Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 1)

Chapitre 7 : Les gardiens de mon coeur

4466 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2021 17:09

Episode 6.1 : Le second gardien.


 - Allô ? Anthony ?!

 - Non, c’est Samantha. C’est Sakura ?! pétilla la voix au téléphone.

 - Oui.

 - Ahhhh !! cria-t-elle alors. Comment va Thomas ?! Il est là ? Je peux lui parler ? Je suis contente de te parler. Ton frère est là ?

 - Oui, mais je voudrais parler à Anthony. C’est assez urgent en fait.

Tiffany acquiesça, en face de Sakura, et servit deux verres de jus d’orange.

 - Bon, fit Samantha, un peu triste, je vais voir...

 - Merci.

 - Et après tu me passes Thomas ?!

Tiffany éclata de rire et Sakura secoua la tête. Silence au bout du fil.

 - Elle n’a pas changé, confia Tiffany.

 - Oui. J’espère qu’Anthony aura nos réponses.

 - Ce qui est étrange c’est que Kero apparaisse sur la couverture, continua Tiffany. Avant que tu ne le libères, lui et les cartes aussi, au tout début, il les gardait depuis cette place. Mais depuis, il n’y était jamais retourné.

 - Non. Enfin, je crois... hésita Sakura. Non, je ne pense pas.

 - Alors pourquoi maintenant ? Et il y a une autre question qui me vient, ajouta Tiffany.

 - Laquelle ?

 - Ne pourrait-on pas penser qu’avant que tu le libères, Kero était...

 - Allô ?

 - Anthony ? demanda Sakura en interrompant son amie.

 - Non, c’est encore Samantha. Il est au temple avec Katya, mais j’ai quelqu’un qui est là et qui veut te parler...

 - Ah ?

Sakura patienta au téléphone et finit par entendre une conversation agitée de l’autre côté:

 - Non !! Hors de question.

 - Moi, répondit-on, je ne lui parlerai pas pour toi. Il serait temps que tu penses à vivre dans notre monde !

 - Mais je ne sais pas utiliser ça, moi.

 - Débrouille-toi ! cria-t-on avant que le son d’un claquement de porte résonne dans l’appareil.

Sakura fronça les sourcils et :

 - Euh... fit-on dans l’écouteur. Allô ?

 - Mathieu ? demanda Sakura.

 - C’est... euh, non... il faut prendre ça dans la main... Allô ?

 - Yue ?

 - Oui... bonjour Sakura. C’est Yue.

Elle éclata de rire, en imaginant son ami-gardien-ailé penché au-dessus du combiné de téléphone.

 - Que se passe-t-il ? demanda-t-il alors.

 - J’ai un... problème, lança-t-elle en calmant son rire.

 - Je t’écoute.

Le simple son de sa voix la fit recouvrer la gravité qui accompagnait son appel.

 - Kero a disparu. Et je voulais que Anthony, enfin Clow, me conseille.

 - Kero a disparu... Etrange.

 - Oui... en fait, commença-t-elle. J’ai retrouvé le livre de Clow. Et Kero s’est fait... comment dire ? « avaler » par lui.

Le silence au bout du fil.

 - Clow médite. Mais il ne serait pas d’accord pour que je te laisse continuer avec cet obstacle majeur.

 - Comment ça « continuer »? Tu sais quelque chose ? un obstacle à... quoi ?

 - C’est trop grave pour ne rien faire, Sakura. J’arrive.

 - Yue ?! appela Sakura quand elle n’entendit plus sa voix.

 - Oui, je suis encore là. Je ne sais pas où on repose cet objet.

Elle éclata de rire.


Deux jours plus tard, le vendredi, Sakura n’avait encore eu aucune nouvelle. Elle avait laissé à Thomas son téléphone portable et elles avaient apporté celui de Tiffany à la patinoire. Depuis l’apparition de la carte du Sable, ils n’y étaient pas retournés et Sandrine avait trouvé judicieux d’y passer cette fin d’après-midi pluvieux. En arrivant sur le perron, Sakura et Tiffany ôtèrent leur imperméable et se regardèrent. Elles avaient eu la même idée : Sakura plongea la main dans sa poche et sortit le portable.

 - Pas de messages, annonça-t-elle.

 - Bon, alors amusons-nous ! proposa Tiffany.

Elle entraîna son amie à l’intérieur et très vite, elles se changèrent. C’est Yvan qui vint les accueillir près de la glace. Il se laissa glisser et freina devant elles.

