Il faut tenter de vivre ...

Chapitre 10 : Rendez-vous clandestin

3933 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/01/2020 08:17

-              Je dois te parler de Makoto …

Kaori se détacha de Ryo, tandis qu’une libellule tombait sur son visage.

-              Je ne pense pas que le moment soit particulièrement bien choisi …

-              Nous sommes seuls, c’est le moment idéal.


Ryo partit fermer la porte de la chambre.


-              Je savais qu’en fouillant dans les petites culottes de Cassia, tu rappliquerais. Tu as toujours eu une intuition phénoménale pour me surprendre sur le fait …

-              Tu veux dire que tu faisais semblant de trifouiller dans ses sous-vêtements pour me faire apparaître ? Si c’est vrai, alors explique-moi …


... Kaori tira un chapelet de soutiens gorges de la poche arrière du jean de Ryo.


-              Ce que tout ceci fait là ? continua –t-elle d’un ton énervé.

-              Héhéhé, petite coquine, où vas-tu glisser tes mains ?


Kaori lui largua une petite massue : « De change pas de sujet de conversation » en plein milieu du front.


-              Haha, tu as toujours sous la main la massue adaptée à la situation. Bon disons que cela aurait été dommage de ne pas garder un petit souvenir d’une célèbre actrice d’Hollywood !

-              Pff, fit Kaori méprisante, vu les œillades qu’elle te lance, je suis étonnée qu’elle ne t’ai pas déjà laissé d’autres souvenirs.

-              Ohhh Kaori Vénérée, serais-tu jalouse ?


Les yeux de cette dernière jetèrent des éclairs :

-              Jalouse d’une imbécile pareille, non merci ! Mais je crois que tu voulais me parler de Makoto ?


Le visage de Ryo redevint sérieux immédiatement.

-              Je ne pense pas qu’il soit celui que tu crois …

-              Je ne comprends pas …

-              Tu ne lui avais jamais parlé de ton passé de nettoyeuse ?

-              Non, soupira Kaori, et je sais ce que tu vas me dire : il ne semblait pas du tout surpris de l’apprendre…

-              Tu l’as ressenti aussi ! Etonnant tout de même. Comme le fait qu’il connaisse le nom de City Hunter …

-              Nous  avions tout de même une petite réputation. Comment crois-tu que les clients venaient à nous ?

-              Bien sûr … Mais il dégage quelque chose de malsain. Tu ne l’as jamais ressenti ?

-              Tu penses qu’il fait partie de notre monde ? Je veux dire … ajouta-t-elle en voyant Ryo hausser un sourcil devant l’emploi du possessif … son aura ne m’a jamais semblé inquiétante. Miki et Umi le connaissent et ils ne m’ont jamais mis en garde contre lui.

-              Ils l’apprécient ?

-              Pas du tout, soupira Kaori. Mais je pense que c’est plus par fidélité envers toi, que par antipathie pour lui.

-              Non, rajouta Ryo doucement, tu aurais rencontré quelqu’un qui te mérite, Miki aurait été heureuse pour toi.


Kaori crut voir un éclair de tendresse briller dans le regard de son partenaire. Elle se rapprocha de lui tendant la main vers sa joue mais il rajouta :

-              Je pense qu’il s’est servi de toi pour te conduire jusqu’à moi.


Kaori suspendit  son geste et une rage folle envahit les veines. C’est une véritable furie qui s’abattit contre le torse de Ryo tous poings dehors :

-              QUOI ???? Evidemment, tu ne penses pas qu’un homme puisse tomber sincèrement amoureux de moi. MOI LE TRAVELO HEIN !!!! TOUT doit toujours tourner autour de TOI ! Je serais incapable de séduire qui que ce soit par mes seuls charmes ? C’est cela ?


Ryo plaça ses deux mains autour de la taille de Kaori la souleva légèrement et la plaqua contre le mur. Front contre front, ils soudèrent leur regard l’un à l’autre.

-              Ce n’est pas ce que j’ai dit ! Bon sang !


Leurs bouches étaient dangereusement proches, Ryo se dit qu’il jouait là un jeu dangereux, mais il ne parvint pas à contrôler le désir qu’il ressentait pour elle. Hier soir, ils avaient ouvert la boîte de Pandore ...


Il l’embrassa avec une telle passion, que Kaori sentit son esprit s’envoler très loin de son corps. Chaque mouvement de sa langue contre la sienne la transportait un peu plus loin. Elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse existe une telle harmonie dans un simple baiser. Elle voulait plus, terriblement plus … Elle gémit sourdement et commença à le caresser délicatement à travers la toile de son jean tendu.


