Pagne, Porte-jarretelle et Magnum 357

Chapitre 11 : Le coup du Pagne

2751 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/11/2021 08:51


Ils étaient finalement arrivés sur la dernière plateforme. Il était temps. Ryo avait les bras engourdis à force et, à en juger par les quelques grimaces de Kaori, elle aussi commençait à sentir la fatigue. Mais tous ces efforts valaient vraiment le coup. Jamais Ryo n'aurait espéré meilleure technique de rapprochement. Il devrait finalement le raconter à Mick : côté plan machiavélique d'embobinage, il venait de trouver le meilleur.


Il devait reconnaître qu'il ne dénigrerait plus Tarzan comme il l'avait fait auparavant, trouvant ridicule, cette histoire d'homme à moitié sauvage, hurlant à travers la jungle et passant de liane en liane pour sauver une aristocrate un peu niaise, paumée dans la forêt pour quelque obscure raison ... Non. Il venait de remarquer le pouvoir d'attraction de celui qu'il considérait avant comme un clown. Le pagne faisait son petit effet sur la gente féminine et sur sa partenaire, à en juger par les nombreuses fois où il avait surpris son regard sur lui, alors qu'elle rougissait de manière flagrante.


Il la déposa à nouveau sur leur petite planche de même pas un mètre carré, gardant un bras derrière sa taille, et la dominant de toute sa hauteur en la serrant un peu contre lui, juste assez pour sentir sa chaleur et sa poitrine se coller légèrement contre son torse.


Divin.


Il pouvait la tenir contre lui, effleurer sa taille, serrer son dos pour la plaquer contre lui, poser son menton dans ses cheveux sans avoir à se justifier, sans passer pour un pervers, sans se prendre de massue pour avoir dit un mot de travers. Bon, le mot de travers, il n'avait pas pu s'empêcher de le lui dire, avec un grand sourire juste avant de s'élancer :

- "Prête à t'envoyer en l'air avec moi ?"

Elle l'avait d'abord dévisagé, outrée et puis elle avait rougi, baissant les yeux.


Là, c'était la douzième et dernière prise. Il avait bien l'intention d'en profiter. Il fit semblant d'être déstabilisé et se rapprocha d'elle, leurs visages se retrouvant tout prêts l'un de l'autre, tellement prêts qu'il pouvait sentir son souffle sur sa joue et ses lèvres.


Grisant.


Le temps sembla s'arrêter pendant qu'il se perdait dans la contemplation de ses prunelles soudain devenues brillantes et ses lèvres qu'il mourrait d'envie de goûter. Il se rapprocha sensiblement, passant une main sur la cambrure de son dos alors qu'elle posait ses mains sur son torse, comme pour maintenir la distance qui se réduisait entre eux.


Hypnotisant.


Il passa la main derrière son genou, faisant remonter sa jambe le long de sa cuisse. Il la maintint ainsi contre lui, tout contre lui et il plongea son regard dans le sien avant de regarder intensément sa bouche. Il la vit se troubler. Elle ferma délicatement les yeux pendant qu'elle entrouvrait lentement les lèvres.


Voilà. On y est.


Il réduisit la distance, jusqu'à frôler ses lèvres des siennes, la faisant frémir et puis :

- "Cou-peeeez !"


Ils se figèrent tous les deux. Les projecteurs s'éteignirent, un léger brouhaha leur parvint alors qu'ils étaient perchés à près de dix-sept mètres du sol.

- "Géééééniiiiial ! Magnifique ! Parfait ! Aïna, Itsuo, vous me refaites la même, O.K. ? Avec la même passion cachée, cette tension sexuelle contenue ... c'était ... du grand art !" 


Il se tourna vers les deux partenaires de voltige qui, gênés, s'étaient éloignés l'un de l'autre. Enfin, autant qu'ils pouvaient se le permettre sans faire le grand saut dans le vide.

- "Et vous deux, ne bougez pas. On va en profiter pour faire une prise d'essai pour le plongeon dans la rivière. »


Ryo et Kaori se regardèrent, hésitants tous les deux.

- "Tu te sens prête ?" Demanda Ryo, tout à fait sérieusement à sa partenaire. Jamais il ne l'obligerait à continuer si elle se sentait trop fatiguée.


