La remarque de trop

Chapitre 21

1009 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 15/05/2018 08:49

Marseille n'avait pas beaucoup changé en un an. Caïn serait bien aller au SRPJ tout de suite mais on était samedi. Ce n'est pas là qu'il trouverait Nassim. Alors il se balada dans la ville et fit quelques emplettes sur le marché. Ses genoux furent rapidement chargés d'assez d'aliments en tout genre pour nourrir un régiment. Visiblement satisfait de lui-même, le capitaine prit la direction de chez Borel.

Avant même de parvenir jusqu'à la porte du lieutenant il croisa quelques parents avec qui li échangea des banalités et deux enfants qui lui sautèrent au cou. Il assura aux premiers comme aux seconds qu'il reprendrait son rôle de nounou et leur demanda aussi de transmettre un message.


« Nassim Borel » indiquait la sonnette. Caïn la pressa deux fois et attendit, puis deux fois de nouveau. Personne. Caïn se munit alors de son petit kit doigt de fée et s'autorisa l'entrée.


La décoration intérieur n'avait pas beaucoup changé. Quelques nouveaux dossiers traînaient sur la table et deux trois babioles n'étaient plus là ou avaient été remplacé par de nouvelles.Caïn alla poser ses courses dans la cuisine et mit tout de suite la viande dans une casserole à feu doux. Elle aurait bien besoin de mijoter jusqu'au soir.


Cela fait il se rendit jusqu'à « sa chambre ». En ouvrant la porte il fut assez évident que Nassim n'avait rien touché depuis son départ. Caïn nota simplement 7 photos qui n'étaient pas là avant. Celle qui avait été mise la dernière rassemblait tous les enfants, l'un d'eux avait écrit sur un espace vide « Tu nous manques ». Caïn sourit tristement.


Encore une fois il avait joué les égoïstes. Il était parti sans considération pour Nassim ou pour les enfants. Il avait tout lâché parce qu'au loin quelqu'un avait prononcé le nom de Lucie. Et tout cela pour quoi ? Il avait passé un an à réparer sa bêtise, n'avait pas parlé à Lucie et les seuls mots qu'elle avait eu pour lui avait été pour le chasser.


Caïn se trouvait à la croisée des chemins. Pour une fois il voyait clairement les deux choix qui s'offraient à lui. Il pouvait se glisser sous les couvertures et attendre le retour de Borel ou arrêter une bonne fois pour toute de se morfondre. Ce retour précipité à Marseille lui montrait à quel point il avait tout foiré. S'il avait montré pour sa vie une once de la ténacité qu'il déployait pour ses enquêtes il n'en serait certainement pas là.


Comment avait-il pu espérer que Lucie revienne s'il faisait exactement la même chose qu'elle pour la retrouver ? Il avait purgé sa peine maintenant la balle était dans le camp de Lucie. En attendant Caïn décida de s'atteler à réparer toutes les erreurs qu'il avait pu commettre et cela commençait maintenant chez Nassim.


Malgré les mois, les parents de l'immeuble l'accueillirent à bras ouverts. Ils adhérèrent tout de suite à son projet de l'aidèrent sans même demander pourquoi il avait tant été absent. Caïn avait aussi obtenu la bénédiction des enfants. Ces derniers jouaient les messagers et les petits porteurs pendant que les voisins disponibles donnaient un coup de main. Myriam, la doyenne du bloc, coordonnait les opérations.


Nassim ne rentra qu'à 18 heures mais tout était pratiquement déjà prêt. Il ne comprit d'abord pas l’effervescence dans la grande salle commune juste en dessous de chez lui. Les tables de fête avaient été sorties et tous semblaient s'agiter aux derniers préparatifs. Il n'avait jamais vu telle agitation en dehors de la fête des voisins et du nouvel an.


Avant de demander de quoi il retournait et de se faire happer dans le flot d'actions, Borel monta chez lui déposer ses affaires. La porte de son appartement était ouverte. Il était sur le point de s'en inquiéter lorsqu'un visage familier apparut dans le cadre de la porte.


  • Frédéric ?
  • Nassim ! Je croyais que tu ne reviendrais jamais !
  • C'est plutôt à moi de dire cela, protesta Nassim.


Sans plus attendre il se jeta sur le capitaine pour une accolade bien méritée.Ce ne fut qu'une fois l'étreinte engagée que Nassim douta que Frédéric soit très désireux de ce genre de démonstration. Il voulut donc s'écarter mais fut retenu par les bras du capitaine qui le serrait contre lui.


  • Tu m'as manqué Nassim.
  • Ça te ressemble pas de dire ça, capitaine.
  • Ah non ! Pas de « capitaine » ici. Garde ça pour le SRPJ si tu veux pas pas ici.


Cette fois-ci le lieutenant fut si qu'il se dégagea pour regarder Frédéric dans les yeux. Les choses ne s'étaient pas arrangées avec Lucie, ça il pouvait le voir. Mais il notait que le capitaine n'avait plus de cernes et que ses joues avaient perdu leur léger creusement d'avant. Il souriait, détendu, avant de retourner dans la cuisine.


Borel le suivit et se figea complètement en entrant. Il y en avait partout. Les grosses cocottes étaient de sortie, fumaient en répandant une odeur alléchante. Tous les feux étaient occupés, la poubelle pleine d'emballage et le réfrigérateur gonflé comme un œuf.


  • Qu'est-ce qui se passe ici ?
  • J'ai décidé qu'on allait faire un grand repas. Je croyais que les gens normaux avaient des occupations le samedi. Apparemment non. En bas ils préparent la salle et plusieurs voisins ont accepté d'aider pour la cuisine.


En disant cela il remuait un ragoût. Nassim avait rarement vu son capitaine si rayonnant. Ce que lui avait raconté Lucie lui avait semblé si extravagant qu'il ne savait toujours pas quoi en penser mais une chose était sure : cela avait radicalement changé Frédéric Caïn.


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