Ryo la lâcha brutalement, et s’abattit contre le mur à côté d’elle, vaincu.

-              Je sais qu’on peut tomber amoureux de toi, Kaori. Je le sais.


Kaori sentit une bouffée de bonheur brut l’envahir, elle se rapprocha de lui et glissa la paume de sa main contre une joue de Ryo. Il lui attrapa fermement le poignet, et gronda :

-              Non, cela ne doit plus se reproduire !

-              MAIS POURQUOI ?

-              J’ai fait la promesse de te quitter il y a près de deux ans. Une promesse que je ne dois pas rompre !

-              Mais à qui as-tu fait ce serment ?

-              Je n’ai pas à te le dire … Je voudrais juste que tu respectes ma décision et que tu n’essaies plus de …


Il perdit ses mots.


-              Te séduire ? Tu ne sembles pas très farouche … A moins que ce ne soit à cause de Clare ? ajouta Kaori l’air perdu. Tu ne m’as toujours pas dit quelle place elle tenait dans ta vie ?

-              C’est ma partenaire de travail. Pour l’instant rien de plus …

-              Pour l’instant ?


Ryo reprit son visage d’ahuri heureux …

-              Et bien, elle est très jolie et bien foutue. Je ne suis qu’un homme faible face à tant de beauté …


Kaori s’éloigna de Ryo rouge de colère :

-              JE TE HAIS Ryo Saeba. Tu m’entends ???

-              Pour l’instant, je voudrais surtout que tu te méfies de Makoto. Tu n’as pas rompu avec lui finalement.

-              J’ai essayé mais c’est comme s’il refusait de m’entendre. Une vraie glu … Cependant, depuis la fin du petit-déjeuner, il a disparu dans la nature, sans se soucier de moi ...

-              Peut-être qu’il a trouvé ce qu’il cherchait ?

-              Et donc qu’il n’a plus besoin de moi … Je suppose que c’est ce que tu essaies de me dire … gronda Kaori, le regard noir.

-              De façon un peu maladroite certes, mais NOOOOOOOOON Kaori Chérie, retiens-toi.


Quand il réussit à se désencastrer du mur où la massue « ENFLURE » l’avait envoyé, Ryo se retrouva nez à nez avec Cassia, les yeux brillants de rage :

-              Mais à quoi vous jouez ? Vous souhaitez démolir la maison de mon ami où je rêve ?


Elle sortait de sa séance d’aérobic, son corps parfait moulé dans un justaucorps aux couleurs criardes luisait sous les rayons du soleil matinal.


Ryo se remit la tête en place, et affirma sérieusement :

-              Je m’assurais que tout était en ordre dans votre chambre, voilà tout.

-              J’aimerais récupérer mes petites culottes, si cela ne vous dérange pas, glissa l’actrice en tirant sur ses sous-vêtements qui étaient coincés dans la chaussette de Ryo, c’est vraiment n’importe quoi !

Elle se radoucit aussitôt :

-              Je vais prendre une douche, tu m’accompagnes ?

Elle cligna des yeux de manière très sensuelle.

-              Pardonnez-moi, répondit Ryo, mais j’ai quelqu’un à rattraper.


Il s’éloigna rapidement dans le couloir, laissant une Cassia très énervée derrière lui.


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Makoto reposa le combiné du téléphone.

Enfin ! Il espérait que ces yakusas allaient le laisser tranquille, maintenant qu’ils avaient ce qu’ils voulaient … L’endroit où se cachait Ryo Saeba, le célèbre City Hunter.


Cela faisait un an maintenant qu’il avait accepté la mission que Monsieur Takigawa lui avait confiée. Même s’il aurait été plus juste de dire qu’il avait été « contraint d’accepter ». Quand on s’appelle Makoto Tachiko et qu’on est un simple courtier, on ne trouve aucun intérêt à contrarier un parrain de la pègre de Shinjuku. D’autant plus quand on a malencontreusement contracté quelques dettes dans un établissement de jeu tenu par ce même Monsieur.


Sa mission était simple : approcher Mlle Makimura, l’ancienne partenaire du nettoyeur, devenir son ami et attendre qu’elle le conduise à lui. Monsieur Takigawa lui avait confié, que malgré de nombreuses enquêtes, il n’avait pas réussi à trouver l’endroit où se cachait  Ryo Saeba. Leur seule piste était son ancienne partenaire : la jolie Kaori.