Kaori respira un grand coup, gardant les yeux baissés et quand elle se redressa pour le regarder, elle avait les yeux brillants et les joues roses.

- "Plus que jamais." répondit-elle pleine de confiance.

- "O.K., on y va !" s'écria Ryo à l'attention du réalisateur, levant le pouce dans sa direction.

- "Dans deux minutes. Le temps de faire les derniers réglages caméras et on reprend." lui répondit-il.

- "Ça va ?" demanda banalement Ryo, ne sachant pas trop comment combler ces deux minutes maintenant que leurs corps s'étaient éloignés.

- "Oui. Pourquoi ?"

- "Non, rien ... Mais, dis-moi ... Tu n'as pas vraiment répondu à mes questions ... Qu'est-ce que tu fais là et pourquoi ne pas avoir donné ton vrai nom ?"

- "Et toi ?" Elle éluda sa question par une autre.

- "Je te l'ai dit. XYZ pour Aïna Kaneda. Elle est harcelée par la famille de son ex-fiancé."


Elle détourna les yeux quand il insista:

- "Kaori ..."


Il fut interrompu par la voix du réalisateur qui hurlait dans son microphone :

- "On tourne dans une minute. Une !"


Ryo se tourna vers sa partenaire :

- "Et si on en discutait tranquillement tout à l'heure ? Il doit bien y avoir un resto dans le coin ?" demanda-t-il, surpris lui-même par ce qu'il venait de dire. 


Il était en train de demander un rencard à Kaori. Incroyable. Tout simplement incroyable. Elle le sonda, incrédule. Apparemment, elle hésitait, ce qui l'inquiéta ...

- "Je ...."


****

Elle le regardait, cherchant les indices d’une éventuelle moquerie, d’une blague en préparation. Ryo lui proposait un rendez-vous ? Elle n'avait pas rêvé. Il l’invitait pour discuter, ensemble, au restaurant. Bon, il allait certainement s'agir d'un petit resto ambulant, pas romantique pour deux sous, où il allait se goinfrer bruyamment comme d'habitude. Ensuite, ils allaient discuter de leurs affaires respectives et là ... Là, ça allait devenir compliqué ... Lui devait protéger les intérêts de sa cible, elle, elle devait lui subtiliser son collier…


Et puis aussi, elle devrait lui parler de ce qu’elle avait découvert. Elle avait quelque chose à lui avouer. Une confession. Une petite ligne sur une feuille. Un test fiable à plus de 99,9 % ...

- "Je ..." balbutia-t-elle.


Et puis, elle eut une idée. Elle s'en pinça les lèvres de regret à peine l'eut-elle évoquée mais elle devait se résoudre à l'évidence : c'était la meilleure des solutions.

- "Je ... D'accord. On se retrouve devant l'entrée du Studio quand on aura fini tout ça."


Elle le vit frémir et sourir. De son sourire solaire, brillant, magnétique, hypnotisant, grisant. Elle sentit un long frisson parcourir son dos jusqu'à ses pieds, en passant par son cœur qui manqua un battement, son estomac qui se serra encore plus et le creux de ses reins qui commençaient à papillonner chaudement.


- "Siiiilence ! On tourne dans cinq - quatre - trois - deux - un - eeeet ! Action !"


Comme convenu, Kaori s'élança vers Ryo, les jambes de part et d'autre de sa taille, les bras autour de son cou. Il la plaqua contre lui d'une main ferme et forte, plongeant son regard dans le sien. Elle avait du mal à se concentrer. A faire attention à tout ce qui les entourait. Malgré la hauteur de leur position, le décor et tout le monde qui les observait, elle avait la sensation grisante que plus rien d'autre à part eux deux n'existait.

Rien qu'eux deux.

Accrochés l'un à l'autre au bout d'une corde, et s'apprêtant à sauter dans le vide.

Ensemble.

Collés.

Imbriqués.


Elle crut d'ailleurs sentir quelque chose contre son ventre mais l'instant ne dura que quelques fractions de secondes, juste avant que Ryo ne s'élance dans le vide, se rattrapant à la corde d'escalade maquillée en liane. Elle resta suspendue contre lui pendant toute la durée de leur vol plané et elle aurait aimé faire durer ces deux secondes d'apesanteur pendant toute une éternité.


