Il faut tenter de vivre ...

Chapitre 4 : Le rendez-vous

1559 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/12/2019 11:04

Une heure plus tard, elle pénétra dans le café en question. 

 

Même si aux yeux d’un observateur extérieur elle paraissait très sure d’elle, son esprit était particulièrement confus à ce moment précis. Elle repéra rapidement la « cliente » potentielle : une jeune femme était assisse sur une banquette, elle tenait une rose rouge dans ses mains. 

- Plutôt mignonne, songea Kaori, Ryo serait content. 

 

Kaori s’assit sur la banquette qui se trouvait juste derrière la jeune femme, elle commanda un café et patienta. Son attente fut de courte durée, une jeune femme blonde pénétra dans le café et après un instant d’hésitation, vint s’asseoir en face de la femme repérée par Kaori.


Cette dernière poussa un profond soupir : 

- Quelle idiote, murmura-t-elle, tout ceci n’a rien à voir…. 

Alors qu’elle s’apprêtait à se lever, elle fut stoppée dans son élan par les propos de la jeune femme. 

- Ecoutez, mademoiselle, je préfère vous prévenir tout de suite, Ryo, mon associé apprécie particulièrement la compagnie de jolies femmes, il risque donc de se montrer entreprenant vis-à-vis de vous. 

Kaori se rassit le cœur battant. Beaucoup d’idées se bousculaient dans sa tête : 

- Ryo est ici….je peux le revoir………..il a une nouvelle associée……..une femme en plus….. et ….BLONDE de surcroit ! 

Son regard devint tout d’un coup flamboyant, tout en se levant, elle serra son poing droit et songea : 

« Alors comme çà, cet imbécile m’a remplacé, il a osé……… ME remplacer par une BLONDE ! » 

Le serveur effrayé lui demanda : 

- Mademoiselle quelque chose ne va pas ? 

Confuse et rougissante, elle se rendit compte qu’elle avait du parler tout haut. Elle se rassit immédiatement, pressée d’écouter la suite de la conversation qui se déroulait juste derrière elle. 

 

La jeune cliente se plaignait d’être suivie depuis deux semaines. Hier elle avait échappé de peu à son agresseur, ce dernier l’avait acculée dans une ruelle sombre, et elle n’avait pu s’échapper que grâce à la présence d’esprit d’un passant, qui l’ayant entendu criée, était venu lui porté secours. A présent, elle avait peur, et réclamait la protection son interlocutrice. 

 

Kaori avait écouté avec intérêt les propos de la jeune femme, cette affaire ne semblait pas très compliquée. 

La jeune associée de Ryo, qui se prénommait Clare , se leva et invita sa cliente à l’accompagner. 

- Je vais vous présenter mon associé. Nous avons rendez vous avec lui, dans un parc proche d’ici. 

Kaori sentit son cœur s’accélérer, elle se leva discrètement à leur suite, et se mit à suivre les deux jeunes femmes.

 

A quelques rues de là, dans le joli parc boisé que Clare évoquait, un homme d’une trentaine d’année était assis sur un banc. Bras écartés, il tendait son visage vers les rayons du soleil. Ryo venait de recevoir un message de sa collaboratrice. A priori, elle lui avait trouvé une nouvelle cliente. 

Esquissant un demi-sourire, il songea que Clare n’hésitait pas à lui présenter de jolies femmes. 

 

Il l’avait rencontré presque un an auparavant. Cette jeune demoiselle avait décidé d’ouvrir une agence de détective privée, et sa première mission s’étant révélée périlleuse, elle avait engagé Ryo pour la protéger. Clare, s’étant prise d’affection pour cet homme malheureux et pourtant si humain, lui avait proposé une association. Ryo avait refusé, mais depuis, ils s’aidaient régulièrement dans leurs affaires respectives. Il devait bien reconnaître qu’elle était plutôt efficace pour lui trouver du travail en tant que garde du corps. 

 

C’était une très jolie jeune femme, qui subissait régulièrement les assauts amoureux de Ryo. Elle les repoussait fermement, car la méthode lourde de son associé lui semblait indigne d’elle. Cependant, le nettoyeur était intimement persuadé que s’il s’était montré un peu plus romantique, elle aurait très certainement perdu ses moyens. 