Makoto ne comprenait pas pourquoi le parrain n’avait pas employé la méthode forte avec cette dernière, mais à vrai dire il préférait ainsi. La jeune femme était une personne extraordinaire : douce, généreuse, attentive. Un vrai bijou. Et elle était d’une beauté naturelle à couper le souffle. A son contact, il était devenu meilleur et il avait été si heureux quand elle avait accepté de devenir sa femme, qu’il en avait oublié sa mission … Mais le parrain s’était alors rappelé à son bon souvenir et depuis était devenu de plus en plus pressant.

Makoto avait commencé à avoir franchement peur de ne jamais réussir à découvrir ou se terrait ce fameux Ryo. Kaori ne lui en parlait jamais et refusait obstinément de lui confier quoique soit de son passé. Il avait plusieurs fois fouillé son appartement, mais n’avait rien trouvé de particulier. Toute cette tension avait contaminé son couple, il était devenu méchant avec sa fiancée, cassant, jaloux, ridicule. Il le savait.


C’était désespérant. Peu à peu il s’était aigri jusqu’à ne ressentir que du soulagement quand Kaori l'avait quitté, quelques jours plus tôt : il ne souhaitait plus vivre dans la peur. Mais très vite, il s’était rendu compte de son erreur. L’idée de disparaître sur le continent américain pour ne plus jamais se retrouver face à son débiteur lui avait effleuré l’esprit. Mais il ne possédait pas les talents de Ryo pour se cacher et il se doutait que Mr Takigawa et ses hommes sauraient le retrouver facilement.

Heureusement qu’il avait rencontré le frère de Cassia la veille au soir … qui l’avait ramené à Kaori … et à Ryo ! Il n’en revenait pas de sa chance !


Maintenant qu’il avait prévenu Le Parrain, il pouvait espérer reconquérir l’amour de sa vie. Cela ne serait sans doute pas aisé, mais il avait confiance en lui. Evidemment, Ryo risquait de lui faire de l’ombre, le lien qui l’unissait à sa fiancée, semblait très fort …


En se retournant, il vit apparaître Kaori à la porte du petit cabinet dans lequel il s’était réfugié pour téléphoner.

-          Kaori ma chérie, quelle joie de te voir ! Je pensais justement à toi.

La jeune femme semblait furieuse :

-          Je te cherchais ! C’est Andy MacMill qui m’a dit que je te trouverais ici. Pour téléphoner d’après lui … Qui appelais-tu ?

-          Quelle curieuse ! répondit Makoto avec un clin d’œil,  j’ai appelé ma sœur dont c’est également l’anniversaire aujourd’hui. Tu le sais bien !


Et c’était vrai ! Sauf qu’il comptait le faire après son coup de fil à Monsieur Takigawa. Maintenant il lui faudrait retarder son appel …

Kaori respira plus normalement, elle connaissait bien Yoko qui effectivement était née le même jour qu’elle. Makoto ne mentait pas et Ryo se faisait des idées. Makoto n’était pas un homme de l’ombre. Il n’en avait pas l’envergure, songea-t-elle tout en se demandant sérieusement si elle considérait cela comme une qualité ou un défaut.


Makoto rajouta :

-          Pourrais-tu me faire visiter cette magnifique propriété ? Je sais que tu es en colère contre moi, mais j’aimerais que nous oublions l’espace d’une promenade ce qui nous oppose et que nous passions juste un agréable moment tous les deux.

Ce n’était pas l’attitude de quelqu’un qui veut rompre définitivement. Autant pour toi Ryo ! pensa Kaori toujours en colère. Elle accepta de bonne grâce la proposition et ils sortirent ensemble  dans le jardin.


Ryo les vit s’éloigner. A quel jeu jouait Kaori ? Il ne pensait pas que Makoto soit dangereux pour elle, mais il n’aimait pas du tout la voir s’éloigner à son bras. Il se dit qu’elle chercherait surement à savoir si les soupçons de son ancien partenaire étaient fondés.

« Tttt, elle est tellement impulsive, je préfère les suivre … ».


Il ne s’avoua pas qu’il était aussi très jaloux.


Quand il fut suffisamment proche d’eux pour pouvoir entendre leur conversation, il comprit que c’était plutôt Makoto qui posait des questions. Le passé de nettoyeuse de sa fiancée semblait le captiver. Evidemment, Kaori ne révélait que très peu de détails … Et quand le japonais lui posa des questions sur Ryo, elle se ferma complètement. Alors il lui parla plus doucement :

-          Kaori, nous avons été fiancés et tu ne m’as jamais parlé de lui … Pourquoi ? Tu as été amoureuse de ce type ?

