Yes or No ?

Chapitre 19 : First date ?

3102 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/03/2022 20:43

(Le prochain chapitre sera classé MA et donc rapidement invisible sur le tableau d'accueil. Il faudra juste vous connecter pour le lire, à partir de vendredi.)




Quelques minutes plus tard, le chauffeur arrêtait la voiture dans un quartier animé du centre ville. La course avait déjà été payée et je n'avais plus qu'à descendre. Quand je me retrouvai seule sur le trottoir, je réalisai que nous étions juste en face d'un fast-food américain célèbre. Soudain, mon plan s'écroulait. Ce n'était absolument pas ce que j'avais prévu ... J'avais complètement oublié que Mick avait certainement encore des difficultés à utiliser des couverts et qu'il avait peut-être le mal du pays en ce qui concernait la nourriture ... 


Je m'approchai de la grande baie vitrée, cherchant sa silhouette à l'intérieur. Il y avait beaucoup de monde en ce vendredi soir mais personne en talons, joli chignon et robe de couturier. Je me sentis soudain comme une parfaite idiote et je pensai sérieusement faire demi-tour, m'en voulant à moi-même d'avoir espéré autre chose qu'un simple rendez-vous pour discuter.


Je sursautai quand j'entendis derrière moi :

- "Bonsoir Kazue."


Avant que j'aie eu le temps de me retourner, je sentis son souffle glisser dans ma nuque :

- "Franchement, Docteur Natori, tu me déçois ... Un fastfood, pour un Américain ? C'est d'un commun !"

- "Certains clichés ont la vie dure, Monsieur Angel." Répondis-je, mi-amusée, mi-vexée.


Il rit doucement :

- "J'avais prévu autre chose, mais, si ça te fais vraiment envie, je peux tout à fait m'adapter."


Je me retournai alors et j'en eus la respiration coupée. Mick était debout devant moi, les mains dans les poches du pantalon de son costume : un ensemble trois pièces gris perle parfaitement coupé qui mettait sa carrure en valeur, la taille cintrée par un gilet d'un gris plus foncé. Il portait sa chemise blanche sans cravate, avec juste les deux premiers boutons ouverts, donnant l'envie d'aller défaire les suivants. Une écharpe bleu ciel posée nonchalamment derrière sa nuque rehaussait le bleu glacier de ses yeux. Ses yeux espiègles qui pétillaient et qui me détaillaient de la tête aux pieds.

- "Je suis content que tu sois venue. Tu es magnifique."


Je me sentis déglutir et je dus me concentrer pour ne pas vaciller sur mes jambes. Heureusement, à cet instant, il se mit à ma hauteur et me tendit le bras :

- "Alors, Docteur Natori ? Que choisissez-vous ? Fast food or not fast food ?"


Comme je le dévisageai toujours, il ajouta, un sourire éclatant jusque derrière les oreilles :

- "So ? Yes or no ?"

- "Quel est l'autre choix ?"

- "Par ici ..." Et il m'entraîna un peu plus loin.


Quand je réalisai où il nous conduisait, je me figeai sur place :

- "Non, Mick ... C'est trop ..."

- "Ah, bon ? Moi, je ne trouve pas ! C'est la meilleure table française de la ville, la carte du bar contient de très bons whisky d'Ecosse et la déco est plutôt élégante ..."


Il ouvrit la porte du Aman Tokyo Hôtel et se dirigea d'un pas assuré dans le hall majestueux vers le bar :

- "On prend un verre ?"


J'acquiesçai. J'entrai alors dans une grande pièce, décorée élégamment de bois clair, le tout d'inspiration nippone très moderne. Les fauteuils et les canapés en tissus gris foncé, et la lumière tamisée accentuait la sensation de bien-être et d'espace. Je me dirigeai d'un pas que je voulais aussi assuré que le sien vers le coin de la pièce car j'avais repéré un canapé deux places qui était parfait. 

- "Je peux te débarrasser ?" Me demanda-t-il.


Je sentis mes mains devenir moites. Le moment était arrivé. Celui que j'attendais depuis le début de la soirée. Celui qui était au centre de ma stratégie. Je défis doucement la ceinture de mon manteau et j'en écartai un peu les pans, dévoilant ma robe sobre et sage. Il sourit :

- "Rouge bordeaux ... Une couleur magnifique sur toi."


Je lui tournai alors le dos, lui signifiant ainsi que c'était à lui de me retirer mon manteau. Eriko avait été intraitable sur ce point. "Tout se jouera à ce moment-là. Il faut absolument que ce soit lui qui vous enlève votre manteau ..." 