 - Bonjour toutes les deux !

Sandrine et Sonya le rejoignirent et saluèrent à leur tour les nouvelles arrivantes.

 - C’est bien d’être venues ! On va vraiment s’amuser ! lança Sonya.

 - Tu as l’air d’aller un peu mieux Sakura, nota Sandrine.

 - Comment ça ?

 - Je m’inquiétais. Tu étais toute patraque depuis deux jours.

 - Tu avais... remarqué ?

 - Bien sûr !

Tiffany sourit et serra la main de Sakura.

 - Je ne sais pas ce qui te tracasse mais j’espère que tu peux faire une trêve aujourd’hui, sourit Sandrine.

 - Je sais ! s’exclama Yvan. Tu laisses tes sentiments en dehors de la glace. On arrête le temps pour l’après-midi.

 - C’est une bonne idée, reconnut Sandrine. Elle est de toi ?

 - D’accord, souffla Sakura. J’oublie tout pour cet après-midi.

 - Très bien !

Elle posa un pied sur la glace et passa entre eux en se laissant glisser dans le mouvement général.

 - Tu viens ? demanda Yvan à Tiffany qui longeait la bordure en bois, côté ciment.

Elle brandit son caméscope et lui sourit.

 - Je vais d’abord vous filmer !

 - Ah ! fit-il en s’éloignant.

Tiffany s’accouda à la rambarde et laissa errer son objectif sur la piste de glace. Le mouvement souple de la foule sur patins glissait à merveille sur le film et elle profita des passages de Sakura et de ses amies pour les filmer de profil. Elle longea ainsi la circonférence de la patinoire et saisit sur sa bande tout ce qui ferait de merveilleux souvenirs... Sonya qui volait presque sur la glace. Sandrine, accrochée au bras d’Yvan, son regard tendrement posé sur lui, souriant, pour le laisser raconter encore une de ses histoires, avant de secouer la tête et de se laisser glisser sur le côté. Et Nadine, pendue à un inconnue qui l’aidait à se relever. Et cet enfant qui la frôla, la catapultant dans un groupe de jeunes. Sakura arrivait et prit aussitôt sa défense, leur tirant effrontément la langue. Et voir Alison qui...

 - Tiens, remarqua Tiffany en s’écartant un temps de son écran. Alison est là.

Celle-ci rejoignit Sakura et glissa à ses côtés. Elles se saluèrent et discutèrent un peu. Tiffany baissa son objectif et regarda longuement son amie patiner. Cette amie qu’elle connaissait depuis tant de temps, maintenant. Une véritable amie qui lui avait pardonné si facilement le mensonge... Une amie qui ne l’oubliait jamais et dont les attentions ne manquaient pas. Une amie... Sa meilleure amie. Elle sourit.

Elle reprit son caméscope et filma les deux jeunes filles qui filaient sur la surface glacée. Elles allaient plutôt vite. Et Alison lança visiblement un pari à Sakura. Elles se serrèrent la main et se lancèrent dans la masse, filant comme le vent entre les groupes, elles se faufilaient sans heurts et sans ralentir. Tiffany n’en crut pas ses yeux. Sakura glissa sur le côté et redonna plusieurs coups de patin pour accélérer encore plus. De l’autre côté, Alison, venait d’agir de la même façon. Sakura levant le bras et redoublant d’effort. Mêmes gestes d’Alison. Les coudes, ensembles... Les genoux, la posture, le visage et l’allure... identiques.

La sonnerie retentit alors et la foule quitta assez rapidement la piste tandis qu’Alison et Sakura se rejoignaient au centre pour se serrer la main. La machine à lisser la glace sortit de son garage et se dirigea sur la piste. Quelle impression étrange...



Episode 6.2 : Identiques.


 - Identiques, tu dis ? sourit Sakura en saluant Alison qui se dirigeait vers la cafétéria de la patinoire.

 - Oui, c’en était troublant, tu sais. Vous avez négocié les courbes de votre course de la même manière. Avec cette foule !

 - Oh, je crois que nous nous débrouillons bien, voilà tout, sourit malicieusement Sakura. Ca m’a fait tellement de bien !

 - Et j’ai tout filmé ! annonça Tiffany.

 - Je sais, j’ai vu. Tu as vu quand je t’ai fait coucou ?

 - Oui, oui.