-          Cela ne te regarde plus.

-          Pourquoi as-tu travaillé pour lui ?

-          Mon frère a aussi été l’assistant de Ryo autrefois, tu le savais ?

Makoto se garda de lui dire qu’il connaissait déjà ces détails de l’histoire, il fit non de la tête et l’encouragea à poursuivre du regard.

-          Ce travail auprès de Ryo … C’est un peu l’héritage qu’il m’a laissé… J’espérais qu’en faisant le même travail qu’Hideyuki, cela atténuerait un peu ma peine. Mon frère trouvait que Ryo était quelqu’un de formidable et il adorait ce métier, je voulais vraiment apprendre à connaître Ryo et comprendre en quoi mon frère le trouvait si exceptionnel.


Makoto hocha la tête, le regard lointain :

-          Et toi aussi, tu as trouvé Ryo merveilleux …


Le regard de Kaori s’alluma d’un éclat noir :

-          PAS DU TOUT, j’ai trouvé un gars complètement malade du cerveau : un pervers, un fainéant, un BON A RIEN oui !!! Trouver ce mec formidable : c’était du délire, CROIS-MOI !


Ryo se renfonça derrière son tronc d’arbre et s’aplatit légèrement. Il sentait un vent de massue souffler  dans les prunelles sombres de Kaori.


De son côté, Makoto était rassuré :

-          Donc tu as quitté cet homme abject : tu as bien fait, ma chérie !

La fureur de Kaori se décupla :

-          MAIS PAS DU TOUT !!! TU NE COMPRENDS VRAIMENT RIEN !


Ryo se dit que le vent de massues se dirigeait vers Makoto maintenant, mais Kaori s’apaisa :

-          C’est ce que je pensais de lui au début ! Mais en vivant à ses côtés … J’ai commencé à comprendre les sentiments de mon frangin, et pourquoi il continuait à faire ce métier si dangereux … Ryo possède des qualités exceptionnelles, qu’il masque en permanence par timidité ou pour se protéger, je ne sais pas vraiment. Mais il est réellement un homme formidable, en qui j’ai une absolue confiance. Il se trompe rarement quand il juge une personne. Soit il sera ton plus fidèle allié, soit il deviendra ton pire ennemi. Surtout si tu blesses quelqu’un qui lui est cher …


Kaori prit alors conscience, qu’elle n’avait JAMAIS vu Ryo se tromper : son instinct déterminait si la personne face à lui était fiable ou non. Makoto n’était donc pas fiable … Elle l’avait toujours su au fond d’elle, mais elle en prenait seulement la pleine mesure.


Puis elle rajouta :

-          Ryo est un être exceptionnel et c’est lui qui m’a quitté …

Elle s’assit dans l’herbe à l’ombre d’un grand arbre, des larmes commencèrent à couler le long de ses joues.


Ryo serra fort les poings. La voir malheureuse lui était intolérable. Il n’était pas un être exceptionnel avant de la rencontrer. C’est elle, qui l’avait rendu meilleur. Il aurait voulu aller lui dire immédiatement, mais il n’en avait pas le droit. Il vit alors son « fiancé » se laissa tomber à ses côtés et l’enlacer. Il glissa un bras autour d’elle …


Ryo ne pouvait plus entendre ce que lui glissait à l’oreille Makoto, car quelqu’un approchait de lui. Il ne fut pas surpris de découvrit Axel, le jeune frère de Cassia.

Il semblait apeuré et affaibli :

-          Je vous ai cherché partout,  Monsieur Saeba, je dois vous parler …

-          Je m’en doutais … J’ai moi-même quelques questions à te poser.


Ryo s’éloigna à regret, il ne vit donc pas Kaori se lever et repousser violemment Makoto :

-          Je n’ai pas dû être assez claire avec toi ! Je ne veux plus de nos fiançailles.

-          Tu l’aimes donc tant que cela ? lui cria Makoto.

-          C'est pire ... Je n’aimerai jamais que lui !


Et elle s’enfuit en courant vers l’hacienda.

Makoto resta adossé contre l’arbre :

-          Plus pour longtemps ma jolie. Monsieur Takigawa va se charger d’exterminer l’amour de ta vie, et moi je serai là pour te consoler …

Mais il ne ressentit aucune joie à cette évocation.




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