peut-être mais Nassim n'est encore persuadé de n'être que mon petit lieutenant alors qu'à la vérité il est … mon ami le plus cher.


Pris de surprise et de joie Nassim ne retint pas une larme qui coula sur sa joue. Fred l'essuya et attira son ami contre lui. Les adultes applaudirent, les enfants riaient et les anciens commencèrent à manger, les yeux humides.


  • Frédéric pourquoi tu as dis ça ?, renifla Borel.
  • Parce que je le pense. Ne t'imagine pas que ça te protégera de mon humour fracassant une fois de retour à la PJ.
  • Qu'est-ce qui à changé chez toi ?
  • J'ai pris deux décisions importantes. Premièrement je vais réparer mes erreurs auprès de toi, des enfants …
  • … de Lucie ?
  • Ce n'est pas à moi de décider de cela. Deuxièmement je vais agir dans la vie comme avec des suspects.
  • Pousser tout le monde à bout ?
  • Non. Dire ce que je pense pour obtenir la vérité.
  • Tu penses que ça va marcher ?
  • C'est efficace en salle d'interrogatoire avec les criminels et les innocents. Pourquoi pas ailleurs ? Allez manges, ça va être froid.


Nassim obéit avec un sourire. Frédéric n'eut pas le temps d'emmener la fourchette jusqu'à sa bouche qu'un bambin passait sa tête sous son bras.


  • Tonton, c'est quoi ça ?, demanda-t-il en désignant l'assiette du capitaine.
  • C'est de la soupe au pistou.
  • J'en veux, j'en veux, j'en veux, s'exclama-t-il en sautillant sur place.


Fred l'attrapa sans mal par dessous les aisselles et le posa sur ses genoux. Il donna son ustensile au marmot et s'en trouva un autre. Caïn et l'enfant mangèrent dans la même assiette. Le tableau ravi Nassim jusqu'à ce que le petit garçon en vienne à viser son assiette à lui. Borel serait parvenu à protéger son repas si Caïn ne s'en était pas mêlé.


  • Allez lieutenant on soutient la nouvelle génération. C'est un ordre !


Mais il riait presque aux éclats. Il lui avait subtilisé son assiette d'une main mais lui en avait fournit une nouvelle et poussé un plat vers lui de l'autre. Nassim n'avait jamais vu le capitaine comme cela. Il fallait que ce dernier se méfie ou il prendrait goût à voir le visage de Frédéric fendu dans un tel sourire.


  • J'aime bien le nouveau Frédéric, lui glissa-t-il à l'oreille.
  • Et moi j'attends qu'il fasse ses preuves.
  • C'est déjà fait, proclama Nassim en embrassant toute la salle d'un regard.   


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