Yes or No ?

Chapitre 14 : Au bord de l'étang (2/2)

3837 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/03/2022 14:47

(pour info : le chapitre de mardi prochain sera classé MA car érotiquement explicite. Il faudra donc vous connecter pour le trouver. A bientôt. Angel)

******



Je continuai, vindicative :

- "C'est bon, vous avez déballé ? Vous avez vidé votre sac ? Vous vous sentez mieux ?"


Il recula car je m'étais avancée vers lui. Je sentis la rage et la colère monter en moi :

- "Alors, vous, du genre pleurnichard, on fait pas mieux ! D'abord, c'est : "Ouiiinnn ! je veux mourir", ensuite, c'est : "Bouhhhh, j'ai pas le courage de vivre !" et, je ne sais plus trop quoi ... et maintenant ! Maintenant, c'est quoi ? "Houououou, je suis un vilain garçon ? Non mais vous pensez me faire peur, c'est ça ?"


J'ajoutai, cynique :

- "Hou là là, je tremble dans mes chaussettes !!!"


Je repris mon souffle, pensant réussir à me calmer mais son immobilisme amplifia ma colère et tout sortit d'un coup :

- "Alors, Monsieur Je-Veux-Faire-Peur-A-Tout-Le-Monde-Parce-Que-Je-Suis-Un-Gros-Méchant, je vais vous dire, moi ! J'en connais beaucoup qui ont fait de la prison. Vous pensez que nos patients sont des enfants de cœur ? Même le Doc ... Il reste discret sur la question mais je sais qu'il y a fait un petit séjour. Ce n'est pas non plus pour rien qu'il a fondé cette Clinique. Et si j'avais été attrapée en train de détruire le laboratoire de la villa des Kitagawa, j'aurais, moi aussi, fait un tour derrière les barreaux ! Vous vous êtes battu ? La belle affaire ! Je vous ai vu vous battre cette nuit et je ne suis ni naïve ni idiote, je me doute bien qu'on apprend pas à se battre de cette façon en allant à la pêche !"


Je fis un nouveau pas vers lui, pointant mon index sur son torse.

- "Vous avez tué de sang-froid ? Vous êtes un tueur professionnel, je le sais. Le meilleur des Etats-Unis, un des plus chers du marché et le plus redoutable, ça, je le sais aussi. J'ai entendu Mary et Miki parler de vous quand elles étaient là ..."


Je pointai ensuite de mon index vers la porte fenêtre de la Clinique et la petite terrasse plus loin :

- "N'empêche ... Si vous n'aviez pas été là, cette nuit, dans ce couloir, que se serait-il passé ? Hein ? Alors, moi, j'ai ma petite idée sur la question : ils auraient terminé le travail avec Hiro. Oui, ils l'auraient tué pour le punir de vouloir changer de vie ! Et Himika et moi, vous croyez qu'ils nous auraient fait quoi, hein ?"


Comme il restait silencieux, je répétai, criant presque :

- "Vous croyez qu'ils nous auraient fait quoi ? Et bien, je vais vous le dire !!! S'ils ne nous avaient pas tuées, ils nous auraient violées et peut-être même les deux. Alors, oui, vous nous avez sauvés, Hiro, Himika, moi et la Clinique. Donc, même si vous n'êtes pas un gars bien, vous n'êtes pas non plus comme ces types qui sont venus nous agresser ..."


Il releva enfin le regard vers moi et s'écria :

- "Et vous, vous sauvez des types dans son genre ! Vous vous interposez pour lui sauver la mise ! Ce sale rat était prêt à vous trancher la gorge au moindre petit mot de travers et ensuite, vous faites quoi ? Vous lui sauvez la vie en m'arrêtant ?"