Elle dut resserrer ses bras autour de lui et contracter encore ses cuisses pour amortir l'impact quand Ryo se raccrocha à sa fausse liane. Ils se balancèrent ainsi une puis deux fois, comme prévu sur le script et arriva le moment tant appréhendé : la séparation.


Elle écarta les bras et repoussa le corps de Ryo avec ses jambes pour prendre de l'élan. A plus de quinze mètres au-dessus de la surface de l'eau, elle plongea, tête la première, les bras tendus devant elle. Son cœur battait tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait lui sortir par la gorge et elle entendait ses pulsations cardiaques dans ses oreilles.


Vertige.

Adrénaline.

Flottement.

Chute.

Peur.


Non, plus de peur. Ryo était derrière elle et allait toucher l'eau presque en même temps qu'elle alors, non, elle n'avait plus peur. Elle ressenti fortement le choc de l'impact, quand son corps, échauffé par les efforts et les émotions rencontra violemment l'étendue liquide. L'eau était très fraîche et une myriade de minuscules bulles vinrent lui caresser la peau comme pour adoucir la morsure du froid. Elle flotta un instant, perdant la notion d'espace, de temps et de pesanteur quand une main l'attrapa par le bras et la tira vigoureusement vers la surface.


Quand elle émergea la tête de l'eau, reprenant goulument une grande inspiration, elle aperçut immédiatement Ryo, à quelques centimètres d'elle, trempé, les cheveux dégoulinants de gouttelettes, les lèvres mouillées ...


Mon Dieu, qu'il est beau comme ça !


Elle se rapprochait involontairement de lui, poussée par le magnétisme qui caractérisait son partenaire quand il la regardait avec ce petit sourire en coin qui avait le don de la faire immanquablement rougir. Elle allait craquer et réduire le peu de distance qui les séparait quand un bruit les firent sursauter tous les deux : toutes les personnes présentes sur le plateau de tournage applaudissaient.


Le réalisateur leur cria de loin :

- "Vous me refaites la même chose demain quand on fait tout cramer et ça sera Ma-Gni-Faïque !"


Bien, encore manqué. Soupira intérieurement Kaori.


Elle regarda Ryo qui lui sourit et c'est d'un même mouvement qu'ils se dirigèrent vers la fausse berge en ciment peint pour sortir de l'eau. Et puis soudain :


- "Waouuuuuuw!"

- "Oh ! là là là !"

- "Naaaaan !"

- "Mon Dieu ! Je vais m'évanouir !"

Des dizaines de spectatrices de la scène se pâmaient de plaisir en rougissant.


Elle entendit derrière elle Ryo pester, jurer et grogner :

- "Mais espèce de saloperie de pagne de mes deux, tu vas tenir, oui ! Sale bestiole, jaguar à la con, je te jure que si tu glisses encore, je te tue et te dépèce une deuxième fois ... traître, charogne."


Elle se retourna pour découvrir Ryo, qui tenait à deux mains son pagne trempé : avec le poids de l'eau, ce dernier glissait irrémédiablement le long des ses cuisses, découvrant soit ses fesses, soit ses attributs masculins. Il rit nerveusement pendant que des accessoiristes et des habilleuses se précipitaient vers lui, se sacrifiant pour venir l'aider à redresser la situation. Elles fondirent ainsi sur lui telles des abeilles sur du sucre. Kaori baissa la tête et soupira, désespérée. Mais aussi, soulagée d'une certaine manière. Elle n'était pas très fière du tour qu'elle était en train de lui jouer mais elle n'avait pas trop le choix.


Avec Ryo dans les parages qui assurait la sécurité d'Aïna Kaneda, elle n'aurait pas souvent l'occasion d'aller visiter la loge de l'actrice. Et là, Ryo et la star seraient bientôt occupés tous les deux. Ryo avec son "fan-club" et Aïna avec la prochaine prise de vue. Deux obstacles neutralisés. C'était le moment ou jamais.


A regret, elle jeta un dernier regard à Ryo mais elle ne parvint même pas à l'apercevoir, derrière toutes ces jolies femmes qui l'accaparaient. Toutes de belles filles. De vraies Miss Mokkori. C’est le cœur lourd qu'elle tourna les talons pour aller se sécher dans sa loge.