Il comprit immédiatement le message et posa ses mains gantées de cuir gris sur mes épaules et fit glisser le tissu sur mes bras :

- "Ohhh ... Waouhw ... What's the Hell ... Do you want to kill me ? (La vache ! Tu veux me tuer ?)" Murmura-t-il en découvrant le décolleté de ma robe. 


En effet, le col bateau très sage se terminait en un élégant fil rouge qui se nouait dans le dos et dont les extrémités, terminées de strass, tombaient dans le creux de mes reins. Et toute cette partie était découverte, des épaules jusqu'à ma cambrure, à l'extrême limite de mes sous-vêtements. Le message était clair : je ne portai pas de soutien-gorge. Ce que personne ne savait c'est qu'Eriko avait eu l'idée absolument géniale de l'intégrer à la robe. Et il était fabriqué sur mesure ... 


Je me retournai vers lui et ce que je vis dans ses yeux fit bondir mon cœur d'une joie triomphante. J'avais visiblement réussi à le troubler. Il resta un moment sans voix puis il me sourit, de ce sourire espiègle qui faisait toujours danser les fourmis de mon estomac :

- "Je savais que tu étais une adversaire redoutable mais, là ... tu joues avec le feu, Docteur Natori."

- "Je croyais que nous avions des choses à nous dire, Monsieur Angel ?"


Paf, à mes pieds ... je le mettrai à mes pieds, je l'avais promis à ma petite sœur puis à Eriko et à Kaori. Et pour être aussi tout à fait franche avec moi-même, je souhaitais plus que tout trouver la réponse à cette question qui me tiraillait inlassablement : avais-je été abusée par un dragueur en série ?


Un serveur vint récupérer mon manteau et son écharpe puis nous servit à la vitesse de l'éclair un whisky sec de je-ne-sais-plus-trop-quel-âge et un verre de Chardonnay pour moi. Mick restait silencieux, se contentant de me détailler. 

- "Dis moi, si j'enlève ce pic de tes cheveux, ton chignon se défait ?"


Je faillis exploser de rire :

- "Qu'est-ce que ça peut faire ?"

- "J'en sais rien ... Je me pose juste la question."

- "Tu préfères que ma coiffure signifie que je suis prise ou que je sorte mes ... Quel mot avais-tu utilisé ? Ah oui ... Que je sortes mes "apparats" ..." répliquai-je d'un ton moqueur.


Je pensais qu'il allait me répondre et que nous allions nous engager sur une de nos joutes verbales habituelles mais Mick me surprit en posant son verre sur la table basse. Les coudes sur ses genoux, il soupira :

- "OK. Pas besoin de faire durer le plaisir ou de tourner autour du pot."


Il se tourna vers moi et planta ses yeux magnifiques dans les miens.

- "Je te dois des excuses. J'ai agi comme un idiot."


Je restai immobile, pétrifiée, le souffle suspendu à ses paroles, le cœur battant.

- "J'ai agis comme un idiot, et j'avoue que sur certains points, je ne vaux pas mieux que ce crétin de Ryo mais ... D'un coup, tu es devenue inaccessible, distante et ..."


J'ouvris la bouche pour répliquer mais il posa un index ganté sur mes lèvres :

- "Attends, s'il-te-plait. Laisse-moi finir. Je vais faire dans l'ordre chronologique, ça sera plus simple. Tu te souviens du moment où j'ai commencé ma rééducation avec le Doc? Et bien, à ce moment-là, on a eu une petite conversation,  lui et moi."

- "Le Doc ? Qu'est-ce que le Doc a à voir avec nous ?" demandai-je en posant brusquement mon verre à côté du sien.

- "Il m'a demandé qu'il ne se passe rien entre nous à ton travail."

- "Quoiiiiii ??? Alors, lui ! Lui, il se soucie de moralité ? La bonne blague ! Il pirate le câble pour mater des films pornos gratos ! Et, surtout, de quoi ..."

- "De quoi il se mêle ? Hummm, je crois qu'il n'a pas tort. Je n'avais pas pensé à certaines choses. Il m'a demandé de ne pas ... disons ... concrétiser à la Clinique pour ne pas te faire franchir la ligne. Là-bas, tu dois rester mon médecin et pas ma ... Enfin, bref ... Question de déontologie, m'a-t-il dit. Par contre pour le reste, j'ai sa bénédiction pour ... pour toi et moi."

- "Tu as quoi ?" Je n'en croyais pas mes oreilles. "Tu as quoi ?" 

- "Sa bénédiction. Je lui ai demandé ..."


Je me penchai vers lui pour asséner :

- "Mais tu te crois au Moyen-Age ou quoi ?"


Je sentis que mes yeux lançaient des éclairs et j'étais plus qu'en colère. J'étais révoltée. Mick leva les mains au ciel, tentant de ma calmer tout en se justifiant :

- "C'est que ... Je sais qu'il est comme un père pour toi et, oui, son accord est important pour moi. S'il voit notre relation d'un mauvais œil, ça deviendra très compliqué, non ?"

