Il faut tenter de vivre ...

Quelques jours plus tard, elle s’envolait à Los Angeles afin de présenter son fiancé à sa sœur.

Sayuri avait de nouveau déménagé, et s’était installée sur la côte ouest des Etats-Unis. Sa nouvelle promotion l’enchantait, d’autant plus qu’elle la rapprochait du Japon, et ainsi de sa jeune sœur.

Le printemps venait juste de commencer, et c’est par un bel après-midi de mars, que Kaori et Makoto pénétrèrent dans l’appartement de la jeune journaliste.

Le mariage devait se dérouler à Tokyo au début de l’été  prochain, mais il était très important pour Kaori d’avoir le « consentement » de sa grande sœur.

Cette formulation fit sourire Sayuri :

- Voyons ma chérie, tu es bien assez grande pour te passer de ma bénédiction !

Puis après un instant :

- Cependant, je dois reconnaître, que je suis un peu surprise…

Makoto venait de s’éclipser, afin de permettre aux deux jeunes femmes de se retrouver.

- Que veux-tu dire ? S’enquit sa jeune sœur, même si au fond de son cœur, elle pressentait les prochaines paroles de Sayuri.

Cette dernière fit preuve de beaucoup de tact :

- Il est agréable, et sans nul doute très gentil, mais je le trouve un peu … En fait j’imaginais quelqu’un de plus pétillant pour toi !

Kaori lui tint à peu près le même discours qu’à Miki, et l’assura de la profonde réflexion de cet engagement.

Toutefois, un certain détail agaçait sa grande sœur :

- Je le trouve un peu … possessif.

Sayuri se remémora une remarque qu’avait faite Makoto le matin même : il se plaignait de la tenue de Kaori. Cette dernière était pourtant particulièrement jolie dans sa petite robe courte, et il aurait été dommage de cacher les jambes magnifiques de la jeune femme.

- Je t’avoue, lui confia Kaori, que cette partie de sa personnalité m’agace un peu … mais c’est aussi agréable de voir son petit ami jaloux.

Sayuri songea qu’il existait une différence entre une petite jalousie naturelle induite par un sentiment amoureux fort et une possessivité maladive. Or la réflexion de Makoto s’apparentait plutôt à cette deuxième catégorie.

- L’important est qu’il te rende heureuse, soupira-t-elle.

Les jours suivants se déroulèrent de manière agréable, les deux jeunes fiancés avaient décidé de rester à Los Angeles jusqu’à l’anniversaire de Kaori, le 31 mars, et ce pour la plus grande joie de Sayuri, qui leur avait promis une belle fête.

Un matin, Kaori avait décidé de faire quelques courses, Makoto n’ayant pas souhaité l’accompagner, c’est seule qu’elle s’apprêtait à rentrer dans un café. Les bras chargés de cadeaux divers (dont nombreux étaient pour ses amis japonais), elle s’installa à une table et commanda un café. Elle en profita également pour feuilleter un journal laissé là par un consommateur pressé.

Elle était particulièrement jolie, et de nombreux regards se portaient sur elle. Elle était vêtue de la fameuse robe, que n’appréciait pas son fiancé. Il lui avait d’ailleurs encore fait une petite scène avant qu’elle ne s’en aille, et elle se remémora ses propos avec agacement. Ses cheveux, qu’elle portait toujours courts, lui encadraient joliment son visage, et son léger maquillage mettait particulièrement en valeur ses grands yeux.

Alors qu’elle parcourait d’un œil distrait les petites annonces, son regard se figea et son cœur s’accéléra de manière significative.

Pourtant l’encart qui avait retenu son attention paraissait plutôt abstrait :

« X Y Z Rendez-vous 12h mardi 25 mars   ….. » et suivait l’adresse d’un café, lieu du rendez-vous.

Kaori tenta de se calmer, mais les battements désordonnés de son cœur ne lui laissaient aucun doute sur l’état de fébrilité dans lequel elle se trouvait.

Des larmes se mirent doucement à couler sur ses joues.

Cela fait toujours aussi mal, songea-t-elle, il est quasiment certain, qu’il s’agit tout simplement d’un hasard. Pourtant …l’espoir germa dans son cœur. Regardant fébrilement sa montre, elle constata qu’elle pouvait se rendre au lieu du rendez-vous, à l’heure dite …