A sa grande surprise, c'est Aïna elle-même qui lui tendit un peignoir en passant :

- "Soit pas déçue." lui dit-elle sobrement. "Malgré les apparences, le cœur de cet étalon est pris. Et pour de bon."

- "Et comment en êtes-vous aussi sûre ?" demanda Kaori, rendue agressive par la jalousie qui était immédiatement montée en elle.

-"J'ai dormi chez lui la nuit dernière."


Le cœur de Kaori cessa de battre. Elle dut certainement accuser le coup car elle se sentit défaillir et se retrouva dans les bras d'Aïna qui la tenait fermement.

- "Ça va ?"

- "Oui, oui, un peu sonnée par mon plongeon. C'est tout ..."

- "Mouais ... c'est ça." maugréa Aïna. "Pas la peine de me regarder comme ça, toi. Si ton Tarzan Charmant est pris, c'est pas par moi. Comme dit, j'ai dormi chez lui et j'ai eu beau tenter, rien n'a marché ... C'est juste pour te prévenir que, tant que tu ne t'appelles pas Kaori, tu n'as aucune chance, ma belle !"

- "Qu ... Quoi ?"

- "Ah oui ... Le garçon est complètement obnubilé par cette nana. Il n'a pas arrêté de me saouler toute la nuit avec elle. Kaori par-ci ! Kaori par-là ! J'en avais tellement marre que je me suis bourrée la gueule. Au moins j'ai bien roupillé toute seule dans le lit de Madame Kaori ! Parce qu'en plus ils font encore chambre à part ! Je te jure y'a de drôles de couples !"


Kaori la regardait, tentant d'intégrer les informations que venait de lâcher Aïna tout en gardant son calme. Réfréner son euphorie. Son cœur battait à nouveau et très fort maintenant. Même si une pensée occupait la première place dans son esprit provoquant une inévitable colère : elle avait dormi dans son lit ... Ryo avait fait dormir Aïna Kaneda, une superbe Miss Mokkori dans son lit !


Elle ne put s'empêcher de penser : Ahh petit salopard ! Tu l'as fait dormir dans MON lit ! Hououuou ! Tu vas le payer cher, ça je te le promets !


Mais une petite voix intérieure lui souffla : Attends. Tout doux ... Ça aurait pu être pire ...


Aïna se pencha doucement vers elle et ajouta sur le ton de la confidence :

- "Tout ça pour te dire ... Ne te fais pas d'idées ou de plans sur la comète. Vu comme il te regarde, tu pourras peut-être avoir son corps. Y'avait comme une alchimie entre vous, c'est sûr. Mais tu n'auras pas son cœur. Alors, ne te fais juste pas de faux espoirs. Parce que ça fait mal, les faux espoirs, j'en sais quelque chose ..."


Et, sans se retourner, elle partit en direction du décor de jungle, habillée et maquillée comme elle. Au tour d'Aïna de se tenir sur la petite plateforme et de nager. Par contre, elle n'aurait pas la chance de faire le grand saut avec le plus beau Tarzan de tous les temps.


Kaori eut besoin de quelques instants pour reprendre ses esprits et refreiner la pointe de culpabilité qui naissait peu à peu au plus profond d'elle-même. En lui subtilisant son collier, elle allait faire de la peine à cette jeune femme, qui semblait superficielle, surfaite, désinvolte et un peu vulgaire mais qui avait bon cœur au fond. Sans véritablement la connaître, Aïna avait voulu la protéger d'un éventuel chagrin, d'une cruelle déception ... Sauf qu'elle venait de lui embellir la vie à un point qu'elle n'aurait jamais pu imaginer ... Ryo était comment ? Qu'avait-elle dit ? Obnubilé ? Ryo était obnubilé par ... elle ??? Elle avait l'impression de flotter sur un nuage.


Mais la réalité la rattrapa.

Elle avait une mission à accomplir. Même si ça nécessitait de jouer un mauvais tour à Ryo. Après tout, combien de fois l'avait-il emberlificotée pour parvenir à ses fins avec leurs jolies clientes Mokkori ?


Et puis, quand toute cette histoire serait finie, elle aurait encore quelque chose à lui dire. Mais chaque chose en son temps. Elle penserait à ça plus tard.


D'abord, objectif numéro un : le collier à un demi-million de dollars ...



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