- "Notre relation ?" demandai-je, piquée au vif et je répétai en détachant chaque syllabe. "Notre re-la-tion ? 


Comme il restait silencieux, j'ajoutai :

- "Parce qu'on a une relation ? Ces derniers jours, j'avais même pas l'impression de te connaître ..."


Mick ne répondit pas et se contenta de me regarder alors que j'essayai de prendre le contrôle de mes émotions, serrant les poings sur mes genoux et prenant une grande inspiration. 


Le Doc avait raison, je ne n'avais pas le droit de franchir la ligne à la Clinique. J'étais simplement vexée qu'il ne m'en ait pas parlé directement, mais, à bien y réfléchir, je l'avais fui ces derniers temps et, à chaque fois qu'il avait tenté de me parler de Mick, j'avais esquivé le sujet. Conclusion, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.


- "OK, OK, Kazue, j'avoue, on a pas vraiment de relation. Mais tu ne peux pas nier qu'il y a quelque chose entre nous, si ? Sinon, tu ne serais pas venue."


Je soupirai :

- "Bon. Admettons."


Voyant que j'étais plus calme, Mick reprit :

- "Bien. Le Doc m'a donc mis en garde. Et le lendemain, j'ai évité de reprendre nos ... nos petites conversations en tête à tête. Et j'avais tellement de choses à te raconter sur ma rééducation et toi, tu avais l'air si ... distante ... et si ... C'était comme si je ne t'intéressais plus. Ton objectif était atteint, ton sérum avait marché, je redevenais un patient lambda."

- "Quoi ?"


Je le regardai, complètement perdue alors qu'il poursuivait :

- "Oui, tu n'as pas décroché un mot de toute l'heure. Tu piquais comme un automate, tu ne m'as jamais regardé dans les yeux, tu ne t'es pas intéressée à ce que j'avais fait avec le Doc, alors que j'avais déjà fait des progrès ... On aurait dit que tu n'en avais absolument plus rien à faire."

- "J'ai rien dit parce que je n'arrivais pas à en placer une. Tu étais tellement ... différent d'un coup. J'ai cru que ... que tu n'avais plus besoin de moi et que tu m'avais utilisée comme une sorte de béquille, un ... un bouche-trou ... Que tu m'avais draguée pour passer le temps !"

- "Hein ? N'importe quoi ! Ça va pas la tête !"

- "Hey ! Je n'ai pas l'habitude, moi, de ce genre de choses ! Tu crois que ça m'arrive souvent, des patients qui me murmurent des promesses de je-ne-sais-pas-quoi à l'oreille ou que je deal (négocie) des premiers baisers tous les jours ?"

- "Ha bah moi non plus, je vais te dire ! Moi non plus, j'ai pas l'habitude !"


Il me regarda dans les yeux : 

- "Bref, je ne savais plus du tout quoi penser. En plus, le lendemain, cet abruti de Ryo m'a sorti un truc du genre que, quand on se met en couple, tout ce qu'on possédait en tant que célibataire disparaît en faisant "pops" ... Et crois-moi, sur le sujet, il a des arguments. Bref, j'ai commencé à me poser des milliards de questions."

- "Ryo ? Ryo ? Tu écoutes les conseils sur le couple de la part de ... Ryo ?" demandai-je, abasourdie. "Le Doc qui te fait la morale et Ryo qui donne des conseils matrimoniaux ! Pffff, on aura tout vu !"

- "En plus, les conseils venaient de Falcon, au départ ..."

- "Le géant taciturne, là ? C’est sûr qu’il a le profil du grand romantique … De mieux en mieux ..." Soupirai-je.


Il sourit tristement :

- "Oui, je sais, c'est pitoyable ..."


Je soupirai et enfouis mon visage entre mes mains.

- "Alors c'était juste ça ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ?"

- "Parce que tu étais enfermée dans ton labo à travailler pour Hiro, parce que, d'un coup, tu ne t'es plus souciée de moi, parce que tu ..." Il soupira. "Et parce que je ne voyais plus que mon objectif : réussir à me raser seul pour pouvoir t'embrasser. C'est pour ça que j'ai essayé ... et j'ai échoué. J'ai pensé que tu comprendrais mais tu m'as balancé que je devais faire attention à mes pieds et je ne sais plus trop quoi et pfiout, tu as disparu ..."

- "Oui, bon, tu me donnais du Docteur Natori depuis deux jours aussi."

- "Ah ? ça vous gêne quand je vous appelle Docteur Natori ?" dit-il de sa voix douce et chaude en se penchant vers mon oreille.