- "Oui, parce que je ne veux pas que vous tuiez devant moi. Ni pour moi. Ni à cause de moi, car je suis médecin, pas juge. "


Il s'avança vers moi, me regardant dans les yeux, puis il secoua la tête :

- "Non, non, non, Docteur Natori, vous ne comprenez pas ce que je veux dire. J'ai bien vu ce qu'il s'est passé, j'ai mis un peu de temps à le comprendre, mais j'ai vu ce qu'il s'est passé. Vous avez sauvé la vie de ce salop en m'arrêtant, ensuite vous n'avez même pas pris le temps de vous reposer, vous êtes allée sauver la vie de Hiro. Hiro est un type sympa mais il reste un yakusa, Kazue. N'oubliez pas qu'il n'y a pas si longtemps, il faisait équipe avec eux. Il ne vaut certainement pas mieux que ceux qui vous ont attaqué. Et pas mieux que moi ... mais ça, vous vous en fichez royalement. C'est vous qui êtes quelqu'un de bien, Docteur Natori, c'est vous l'héroïne. Pas moi."


Je tapai du pied de rage :

- "Mais ? Et alors !!! Qu'est-ce que ça change ?"


Mick me dévisageait, muet. Et soudain, je compris :

- "Ahhh, ça y est ! Je sais ! J'ai trouvé quel est votre problème ! Vous tuez et moi je sauve ? C'est comme ça que vous nous voyez ? VOUS êtes le méchant et MOI, je suis la sauveuse ? Et nous sommes tellement différents que vous vous dites que je suis trop bien pour vous ? Et bien, je vais vous dire un truc, Mick : moi, non plus, je ne suis pas une sauveuse. Non, je ne sauve pas. Ce n'est pas mon rôle. Je répare, je nettoie, je recouds, je soigne, je désinfecte mais je ne sauve pas."


Je pointai à nouveau son torse :

- "Le salut ne peut se trouver que par soi-même. Il vient du plus profond de soi et ça, je n'y peux rien. Absolument rien. Si vous voulez être sauvé, c'est à vous de le faire !"


Il me dévisageait mais je ne parvenais pas à interpréter son regard : surpris, intrigué, décontenancé. Je ne me laissai pas perturber et je poursuivis :

- "Et où sont vos belles paroles ? Ne me dites pas que vous n'êtes qu'un beau parleur et un vantard, Monsieur Angel ! Ne me dites pas que je vais devoir mettre une croix sur votre invitation à aller danser ... Et votre tentative de flirt ? Le "J'aimerai sentir votre main dans la mienne" ... C'était du flan ?"


Je me m'avançai encore vers lui, laissant échapper ma rage dans cette dernière phrase :

- "Alors ? C'était du flan ?"


Il resta silencieux encore quelques instants puis soupira et me dit d'un ton légèrement ironique :

- "Vous savez que vous êtes fatigante, Docteur Natori ?"


Je répliquai du tac-au-tac, sur le même ton :

- "Vous savez que vous êtes chiant, Monsieur Angel ?"

- "Alors ... Vous commencez à comprendre que je ne suis pas un gars bien ?"


Ses propos ravivèrent ma colère qui était retombée :

- "Mais je m'en fous de ça !!!" Hurlai-je. "J'en ai marre que vous prétendiez être le vilain et que moi, je suis une sainte ! Arrêtez ces conneries, maintenant ! Je vais vous dire une chose ... Une chose que je n'ai jamais osé dire à personne : si je me retrouvai à soigner le meurtrier de Shinishi, je ne sais pas comment je réagirais. J'y ai déjà pensé, vous savez, et je ne suis toujours pas sûre de ce que je ferais ..."


Je fondis à nouveau sur lui, pointant à nouveau son torse tout en le regardant droit dans les yeux :

- "Et ne venez surtout pas répéter que vous auriez dû vous charger de ce contrat et abattre vous-même Shinishi ou je vous jure que je vous fait avaler votre langue, que je vous endors pour vous castrer dans votre sommeil ou que je vous injecte l'antidote de Ryo et que vous ne ferez plus jamais mokkori de votre vie ..."


Il blêmit :

- "Vous ne feriez pas ça ..."