 - Kero aurait peut-être aimé venir, dit-elle alors.

Ses propres paroles lui revinrent comme un écho et elle se rendit compte de ce qu’elle avait dit.

 - Kero, murmura-t-elle. J’avais oublié qu’il...

 - Personne n’a appelé, la rassura Tiffany. Alors amuse-toi. C’est bien de décompresser !

 - Oui, tu dois avoir raison.

La sonnerie retentit et le haut parleur appela les meilleurs patineurs à se présenter sur la piste pour la roder.

 - C’est à toi ! lui souffla Tiffany.

Alison entra un peu plus loin et elles se firent signe. Tiffany attendait près des autres et Sonya souffla :

 - Moi, je n’aime pas ce moment-là.

 - Pourtant tu patines bien ! remarqua Yvan.

 - Mais ce sont des fous !

Les premiers tours furent calmes et soudain Alison et Sakura s’élancèrent. Filant sur la glace, elles traçaient de larges sillons derrière elles et elles rattrapèrent en un rien de temps le groupe des meilleurs. Elles les traversèrent sans les toucher et reprirent leur course. Tous étaient cloués sur place. Tiffany ne put s’empêcher de remarquer les mouvements parfaitement coordonnés des deux amies. Les mêmes mouvements de bras, de hanches et à la seconde près les pas s’enchaînaient parfaitement.

 - Ne me dites pas qu’elles ne se sont pas... préparées ! souffla Sandrine.

Mais la question ne se posait pas. Elles se découvraient l’une l’autre aujourd’hui. Et leur course devint plus ardue encore lorsque Sakura, sourire aux lèvres, frôla de près la barrière, soufflant ses amies au passages. Alison, poussée contre le mur, revint à la charge et déjà un autre tour se finissait. Elles volaient littéralement l’une autour de l’autre et la foule s’était arrêtée, muette. Tous encourageaient désormais les deux filles extraordinaires. On applaudit puis une voix demanda dans l’émetteur de libérer la glace. On hua l’homme et la foule s’enflamma pour les deux patineuses, qui frôlaient le rebord en se coupant la route à tour de rôle.

 - Quelqu’un trouve ça anormal, lui aussi ? demanda Yvan.

Les trois amies levèrent la main, bouche bée.

Tiffany filmait. Sakura avait toujours été extraordinaire. Mais là...

Elles ralentirent finalement et se retrouvèrent au centre de la patinoire pour se congratuler. C’est une salve d’applaudissements qui les accueillit alors. Elles revinrent vers le bord et les gens entrèrent à leur tour, en les saluant.

 - Que se passe-t-il ? s’étonna Sakura, en arrivant près de ses amis, toujours figés de surprise.

 - Vous êtes... surprenantes ! bafouilla Nadine.

 - Je n’aurais pas dit mieux, lança-t-on devant le groupe.

Le jeune homme leur sourit en s’appuyant à la rambarde.

 - Lionel ?! C’est bien toi ? s’écrièrent-ils tous. Ca va ? Tu es revenu quand ?! Sakura ne nous avait rien dit ! C’est chouette ! Tu vas rester ? Stéphanie est là ? Tu es arrivé quand ? C’est vraiment chouette !

Sakura le dévorait des yeux. Il fit la bise aux autres et s’arrêta face à elle.

 - Bonjour Sakura, murmura-t-il, le sourire large. Belle démonstration...

 - Lionel ? l’appela une voix plus volontaire et impatiente.

Tous s’attendaient à voir Stéphanie.

 - Oui, Coréane, répondit-il. On m’attend, siffla-t-il. A plus tard !

Il s’éloigna et Sakura s’avança contre le rebord sans avoir le courage de l’appeler. Tiffany dévisagea les autres et un simple hochement de tête leur indiqua de ne pas trop poser de questions. Ils les quittèrent et rejoignirent la glace.

 - Tiffany, tu la connais ? Tu crois que...

 - Je ne sais pas.

On venait de poignarder Sakura en plein bonheur. Pourquoi était-il là ? Pourquoi avec cette fille ? Et pourquoi se vide se creusait-il en elle alors qu’elle l’avait cherché désespérément ces derniers jours ? Il était désormais si près d’elle et si loin à la fois. Elle sentit son cœur se serrer et il passa non loin sans les regarder. Tiffany prit Sakura dans ses bras :

 - Ca va aller ?

 - Je ne sais plus... je ne sais plus ce que je ressens, Tiffany.