 

Les pensées de Ryo dérivèrent inévitablement vers Kaori. Les quelques informateurs qu’il avait gardés à Tokyo, le tenaient régulièrement informé sur la vie de son ancienne partenaire. Officiellement, il agissait ainsi pour s’assurer qu’elle ne courrait plus aucun danger. Officieusement, il ne pouvait se résoudre à couper le fil tenu qui le reliait à la jeune femme. Les dernières nouvelles qu’il venait de recevoir l’avaient profondément ébranlé : elle était fiancée.


Il aurait dû s’en réjouir, mais la douleur prédominait. L’imaginer dans les bras d’un autre hantait régulièrement ses pensées. Il devait admettre qu’il n’avait jamais ressenti ce genre de sentiment, et cette faiblesse l’agaçait au plus haut point. 

 

Le banc, sur lequel Ryo s’était installé, lui permettait de voir arriver les deux jeunes femmes de très loin. Il se redressa à moitié. Son instinct ne le trompait que rarement ... La jeune cliente lui semblait très belle même à 50 mètres. La bave au lèvre, il se releva, imaginant déjà comment aborder les deux jolies femmes qui arrivaient. 

Une étrange impression l’envahit soudain. 

Redevenant immédiatement sérieux, il venait de repérer deux autres protagonistes. Une jeune femme se trouvait à environ 20 mètres de Clare et de sa cliente, et à côté d’elle dans les bosquets, un homme tout de noir vêtu semblait prêt à s’élancer. 

 

Kaori, devina plus qu’elle ne vit l’homme en noir surgir des buissons, près desquels elle marchait. Il était armé d’un couteau et semblait se diriger vers la jeune cliente de Ryo. Par réflexe elle allongea sa jambe, et lorsque l’homme passa à côté d’elle il ne put éviter son pied. Allongé par terre, il se releva rapidement et observa avec surprise que la pointe du couteau qu’il tenait à la main s’était tranchée net. Il voulut alors s’enfuir, mais Kaori plus vive, lui décocha une massue très percutante intitulée « Reste ici, sombre pervers ». 

 

Des corbeaux voletèrent autour de Clare et de sa cliente, mais cette dernière se reprit immédiatement, quand elle constata qu’elle connaissait l’homme sous la massue : 

- Cet homme travaillait avec moi. Il a été licencié, après que je me sois rendue compte de certaines malversations, dont il était l’instigateur. 

- Une banale histoire de vengeance donc, soupira Clare, tout en ligotant l’agresseur assommé, je vais prévenir la police. 

Puis se tournant vers Kaori, elle ajouta : 

- Je vous remercie, mademoiselle, votre intervention bien que peu … orthodoxe a été très efficace.


Kaori, releva la tête, en esquissant un sourire, elle observait le couteau abîmé que l’assaillant avait laissé au sol. 

- Etonnant, poursuivit Clare, il s’est cassé, ce n’était pas de la très bonne qualité. 

- Non, dit Kaori, seule une balle a pu trancher ce couteau. Nous avons un ange gardien. 

Le sentiment de plénitude qu’éprouvait Kaori, en ce moment même, ne lui laissait aucun doute : Ryo se tenait près d’elle. Elle plongea son regard dans les bois alentour. 

 

Ryo se retrancha derrière un arbre afin d’échapper au regard inquisiteur de son amie. Le souffle court, il revivait la scène à laquelle il venait d’assister. Voyant l’agresseur armé se précipiter vers leur cliente, il avait tiré sur le couteau de celui-ci. Au même moment, la jeune femme derrière Clare lui avait fait un croche-pied. Mais le plus étonnant restait à venir, car Ryo avait assisté à une scène bien connue : alors qu’il se relevait, l’homme en noir s’était retrouvé aplati sous une énorme massue. 

La sensation étrange qui habitait notre nettoyeur depuis plusieurs minutes portait donc le prénom de Kaori. 

 

Elle l’avait retrouvé. 

 

Il aurait aimé rester là caché derrière cet arbre indéfiniment … pour continuer de ressentir le bien-être qu’il éprouvait à la contempler. Mais il devait faire vite, il savait qu’elle aussi avait ressenti son aura, d’ailleurs elle inspectait le couteau de l’assaillant. 

 

Après un dernier regard vers la jeune femme, il décida de s’éloigner. 

 

Kaori perçut immédiatement la différence. Il s’en allait, sans s’être montré : comment pouvait-il être aussi cruel ! Elle se retourna vers Clare, qui venait de terminer sa conversation téléphonique avec la police. 

- Puis-je faire quelque chose pour vous ? S’enquit cette dernière. 

- Oui, répondit fermement Kaori, j’aimerais rencontrer votre associé.  




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