- "Empêchez-moi ..."

- "Vous savez que vous êtes Vraiment fatigante, Docteur Natori ?"

- "Vous savez que vous êtes Vraiment chiant, Monsieur Angel ?"

- "Vous avez bien compris ce que je veux dire ... Je ne suis pas un gars bien, je vous mérite pas ... Je n'avais pas le droit de vous faire la cour ..."


J'explosai et je fis quelques pas en arrière avant de revenir droit sur lui :

- "Mais c'est pas vraiiiiiii ! Et moi, j'ai pas mon mot à dire, moi ? Y'a pas que vous dans l'affaire, si ?"


Il me dévisagea à nouveau, éberlué.

- "Ça ne vous a pas effleuré l'esprit que je ne voulais pas d'un gars bien ? J'ai bien compris que vous n'aviez ni le profil, ni le C.V. du gendre idéal mais je m'en fous ! Vous entendez ? Je-M'en-Fous ! Si je cherchais un gars bien pour l'épouser, je serais déjà mariée depuis longtemps à un comptable binoclard et obtus ou à un directeur de banque aussi poussiéreux et fermé d'esprit que ses coffres-forts et que mon père admire tant ! Mais je ne veux pas de çaaaa !"


J'avançais encore vers lui alors qu'il restait immobile, sans me quitter des yeux, ses yeux bleus comme les glaciers.

- "Et de quel droit vous décidez pour moi, Monsieur Angel de ce qui est bien ou qui n'est pas bien pour moi ? Parce que vous êtes un homme ? Et qu'ainsi, vous savez tout mieux que moi, moi qui suis trop bête pour voir l'évidence ? Vous croyez que je n'ai pas compris ce qui nous oppose ? Que j'ai besoin que vous me fassiez un dessin ? Que je n'ai pas compris de quoi est faite votre vie ? Que je suis trop idiote ou trop naïve pour comprendre la réalité ? Que je ne suis pas assez forte pour la supporter ? Ou pire ? Vous savez ce que je crois ? Je crois que vous avez la trouille de réfléchir autrement, parce que vous savez que je peux vous faire changer ! Ou bien suis-je en train de me faire des idées parce que je suis trop idiote et naïve ?"


J'étais maintenant face à lui, toute proche de lui, si proche que je sentais son souffle sur mes cheveux, alors que je levai les yeux vers lui. Je faillis flancher à ce moment-là, mais quitte à tout perdre, autant le faire avec dignité et je me refusai de faire volte-face ou de m'incliner.

- "Pensez-vous que je suis idiote et naïve, Monsieur Angel ?"


Il restait toujours muet mais son regard avait changé.

- "Alors, Monsieur Angel ... Est-ce que je me suis fait des idées ? Est-ce que j'ai imaginé notre rapprochement ? Est-ce que je ne vous plais pas ? Est-ce que vous pensez que je ne suis pas capable de prendre des décisions par moi-même et d'assumer ce qui est en train de se passer entre nous ?"


Il soutint encore mon regard. Je répétai une nouvelle fois, voulant ainsi lui faire comprendre que j'exigeai une réponse :

- "Monsieur Angel, pensez-vous que je suis idiote ?"


Il rit doucement :

- "Jamais de la vie ... Docteuuu, pardon ... Jamais de la vie, Kazue ... C'est juste que ... j'ai l'impression que je ne vaux pas mieux que ces pauvres types, que je reste le sale gosse que j'ai toujours été, orgueilleux, colérique et revanchard."


Il fit un pas en arrière, se pencha, ramassa la blouse utilisant à nouveau ses mains comme des pinces et se planta devant moi :

- "Est-ce que vous pouvez m'aider ? Finalement, la pneumonie ne me tente pas des masses ..."


J'acceptai son geste de conciliation et je pris la blouse pour l'aider à l'enfiler alors qu'il me tournait le dos. Je frémis lorsque mes doigts effleurèrent sa peau et, troublée, je baissai les yeux lorsqu'il passa près de moi pour aller s'asseoir sur le banc qui se trouvait juste derrière nous, à quelques mètres en retrait de l'étang.


