Inconnue au bataillon

Chapitre 4

1094 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/06/2018 11:46

Juste après avoir ouvert le fichier de photos, Caïn appela Lucie et Borel. C'est avec eux au dessus de lui qu'il explora les clichés en détail. Le contenu de cet appareil n'avait rien à voir avec celui d'un touriste. Il n'y avait aucune photo de paysage, seuls figuraient des gens. Pris en plan large ou rapproché, des individus ou des groupes, la carte SD ne comprenait que des personnes. Les images permettaient de la suivre alors qu'elle avait descendu la rue, repérer son spot et qu'elle s'y était installée.


  • Il y a beaucoup de photos de vous, nota Borel.


Il n'avait pas tort de le souligner mais elle avait fait d'autres fixettes sur une ou deux personnes dont Caïn enregistra les portraits pour les envoyer à Legrand. L'appareil qu'elle avait faisait des zooms impressionnants si bien que certaines photos de Delambre et de Caïn étaient prises de si près qu'il paraissait incroyable qu'ils n'aient rien vu.


  • On en viendrait presque à se demander si le tir était dû au hasard ou à autre chose.
  • C'est vrai que ce n'est pas courant comme passe-temps.


Une fois qu'ils eurent survolés les photos Caïn chargea Legrand de trouver l'identité des personnes sur lesquelles Alice avait fait une fixation. Borel repartit sur les clés. Delmabre contacta la balistique et Caïn repartit à travers l’œil d'Alice. Au premier regard il s'était intéressé aux visages mais en revenant une seconde fois sur les images, le capitaine privilégia les photos en plan large, avec de la chance son objectif avait peut-être vu quelque chose qui lui avait échappé.


C'est sur l'une des premières photos qu'il trouva la réponse. C'était une prise de vue globale de la rue. Au fond Caïn pouvait voir le toit-terrasse sur lequel Alice irait se percher un peu plus tard, mais ce qui intéressait vraiment le capitaine était l'immeuble derrière ce toit-terrasse. Toutes les fenêtres étaient standardisées mais l'une d'entre elles attira son regard. La baie vitrée du balcon était ouverte mais tout semblait étrangement noir. Caïn fonça dans le bureau de la commandante. Elle était encore au téléphone.


  • Delambre est-ce que vous pouvez demander si le tireur pouvait être dans l'immeuble derrière le toit-terrasse ?


Il attendit alors qu'elle répétait la question puis encore pendant qu'elle tendait l'oreille pour recevoir la réponse.


  • Ils ne peuvent encore être sûr de rien mais c'est possible. Par contre si vous partez sur cette piste maintenant, il va vous falloir vous coltiner tout l'immeuble.
  • Mon petit doigt est très efficace pour me souffler des choses à l'oreille.


Il laissa la commandante finir sa conversation et retourna à son bureau. Après deux clics il décolla pour regarder l'imprimante cracher bande de couleurs après bande de couleurs pour aboutir à sa photographie. Il la coinça entre ses lèvres et se retourna. Caïn faillit rentrer dans la commandante. Elle lui bloquait sciemment le passage et le regardait avec des yeux qu'elle ne prenait que lorsque le terrain la démangeait.


  • Vous allez quelque part ?
  • À l'hôtel, trouver la chambre de notre charmant tireur.
  • Vos deux lieutenants sont très occupés, n'est-ce pas ?
  • Voudriez-vous m'accompagnez pour cette danse ?
  • Avec plaisir.


Un échange de sourire et ils étaient partis. Borel et Legrand les avaient tous deux regarder s'éloigner décontenancés mais pas pour les mêmes raisons. Dès que leurs supérieurs furent sortis, le premier retourna à son travail alors que les yeux du second s'attardèrent un peu plus longtemps là où ils avaient disparu. Il n'était pas rare que Legrand paraisse inquiet lorsque Caïn et Delambre partaient juste tous les deux. Borel pensa qu'il ne serait pas non plus ravi de voir les photos de leur promenade seuls.


Du moment où ils sortirent de la voiture à l'instant où ils pénétrèrent dans l'hôtel ni Caïn, ni Delambre n'exprimèrent le sentiment étrange qui les avait étreint en redescendant cette rue dans un état d'esprit si différent de la première fois. À l'extérieur ils n'avaient parlé que pour tenter de repérer l'appartement de la photo sur la façade. Caïn avait pris quelques repères visuels et Delambre avait compté les fenêtres pour circoncire leur recherche sir deux étages précis.


Une fois dans l'immeuble c'est Lucie qui s'en fut interroger la réceptionniste. Aux niveaux qui les intéressaient 5 appartements étaient vides dont 3 orientés correctement pour être celui d'où le tireur avait fait feu. La commandante prit les clés alors que Caïn retenait les portes de l’ascenseur. Il n'avait même pas pris la peine d'écouter et se laissait guider par Delambre. L'immeuble comptait 7 étages, leur tireur se serait positionné au 2ème ou au 3ème étage. Pas très haut donc.


Le premier appartement ne comportait aucun élément suspect. En allant sur le balcon Caïn vit bien qu'il ne s'agissait pas de l'endroit qu'il avait repéré mais la hauteur était la même. La vision était dégagée sur toute la rue, l'ange de tir, bien qu'un peu bas, était tout à fait correct pour couvrir la zone. Entre temps Delmabre avait isolé la clé qui les mènerait à la chambre tant convoitée. Le capitaine entra le premier et se figea avant que Lucie puisse espérer mettre un pied à l’intérieur.


  • C'est ici.
  • Pardon ?
  • C'est ici qu'était le tireur.
  • Vous ne m'aviez jamais dit que vous aviez un 6ème sens « détection de tireur ».
  • Vous faîtes bien de me le rappeler, j'avais failli oublier que vous aviez de l'humour aussi. Non 5 sens sont déjà bien assez quand il me suffit de voir ce qu'il a laissé derrière lui.


Delambre, intriguée, tendit la tête pour voir l'intérieur mais Caïn s'avança et elle put pénétrer dans la chambre. Le balcon donnait sur une perspective assez similaire à celle du premier.


  • Une douille frappée d'un F. La balistique confirmera qu'elle a été faite maison, qu'elle ne porte aucune empreinte et qu'elle est l’œuvre d'un sniper de renom. Un tireur d'élite travaillant pour le plus offrant à travers toute l'Europe.
  • Vous pensez qu'il peut être encore sur Marseille ?
  • Pourquoi pas. Après tout son contrat n'est pas terminé, sa cible respire encore.
  • Pour l'instant.   


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