Je me sentis rougir et je pris une gorgée de vin, histoire de me donner une contenance :

- "On aurait dû se parler." 

- "Pourtant, je croyais qu'on ne faisait que ça, parler, parler et encore parler ?" répliqua Mick, taquin. "Ce n'est pas ce que tu m'as crié quand tu te planquais derrière ta porte ?"


Je souris. Il avait marqué un point. J'avais reproché à Mick de toujours parler et de ne pas passer à l'action ? En prenant un peu de recul, je me rendais compte que j'avais moi-même fixé les règles et lui proposant un marché idiot. Et je m'étais laissée prendre à son jeu de séduction parce qu'alors, je m'étais sentie ardemment désirée et j'avais tacitement accepté ces règles ... Et puis, ... au lieu de lui parler franchement, j'avais tiré des conclusions hâtives. 


Je posai ma main sur son genou et je le sentis tressaillir :

- "Bien. Repartons de zéro, tu veux bien ?"

- "C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'on annule ?" demanda-t-il.

- "Tout ce qu'il s'est passé après ta première séance de rééduc avec le Doc."

- "A tes ordres, Docteur Natori ... Je peux dire, "Docteur Natori", sans que tu le prennes mal ? Ou tu préfères "Kazue" ?" Dit-il en se penchant à nouveau tout près de mon oreille, alors que son souffle effleurait mon cou, provoquant de légers frissons qui descendirent le long de mon bras. 


Je posai alors mon index sur sa bouche, comme lui l'avait fait quelques instants auparavant. J'avais encore une question sur le cœur, et pas des moindres :

- "On se calme Monsieur Angel. Il reste une chose à régler ..."


Je le sentis se raidir mais il en profita pour embrasser très légèrement la pulpe de mon doigt avant de se caler contre le dossier du canapé, croisant les jambes avec un air de défi. Je prononçai d'un ton assuré :

- "Reïka Nogami ..."


Mick eut un petit sourire satisfait :

- "J'arrive pas à croire que cet imbécile de Ryo avait raison ... Serait-ce de la jalousie, Docteur Natori ?"

- "Fais pas le malin, Angel, c'est vraiment pas le moment de faire de l'humour."


Je croisai les bras, déterminée à lui faire dire la vérité alors qu'il gardait son petit sourire aux coins des lèvres :

- "Alors ?"

- "Alors ? Reïka est une amie de Ryo ..."

- "J'avais remarqué et c'est bien ce qui me gêne !"

- "Non ... Attends ... C'est sa voisine. Elle est détective privé depuis qu'elle a démissionné de la police, même si le service qu'elle m'a rendu n'a rien à voir avec sa profession."

- "Et quel genre de service ?" Demandai-je d'un ton suspicieux.


Il saisit mon verre de vin qui se trouvait encore sur la table basse et me le tendit tout en se penchant vers moi :

- "Son proprio a acheté un nouvel immeuble récemment et cherche des locataires. Il a encore quelques travaux à terminer mais il a accepté de me louer un des appartements. Je ne sais pas comment elle a réussi à le convaincre et je ne préfère pas savoir !" Précisa-t-il en riant. "Toujours est-il que j'aurai les clés le 1er Juin ..."

- "Un appart ? Tu plaisantes ?" Dis-je en prenant machinalement mon verre de sa main gantée.


Il me sourit :

- "Non. J'ai pris un appart. Premièrement, parce que je ne vais pas rester indéfiniment à la Clinique, je suis bientôt apte à me débrouiller tout seul et ... certaines choses sont interdites là-bas, tu as oublié ?"


Je baissai les yeux pour dissimuler mon trouble et je retins mon souffle, attendant le "Deuxièmement" le cœur battant, comme une collégienne.

- "Deuxièmement : je me disais que je passerais bien encore un peu de temps à Tokyo. Il semblerait qu'il y ait beaucoup de choses à voir ... et à faire."


Il fit tinter son verre contre le mien, tout en me regardant droit dans les yeux. Je mis un certain temps avant de réussir à me détacher de son regard bleu glacier pour boire la dernière gorgée de mon vin. Il termina également son verre avant d'ajouter :

- "Et troisièmement, je doute que Madame Sakamoto m'autorise à devenir ton colocataire."

- "Pourtant, vous semblez bien vous entendre, non ? Une petite rose par-ci, un baise-main par-là et hop ! Tu les embobines toutes comme ça ?"


Il éclata de rire :

- "J'adore quand tu deviens possessive, Kazue, j'adore ..."


A cet instant, un serveur s'approcha de nous :

- "Monsieur Hetfield ? Votre table est prête."


Mick se leva et se tourna vers moi pour me tendre la main :

- "Toujours partante pour dîner avec moi ?"



Laisser un commentaire ?