Il resta silencieux un moment puis soupira et me demanda :

- "Comment pouvez-vous être encore là, après tout ce que je vous ai dit ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à vous faire changer d'avis ?"

- "On a tous nos casseroles, certaines sont plus cramées que d'autres, faut juste apprendre à frotter. Je ne suis pas une spécialiste, question ménage et récurage mais, en faisant équipe ..."


Il rit doucement mais je ne le laissais pas m'interrompre :

- "Une personne qui vous est chère m'a justement dit hier qu'elle faisait la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes. Je crois qu'elle a raison. Nous ne nous résumons pas simplement à nos actes. Ça serait trop simple."


Il posa ses avant-bras sur ses genoux et me dit :

- "Laissez-moi deviner ... Kaori ?"

- "Oui." Dis-je et je m'approchai de lui. "D'ailleurs, elle vous passe le bonjour. Elle m'a dit que vous aviez refusé de la voir quand elle est venue ici."

- "Effectivement ... Je ... Je ne tiens pas à ce qu'elle me voit dans cet état. C'est ... ça me met mal à l'aise. Je n'ai pas envie de lui montrer mes faiblesses ou mes états d'âme. C'est déjà assez compliqué comme ça. Ce n'est pas d'elle dont j'ai besoin aujourd'hui. Ce n'est pas elle qui me donne envie de continuer."

- "De continuer quoi ?"

- "Continuer à vivre ..."


Il planta son regard dans le mien et je fus happée par ses yeux. Je commençais à penser que mon cœur ne se calmerait jamais, que mes mains continueraient de trembler toute ma vie, que je pourrais plus rien avaler tellement ma gorge était serrée.


Je restai silencieuse et il me demanda :

- "Kazue ? Vous êtes sûre de ce que vous faites ? Vous êtes sûre que vous voulez vraiment de moi, tel que je suis ? Et de ma vie ? Et encore, je ne vous ai pas tout dit ... Vous vous rendez compte qu'on ne pourra pas faire machine arrière ? Qu'on sera arrivés à un point de non-retour ?"


Je ne sais pas quelle force me poussa à cet instant mais je décidai de ne plus hésiter. Pas maintenant. J'avais assez hésité.


Je m'avançai et me plantai devant lui. Je posai une main sur sa joue et lui relevai le visage, le forçant à me regarder. Mon cœur battait fort dans ma poitrine et mes petites fourmis n'en finissaient pas de danser dans mon estomac. Je parvins à retenir ma main de trembler quand je sentis sa barbe naissante picoter un peu plus ma paume alors qu'il accentuait notre contact, fermant les yeux.


Mon pouce frôla sa bouche et je sentis son souffle sur mes doigts alors qu'il entrouvrait les lèvres. Je me penchai vers lui jusqu'à ce que ma bouche effleure la sienne. J'allai concrétiser notre baiser quand je sentis des doigts maladroits se poser sur ma bouche douloureuse et je tressaillis, tout en ouvrant brusquement les yeux.

- "Pardon, Kazue ... Je ne voulais pas vous faire mal. Il ne vous a pas loupé ce sale con ... Ne vous méprenez pas. Vous êtes en train de m'offrir un merveilleux cadeau, je vous assure. Mais ..."


Il se leva et cette fois-ci, ce fut lui qui se pencha vers moi. Malgré son regard doux et franc, j'étais tellement vexée que je voulus m'enfuir. C'est alors qu'il passa ses bras derrière mon dos pour m'attirer contre lui :

- "Attendez, attendez, ne bougez pas ..."


Comme j'essayai de me dégager, il me serra un peu plus fort contre lui et je sentis la chaleur de sa peau à travers le tissu de mon chemisier et celui de sa blouse. Je sentis mon corps se tétaniser quand il prononça :

- "Alors, si je comprends bien vous n'êtes pas décidée à faire machine arrière ?"