 - Tu l’aimes ? demanda-t-elle en suivant l’objet de cette tristesse du regard.

 - Je ne sais plus. Je l’ai si violemment repoussé. Je l’ai brisé. Je l’ai détruit. Et il est parti... Tiffany, c’est moi la fautive...

Tiffany sentit que Sakura pleurait. Elle passa un bras dans son dos et vit passer Lionel, une main sur les hanches de cette fille.

Puis Sakura recula rapidement.

 - Je suis bête, Tiffany, fit-elle en passant deux doigts sous ses paupières.

 - Pourquoi ?

 - Parce que je sais que c’est fini entre nous. Je le sais... et je m’entête.

 - Ne sois pas si sévère. Des choses se sont passées et...

 - Oui, c’est... du passé, se retourna-t-elle vers la piste.

Elle posa un pied sur la glace et inspira profondément... Mais non... La douleur était encore bien là. Son retour n’était qu’un fil de sa cicatrice qui s’ouvrait. Et cela la décourageait. Elle ferma les yeux et sentit son cœur se vider. Et les larmes coulèrent. Eclairant ses yeux, humidifiant ses paupières, sinuant sur ses joues, perlant sur son menton, et filant vers la glace, s’écrasant mollement dans le gel. Elle recula finalement, se mordillant la lèvre inférieure, et secoua la tête avant de se diriger vers la terrasse. Tiffany fronça les sourcils.

Lionel arrivait et ralentit en passant devant Tiffany. Il s’arrêta plus loin et se retourna. Puis il glissa vers la jeune fille.

 - Où est Sakura ?

Tiffany fit un pas en avant et le gifla sèchement. Il se recula, déstabilisé et elle le fusilla du regard.

 - Je t’ai vu en faire des bêtises. Mais tu as dépassé les bornes. Tu lui mets cette fille sous le nez pour la faire souffrir.

 - Je l’avoue, souffla-t-il froidement. Pourquoi te le cacher ?

 - Tu es odieux. Ou alors... tu n’es pas sincère, Lionel. Tu peux très bien me mentir, lui lança-t-elle, mais épargne Sakura.

 - C’est mon affaire, pivota-t-il sur ses patins.

 - C’est aussi la mienne, si tout ça a un sens plus profond...

Il ouvrit grand les yeux sans la regarder.

 - Je le savais... chuchota-t-elle.

 - Mêle-toi de tes affaires, Tiffany.

Il s’éloigna et elle rejoignit Sakura, sur la terrasse.


La nuit tomba. Quelque part dans le froid, dans un recoin, une effervescence... Dans la pénombre et le froid, une bulle, puis deux. Trois. Et bientôt une nuée. La tache salée sur la glace fumait légèrement. La larme avait réveillé une force... 

« La larme de Sakura... songea l’homme qui patientait devant les portes closes. Une simple larme. »


Son père souriait devant son écran de télévision lorsque Sakura se leva. Elle passa dans la cuisine et se servit dans la corbeille de beignets.

 - Tu n’es pas au travail ?

 - Non, j’ai donné son week-end à Linda. Elle travaille très assidûment depuis le début et nous avions besoin de repos tous les deux.

 - Elle est comment, au fait ?

 - Studieuse. Sérieuse et active. C’est une très bonne stagiaire et je ne doute pas qu’elle ira loin.

 - Je te crois, s’installa-t-elle à côté de lui. Si tu le dis ! Tu sais si bien comprendre et deviner les gens qui t’entourent, sourit-elle malicieusement.

Il prit la télécommande et haussa le son. A l’écran, un quartier de la ville. Une journaliste prit place dans la petite lucarne :

 - Comme vous le voyez, il est très difficile de stopper la progression de cette marée de mousse qui semble se déverser en flot continu depuis le complexe sportif...

Sakura se redressa en voyant la patinoire, au second plan, débordant par toutes les ouvertures de vagues de mousse blanche épaisse et molle.

 - Personne n’a seulement pu pénétrer cette mousse qui, semble-t-il, serait plus compacte à l’intérieur. Le risque dès lors se situe dans la résistance des murs du complexe. Et quel phénomène est à l’origine de cette incongrue marée savonneuse ? Toutes les arrivées d’eau ayant été coupées autour de la patinoire, personne ne s’explique dès lors la progression de la mousse. On peut néanmoins déjà penser que c’est là l’œuvre de vandales.