Je levai les yeux pour le regarder et j'eus de nouveau cette sensation de me noyer dans ses yeux. Je hochai la tête pour toute réponse.

- "Alors, n'oubliez pas notre deal, Kazue. On avait dit : quand je pourrai à nouveau me raser seul, je pourrai vous embrasser ... Alors, si vous me donnez tout de suite ma récompense, je n'aurai plus envie de continuer ... Si ? Qu'est-ce que vous en pensez ?"


Il me sourit mais je détournai le regard vers le sol, incapable de le soutenir sans l'embrasser ou éclater en sanglots. Il poursuivit :

- "Et j'ai certains principes concernant les premiers baisers : c'est à moi de vous le donner."


Je retins mon souffle quand il passa sa main sous mon menton pour me relever le visage et qu'il se pencha vers moi. Je fermai alors les yeux, m'attendant à sentir à nouveau ses lèvres sur les miennes, malgré notre "deal". A ma grande surprise, il posa sa joue contre ma tempe et il me murmura à l'oreille :

- "Et je ne pourrai pas me contenter d'un chaste baiser, Kazue. J'ai envie de vous depuis trop longtemps pour ça. Si je vous donne un baiser, il ne restera pas chaste parce que je ne pourrai pas me retenir ... Je peux vous dire que j'ai hâte de pouvoir à nouveau me servir de mes mains et de découvrir la douceur de votre peau, vous tenir par la taille, jouer avec vos cheveux, caresser vos lèvres, sentir votre poitrine dans le creux de ma main, vous sentir vibrer sous mes doigts ..."


Mon souffle devint court, je ne sentais plus mes jambes, j'entendais mon cœur battre dans mes oreilles et mes fourmis dansantes avaient migré plus bas, dans le creux de mes reins. Involontairement, je me plaquai encore un peu plus contre lui, sentant son torse contre ma poitrine pendant qu'il poursuivait, faisant glisser son souffle chaud sur ma nuque, juste en-dessous de mon oreille.

- "Oh, que non. Je ne me contenterai pas de vous donner un baiser, Kazue ... " Il rit doucement. "Je veux plus que ça. Et je vous donnerai bien plus que ça. Ca, je peux vous le garantir."


Il déposa un baiser sur ma tempe et se dégagea doucement de moi et, sans se retourner, se dirigea vers la porte de la clinique.

- "Vous venez, Kazue ? Ou vous voulez attraper une pneumonie ?"

- "Je ... Je ... Un instant, je ... J'arrive."


Dès que j'entendis la porte de la Clinique se refermer, je me laissai tomber sur le banc où Mick s'était tenu quelques instants auparavant. J'avais les joues en feu, les mains moites et tremblantes, le souffle court. Il fallait que je reprenne mes esprits, et le contrôle de moi-même. Après une nuit sans sommeil au cours de laquelle j'avais été agressée, j'avais dû opérer pendant presque quatre heures, puis ... tout s'était passé vite, trop vite, trop intensément ... et puis ... ses mots, ses bras autour de ma taille, son torse contre ma poitrine ...


Je ne sais pas combien de temps je restai là, immobile sur mon banc mais j'étais frigorifiée quand je franchis la porte de mon bureau pour aller directement m'affaler sur mon sofa, espérant m'y endormir mais je n'y parvins pas. Vers 17h00, heure à laquelle j'aurais dû aller procéder aux injections de sérum, j'appréhendais tellement de revoir Mick, j'étais encore tellement nerveuse et troublée par ce qu'il m'avait dit que je laissai le Doc s'occuper de ses injections ce jour-là. Mon mentor me jeta un regard interrogateur par-dessus ses lunettes rondes mais ne dit rien.