 - Eh bien, ils ne savent plus quoi inventer ! sourit Dominique en se levant. Je vais faire des courses pour demain.

 - Non... Je vais y aller... intervint Sakura. Je m’habille et... j’y vais... Ca me... ça me réveillera !

 - Si tu veux, je te prépare la liste.


Sakura poussa un peu plus sur ses rollers et accéléra en longeant le parc.

 - Tu n’es pas au courant ? demanda-t-elle à Tiffany, au téléphone.

 - Non... C’est une carte ?

 - C’est la carte des Bulles... c’est certain... Mais je n’ai aucune carte pour l’attraper ! Je m’y rends. C’est à la patinoire.

 - A la patinoire ? J’arrive. Etrange tout de même, nous y étions hier !!

 - Oui, oui, nous verrons ça, je t’y attends.

Elle raccrocha et bifurqua vers l’avenue principale.



Episode 6.3 : La capture impossible.


Quand la Rolls-Royce arriva en vue de l’avenue concernée, la circulation était interrompue. Le chauffeur se retourna vers elle et la femme haussa les épaules.

 - Je vais y aller à pieds !

 - Bien, mademoiselle. Soyez prudente.

Tiffany quitta la voiture, emportant son caméscope et le sachet qui contenait la nouvelle tenue. Le téléphone sonna.

 - Tiffany ? Monte dans ce bâtiment, je suis au sommet, tu me vois ?

Elle fit un signe à son amie et entra dans l’immeuble. L’ascenseur la hissa vers le toit et elle finit à pieds dans un escalier de secours. Quand elle déboucha sur la terrasse, ce fut la surprise : les bulles atteignaient le sommet de la patinoire de l’autre côté de l’avenue et elles progressaient toujours plus vite...


Mathieu sourit à la petite fille qui était tombée près de lui et qu’il avait aidée à se relever dans l’allée de l’avion.

 - Merci monsieur.

 - Rejoins vite tes parents.

Elle se remit à courir et il se tourna vers le hublot de son voisin.

 - Nous arrivons, lui lança celui-ci en voyant la ville sous eux. Oh ! regardez !! C’est quoi cette tâche blanche, là-bas ?!

Mathieu se pencha et sentit un malaise l’envahir... Il aperçut ses mains devenir pâles et les cacha subitement. Sakura... L’être qui l’habitait sentait le danger. Et voulait se réveiller. Il se leva et se dirigea vers les toilettes.


Sakura leva les yeux vers le bruit qui les survolait de loin. Cette force...

 - Qu’y a-t-il ? demanda Tiffany. Mathieu ?!

 - Oui. Mais j’aimerais qu’il se dépêche...

Elle sortit sa clef.

 - Il faut essayer avant que ça ne paralyse tout le centre.

Elle tendit les mains en avant, paumes face à face, légèrement tournées vers le ciel, et ferma les yeux.

 - Attends ! l’arrêta Tiffany. J’ai ce qu’il te faut !

 - Une tenue ?!

 - Oui...


Quand Sakura se fut changée, elle reparut devant son amie qui s’émerveilla une nouvelle fois. Couture fine et près du corps. Un ensemble de soie avec pour motif d’innombrables bulles. Plusieurs voiles se détachant majestueusement de sa taille pour épouser la forme de ses jambes.

 - Je peux y aller ?

Caméra au poing, Tiffany sourit :

 - Action ! cria-t-elle.

Les trois cercles apparurent alors sous les pieds de Sakura et un vent magique se mit à tournoyer.

 - Clef du sceau Terrestre ! s’écria-t-elle, la clef entre les paumes. Reprends ta forme originelle et accomplis ton devoir. Moi, Sakura, chasseuse de cartes, je te l’ordooone !!

La clef s’allongea au creux de ses mains et tournoya vivement. Brandissant le sceptre devant elle, elle le rabattit en arrière et le projeta en avant, l’arrêtant dans le vide :

 - Carte des Bulles, quitte la forme qui est tienne. Deviens Carte. Carte de l’éternel !!

Des bulles s’élevèrent de la masse et s’éparpillèrent dans les rues voisines, répandant plus rapidement encore leur masse.

 - Carte des B... cria de nouveau Sakura.

 - Non ! attends... l’arrêta Tiffany, ça les multiplie !