Je rentrai chez moi et après une douche, j'essayai de trouver le sommeil ... En vain. La voix chaude et douce de Mick, son accent mélodieux et ses mots revenaient sans cesse hanter mon esprit, y semant la confusion et faisant naître le désir. Je commençai à imaginer ses lèvres sur les miennes, ses mains sur mon corps, et les miennes sur le sien. Je me tournais et me retournais entre mes draps avant de me lever pour reprendre une douche et m'abrutir devant la télévision et ce fut dans mon fauteuil que je finis par m'endormir.


Malgré cette courte nuit, j'arrivai au travail de bonne humeur, contente de retrouver mes collègues. Les premiers instants passés avec Mick furent compliqués pour moi. J'avais l'impression de tout faire de travers, de ne dire que des banalités, si ce n'était pas des inepties, d'être tout le temps maladroite alors qu'il m'observait avec un petit sourire en coin qui me mettait fort mal à l'aise tout en me donnant très chaud.


Je me concentrai du mieux que je pouvais sur ses injections mais je me sentis honteuse quand je constatai plusieurs fois que ma main tremblotait quand elle rencontrait la sienne.


Au bout de quelques minutes, il finit par éclater de rire :

- "Détendez-vous, Kazue. Tout va bien ! Pour l'instant, je ne sens pas grand chose, ça va, vous ne me faites pas mal. Et rassurez-vous : je ne vais pas vous sauter dessus ici ! Enfin ... pas tout de suite ..." ajouta-t-il avec un clin d'œil.

- "Miiiiick !" m'écriai-je mi outrée, mi amusée. "Je ... Je n'ai ... enfin, c'est juste que ..."

- "Ce genre de chose ne vous est encore jamais arrivé, c'est ça ?"


Je ne répondis pas.

- "Vous savez quoi ? Bah, moi, non plus, ça ne m'est jamais arrivé ..."


Je levai les yeux de ma tâche et le regardai par en-dessous de mes lunettes grossissantes. Je ris intérieurement, me disant que je devais certainement ressembler au Doc à cet instant, et que je ne devais donc pas être très attirante ... Et puis, ses yeux attrapèrent mon regard et je me laissai entraîner dans le bleu intense des glaciers de haute montagne.


Il poursuivit :

- "Ça ne m'est jamais arrivé ... tout ça. Et je ne parle pas de drogue, de sérums, et de toutes ses conneries. Au début, je prenais très mal d'être à ce point diminué. Et puis ..." Il rit. "Maintenant, c'est moi qui suis mal à l'aise."


J'éclatai de rire et tentai de reporter mon attention sur mon travail.

- "Ne me racontez pas n'importe quoi ! Vous ? Gêné ? Je ne vous crois pas une seule seconde ..."

- "Pourquoi ?"

- "Parce qu'on ne murmure pas certaines choses à l'oreille d'une femme quand on ressent un tantinet soit peu de gêne ou de pudeur." Dis-je à la fois amusée et troublée en repensant aux mots qu'il avait prononcés la veille.


J'eus le courage de relever les yeux pour le regarder franchement et il me sourit. Il pencha ensuite la tête en avant, soulignant ainsi ses propos :

- "Je m'incline ! Je vous ai déjà dit que vous étiez une adversaire redoutable, Docteur Natori. "

- "Ah ... Je ne suis plus fatigante ?" soufflai-je, un peu provocante.

- "Fatigante ? C'est pire que ça, Docteur Natori ... but just so additive (juste très addictive). Et moi ? Vous trouvez toujours que je suis chiant ?"

- "Pire que ça ! Un casse-pied, Monsieur Angel !!! Un vrai casse-pied, pour pas dire autre chose ..."


Il rit avec moi, son regard toujours accroché au mien et je me sentis mieux.

- "J'adore vous entendre rire, Kazue ..."

- "Moi aussi, Mick, moi aussi j'aime vous entendre rire. Et j'aimerais que ça vous arrive plus souvent."


Je fus surprise par l'assurance de ma réplique et je me sentis rougir alors qu'un silence complice et enveloppant s'installait autour de nous jusqu'à ce que j'ai terminé mon travail.


Laisser un commentaire ?