Mathieu se glissa dans l’étroit escalier en colimaçon et se dirigea vers la porte de la soute. Puisque l’avion ne se poserait pas assez vite... Il tomba contre la paroi et de gigantesques ailes l’enveloppèrent. Yue jaillit alors et concentra sa force sur la paroi de la soute. D’un seul coup, il se retrouva de l’autre côté, et le souffle des moteurs le propulsa dans l’air brûlant. Il se freina et se maintint finalement au-dessus de la ville. Direction, Sakura !


 - Dieux de la foudre ! cria-t-on sur un toit plus loin. Détruisez ces bulles !!

Sakura et Tiffany firent volte-face et aperçurent Lionel, en tenue. Le ciel clair se couvrit et la foudre fondit dans les bulles.

 - Tu es fou ?! lui hurla Sakura. Et s’il y a des gens dans la mousse ?!

Il inspira profondément, les yeux braqués vers le sol.


Yue traversa la soudaine épaisseur de nuages et aperçut Sakura.

Elle le sentit arriver et Lionel haussa les sourcils en voyant le gardien se poser de l’autre côté de la rue. Il sortit un autre sort et brandit son épée.

 - Dieux du vent, dispersez ce nuage de mousse !!

 - Non, cria Tiffany, ça la répand !

Le vent souleva en nappes le lit de bulles et les rues voisines s’emplirent de mousse.

 - C’est malin, murmura Sakura.

 - Tu n’as plus de cartes ? demanda Yue.

 - Non, les forces que j’ai capturées ont disparu dans le livre de Clow.

Yue concentra son pouvoir dans une de ses mains et de fins cristaux apparurent. Ils foncèrent sur l’épaisseur de mer et la traversèrent.

 - Je crois que c’est Lionel qui a la solution. Comme vous n’avez rien, ni l’un ni l’autre. Il faut désassembler chaque bulle.

 - Grâce à l’électricité, s’avança Tiffany.

 - Alors, reconnut Sakura, je ne peux rien faire.

 - Dieux du Tonnerre, s’écria Lionel. Immobilisez ces bulles !!

Les éclairs parcoururent les quelques rues, lézardant les vitres, soulevant les voitures, électrifiant tout le quartier. Bientôt, tout le puissant courant fut attiré par l’eau des bulles.

 - Dieux du Tonnerre, s’époumona-t-il. Foudroyez ce nuage !

La masse des bulles désépaissit soudain et le niveau baissa peu à peu. Bientôt la rue réapparut. Et la patinoire aussi.

Yue demeurait sceptique et fouillait le sol de son regard perçant.

 - La force s’est retirée, conclut-il. Mais elle reviendra.

Sakura lui sauta au cou:

 - Je suis tellement heureuse de te revoir, Yue !

Tiffany aperçut Lionel tourné vers eux qui s’en allait. Elle lui fit signe et il sourit.

 - Tu veux que je me transforme en Mathieu ?

 - Non, je veux être d’abord un peu avec toi, souffla-t-elle en le serrant plus fort encore.

Il esquissa un sourire et posa une main dans les cheveux de Sakura.


En arrivant à la maison, Thomas se jeta dans les bras de Mathieu. Dominique le salua discrètement.

 - Tu aurais pu prévenir !! le gronda Mathieu.

 - C’est ta sœur qui en a eu l’idée.

 - Je suis si heureux de te revoir...

 - On s’est quittés il y a à peine deux semaines, sourit Mathieu.

 - Et c’est énooorme !!

 - C’est vrai.

 - Entrez, les garçons. Ne restez pas à la porte.

 - J’ai les courses, Papa !! s’exclama Sakura.

 - C’est donc pour ça que tu as voulu y aller à ma place, murmura Dominique en débarrassant sa fille.

 - Ca tombe bien que tu sois là Mathieu, lança Dominique depuis la cuisine. Tu réussiras peut-être à convaincre Thomas de nous accompagner demain.

 - Où ça, papa ? demanda Sakura.

 - Papa à promis à son amie du travail, expliqua Thomas, de l’emmener demain près du lac de Tukayuno.

 - Ca te dit Sakura ? demanda la père.

 - Oh oui ! Je peux téléphoner à Tiffany ?

 - Préviens-là dès ce soir, alors ! Et toi Mathieu ?

Thomas le supplia du regard de se taire.

 - Oui, volontiers, monsieur Gauthier. Ca me ferait vraiment plaisir.

 - Vendu, soupira Thomas. Tu me revaudras ça !

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